Itachi porta une main à son cœur, le souffle court. Il venait de finir de gravir l'envolée de marches qu'il avait faite afin de rejoindre sa demeure au sommet de la montagne et il se tourna vers l'immense escalier. Le monter n'avait jamais été aussi dur et éprouvant et d'un geste de la main, il le détruisit. La glace se brisa et se tomba en miette au pied de la falaise. Ainsi, les mercenaires que l'on lancerait sûrement à sa poursuite auront du mal à le retrouver et à parvenir jusqu'à lui. C'était un geste lâche mais il ne se sentait pas encore prêt à assumer ses actes.

Il se dirigea ensuite vers son château et monta rapidement les quelques marches qui le séparaient de l'entrer. Les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes à son arrivée et il les claqua violemment. Il tira sur sa cape, puis sur les nombreuses couches de fourrures qui le recouvraient pour le tenir chaud et dévoila ainsi une tenue plus civilisée, plus digne d'un prince déchue. Il suffoquait.

Il jeta ses gants au loin et tituba jusqu'à ses appartements. Il passa une main agacée dans ses cheveux et un gémissement misérable sortit du fond de sa gorge. Il tremblait de tout son corps et ses gestes imprécis ne faisaient que renverser divers objets sur sa commode et ainsi les briser.

La glace était partout. Les murs, le sol, les meubles, les bibelots. Même ses draps se recouvraient lentement mais sûrement de cette fine couche de glace qui s'accrochait et raidissait chaque textile qu'il pouvait toucher.

Un sanglot lui échappa et il s'appuya contre ce qui lui servait de miroir. La glace était assez épaisse et lisse pour lui permettre de voir son reflet et ce qu'il y vit le stupéfia. Sa peau n'avait jamais été aussi blanche, les cernes sous ses yeux s'étaient accentués, ses cheveux s'étaient détachés dans sa course pour revenir ici au plus vite et sa chemise en lin blanche était si rigide qu'elle donnait l'impression de pouvoir se briser au moindre frôlement.

Mais ce qui le surprit plus encore, ce fut cette mèche blanche qui s'échouait sur son épaule en partant de l'arrière de son crâne. Il ne l'avait jamais remarqué auparavant, cachée dans son dos sous le rideau épais du reste de ses cheveux. Cependant, à l'instant, tout échevelé qu'il était, il parvenait à la voir, à la saisir et à la manipuler. Ses cheveux crissèrent sous ses doigts tremblants. Il voulait bien croire qu'il aurait des cheveux blancs plus tard, quand il serait plus vieux. Mais cette mèche-ci n'était pas le fruit de bon nombre d'années passées.

Elle venait de quelque chose d'autre. Il eut comme un pincement au cœur et recula de son miroir de fortune, les pensées reportées sur un sujet bien plus important. Il n'arrivait pas encore à croire qu'il avait blessé – ou tué ? – son père après tant d'années de désir de vengeance. Et il n'arrivait toujours pas non plus à réaliser qu'il avait manquer de transpercer son petit frère... Ce n'était pas ce qu'il avait voulu faire. Il voulait simplement l'éloigner de lui, qu'il reste en sécurité hors de sa portée. L'étreindre avait été une énorme erreur, comment pourrait-il sans passer désormais ?


Sasuke sauta à bas de son cheval et se dirigea vers la petite rivière qui s'écoulait plus bas. Il permit ainsi à son animal de boire et de se reposer.

Il jeta un regard alentour. Les grands sapins se faisaient de plus en plus nombreux et épais autour de lui. Les chemins et les petits sentiers devenaient abruptes, glissants et difficiles d'accès. L'ascension débutait tout juste pour son cheval. Ce dernier était chargé comme une mule. Il ne saurait combien de temps il lui faudrait pour trouver Itachi et il avait du prévoir de quoi vivre plusieurs jours seul dans la montagne.

Il avait du se changer en conséquence. Après un passage rapide dans un bain froid – pas le temps de le faire chauffer – il avait enfilé un gilet de laine épais en dessous de son armure en cuir noir. Puis il avait revêtu une côte de mailles en acier. Ses gants en cuir remontaient jusqu'à ses coudes et sa cape était constituée d'un mélange entre de la laine et du coton. Elle était épaisse, chaude et coupait son corps du vent claquant et glacial. Même s'il ne ressentait pas les effets directs du froid, sa peau le tiraillait et ses lèvres ne manqueraient pas de gercer.

Il attrapa une lourde pierre et brisa la glace qui recouvrait l'eau puis il remplit sa gourde et l'attacha à la selle de son cheval. Il avait tout juste remis un pied dans l'étrier quand un bruissement attira son attention. Il se figea, baissa la jambe et se tint à l'affût. Son destrier l'avait aussi entendu et commençait à cahoter, inquiet. Ils avaient galopé tout le reste de la nuit et Sasuke devinait qu'il n'était pas prêt pour une seconde chevauché. L'aube ne lui permettait pas de distinguer complètement ce qui l'entourait. Les ombres semblaient courir sur le sol enneigé, les oiseaux avaient cessé de chanter et son cheval continuait à s'agiter, l'empêchant de distinguer davantage les bruits environnant.

Le prince porta une main à sa hanche, là où reposait son épée. Il enroula lentement ses doigts autour de la poignet, ses gants tendus par le froid crissèrent. Un courant d'air caressa son visage, finissant d'assécher ses lèvres, et une odeur familière lui chatouilla le nez. La fragrance lui semblait comme épicée et doucereuse à la fois. Elle possédait quelque chose de sauvage et il pouvait y déceler une présence plus importante de pin.

Il sortit lentement sa lame de son fourreau et s'approcha du bosquet derrière lui. Il venait de s'agiter, un craquement de feuilles mortes le fit s'arrêter et il perçut une truffe noire en sortir, humant l'air. Puis la tête d'un renard géant apparut. La bête était immense, un mètre quarante au garrot, et quand il se redressa, il dépassa largement le buisson derrière lequel il était embusqué. Sa queue ondulait derrière lui et dans l'obscurité, Sasuke crut en voir plusieurs. L'animal le fixait de ses grands yeux rouges. Le prince déglutit, il se sentait comme jugé. Le renard estimait-il le temps qu'il mettrait à détacher sa tête du reste de son corps ? Au vu de la taille de sa mâchoire et des quelques dents qui dépassaient de ses babines humides, il ne lui faudrait que quelques secondes.

Sa poigne se resserra sur son arme alors que le renard contournait lentement l'arbuste et s'approchait de lui. Sasuke recula vivement et brandit son épée. Il eut la soudaine envie de lui crier de ne pas s'approcher mais il était certain que la bête ne le comprendrait pas.

Son étalon, sa bride toujours attaché à une branche basse d'un arbre, hennit, bondissant de gauche à droite afin de prendre la fuite. Le regard pesant du renard se posa alors sur lui et le brun ne sut pourquoi mais il s'interposa. Ce cheval avait une grande valeur à ses yeux. Il s'agissait d'un grand frison d'un mètre soixante au garrot, aux larges sabots et à la robe aussi noir que les yeux et les cheveux des Uchiha. Il l'avait dressé lui-même à ses douze ans, quand il fut enfin en âge de monter un cheval.

Ce n'était qu'un petit poulain doux mais très vif à l'époque et il avait manqué plusieurs fois d'abandonner quand son équidé se montrait trop joueur avec lui. Et quand le jeune étalon eut atteint l'âge adulte, il le monta enfin. Plusieurs fois, la bête le jeta à terre quand ses coups de talons se faisaient trop durs, trop secs. Ils avaient donc appris à se connaître et se reconnaître. Sasuke savait par exemple que de simples caresses sur le chanfrein l'apaisait, une grattouille sur le bout du nez le rendait taquin et il cherchait ensuite à le mordiller. Il n'avait jamais utilisé de cravache, ni de fouet. Il lui suffisait de hausser la voix, son cheval étant habitué à son ton calme et bas.

Alors il ne laisserait pas ce renard le tuer, pas sans s'être battu. Mais alors qu'il menaçait le canidé de la pointe de son épée, des bruits de sabots se firent entendre. Puis le renard se mit à glapir, à aboyer et le cavalier se rapprocha, attiré par le bruit.

« Mon prince ! Vous voilà enfin ! »

Naruto venait de surgir d'entre les arbres. Fièrement assis sur un lipizzan au profil romain, il portait une armure en cuir brune similaire à la sienne. Chaudement habillé, ses joues et ses lèvres étaient rougies par le froid mais un sourire brûlant de bonheur brillait sur son visage.

« Comme je suis soulagé. J'ai cru que Kyubi ne vous retrouverait pas avec toute cette neige, s'exclama-t-il en descendant de son étalon.
_Que... Kyubi ? » Marmonna le brun sans lâcher son épée, toujours sur ses gardes.

Un rire secoua le blond et il tapota sa cuisse. Aussitôt, le grand renard vint se coller contre son flanc, ce dernier flatté par la main gantée du chevalier.

« Oui, mon renard. Je ne crois pas que vous ayez eu l'occasion de le voir. Il ne m'accompagne jamais quand je quitte mes appartements et ne sort que la nuit pour aller chasser les chères poules de ce bon vieux Sarutobi ! »

Sasuke cligna des yeux. La fatigue commençait à le prendre et il n'était pas sûr de comprendre tout ce que babillait joyeusement le blond.

« Qu'est-ce que vous faîtes là ? Finit-il par demander.
_Je viens assurer votre protection, voyons !
_Je n'ai pas besoin de protection.
_Vous êtes un prince seul dans la montagne avec pour seule compagnie les loups et votre givré de frère. Bien sur que vous avez besoin de protection. »

Le visage de Sasuke s'assombrit et il monta enfin sur son cheval.

« Mon frère n'est pas givré ! Et je n'ai pas besoin de vous ! »

Il commença à reprendre la route mais Naruto, rapidement remit en selle, le suivit, Kyubi trottinant devant eux en reniflant tout ce qui se trouvait sur leur passage.

« Si vous pensez ne pas avoir besoin de moi, c'est que vous êtes aussi givré que votre cher frère !
_Arrêtez de me suivre et rentrez au palais. C'est un voyage que je dois faire seul, grogna le brun en pressant le pas.
_Et pourquoi ? S'enquit le chevalier doré avec une véritable curiosité.
_Parce que ! » S'énerva le prince.

Après un petit moment de silence où seul résonnait le bruit assourdi des pas de leurs chevaux, Sasuke soupira et marmonna :

_Itachi ne me ferait jamais de mal. Je suis le seul à pouvoir lui faire entendre raison et à le faire revenir à Konoha.
_Et pourquoi tenez-vous tant à le faire revenir ? Après tout ce temps, il ne serait pas étonnant qu'il ne veuille plus être roi.
_S'il est roi, je serais libéré de ses obligations. » Murmura doucement le brun.

Naruto leva vivement les yeux vers le prince. Ce dernier regardait obstinément devant lui, refusant de croiser son regard. Un lent sourire prit place sur son visage halé et le chevalier rapprocha leur monture.

« Cela veut dire que...
_Cela veut dire que vous devriez rentrer immédiatement, le coupa Sasuke. Je dois simplement parler à mon frère.
_La possibilité de pouvoir enfin vous faire mien dépend simplement d'une conversation avec votre frère ? Je veux être là pour voir cela. Je vous accompagne. Et cela rassurera votre mère. » Ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Le prince grogna d'agacement, pressant doucement ses talons dans les flancs de son cheval. Il dépassa le chevalier avec une moue boudeuse et une fois qu'il eut pris les devant, il lui lança un regard fatigué.

« Très bien. Vous irez chasser pour nous trouver à manger le soir venu. Au moins, vous servirez à quelque chose. »

Son ton se voulait hautain, méprisant mais Naruto n'était pas dupe. Il avait vu ses pommettes se colorer très, très, légèrement de rose quand il avait posé les yeux sur lui.


Mikoto essora un linge et le déposa sur le front brûlant de son époux. Ce dernier était inconscient, la fièvre le faisait parfois délirer et parler durant son sommeil alors elle veillait sur lui depuis que son fils cadet et son professeur avaient disparu dans la nature.

Fugaku était très agité, ses lèvres murmuraient le nom de Sasuke et de Itachi. Les mots Roi et Froid lui parvinrent aussi difficilement. Mais d'un geste tendre, elle réussissait à l'apaiser. D'une caresse dans les cheveux, comme elle l'avait toujours fait avec ses enfants.

Puis, le plus doucement possible, elle releva le pansement qui recouvrait la plaie et ses yeux s'élargirent d'horreur. La glace se répandait davantage et empêchait toute guérison. C'était pire qu'un poison, c'était une malédiction, une mort longue et douloureuse qui aurait due être réservée au pire des hommes. La question était de savoi si son mari la méritait ou non.


Ils avançaient lentement mais sûrement dans la forêt enneigée. Leur chevaux avaient pris un rythme lent, tranquille afin de récupérer entièrement de leur nuit de course et après une journée entière à grimper, ils se permirent une pause quand le soleil déclina.

« Il faudrait trouver un point d'eau pour les chevaux. » Remarqua Sasuke alors que son regard parcourait le paysage emplit de sapin et de neige.

Le soleil la teintait d'une couleur dorée vive semblable aux épis blond de Naruto et en tournant la tête vers lui, il se sentit plus rassuré qu'il ne l'aurait voulu.

« Il nous faut aussi un endroit où nous abriter et faire du feu. Je sens que la nuit va être glaciale... Tu peux nous trouver cela, Kyubi ? » S'enquit le chevalier avec son éternel sourire.

Le renard, qui les suivait si silencieusement que le prince en avait oublié la présence, eut comme un acquiescement et disparu dans la végétation. Puis le blond adressa un sourire à Sasuke.

« Il est très doué pour cela, c'est un frileux.
_Il a froid avec son énorme fourrure ? Se moqua gentiment le brun en dirigeant son regard devant lui, tandis que leur chevaux continuaient doucement leur ascension.
_Oh oui, il est né dans le grand froid du nord mais il a toujours vécu au sud, là où il fait très chaud. Il a perdu l'habitude mais je suis certain que s'il n'avait pas son énorme fourrure comme vous le dites si bien, il aurait refuser de m'accompagner ici.
_Et si cela avait été le cas, seriez-vous quand même venu ?
_Non et je n'imagine même pas ce que j'aurais manqué. »

Sasuke se refusa à tourner la tête vers lui. Il voyait parfaitement son sourire goguenard dans son champs de vision. La nuit était cependant quasiment tombée et un malaise étrange s'insinua peu à peu en lui.

Lors de la première nuit, il n'avait fait que galoper à en perdre haleine. Il n'avait cessé de penser à son frère et à son père. Rien d'autre n'importait et ne pouvait l'atteindre. Maintenant, il réalisait qu'ils étaient tous les deux seuls au beau milieu de la montagne, sans renfort possible et avec un temps instable et dangereux.

Ils avaient intérêt à trouver un endroit sûr pour la nuit. Naruto devait suivre le même cours de pensée car, quand le cheval du prince accéléra son allure, le blond ne posa pas de question et le suivit. Après le trot vint le galop et ils se retrouvèrent à pousser leur monture dans leur limite, jusqu'à ce que Sasuke se rende compte de sa bêtise et ralentisse.

Le chevalier le dépassa et dut piller pour ne pas perdre sa trace dans la forêt qui se faisait de plus en plus épaisse. Il attendit que le brun le rejoigne et l'observa.

« Nous allons finir par les tuer d'épuisement, marmonna Sasuke en caressant la crinière de son étalon.
_Nous devrions faire une vraie pause en attendant le retour de Kyubi. » Soupira Naruto en se dirigeant vers un bosquet, à l'abri du vent.

Le brun le suivit et descendit rapidement de son frison. Naruto fit de même et l'enlaça. Aussitôt, le corps du prince s'électrisa et il le repoussa.

« Qu'est-ce que vous faites à la fin ? S'exclama-t-il brusquement.
_J'ai froid, mon Prince. Tenons nous chaud ensemble ! Sourit le chevalier en le gardant fermement contre lui.
_Tenez vous chaud tout seul ! »

Il se débattit comme un beau diable mais l'étreinte du blond était trop forte et alors que de petites plaintes commençaient à lui échapper tandis qu'il s'agitait, Naruto lui fit signe de se taire.

« Non mais vous... ! »

Le chevalier plaqua sa main gantée sur sa bouche et son nez, l'étouffant presque et Sasuke se figea. Il voulut l'interroger du regard mais les yeux du blond observaient la nuit désormais noire. Il murmura alors tout bas :

_ Est-ce que vous avez entendu ? »

Le même malaise que précédemment envahi le prince et il tendit l'oreille, son corps toujours arqué contre celui de Naruto. La pointe de ses bottes touchaient à peine le sol enneigé et le seul bruit qui lui parvenait était celui affolé de son cœur. Le chevalier scrutait toujours les environs, les muscles tendu. Sa main quitta le visage du brun et vint se poster sur le pommeau de son épée.

« C'est sûrement votre renard qui revient, chuchota Sasuke plus pour se rassurer que pour trouver une explication.
_Kyubi fait plus de bruit. Et n'attendrait pas dans la pénombre... »

La tension monta d'un cran quand le chevalier le repoussa vers son cheval.

« Montez.
_Pardon ? »

Mais un grognement sourd empêcha Naruto d'en dire plus. Le regard noir de Sasuke chercha une quelconque forme dans l'obscurité pendant que le blond dégainait sans bruit.

« Montez, répéta-t-il un peu plus durement. Ce sont des loups.
_Vous en voyez combien ? »

Le regard le plus clair parcourut de nouveau les alentours.

« Quatre ou cinq... Montez maintenant. Il faut fuir. Mais pas de mouvements brusques, ils n'attendent que cela.
_Vous avez déjà affronté des loups ?
_Jamais ceux du grand nord.
_Ils sont gigantesques...
_Je le sais bien. Écoutez moi maintenant. »

Sasuke fit un pas en arrière, puis deux et quand il sentit la chaleur de son cheval contre son dos, il se retourna dans un mouvement lent. Il ne savait pas pourquoi il lui obéissait. Il savait juste qu'il devait lui faire confiance.

Mais alors qu'il posait ses mains sur la selle, un jappement le fit sursauter. Il fit volte-face juste à temps pour voir deux loups surgir et se jeter sur le chevalier. Deux autres apparurent derrière eux et s'attaquèrent aux chevaux. Les équidés ruèrent et le prince eut beau attraper leurs rênes, ils réussirent à se défaire de son emprise. Les grondements et les hennissements paniqués l'empêchèrent de réfléchir calmement et il ne comprit jamais pourquoi il chuta brusquement sur le dos. Peut-être était-ce les chevaux qui avaient trop tiré sur les longes et qui l'avaient fait chuté, peut-être était-ce ce cinquième loup qu'il n'avait pas vu et qui avait agrippé de sa grande gueule un bord de sa cape. Ou peut-être était-ce les deux. En tout cas, malgré le vacarme de la bataille, il entendit clairement Naruto crier son nom.

Il réussit tant bien que mal à rouler sur le côté et à se redresser, malgré la force qui le tractait en arrière. Sa cape commençait à l'étrangler et à se déchirer. Le souffle coupé, il vit Naruto combattre à lui seul deux immenses loups mais alors qu'il en transperçait un de son épée dorée, l'autre broya son bras de sa puissante mâchoire. Il vit le cuir être transpercé puis le sang gicla et éclaboussa les babines vibrantes.

Le hurlement que poussa le blond lui vrilla le crâne. Le prince porta alors une main à sa gorge et détacha sa cape qui commençait réellement à l'empêcher de respirer, il se releva et se dirigea vers le chevalier, désormais prostré au sol et le bras déchiqueté. Il sortit son épée et d'un coup net, précis et sans hésitation, il tranche la tête du loup. Naruto libéra son bras et regarda, ahuri, le prince se tourner à temps vers le dernier loup qui se jetait sur lui après avoir mis sa cape en morceau. L'animal bondit et vint directement s'empaler sur son épée. Il remua un peu et Sasuke ne prit pas une seconde pour penser à ce qu'il devait faire. Il sortit une fine lame de sa botte et lui trancha la gorge.

La bête s'écroula et la neige se teinta presque aussitôt d'un rouge sombre. Haletant, les deux hommes s'entre-regardèrent. Les deux chevaux avaient pris la fuite, ainsi que les deux autres loups. Ils se retrouvaient plus seul que jamais. Sasuke s'approcha du blond et se laissa tomber à genoux devant lui.

« Est-ce que c'est grave ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
_Rien de mortel. » Murmura le chevalier.

La douleur revint quand l'adrénaline retomba enfin. Il lui faudrait être recousu mais leur matériel était partit avec leur monture... Leur regards se croisèrent encore et un soupir de soulagement les secoua tous les deux.

« Il faut vous mettre à l'abri. Si nous sommes de nouveau attaqué... »

Naruto acquiesça et porta deux doigts de sa main valide à sa bouche. Il siffla et après quelques minutes de silence pesant, le pas rapide de Kyubi se fit entendre. Il déboula finalement et se précipita auprès de son maître. Il huma son bras blessé et cogna le bout de sa truffe contre sa joue comme pour le gronder. Un léger rire secoua le chevalier et il se remit difficilement sur pied. Sasuke l'aida et alla récupérer sa cape. Une grimace lui échappa et son regard se posa sur les trois cadavres de loup. Il rangea son épée dans son fourreau et de sa dague, dépeça les trois monstres les uns après les autres. Naruto l'observa faire en silence, appuyé contre le tronc épais d'un pin. Kyubi était collé contre ses jambes pour tenter de le réchauffer. Le prince vint près d'eux ensuite, les bras chargé des peaux de bête et des restes de sa cape, ses armes soigneusement mises à leur place. Ils échangèrent un sourire et Naruto donna un coup de tête vers le loup le plus conséquent :

_Je crois que nous avons notre dîner, Monseigneur. »


Naruto se laissa tomber dans un coin de la grotte. Ils y étaient assez enfoncé pour ne plus voir la nuit noire et surtout pour ne plus sentir le vent glacial. La carcasse du loup et les peaux installées sur le dos de Kyubi, ils avaient lentement avancé dans le noir complet. Il ne savait pas par quel miracle Sasuke avaient trouvé du bois sec et arrivait à l'instant même à allumer un feu.

Bientôt, une douce chaleur les enveloppa et Sasuke s'agenouilla devant lui.

« Montrez moi votre blessure.
_Ce n'est pas très beau à voir, mon Prince.
_Ne discutez pas. »

Le blond retira alors doucement sa cape dans laquelle il s'était enroulé. Le sang avait séché et le cuir et le tissu collaient désormais à la plaie. Sasuke ressortit sa dague, se l'essuya brièvement sur la cuisse et découpa sa manche avec délicatesse. Il découvrit peu à peu tout son avant-bras et dut, malheureusement pour le blond, arraché des morceaux accrochés à sa peau. Naruto serra les dents mais l'observa faire.

« Je vois. » Marmonna Sasuke en observant de plus près l'estafilade.

L'intérieur de son bras était le plus touché, là où la peau est plus fine et légèrement plus claire. L'os avait été brisé à plusieurs endroits sous les nombreux crocs, le muscle était mâché et la peau avait simplement été transpercée à de nombreux endroits.

« Il faut nettoyer et vous recoudre, finit par expliquer le Prince.
_Et nous n'avons ni eau, ni aiguille. » Soupira piteusement Naruto.

Sasuke eut un léger sourire et retira la broche qu'il portait, dissimulée sous sa cape durant tout le voyage. Elle représentait le blason de sa famille, un éventail rouge et blanc et il en arracha l'épingle. Il prit ensuite un lambeau de cape et défit minutieusement les fils. Naruto l'observa faire fasciné.

« Je n'ai pas d'eau, j'ai juste du vin qui était destiné à me tenir chaud. »

Il sortit une flasque d'une poche intérieure et l'ouvrit.

« J'en veux bien une gorgée pour me donner du courage, mon Prince, supplia alors Naruto avec un sourire tremblant, il n'aimait pas se faire recoudre.
_Une seule alors. »

Il se redressa sur ses genoux et posa le goulot contre ses lèvres. Naruto ferma les yeux et avala une gorgée salvatrice. Le liquide lui brûla la gorge et il soupira d'aise. Sasuke versa ensuite le reste sur la blessure. Naruto serra vivement les dents et les poings. Un grognement lui échappa alors que Sasuke frottait délicatement sa peau. Bientôt, tout fut nettoyé approximativement et Sasuke entreprit de le recoudre.

« Vous réservez encore beaucoup de talent caché, mon Prince ? » Marmonna-t-il, la douleur le faisait sûrement délirer.

Sasuke secoua la tête en levant les yeux au ciel. Un sourire béat étira les lèvres du blond quand il coupa le dernier fil et finit de le raccommoder. Il prit ensuite un bâton épais comme deux doigts et assez court pour tenir sur son avant bras. Il enveloppa son poignet dans un tissu propre et attacha l'attelle grâce, encore une fois, à des restes de sa cape.

« Cela m'a l'air pas mal, souffla Naruto, rapidement acquiescé par Sasuke. Merci, mon Prince... »

Sasuke lui fit un léger sourire et mit de côté son matériel de secours. Il découpa ensuite soigneusement les peaux de loups et les tendit pour qu'elles sèchent. Il retira ensuite ses gants et tendit les mains vers le feu pour les réchauffer. Le blond observa un moment son profil et s'approcha. Le prince frissonnait visiblement alors il s'enroula avec lui dans sa cape.

Sasuke le regarda, surpris, et ses joues rosirent légèrement. Le chevalier l'attira tout contre lui et leur joues se frôlèrent. Il pouvait sentir Sasuke frémir et nicha son visage contre son cou.

« Merci, répéta-t-il. De m'avoir sauvé la vie. »

Le brun tourna la tête vers lui et Naruto s'empara de sa bouche. Sasuke ferma les yeux tandis que ses lèvres gelées se réchauffaient lentement. Le bras valide du blond entoura fermement sa taille et le prince enlaça sa nuque. Ses doigts plongèrent dans ses épis blonds et humides et ses lèvres s'entrouvrirent. Naruto plongea sa langue dans sa bouche avec délice et alla cajoler sa sœur jumelle.

Rapidement, il l'allongea sur le sol froid de la grotte, sa cape glissa de ses épaules et il le hissa dessus, sans jamais cesser de l'embrasser. C'était plus agréable que tout ce qu'il avait vécu jusqu'à présent, tuer un ennemi, baiser les putes les plus douées, vivre. Il aurait pu l'embrasser jusqu'à ne plus pouvoir respirer, au point de ne plus revoir la lumière du jour s'il pouvait simplement se gorger de sa bouche, de sa peau sous ses doigts, de son regard farouche sur lui.

Cependant, il dut quitter sa bouche et s'écarter, le voir trembler vivement de froid quand il lui retira sa côté de maille tâchée de sang et son armure rigidifiée par le froid. Ce n'était pas évident avec son bras blessé mais il avait tellement envie, et surtout besoin, de toucher sa peau, d'embrasser son cou et plus encore, de l'étreindre sans être entraver par un quelconque vêtement.

Sasuke sursauta quand il s'attaqua à sa chemise et prit ses mains dans les siennes. Le chevalier se figea et l'observa. Il secoua la tête, les yeux embrumés et les joues rouges.

« Pas maintenant, pas comme ça, souffla-t-il difficilement.
_Vous n'en avez pas envie ?
_Si mais... »

Il peinait réellement à parler, à rassembler ses esprits. Naruto lui fit son plus doux sourire et caressa tendrement sa joue.

« Alors ça sera maintenant et ici-même. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve, autant en profitez. Nous avons manqué de mourir tous les deux aujourd'hui, pourquoi pas demain ? Qui nous dit que nous rentrerons tous les deux au royaume ? »

Le prince sembla peser chacun de ses mots, ses doigts triturant distraitement les légères boucles blondes sur sa nuque, puis un sourire étira ses lèvres. Il se redressa et se débarrassa de sa lourde ceinture. Son épée tinta bruyamment au contact du sol et il poussa le chevalier à s'asseoir dos au mur. Il s'agenouilla entre ses jambes écartées et lui retira son attirail à son tour.

Naruto trembla violemment une fois son torse à l'air libre et il retira la chemise du prince avec empressement. Son bras s'enroula de nouveau autour de sa taille et il l'attira sur ses genoux. Leur corps s'épousèrent parfaitement, leurs bras et leurs jambes se placèrent naturellement de ça et là et ils s'étreignirent avec force. La chaleur monta de plus en plus entre leur deux peaux et il leur devint impossible de s'écarter ne serait-ce d'un pouce. Naruto laissait ses mains parcourir le dos du brun, caresser ses cheveux puis sa chute de rein alors que Sasuke se cambrait davantage, comme s'ils pouvaient fusionner.

Puis leur corps, mués de leur volonté propre, amorcèrent un mouvement. Leur bassins se frottèrent avec frénésie et leur pantalons, malgré le froid toujours ambiant, devinrent de trop. Bouche contre bouche, sans réellement s'embrasser, ils profitaient du souffle chaud et haletant de l'autre sur leur visage. Le désir gonflait à chaque seconde et il ne leur fallut pas beaucoup plus de temps pour finir de se déshabiller.


Sasuke ouvrit difficilement les yeux. Emmitouflé dans un amoncellement de cape, de vêtements et de fourrures et surtout en compagnie d'un corps chaud contre lequel il était blottit, il émergeait tout juste d'un sommeil sans rêve. Son regard tomba dans celui d'un bleu céruléen de Naruto. Il l'observait en silence, un sourire repu sur les lèvres. Le feu mourant dans son dos continuait d'éclairer son visage doré et déposait une lumière jaune-orangé sur le chevalier.

« J'ai dormi longtemps ? Demanda le brun d'une voix enrouée et rauque d'avoir été trop poussée.
_Moins d'une heure. Je suis resté éveillé au cas où.
_Il ne fallait pas... »

En voulant se relever, une douleur lancinante se fit ressentir dans le bas de ses reins et il s'écroula au creux des bras chauds et rassurant du blond. Naruto l'étreignit et huma son odeur. Il déposa un baiser contre sa gorge et rallongea le brun.

« Ne bougez pas, il faudra attendre un peu avant de vous lever.
_Je pense que l'on peut se tutoyer désormais...
_Je ne me permettrais pas. »

Il continua de déposer des baisers légers sur la peau tiède de Sasuke et ce dernier laissa échapper un soupire d'aise.

« Est-ce que vous avez faim ? » Demanda finalement le blond contre sa gorge et Sasuke lui répondit par un timide acquiescement.

Naruto se leva alors. Il était encore à moitié nu et avait revêtu seulement ses bas et ses bottes. C'est en le voyant ainsi que le prince se rendit compte de sa totale nudité sous ses couvertures de fortune mais étrangement, le froid ne le dérangeait pas. Cependant, il fut ravi de retrouver le corps chaud et frémissant du chevalier contre le sien quand celui-là revint s'asseoir à ses côtés. Il l'attira entre ses cuisse, le gardant bien enveloppé dans une fourrure blanche. Sasuke remarqua alors le portant construit au dessus du feu, portant sur lequel le blond avait fait cuire le loup morceau par morceau. Et il lui tendait à présent une immense cuisse à la chaire juteuse.

Le prince se fit un plaisir de mordre dedans et gémit légèrement de bonheur. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait faim. Naruto fut soulagé de le voir dévorer à lui seul une patte entière, il avait craint que son cher prince n'ait trop mal, que la douleur ne coupe son appétit et l'affame plus qu'il ne l'était déjà. Durant son sommeil, son estomac avait grondé à plusieurs reprise et il s'était surpris à découper soigneusement la carcasse de loup, retirer tendons et organes pour faire cuire les muscles épais et ferme.

Quand il fut rassasié, Sasuke jeta l'os dans un coin, un hoquet le secoua et un rot lui échappa. Alors qu'il aurait du se sentir gêné, un rire amusé lui échappa et Naruto sourit. Tout était plus simple ici, dans cette grotte. Aucune princesse à épouser, aucun frère à ramener, aucun père mourant, aucun devoir. Juste deux hommes.

Le brun leva la tête vers son opposé et laissa ses lèvres être prises d'assaut. Leur langues se retrouvèrent comme de vieilles connaissances, d'anciens amants toujours amoureux qui ne s'étaient pas vu depuis des années. Naruto caressa son ventre, puis l'étreignit plus fort, au point de l'étouffer.

Quand ils rompirent le baiser pour reprendre leur souffle, Sasuke haleta :

_J'ai fait une erreur Naruto. Comment vais-je me passer de ce que tu m'as fait cette nuit ?
_Nous pourrions rester caché ici pour toujours, ne plus jamais sortir. »

Sa réponse fit rire le prince et le blond continua :

_Nous vivrions de chasse et de cueillette, la neige fondue nous abreuverai et nous pourrions faire l'amour à toute heure du jour et de la nuit.
_Ce serait un beau programme, avoua Sasuke, mais c'est impossible.
_Tout est possible, Messire. » Murmura le chevalier d'un ton mielleux tout en caressant l'intérieur de ses cuisses, afin de lui rappeler ce qu'il avait fait une heure plus tôt.

Un nouveau rire fit vibrer le prince, inhabituellement détendu et il s'assit difficilement. Les couvertures glissèrent de ses épaules et il se tourna vers le blond, lui offrant sa nudité.

« Si tout est possible, une chose impossible était-elle possible ? » Demanda-t-il le plus sérieusement du monde.

Naruto ouvrit la bouche, prêt à répondre, puis il se figea, pris par le doute. Le brun l'admira froncer adorablement les sourcils, son regard bleu assombrit et fixé sur les braises.

« Alors ? S'enquit-il après un long silence.
_Je vous aime. » Répondit simplement et innocemment Naruto en plongeant son regard dans ses orbes sombres.

Sasuke rougit violemment et détourna aussitôt la tête. La tension reprit possession de son corps jusqu'à ce qu'un chapelet de baisers soit déposé sur sa nuque.

« Reposez-vous, mon Prince. Nous repartons à l'aube. » Souffla le blond à son oreille, l'attirant de nouveau contre lui.

Le brun jeta un coup d'œil à son visage apaisé et souriant, ses paupières étaient déjà closes. Des mèches blondes brunies par la sueur étaient désormais collées à ses tempes et le haut de ses joues et cela lui donnait un air plus mâture, plus sage, contrastant avec l'image sauvage et indomptable qui lui seyait depuis leur rencontre.

Sasuke sentit ses joues se réchauffer en songeant à ce qui avait été dit, à ce qui avait été fait et à ce qui se passerait par la suite. Il ferme alors les yeux à son tour et se lova contre le buste de son maître et fut rapidement fauché par un sommeil de plomb.


Alors ? Est-ce que cela mérite une petite review ?


Hum... Je suis vraiment - mais vraiment ! - désolé... J'ai passé mon été à travailler, la rentrée a été très chargé mais j'ai trouvé un stage, l'année commence bien si on oublie deux-trois soucis personnel alors voilà ! Je m'excuse avec un long chapitre rédigé le week-end dernier. J'espère qu'il vous a plu, merci encore à toutes celles qui poste une review ! J'ai moins de temps pour répondre à tout le monde avec les révisions mais ne vous inquiétez pas, celles qui me font de long et beau pavet, je prendrais un petit moment pour vous adresser personnellement une réponse à la hauteur de votre investissement ! Et pour tout questionnement en général, j'y répondrais à la fin des futurs chapitres !

Je ne sais pas encore quand le prochain arrivera, j'espère avant Noël mais mes week-end vont être encore un peu occupé puisque je fêtes bientôt mes deux décennies alors je m'excuse encore pour l'attente !

Voila, je vous aime tous très fort, mes chers petits lecteurs ! Fidèles comme nouveaux ! ;) Bisous, bisous !