Bonjour/Bonsoir tout le monde. Si vous suivez Never Alone, sachez que je ne l'ai pas laissé tombée loin de là! J'ai juste un moral qui ne s'accorde pas à l'atmosphère de cette fiction. J'ai écrit une nouvelle histoire, plus sombre que la précédente, bien plus sombre. Et dans un style aussi différent.
Bonne lecture.
Sherlock tapotait vigoureusement le dos de son téléphone portable, stressé à l'idée de le revoir : ils l'avaient retrouvée, enfin. Elle était saine et sauve. Enfin, c'est ce qu'il espérait. Il demanda au taxi l'amenant à l'hôpital d'accélérer le mouvement mais les embouteillages l'en empêchait : il voulait être sûr que c'était vrai. Être sûr que Lestrade ne l'avait pas mené en bateau pour qu'il puisse enfin fermer l'œil. Son portable vibra dans ses mains, il ouvrit aussitôt le message qu'il venait de recevoir.
Elle est en salle d'opération. John
Tu l'as vu ?! SH
Oui elle va bien. John
Ne me mens pas John ! Je le saurais dès que j'arriverais ! SH
Ils ont refusé de nous dire quoi que ce soit pour le moment mais je crois qu'elle faisait une hémorragie interne quand on l'a emmené … John
Sherlock dû se contrôler pour combattre la peur qui commençait à le submerger, il mit ses mains sous son menton pour calmer son rythme cardiaque mais ça ne s'arrangeait pas. Il tremblait presque sous l'effet de l'adrénaline qui ajouté à sa fatigue était insurmontable, il se sentait tellement coupable … Il savait que c'était de sa faute. Tout était de sa faute. S'il ne l'avait pas rejeté tant de fois, jamais elle n'aurait commencé à sortir avec cet homme et jamais elle n'en serait là aujourd'hui. S'il n'avait accepté qu'une seule et minime fois de partager un café avec elle, elle ne serait peut-être pas là allongée sur une table d'opération attendant que son heure vienne pendant que des médecins plongeraient leurs mains dans ses entrailles si fragiles. S'il avait moins fait le con, Molly Hooper serait encore saine et sauve dans son appartement à lire ces romans policiers qu'elle affectionne tant. Il s'en voulait tellement.
Une semaine plus tôt :
Sherlock se trouvait à la morgue, absorbé par un échantillon de sang que Molly avait prélevé sur le cadavre d'une vieille femme. Tout le monde pensait qu'elle s'était suicidé mais ils avaient tord : comme il le pensait dès les premiers instants de l'enquête, cette femme avait belle et bien été tuée. Et il en avait la preuve sous les yeux. Ah la science ! Comme il aimait ça. Il imaginait déjà la tête mortifiée de Lestrade lorsqu'il lui montrerait les résultats de ses analyses le lendemain matin. Quelqu'un entra dans la pièce, il ne leva pas les yeux pour la saluer, il savait à son parfum si particulier qui était présent à ses côtés. Molly Hooper, jeune pathologiste de 34 ans très douée et dotée d'un intelligence rare, mais elle était idiote. Elle était bêtement, et tout le monde le savait dans son entourage, follement amoureuse de lui, et elle faisait tout pour qu'il la voit. Qu'il la voit vraiment, telle qu'elle était. Mais Sherlock Holmes n'était pas connecté sur la même longueur d'onde. Il ne l'avait d'ailleurs pas remarqué avant qu'il ne le déduise, sans le vouloir, lors du réveillon de Noël que Mrs Hudson et John Watson avait organisé. Il était assez aveugle pour ce genre de choses. Bien sur il s'en était douté mais il ne pensait pas que cela pouvait être vrai.
Molly avança vers le bureau et prit un carnet en métal qu'elle commença à remplir à l'aide de son crayon Bic : elle commençait ses rapports d'autopsie beaucoup plus tôt que d'habitude. Sherlock ne releva pas la tête pour autant et continua d'identifier les différentes composantes du sang de la vieille femme. Ce n'était pas dans les habitudes de la jeune femme de faire cela, sauf lorsqu'elle avait un dîner ou … Un rancard. Il finit par lever les yeux discrètement vers elle : Molly avait coiffé ses cheveux d'une tresse sur le côté et avait refait son maquillage d'une façon beaucoup plus travaillée que lorsqu'elle rentrait directement chez elle. Son rouge à lèvre grossissait sa bouche d'une manière tout à fait sympathique : il le lui en avait d'ailleurs fait la remarque dans le passé, la leçon avait été retenue. Côté yeux, elle avait opté pour un maquillage un tout petit peu plus voyant qu'à l'ordinaire mais rien de très extravagant : ce n'était pas son style. Molly Hooper avait définitivement un rancard ce soir. Tant mieux pour elle cela dit.
- Vous sortez ce soir ? demanda Sherlock en se replongeant dans son microscope, incapable de penser à autre chose.
- Oui heu, commença-t-elle confuse. J'ai un rendez-vous ce soir. Il s'appelle Robbie et est …
- C'est très bien ! la coupa-t-il sans vouloir montrer son intérêt pour elle. Assurez-vous qu'il soit plus malin que … Comment s'appelait-il déjà ? Timo …
- Tom, cracha-t-elle sans cacher son dégoût. Non, il est diplômé de Harvard, en sciences politiques.
Ils continuaient de travailler chacun de leur côté, sans se regarder dans les yeux. Ils faisaient souvent ça, c'était leur façon de communiquer sans que les choses ne soient trop gênantes. Depuis qu'il l'avait visionnée dans son palais mental à le gifler à maintes reprises, il se sentait un peu mal à l'aise en sa présence -irrationnellement effrayé qu'elle ne le frappe à la moindre plaisanterie. Bien entendu, cette place avait été justifiée : il était en train de mourir et avait besoin de conseil de médecins qualifiés en urgence. Il eu des frissons en pensant qu'il venait de définir Anderson de « qualifié ». Le fait que Molly ait choisi un fiancé grand, aux yeux bleus perçants, au trench sombre et portant une écharpe autour du cou n'avait rien arrangé non plus. Les fantasmes de cette femme étaient très évidents … Et malgré tout le mal qu'elle se donnait pour avancer, elle restait accrochée au point de départ. Malheureusement pour elle, ce Tom n'avait pas l'intelligence nécessaire à prendre complètement le cœur de Molly Hooper, reine du fan club du détective. Elle était tout de même sorti avec Jim Moriarty, un homme d'une intelligence machiavélique. L'intelligence la faisait définitivement craquer.
- C'est bien que vous … Alliez de l'avant … Pour … L'oublier, tenta d'articuler Sherlock cherchant du mieux qu'il pouvait à éviter une double conversation gênante en tout point.
Elle finit par lever les yeux vers lui, sentant qu'il ne parlait pas seulement de son ex fiancé. Il sentait son regard pesant sur lui, et il se contrôlait pour ne pas le croiser.
- Je ne pourrais jamais l'oublier. On ne peut pas tirer un trais sur quelqu'un qu'on a aimé pendant tant de temps comme ça c'est …
- Vous devriez, la coupa-t-il sèchement pour mettre fin à toute confusion.
Elle ne répondit pas et reprit l'écriture de son rapport. Sherlock pouvait entendre sa respiration saccadée, lutant contre l'envie fulgurante de fondre en larmes. Il restait néanmoins complètement fermé à ses déclarations : elle venait tout de même de dire, à voix haute, qu'elle l'avait aimé et qu'elle l'aimait toujours. Jamais personne ne lui avait dit de tels mots. Pas même Irene Adler, la seule femme qui l'avait le plus dragué dans sa vie. Il ne la méritait pas, ça il en était sûr. Sherlock ne pouvait pas être amoureux, c'était trop puéril, trop commun pour lui, trop dangereux. Aimer quelqu'un était beaucoup trop irrationnel pour lui. Une simple réaction chimique dans le cerveau que les gens préféraient de qualifier « d'amour » pour se rassurer. Mais il n'était pas dupe.
- Fermez les portes quand vous partirez, finit par dire sèchement Molly en quittant la morgue d'un pas lourd, visiblement contrariée.
Temps présent :
Sherlock courrait dans les escaliers, montant les marches à une vitesse impressionnante, sans prendre en compte sa respiration saccadée et sa vision qui devenait trouble à cause de la fatigue. Il devait savoir, il avait besoin d'en savoir plus. Il se devait de savoir si elle allait bien. Alors qu'il atteignait le troisième étage, il vit John tourner les yeux dans sa direction, quitter Mary et se diriger vers lui en courant. Il eut à peine le temps d'attendre la rampe d'escalier que le détective était déjà à son niveau, reprenant son souffle avant de lui crier de lui expliquer en détails ce qui s'était passé.
- Ils l'opèrent toujours, une infirmière très amie avec …
- Je me contrefous de qui est cette femme John, le coupa Sherlock en passant une main dans ses cheveux en bataille.
- Mary, nous a dit qu'elle était mal en poing.
- Des détails John ! Des DETAILS ! D-E-T-A-I-L-S ! Ne t'ais-je rien appris depuis qu'on se connait ?
- Sherlock, l'appela doucement la voix douce de Mary.
Il tourna la tête vers elle, observant ses yeux bouffis par les larmes, son ventre bien rond qu'elle tenait de sa main droite. Elle était enceinte de plusieurs mois et il ne lui restait que quelques semaines -4 selon ses propres estimations- avant de mettre au monde cet enfant, et ces événements risquaient de le compromettre. Elle s'avançait vers lui à pas lents en murmurant doucement :
- Calme-toi, t'énerver ne la ferra pas sortir plus vite de ce bloc.
- J'aimerais bien t'y voir tiens !
- Merci, je me sens très aimé.
Ce trait d'humour de la part de son meilleur ami ne le rassurait guère, ni ne le calmait : mais il lui était redevable de cet essai pour le détendre. Le cœur de Sherlock battait la chamade, il se sentait très mal, comme s'il était sur un fil d'équilibriste et qu'en dessous se trouvait un grand vide. Un seul mot pouvait le faire tomber, le faire sombrer, le faire dériver vers ses anciens démons. Alors que ces amis l'emmenaient tant bien que mal vers les fauteuils de la salle d'attente, ils virent une infirmière s'avancer vers un homme accompagné d'un enfant de 11 ans. Sherlock ne se fit pas prier une seule seconde et courut vers cette femme en uniforme vert, bousculant violemment John au passage. Il n'avait plus de repaire, plus de barrière entre le bien et le mal, tout ce qu'il voulait savoir c'était si Molly allait bien, si elle était sortie d'affaire. Alors que l'infirmière avait commencé à parler aux deux personnes, Sherlock prit ses épaules à deux mains et la tourna violemment vers lui.
- Donnez-moi des informations sur Molly Hooper, lui demanda-t-il sans chercher à avoir l'air calme.
- Monsieur, débuta-t-elle. Je n'ai aucune information à vous …
- Nous savons tout les deux que c'est faux.
- Je vous entretiens juste …
- Non maintenant, cria-t-il d'une voix coupée au couteau. Sinon votre mari risque de recevoir une sympathique lettre lui expliquant votre liaison avec l'homme de l'accueil. La femme de cet homme est morte en salle d'opération, et il peut donc attendre deux minutes.
- Taisez-vous, s'écria l'homme en question en poussant son fils derrière lui.
- Sherlock laisse cette femme tranquille ! lui ordonna John en le tirant en arrière.
- Mais elle …
- Non cette femme n'est au courant de rien, ce n'est pas elle qui s'occupe de Molly, c'est cette femme là.
Lorsque John finit sa phrase, la porte à battant d'ouvrit brusquement, laissant place à une jeune femme, d'à peine trente ans, ses cheveux bruns étaient remontés en une queue de cheval haute. Du haut de ses un mètre soixante cinq, elle s'avança vers le groupe qui s'était brusquement arrêté de bouger –et de respirer pour Sherlock. Il s'attendait au pire. Le silence était brisé par les pleurs de l'enfant qui venait d'appendre la mort de sa mère.
- Il est avec vous ? demanda l'infirmière à Mary d'une voix sèche.
Cette dernière acquiesça doucement de la tête et attrapa le bras de Sherlock, le serrant de toutes ses forces, comme pour l'empêcher de s'écrouler si les nouvelles n'étaient pas bonnes.
- Très bien. Votre amie est sortie d'affaire.
Le cœur de Sherlock s'arrêta sous cette annonce. Quel choc. Quel soulagement. Il se sentait comme jeté dans le vide.
- On a réussi à arrêter l'hémorragie, elle est en salle de réveil mais elle risque de mettre un moment à faire surface. Le chirurgien viendra vous voir tout à l'heure pour vous donner plus de détails si vous le souhaiter.
- Merci Léa. Tu es adorable, la complimenta Mary.
- Quand pourrons-nous la voir ? demanda John, sachant que Sherlock en était incapable.
- Dans quelques heures. J'y retourne.
Le sol semblait se soulever sous le poids de cette nouvelle. Alors que John enlaçait sa compagne avec amour, soulagé du sort de leur amie, Sherlock restait là debout au milieu de cette salle blanche aux grandes fenêtres vitrées. Le regard fixé sur un point invisible. Ne sachant s'il était soulagé ou tout simplement fier de son courage et de sa persévérance. Il ne savait même pas si elle aurait mieux fait d'y rester. En pensant à tout ce qu'elle avait dû endurer, elle allait avoir du mal à refaire surface parmi sans garder ses cicatrices ouvertes.
Je vous avais prévenu! Suite bientôt! Laissez vos impressions en review j'y répondrais avec grand plaisir.
