Bonjour, bonjour. Voici enfin la suite de cette petite histoire de mon cru. Elle s'est fait désirer, j'espère autant que vous que j'aurai moins de difficulté à faire la suite. Bonne lecture !

Disclaimer : They see me Rowling, they hatin'... Pardon.

Chapitre 10 : La visite au Ministère ou constater la nette évolution de la politique sorcière (ou pas)

Le mercredi arriva, Lily était levée aux aurores. Elle avait reçu un hibou la veille au soir contenant un message de sa tante, la prévenant qu'elle la chercherait le matin et l'emmènerait, elle et ses enfants sur le Chemin de Traverse où ils mangeraient ensemble, à la suite de quoi elles iraient ensemble au Ministère. Hermione avait l'air bien plus enthousiaste que ce que Lily avait imaginé, et Hugo lui confirma que depuis leur réveil, elle ne cessait de parler de son travail et du fait que ses enfants ne se soient jamais intéressés à ce qu'elle faisait.
Lily se sentit un peu coupable d'utiliser sa tante ainsi, mais elle se dit qu'elle s'intéressait réellement aux nouveau sortilèges. Surtout après avoir été la victime d'une Justine ensorcelée.
Rose lui avait servi un regard suspicieux quand Hermione l'avait cherchée, et Lily avait eu l'impression que ce regard ne la quittait pas, même tout au long du repas, quand ils avaient discuté sur un ton badin.

Ce n'est que lorsqu'ils se séparèrent – Rose emmenant son frère se promener sur le Chemin de Traverse – que Lily s'autorisa à respirer. Scorpius l'avait en quelque sorte prévenue que personne ne voulait qu'elle pose les bonnes questions, mais de là à ce que même Rose en fasse partie…

Hermione avait décidé de l'emmener au Ministère en transplanant, estimant depuis des années que l'entrée du côté moldu était bien trop fréquentée. La cabine téléphonique tombait presque en morceaux, quel genre de moldu trouverait ça normal que des dizaines de personnes l'utilisent alors qu'il n'y avait même plus de combiné ? Pour des gens obsédés par la protection du Secret, les sorciers étaient quelque peu tête en l'air lorsqu'il s'agissait de maintenir les apparences.
Le bruit de la rue fut remplacé par un brouhaha de discussions, de pas, de cris, et de "CRAC" annonçant des arrivées en continu. Lily se massa le ventre en prenant une immense goulée d'air. Toujours aussi désagréable, ce moyen de déplacement. La première fois qu'elle avait expérimenté le transplanage d'escorte, c'était son père qui l'avait emmenée et il lui avait assuré que lui aussi détestait ça. En fait, tous les moyens de transport sorcier étaient désagréables et potentiellement dangereux, ce qui n'enchantait pas spécialement la jeune fille.

Elle se reprit et constata que sa tante était distraite par une nuée de notes de service qui l'entouraient. Elle porta donc son regard autour d'elle, contemplant l'atrium. Selon les dires de ses parents, il avait bien changé au cours des années qui avaient suivi la fin de la guerre et au fur et à mesure qu'eux-mêmes vieillissaient, que les habitudes changeaient et que les nouvelles lois apparaissaient.
D'immenses dalles de marbre beige pâle recouvraient le sol. Là où se trouvaient initialement une immense fontaine puis une horrible statue, il y avait une nouvelle statue qui était supposée mettre toutes les créatures magiques intelligentes, les sorciers et les moldus sur un même pied d'égalité. Supposée.
C'était un large socle circulaire de pierre brute sur lequel huit statues se disputaient la place. Elles avaient toutes la même position, les pieds écartés, un bras plié vers l'avant, le poing serré, comme déterminées à se défendre. Sept d'entre elles, du moins. Elles formaient un cercle autour de la neuvième, mise un peu en hauteur, qui ouvraient les bras comme en signe d'accueil. Aucune n'avait de visage à proprement parler, mais il était aisé de les différencier, d'autant que les tailles réelles avaient été conservées – sauf pour le géant, qui était tout juste plus grand que le centaure. Au centre il y avait donc le sorcier, représenté dans son vêtement avec une cape et un chapeau de sorcier. Dos à lui, tout autour, se trouvaient, en plus du géant et du centaure, un gobelin, un elfe de maison, une sirène, un moldu – humain représenté très basiquement – et une Vélane , représentée avec une chevelure comme faite de feu. Toutes les statues étaient en pierre gris clair, pour illustrer la modestie, bien que parfaitement taillées. Et si les sept du contour restaient immobiles, le sorcier était une statue magique, qui, quelle que soit votre position, semblait être tournée vers vous.
Grosso modo, le sorcier restait supérieur quoiqu'on en dise… Les parents de Lily avaient maintes fois débattu là-dessus, à cause d'Hermione, surtout. Mais ils se satisfaisaient du minimum : la présence des êtres magiques, et non représentés comme des serviteurs. C'était symbolique, et c'était les symboles qui poussaient les gens à agir.

Là où il y avait de l'or autrefois, il n'y avait plus que de l'argent. Les symboles mouvant au plafond, les grandes portes d'entrée. Tout avait perdu de sa brillance, comme si on avait voulu dire que l'opulence était signe de supériorité, et qu'ils l'avaient abandonnée.

Huit statues pour huit départements magiques. Les sept existant auparavant et le Département de régulation et création des nouveaux sortilèges qui avaient été forcé de naître il y avait quelques années.
Hermione n'avait jamais vraiment détaillé les services dont était composé le Département auquel elle appartenait, mais Lily ne s'en préoccupait pas vraiment pour l'instant. Sa tante l'avait emportée dans son sillage à un rythme effréné jusqu'à l'ascenseur. Une fois dedans et casées au milieu d'une quinzaine de personnes, Hermione appuya sur le bouton indiquant « 11 ». Un étage entièrement aménagé pour le Département qui pourrait peut-être apporter des progrès à la vie magique et qui pourrait en améliorer la protection. Lily s'amusait à imaginer les architectes magiques s'arracher les cheveux en planifiant ça, tandis que l'ascenseur entamait sa montée. Faire tenir un bâtiment d'au moins onze étages sous la ville de Londres, ça devait être un travail de tout une vie.
L'ascenseur s'arrêta et Hermione et Lily descendirent dans un hall qui sentait encore le neuf. Une moquette bleutée recouvrait le sol et étouffait les pas empressés de tous les employés qui faisaient des allées et venues de tous les côtés. Les murs étaient tapissés de frais d'une couleur gris bleu et étaient impeccables. L'étage était propre, et semblait très organisé. Une elfe de maison se présenta devant elles et prit la parole tout en tendant un dossier à sa tante :

« - Mrs Hermione, le rapport mensuel de Mrs Astoria est arrivé, elle souhaiterait que vous lui indiquiez une nouvelle piste pour sa prochaine intervention.

- Merci bien Elvira. Je vous transmettrai les coordonnées quand j'aurai eu tous les rapports de la Brigade d'Intervention. Au fait, voici ma nièce, Lily Potter, elle nous tiendra compagnie cette après-midi.

- C'est un plaisir, Miss Lily.

L'elfe s'inclina brièvement devant Lily puis devant Hermione avant de partir d'un pas empressé.
Sa tante soupira un instant – sûrement parce que les elfes s'inclinaient encore malgré leur statut d'employé. Elle reprit vite contenance et fit signe à Lily de la suivre jusqu'à une porte au fond d'un couloir. Elles y entrèrent et Hermione le lui présenta comme son bureau. Mais même si elle ne le lui avait pas dit, Lily l'aurait deviné. D'énormes bibliothèques montant jusqu'au plafond les entouraient, derrière le bureau de bois, il y avait deux armoires à tiroir d'où rien ne dépassait et sur ledit bureau, un amoncellement de livres menaçait de tomber, entouré de multiples papiers et dossiers. Sa tante avait beau être ordonnée, quand quelque chose captait son attention, son espace de travail ne restait pas longtemps impeccable. Elle posa le dossier que lui avait donné Elvira au-dessus de tout et s'assit tranquillement sur le rebord du bureau. Elle fit apparaître une chaise à coussins et fit signe à Lily de s'asseoir à son tour.
L'adolescente soupira d'aise en prenant place et leva les yeux vers Hermione qui lisait une énième note de service, impassible. Une fois qu'elle eût fini, elle prit la parole :

- Excuse-moi, Lily, je pensais avoir un peu de paix pour répondre à tes questions, mais le travail me rattrape vite ces temps-ci.

- Ces temps-ci ? Releva la jeune fille, perplexe.

- En effet, je reçois toutes sortes de notes sur des nouveaux sortilèges, mais nous ne prenons au sérieux que celles venant des Aurors en général, ce qui nous épargnait beaucoup de travail inutile auparavant. Maintenant, toutes les notes viennent d'eux, ce qui décuple les interventions.

- La Mrs Astoria que l'elfe de maison a mentionné avant, c'est la mère de Scorpius ?

- Oui. Elle fait partie de la Brigade d'Intervention Internationale sur les Sites Magiques, qui est un groupe de personnes qui voyage à travers le monde entier inspecter des sites susceptibles de contenir de la magie. Son travail à elle est de vérifier si la source est maléfique, auquel cas toute la Brigade et des Aurors sont envoyés sur place pour la prélever ou la détruire.

- Maléfique ?

- Disons que si elle tombait entre de mauvaises mains, elle pourrait apporter mort et destruction très rapidement.

- Dans ce cas, pourquoi la prélever ?

Hermione sourit, ravie de la pertinence des questions de sa nièce.

- Le mari d'Astoria se spécialise dans l'analyse de la magie maléfique. Il nous apporte son aide à de nombreuses reprises. Ça et le fait qu'il possède l'Allée des Embrumes et reçoit par là très rapidement les créations maléfiques des magasins sur place, nous est très utile. Il pourrait presque faire partie du Département qu'on ne verrait pas la différence.

- On parle bien du même Draco Malefoy, le rival de mon père, là ? Celui qui s'est éloigné de tout le monde après la guerre ?

- Il n'a pas eu le choix, Lily. Il était bouleversé et s'en voulait. Astoria a été son remède et c'est grâce à elle si nous bénéficions de son soutien à l'heure actuelle.

Lily rumina ces informations un instant.

- Mais quel rapport cela a-t-il avec les nouveaux sortilèges ?

Hermione sembla peser le pour et le contre cinq longues minutes avant de répondre.

- Pour t'expliquer leur relation, il faut que je te définisse ce qu'est exactement un nouveau sortilège. Un nouveau sortilège peut être créé de quatre manières différentes, de ce que l'on en sait pour l'instant, et ses effets peuvent varier. La première, c'est de changer la formule magique. C'est la manière qui a donné le moins de résultats et c'est logique, puisque si des nouveaux sortilèges pouvaient sortir à chaque fois que quelqu'un prononce mal la formule, on le saurait depuis longtemps.

- Tu penses à l'oncle Ron, là, non ? Rit Lily en se mémorisant l'histoire racontée par ses parents sur la catastrophique manière dont ils avaient appris à utiliser le sort de lévitation.

Hermione se joignit à son rire en acquiesçant.

- Enfin bref. La seconde manière est de penser à un effet et inventer une formule. Là encore, on a eu très peu de résultats. La troisième est, tout simplement, la création d'un sort par accident.

- Et la quatrième ?

- C'est celle qui est la plus fréquente actuellement et qui nous inquiète le plus celle de changer les effets d'un sort initial et d'en créer un dérivé. Par exemple, j'ai entendu parler de toi te faisant attaquer par ton amie, sous l'emprise d'un dérivé d'Impero, sous contrôle mais qui gardait toujours conscience et sa personnalité. Les dérivés que nous craignons le plus sont surtout ceux-là, ceux qui dérivent des Sortilèges Impardonnables.

- Et les sources maléfiques ?

- Si les créateurs de ces sorts trouvent une source de magie maléfique, ils peuvent augmenter de manière effroyable la portée de leurs sorts. Ce serait comme de devoir faire face à des Seigneurs des Ténèbres avec des armes qu'on ne connaît pas encore. En grand nombre et en possession d'un pouvoir inégalable. La Brigade et Draco sont là pour empêcher ça.

- Mais quel genre de type s'amuse à créer des sortilèges dérivés des Impardonnables ?

- Des fanatiques, des passionnés. Il n'y a pas que de mauvaises motivations. Et il y a… Ce n'est pas quelque chose d'officiel, mais un groupe de personnes est en ce moment le plus soupçonné. Les décisions du gouvernement magique ont énervé beaucoup de gens ces dernières années. Certains ont décidé de protester en silence, d'autres font des interventions publiques pour prouver qu'ils ont raison et d'autres encore ont décidé de reprendre leurs droits par la force. C'est d'eux dont s'occupent essentiellement les Aurors.

- Je vois… Il y a combien de services dans ton département, Tante Herm ?

- En plus de la Brigade des sites magiques, il y a le Bureau d'Examen des Sortilèges Inconnus, qui est chargé de discerner les effets et l'annulation des sorts, le Service d'Archivage des Nouveaux Sortilèges, qui compile ceux dont on a déjà identifié la formule et l'effet, la Brigade d'Intervention auprès de l'Hôpital Ste-Mangouste, qui intervient donc en cas d'incident dont les médicomages sont incapables de vérifier la cause et enfin le Bureau d'Expérimentation et de Création des Nouveaux Sorts, où nous tâchons de trouver des manières de créer des sorts.

- C'est très organisé, ça doit être un département très efficace.

Hermione approuva, fière.
Lily buvait les informations comme assoiffée. Elle s'était promis de ne pas poser des questions inutiles et de tenter d'en apprendre le plus possible. Elle ferait le point avec elle-même plus tard. Maintenant, de quoi s'occuper en premier ? Les choses louches qui arrivent à Poudlard ou Theonia? Elle ne fut même pas vraiment surprise de sa décision, étant donné la teneur de ses sentiments.

- J'ai encore une question. Est-ce que ces dérivés de sorts dont tu parles pourraient être en mesure de modifier la mémoire de quelqu'un sur le long terme ?

- Modifier… Voilà quelque chose de nouveau. J'imagine que tu ne prévois pas de faire du mal, Potter que tu es. Les nouveaux sorts sont très instables. On ne peut pas encore les utiliser de manière sûre et prévoir tous leurs effets. Il faut, très souvent, les réappliquer répétitivement pour que cela dure sur le long terme, même si ça cause déjà d'énormes dégâts dans le court terme. Quel genre d'effet ce sort devrait avoir, exactement ?

- Forcer la mémoire à s'effacer dans un contexte précis et à un moment précis ?

- Je ne poserai pas de question sur ton idée, aussi intéressante soit-elle, mais sache que les nouveaux sortilèges ne peuvent pas avoir un tel niveau de précision, encore moins sur le long terme. Nous en savons encore peu, mais de cela nous sommes sûrs. Même un sortilège déjà existant ne pourrait pas avoir ce genre d'effet.

Lily allait ouvrir la bouche mais la porte derrière elle s'ouvrit à la volée, la faisant sursauter. Un grand homme à la barbe brune épaisse fit son entrée en criant :

- WEASLEY ! C'EST UNE URGENCE, ON A BESOIN DE TOI EN INTERVENTION.

Une course de panique s'amorça, Hermione décidant de laisser Lily dans son bureau en attendant d'en savoir plus. En effet l'homme n'était pas d'un grand secours, la suivant au moindre des ses gestes en tremblant. Une fois la porte refermée sur le son de leurs pas de course, Lily soupira.
Elle avait appris beaucoup de choses, certainement du genre que ses parents ne lui auraient pas avoué. Le surplus de travail qu'ils avaient s'expliquait par l'existence de ce groupuscule qui avait décidé de reprendre de force ce qu'ils voulaient. Mais elle ne voyait pas le lien entre ça, elle, et Poudlard. Et si elle avait appris quelque chose de primordial sur le problème de Theonia, elle ne savait plus où chercher maintenant.

Elle fixait le bureau rempli de dossiers et se sentit immédiatement mal à l'aise quand l'idée de jeter un œil fit surface dans son esprit. Au final, elle ne sut ce qui l'avait poussée à le faire, mais elle avait saisi et ouvert le rapport d'Astoria Malefoy. Il s'agissait d'un porte-documents des plus simples, sans aucune mesure de sécurité.
La première page incluait les mentions légales, l'objet de la mission, et le lieu où elle était allée en coordonnées géographiques. La seconde incluait des notes illisibles et des photos moldues y étaient agrafées. C'est sur la troisième que quelque chose capta l'intérêt de Lily. C'était le rapport en question, typographié. Elle pouvait donc lire clairement ce que la mère de Scorpius avait trouvé. Cela mentionnait des « traces de source magique » qui étaient apparemment « encore actives », ce qui devait signifier que la source avait été prélevée il y avait peu de temps « en âge de site magique », donc plusieurs dizaines d'années. Elle ajoutait comme note qu'elle mettait en annexe un rapport de son mari qui intéresserait sûrement Hermione. Lily tourna la page et trouva ledit rapport, une simple feuille blanche où une écriture penchée s'étalait sur trois lignes. « Les sources magiques peuvent amplifier la durée de l'effet d'un maléfice sur plusieurs années voire plusieurs siècles. Un possible remède aurait été prédit dans l'histoire de la potion. Je poursuis mes recherches. »

Lily ferma le dossier et le posa précipitamment là où elle l'avait pris. Elle avait entendu des voix qui s'approchaient. Son cœur battait la chamade quand Hermione arriva, discutant avec animation avec l'homme à la barbe, qui semblait désormais détendu.
Il battait toujours à un rythme effréné quand Hermione lui dit qu'elle la raccompagnait chez elle car elle ne pouvait pas lui tenir compagnie plus longtemps, le travail l'ayant définitivement rattrapée.
Elle parvint tant bien que mal à contrôler son expression faciale pendant le chemin inverse et les au-revoir à sa tante.

Elle avait une piste pour Theonia.