Ça fait des mois que je n'ai pas donné de nouvelles et j'en suis désolée. Mais comme je n'ai aucune bonnes raisons de l'avoir fait, je vais vous épargner les plates excuses. Voici le chapitre.

Châtiment Ultime

Chapitre 8

Malgré la petitesse du lit lorsqu'on y dort à deux, je me suis quand même bien reposé. Je suis encore légèrement dans les vapes du sommeil et je gardes les yeux fermés le temps d'émerger complètement. Je tends l'oreille. C'est le silence complet dans l'appartement de Draco. Pourtant, je ne l'entends pas respirer doucement comme il le faisait hier soir. Est-il sorti incognito ?

Je papillonne des yeux. Il devrait penser à investir dans des rideaux plus opaques parce qu'il fait drôlement clair ici. Je m'étire doucement. Je tourne la tête et ..

- Putain de merde !

Monsieur Damien Martin alias Draco Malfoy en personne est étendu sur le côté, me faisant face, la main gauche sous la tête pour se redresser. Et il m'observe.

- Bon matin, Harry.

- Qu'est-ce que tu fous ?

- Je te contemple. Tu sais que t'es infiniment reposant quand tu dors ?

- Je te renvoie le compliment.

Je ne m'attendais pas à ça de si bon matin. Pourquoi il me regardait au juste, plutôt que de sortir du lit ? Question que je lui pose.

- C'est ce que je prévoyais faire jusqu'à ce que je te vois t'étirer comme un chaton. Tellement attachant. Je ne pouvais pas manquer ce spectacle.

Bon. J'ai droit à du sarcasme très tôt aujourd'hui. Je me frotte les yeux avant de me mettre en position assise et de balancer mes jambes hors des couvertures.

- J'espère que tu as bien profité de la vue, beau brun. Je ne savais pas que tu jouais dans cette équipe là.

J'ignore s'il sait que je suis gay, mais ça m'amuse de l'asticoter avec ça.

- Oh non, pas du tout, mais j'adore les chats.

Il pousse alors les couvertures hors de son chemin et rampe sur le lit pour sortir de mon côté - le sien étant bloqué par un mur. Pendant qu'il se rend à la cuisine se gaver de comprimés, j'attrape mon Jean et l'enfile pour éviter de me promener en caleçon.

- Qu'est-ce que c'est que ces trucs que tu avales tout le temps ?

- Un café Potter ?

Je crois qu'il évite la question. Je n'insiste pas pour l'instant, car de toute façon j'ai bien l'intention de revenir sur le sujet plus tard.

- C'est Harry. Et oui, je veux bien du café.

Il dose le café moulu dans le filtre avant de mettre son percolateur en marche. Je suis encore fasciné de le voir évoluer dans un environnement moldu avec autant d'aisance. Je ne sais pas si je vais m'y habituer. J'espère au moins que je n'en aurai pas le temps.

Je pige dans mon petit sac rouge pour ma brosse à dent et me rends à la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Si tous les matins sont ainsi avec lui, son café est mieux d'être bon. Et puissant. Le miroir me renvoie mon image et ce que j'y vois me fait un peu peur. Je me disais hier que Malfoy n'avait pas l'air en forme. Et bien moi non plus. J'ai d'énormes cernes qui soulignent mes yeux et mes cheveux sont pire que d'habitude. Ça n'est pas peu dire. C'est certain que de chercher un homme Intraçable pendant des semaines, ça lessiverait n'importe qui. Surtout quand on a la malchance que le dit homme soit LE rival des années scolaires.

L'eau fraîche me réveille un peu plus et ça fait du bien. Un rapide brossage pour me défaire de la classique bouche-pâteuse-et-mauvaise-haleine-du-matin et je retourne auprès de mon nouveau coloc pour boire du café. Avec un peu de chance, il devrait avoir débuté la préparation du petit déjeuner.

Je m'asseois sur le petit tabouret près du comptoir et Malfoy dépose une tasse fumante devant moi ainsi qu'une pinte de lait et un sucrier. Un nuage de lait plus tard, je prends une grande gorgée. Draco, lui, boit son café noir.

La première gorgée n'est pas terrible. Ça goûte la menthe du dentifrice que je viens d'utiliser.

- Des oeufs, ça ferait ton affaire ?

- Mmm hmm.

Le fait est que moins je discute, moins je l'entend également. Ce qui est génial pour un samedi matin. Non pas que je sois incapable de répondre à ses piques, mais ça fait du bien, le silence.

Les rideaux sont ouverts et je zieute sur la vue fantastique qui s'étend de l'autre côté de la vitre de l'appartement. Par la fenêtre, le coup d'oeil donne sur une étendue d'eau que j'avais remarqué en venant ici la toute première fois. C'était jeudi soir, il y a seulement deux jours et demi environ. Pourtant, ça me paraît une éternité.

- Qu'est-ce que c'est ?

Draco, qui fait chauffer une poêle avec de l'huile, se retourne pour savoir de quoi je parle. Un rapide coup d'oeil et il retourne à ses oeufs.

- Woolloomooloo Bay.

Quoi ? Woulouquoi ? Ce truc est imprononçable !

Je ne réponds rien en retour et je retourne à ma vue. Peu importe le nom de cette étendue d'eau, c'est magnifique. Même si cet endroit est minuscule, son appartement doit lui coûter les yeux de la tête juste à cause de ça. Comment un serveur peut-il se payer un endroit de ce genre ? Je ne m'y connais pas trop en restauration, mais je croyais que c'était plus payant de travailler le soir.. et d'après ce que j'ai compris, Draco est de retour à la maison vers 17 heures chaque jour. Bon, après tout, il peut bien gérer son budget comme il veut, ce ne sont pas de mes affaires.

Une assiette se pose devant moi. Des oeufs tournés et du bacon. Je réalise que j'ai partagé davantage de repas que de conversations civilisées avec Draco. Ça me fait sourire. Sourire que je cache dans ma tasse pour la vider d'un trait. Finalement, le goût mentholé en moins, c'est délicieux. Cette boisson est une vraie drogue ! À croire que ce Serpentard fait de meilleurs cafés que moi. C'est dur pour l'orgeuil. Je louche sur la carafe à demie pleine sur le comptoir. Beau brun est assis à la table et pianote sur son ordinateur portable. Hier, il m'a bien fait comprendre de ne pas toucher à ses affaires, mais la carafe de café, est-ce que ça compte ?

- Euh, D.. Damien ? Je peux te reprendre du café ?

J'ai vraiment failli dire Draco. Il lève les yeux de son écran et hausse un sourcil. Et comme je m'attends à une réplique cinglante ou sarcastique bien placée, je suis un peu surpris lorsqu'il me dit :

- Sure.

Le petit déjeuner se déroule doucement. Tout en mangeant mes oeufs délicieux - je le hais - je savoure le coup d'oeil qu'est cette chose imprononçable dehors. J'espère avoir l'occasion de m'y approcher plus près. J'irai sûrement m'y aventurer pendant les heures de travail de Draco.

Je suis dans la lune depuis quelques minutes je crois, parce que lorsque je quitte la fenêtre des yeux, mon nouveau coloc n'est plus assis à la table. Il est debout devant l'immense commode près de sa télévision et farfouille dans le tiroir du haut.

- Quand tu auras fini de rêvasser, Potter, pourrais-tu t'habiller pour qu'on puisse aller faire les courses ? Si je me souviens bien, tu mourrais d'envie de savoir où je bosse.

Bien sûr que je veux savoir, mais...

- Je suis déjà habillé. Et c'est Harry !

- Ça ? il me dit en pointant mes vêtements. Ce sont très fringues d'hier. Tu n'as vraiment rien d'autre ?

- Qu'est-ce que ça peut foutre que je porte le même t-shirt deux jours d'affilé ? De toute manière, je l'ai, euh.. rafraîchi.

- Un sort de nettoyage ? Sérieusement ? La prochaine fois, laisse tes affaires dans la corbeille à linge, je m'en occuperai.

La prochaine fois ? On dirait vraiment qu'il est en train de se résigner quant à ma présence autour de lui dans les prochains jours. Ça n'est pas tant une bonne nouvelle, parce que ça veut aussi dire qu'il compte avoir la tête plus dure que moi et refuser de me suivre à Ste-Mangouste.

Il attrape quelques morceaux de vêtements qu'il extirpe du tiroir et part se changer dans la salle de bain. Dommage.

Je sais bien qu'un rapide Recurvite n'est pas aussi efficace qu'un réel nettoyage, mais c'est mieux que rien. Je ferais bien la lessive, mais ça fait des semaines que je ne suis pas chez moi et que j'utilise les mêmes trois t-shirts. Idem pour les sous-vêtements. Je ne peux pas faire des miracles non plus.

Draco sort de la salle de bain. Il porte un Jean également - noir très décontracté - avec un t-shirt kaki. Il est sublime. Je déteste qu'il le soit. Même habillé en moldu, ce qui est très troublant, de mec est une bombe. Et je dors dans son bordel de lit. Merlin.

Je laisse mon assiette sur le comptoir et me lève pour enfiler mes baskets. Ça aussi, ça aurait besoin d'être remplacé quand j'y pense. Ou alors je fais un rapide saut à Londres pour prendre de nouveaux fringues... peut-être plus tard.

Une fois dehors, Draco jette un sac à dos sur son épaule, fourre les mains dans les poches de son Jean et part sans s'assurer que je sois derrière lui. Il fait beau aujourd'hui. Le soleil de juillet est splendide et je suis heureux de passer le début de cette journée à l'extérieur.

Nous marchons quelques minutes et l'imbécile que je suis n'a pas cru bon porter attention aux rues que nous prenions. Résultat ? Je n'ai aucune idée d'où on se trouve. Je devrai être plus attentif lors du retour. Nous avançons encore quelques mètres pour finalement nous retrouvez devant une façade très contemporaine. Un écriteau prend toute la place au dessus de la porte grise : Jupiter.

Près de moi, beau brun ne dit rien et regarde un peu partout. Il n'a pas l'air de vouloir entrer. Je devine.

- C'est ici que tu travailles ?

- Yep.

- On entre ?

- Non.

- Pourquoi ? Je veux voir l'intérieur. Ça l'air très classe le Jupiter !

- Je ne travaille pas aujourd'hui.

Qu'est-ce qu'il raconte ? Il peut très bien faire un tour quand même pendant ses journées de congés !

- Allez Damien, je veux que tu me montres l'intérieur.

- Non.

- Très bien.

Il me regarde enfin. L'air surpris que j'aie lâché le morceau aussi facilement. Mais il se trompe.

- Je n'ai pas besoin de toi, après tout je peux très bien y aller tout seul.

Je m'avance alors et en poussant la porte, je l'entend derrière moi :

- Potter, non !

Trop tard. Je suis déjà à l'intérieur. C'est assez chouette ici. Lumières tamisées, musique d'ambiance fancy, un peu d'acier inoxydable devant le bar qui prend à lui seul tout le mur droit. Plusieurs banquettes pour deux personnes s'alignent sur celui de gauche et au centre, des tables entourées de très hautes chaises prennent le reste de la place. C'est très lumineux et très chaleureux. Par contre, il y a très peu de clients en raison de l'heure matinale. J'imagine qu'ils ne sont pas vraiment spécialisés dans les petits déjeuners.

- Bonjour, je peux vous aider ?

Un homme sort de derrière le comptoir et s'approche de moi. Cheveux bruns, yeux de la même couleur. Plutôt bel homme, mais d'une beauté assez commune. Taille moyenne, coupe classique. Fin vingtaine je dirais. Il porte des vêtements noirs semblable à ceux que Draco portait hier. L'uniforme, probablement.

- Ah euh non merci, je..

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que beau brun retentit derrière moi.

- Potter ! Je t'ai dit de ne pas entrer ici !

L'employé devant moi change alors d'expression. Son attitude polie se transforme alors en air ahuri.

- Potter comme dans Harry Potter ?

Ses yeux louches alors sur mon front. Comment ce moldu est-il au courant de mon existence au juste ?

- Euh, ouais.

- Damien ? Tu connais Harry Potter ? Et, qu'est-ce que tu fais ici avec lui ?

Et bien, heureux de te rencontrer également, moldu aux connaissances beaucoup trop vastes !

- Non ! Je ne le connais pas ! Enfin, si ! Euh, merde. C'est.. c'est vraiment une longue histoire.

- Que je serais ravi d'entendre, je lui dit.

Homme en noir me regarde, puis regarde Damien, puis me regarde de nouveau. Le pauvre, il a l'air complètement perdu.

- Alors c'est Harry Potter qui a mit des affiches de toi partout à Waterfall ? il dit en baissant le ton.

Quoi ? Un instant, je ne comprend pas là. S'il connait mon existence ainsi que la réserve, alors cet homme est.. un sorcier ? Mais qu'est-ce qu'il fout à travailler dans un resto moldu ? Alors, c'est lui le fameux gars qui est venu en aide à Malfoy ? Est-ce que c'est lui qui lui a fait passer le mur ? Et pourquoi chaque fois que je trouve une réponse, je trouve davantage questions !?

- Ouais, c'est bien lui. Écoutes Josh, je t'en reparle plus tard, d'accord ?

- Oui, d'accord. Pour l'instant, je dois retourner au boulot, mais..

Et il baisse encore d'un ton. Quoi, il ne se rend pas compte que je suis juste à côté d'eux et que je peux tout entendre ?

- Ce soir, es-tu toujours disponible ? J'ai besoin de.. toi. On pourrait en discuter à ce moment-là ? dit le fameux Josh.

- Oui, bien entendu. Je te rejoins plus tard.

Puis Malfoy sourit à cet homme. Il. Lui. Sourit ! Putain, un vrai sourire ! Qu'est-ce qui vient de se passer là ? Je n'ai absolument rien compris. On aurait dit qu'il le draguait. Devant moi ! Est-ce que c'est vraiment ce à quoi je pense ? Est-ce qu'ils.. couchent ensemble ? Remarque, ce barman, s'il en est un, est plutôt pas mal. Je suis juste très surpris de l'homosexualité de Malfoy. Moi qui croyais que cet homme était tout ce qu'il y a de plus hétéro sur cette terre. Et si je ne me trompe pas, en se levant ce matin, il m'a bien fait comprendre qu'il ne jouait pas dans l'équipe rose...

- Monsieur Potter.

Le barman me salue d'un hochement de la tête puis retourne à son poste pendant que Damien sort de la place. Et moi, comme un con, je suis encore debout les bras ballants, un peu surpris. Ce n'est pas la première fois après tout. Je me décide enfin de le suivre dehors. J'espère qu'il n'a pas d'autres surprises comme celle-là à m'apprendre.

Il m'attend sur le trottoir, les bras croisés.

- Alors, tu te bouges ? On va au marché.

Puis il repart tout aussi rapidement que tout à l'heure. J'accélère le pas pour le rattraper et me mettre à sa hauteur.

- Si je comprends bien, tu découches ce soir.

- Quoi ? Mais de quoi tu parles Potter ?

- De ton ami sorcier et toi.

Il s'arrête de marcher. Bon, je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais je veux comprendre. Et assouvir ma curiosité, je dois bien l'avouer. Il me regarde de nouveau avec CE regard.

- Tu ne sais pas de quoi il s'agit, alors ne va rien t'imaginer. Je sais que tu es bon à ce jeu là.

- Je ne sais pas de quel jeu tu parles.

Il me prend pour qui, ce petit con ?

- Bien sûr que si. Tu n'as que peu, pour ne pas dire aucune information à propos d'une chose et tu vas tout de suite t'inventer des histoires avec. Dit moi que j'ai tord.

- Tu as tord.

- Très bien. Alors vas-y. Pose moi tes questions, qu'on en finisse.

C'est à mon tour de lever un sourcil.

- Tu couches avec lui ? C'est pour ça que tu vas le rejoindre ce soir ?

Silence. Il ne répond rien et se contente de me fixer comme si j'étais un gros attardé. Puis il tourne les talons et reprend son chemin.

- Alors j'ai raison ? Tu n'as pas répondu alors..

- Tu es juste tellement con que ça me dépasse. Je n'ai même pas envie de répondre à une si énorme connerie.

Il ne nie pas, mais en même temps, il semble réellement penser que je suis taré. Bon.

- C'est un sorcier ?

- Quelle perspicacité.

Aaargh qu'il m'énerve !

- Pourquoi il travaille chez les moldus ? Comme serveur en plus. Il pourrait faire beaucoup mieux que de servir des..

- Non mais tu vas arrêter, merde !

Il s'arrête de marcher et se retourne vers moi. Puis il continue :

- Josh est un ami, c'est vrai. Un bon ami qui, en effet, est bel et bien sorcier. Ce qu'on va faire ensemble ce soir ne te regarde absolument pas. Et oui, il est serveur. N'oublie pas que je le suis aussi et jusqu'à maintenant, je trouve que je m'en sors plutôt pas mal. Alors maintenant ferme ta gueule et suis moi, on est presque arrivé au marché.

Puis il tourne les talons et accélère le pas.

Bon. J'avoue que mon ton était un peu condescendant vis-à-vis les serveurs. Je ne voulais surtout pas le froisser, mais ce sont des questions qui se posent, non ? Et je ne le connais pas, ce mec, je peux bien être curieux..

Puis merde, depuis quand je cherche à ne pas le froisser ? On parle quand même de Malfoy ici... J'ai juste le sentiment que je devrais me tenir un peu puisque je risque de le côtoyer encore un moment. Et puis mon but n'est pas de l'emmerder, mais de le convaincre.

Je le suis d'un peu plus loin. J'essaie de retenir le nom des rues à mesure qu'on marche devant les panneaux. Quelques minutes se sont écoulées depuis que nous sommes partis de Jupiter et enfin, je vois une place publique où s'entassent de petits stands remplis de fruits, de légumes et de je ne sais quoi d'autres encore.

Malfoy passe de stand en stand pour parler aux vendeurs, choisir les pommes ou les carottes les plus belles avant de payer et de tout jeter dans son sac à dos. Je l'observe de loin. De toutes manières, il n'a pas besoin de moi pour remplir son frigo. J'ai toujours détesté faire ça.

Je ne sais pas si les magasins sont bien loin. Je songe sérieusement à m'équiper un peu plus niveau chandails et espadrilles. Ou alors j'endure ma maigre garde-robe pour quelques temps encore. En croisant les doigts que je n'aie pas à subir un séjour prolongé. Mouais, je peux encore rêver...

- T'as fini de rêvasser ?

- T'as fini tes achats ?

- Ouais.

- Ouais, moi aussi.

Il lâche un long soupir.

- On retourne chez moi ?

- À moins que tu ne préfères Ste-Mangouste.

- Rêves, Potter. Je prend du pain et on s'en va.

Il se dirige vers la rue sans m'annoncer où est le pain qu'il veut acheter. À quelques pas, de l'autre côté de la rue, il y a une petite boulangerie que je n'avais pas remarqué. Difficile, pourtant, étant donné la bonne odeur de croissants. Beau brun y entre et en ressort presque aussitôt avec un sac dans la main et reprend le chemin de son appartement sans dire un mot.

- Je..

Merde. Je déteste devoir faire ça.

- Je suis désolé pour tout à l'heure.

Il me regarde avec un sourcil levé, l'air d'attendre davantage d'explications.

- Quand j'ai dit que ton ami, Josh, pourrait faire mieux que serveur.. je ne voulais pas dire que, qu'enfin, que c'était un mauvais emploi. Je vois bien que tu t'en sors plutôt pas mal. T'as un bel appart. Enfin, un peu petit, mais pour vivre tout seul, c'est assez correct. Tu as une jolie vue et tu sembles..

- Okay, c'est bon, Potter. Inutile de gaspiller ta salive. J'ai compris ton point.

Dans ma tête, j'ajoute ''C'est Harry'', mais je m'abstiens de le répéter tout haut. Est-ce que ça veut dire qu'il accepte mes excuses ?

- Alors.. c'est bon ?

- Oui. C'est bon.

D'accord. Ça n'a pas trop fait mal. J'espère que j'aurai l'occasion de le questionner un peu plus tard sur son rendez-vous avec ce sorcier, mais pour l'instant, je vais m'en tenir à ces excuses.

Alors que je tente de me lire chacun des panneaux devant lesquels nous passons, je vois celui qui indique ''Grantham Street''. Nous sommes presque arrivés. Puis j'y pense :

- Hey Malfoy !

Il se retourne brusquement.

- Ta gueule merde !

Ah. Merde en effet. C'est l'habitude de l'appeler comme ça qui refait surface.

- Euh.. Martin.

- QUOI ?

- J'ai besoin de vêtements. Y'a pas une boutique près d'ici ?

Il soupire. En à peine deux jours, je l'ai entendu soupirer des dizaines de fois. Je préférais nettement quand il était mordant. À part des soupirs et des ''hors de question'', il ne fait pas grand chose. Il est triste le grand Draco Malfoy. Et vachement cerné.

- Mouais. Je dépose ça et je te montre le chemin plus tard ce soir en allant chez Josh.

- Je peux venir ?

La seule chose que j'entend, c'est son rire alors qu'il débarre la porte de l'immeuble et commence à grimper les escaliers vers le troisième étage.

J'imagine que ça veut dire non. Je m'en doutais, mais qui ne tente rien n'a rien, non ? Rendu au troisième, il jette ses souliers au loin d'un coup de pied et se dirige vers le frigo avec son sac à dos. Il range les courses et je m'installe sur le tabouret près du comptoir pour admirer le paysage.

- Euh..

- Quoi, Potter..?

- Est-ce que tes fenêtres s'ouvrent ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

Il relève la tête du frigo et apperçoit la chouette grise bien installée sur le rebord de bois de l'autre côté de la vitre.

- Merde, mais tu fais vraiment chier. Je pensais t'avoir dit de rester discret quand à ton foutu monde sorcier. Qu'est-ce que tu crois, qu'un hibou c'est discret ?

Il contourne le comptoir pour venir ouvrir la fenêtre et laisser entrer la chouette. Elle se dépose directement devant moi. Une enveloppe est nouée à sa patte. Dès qu'elle est libérée, elle s'envole aussitôt par où elle est entrée, dans un tourbillon de plumes.

- Je t'avertis Harry, je ne veux plus voir de hiboux ou tout autre truc appartenant au monde magique près de mon domicile. Plus jamais !

Alors que je m'apprête à répondre, il ajoute en pointant les plumes :

- Et nettoies moi tout ça. Hors de question que je passe derrière ton bordel.

Il retourne à son réfrigérateur alors que je sors ma baguette de ma poche. Il me jette un coup d'oeil, le visage neutre, puis retourne à sa tâche.

Un rapide Recurvite fait l'affaire et je m'empresse de remettre ma baguette dans ma poche. Je suis presque mal à l'aise de faire de la magie parce que lui ne peut plus en faire. Cette situation est très étrange. Je me demande s'il y a un contre sort à son Châtiment Ultime..?

o

Le reste de la matiné s'est passée de façon plutôt singulière. Je l'ai regardé cuisiner sans l'aider. Encore. Puis on a bouffé en silence. Encore. Là, Malfoy s'est installé à la table devant son ordinateur portable et n'a pas bougé depuis. Il pianote sur le clavier, puis prend une gorgée de café, puis recommence à taper. La curiosité me ronge à savoir ce qu'il fabrique là-dessus. Que font les moldus sur des ordinateurs ? Est-ce qu'il joue à des jeux virtuels comme le faisait Dudley ? J'en doute. Pour l'instant, je range ma curiosité de côté et m'installe au comptoir pour lire la lettre que j'ai reçu ce matin.

Oh. Et je suis bien content de voir de qui elle provient.

Bonjour Harry,

tu sais bien que ça ne m'embête pas quand tu me demandes de l'aide. Je suis toujours prête à aider un ami. Et dans ta situation, tu sembles en avoir bien besoin.

Je n'avais malheureusement jamais entendu parler de la légende du Châtiment Ultime. J'ai bien fouillé dans les tomes 1 et 2 de ''Histoires et légendes magiques populaires'', mais ça n'a rien donné. Par contre, je dois t'avouer que je suis bien contente que Ron soit un vrai fouineur, parce qu'il a lu ta lettre. Et il est venu me voir pour m'en parler. Il connaît la légende Harry !

Selon lui, ça n'est que ça, une légende, pour inciter les jeunes sorciers à adopter un comportement convenable et que ça n'est pas du tout vrai. Crois-tu que ça pourrait l'être ? Je continue mes fouilles, mais pour le moment, je ne trouve rien de pertinent.

Pour être honnête, je ne crois pas que l'histoire de Michel ait quelque chose à apporter à ton enquête. Détruire la magie d'un sorcier ? Si c'était réellement possible, je crois qu'aucun sorcier ne pourrait y survivre pour en parler. Enfin, je poursuis mes recherches, mais à mon avis, tu devrais diriger ton enquête autre part. Ne perd pas trop ton temps avec cette légende.

Réécris-moi dès que tu as un moment,

Mione.

P.S. J'ai trouvé ça très intéressant comme histoire. Je devrais demander à Ron de m'en raconter davantage.

P.S.2 Oh, et Ronny Boy te salue aussi !

Merde. J'avais tellement d'espoir qu'elle trouverait quelque chose dans un bouquin quelque part. Ça ne m'aide pas vraiment. Si seulement elle savait qu'il s'agit de tout sauf d'une légende. J'aimerais tant lui dire. Je pourrais, mais quelque chose m'en empêche. Quelque chose m'empêche de trahir Malfoy, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Et tant qu'il ne me donnera pas le feu vert, je pense que je vais garder cette information pour moi. Ça, et le fait qu'il est en vie, et que je l'ai trouvé.

C'est un peu pour ça que j'hésite encore à écrire à Blaise. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ? J'ai réussi à accomplir ce pourquoi il m'a embauché, mais je ne veux pas lui dire. Pas pour le moment. Alors quoi lui dire d'autres ? Peut-être qu'une simple missive pour lui assurer que je suis toujours sur sa piste pourrait le rassurer...

Je me donne encore une semaine. Ou deux. Ensuite j'oblige Malfoy à me suivre. Qu'il le veule ou non.

- Alors Potter, toujours envie que je t'indique où acheter des fringues ? Je dois être chez Josh dans une heure.