Bonjour mes chers Cobayes,

Je vous prie de m'excuser pour cette longue absence. J'ai souffert d'une délocalisation d'inspiration, mais la voici de retour auprès de nos chers x-men. Je vous propose donc un nouvel OS, et je vous remercie mille fois pour vos petits mots adorables !

A très vite.


Comme avant.


25 Novembre 1963 - Cimetière national d'Arlington.

Les rafales de pluie balayaient la petite colline dominée par le manoir Lee curtis. La fraîcheur de l'hiver saupoudrait la scène d'un silence respectueux et endeuillé.

Raven remonta le col de son imperméable noir. La buée s'imprimait sur ses lunettes rondes et malcommodes. La jeune femme maudit la vision déficiente d'Allen Dulles, directeur de la CIA dont elle empruntait temporairement l'identité.

L'officier chargé de la cérémonie ponctuait son discours de grands gestes. Derrière lui, Robert et Ted Kennedy allumaient une torche qui ne devait jamais s'éteindre, en souvenir de leur frère.

Les Etats-Unis portaient le deuil. Devant Raven, la plaque de marbre noire gravée à la mémoire du président luisait d'humidité.

Mais elle n'était pas là pour lui.

Elle enfonça ses poings serrés au fond des poches, ses yeux perçant caressant discrètement la petite centaine d'élus qui assistaient à la cérémonie.

Il était là. Forcément, il devait être là. Elle scannait la foule avec une avidité impatiente et teintée d'angoisse.

Il devait être là. Il ne pouvait pas l'avoir abandonné, lui aussi. L'anxiété nouait son estomac.

Se yeux tombèrent sur Charles-Xavier, en retrait, encerclé par Scott Summers et Jean Grey.

Deux télépathes à moins de douze mètres.

« Ils doivent être fichtrement concentrés sur le discours pour ne pas détecter ma présence,» songea-t-elle avec une certaine amertume.

Ses yeux caressèrent la silhouette frêle de celui qui avait été son premier ami. Une colère, mêlée de chagrin l'envahit.

Le temps n'améliorait pas ses ressentiments. Elle lui en voulait terriblement,. De ne pas avoir su la retenir, de ne pas l'avoir aimé comme elle le désirait, de ne pas avoir compris le désespoir de sa cause.

Elle ne lui avait plus adressé la parole depuis Cuba. Pas une fois.

Lui manquait-elle seulement ?

Elle rejeta cette idée ridicule. Xavier allait de l'avant. Il acceptait de ne plus pouvoir marcher, et parcourait le monde sur son fauteuil avec ses amis mutants à la recherche de jeunes prodiges pour remplir son école.

Il l'avait remplacé depuis bien longtemps. Et Erik l'imiterait d'ici peu. Il commençait déjà.

Par bonheur, la cérémonie prit fin et chassa ses pensées ténébreuses.

Raven se glissa hors de la file des invités désireux de présenter leurs condoléances à la veuve.

Les États-Unis perdaient un président, Jacqueline Kennedy un mari. Elle, elle perdait l'espoir de voir ceux qu'elle aimait réunis.

Elle fit un immense effort pour ôter Xavier de ses pensées, oubliant sa présence à quelques mètres à peine.

Ce n'est pas lui qu'elle cherchait.

« Erik, ne me laisses pas seule. J'ai besoin de comprendre, j'ai besoin d'être sûre… J'ai besoin de toi.»

Autour d'elle, les gens se pressaient, moroses et hagards, agglutinés sous des parapluies sombres.

Elle contempla en silence l'enfilade de tombes blanches, bordés d'ifs et de cyprès, les drapeaux aux couleurs des Etats-Unis piqués à chaque début de rang, l'amphithéâtre abritant la tombe des Inconnus qui se dressait au loin.

La foule s'égailla peu à peu. La vie continuait. Il fallait se relever et faire front, organiser des élections, punir le ou les responsables.

Aucune trace de Magneto.

Raven ne sursauta pas lorsqu'une main se posa sur son épaule.

- Jean, cracha-t-elle avec mépris.

- Raven. Le professeur X souhaiterait te parler.

A quoi bon ? Qu'y avait-il à dire, après plus d'un an ?

- Je n'ai rien à lui dire.

Jean se tendit. Elle ne souhaitait pas recourir à la force, ici, en plein milieu d'une foule de civils exposés. Ce n'était absolument pas le moment d'attirer l'attention sur les mutants. Leur cause souffrait déjà bien assez ainsi.

- C'est à propos d'Erik.

Raven se tendit. Était il possible que Xavier en sache plus ? Qu'il lève le voile de cet horrible mystère, de ce doute qui la tenaillait depuis des jours ?

Raven se dégagea de l'emprise adverse. Jean lui indiqua du regard l'amphithéâtre immaculé, et la métamorphe se mit en route.

Elle marqua un temps d'arrêt sur les marches blanches et polies.

Le voir, assis seul face aux rangées de colonnes sculptées, lui fit monter les larmes aux yeux.

Pourquoi les événements avaient-ils prit un tour aussi dramatique ? N'auraient-ils pas pu, tout trois, vivre ensemble jusqu'à la fin des temps ? Les souvenirs des années bénies au manoir la percutèrent de plein fouet. A l'époque, elle éprouvait de la jalousie envers les deux hommes qui s'étaient trouvés. Erik et Charles, inséparables. Elle avait craint de perdre sa place auprès de l'un comme de l'autre. Aujourd'hui, elle ne souhaitait plus qu'une chose : revivre ces moments, profiter des deux hommes qu'elle aimait.

Xavier l'avait abandonné à Cuba, et même avant. Il lui avait préféré Erik. Et ce dernier, qui l'avait soutenue alors, fuyait à son tour, la laissant seule et torturée de questions. Finalement, il n'y avait jamais eu de place pour elle. Ni auprès de l'un, ni auprès de l'autre.

Xavier pressentit son arrivée et effectua un demi-tour, l'accueillant d'un pâle sourire.

Les cheveux courts lui allaient bien.

Le silence les engloba tout entiers. Il y avait tant à dire… Et rien à dire à la fois. Raven retrouva son apparence bleue et écailleuse. Le professeur prit la parole.

- Sais-tu pourquoi Erik l'a fait ?

La jeune femme sentit le froid l'envahir. Son ton défensif l'était pour la convaincre elle-même.

- Ce n'est pas lui, grinça-t-elle. Il me l'aurait dit.

- Où est-il ?

- Je n'en sais rien.

De nouveau, le silence se dressa comme un mur infranchissable. Ils s'étudièrent longuement, cherchant chacun dans la silhouette de l'autre un détail pour leur rappeler combien ils avaient pu être proches.

Mystique combla de quelques pas la distance qui les séparait. Elle resta debout face à lui, tendue et mal à l'aise.

Elle les avait perdu tous les deux.

Erik, disparu depuis des semaines, n'avait pas donné signe de vie. Toutes les preuves rassemblées sur l'assassinat de Kennedy pointaient en sa direction. Raven ne pouvait y croire. Il avait promis, à Xavier, à elle, à leur confrérie. Kennedy devait survivre. Il aurait permis l'acceptation des mutants, et, peut-être, le rapprochement des ennemis. Si sa politique avait fonctionné, alors qui sait ? Tous auraient pu se retrouver.

Comme avant.

Son assassinat annihilait tout espoir. Les mutants, pointés du doigt, constituaient les responsables monstrueux que le peuple voulait blâmer.

Les larmes envahirent les yeux de Raven. Elle se laissa tomber à genoux à côté de son ancien ami, serrant ses mains avec force.

- Je suis désolée. Je suis désolée…

Xavier, ému tout autant que surpris, referma ses mains sur les longs doigts bleus. La gorge nouée, il déposa un baiser sur les cheveux roux.

Comme avant.

il souhaita que le temps s'arrête. Il aurait pu l'arrêter. Mais cela n'aurait fait que décaler l'issue immuable de la situation.

La pluie recouvra leur étreinte. Les souvenirs heureux de leur jeunesse furent chassés par les présages à venir. L'instant s'étiola.

- Ce n'est pas lui. Mais c'est trop tard, personne n'y croira. Nous sommes obligés désormais de poursuivre ce que nous avons commencé, car ils nous chasseront, Xavier. Les humains nous chasseront, persuadés que nous avons tué leur président.

- Non Raven, rétorqua Xavier, presque suppliant. Reste. Il n'est pas trop tard, il n'est jamais trop tard. Nous le retrouverons, nous feront amende honorable… C'est encore possible.

Mais déjà, Raven se redressait, essuyant ses yeux humides.

- Je suis allée trop loin pour faire demi-tour. Au revoir, Xavier.

Déjà, ses pas l'éloignaient.

Il lui fallait trouvait Erik. Il fallait qu'il soit vivant, qu'il s'explique.

« Erik… Qu'as-tu fait ? »


J'attends de vos nouvelles avec impatience!

La bise,

Laukaz.