Salut ! Je sais, ça fait plus d'un an. Ne me détestez pas x))) À vrai dire, je n'avais plus vraiment l'envie d'écrire et j'avais ce chapitre depuis plusieurs mois dans mon ordinateur avant de me décider de finir aujourd'hui... J'ai relu toute la (courte) histoire et c'est vraiment bizarre, ce n'est plus du tout le même style ! Il s'agit en tout cas du dernier chapitre, et j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire. Bonne lecture à tout le monde :))
Je me réveillai, la tête sur le point d'exploser. J'ouvris les yeux pour aussitôt les refermer, la lumière me brûlant les rétines. Je tournai alors, faisant dos à la baie vitrée, et me levai lentement. J'avais un énorme mal de tête, constant ces dernières semaines mais qui s'était aggravé ces derniers temps. Je remuai l'appartement en quête d'un cachet d'aspirine mais n'en trouvant aucun, je décidai de descendre en acheter. La première fois que je sortais depuis Percy m'avait embrassé. Et que j'avais disparu.
Je ne me souvenais même pas pourquoi je l'avais fait. J'avais peut-être eu peur. Des conséquences ? De goûter au fruit défendu en sachant que se serait la première et unique fois ? De ressentir de l'espoir, de penser qu'il y avait peut-être une infime chance que cela débouche sur quelque chose ? Et j'avais eu raison. Je me détestais chaque jour un peu plus pour ça. Je me raccrochais à ce minuscule espoir qu'il y avait éventuellement une possibilité que quelque chose se passe entre nous. Alors je résistais. Je voulais oublier ses lèvres sèches et brûlantes sur les miennes, la chaleur de son corps contre le mien, son parfum d'océan mêlé à l'odeur de sa sueur d'avoir tant couru. Je me forçais à supprimer chaque souvenir de ce moment, sans succès. J'étais toujours complètement et irrémédiablement amoureux de Percy Jackson.
La chaleur habituelle de l'été New-Yorkais m'enveloppa et je me dépêchai d'arriver à la minuscule pharmacie à deux rues de chez moi. J'y arrivai tant bien que mal, traversant la foule dense de Manhattan. La boutique était vide et je gagnai le rayon où se trouvaient les cachets d'aspirine rapidement. J'avais l'impression que des marteaux me fracassaient le cerveau. J'empoignai plusieurs paquets et me dirigeai vers la caisse lorsque j'entendis des bruits de pas et tournai la tête.
Non. Non, non, non. Tout mais pas ça. Percy se tenait là. Une capuche sur la tête et les mains dans les poches de son sweat-shirt. Il avait les yeux cernés et la peau pâle. Je voulus m'avancer vers, lui, lui demander ce qui n'allait pas. Mais je ne pouvais pas. Alors je m'efforçai de l'ignorer du mieux que je pus, et le dépassai. Il ne chercha pas à me retenir. En sortant du magasin, je me mis à courir, sans m'arrêter, jusqu'à ce que j'arrive dans l'ascenseur de mon immeuble. Il était toujours vif dans ma mémoire, et je ne pus m'empêcher de me demander ce qu'il voulait. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvais-je pas arrêter de l'aimer ? De lui courir après, de revenir après chaque blessure, chaque fois un peu plus brisé, mais sans arrêter de m'accrocher ? Je me détestais tellement, et surtout cette faiblesse qui me faisait sombrer un peu plus chaque jour.
Une semaine que je n'étais pas sorti, et cela commençait à se sentir. Je rejouais en boucle chaque seconde de nos deux dernières rencontres, m'interrogeant de plus en plus à ce que Percy voulait, pourquoi continuait-il de me suivre partout où j'allais ? Aphrodite devait être ravie d'avoir un cas aussi désespéré et « intéressant ». Elle devait se délecter de mes tourments. Je me levai du canapé et pris une douche. En sortant, je me sentais mieux, si ce n'était propre, et décidai de sortir. Il pleuvait et il y avait moins de gens que d'habitude. Je choisis d'y aller en vol d'ombre, ne voulant pas trop marcher, et arrivai dans une petite allée sombre du parc, non loin du Réservoir. La grande étendue d'eau contrastait avec l'environnement citadin de la ville. Il y avait peu de monde, et la pluie continuait de s'abattre sur le parc. Je restai debout, les mains dans les poches de mon blouson, un peu grelottant. Je ne pourrai pas rester longtemps dehors. Plusieurs minutes s'écoulèrent, et je fixais le lac longuement. Il avait toujours réussi à m'apaiser, même quand j'étais au plus bas.
L'eau, pas tout à fait bleue et calme, les lents remous, les canards…Les canards, où vont les canards quand l'eau gèle ? Le lac se change en une grande étendue de glace en hiver, est-ce qu'ils restent ? C'était improbable, ils resteraient gelés pendant des mois. Ils étaient sûrement emmenés dans une sorte de refuge.
Soudain, une main ferme m'agrippa le poignet. Mon coeur rata un battement, et ma tête se mit à tourner à toute vitesse. Les formes devinrent floues et mes sens se mêlèrent. Mon cerveau ne recevait plus d'oxygène, mais les battements de mon coeur résonnaient dans ma poitrine. Je me retournai. Percy.
Et d'un seul coup, je repris le contrôle de mon coeur, les tâches devenaient des formes et les sons parvenaient à mes oreilles. Mais, surtout, son parfum m'emplit les narines, comme envoûtant, l'ancre qui me retenait à se monde, me permettait de vivre et de respirer. Il avait toujours cette emprise sur moi dont je ne pouvais me défaire.
Je levai les yeux. Il était pâle, sa peau avait perdu son hâle habituel, ses yeux ternes n'étaient plus les émeraudes brillantes d'autrefois. D'énormes cernes pesaient sous ses yeux. Il avait l'air mal, très mal. Il ouvrit la bouche, et la referma, ne sachant quoi dire, avant de se décider et de fixer son regard dans le mien.
« Il faut qu'on parle. »
Des bribes de conversations et des éclats de rires retentissaient dans le petit café. L'endroit était assez rempli, et je me sentais déplacé dans cette atmosphère, joyeuse et conviviale. Percy était assis en face de moi, et autant que j'essayais de m'en empêcher, je n'arrivais pas à me retentir de le regarder, en espérant (peu), qu'il ne le remarquerait pas. Le voir à nouveau avait ramené à la surface une foulée d'émotions que j'avais cherché à enfouir pendant ces dernières semaines.
Il avait maigri, ses muscles fins autrefois distinguables en dessous de ses vêtements se noyaient dans son sweatshirt bleu marine. Ses cheveux d'ordinaire ébouriffés étaient décoiffés et ses yeux, ses yeux qui étaient si brillants, qui vous plongeaient dans un autre univers rien qu'en vous regardant étaient désormais ternes et fuyants. Sa peau quant à elle, était pâle, quasiment translucide et son teint se rapprochait plus du mien que de son hâle habituel. Sentant son regard sur moi, je ma hâtais de baisser le regard sur mes mains, du moins jusqu'à l'arrivée du serveur.
« Bonjour, dit-il, puis-je prendre votre commande ? »
Je levai les yeux, et ils rencontrèrent ceux de Percy, et sentis la chaleur me monter aux joues tandis qu'il détournait le regard. Il se décida à prendre la parole en premier.
« Je vais prendre, um, un mocha s'il vous plait »
Sa voix se brisa un peu sur la fin.
« Un chocolat chaud s'il vous plait », dis-je, le regard toujours fixé sur mes mains.
J'avais toujours eu horreur du café. Le serveur revint quelques minutes plus tard avec nos deux commandes et repartit aussitôt. S'installa alors un silence pesant, seulement interrompu par les gorgées que nous prenions. Malgré le fait que la seule chose que j'aie envie de faire soit de sortir d'ici et de retourner à ma solitude emplie de pensées de Percy, je décidai de prendre les choses en mains.
« Est-ce que tu vas parler ou est-ce qu'on va juste boire du café ? »
Il releva brusquement la tête, comme tiré de ses pensées.
« Hm ?
J'ai dit, est-ce que tu vas parler ou est-ce qu'on va juste boire du café ? »
Il semblait enfin sortir de sa transe et bafouilla quelques paroles inintelligibles avant de finalement former une phrase, bien que peu compréhensible.
« Je…Le…J'ai aimé.
…Quoi ?
Le baiser. J'ai aimé le baiser. »
Vous savez, ce sentiment, l'impression d'avoir reçu un coup de poing en plein milieu du ventre, que les poumons se vident d'un coup, que l'oxygène peine à arriver au cerveau ? C'est ce que je ressentis.
Ce devait sûrement être un rêve, une de mes fantaisies. Je fermai les yeux. Quand je les rouvrirais, je serai dans mon lit, le décor, l'ambiance, l'odeur des viennoiseries et surtout Percy auront disparu et il ne restera que le vide et la noirceur de ma chambre.
«..Hm…Nico..? »
Je refusais d'ouvrir les yeux. Ce n'était pas réel. Je sentis un contact léger sur ma main, qui m'envoya une décharge électrique. Ce n'était pas réel. Ou peut-être l'était-ce ? J'ouvrais un oeil après l'autre et me retrouvai face à un Percy, l'air déconcerté, et un peu perdu. Il avait les sourcils froncés et fixait nos doigts entremêlés. J'avais tant été préoccupé par mes pensées que je n'avais pas remarqué, et surtout je n'avais pas pensé à ce que Percy devait ressentir.
Il avait aimé…la baiser. Le baiser impulsif auquel je n'avais pas arrêté de penser depuis des mois. Avant lequel je lui avait dit que je l'aimais. Je regardai nos mains dont les formes correspondaient parfaitement. Je ne pouvais plus continuer à fuir. Je levai les yeux, nos regards se croisèrent. Il était venu ici et m'avait parlé, malgré le fait qu'il n'avait pas à le faire, et maintenant…c'était à mon tour. Parce que pendant ces semaines, j'avais tout fait pour m'éloigner de Percy, mais c'était impossible: il était mon oxygène, le sang dans mes veines, et je ne pouvais ne pas penser à lui. Si je voulais que cela aboutisse à quelque chose, et oh, comment je le voulais, je devais faire des efforts.
Je renforçais la pression de mes doigts sur les siens afin d'attirer son attention.
« Tu sais… » Il releva la tête. « Ça fait des années que, um, que je… » Allez. « que je t'aime ».
C'était dehors.
« Et je sais que j'ai fait des erreurs, des tas de conneries, comme partir après t'avoir embrassé sans me justifier et t'éviter pendant des semaines, mais…J'ai vraiment envie que.., que ça marche, et j'ai envie de travailler, de faire des efforts pour arriver à quelque chose, parce qu'au fond, je suis persuadé qu'il n'en sortira que du bon ».
J'avais tout déballé, les mots sortant de ma bouche à une vitesse incontrôlable. Je gardais la tête baissée, incapable de regarder Percy dans les yeux.
« Hey…, je suis désolé que tu aies dû endurer tout ça pendant des années »
« C'est de ma faute, je suis juste le gars qui a le béguin sur un mec qui a déjà une copine, et de toute façon, j'ai jamais eu beaucoup de chance… » C'est tout ce qu'il avait retenu de ce que j'avais dit ? Je commençais à me sentir mal, l'air peinant à entrer dans mes poumons. Je devais partir.
« Mais…J'aimerais aussi. Qu'on tente quelque chose. »
Je relevai la tête.
« Alors… Tu voudrais qu'on… sorte ensemble ? »
Je fixai Percy pendant quelques secondes, hébété. Sortir ensemble… rien que de le mentionner me fit chauffer les joues comme une jeune fille pré-pubère.
« Messieurs, voici votre mocha et votre chocolat chaud. »
Je sursautai, lâchant la main de Percy. Le serveur avait un petit sourire au lèvre et déposa nos commandes lentement avant de partir. Avec tout ce qui s'était passé, j'avais complètement fait abstraction du café et des clients. Je revins à mes esprits et fit face à Percy, sur le visage duquel l'anxiété avait disparu pour laisser place à une expression que je ne pouvais pas nommer, mais était un mélange de sérénité et… de douceur ?
« Non, enfin oui, mais non…J'aimerais qu'on fasse les choses lentement…Mais que ce ne soit quand même que nous deux, personne d'autre… »
Il sourit, le genre de sourire qui vous éblouissait en une seconde, qui vous réchauffait le coeur, qui vous faisait croire que le monde était en paix et qu'il n'y avait plus de guerres.
« Je pense pouvoir faire ça. »
« Oui ? »
« Oui. »
Je lui souris de mon sourire le plus brillant.
« Hey ! Tu ne voudrais pas me donner un coup de main ? » demandai-je en entrant dans le salon, les bras pleins de cartons.
« C'est toi qui emménage, pas moi. Et tu sais comment faire, tu as pratiquement vécu ici pendant un an » me répondit Nico, affalé dans le sofa, lisant un livre.
Cela faisait un peu plus d'une année que Nico et moi avaient été dans ce café. Cette année avait été marquée par des doux après-midi d'automne, des heures dans des librairies, des soirées sur des plages du monde entiers, des ballades dans le Village et de tellement d'autres choses.
Évidemment, il y avait eu des disputes, mais elles me paraissent tellement pâles en comparaison de mes sentiments pour Nico…
« Tu ne devais pas aller rencontrer Annabeth pour un milkshake ? »
Sa voix me tira de mes pensées. Il était appuyé sur le cadre de la porte et souriait calmement. Il avait changé, en un an. Il avait pris du poids et sa peau avait perdu de sa pâleur. Il avait également coupé ses cheveux. De mon côté, j'avais regagné quelques muscles grâce à un entraînement régulier. Je m'approchai de lui.
« Oui, et je vais être en retard », lui dis-je
Il me prit les mains. « Tu devrais te dépêcher. »
Il se mit sur la pointe des pieds et je sentis son souffle sur la peau. Il me déposa des baisers dans le cou, sur les oreilles, sur le front le nez et les joues, avant de s'arrêter et de me regarder dans les yeux. Ses iris noirs me transperçaient.
« Je t'aime. »
Il m'embrassa.