Ennemi(s) Intime(s)

Les blas-blas de Xérès : Bienvenue à tous pour ce tout premier chapitre du sequel de « The Rise and Fall » ! J'espère que l'attente n'aura pas été trop longue ! Attention, si vous n'avez pas lu la fiction précédemment citée, vous ne comprendrez absolument rien (ou pas grand-chose) à cette nouvelle intrigue… Si en revanche vous faites partie de mes lecteurs chéris qui m'ont suivie pendant un an tous les lundis (ou presque), alors n'attendez pas plus longtemps et dévorez-moi ce chapitre ! N'oubliez pas les reviews (très importantes voire primordiales en début de fiction) ! Si vous préférez, je rappelle que je suis aussi joignable via ma page Facebook Xérès Malfoy et en attendant de vous lire, je vous fais plein de gros bisous et vous souhaite une bonne lecture !

J'en profite pour remercier encore une fois tous ceux qui ont reviewé, favoritisé, followé ou tout simplement lu discrètement la fin de « The Rise and Fall » : Eliane Gil, Petitestef, Saiyu-san, Katil, Goutte-de-Mer, Piitchoun, sarahblue01, ellexa, loulou, Gouline 971, eliesan, Heibi, Ayden Quileute, Melusine Oriki, Celia, Lectorrima, L.E.V.W, Selonia, Babar, Erza Robin, Hardcoredrugs, Anthracite77, Flora, Lemm, faerycyn, Areka Motionless, BewitchingWords, Alaska66, miss damdam, Criss-Pine, cycy, Kitsune-Maeda, Annetoutsimplement, Cha, Maggie338, nanoute 1321 aude9483, MellifluousCascade, PetitMilou, Marion, Gratt'papier, Agatheee, Kendy, Pau-w, salmonelodie, severine32, kadronya, steiil, lève la tête, Carboplatine, kaila121345, Yumeii, Alice Potter du 55, Dangerous-Stupidity, DolldominationX, jssaunders, elfurio, azakiel, euphorie-stirred, Madeline et blabla, Mrs Lyly Black, Elori Bluegarden.

J'espère que la suite vous captivera tout autant !

Chapitre 1 : Family Affair

« Au secours ! Hermione, j'ai besoin de ton aide là ! »

Hermione Granger, 28 ans, se retourna prestement et accourut en direction de son amie Ginny. Celle-ci avait les bras tellement chargés de plats, sacs et enfant en tous genres qu'Hermione se demanda comment elle arrivait encore à tenir debout.

« Attention, c'est liquide ! », s'écria Ginny tandis qu'Hermione la débarrassait d'un des plats qu'elle avait superposés sur son bras gauche.

Hermione écarquilla les yeux et se figea, remettant le plateau d'aplomb et s'attendant à avoir les doigts couverts de mixture d'un instant à l'autre. Mais quoi que fut dans le saladier recouvert de papier aluminium, cela resta sagement à sa place. « Qu'est-ce que c'est ? », demanda Hermione avant de poser précautionneusement le plat sur la table de la salle à manger qui regorgeait déjà de victuailles.

« La crème anglaise pour le dessert », répondit Ginny en déposant un second plat sur la table, celui-ci contenant ledit dessert, un savarin. « Je l'ai faite moi-même », annonça Ginny avec fierté. Son sourire faiblit quelque peu et elle jeta un regard gêné en direction du dernier paquet qu'elle tenait dans son bras gauche, à savoir sa petite dernière Lily, 1 an à peine, et qui semblait captivée par le mouvement hypnotisant des boucles d'oreille de sa mère. « Je ne garantis pas qu'il n'y ait pas un peu de bave de Lily dedans, vu qu'il m'a été impossible de la lâcher plus de douze secondes sans qu'elle hurle depuis ce matin… enfin bref… ça donnera un petit goût bio. »

Hermione éclata de rire tout en se faisant mentalement une note : ne pas avaler une seule cuillère de cette crème anglaise.

« Où sont Harry et les garçons ? », demanda-t-elle tandis que Ginny levait les yeux au ciel.

« Je suppose qu'il doit encore être en train d'essayer de les dégager de leurs sièges auto », marmonna-t-elle, tandis qu'Hermione lui adressait un regard interrogateur. « Ah, je t'ai pas dit ? », reprit Ginny en remarquant son expression étonnée. « On a été obligés de prendre la voiture, figure-toi. James nous fait je-sais-pas-quoi, depuis deux semaines, il vomit systématiquement dès qu'on fait le moindre trajet en Portoloin ou en Transplanage et Albus… » Ginny soupira. « Albus a décidé que ce serait drôle de soutenir son frère en vomissant lui aussi. » Hermione pinça les lèvres pour réprimer un sourire narquois. « Je te jure, Hermione, ces mômes vont avoir ma peau. »

« Tu veux un thé ? », proposa Hermione d'une voix douce, espérant calmer les nerfs de son amie.

L'expression soulagée de Ginny lui indiqua qu'elle pouvait effectivement mettre de l'eau à chauffer.

« Et je ne serais pas contre un petit quelque chose de pas trop fort pour l'agrémenter : vodka, whisky, gin, arsenic, cocaïne, uranium, en ce moment je suis ouverte à tout… », soupira Ginny en se laissant tomber sur une des chaises de la cuisine.

Hermione lui adressa un sourire contrit. « Désolée, je suis à court d'uranium, là, mais je peux te proposer du sucre roux. »

« Va pour le sucre roux », acquiesça Ginny en replaçant Lily contre son épaule.

Un vacarme se fit soudain retentir dans l'entrée de la maison et Hermione plissa les yeux, le temps que ses tympans s'habituent à l'augmentation soudaine du volume sonore. « Hermione ! », beugla James Sirius Potter, 4 ans, en se jetant sur la jambe gauche de la jeune femme. Albus, tout juste 3 ans, ne voulant pas être en reste, prit d'assaut l'autre jambe en hurlant à son tour : « Émione ! »

Hermione, immobilisée, tourna lentement la tête vers Ginny, qui haussa les épaules d'un air fatigué. « Bienvenue dans mon monde », lâcha-t-elle avec un rictus moqueur.

C'est ce moment que choisit le patriarche, son ami Harry, pour faire son entrée et déposer deux autres plats remplis de toasts et de petits fours. « Salut Hermione », la salua-t-il avant de s'avancer pour déposer une rapide bise sur sa joue droite. « Je vois qu'ils t'ont déjà maîtrisée ? », s'esclaffa-t-il en désignant les deux garçonnets accrochés à ses jambes.

« Attends, et admire », répondit Hermione en tendant le bras vers un bocal posé sur le plan de travail. Elle en ressortit deux énormes sucettes emballées dans du papier rouge et les brandit au-dessus des gamins. « Qui veut une sucette, les gosses ? »

Les gamins, déchaînés, se mirent à hurler « Moi ! Moi ! » sous l'œil désapprobateur de leur père. Hermione jeta les bras en arrière pour prendre de l'élan et propulsa les deux sucettes à distance, en direction du salon. « Allez chercher ! », s'écria-t-elle tandis que James et Albus se ruaient vers leur trésor en hurlant de joie. « Et voilà le travail ! », acheva-t-elle ravie.

« Je ne suis pas sûr d'être trop d'accord, ils vont être impossibles à coucher si tu leur donnes du sucre après 18h », marmonna Harry en se tournant vers Ginny pour tenter d'obtenir son approbation. Mais Ginny poussa un long soupir et haussa les épaules, indiquant clairement qu'elle n'en était plus à ça près. Harry roula des yeux et décida de changer de sujet.

« Alors, ça fait quoi d'être enfin propriétaire ? », demanda-t-il en désignant les murs de la maison autour de lui.

Hermione sourit. Après ses six années d'études supérieures à l'Université magique de Londres, elle avait fini par obtenir son diplôme de professeur avant d'enchaîner par deux années d'assistanat au Mexique, puis en Italie, et enfin deux autres années de remplacements divers en France. Elle avait fini par revenir en Angleterre six mois plus tôt, juste à temps pour recevoir sa titularisation en tant que professeur de Sortilèges (tous niveaux) et d'Initiation à la Magie sans baguette (septième année uniquement). Et comble du bonheur, c'était à Poudlard qu'elle enseignerait.
Sitôt la nouvelle annoncée à Draco, celui-ci avait insisté pour qu'ils s'installent ensemble, chose qu'ils n'avaient plus eu l'occasion de faire depuis qu'Hermione avait quitté l'Université de Londres quatre ans plus tôt. La maison qu'il leur avait dégotée était relativement spacieuse (trop au goût d'Hermione, mais pas assez au goût de Draco), et se situait sur un grand terrain à la sortie de Pré-au-Lard. Ainsi, Hermione pouvait demeurer à proximité de Poudlard. Et surtout… surtout… c'était une maison « mixte ». Hermione avait insisté là-dessus. Bien que le monde entier se soit ouvert à l'existence des sorciers et que ces-derniers aient intégré certaines technologies moldues à leur quotidien, quelques familles d'irréductibles sorciers restaient totalement réfractaires à cette évolution. Et les Malfoy en faisaient partie. Elle avait donc dû insister lourdement pour que leur nouvelle maison soit raccordée au réseau électrique, dispose d'une connexion Internet et d'une ligne téléphonique. Elle avait toutefois réussi à convertir son petit ami à un gadget : le téléphone portable. Draco lui envoyait donc des textos lorsqu'il était retenu au travail ou tout simplement pour avoir de ses nouvelles. Mais comme il envoyait toujours un Patronus de confirmation (« au cas où le téléphone ne marcherait pas »), Hermione avait pris la désagréable habitude de recevoir tous ses messages… en double.

« C'est génial ! », répondit-elle avec un large sourire, tout en versant de l'eau chaude dans une tasse avant d'y plonger un sachet d'Earl Grey. Elle interrogea Harry du regard mais celui-ci lui fit signe qu'il n'en voulait pas et elle déposa l'unique tasse, ainsi que le sucrier, devant Ginny. « Je veux dire… parcourir le monde et rencontrer des sorciers de tous les continents, c'était chouette, mais maintenant… j'ai envie de me poser un peu. » Avec Draco, acheva-t-elle intérieurement.

Ginny hocha la tête d'un air entendu. « Vous pensez à faire des enfants, enfin ? », demanda-t-elle en souriant.

Le sourire d'Hermione se figea et elle jeta un coup d'œil rapide à Lily qui bavait de nouveau sur le col de Ginny, puis aux deux garçons qui couraient autour de la table du salon. Elle se félicita intérieurement d'avoir mis à l'abri tous ses bibelots et objets précieux, puis répondit aussi gaiement que possible : « Non, Ginny, pas tout de suite. » Mais alors, PAS DU TOUT, pensa-t-elle derechef en entendant Lily geindre doucement. Hermione aimait bien les enfants, mais quand ils étaient plus âgés. Ou qu'ils étaient déjà capables de rédiger leur premier devoir de Sortilèges tous seuls. Mais surtout, elle voulait s'octroyer quelques années de calme, seule avec Draco.

La sonnette de l'entrée carillonna joyeusement et Hermione en profita pour se tirer de cette conversation épineuse. Elle ouvrit la porte et se retrouva nez à nez avec sa mère, les bras chargés d'un énorme bouquet de fleurs, tandis que son père, en retrait, tentait d'avancer avec toute une cargaison de bouteilles de vin. « Bonjour ma chérie ! », s'exclama sa mère en l'embrassant sur la joue. « Tu n'imagines même pas à quel point ce village est difficile à trouver ! Même avec le GPS ! Heureusement que j'ai insisté pour qu'on parte tôt ! », railla Elise Granger en dardant un regard féroce en direction de son époux, William. Mr. Granger leva les yeux au ciel et se fraya un chemin jusqu'à sa fille unique pour l'embrasser à son tour. Puis il fronça les sourcils et secoua la tête.

« Elise, tu as encore laissé une trace de ton passage sur la joue d'Hermione… », grommela-t-il tandis que Mrs. Granger revenait à grands pas en direction de sa fille pour effectivement constater l'existence d'une large trace de rouge à lèvres sur la pommette d'Hermione. Léchant rapidement le bout de son index, elle frotta énergiquement la joue d'Hermione et sourit. « Et voilà, on n'a rien vu ! », chantonna-t-elle tandis qu'Hermione et son père échangeaient des sourires entendus. Hermione déchargea son paternel de quelques bouteilles et alla ranger le vin blanc au frigo, un sourire idiot toujours plaqué sur ses lèvres. Elle ne pouvait pas s'empêcher de détester mais à la fois d'adorer la façon dont ses parents lui donnaient toujours l'impression d'avoir dix ans. Deux ans après « l'épisode Nott », comme elle l'appelait désormais dans sa tête, Kingsley Shacklebolt avait réussi à localiser l'adresse de ses parents en Australie et les avait rapatriés en Angleterre pour qu'Hermione leur rende leurs souvenirs. Ce jour avait été l'un des plus heureux de toute sa vie et elle s'était juré à cet instant de ne plus jamais être agacée par les babillages intempestifs de sa mère, ni par les regards gâteux de son père. Quitte à avoir l'impression d'être une petite fille jusqu'à la fin de leurs jours.

Le regard d'Elise se posa sur James et Albus, qui jouaient tranquillement sur la moquette du salon et de nouveau, le volume sonore augmenta brusquement. « Ooooh, mes deux petits amours ! Qu'est-ce qu'ils ont grandi depuis la dernière fois ! », glapit Elise en s'agenouillant sur le sol pour les couvrir de rouge à lèvres à leur tour. « Quand est-ce que tu m'en fais des comme ça, Hermione ? »

Ginny faillit recracher sa gorgée de thé en voyant qu'Hermione avait parodié sa mère en articulant les mêmes mots en parfaite synchronisation, de manière si précise qu'on aurait presque cru que la brune les avait elle-même prononcés. Hermione leva les yeux au ciel et se pencha vers Ginny pour lui murmurer à l'oreille : « J'y ai droit à chaque fois… » Le rousse pouffa et sensible à la bonne humeur générale, Lily émit elle aussi un gazouillis ravi. Attirant aussitôt l'attention d'Elise Granger sur elle.
« Et voilà le petit ange ! », s'extasia Mrs Granger en délaissant James et Albus pour venir se pencher sur Lily, qui gazouilla de nouveau. « Elle est magnifique ! Elle vous ressemble, Ginny ! »

Hermione et Ginny échangèrent un regard appuyé et Hermione se sauva de nouveau. La sonnette retentissait une nouvelle fois. Entrèrent cette fois, Fred (affublé d'énormes lunettes de soleil bien que le ciel soit plutôt nuageux), accompagné de George, Angelina et leurs deux enfants (Léo et Roxanne, âgés respectivement de 5 et 4 ans), ainsi que de Bill, Fleur et leur fille Victoire (11 ans). En voyant James et Sirius, Léo et Roxanne sautèrent illico la case « bisous et dis bonjour à la dame » pour se ruer vers leurs camarades de jeu en poussant des cris de joie. Victoire, quant à elle, vint poliment saluer Hermione tout en rejetant ses longs cheveux blonds en arrière. Cette petite est une vraie beauté, Bill va se faire du souci d'ici quelques années…, pensa Hermione en souriant à la petite fille.

« Est-ce que Ted est là ce soir ? », demanda-t-elle à Hermione, cherchant son ami Ted, 11 ans également et fils unique de Rémus et Nymphadora Lupin, du regard.

Hermione lui adressa un sourire d'excuse. « Désolée, ma belle, ses parents et lui sont encore en vacances à l'étranger, mais vous rentrez tous les deux à Poudlard cette année, vous vous verrez bientôt tous les jours ! »

Victoire, quelque peu déçue, hocha néanmoins la tête et sourit avant de rejoindre les plus petits. Dans la poche de son jean, Hermione sentit son téléphone vibrer. Elle l'en extirpa et ouvrit le SMS qu'elle venait de recevoir. Il provenait de Draco.

Je sors du boulot, je vais chercher ma mère et Monsieur Grognon. Serai là bientôt. Je t'aime.

Esquissant un sourire, Hermione se mit à taper une réponse à la vitesse de l'éclair. Le but du jeu étant qu'il reçoive un signe de vie avant d'envoyer un Patronus lui demandant si elle avait bien reçu son sms. Appuyant sur la touche « Envoyer », Hermione soupira de soulagement et rangea son téléphone dans sa poche.

Le niveau sonore à l'intérieur du salon commençant à atteindre la limite du supportable, Hermione invita tout le monde à sortir sur la terrasse, au moment où la porte d'entrée s'ouvrait une nouvelle fois, cette fois-ci sur Blaise, Ron et Molly Weasley.

« Bonjour, Hermione, comment vas-tu ? », demanda Molly en la serrant dans ses bras. « Félicitations pour ton poste de titulaire ! Et pour la maison, aussi ! »

« Merci beaucoup, Molly », la remercia Hermione en lui faisant signe de se diriger vers la terrasse, où se trouvaient déjà les autres invités. « Allez vous asseoir. Presque tout le monde est déjà là. »

Elle regarda Molly s'éloigner et soupira profondément, tandis que Ron et Blaise lui jetaient des regards narquois. « Agent Granger, au rapport. Faites-nous l'état de la situation », déclara solennellement Ron, de sa voix protocolaire qu'il réservait généralement à ses fonctions d'Auror.

« Critique, agent Weasley », répondit Hermione avec un rictus. « Le nombre d'enfants de moins de 6 ans a dépassé la limite du tolérable, ma mère a réussi à me rappeler l'existence de mon horloge biologique en moins de trois minutes trente et si vous ne tenez pas à avaler de la bave de bébé, je vous déconseille de toucher à la crème anglaise. Le point positif : mon père a ramené suffisamment d'alcool pour me permettre de tomber dans un doux et paisible coma avant la fin de la soirée. »
Blaise et Ron éclatèrent de rire à l'unisson et Hermione ne put s'empêcher de leur adresser un sourire béat. Ces deux-là s'entendaient vraiment comme cul et chemise et c'était toujours un bonheur de les voir aussi complices. Surtout maintenant qu'Harry s'était mis un peu à l'écart depuis l'arrivée de ses trois enfants, Ron avait besoin d'un ami avec qui faire les 400 coups. « Et vous alors ? », demanda Hermione en haussant les sourcils.

« Oh bah nous, la routine », répondit Blaise avec un rictus satisfait. « Hier soir on est sortis avec les copines d'un pote, on est rentrés à six heures du matin, donc aujourd'hui on a un peu mal aux cheveux. D'ailleurs, on a croisé Fred quelque part entre quatre et six heures et si tu veux mon avis, on n'est pas les seuls à avoir pris le petit-déjeuner à l'aspirine ce matin… »

C'était pour ça, les lunettes de soleil…, comprit-elle en esquissant un sourire amusé. Ces trois-là, célibataires et coureurs de jupons invétérés, écumaient chaque weekend les bars et boîtes de nuit à la recherche de nouvelles victimes consentantes. Souvent au prix de nombreux verres d'alcools et de leur dignité. Mais c'était précisément ce qui était agréable chez eux : la dignité, ils s'en foutaient éperdument. Ils étaient jeunes, séduisants et avaient la vie devant eux.

« Le blond n'est pas encore arrivé ? », demanda Ron en cherchant Draco du regard.

« Il a quitté le bureau cinq minutes avant moi, il ne devrait pas tarder », répondit Blaise en haussant les épaules.

Hermione jeta un bref regard par la fenêtre en entendant un craquement caractéristique. En effet, il approchait. Draco, son Draco, bien droit dans son costume noir hors de prix, les cheveux rabattus en arrière à l'exception d'une légère mèche flottant sur son front au gré de ses pas, approchait de l'entrée, suivi d'une Narcissa tout sourire, les bras chargés de paquets et d'un Lucius à la mine revêche. Hermione se surprit à regretter d'avoir invité autant de monde à la maison. La seule vue de son petit ami dans son costume professionnel lui donnait envie de mettre tout le monde dehors pour pouvoir lui sauter dessus. Mais c'était impossible, évidemment. Hermione soupira bruyamment.

Blaise attribua son soupir à l'air peu affable de Lucius et grimaça. « Donc j'imagine que ça ne s'est toujours pas arrangé, cette histoire ? »

Hermione fronça les sourcils et mit quelques secondes à comprendre de quoi il parlait. Ah oui, la dispute…
Quelques mois plus tôt, Draco, Hermione et Lucius s'étaient violemment disputés au sujet de la maison. L'idée de voir son fils emménager avec Hermione ne plaisait pas spécialement à Lucius, mais dans une maison « mixte », c'était le bouquet. De plus, selon lui, les Malfoy devaient demeurer au Manoir Malfoy, point à la ligne. Hermione avait donc proposé ironiquement de s'installer au Manoir, ce qui avait achevé de faire sortir Lucius Malfoy de ses gonds. Les deux jeunes gens avaient alors claqué la porte et n'avaient plus pris contact depuis. Du moins avec Lucius. Narcissa, elle, était toujours la bienvenue chez Hermione et Draco, et ne se privait pas de leur rendre visite.

« Mon petit Blaise, dis à mon père d'ouvrir une des bouteilles de Champagne qui sont dans le frigo, s'il te plaît… », marmonna Hermione en regardant la porte d'entrée s'ouvrir sur son-bel-Apollon-en-costume et sur ses géniteurs. Puis elle se tourna vers Blaise, qui partait déjà en compagnie de Ron et lui lança. « Et surtout, dis-lui de m'en servir une graaaaande coupe. »

A peine s'était-elle retournée en direction de l'entrée que Draco s'emparait de ses lèvres pour l'embrasser passionnément. Ça, plus la vision de son costume taillé au millimètre, acheva de faire regretter à Hermione de ne pas se trouver seule avec lui. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Draco pressa son front contre le sien et murmura d'une voix agacée. « Par Merlin, il m'énerve. S'il continue comme ça, je vais l'assassiner devant tout le monde. J'espère que tu as prévu suffisamment d'alcool pour ce soir. »

Hermione comprit qu'il parlait de son père et pinça les lèvres. « J'étais justement sur le point d'aller entamer le champagne, je vais en avoir besoin moi aussi… », murmura-t-elle, tout en regardant du coin de l'œil Narcissa déposer ses plats sur la table et Lucius observer le salon et le home cinema avec dédain.

« Pas pour nous », marmonna Draco en fusillant son père du regard. « Pour lui. Je compte bien lui déclencher une bonne vieille cirrhose avant qu'on arrive au dessert. Ou un ulcère, tiens. C'est très douloureux aussi. »

Hermione gloussa et déposa un rapide baiser d'encouragement sur les lèvres de Draco avant de se tourner vers les deux autres Malfoy. « Bonjour Narcissa », la salua Hermione en la serrant dans ses bras.

« Bonjour, ma chérie ! », pépia Narcissa, dont les yeux étaient déjà rivés sur les invités à l'extérieur. « Ooh, Ginny et les enfants sont là ! », gazouilla-t-elle, ravie. « J'ai acheté un petit quelque chose pour la petite Lily, je n'ai pas pu m'en empêcher quand je l'ai vu au magasin. C'est un éléphant en peluche, il est vraiment adorable et il barrit quand on lui chatouille la trompe. »

« Un éléphant ? », s'étonna Hermione en imaginant aussitôt une énorme peluche de trois mètres de haut. Narcissa avait légèrement tendance à faire dans la démesure.

« Miniature, ma chérie », roucoula sa belle-mère en roulant des yeux. « La version taille réelle existait aussi mais on m'aurait encore reproché de tout voir en grand… », railla-t-elle en jetant un regard appuyé en direction de son mari. Les yeux de Narcissa accrochèrent alors les silhouettes de Molly et d'Elise. Elle poussa une exclamation ravie. « Ah ! Mes copines sont déjà là… »

Et en quelques enjambées dignes d'un cabri, elle sautilla à leur rencontre. Laissant Hermione seule face à Lucius.

« Miss Granger », la salua froidement le patriarche en la détaillant des pieds à la tête.

« Lucius », rétorqua Hermione en haussant un sourcil hautain. Elle pensa un instant que Draco serait fière d'elle tant elle avait minutieusement travaillé son expression dédaigneuse. Digne d'une Malfoy. « Je vous en prie, faites comme chez vous », reprit-elle en lui indiquant d'un geste raide la direction de la terrasse, à l'extérieur.

« Ne soyez pas stupide, Miss Granger, si je faisais comme chez moi vous seriez forcée de quitter les lieux… ou de faire le service », siffla-t-il en se dirigeant néanmoins vers la terrasse.

Sidérée, Hermione resta plantée au milieu de son salon un moment et prit une longue inspiration. Puis souffla doucement. Dans le jardin retentit le « pop » caractéristique d'une bouteille de champagne qu'on ouvre, suivi des habituels « aah » et « ooh » de ravissement. Halleluiah.

~o~

« Alors, les garçons », demanda William Granger à Draco et Blaise, en ouvrant une nouvelle bouteille de vin rouge pour accompagner l'agneau braisé. « Comment se porte votre petite entreprise ? »

« A merveille, Mr. Granger », répondit Blaise en souriant. « Sorcimmo ne cesse de grandir et de se développer. Depuis peu, je m'occupe des locations de petits appartements sorciers, mixtes ou moldus pour une clientèle de tous mondes cherchant à s'installer sur Londres et sa banlieue. Je m'y consacre corps et âme », assura Blaise, la main sur le cœur.

« Surtout le corps, ouais », ricana Draco avant de siroter une gorgée de vin. Ron et Harry éclatèrent de rire, sachant très bien ce qu'il voulait dire par là. Blaise s'était tout simplement réservé le marché des petites locations non pas dans le but de résoudre les problèmes de logement de sa clientèle, mais car c'était le segment de marché où l'on rencontrait le plus de jeunes étudiantes célibataires. Ça ne s'inventait pas.

« Ravale tes miaous, mon chaton », siffla Blaise en riant malgré lui. « Nous venons également d'engager un autre agent, qui s'occupera quant à lui des maisons à vendre dans toute l'Angleterre. Bref, nous prospérons… »

« Et Draco, de quoi t'occupes-tu déjà ? », demanda Fleur en se tournant vers le blond.

« Je m'occupe uniquement des maisons de luxe pour sorciers désirant investir dans un produit traditionnel, sans technologie moldue », répondit Draco posément.

« Pourtant on ne dirait pas, quand on voit cette masure… », maugréa Lucius en faisant un geste vers la maison de son fils. Narcissa lui assena un coup de coude dans les côtes et Hermione vida d'un trait son verre de rouge, avant de faire signe à Ron (qui avait la bouteille à la main) de le lui remplir à nouveau.

« Oh vous ! Toujours à grogner ! », railla Molly en secouant la tête. « Vous ne pourriez pas être deux secondes heureux pour votre fils unique ? Prenez exemple sur Cissy… »

« Molly a raison, chéri », renchérit Narcissa avec un large sourire. « Je suis sûr que c'est en partie à cause de toi et de ton agressivité constante que Draco et Hermione ne sont toujours pas mariés… »

« Et n'ont toujours pas d'enfants ! », ajouta Elise Granger en hochant gravement la tête.

Hermione vida derechef le verre que Ron venait de remplir, tandis que Draco tournait ses yeux de glace en direction de sa petite amie. Le rouquin jeta un regard inquiet à Hermione, se demandant manifestement s'il devait la resservir ou s'il valait mieux mettre sous clef la moindre goutte d'alcool restante jusqu'à la fin de la soirée. Ginny décida d'intervenir et se leva, tapant sur l'épaule d'Hermione. « Je crois qu'il est temps de servir le dessert ! », annonça-t-elle joyeusement. « Tu viens m'aider, Mione ? »

« Humph », répondit l'interpellée en se levant néanmoins pour suivre la rousse dans la maison. A table, la conversation reprit bon train. Plus personne ne s'offusquait des remarques de Lucius, et pour cause : il rabâchait toujours le même genre de sornettes depuis dix ans. Ginny ferma la baie vitrée et cala Hermione au calme contre le plan de travail de la cuisine. Avec un sourire désolé, elle replaça une mèche des cheveux d'Hermione derrière son oreille et les deux amies échangèrent un regard.

« Famille de fous… », gloussa Hermione en baissant la tête.

« Je confirme », approuva Ginny en riant à son tour. « Je te propose qu'on reste tranquillement ici le temps qu'ils finissent leur bouteille de rouge et ensuite on portera le gâteau et la crème à la bave de Lily, qu'est-ce que t'en penses ? »

« J'en pense que je servirai double dose de bave à Lucius et je le regarderai manger avec une satisfaction non dissimulée », répondit Hermione avant de se mettre à ricaner elle aussi. « Sérieusement, quel emmerdeur celui-là ! »

« Je ne te le fais pas dire… », renchérit Ginny. « Tu sais ce qu'il m'a dit la dernière fois que je l'ai vu ? C'était juste après la naissance de Lily. J'étais sur le chemin de Traverse avec les trois petits et il m'a demandé si je comptais battre le record de Weasleys établi par ma mère ou si pour le bien de la planète, je m'arrêterais là… »

Malgré elle, Hermione ne put s'empêcher d'exploser de rire. C'était du Lucius tout craché.

« Bon, parlons peu, parlons bien », reprit Ginny en baissant d'un ton. « Comment se passe l'acclimatation du jeune Malfoy dans son environnement mixte ? »

« Bien, bien », répondit Hermione avec un sourire moqueur. « Il continue de m'envoyer un Patronus après chaque texto ou presque pour s'assurer que le message est bien passé, et parfois il risque de perdre l'usage de ses yeux mais à part ça… »

« L'usage de ses yeux ? Comment ça ? »

Hermione gloussa. « Bon, tu sais que Draco a toujours eu horreur de l'électricité ? Il dit que ce n'est pas stable, ni sûr… » Ginny hocha la tête en levant les yeux au ciel pour indiquer qu'elle comprenait. Dire que Draco Malfoy avait l'électricité en horreur était un euphémisme : il en avait une trouille bleue. « Enfin bref », reprit Hermione, « à chaque fois qu'il actionne un interrupteur pour allumer la lumière, il ne peut pas s'empêcher de fixer l'ampoule de peur qu'elle n'explose ou je ne sais pas trop quoi… Et du coup, quand la lumière s'allume, fatalement, ça l'éblouit et il se met à râler. » Ginny la dévisagea, consternée. « Oui, je sais, c'est pathétique », admit Hermione. « Mais c'est tellement mignon que j'ai même pas la force de me moquer de lui. »

Ginny s'esclaffa et regarda longuement son amie.

« Quoi ? », l'interrogea Hermione en captant son regard.

Ginny haussa les épaules. « Rien. Dire que pendant longtemps, je me suis dit 'Draco Malfoy et Hermione Granger, c'est n'importe quoi ! Ce serait comme unir un agneau et un loup'. » Hermione laissa échapper un rire tout en se demandant qui était l'agneau dans l'histoire et la rouquine reprit. « Mais aujourd'hui, je ne t'imaginerais avec personne d'autre, Hermione. »

La brunette esquissa un large sourire et rosit.

« Je suis vraiment heureuse pour toi, tu sais », fit son amie avant de la serrer dans ses bras. Hermione lui rendit son étreinte au moment où Ginny reprenait la parole : « Bon et maintenant dépêche-toi de me faire un petit copain pour Lily, la pauvre elle va s'ennuyer toute seule. »

Hermione repoussa la rouquine et lui assena un petit coup de poing dans l'épaule. « Maman, sors de ce corps ! », invoqua-t-elle tandis que Ginny éclatait de rire. « Viens, allons plutôt gaver Papa Lulu de crème baveuse. Ou de bave anglaise, comme tu veux. »

« Fais gaffe, je pourrais avoir envie de déposer un brevet sur cette recette… », ironisa Ginny en s'emparant du saladier de crème.

~o~

Il faisait nuit noire quand Blaise, Ron, Molly, Fred, Bill, Fleur et Victoire quittèrent la maison de Draco et Hermione. Après les habituelles embrassades et autres félicitations pour son poste de titulaire à Poudlard, ils transplanèrent, laissant les autres en pleine préparation pour le « déménagement ».

« Bon, tu vas réveiller les enfants, pendant ce temps, je mets les affaires dans le coffre et je prépare les sièges auto », décréta Harry en empoignant les plats vides et les sacs de jouets apportés pour les enfants. Auxquels s'ajoutait désormais l'éléphant en peluche de Lily.

« Oui, chef ! », scanda Ginny en montant à l'étage, suivie d'Hermione et d'Angelina pour aller trouver les petits, endormis dans une des chambres.

« Comment ça se fait que vous ayez pris la voiture ? », demanda George en fronçant les sourcils. « C'était trop simple de transplaner ou de prendre un Portoloin ? »

« Les garçons ont le mal des transports magiques… », grommela Harry, tandis que George le suivait jusqu'à la voiture.

Angelina ressortit bientôt de la maison, Roxanne encore endormie dans les bras et Léo traînant des pieds à côté d'elle, les yeux bouffis de sommeil. George le souleva de terre et le jucha sur sa hanche. « Bon, on va filer, nous… », fit George en serrant la main d'Harry, de Draco, ainsi que des parents d'Hermione et Malfoy.

« Tu as dit au revoir à Hermione et Ginny ? », demanda Angelina en haussant un sourcil. « Moi, c'est fait. »

« Oui, oui, j'ai salué Hermione tout à l'heure… et Ginny, c'est bon c'est ma sœur et elle a trois gamins à réveiller, je pense qu'elle comprendra », railla-t-il tandis qu'Angelina haussait les épaules comme pour dire « c'est toi qui vois ». « A bientôt, tout le monde ! », chantonna George en agitant la petite main molle de Léo, déjà rendormi contre son épaule. Puis avec un craquement sonore, Angelina, George et leurs deux enfants disparurent dans la nuit.

Harry termina d'amarrer les sièges auto et soupira. « Bon, qu'est-ce qu'elle fait ? », marmonna-t-il en scrutant les fenêtres de l'étage, comme si cela ferait descendre Ginny plus vite.

« Je vais voir, bouge pas », proposa Draco en rentrant à l'intérieur. Il grimpa les escaliers et s'approcha de la chambre où dormaient encore les trois petits Potter. Ginny était penchée sur Albus, lequel dormait encore à poings fermés en serrant une petite chose poilue et grise contre lui. Hermione se tenait dans un coin, secouée de rires silencieux, tandis que la rouquine tentait maladroitement de faire lâcher prise à son second fils.

« Ah, tu tombes bien », chuchota Hermione en voyant Draco entrer. « On a un souci, ici. »

Draco fronça les sourcils et baissa les yeux. Plissant les paupières pour s'accommoder à l'obscurité, il parvint à distinguer la chose qu'Albus tenait si serrée contre son petit cœur. Whisky.

Etouffant un juron, Draco se pencha sur le lit où dormait le garçonnet et tenta de porter secours à son Chartier, plus tout jeune, essayant de se soustraire à la petite main solide qui l'emprisonnait. Ginny lui jeta un regard désolé, tout en tentant d'écarter les doigts de son petit bonhomme, ce qu'elle parvint finalement à faire. Aussitôt, Whisky grimpa le long du bras de son maître et s'enroula affectueusement autour de son cou. Ginny leva le pouce en signe de victoire et souleva Albus pour le jucher sur son épaule. Hermione souleva James (Bon sang, que c'est lourd ce truc !) et Ginny, en parfaite mère multi-tâches, se chargea également de Lily de l'autre bras. Précédant Hermione, elle sortit de la chambre et descendit les escaliers jusqu'au salon. Hermione entama précautionneusement la descente, peu habituée à un tel chargement. Draco lui tapota l'épaule et articula silencieusement « est-ce que tu veux de l'aide ? ». Hermione répondit en secouant la tête et capta alors une lueur étrange dans le regard de son petit ami. Ouh là, doucement, blondinet, je connais ce regard… Comme pour confirmer ses craintes, Draco esquissa un sourire et elle eut la désagréable impression qu'il se projetait dans un délire qu'elle ne partageait pas forcément. Vite, il faut que je lâche ce gosse avant qu'il ne contamine Draco… Elle accéléra le pas et parvint sans encombre dans le jardin, où elle remit son paquet à Harry, qui l'installa directement dans le plus grand siège auto.

« Parés à décoller ! », murmura Harry avec un sourire. « C'est pas trop tôt… »

« On a eu un léger souci avec la faune locale », gloussa Ginny. « Albus voulait emporter Whisky. »

« Oh, au pire on aurait pu s'arranger ! », plaisanta Mrs Granger en mettant une main complice dans le dos de Draco. « Vous auriez emporté le furet et vous leur auriez laissé Albus en échange. Pour qu'ils s'entraînent. »

Draco esquissa un sourire narquois, tandis qu'Hermione et Lucius se retournaient d'un même mouvement pour fusiller Mrs Granger du regard. Celle-ci sembla d'ailleurs surprise de voir pour une fois sa fille et son beau-père se mettre d'accord sur quelque chose.

« Bon, eh bien, il se fait tard et on a un peu de route… », marmonna Elise en fouillant nerveusement dans son sac à main. « A bientôt, ma chérie. » Elle fit la bise à Hermione, puis à Draco. « A bientôt, Draco. Tu es vraiment adorable, un vrai gentleman, comme toujours. »

Hermione leva les yeux au ciel. « Au revoir, maman », railla-t-elle tandis que son père lui disait au revoir à son tour et entraînait sa femme vers leur voiture. Les Potter, les Malfoy et Hermione les regardèrent partir en souriant (à l'exception de Lucius, cela va sans dire), puis Harry se mit au volant de leur break chargé à ras bord.

« Hermione… », la salua Ginny avec un sourire malicieux. « On se revoit 'tu-sais-quand'. »

Hermione la gratifia d'un sourire entendu tandis que Draco et les deux Malfoys se demandaient de quoi elles pouvaient bien parler. Seul Harry, derrière son volant, semblait lui aussi dans la confidence.

« Ah oui, c'est vrai ! Le Grand Jour », ajouta Hermione avant d'enlacer son amie. « Rentrez bien et soyez prudents. »

Quelques instants plus tard, le break s'éloignait sur le chemin et il ne resta plus que la famille Malfoy. Draco se retourna vers ses parents et prit la parole d'une voix détachée. « Merci d'être venue, maman. Ça nous a fait très plaisir », dit-il en souriant à sa mère.

Narcissa balaya ses remerciements d'un revers de main. « Je t'en prie Draco, c'est normal. Ma petite Hermione va devenir professeur à Poudlard, il fallait absolument fêter ça ! », s'écria-t-elle en pinçant la joue de la jeune femme. « Bon, on ne vous dérange pas plus longtemps. Lucius, aux pieds ! », plaisanta Narcissa tandis que son époux lui lançait un regard torve.

« Je n'ai pas fini », gronda Mr. Malfoy en se tournant vers Hermione. Celle-ci, malgré les litres de champagne et de vin éclusés au dîner, parvint tout de même à lever le menton dignement pour le toiser de toute sa hauteur. Ce qui ne faisait pas bien haut, comparé à l'homme qui la dominait d'au moins une tête. « Miss Granger. Inspection. »

Draco inclina la tête sur le côté, n'en croyant pas ses oreilles. Après tout ce temps, il continuait ce petit jeu ? Hermione sembla penser la même chose et le dévisagea, la bouche entrouverte. Avant de soupirer profondément. Elle n'avait plus le cœur à batailler, il était tard et elle n'avait qu'une hâte, se retrouver enfin seule avec Draco.

Elle plongea la main dans la poche arrière de son jean, remarqua que Lucius avait pincé les lèvres en suivant son geste, et en sortit sa baguette. Ou plutôt la baguette d'Eleanor Malfoy, gracieusement prêtée à la Sang Impur qu'elle était depuis qu'elle avait permis à Lucius de la retrouver, dix ans plus tôt, en France. Mr. Malfoy s'en saisit prestement du bout des doigts, l'approcha de ses yeux perçants et la retourna pour l'observer sous toutes les coutures. Mais il n'eut aucune remarque à faire : elle était (encore et toujours) intacte.

« Bien, elle n'a rien, vous pouvez la garder », répondit-il froidement en rendant la baguette à Hermione.

« Bien sûr qu'elle n'a rien », la défendit Draco en fronçant le nez. Le manège de son père commençait à l'exaspérer. « Elle en prend plus soin que de sa vie elle-même ! »

« Puisse Merlin t'entendre, mon fils… », rétorqua Lucius d'un ton acerbe. Narcissa lui assena un nouveau coup de coude dans les côtes, assez fort cette fois et il émit un grognement de protestation.

« Ce n'est rien… », marmonna Hermione à l'attention de Narcissa. Cette dernière caressa une dernière fois la joue de sa belle-fille, lui sourit et avec un nouveau regard menaçant à l'attention de Lucius, transplana.

Quelques secondes plus tard, Draco et Hermione se retrouvaient enfin seuls sur leur perron. Les deux jeunes gens poussèrent un soupir parfaitement synchrone.

« On a survécu à cette soirée… », lâcha Draco en rejetant la tête en arrière.

« T'es sûr ? Parce que là, j'ai plutôt l'impression d'être morte et enterrée… », grommela Hermione en se laissant tomber contre le torse du blond. Celui-ci referma ses bras autour d'elle et sourit.

« Mince, c'est dommage ça… »

« Pourquoi ? », fit Hermione en levant les yeux vers lui.

« J'avais prévu quelque chose, mais si tu es trop fatiguée… », musa le jeune homme en agitant les sourcils de manière équivoque.

Hermione le toisa, plissant les yeux d'un air menaçant. « Tu as exactement une minute pour monter et ôter ce costume à 1000 gallions. Passé ce délai, grand créateur ou pas, j'arrache tout. »

~o~

Le lendemain, alors que Draco était déjà parti au travail, Hermione entreprit de ranger les restes de la soirée de la veille et de nettoyer le tout à la main. Elle n'utilisait que rarement la magie pour ces tâches-là, trouvant un réel effet apaisant à faire elle-même disparaître la saleté au profit de l'ordre et de la propreté. Une fois sa maison de nouveau propre, Hermione grimpa au grenier et décida de trier le contenu des derniers cartons qu'ils n'avaient pas encore déballés. Accompagnée de Whisky, lequel adorait jouer entre les piles d'objets et les moutons de poussière, elle s'installa dans la soupente et prit un carton au hasard. Il s'agissait pour la plupart de vieux livres d'école ou de fac, de manuels de commerce et de vente (ceux du cursus universitaire de Draco), ainsi que leur matériel de Poudlard. Hermione jeta un regard affectueux en direction de son vieux chaudron et de ses gants de botanique. Bientôt, elle serait de retour à l'école. Rien qu'à l'idée d'arpenter de nouveau les couloirs de Poudlard, elle sentait l'euphorie la gagner.

Après avoir rangé dans une vieille commode les livres par niveau d'études et par domaine, elle éventra le carton et le jeta en bas des escaliers qui menaient à la soupente. Un de moins, pensa-t-elle, ravie. Son regard se posa alors sur un objet haut et cylindrique et le sourire qui flottait jusqu'alors sur ses lèvres s'évanouit. Elle passa lentement les doigts sur l'objet et en retira la couverture jetée par-dessus. Une petite cage en fer blanc apparut sous ses yeux. La cage de Plum. Hermione se mordit nerveusement la lèvre, tandis que des larmes traîtresses menaçaient d'inonder ses joues.

Hermione avait adoré cet oiseau et l'animal le lui rendait bien. Pendant près de cinq ans, ce qui était énorme pour un aussi petit oiseau, elle s'en était occupée inlassablement, établissant une telle relation de confiance avec le volatile qu'elle laissait même constamment sa cage ouverte. Et puis le Jobarbille avait vieilli. Sa couleur bleue éclatante avait blanchi, puis il avait perdu ses plumes. Lorsque le vétérinaire spécialisé dans les créatures magiques leur avait annoncé qu'il ne restait que quelques jours à leur animal, Hermione en avait eu le cœur brisé. Après tout, c'était en partie grâce à lui que Draco avait pu retrouver la mémoire et faire la lumière sur ce qu'il lui était vraiment arrivé lors de la Bataille de Poudlard. D'un commun accord, ils avaient décidé de s'accorder quelques jours de vacances et étaient partis sur la côte avec Plum, jusqu'à ce qu'il les quitte. Un soir, l'oiseau muet s'était miraculeusement mis à chanter. Comme l'avait dit le vétérinaire, le Jobarbille n'émettait aucun son jusqu'au moment de sa mort, où il réitérait alors toutes les tonalités entendues au cours de sa vie. Plum avait donc entamé une longue plainte, composée de sons plus ou moins aigus, plus ou moins graves, tantôt faibles, tantôt forts. Draco et Hermione s'étaient assis dans l'herbe près de sa cage et avaient écouté, près de quarante minutes durant, l'oiseau réciter tous les sons de sa courte vie. Au moment où le soleil s'était couché sur la mer, l'oiseau s'était tu. Le silence qui avait alors suivi s'était avéré assourdissant. Hermione avait fondu en larmes, Draco à ses côtés et dans ce silence, Plum était sorti de leurs vies.

Elle n'avait jamais pu se résoudre à jeter la cage, cependant. Et encore aujourd'hui, elle décida de ne pas le faire. Saisissant l'anneau par le bout des doigts, elle souleva la cage et la déposa dans un coin du grenier. Un index pensif sur les lèvres, elle fixa la cage encore un moment. Elle savait déjà ce qu'aurait dit Isaac. Vous devez apprendre à lâcher prise, Hermione. Mettre ces souvenirs derrière vous et avancer.

« Pas aujourd'hui, Docteur Goldberg… », marmonna Hermione en quittant finalement la cage des yeux. Isaac Goldberg, psychiatre de son état, l'avait suivie de manière intensive depuis « l'épisode Nott ». Lorsqu'elle étudiait à Londres, elle l'avait consulté chaque semaine et le jeune psychiatre, d'une dizaine d'années sont aîné environ, l'avait beaucoup aidée à refaire surface et faire la paix avec ses vieux démons. Ne plus culpabiliser pour la mort de Laura. Réapprendre à faire confiance aux autres, à elle-même. Réapprendre à fermer les portes et les fenêtres lorsqu'elle était dans une pièce. Le chemin parcouru en dix ans était énorme. Isaac ne cessait de lui seriner qu'elle n'avait plus besoin de lui, mais pour une raison inconnue, elle y allait encore régulièrement, deux à trois fois par an et malgré tout, il la recevait volontiers. Mais toujours avec le même refrain. Lâchez prise, Hermione.

La jeune femme inspira profondément et retourna à ses cartons. Elle avait justement pris rendez-vous avant la rentrée des classes. Le jour J la stressait et elle savait qu'elle aurait besoin de lui en parler. Hermione balaya du regard la pile de cartons qu'il lui restait encore à déballer. Allez, au boulot…

~o~

Lucius Malfoy sortit du bâtiment tarabiscoté de Gringotts pour se mêler de nouveau au flot des visiteurs qui se pressaient sur le chemin de Traverse. La fin des vacances approchait et les plus désœuvrés commençaient dès maintenant leurs courses de rentrée. La rue, directement reliée aux infrastructures moldues grâce à une galerie construite contre les anciens locaux du Chaudron Baveur deux ans plus tôt, était donc surchargée de gamins portant des cages pour hiboux, de parents les bras remplis de livres et de curieux se pressant autour des différentes boutiques. Au grand dam de Lucius, les moldus s'étaient pris de passion pour cette petite rue commerçante, notamment de certaines boutiques telles celle des Frères Weasley, ou la boutique de Quidditch. Ils adoraient également se régaler des sorbets Fortarôme et se remplissaient les poches de Chocogrenouilles, rien que pour le plaisir d'en ouvrir les boîtes et de regarder la grenouille sauter tout autour d'eux.

L'aristocrate fit quelques pas hors du perron de Gringotts et manqua de se faire percuter par un jeune adolescent moldu surfant sur son Hoverboard flambant neuf. Lucius le fusilla du regard mais le gamin l'ignora superbement. Il le suivit des yeux, tandis qu'il s'éloignait sur sa planche volante et l'homme retint un sifflement de mépris. Les Hoverboards n'étaient que de piètres substituts de balais, selon lui. Sans aucune classe ni tradition. Mais des sorciers et des moldus passionnés par un film au nom aussi ridicule selon lui que son scénario, Retour vers le Futur, avaient eu la désagréable idée de recréer l'objet emblématique et d'en faire commerce.

Avec précaution, Lucius traversa jusqu'au bâtiment le plus proche et entreprit de raser les murs pour éviter un autre accident dû à l'une de ces planches volantes de malheur. Passant devant la terrasse d'un café, quelque chose posé sur l'une des tables attira son regard. Il s'agissait de la Gazette du jour et le visage qui s'étalait en première page ne lui était pas inconnu. Saisissant le journal, il le brandit devant ses yeux. Le propriétaire de l'exemplaire, qui sirotait tranquillement son café, protesta vivement mais un seul regard de Lucius suffit à le faire rasseoir sur sa chaise.

A la une du quotidien, le visage déterminé et concentré d'Aria Stone se tourna vers lui d'un air sévère. A en juger par l'épitoge autour de son cou (le col caractéristique de la tenue des avocats), elle était en pleine plaidoirie lorsque le cliché avait été pris.

100 000 GALLIONS DE DOMMAGES ET INTÉRÊTS POUR UNE CHEVILLE CASSÉE

L'avocate spécialisée dans la défense des Moldus, Maître Aria Stone ne finit pas de faire parler d'elle. Après l'affaire retentissante des inégalités d'impôts entre les contribuables Moldus et sorciers, la voilà de nouveau au tribunal pour défendre un moldu victime de son Hoverboard. A suivre, page 3.

Lucius ouvrit le journal avec un sourire appréciateur. Cette fille était devenue un vrai requin. Azkaban pouvait avoir cet effet-là, chez certaines personnes…

100 000 Gallions. Soit 500 000 £. Voilà la somme astronomique que Magicboard Ltd., la célèbre marque de planches mondialement connue, a dû verser à Nicholas McAllistair, ce hoverboarder de 23 ans victime d'une fracture de la malléole gauche alors qu'il utilisait son engin sur la voie publique.

« C'est ridicule », déclare avec amertume le président de Magicboard Ltd., Lennard White, sur les marches du Tribunal londonien. « 500 000 £ pour une simple cheville. Heureusement que ce type n'est pas mort ou Maître Stone aurait certainement coulé mon entreprise. » Il regarde alors autour de lui et baisse d'un ton pour nous confier : « C'est étrange, tout de même, cette assignation en justice qui tombe juste après que mon entreprise ait fait son entrée à la Bourse Magique. Si j'étais vous, j'irais creuser de ce côté-là. »

Le sourire de Lucius s'accentua. Attendre que la société soit cotée en bourse pour réclamer des dommages et intérêts… décidément, elle ne cessera jamais de m'étonner.

Face à ces accusations, nous sommes allés trouver le jeune McAllistair et s'il y a une chose qui est certaine, c'est que les cicatrices de ses opérations et les broches qui maintiennent sa cheville sont bien réelles. « Insinuer que je me suis fait mal dans le seul but de ramasser de l'argent, c'est insultant », se défend le jeune homme en secouant la tête. « Cet argent a servi à payer les consultations, la chirurgie et la rééducation. » Une facture qui s'élève à près de 30 000 £ (6 000 Gallions). Et lorsqu'on l'interroge sur la nécessité de soutirer 470 000 £ supplémentaire à Magicboard, le jeune homme hausse les épaules et se contente de sourire. « Maître Stone est simplement une excellente avocate », répond-il, visiblement ravi.

Toutefois, il semblerait que la plaidoirie de Maître Stone ait porté d'autres fruits que la simple extorsion de fonds. En effet, le juge chargé de l'affaire a également tenu à ce que la firme Magicboard équipe dorénavant tous ses modèles d'un mode « Loisir » libre (destiné aux aires de pratique du hoverboard) et d'un mode « Street », un mode bridé et conforme aux usages de la route, une caractéristique que réclamait depuis des mois l'Organisme de Lutte contre les Incivilités sur la Voie publique. Celle-ci se plaignait régulièrement du manque de civisme des hoverboarders, adeptes des dépassements anarchiques et des survols de bouchons sur le boulevard périphérique londonien. Le mode Street se verra donc équipé d'un limiteur d'altitude, d'un limiteur de vitesse et d'autres options de sécurité routière. « C'est une excellente décision », approuve la présidente de l'O.L.I.V., Bridget Bardow.

L'article continuait sur plus d'une page encore, mais Lucius en avait assez lu. Il referma le journal et s'arrêta un instant sur le visage sévère d'Aria en tenue d'avocate. A tout juste 32 ans, la jeune femme était devenue l'étoile montante du barreau britannique. Elle était partout. De l'artefact sorcier en vente libre défectueux aux litiges entre moldus et sorciers, en passant par la création de nouvelles lois sur la vie en communauté des moldus et des sorciers, elle s'investissait dans tout ce qui touchait de près ou de loin la défense d'une entité moldue physique ou morale contre le monde sorcier. Certainement, le résultat de la terreur que les « porteurs de baguettes », comme elle les appelait en privé, lui avaient infligée lors de son bref séjour à Azkaban onze ans plus tôt. Quoi qu'il en soit, elle envahissait les journaux, alimentait les débats lors des repas de famille tumultueux, elle agaçait, elle fascinait, à tel point que tout le monde à Londres et ailleurs en Angleterre avait son propre avis sur Aria Stone. Mais Lucius était le seul à vraiment savoir qui elle était en réalité. Cette frêle gamine terrorisée, propulsée dans un univers dont elle avait toujours ignoré l'existence et qui avait failli perdre son âme face aux lèvres décharnées d'un Détraqueur affamé. Au fond, elle n'avait jamais cessé d'être cette fille-là, il en était certain. Lucius reposa le journal sur la table du café et le type qui y était assis le fusilla du regard en reprenant vivement l'exemplaire et en le fourrant dans son sac. Mais Lucius ne lui prêtait déjà plus attention. Immobile, les yeux ronds, il regardait un point un peu plus loin sur sa droite. C'est pas vrai…

Le temps qu'il reprenne ses esprits et qu'il décide si oui ou non il était opportun de dégainer sa baguette et d'éclater la tronche de sa cible, celle-ci avait disparu à l'intérieur de Gringotts. Lucius fronça les sourcils et ne put plus penser qu'à une seule chose. Je dois prévenir Aria. Au vu de la manière dont s'était déroulé leur dernier face à face deux ans plus tôt, l'idée ne le réjouissait pas franchement. Mais ils avaient maintenant un plus gros problème sur les bras.

~o~

Lorsque Mr. et Mrs Lauren avaient décidé d'emmener leur fille de huit ans, Clara, en promenade sur les bords de la Tamise, ils n'auraient jamais pu imaginer à quel point leur soirée allait mal tourner. Tout avait pourtant bien commencé. Le soleil de fin août chauffait agréablement leurs peaux, Clara avait dégusté sa glace avec gourmandise, léchant ses petits doigts couverts de sorbet à la fraise, et ils lui avaient même laissé faire un tour de manège dans le parc. C'était en rentrant que tout avait basculé. Ils étaient passés devant un pub irlandais, sa terrasse comme toujours pleine à craquer de joyeux fêtards dégustant leurs pintes de Guinness entre amis. Et l'homme avait surgi. Comme fou, le regard révulsé, la salive moussant légèrement au coin des lèvres, il s'était jeté de toutes ses forces sur la petite fille et l'avait propulsée à terre. Et alors que Mr et Mrs Lauren, ainsi que les gens autour, se mettaient à hurler d'effroi, le forcené avait tendu les bras et saisi la petite fille par les pieds pour la faire décoller du sol. Il l'avait ensuite fait retomber avec force sur le goudron et malgré les hurlements de la foule, on entendit nettement l'un des os de la petite se briser. Il soulevait de nouveau le corps de la fillette lorsque le père s'était jeté sur le dingue pour le maîtriser. En vain, l'homme l'avait étrangement projeté quelques mètres plus loin d'un simple mouvement de la main avant de reporter son attention sur la petite. Soulevée puis rabattue comme une poupée désarticulée, elle avait encore heurté le sol. Trois fois. Cinq fois. Dix fois. Sa robe jaune pastel se teintant peu à peu d'un rouge sinistre.

Puis alors que le crâne de Clara Lauren venait encore une fois de toucher le trottoir, une détonation retentit. Et enfin le silence. Le policier en ronde dans le quartier abaissa son arme encore fumante et regarda avec stupeur le corps du dingue, frappé en pleine tête, retomber mollement sur le trottoir, une mare de sang formant progressivement une auréole autour de son visage. Un attroupement se forma aussitôt auprès de Clara Lauren et bientôt, le vacarme de la sirène d'un véhicule d'urgence couvrit enfin les hurlements déchirants de la mère à genoux sur le bitume.

Le lendemain, les journaux parleraient d'un employé du service public devenu fou après son licenciement quelques mois plus tôt et ruiné, alcoolique et sans abri depuis. D'autres évoqueraient une crise psychotique soudaine. D'autres encore, incrimineraient la société et la manière dont elle gérait ses « laissés-pour-compte ». Mais malgré leurs différences, toutes ces théories avaient un point commun.

Elles étaient totalement fausses.

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Et voilààà, ce sera tout pour ce premier chapitre ! Alors, dites-moi qu'en pensez-vous ? Est-ce assez alléchant pour vous ? J'espère que oui même si toutes les intrigues n'y sont pas encore révélées ! J'ai hâte d'avoir votre avis, en tous cas ! En attendant la suite, je vous fais des gros bisous et vous remercie encore de vous lancer avec moi dans cette nouvelle histoire !

Xérès