Disclaimer : les personnages et les lieux que vous reconnaissez appartiennent à madame J.K. Rowling, le reste est pure invention de ma part.

Remarque : pour ceux d'entre vous qui tomberaient sur cette fiction par hasard, je vous invite à lire d'abord à lire le premier acte qui s'intitule Le Clan Talos, sinon vous allez être un peu perdus.


CHAPITRE UN


Ce mardi soir, le dîner dura plus longtemps que d'habitude, certes à cause des nombreux discours des ambassadeurs, mais aussi parce qu'il régnait dans la Grande Salle une certaine allégresse. C'était une soirée exceptionnelle, et personne n'avait envie d'y mettre un terme. On célébrait la formation d'un Clan Talos – un clan parmi les plus vastes du moment, même dans les pays où Talos faisait partie intégrante de la vie sorcière, les clans ne comptaient que quatre membres, huit au mieux.

- « Les seuls qui peuvent parrfois être plus nombrreux sont les clans fondés sur la Magie Corrporrelle – mais on n'en trrouve quasiment plus, de ces clans-là, et le nombrre de leurr membrres étant varriable, ils ont tendance à s'étioler au furr et à mesurre que ses membrres les quittent pourr vivrre à la manièrre moderrne. A l'heurre actuelle, nous sommes le plus grrand Clan d'Eurrasie, » comme l'expliqua Viktor, enthousiaste, à un Harry émerveillé et tout sourire.

Des rires fusaient ici ou là, et à la table du nouveau Clan, Harry écoutait avec délices les aventures de ses nouveaux compagnons – et partenaires.

- « Et franchement, Neville, je ne sais pas comment tu as fait pour réussir à proposer la formation d'un Clan ! » disait Ron, admiratif. « Franchement, je t'admire ! Moi, déjà… Je n'y aurais pas pensé, et même si j'y avais pensé, j'aurais flanché, je crois, face à Ombrage, et tous les élèves qui te regardaient, et le silence ! »

- « Oh, ce silence, c'était rien, par rapport à celui qui a accueilli Draco lorsqu'il s'est porté candidat… Vous vous souvenez ? On aurait entendu une mouche voler… » répondit timidement Neville.

- « Surtout après sa démonstration de sa maîtrise de l'Eau contre Ombrage ! » précisa Dean.

- « Tu t'es battu contre Ombrage !? » demanda Harry au blond.

- « Battu, battu… C'est un bien grand mot. Nous avons eu une petite altercation à cause de points de vue divergents. »

- « C'est ça, oui ! » s'exclamèrent tous les autres en riant.

- « T'aurais dû voir ça, Harry, » fit Dean. « Il a pris toute l'eau de toutes les carafes de la Grande Salle, il en a fait une vague et l'a lancée sur Ombrage, je te jure, elle s'est retrouvée tout en haut du mur, là, et après il a gelé l'eau ! Elle est restée coincée là-haut du samedi soir jusqu'au lundi matin ! »

- « Ah oui, quand même… » fit Harry en se tournant vers le blond – très absorbé par son assiette. « Des points de vue divergents ? »

- « Eh oh ! Ce que j'ai fait, c'est rien à côté de Théo ! » se défendit Draco. « Parce que bon, hein, l'Affaire des Hurlantes… »

- « C'est quoi, l'Affaire des Hurlantes ? » demanda Harry, ravi, à Théodore Nott.

- « C'est rien. Une affaire de points de vue divergents… » fit le brun, ses yeux bleus rieurs rivés à son verre de jus de citrouille.

- « Avec qui, cette fois ? »

- « Oh, eh bien… Avec tout le monde : le Ministère, le Conseil d'Administration de Poudlard, et ces quelques personnes de la communauté sorcière qui ont envoyé des Hurlantes bourrées d'injures à Hermione et Luna… Je leur ai juste donné une petite leçon. »

Harry resta bouche bée quelques instants, puis grimaça, se pencha vers sa voisine, Hermione, et murmura.

- « Je n'ose pas demander ce qu'il a fait… »

- « Un jour de visite du ministre Jones, il a intercepté les hiboux porteurs de Hurlantes, les a crucifiés sur les escaliers menant à la volière, a envoyé une immense lettre rouge qui a expliqué, d'une voix toute douce, qu'il continuerait tant qu'un filtre anti-Hurlantes ne serait pas installé, » expliqua la jeune fille d'un ton mi-outré, mi-reconnaissant.

Harry écarquilla les yeux puis éclata de rire.

- « Donc, si je comprends bien, il vaut mieux ne pas avoir des points de vue divergents avec ces deux là ! »

Draco et Théo se récrièrent et protestèrent, arguant que les circonstances les avaient poussés à de telles extrémités, et qu'ils n'étaient pas responsables de la stupidité du reste du monde.

- « Et puis, » interrompit doucement Gabrielle, « c'est parce que l'Affaire des Hurlantes a été résolue par l'installation d'un filtre que mes parents ont accepté de m'amener ici… »

Harry se tourna vers elle, avide d'en entendre plus – et il n'était pas le seul. Sous les regards interrogatifs de ses compagnons, la jeune semi-Vélane poursuivit.

- « Au début, ils ne voulaient pas, parce qu'en Angleterre, Talos n'est pas respecté, et votre Ministère n'arrêtait pas de dire des choses fausses sur Talos et sur les Clans… Lorsque l'Affaire des Hurlantes a éclaté, tout ça est ressorti au grand jour, ça a fait la une des journaux dans tous les pays, il y a eu des réclamations… Et lorsque votre Ministre a enfin accepté de mettre un filtre, ça s'est calmé… Comme moi, je… Je n'en pouvais plus, mon Charme commençait à me poser des problèmes, et on n'avait plus beaucoup de potion tue-Vélane, alors, après la pose du filtre, mes parents se sont dit que la situation évoluait en mieux, et c'est ça qui a déclenché leur accord pour venir ici et me présenter pour le Clan… »

Harry souriait un peu niaisement, mais il n'était pas le seul. Théodore avait mis sa tête entre ses mains et fixait la petite blonde d'un air béat.

- « Tu es trop mignonne ! » déclara-t-il. « Ah. J'aime quand mes plans fonctionnent ! »

- « Qu… Quoi ? Tu avais prévu… »

- « Il fallait qu'on recrute des membres du Clan hors de Poudlard, le Ministère essayait de dissuader les candidatures… Quoi de mieux qu'un petit scandale exploité par les médias pour faire parler de nous ? Et après toi, Viktor nous a rejoints… La classe internationale ! Je peux être fier de moi ! »

- « Ah oui, » intervint Blaise tandis que les autres membres bafouillaient face à une telle immodestie, « il va falloir vous habituer, hein. Théo, c'est… C'est Théo. »

- « Oui. Je suis unique. »

- « Oui, il est unique. Et il a un gros complexe d'infériorité, » ajouta Blaise en lui ébouriffant les cheveux. « Donc n'hésitez pas à lui faire des compliments, à le remercier, ça lui fait du bien. »

- « Et je le mérite ! »

- « Oui, tu le mérites ! N'est-ce pas Millie ? Fais-lui donc un compliment ! Il en a besoin. »

- « … Ce n'est pas son machiavélisme que j'ai envie de complimenter… » grommela la grande et massive brune.

Il y eut un petit moment de silence, puis Théodore rougit jusqu'à la racine des cheveux et tous éclatèrent de rire quand ils comprirent exactement ce que Millie avait apprécié chez le garçon. Théo cacha momentanément son visage cramoisi entre ses mains, mais Draco l'obligea à leur faire face. Il finit par rire, un peu gêné, essayant de reprendre contenance.

- « Que voulez-vous ? Je suis doué dans tous les domaines ! »

Harry buvait du petit lait. Il adorait littéralement cette ambiance bon enfant – et ne pensait pas que les ex-Serpentards pouvaient y être mêlés… Il se leva brusquement, et le Clan devint silencieux. Il alla déposer un bisou sur la joue de Théo, puis s'adressa à tous.

- « Merci. Merci à vous tous. Je… Je ne sais pas comment vous dire… A quel point je vous suis reconnaissant. »

Tous restèrent silencieux un moment, et Harry eut l'horrible impression d'avoir mis fin à ce moment magique… Puis Luna toussota.

- « Alors. Pour prouver sa reconnaissance, un être humain doit monter sur une table et rester debout pendant cinq minutes. J'ai vu ça dans un documentaire moldu sur l'enseignement, donc c'est scientifiquement prouvé. »

Tous écarquillèrent les yeux, et certains ricanèrent. Harry se mordit les lèvres, puis sourit à Luna – et grimpa sur la table ronde. Il resta là, les bras ballants, son regard se fixant sur ses compagnons tour à tour. Dans la Grande Salle, le silence se fit – tous attendaient que Harry Potter dise quelque chose – autrement, pourquoi monter sur une table et s'afficher ainsi ? Mais Harry ne dit rien, et au bout de cinq minutes, redescendit et se rassit à sa place. Peu à peu, les conversations reprirent, et c'est dans le brouhaha habituel qu'Harry déclara :

- « Bon, voilà pour la méthode Luna. Mais il y a certainement d'autres manières peut-être plus concrètes de vous montrer ma reconnaissance… »

- « Oh, oui, bien sûr ! » fit Ron, hilare. « J'ai déjà quelques petites idées… »

- « Ron ?! » s'exclama Hermione, choquée.

- « Ben quoi ? » Il avisa la mine ahurie de sa voisine, et les ricanements des autres, puis comprit à quoi ils faisaient allusion. Et il rougit jusqu'aux oreilles. « Quoi ?! Mais non ! Enfin, je… ! Mais à quoi vous pensez ! Franchement ! Je pensais lui faire prendre ma place lorsque George teste ses farces et attrapes, d'habitude c'est moi qui m'y colle ! Vous avez vraiment l'esprit mal tourné… »

- « Pas besoin de trouver des excuses, Ronald, tu sais… » fit Draco, avec un sourire en coin. « On vous a vus ensemble, la nuit dernière. Tu auras du mal à prétendre que c'était de l'amour fraternel… »

Ron jeta au blond un regard noir, puis à la surprise de tout le monde, il joignit les mains en un geste de prière.

- « Par pitié. Ne m'appelle pas Ronald. Ron, c'est très bien. Je ne réponds pas au prénom de Ronald. Quant à la nuit dernière, ça a un peu dérapé, et c'était le cas pour tout le monde ! Tu veux vraiment qu'on en parle ? Draco ? »

Ce fut au tour de Draco de rosir, et il garda prudemment les lèvres pincées tandis qu'il secouait négativement la tête. Harry mit sa main devant sa bouche pour cacher son rire. Il était… heureux.


oOo


Le repas – exclusivement végétarien pour le Clan – se termina bientôt, et si les élèves de Poudlard eurent un moment l'impression qu'on était samedi ou qu'à cause de la constitution du Clan, il n'y aurait pas cours le lendemain, la directrice McGonagall les détrompa très vite. Elle se leva et attira l'attention des convives.

- « Eh bien, cette soirée sera mémorable pour d'évidentes raisons, mais que cela ne perturbe pas le fonctionnement de l'école. En ce qui concerne le RAT, je pense que cet organe ne remplit pas sa fonction première, qui est d'aider les élèves. Cependant, je trouve que l'idée de proposer des tutorats est très bonne, et je remercie en particulier monsieur Nott d'avoir mis en pratique une petite expérience. Il s'avère que, grâce à ses efforts et son engagement – un peu involontaire – monsieur Nott a prouvé qu'il était possible de fournir aux élèves qui le souhaitaient l'ensemble de l'enseignement prévu avant les modifications de programme décidées par le Ministère. Aussi, je propose de dissoudre le RAT, et de nommer des… Tuteurs Affectés à la Réussite Éducative… »

- « Bienvenue chez les T.A.R.És, donc. » fit Théodore avec une grimace à la fois amusée et horrifiée.

McGonagall lui jeta un œil noir, et se racla la gorge un instant, le temps que les rires se calment dans la Grande Salle. Elle remonta dignement ses lunettes carrées sur l'arête de son nez.

- « Oui, bien, c'est mieux que des RATs, non ? Bon, » fit-elle d'un ton pincé. « Les Tuteurs ne seront recrutés qu'au sein des Quatrième et Sixième Années, à la limite Deuxième année, pourquoi pas, parce qu'honnêtement, des Premières Années en guise de tuteurs, ça n'est pas crédible, et je tiens à ce que les Cinquième et Septième Années se concentrent sur leurs BUSES et leurs ASPICS… »

- « Ouf ! Je ne serai pas un TARÉ, alors ! »

- « … Bien entendu, si certains Huitième Année – qui ont déjà obtenu leurs ASPICS avec des notes extraordinaires – souhaitent absolument s'engager comme TARÉ, il y aura toujours moyen de s'arranger, » fit la directrice avec un petit sourire dur.

Nott renifla et eut une moue indifférente et amusée qui ne trompa personne. Il ne leva pas les yeux de son assiette tandis que McGonagall le fixait intensément.

- « … Bien. Ce point étant réglé, je vous demande de rejoindre vos dortoirs respectifs, car demain est, comme vous le savez, un jour de cours, et il se déroulera normalement malgré les émotions de ce soir. J'invite par ailleurs les membres du Clan Talos à rester un instant, afin que nous puissions prendre les dispositions nécessaires et conformes à votre nouveau statut. »

Il y eut un concert de récriminations, puis un long brouhaha tandis que les élèves quittaient la Salle à regret. Il fut décidé que la délégation de Beauxbâtons qui accompagnait Gabrielle et les joueurs de Quidditch venus soutenir Viktor resteraient à Poudlard jusqu'au début des vacances de Noël, qui commenceraient dès le vendredi soir de cette semaine. Tandis que les élèves et Madame Maxime se rendaient à leurs quartiers, monsieur et madame Delacour serrèrent leur fille dans leurs bras une dernière fois avant de quitter Poudlard pour rentrer en France directement. Les joueurs de Bulgarie ne partirent pas avant d'avoir asséné de grandes claques dans le dos des hommes du Clan, leur adressant en bulgare des félicitations et tout un tas de commentaires qu'aucun ne comprit, sauf Viktor. Commentaires qui le firent rougir et qu'il refusa de traduire par la suite, du moins pas en présence des filles.

Le départ des ambassadeurs et du Ministre Jones fut plus solennel que celui des joueurs, mais plus décontracté que leurs discours officiels. Ils serrèrent les mains des membres du Clan, renouvelèrent leurs félicitations et leurs invitations avec moins de raideur, puis ils partirent eux aussi. Enfin, le Clan se retrouva seul en présence de Minerva McGonagall – les professeurs avaient eux aussi déserté la Salle. La directrice, adossée à la table des professeurs, les regarda d'un œil critique, se redressa soudain et s'avança vers Harry, qu'elle prit dans ses bras.

- « Heureuse de vous revoir, monsieur Potter. Je suis… vraiment heureuse. »

Harry, abasourdi, ne réagit pas. McGonagall lui adressa un petit sourire, puis leur fit un léger signe de tête, leur indiquant leur table ronde. Avant qu'ils puissent s'y réinstaller, une armée d'elfes apparut soudain dans la Grande Salle, dans un tonnerre de crépitements qui les fit sursauter. Les elfes rassemblèrent les assiettes, verres et couverts, les carafes et les plats, débarrassèrent les tables, les nettoyèrent, balayèrent puis disparurent à nouveau – en quelques minutes, la Grande Salle était redevenue impeccable. McGonagall soupira et s'assit, invitant le Clan à faire de même.

- « Eh bien, » commença-t-elle, « nous voilà dans une situation incongrue, mais pas totalement inédite à Poudlard. Il y a déjà eu des Clans ici, même s'ils n'ont pas été constitués dans de telles circonstances, et même si leurs membres n'étaient pas aussi nombreux. Toujours est-il que nous avons d'ores et déjà des procédures… Nous avons trois points à régler : vos appartements, la nourriture, et évidemment, les cours. Pour vos appartements, l'aile Ouest, qui a été détruite durant la bataille, a été partiellement reconstruite et son deuxième étage vous sera réservé. Il y a des pièces assez grandes pour vous recevoir tous les douze, et des sanitaires satisfaisants, je pense, puisque vous disposerez d'une des salles de bains de Préfet… »

- « Euh… Nous ne voulons pas les en priver, non plus… »

- « L'aile Ouest n'était pas accessible jusqu'à maintenant, et une autre salle de bains a été remise en service pour leur être attribuée. Vous ne privez personne de rien, rassurez-vous, monsieur Longbottom. Maintenant, la nourriture… Pour des questions de commodité et de fluidité du service, j'ai quelques scrupules à demander aux elfes de Poudlard de vous préparer un menu à part et adapté à vos nouveaux besoins… Même en vous rassemblant à une table particulière, ce qui sera nécessaire de toute façon, cela risque de poser un problème d'organisation, d'autant que la nourriture que vous pouvez manger sera spécifique, dans sa provenance si ce n'est dans sa préparation… »

- « Pour l'instant, nous pouvons nous contenter de plats végétariens… Et nous pouvons aussi faire venir nos propres elfes pour nous servir… » fit Draco.

- « D'ailleurs, madame, à propos d'elfes… » commença lentement Hermione.

- « Oui, mademoiselle Granger ? Je vous écoute. »

- « Eh bien… Je… J'ai promis à l'une des elfes de Poudlard de devenir sa maîtresse… »

La directrice regarda l'une des meilleures élèves que l'école ait jamais reçues par-dessus le bord de ses lunettes.

- « Et… qu'est-ce qui vous a incité à promettre une telle chose ? Et à quelle elfe ? »

- « Winky. L'elfe Winky. Elle appartenait à la famille Croupton, mais elle travaille ici depuis que Barty Croupton Senior l'a libérée. Et je lui ai promis de devenir sa maîtresse en échange de la confection de ma tenue de Talos… » Hermione rougit et se mordit les lèvres, le regard baissé, avant de murmurer « … Je n'avais pas d'argent pour m'en acheter une. »

Il y eut un moment de silence, Harry pinça les lèvres en prenant conscience de la compromission à laquelle Hermione s'était abaissée pour lui. Il eut envie de lui dire qu'il était désolé, mais cela aurait rabaissé encore plus ses efforts. Il se contenta de lui prendre la main par-dessous la table. Elle lui adressa un léger sourire un peu amer, avant de relever la tête et fixer la directrice.

- « Alors, je voudrais savoir ce que je dois faire pour remplir cette promesse. »

McGonagall contempla un instant la jeune fille, puis eut un mince sourire approbateur.

- « Il me semble… Je crois que les elfes comme Winky, ou Dobby lorsqu'il travaillait ici, étaient sous contrat, une sorte de contrat de travail que l'école ou l'elfe peut rompre à sa convenance. Libérer Winky de son engagement auprès de Poudlard ne posera aucune difficulté, par contre, c'est une autre affaire que de la mettre à votre service, mademoiselle Granger. Vous pourriez passer un autre contrat avec elle, mais ce ne serait pas tout à fait valable… »

- « Pour devenir le maître d'un elfe de maison, » intervint Théodore, « et non son simple employeur, il faut renouveler le marché primordial qui lie les sorciers aux elfes : je t'offre ma Maison, en échange de ton Service… »

- « Mais… je n'ai pas de maison propre… »

- « Maison s'entend au sens très large. Cela peut représenter un bâtiment, mais aussi un nom de famille. Dans ton cas, ta Maison est ton Clan. Et Service s'entend aussi au sens très large, cela représente le travail de l'elfe, mais aussi sa confiance et sa dévotion. »

- « Je ne comprendrai jamais en quoi cela bénéficie aux elfes… » fit Hermione, décontenancée.

- « Excuse-moi, Gran… Hermione. Tu ne m'es jamais apparue comme quelqu'un porté sur la spiritualité. Ta réaction aux cours de Divination en est une preuve… »

- « La Divination, c'est du charlatanisme ! »

- « Pourquoi persistes-tu à dire cela, alors que tu as eu sous les yeux les innombrables prophéties conservées précieusement par le Ministère de la Magie ? », intervint Ron.

Hermione ouvrit la bouche pour répondre au rouquin, fronça les sourcils et la referma. Théo reprit, lui adressant l'un de ses sourires tordus.

- « Pour toi, la Divination n'a aucun intérêt parce que tu es très terre-à-terre, logique, indépendante et forte. Mais il y d'autres personnes qui y trouvent ce qu'elles cherchent : du réconfort, de l'aide dans les moments difficiles… C'est une forme de foi, et ceux qui l'ont sont plus susceptibles de réussir dans ce domaine que ceux qui, comme toi, ne l'ont pas. Eh bien les elfes ont besoin d'une foi du même ordre. Cette foi, ils la placent dans leur maître, les satisfaire est ce qui réconforte les elfes. Ça les rassure. Et ce n'est pas une attitude plus méprisable que celle des adeptes de la Divination – ou des adeptes de n'importe quelle religion, en fait. »

McGonagall eut un reniflement dédaigneux – qui trahissait le peu de considération qu'elle avait pour les adeptes ou les professeurs de divination – avant de s'adresser à nouveau à Hermione.

- « Votre Clan est votre Maison, mademoiselle Granger – excusez-moi si, pour le moment, je conserve vos noms initiaux, car encore faut-il que cette Maison ait un nom… »

- « Est-ce qu'on a besoin d'un nom de substitution ? » se demanda Draco pensivement. « A l'heure actuelle, il n'y a pas trente-six mille Clans… »

- « Peut-êtrre pas en Angleterrre » répondit Viktor, « mais il y en a dans les autrres pays… Et puisque nous avons été invités à y séjourrner... Madame la dirrectrrice a rraison, il faut que nous ayons un nom générrique, pourr nous distinguer… »

- « Pourquoi pas le Clan Potter ? » proposa Neville. « Après tout, c'est pour Harry que nous l'avons formé, à la base… »

- « Non, votre nom de Clan ne peut pas être celui de l'un d'entre vous, » précisa McGonagall.

- « Qu'est-ce qu'ils portent comme nom, les autres Clans ? » demanda Harry.

- « Des noms d'animaux magiques, en règle générale, comme les Dragons, les Sphinx… Ou des noms de familles éteintes depuis longtemps, comme les Mayfair, ou les Ashberry. »

- « Ben, les Dragons, c'est pas mal, non ? » fit Harry.

- « Tsk, » fit Draco avec mépris, « trop commun ! »

- « Oui, c'est vrai, c'est d'un commun ! » fit Blaise en riant. « Et pourquoi pas les Salamandres ? »

- « Ou les Phœnix ? »

- « Ah non ! Ça me fait trop penser à l'Ordre du Phœnix ! » râla Ron. « Moi, je propose les Griffons. »

- « Les Basilics ! »

- « Les Manticores ? »

- « Les Ronflaks Cornus. »

Tous se tournèrent vers Luna, tandis que l'idée du Clan des Ronflaks Cornus tournait dans les têtes.

- « Hum, hum. Bon, je pense qu'on va abandonner l'idée des animaux magiques, hein ? » fit Théo après avoir combattu vaillamment – et vaincu – le fou rire qui menaçait de l'emporter. « Les anciens noms me paraissent plus appropriés. On a le choix entre : Mayfair et Ashberry, mais aussi Fayland, Huntington, Pierce, Cleeve, Arighton, Worthing… »

- « … Et Black, maintenant, » ajouta Draco.

- « … Et Black. Alors, vous préférez quoi ? »

Le silence se fit, tandis que les membres du Clan pesaient les noms, les adoptaient ou les écartaient en fonction de leur sensibilité. L'exercice était rendu difficile par la présence, encore, du Clan des Ronflaks Cornus dans les esprits. Comme le silence s'éternisait, quelqu'un, Ron a priori, murmura quelque chose qui ressemblait à Clan des Scroutts à Pétard, et l'assemblée éclata soudain de rire. Draco se reprit le premier, passant une main sur ses yeux, et s'éclaircit la gorge.

- « Le choix de notre nom n'est pas anodin, on ne peut pas le précipiter. » Il fut repris d'un léger rire, qui sabota honteusement sa tentative de retrouver son sérieux. Enfin calmé – ainsi que ses compagnons – il se tourna vers eux. « Il faut savoir que les noms de familles ont, dans un sens, plus de portée que ceux des animaux. Les gens ont une certaine idée de certaines familles, si on prend leur nom, ils s'attendront à ce que nous confortions ces préjugés, que nous nous comportions selon les principes de nos prédécesseurs. Par exemple, si nous choisissons le nom Huntington, nous pouvons faire une croix sur l'amitié avec les Centaures – les Huntington les ont chassé de manière obscène, au point que les Centaures ont dû se lever contre les lois sorcières qui leur autorisaient la chasse – et n'ont été satisfaits que lorsque les Huntington furent exterminés. Les Ashberry étaient réputés pour être des va-t-en guerre et des pillards, quant aux Mayfair… Ils étaient extrêmement puissants, gardiens de très anciennes magies, mais se vautraient dans l'inceste au point que leur dernier représentant en devint stérile… »

- « C'est ridicule ! Un nom ne peut pas préjuger de nos futures actions, non ? » fit Hermione.

- « … Voyons ça sous un autre angle. Si le nom d'Hitler faisait partie de la liste, est-ce que tu le choisirais ? Et si non, pourquoi ? »

- « … Je comprends, » fit la brunette avec une grimace et un léger signe de tête.

- « Euh… Il y en a qui sont connotés positivement ? » demanda Dean.

- « Tu sais, si les lignées sont éteintes, c'est souvent parce qu'il y a une raison. Des erreurs ou des comportements pas tout à fait corrects… Ou des guerres. Celles contre les Gobelins, par exemple. Ou la Chasse aux Sorcières, qui a provoqué l'extinction de plusieurs familles. Les noms que Théo a proposés ne sont que les plus usités par les Clans d'Angleterre et d'Irlande, mais il y en a beaucoup d'autres comme les Rowane, les Bloodward, les… »

- « Eh, Rowane, j'aime bien, moi ! » s'éclaira Dean – avant de se renfrogner. « C'est quoi, leur connotation, à eux ? »

- « Euh... neutre. Et même… plutôt positive, en fait. Des gens intelligents, courageux, et plutôt raffinés… Mais pas très chanceux. Ils sont connus pour avoir négocié avec les Gobelins à la fin de la deuxième guerre, les pourparlers ont abouti à l'inclusion des Gobelins dans la société sorcière en qualité de banquiers – une idée de génie. Qui leur a rapporté beaucoup d'argent. Mais ensuite, il y a eu la guerre contre les Géants, et tous leurs hommes ont été balayés. Les quelques femmes qui restaient et portaient encore le nom ont été exécutées au cours de la Chasse aux Sorcières. »

- « Ben, ça ne présage pas d'un destin radieux… »

- « En l'occurrence, ce sont les évènements extérieurs qui ont présidé à leur destin, et non un comportement fautif de leur part, » répondit Draco. « En ce qui me concerne, je pense que ce serait un bon nom pour notre Clan. »

- « Tu ne préfères pas Black ? » demanda Harry, surpris. « Je pensais que, avec ta mère… »

- « Je n'ai pas de bons souvenirs de ma tante Bellatrix. Et en ce qui concerne leur comportement, d'une manière générale, ce n'était pas toujours brillant. Tu serais d'ailleurs plus enclin à sauvegarder le nom, vu que tu t'entendais bien avec Sirius Black… »

- « C'est vrai, mais… Ça ne concerne que moi, et non le Clan. »

- « Alors… Rowane ? Le Clan Rowane, ou Les Rowane, c'est comme ça qu'on nous appellera si on choisit ce nom. Qui est d'accord ? »

Les mains se levèrent lentement, les unes après les autres, tandis que chacun testait la formule, leur nouveau nom, et l'adoptaient avec un peu d'appréhension parfois, et pas tous pour les mêmes raisons. Mais au final, il fit l'unanimité.

- « Alors vous êtes le Clan Rowane, » conclut McGonagall solennellement.


NOTE DE L'AUTEUR


Remarques diverses et variées :

Bonjour à tous et à toutes ! J'espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous avez bullé au soleil (si vous en avez eu).

Eh bien voilà, Septembre est là, donc on commence l'acte deux du Clan Talos, et voyez, cette fois, je ne vous fais pas mariner pour savoir pourquoi ça s'appelle les Rowane… Et vous avez échappé de justesse au Clan des Ronflaks Cornus, c'était très tentant, sachez-le.

Comme moi aussi j'ai bullé, je n'ai pas autant avancé sur cette fiction que je l'espérais, donc pour pouvoir me permettre de peaufiner le texte, je publierai deux fois par semaine, le lundi et le vendredi (s'il y a des écarts, ce sera exceptionnel).

Voilà, à bientôt dans les reviews (auxquelles je répondrai comme d'habitude, mais j'essaierai de raccourcir mes réponses… Je ne garantis rien, hein !), et je vous souhaite une bonne lecture à tous !