Toute ma gratitude à Litany Riddle, qui est une relectrice hors pair, douée d'un oeil de lynx et toujours prête, quand bien même il m'a fallu l'approvisionner en tonnes de mouchoirs. Pardon, très Chère, mais tu sais aussi bien que moi que nous sommes toutes deux des auteurs un peu sadiques avec nos chouchoux ^_^ Merci aussi à VirtualJBgirl pour ses merveilleux commentaires, voici la suite, comme promis. J'espère être à la hauteur de tes attentes concernant cette fiction.
Merci également à celles et ceux qui ont commencé à suivre cette fic et l'ont déjà commentée: Alienore777, chris65, marionpc84, emi, ainsi que celles et ceux qui ont programmé une alerte.
C'est parti!
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Prologue
Au loft… au petit matin…
Les derniers rayons du soleil tentaient une percée par un interstice entre les rideaux de sa chambre, mais aucune chaleur ne parvint à le réchauffer. Aucune envie de bouger, aucune énergie lui dictant les gestes les plus élémentaires du matin : poser les pieds sur le sol, se lever, se faire un café. Les yeux fermés, il ne voyait qu'une image derrière les rideaux fatigués de ses paupières : la dernière expression sur le visage de Kate. Telle qu'il ne l'avait jamais vue. Il n'avait pas pensé voir chez la femme qu'il aimait le plus au monde une telle rancœur, quoi qu'elle ait tenté d'en atténuer l'impact. Ses mots avaient été durs, acerbes, incisifs comme une lame de rasoir. Elle avait tout fait pour garder son calme mais il avait tout fait, même inconsciemment, pour la pousser à bout. Un jeu qui n'avait plus rien d'amical et en aucun cas amoureux. Leurs joutes verbales d'antan avaient cédé le pas à une fracassante confrontation de laquelle il était bel et bien sorti vaincu.
Terrassé. Anéanti.
Et, dans son cœur meurtri, il était persuadé qu'il n'y avait plus une once de douceur à offrir en pardon. Il était prisonnier de la rage qui l'avait consumé lentement durant les derniers jours. A force de la confiner au-dedans, elle avait fini par fissurer son flegme légendaire : d'une intensité rare, cette colère avait pointé droit sur Kate. Il avait perdu le contrôle. Il avait perdu plus que ça !
Kate avait largement débordé de ses horaires de travail pour lui, à remuer ciel et terre, défiant le règlement, risquant sa plaque, bravant Gates qui pourtant avait fait preuve d'une tolérance hors du commun. Et maintenant que tout était fini, ils auraient dû se blottir l'un contre l'autre et savourer, avec toute la tendresse dont ils étaient capables, l'avenir qu'ils étaient en train de construire. Jusqu'au jour où il avait tout compromis, pour quelques mots. Mais quels mots !
Un instant abasourdie, Kate n'avait pas eu le cœur de répliquer. Elle était passée par là, elle aussi. Elle connaissait le poids du vide, de l'incertitude, de la peur qui vous broie les tripes quand rien au monde n'est garanti, et encore moins la vie elle-même. Puis, dans la foulée, elle lui avait fait comprendre très clairement qu'elle n'avait rien de plus à donner. Elle avait tourné les talons et s'était éloignée avant qu'il ne la brise une bonne fois pour toutes.
Et aujourd'hui, il était là, avachi dans son lit, frigorifié jusqu'au fond de l'âme. Son corps ne répondait plus. Les muscles crispés, les membres endoloris, le cœur broyé dans l'étau de ses remords, il vivait la plus douloureuse expérience de sa vie. Il avait vécu ces dernières années sous l'emprise d'une drogue inavouée et fabuleusement puissante, dont il était devenu délicieusement dépendant. Kate ! Et à présent, il souffrait de la plus cruelle des conséquences de cette addiction. Celle du manque. Il était en manque de Kate, de sa douceur, de sa force, de la confiance qu'elle avait fini par lui donner toute entière.
Il n'aurait jamais imaginé devoir un jour en être sevré.
Il l'avait perdue. A tout jamais, sans doute…
Une semaine à peine après leur dernier séjour aux Hamptons, il eut l'intime conviction que jamais plus son monde ne retrouverait ses couleurs il verrait désormais en noir et blanc, le noir dont il avait barbouillé son âme, le blanc qui lui agressait la vue à force de fixer le vide, au fil des heures qu'il ne comptait plus.
Il sentait sa vie lui échapper, littéralement, maux par maux, dans la douleur.
Rien ne semblait pouvoir lui laisser espérer une heureuse issue. Ni l'isolement. Ni l'alcool. Ni personne autour de lui. Il songea à tous ces précieux instants durant lesquels il avait plongé dans le regard de Kate, pour s'y perdre avec délice. La seule personne à présent qui le fixait avec toute la méchanceté qu'il méritait, c'était son propre reflet dans le miroir. Il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle fût derrière lui, lui passant les bras autour du corps et blottissant son corps souple contre son dos pour lui susurrer une tendre invitation à de fougueux plaisirs.
Il se sentit un moment défaillir. Était-ce la faim ? Aucune envie de manger. De boire. Pas rasé. Errait sans but dans son appartement. Toisait son ordinateur désormais inutile. Snobait la cuisine autrefois lieu de discussions joyeuses et de tendres moqueries entre sa mère, sa fille, Kate et lui.
Il fallait qu'il réagisse. Sans quoi, on le retrouverait sous peu inanimé chez lui, mort d'inanition… ou alors mort de chagrin ?
Voyons, Castle, ce n'est pas ton genre de te foutre en l'air, hein ? Nous sommes d'accord sur ce point. Alors réagis. Fais quelque chose. N'importe quoi. Mais quelque chose qui te prouve que tu fais encore partie du monde des vivants.
Il se leva, se dirigea vers la salle de bains.
Quarante-cinq minutes plus tard, il sortit de chez lui avec un seul et unique objectif. Accomplir l'action la plus difficile de sa vie. Allait-il seulement y parvenir ?
(À suivre…)