Et nous voici déjà au dernier chapitre, terriblement court en plus comme je viens de le remarquer... J'espère que la réaction et les actes de Mary ne vous paraîtront pas trop artificiels mais au contraire peuvent être vus comme crédibles... J'ai essayé de faire original pour régler le "cas Mary" si je puis dire or comme je l'avais déjà tuée par le passé... XD

Merci de m'avoir suivie le temps de cette petite fic que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire. Vo commentaires, vos remarques ont été comme à chaque fois source d'encouragement, de motivation, et pour ça je vous adore :)

ooOoo

Quand il se réveilla au matin, emmitouflé sous les couvertures, le corps chaud de Sherlock contre le sien, Watson n'avait qu'un vague souvenir de la façon dont ils avaient rejoint le lit. C'était d'ailleurs un détail sans importance au regard des bons moments passés la veille. Après un rapide déjeuner servit par une Mrs. Hudson enchantée comme toujours de revoir son ancien locataire, les deux hommes avaient passé l'après-midi à se prélasser l'un contre l'autre. Holmes avait fumé en parlant de ses dernières enquêtes, lui leur avait fait la lecture, puis ils avaient bavardé de tout et de rien, en revanche ils avaient peu abordé le sujet de leur relation, par peur de mettre des mots sur des sentiments encore fragiles, de faire des promesses qui seraient difficilement tenues. Le soir venu John avait décrété devoir rentrer chez lui mais son amant ne l'avais pas laissé faire, empêchant tout repli en bloquant la porte du salon. S'en était suivi une confrontation plus amusée qu'autre chose avant qu'ils ne se jettent tout bonnement l'un sur l'autre, le feu de la passion rallumé, pour faire finalement l'amour debout contre le battant de bois. C'était probablement ensuite, tandis qu'il se remettait tant bien que mal d'un orgasme plus fulgurant que celui du matin, que le détective avait dû l'entraîner jusqu'à son lit. Entre la fatigue et les effets de son plaisir récent il n'avait plus guère retouché terre, gardant le simple souvenir de deux bras volontaires qui n'avaient eu de cesse de l'étreindre.

A présent pourtant, alors que le soleil se levait paresseusement, la réalité reprenait ses droits. S'il ne regrettait pas la journée de la veille – comment l'aurait-il pu ? – John avait également conscience qu'il allait lui falloir reprendre ses responsabilités d'homme marié et faire amende honorable auprès d'une épouse qu'il n'avait songée à faire prévenir tandis qu'il découchait honteusement. Mary lui en voudrait très certainement, mais comme d'habitude elle n'en dirait rien. C'était justement quelque chose qu'il n'appréciait pas chez elle, cette façon perpétuelle de se contenir en toutes circonstances. Certes c'était parfois difficile de composer avec les humeurs de Holmes, mais cette exaltation témoignait sa passion. L'apathie de Mary était décevante, comme si elle était une enveloppe vide à peine capable de respirer. Cette inertie qui faisait leur vie de couple depuis tellement longtemps il n'en voulait plus. Car malgré sa culpabilité c'était bien auprès de Sherlock qu'il se sentait vraiment vivant. L'embrasser, lui faire l'amour… voilà tout ce à quoi il aspirait. Quoi qu'il ne dirait pas non à l'occasion à quelques enquêtes menées tambour battant. La vraie vie en somme là où auprès de Mary il se contentait d'une existence fade et monotone. Pourtant cette existence sans saveur il l'avait choisie sciemment, il devait en assumer les conséquences à présent. Et peut-être que s'il ne se détestait pas trop, quand l'envie serait trop forte, il pourrait retrouver à l'occasion les bras de Holmes. Il ne rejetait pas totalement l'idée, mais pour l'instant il avait autre chose à faire, parce que l'essentiel était de préserver Mary.

Se tournant vers son amant, qui dormait paisiblement pour une fois, il contempla ses traits sereins, fier de pouvoir se dire que cet homme était le sien. Dommage qu'il n'ait pas eu le bons sens de s'en contenter quand il était encore temps. Il déposa un baiser sur sa joue puis quitta discrètement le lit. Il rejoignit le salon sur la pointe des pieds, il était nu alors il fallait surtout éviter d'attirer l'attention de la logeuse de son ami, et se mit à la recherche de ses vêtement. Faire l'amour dans le salon, les vêtements abandonnés en vrac… c'était spontané et tellement excitant… Le médecin secoua la tête pour se forcer à reprendre ses esprits tandis qu'il s'habillait. Il devait éviter de trop songer à cela ou jamais il ne pourrait supporter sa vie routinière et ennuyeuse auprès de Mary. Certes celle-ci le faisait se sentir normal, ce qui avait un côté rassurant, c'était sur ce détail qu'il devait se concentrer. Après tout Holmes avait manqué le faire tuer bien plus d'une fois, alors la vie sans saveur auprès de son épouse avait tout de même ses avantages.

Quand il entra dans la maison de Cavendish Place, John eut le pressentiment que quelque chose se tramait.

« Mary ? » appela-t-il dans le vestibule.

Aucune réponse, voilà qui était étrange, d'autant que la jeune femme de charge n'était pas davantage venue l'accueillir. Soudain inquiet, il traversa le rez-de-chaussée sans trouver âme qui vive avant de monter à l'étage. Ce qu'il découvrit en pénétrant dans la chambre le surprit au plus haut point. Il resta donc sur le pas de la porte un instant en essayant de comprendre ce qu'il se passait. Bien sûr son épouse était partie en voyage pour visiter des amis plus d'une fois, la voir donc remplir soigneusement une malle de ses effets n'avait rien d'inhabituel. Pourtant dans les gestes nerveux de la jeune femme le médecin sut que cette fois c'était différent. Il jeta un coup d'œil vers la femme de chambre, mais celle-ci se contenta de rougir en se détournant. Rien d'étonnant là-dedans, la jeune employée, qui gérait toutes les tâches domestiques avec un professionnalisme sans faille, s'était toujours montrée davantage attachée à Mary plus qu'à lui-même. Son épouse justement réalisa enfin qu'elles avaient de la compagnie. John fut troublé par le visage impénétrable qu'elle tourna vers lui.

« Alice, laissez-nous je vous prie. »

L'interpellée abandonna sur le lit la robe qu'elle était occupée à plier et sortit rapidement de la pièce, où l'atmosphère était lourde à présent, refermant soigneusement la porte derrière elle.

« Mary, qu'est-ce tout ceci ?

- Je pars John.

- Voir vos parents ? Combien de jours serez-vous absente ? »

La blonde s'approcha de son époux, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres fines.

« Non vous ne comprenez pas mon cher. Je… eh bien je vous quitte.

- Pardon ? Non ! Enfin c'est… c'est impossible. Vous connaissez bien sûr le sort qui est réservé aux femmes divorcées. Je ne puis accepter une telle humiliation pour vous.

- Votre façon de vous préoccuper de mon sort vous honore. Mais cette même réponse confirme que c'est ce que nous avons de mieux à faire. Vous n'allez pas m'empêcher d'agir parce que vous m'aimez, mais bien pour m'éviter un scandale… Cela démontre que notre mariage n'a plus guère de sens. Et c'est très bien ainsi. A la vérité j'y pense depuis longtemps et ai déjà tout prévu. John, autant être honnête avec vous, j'ai rencontré un homme voilà quelques mois. Ne vous méprenez pas, il n'y a rien eu d'indécent entre nous, nous sommes bons amis. Je nourris à son égard les tendres sentiments que je n'éprouve plus pour vous. »

Watson l'écoutait en restant parfaitement immobile, réalisant avec tristesse qu'il ne ressentait aucune jalousie envers celui qui semblait être un rival. Il n'y avait donc définitivement plus rien à sauver entre eux.

« Et ne nous voilons pas la face, il y a un moment que vous ne m'aimez plus vous non plus.

- Mary…

- Je ne suis pas stupide vous savez. J'ai depuis longtemps perdu espoir de rivaliser avec lui pour une place dans votre cœur.

- Lui ? Vous parlez de Holmes ? »

La jeune femme eut un sourire las mais ne se donna pas la peine de confirmer, préférant poursuivre sur sa lancée.

« Je ne vous en veux pas. Notre mariage a certes été une erreur, mais désormais une chance d'être plus heureux chacun de notre côté s'offre à nous. Nous allons divorcer en toute discrétion, puis je partirai pour les Indes où je me ferai passer pour une veuve. Et dans quelques temps j'épouserai cet homme qui m'est davantage destiné que vous ne l'avez jamais été.

- Les Indes ? C'est vraiment ce que vous voulez ?

- L'endroit est parfait pour refaire sa vie. C'est une opportunité que je ne veux pas laisser passer. J'ai hésité durant des semaines et puis hier soir… »

Le médecin se mordit la lèvre, réalisant que s'il était rentré la veille comme il en avait eu l'intention alors son épouse n'aurait peut-être jamais envisagé s'en aller. Ce mariage était loin d'être parfait, mais à l'imaginer se dissoudre ainsi il éprouvait une douloureuse sensation d'échec. C'était probablement la meilleure chose à faire, cela ne rendait pas les choses plus faciles pour autant.

« Faites comme moi John, réjouissez-vous ! »

Et pour illustrer ses propos, elle s'approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue. Watson eut un faible sourire, admiratif du courage de sa femme, de sa façon de ne pas se laisser abattre.

« Vous êtes sûre de vous ? ne put-il s'empêcher d'insister pourtant.

- Absolument. »

L'ancien soldat aurait pu discuter, tenter de la faire changer d'avis et surtout essayer de comprendre le pourquoi de ce revirement soudain. Mais au fond de lui, passé la sensation de n'avoir su être un époux digne de ce nom, il y avait du soulagement. Ainsi plus besoin de se mentir désormais, de se persuader qu'il était fait pour une vie de famille consensuelle. Il aimait Holmes et grâce à la clairvoyance de Mary il allait pouvoir retourner auprès de lui, voilà qui était parfait.

« Bien, dit-il donc. Voulez-vous rester ici en attendant que tout soit réglé ? Je puis m'installer ailleurs… »

A Baker Street, songea-t-il avec satisfaction.

« Non, j'ai besoin de m'éloigner un temps. Je vais aller chez mes parents et j'emmène Alice avec moi si vous n'y voyez d'inconvénients.

- Entendu. Dans ce cas je vais… prendre les dispositions qui s'imposent, faire au mieux pour vous.

- Parfait, j'ai confiance en vous. Merci pour ces années John, quel qu'en soit l'issue nous avons tout de même été heureux. Nous le serons simplement davantage l'un sans l'autre dorénavant. A présent si vous le voulez bien je dois finir de rassembler mes affaires avant que la voiture que j'attends n'arrive.

- Bien sûr. Je vais aller dans mon bureau. »

Mus d'un même élan ils s'étreignirent longuement puis le médecin quitta la pièce. Mais son épouse l'interpella une dernière fois avant qu'il ne ferme la porte derrière lui.

« Au cas où vous vous demandez pourquoi justement aujourd'hui… J'ai vu la photographie sur votre bureau. Ainsi mes doutes se sont trouvés confirmés, j'ai donc su comment agir au mieux. »

La photographie ? Oh bon sang ! Le médecin se précipita dans son bureau et ce qu'il venait de soupçonner se trouva confirmé. Le cliché de Holmes nu, ce cliché qui l'avait poussé à retomber dans les bras du détective, se trouvait sur sa table de travail, là où il l'avait lui-même abandonné, tandis qu'il était en proie au plus profond désarroi. Seule différence notable, il était présentement retourné, l'image parfaitement visible, comme l'avait laissé Mary, probablement choquée par ce qu'elle avait vu. John n'était pas certain que Holmes ait prévu également ce retournement de situation, mais il était clair que tout cela arrangerait bien leurs affaires à tous les deux. La fin de son mariage le blessait terriblement, pourtant John s'estimait chanceux. Il avait épousé une femme qui ne lui tenait pas rigueur pour ce qu'il était réellement là où elle aurait pu le dénoncer. Mieux il n'avait même pas à culpabiliser de la laisser seule puisqu'elle avait eu la chance de rencontrer quelqu'un qui saurait l'aimer comme elle le méritait, et lui-même allait pouvoir retrouver en toute impunité la seule personne à avoir jamais compté. Il eut un sourire satisfait pour la photographie de son amant puis la rangea soigneusement dans la poche de son gilet. Voilà un bien précieux qui méritait d'être conservé avec soin, exactement ce qu'il avait l'intention de faire concernant Sherlock également, c'était une relation pour laquelle il était désormais prêt à se battre, dut-il se mettre en danger. C'est donc le cœur léger qu'il commença à rassembler quelques affaires, songeant au déménagement à venir et à la joie de son compagnon, même si celui-ci ferait tout pour la dissimuler. Qu'importe, il était si heureux qu'il serait expressif pour deux.

Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il sursauta quand son comparse apparut dans la pièce. Il ne songea même pas à s'étonner le voir débarquer ainsi chez lui alors qu'il venait à peine de le quitter.

« Watson vous songez à votre retour définitif à Baker Street plus tard, nous avons à faire. La prison vient de signaler une évasion. La partie reprend mon vieux. Et quelle partie ! »

Oui, tout était comme au bon vieux temps, s'amusa le cadet en se lançant à la suite de son compagnon. En fait tout était pour le mieux, même le danger qui ne manquerait pas de se présenter.

ooOoo

Un an plus tard.

Le courrier du jour à la main, Watson entra dans le salon toujours aussi encombré. Désœuvré depuis quelques jours, Holmes était d'une humeur particulièrement morose et s'était lancé la veille dans un classement de ses archives des plus approximatifs. En effet depuis lors ses papiers, ses diverses notes et même la plupart de ses manuels étaient éparpillés au petit bonheur la chance dans toute la pièce, encombrant chaque meuble ou disposés en amoncellement à l'équilibre plus que précaire à même le sol. Le médecin était même sûr d'avoir vu quelques partitions au milieu de ce fatras, ce qui témoignait de la tendance pour le moins brouillonne de son amant. Amant qui était présentement assis à par terre au beau milieu de la pièce, occupé à torturé son violon là où il aurait été plus inspiré de se mettre effectivement à trier et ranger ses affaires. John aurait pu soupirer, lever les yeux au ciel ou faire une réflexion bien sentie, mais il se contenta d'un sourire attendri devant l'incapacité du détective à rester bien longtemps concentrer sur une tâche quelle qu'elle soit dès lors qu'il ne s'agissait pas d'une enquête. Ce n'était pas l'attitude idéale face à ce grand enfant qui passait son temps à n'en faire qu'à sa tête, le confortant dans son attitude souvent puérile et irresponsable, John ne le savait certes que trop bien. Pourtant il n'avait que rarement le cœur à agir autrement. Depuis qu'il s'était réinstallé ici de façon définitive, qu'il partageait à nouveau le quotidien de Holmes, il se sentait plus heureux que jamais et ne trouvait pas souvent de raisons de se plaindre de quoi que ce soit. Il vivait là où il le voulait, avec la personne qu'il aimait, dans ces conditions tout était pour le mieux et il savait le savourer.

Inspectant les enveloppes, il alla s'asseoir dans le fauteuil à proximité de son compagnon.

« J'ai reçu une lettre de Mary », dit-il en dépliant soigneusement le papier élégant couvert d'une écriture fine.

Seul un grognement mécontent lui répondit. Malgré la séparation, la jeune femme restait un sujet sensible pour Sherlock, comme s'il ne pouvait s'empêcher de la considérer encore comme une menace. Malgré cette réaction John continua tandis qu'il survolait la lettre, conscient que l'annonce qu'il s'apprêtait à faire ne ferait que confirmer, comme lui-même le savait déjà, que leur mariage était définitivement une histoire ancienne.

« Elle semble réellement heureuse auprès de ce nouvel époux.

- Et moi je remarque surtout qu'elle n'a pas porté longtemps ce soi-disant deuil.

- Oh Sherlock, quand donc cesserez-vous ces critiques ? Sans cette idée de mise en scène et son exil je tiens à vous rappeler qu'elle et moi serions toujours ensemble.

- Elle aurait eu le corps mais jamais le cœur, qui n'a cessé de m'appartenir. »

Partagé entre exaspération et satisfaction face à une telle déclaration, le médecin allait répliquer quand un détail de la missive attira son attention.

« Elle vient d'avoir un fils ! s'écria-t-il, réellement heureux pour elle.

- Ah, voilà une excellente nouvelle ! » lança Holmes avec un sourire.

Notant la sincérité de son ton, le cadet s'empressa de lever les yeux vers lui, le fixant avec étonnement.

« Depuis quand son bonheur compte-t-il pour vous ?

- Alors vous ne comprenez pas ? C'est pourtant évident. Trois ans avec vous et elle n'a pu être mère. Moins d'un an avec ce remplaçant et la voilà qui vient d'enfanter… Il est clair dans ces conditions que c'était vous le problème.

- Sherlock ! Je doute que remettre en question ma virilité nous apportera quoi que ce soit de positif, marmonna John, qui était lui-même arrivé à cette conclusion douloureuse.

- Que vous êtes bête ! Vous demeurez tout à fait capable de remplir votre devoir au sein de la chambre à coucher, je sais mieux que quiconque que votre virilité n'est pas en cause. Alors laissez-moi finir. Si vous êtes incapable d'engrosser une donzelle je puis me rassurer que jamais plus vous ne me quitterez dans l'espoir futile de fonder une famille. Mon incapacité à porter un enfant ne peut plus me nuire désormais. »

Cette fois le médecin ne put retenir un petit rire. Non pas qu'il ne se satisfasse d'un défaut physique potentiel l'empêchant de donner la vie – même si à cet instant il était plus qu'heureux de n'avoir eu d'enfant avec Mary, ce qui aurait irrémédiablement scellé son sort – mais comme toujours il était plutôt ravi de voir son compagnon faire montre d'une certaine sensibilité. Et tout ce qui témoignait de façon aussi vivace de son attachement à son égard était une petite victoire en soit.

Abandonnant sa correspondance sur son fauteuil, il se laissa glisser au sol, s'approchant suffisamment de son amant pour le prendre dans ses bras.

« Même sans cette nouvelle et vos déductions manquants tout de même cruellement de données, jamais plus je n'aurais envisagé vous quitter Sherlock. C'est vous ma famille et cela est bien suffisant. »

Holmes eut un grognement qui, s'il se serait voulu désapprobateur, n'était qu'une façon de dissimuler ses sentiments. Ce fut suffisant pour John qui l'embrassa doucement. Comme toujours la tendresse de telles étreintes permettait sans mal de compenser le caractère souvent ingérable du détective.

Cette fois pourtant l'ancien soldat repoussa bien vite les bras possessifs qui l'entouraient alors qu'il remarquait enfin un détail sur le manteau de la cheminée. Il se leva précipitamment, rapidement suivi par l'autre homme, qui semblait pour sa part tout à fait sûr de lui.

« Sherlock, pour l'amour du ciel, combien de fois vous ai-je dit de ranger cette photographie ? Vous jouez avec le feu ! Si Mrs. Hudson devait à la découvrir…

- Parce que vous croyez qu'elle n'a pas déjà remarqué que la chambre que vous vous êtes réaménagé n'a jamais servi ? Elle sait parfaitement ce qu'il y a entre nous et seule la bienséance la plus élémentaire, quoique totalement inutile au demeurant, l'empêche d'aborder le sujet.

« Il y a une différence entre avoir de vagues soupçons et se le voir confirmer de la façon la plus indécente qui soit.

- Il n'y a rien d'indécent là-dedans, ce n'est que de l'art. »

John était d'accord avec cette définition tant que cela demeurait du domaine du privé, car ceci, ainsi visible par qui que ce soit qui entrerait sans prévenir dans le salon, pouvait les conduire droit en prison.

« Reconnaissez qu'elle est belle, reprit le détective, pour qui vivre dangereusement était une seconde nature.

- Bien sûr qu'elle est belle, je crois vous l'avoir dit bien souvent d'ailleurs.

- Justement, pourquoi en ce cas devrait-elle demeurer cachées ?

- Dois-je vraiment me donner la peine de répondre à cette question ? »

Se plantant devant la cheminée, John admira la photographie parfaitement mise en valeur à cette place. Elle avait été prise seulement quelques semaines après son retour permanent, sous l'impulsion d'un Holmes désirant marquer le coup comme il le disait pour célébrer cette nouvelle vie qui était la leur. Les deux hommes nus mimaient l'acte sexuel dans une pose des plus suggestives. Sherlock avait raison, c'était davantage de l'art que quelque chose de sale, mais dans leur société étouffée de carcans ce genre de choses demeuraient forcément mal vues, à plus forte raison lorsque que cela concernait deux hommes. Depuis lors quand l'un d'eux ne la sortait pas pour l'admirer, la photographie passait son temps dissimulée entre un tiroir du bureau du détective et celui de la table de chevet du médecin, alors même qu'elle aurait mérité d'être exposée, comme le faisait si souvent remarquer l'aîné.

« Vous savez pourquoi je prends tant de plaisir à la regarder ? » s'enquit celui-ci.

John lui adressa un regard interrogatif tout en lui prenant la main.

« Parce que sur cette image vous semblez tout à fait amoureux.

- Probablement parce que je le suis.

- Fort bien. »

Et tout fut dit. Holmes ne se donna pas la peine de rajouter qu'il était tout autant amoureux, cela n'était pas utile, l'un et l'autre le savait et cela leur convenait parfaitement ainsi.

THE END.