Aïe aïe aïe... J'ai honte! J'avais dit vendredi on démarre la nouvelle fic, et voilà qu'on est samedi, il est tard et c'est seulement maintenant que je m'en occupe. Evidemment j'ai tout une panoplie d'excuses à vous proposer mais bon... Je vais vous laisser lire plutot non?
Bonne lecture!
Traducteur : Haganemaru
Partie 1
Stiles est d'accord sur le fait que Scott avait dit qu'il serait là dans cinq minutes. Mais le déjeuner n'attend pas. Donc Stiles a déjà bien attaqué le sien quand Scott prend la chaise face à lui. Il semble avoir couru tout le long, vibrant pratiquement de ce qu'il doit lui dire. Stiles ne croit pas que c'est assez important pour qu'il arrête de manger. Il y a une liste très courte de choses qui se classent au-dessus des délicieuses denrées alimentaires, et Lydia va clairement bien. Elle est à trois tables de lui, suintant la supériorité et la perfection.
« Derek a disparu. » commence Scott. Ce qui n'est vraiment pas assez important pour arrêter de manger. Bien que Stiles soit assez surpris pour arrêter de mâcher une seconde, c'est le mieux que le loup-garou grincheux puisse avoir.
« Qu'est-ce que tu veux dire par 'disparu' ? Il a vraiment disparu ou il est juste plus subtil dans son espionnage habituel ? » Parce que si Derek a juste décidé d'arrêter de sauter sur les gens ou de rôder de façon menaçante à la lisière des bois, Stiles est certain que personne ne le verra jamais. Il est possible qu'il le fasse exprès, comme Stiles suppose qu'il est tout à faire capable de suivre n'importe qui sans qu'ils en soient conscients.
« Erica et Boyd disent qu'ils ne l'ont pas vu depuis une semaine. » Sans regarder, Scott laisse tomber ses affaires sur la chaise à côté de lui et la moitié tombe rapidement sur le sol.
« Peut-être que c'est le but. » suggère Stiles, parce que c'est honnêtement la première chose qui lui passe par la tête. « Peut-être qu'il les évite, ce sont les pires enfants à problèmes qu'on ait vus et ils se sont enfuis de la maison, souviens-toi. Tu peux probablement pas, genre, ramener au magasin la loup-garou-attitude si tu te rends compte que tu as fait un mauvais choix de vie. »
Scott fait la moue, chose qu'il ne devrait absolument pas faire parce qu'il ressemble à un gosse de douze ans. Aussi, Stiles n'inclut en aucune façon Scott dans les loups-garous qui doivent être ramenés au magasin. On garde Scott.
« Il est leur Alpha, il ne les abandonnerait pas. » Scott le dit comme s'il en était certain et Stiles se sent brièvement irrité parce que c'est clairement un de ces sentiments que Scott pense que Stiles ne peut pas comprendre. Intuition de loup-garou ou quelque chose du genre – certainement pas une indigestion de loup-garou. Parce que Scott saurait absolument faire la différence.
« Je les abandonnerais. » dit Stiles sans hésitation. « Je les laisserais sur le seuil d'une maison, dans un panier. En étant sympa, je pourrais laisser un message. » Stiles profite de l'occasion pour remplir à moitié sa bouche – seulement la moitié, ainsi, il peut toujours parler et manger en même temps. « Bien que le message ne serait probablement pas flatteur. »
Scott semble physiquement affligé, le visage chiffonné et cela fait un moment depuis que Stiles ne l'a pas vu faire ce visage pour quelqu'un d'autre qu'Allison. Stiles soupire et pose le reste de son sandwich.
« Mec, pourquoi tu t'inquiètes enfin ? Pourquoi tu ne veux pas juste apprécier l'instant présent ? Je suis sûr qu'il va sûrement se manifester quelque part un jour, quand tu t'y attendras le moins, un endroit comme ta chambre ou ma chambre ou un coin sombre et ombragé. Et oui, je me rends compte que je viens de faire passer Derek pour un déviant sexuel. Mais, vraiment, il n'a qu'à s'en prendre à lui-même. »
« Sérieusement, Stiles, je suis inquiet. S'il y a quelque chose dehors qui peut liquider Derek… »
Il déteste ça mais doit l'admettre, Scott a peut-être raison.
« Grand, sombre et grincheux, c'est en quelque sorte notre indicateur à emmerdes. » se permet-il. C'était quelque chose de dire qu'on a un indicateur à emmerdes à son côté quand on en a besoin. Bien que Stiles soit forcé d'admettre que tout n'est pas bon autour de Derek. « Peter a-t-il fait quelque chose ? »
Scott secoue la tête.
« Il est la première personne à qui j'ai pensé. Il est toujours hors de la ville. »
Stiles grogne et plante sa paille dans son jus de fruits.
« Hey, positivons. As-tu vérifié les bois ? » A chaque fois qu'ils perdent quelque chose, c'est presque toujours dans les bois, ou près des bois, ou enterré dans les bois. Bien que Stiles ne va pas le mentionner, parce que cela ne serait probablement pas utile. Il espère vraiment qu'il n'y ait rien d'enterré dans les bois.
Scott hoche déjà de la tête.
« J'ai vérifié la maison, les bois… »
« Tous les bois ? Il y a beaucoup de bois. » Il n'y a pas seulement beaucoup de bois, mais beaucoup de terres autour des bois, les ruisseaux, peut-être les grottes aussi. Il y a beaucoup d'endroits pour se perdre et ne jamais être retrouvé. Ou peut-être être mangé par un ours. Derek peut-il être mangé par un ours ? Stiles n'a jamais vraiment pensé à un combat entre ours et loup-garou auparavant. Pas qu'il veuille en voir un, parce que c'est juste pas bon. Hypothétiquement impressionnant – mais pas bon dans la vie réelle.
Scott roule des yeux. « Oui, tous les bois. »
Stiles lui lance un regard perçant.
« As-tu vérifié le sous-sol d'Allison ? »
Scott le fusille du regard une milliseconde, soupire ensuite avant de faire son visage déterminé et mature. C'est nouveau, donc il ne le maîtrise pas encore. « Allison dit que ce n'est pas elle. Elle dit qu'elle n'a rien à voir avec ça. »
Stiles louche de façon douteuse en guise de réponse. Parce qu'il apprécie Allison, vraiment, mais elle a en quelque sorte prouvé qu'elle est effroyablement bonne pour recourir à ses pouvoirs maléfiques. Plus que Stiles n'ait jamais imaginé qu'elle puisse l'être. Son côté obscur l'a prouvé et la Allison semi-démoniaque est toujours foutrement angoissante. Si angoissante qu'elle fait toujours le tour de 'Je suis désolée d'avoir essayé de vous blesser tous horriblement avec des objets pointus' un mois plus tard. Il y avait même eu des muffins, des 'Je-suis-désolée-d'avoir-essayé-de-vous-tuer' muffins. Qui étaient délicieux. Stiles est ami avec trop de personnes qui ont essayé de le tuer pour qu'il puisse la juger. Ce qui semble terrible, dit comme ça. Il a des amis affreux et est déjà clairement condamné.
Scott fronce les sourcils.
« Elle n'a pas – elle ne sent pas comme lui, j'ai vérifié. Je ne crois pas que n'importe lequel d'entre eux ait chassé depuis – bien, tu sais. » Il haussa les épaules, parce que, ouais, ils ne doivent plus occuper leur temps à ça finalement. Mais Scott semble toujours ne pas être heureux d'avoir dû vérifier l'histoire d'Allison.
« Je suis très fier de toi pour tes inhabituels soupçons. » lui dit Stiles en lui donnant un cookie, parce qu'il le mérite.
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Derek continue à ne pas se montrer pendant la semaine suivante, puis celle d'après. Scott passe ses journées en classe à regarder fixement au loin et à froncer les sourcils comme s'il pouvait apercevoir Derek à l'horizon. Ce qui est vraiment dérangeant et lui donne l'air de devenir fou ou d'être sur le point de crier qu'une maison est en feu. Stiles commence vraiment à s'inquiéter pour lui. Il commence aussi à s'inquiéter pour Derek. Ce qui prouve que c'est la fin du monde ou presque. Personne ne devrait être attaché à Derek, Derek est méchant, et agressif, et il aspire tout le plaisir et le bonheur du monde. Mais Stiles s'inquiète quand même pour lui. Vous ne pouvez pas vous aventurer à sauver la vie des gens et ne pas vous inquiéter pour eux. Peu importe combien ils peuvent être des enfoirés.
« Mec, il n'est pas ton alpha, pourquoi tu es si nerveux ? »
« Je ne sais pas. » dit Scott, semblant honnêtement ne pas savoir, tandis qu'il enterre son nez dans les livres, manuels après manuels, comme s'il pouvait remplacer la fausse odeur avec celle de papier et d'adolescents hormonaux. « Je ne sais pas, peut-être parce qu'il n'y a plus aucun Alpha aux alentours. » Il secoue la tête et bouge sur sa chaise comme si sa peau n'allait pas à son corps.
Stiles essaye de ne pas penser à ce que cela signifie, si c'est une sorte de preuve que Derek ne reviendrait pas. Ce qui est stupide, parce que bien sûr que Derek va revenir. Il se penche plus loin contre le dossier de sa chaise, le bois entrant dans ses côtes.
« Que faisons-nous si quelque chose de mauvais arrive ? Y a-t-il toujours une meute sans Derek ? »
Scott secoue la tête encore une fois, le visage chiffonné et affligé.
« Vas-tu, genre… devoir reprendre les devoirs d'Alpha ? » dit Stiles autour du stylo dans sa bouche. « Courir après les intrus ? T'assurer qu'Isaac et Erica mangent tous leurs légumes, peut-être garder une laisse sur l'oncle McSuperIndésirable ? »
Le visage de Scott se froisse encore plus. Comme s'il ne voulait même pas avoir cette idée en tête.
« Ouais, je sais ce que tu ressens, mec, tu es trop jeune pour être papa. »
« Stiles, c'est sérieux. »
Stiles soupire, parce que oui, oui, ça l'est probablement.
« Je sais, il va revenir. Il revient toujours. »
Erica, Isaac et Boyd les trouvent après l'école, les mines renfrognées et pleines de questions. Ils semblaient pires que Scott, agités comme s'ils ne pouvaient pas rester calmes, comme s'ils étaient désespérés de quelque chose. Stiles avait vraiment plaisanté, mais à la façon dont ils regardent Scott, c'est comme s'ils espéraient qu'il leur dise quoi faire. Ce n'est pas un bon sentiment. C'est un mauvais sentiment. Stiles a un mauvais sentiment par rapport à tout ça. Et il utilise officiellement trop le mot « sentiment » et ça n'a même plus de sens.
« Peut-être qu'il devait partir pendant quelques temps, des affaires secrètes d'Alpha. C'est pas comme s'il nous disait tout à propos de ça. C'est pourquoi il a besoin de nous en parler. Ainsi, nous pouvons éviter de nous inquiéter inutilement quand il disparaît sans le dire à quelqu'un. » Stiles agite les bras, faisant un signe de la main, du mieux qu'il peut, envers l'absence actuelle de Derek.
« Derek semble-t-il du genre à abandonner sa meute, selon toi ? » Les sourcils inquiets de Scott restaient comme ça. Stiles en avait une vraie trouille.
Mais ouais, il devait l'admettre, Scott avait raison. Peu importe à quel point ses gosses étaient horribles, Derek pouvait le supporter. Derek ne partirait pas à moins que quelqu'un d'autre ne l'y oblige, à moins qu'il n'ait aucun choix. Stiles ne voulait pas croire que c'était les deux. C'était assez évident à ce moment précis que quelque chose de mauvais était probablement arrivé. La question est : qu'allaient-ils faire pour ça ?
« Donc nous le cherchons, pas vrai ? » dit Stiles fermement. « Nous revenons sur ses pas, où est le dernier endroit où nous l'avons vu se cacher ? »
Scott le regarde d'un air absent.
« Je ne sais pas, je ne l'ai pas vraiment beaucoup vu ces derniers temps. J'ai juste … remarqué qu'il était parti. »
Stiles lui fait un haussement de sourcils curieux, mais Scott hausse juste les épaules d'une façon qui n'est pas utile du tout.
« Tu as remarqué qu'il était parti même si tu ne l'as pas vraiment vu. C'est une autre chose de loup ? »
Scott est toujours frustré, mais il s'oblige à se calmer maintenant, Stiles peut voir cela se passer.
« Je pense. Je devrais avoir prêté plus attention. J'étais si occupé à m'inquiéter à propos d'Allison. Je ne pensais même pas que quelque chose pouvait arriver. Pas juste après Jackson et le Kanima et tout le reste. »
« Quand l'avons-nous vu pour la dernière fois? Lui as-tu parlé après tout – ce qu'il s'est passé avec Gérard ? »
Scott fronce les sourcils et il y a un mélange de culpabilité et de colère là-dessous, tourbillonnant ensemble en une seule expression.
« Non, je pensais que si quelque chose de nouveau arrivait, il serait venu chez moi. Ou m'aurait fait savoir ou… » Il hausse les épaules.
Stiles expire, fortement et bruyamment.
« Ok, donc, ça pourrait être plus dur que je le pensais. Son téléphone a-t-il le GPS ? Pouvons-nous pister son téléphone d'une façon ou une autre ? Tu devrais aller chez Danny pour ça. Parce que je suis assez sûr d'être à court de faveurs. Il te préfère de toute façon. »
« Je peux demander. » dit Scott. « Je lui demanderai la prochaine fois que je le vois. »
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Stiles est à mi-chemin d'un rêve impliquant une bibliothèque dont les livres essaient de le manger, quand son téléphone commence à vibrer. Il le cherche, avant d'être complètement secoué par la pression écrasante de livres meurtriers, reliés et aux feuilles pointues. Il réussit à faire tomber la moitié de ses affaires sur le sol, le corps toujours pas habitué à réagir aux perturbations nocturnes de son cerveau. Il louche vers l'écran dans l'obscurité avant d'appuyer sur le bouton. Il est trois heures du matin. Un samedi.
« Quelqu'un ferait mieux d'avoir été tué. »
« Stiles ! »
Il plaisantait, mais il se rend compte, avec une horrible réalisation, que quelqu'un pouvait vraiment avoir été tué. C'est sa vie maintenant.
« Nous avons trouvé Derek. » Scott ne semblait pas heureux. Il semblait essoufflé et un peu paniqué au téléphone. Il y a un ensemble de bruits secs au loin, perçant les bois et ensuite quelqu'un qui crie. « Stiles, tu dois venir ici. » Scott bougeait, Stiles pouvait le comprendre à la nature saccadée de ses mots. Il connaît aussi assez bien Scott pour savoir qu'il n'a aucune idée de quoi faire.
Stiles lutte pour sortir de ses draps, le téléphone coincé entre son épaule et son oreille, essayant de trouver son jean avant que ses yeux ne s'adaptent correctement à l'obscurité.
« Est-il… »
« Il est vivant, nous sommes chez lui… juste, viens ici. »
Scott raccroche avant que Stiles ne puisse poser toutes sortes de questions.
C'est ainsi que Stiles finit à la maison Hale à quatre heures du matin, un samedi. L'affreuse maison brûlée dans les bois commençait à perdre un peu de son attrait sinistre à cause de la familiarité.
« Scott ? » Stiles appelle son nom avant de se rendre compte que cela peut être une inimaginable mauvaise idée. Cela pouvait être la pire idée jamais eue en fait, parce qu'ils sont des loups-garous qui peuvent entendre le froissement des feuilles de l'autre côté de la ville et Stiles n'essayait même pas d'être silencieux. Bien qu'il ait le sentiment que, si c'était le genre de situation impliquant du calme et des choses essayant peut-être de les manger, Scott l'aurait mentionné. Quoiqu'il ne l'aurait probablement pas fait. Scott est affreux pour partager les renseignements importants. Ce qui faisait que Stiles ne se sentait pas mieux au sujet des grognements. Quelque chose grognait fortement, assez pour qu'il puisse l'entendre de l'extérieur, le lent son semblable à une tondeuse qui semble venir d'un énorme animal qui veut désespérément déchiqueter quelque chose.
« Stiles. »
C'est la voix de Scott, doucement prudente, comme s'il ne voulait pas faire trop de bruit mais Stiles pense qu'il peut quand même entendre la note de panique et il monte les marches du porche deux par deux, dérapant dans l'embrasure de la porte.
« Stop. Ne bouge pas. »
Il y a quelque chose dans la commande désespérée et sifflée qui gèle Stiles, le pied toujours à demi-levé du plancher. Scott est appuyé sur le côté de la porte, semblant mimer une grimace. Il tend la main vers le poignet de Stiles et ne se détend pas jusqu'à ce qu'il ne le prenne. Ses doigts étaient chauds et humides.
Le grognement, rauque et profond, venait du fond de la pièce. Stiles pouvait juste distinguer un bras pâle et replié sur lui-même dans le même coin les rayons de lumière de la demi-lune traversaient les murs, juste assez pour qu'il puisse identifier les mouvements rapides et saccadés de son torse.
« C'est Derek ? » chuchota Stiles avec incrédulité.
Scott ne dit pas un mot, parce que ça l'était, c'était évidemment lui.
« Oh mon Dieu, qu'est-ce que c'est que ce… »
« Je ne sais pas. » le coupe Scott d'une voix aiguë et inquiète. « Je ne sais pas. Il ne… il ne parle pas, il fait juste ça. » La voix de Scott se fait plus basse, si basse que Stiles peut à peine l'entendre. « Quelque chose se passe avec lui, il n'agit pas comme une personne, il n'agit même pas comme s'il savait qui je suis. »
Stiles hoche la tête, ne pouvant éloigner son regard de la forme dans son coin, qui ressemble à Derek et pourtant, ne lui ressemble pas en même temps.
« Quand es-tu arrivé ici ? » chuchota-t-il.
« Il y a deux ou trois heures. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment m'en occuper. » Scott secoue très légèrement de la tête, ses doigts se crispant par spasme autour du poignet. Stiles a le sentiment qu'il pensait à traîner Derek hors de la maison une nouvelle fois.
Ils allaient gérer ça de la même façon qu'ils le faisaient pour tout le reste, suppose Stiles, trébuchant dans le noir jusqu'à ce qu'il trouve un interrupteur ou que quelque chose les morde. Il espérait vraiment que ce n'était pas une situation mordante.
« Ah, aussi, il est nu. » rajoute Scott comme si c'est un secret dont il est un peu embarrassé.
« Oui. » dit Stiles. « Oui, il est nu, merci. Je l'avais remarqué. »
Derek n'était pas seulement nu, mais aussi en piteux état. Il semblait s'être déterré et cela semble n'avoir pas été facile. Il est moulé dans la crasse, la seule chose propre étincelant dans le noir était la lueur de ses dents, toutes les cinq millions d'entre elles, autant que Stiles puisse en juger. « Qu'est-ce qu'il lui est arrivé, bon sang ? »
« Je ne sais pas… » Scott semble peiné. « Je l'ai vu dans les bois et l'ai suivi jusqu'ici. Il ne me laisse pas m'approcher. Il n'a même pas essayé de se changer en humain. Il est resté là depuis. »
« A faire ce bruit. » suspecta Stiles.
« A peu près. Parfois, c'est pire, parfois c'est plus calme et c'est comme s'il était blessé. » La bouche de Scott se pinça de sympathie.
Les épaules de Derek sont voûtées et son dos est contre le mur. Il y a la lueur de quelque chose de brillant, sortant de la peau de son omoplate, juste à gauche de sa colonne vertébrale.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » chuchote Stiles, il ne sait pas pourquoi il chuchote, ce n'est pas comme si tout le monde ne pouvait pas l'entendre quand même de toute façon. Mais quelque chose dans le bas grognement venant du fond de la pièce disait à son cerveau reptilien que ne pas attirer l'attention sur lui était une très bonne chose.
« Je crois que c'est un couteau cassé. »
« Il a un couteau cassé dans son dos et personne ne pense à le sortir ? » dit brusquement Stiles.
Scott lève lentement les mains. « Tu penses qu'on devrait essayer ? Mais ça veut dire s'approcher et lui retirer. »
Stiles jette un regard aux yeux rouges brillant dans l'obscurité et aux bout des dents, exposées et absolument prêtes à déchirer la douce chair humaine et décide que, non, rester ici est en quelque sorte parfait pour lui après tout.
« Et Erica, Isaac et Boyd, ils sont sa meute, pourquoi ils ne sont pas ici ? »
« Ils étaient là » dit Scott. « Je les ai appelés tout de suite. Ça ne s'est pas exactement bien passé. »
Stiles fit un pas prudent vers Scott, glissant sur les lattes de bois.
« Définis 'pas exactement bien passé'. »
« Erica a dû traîner Boyd dehors parce que Derek a à peu près arraché son bras et Isaac doit guérir de plusieurs côtes cassées et plusieurs marques de griffes. Derek les a juste attaqués et il n'a pas arrêté de grogner jusqu'à ce qu'ils soient partis. »
Stiles sent un frisson glacial le parcourir et retient le désir très réel de cogner contre le bras de Scott. S'il n'était pas inquiet d'être terriblement mutilé, s'il osait faire un mouvement brusque, il pourrait le faire.
« Oh mon dieu et tu as essayé de me faire aller là-bas ? »
« Je n'ai pas essayé de te le faire faire. » dit Scott, ce qui est un mensonge. « En plus, il me grogne dessus, il ne grogne pas sur toi. »
« Probablement parce qu'il croit que je suis le petit déjeuner. Il croit que tu lui as apporté le petit déjeuner et le petit déjeuner n'est pas menaçant. Tu ne grognes pas sur un petit déjeuner, tu le manges. Merci, à ce propos, de faire de moi un plat à emporter, j'apprécie. »
Le visage coupable de Scott est une chose à chérir, mais ce n'est pas vraiment le moment. Stiles peut toujours sentir la poigne en sueur de Scott, la façon dont ses doigts sont juste un peu trop serrés autour de son poignet.
« Ton odeur doit juste sembler familière. » Scott semble deviner. « Et tu n'es pas un loup-garou. Je ne pense pas qu'il veuille d'autres loups-garous près de lui, parce qu'il est blessé et vulnérable et en quelques sorte… »
Ils regardent tous deux le visage de Derek.
« Absent pour le moment ? » offre Stiles et honnêtement, c'est la façon la plus polie qu'il puisse trouver pour l'exprimer.
« Ouais. » dit Scott maladroitement, il semble ne toujours pas savoir ce qu'il se passe.
« Donc mon odeur est familière, mais pas d'une façon menaçante, du point de vue des loups-garous, une sorte de viande délicieuse et savoureuse ? »
« Non… je veux dire, et bien, oui… »
Stiles lui lance un regard scandalisé.
« Ce n'est pas la partie importante. » continue Scott précipitamment, comme s'il ne venait pas de reconnaître qu'il y a une vague possibilité que Stiles sente délicieusement bon, sur une base quotidienne et non pas d'une façon sexy et/ou amusante. C'est le genre de chose que Stiles pense qui aurait dû être partagé plus tôt. Ou peut-être jamais partagé du tout. Considérant que son cercle social se compose à quatre-vingt pour cent de loups-garous.
« Pas la partie importante ? Il y a un loup-garou sauvage qui peut, ou peut ne pas, vouloir dévorer mes tripes à quatre mètres de moi. »
« Tu n'es pas une menace. »
Scott devinait encore, Stiles peut le voir au petit haussement d'épaules impuissant. Scott n'est officiellement plus autorisé à prendre des décisions qui peuvent avoir un impact sur la capacité à continuer de respirer de Stiles. Scott n'est officiellement plus autorisé à prendre de décisions, point. Aucune prise de décision pour Scott.
« Non, je ne suis pas une menace, parce que je suis incroyablement fragile et cassable. »
« Nous devons faire quelque chose. »
Derek grogne toujours, mais il s'est mis dans une position basse accroupie, il ne semble plus disposé à bondir et à mordre la cage thoracique de quelqu'un. Ce qui n'est pas aussi réconfortant que vous le penseriez.
« Qu'est-ce que j'étais supposé faire exactement ? Aller là-bas, tendre la main et espérer qu'il ne décide pas de me la manger ? »
Scott hausse les épaules.
Stiles est abasourdi, il n'y avait pas d'autre mot pour ça.
« Oh mon Dieu, c'était ton plan n'est-ce pas ? Tu es le pire des amis, vraiment le pire, tu le sais ça ? »
Scott semble au moins coupable d'être le pire des amis.
« De tous les plans stupides… » Stiles réalise qu'il est déjà en train de retrousser ses manches. Il regarde déjà Derek, comme pour juger à exactement quelle distance il pouvait aller avant d'être officiellement à distance de saut. « Je t'ai déjà dit que tes plans sont stupides ? Parce que j'ai l'impression que je devrais le dire plus souvent, peut-être sur une base quotidienne. »
« Tu as d'habitude de meilleurs plans. » dit Scott, ce qui est vrai. Il regarde Stiles s'avancer de lui-même vers la masse sale de dents et de griffes dans le coin. « Peut-être que ce n'est pas une si bonne idée. »
« Il est un peu tard pour ça, pas vrai ? » répond Stiles d'un air grognon en continuant de bouger.
« Stiles ? »
Stiles est déjà juste dans ligne de vue de Derek – comme s'il ne les regarde pas déjà de toute façon – et sérieusement, à la première allusion d'un grognement, il sortirait. Ça n'aide pas que Scott commence à faire ce son doux et plaintif, comme si Stiles allait se faire arracher un bras et que Scott allait devoir l'expliquer à son père. Stiles aime ses bras et il aimerait vraiment qu'ils restent où ils sont. Il fait quelques pas de plus et est sans aucun doute à distance de saut maintenant. Il tend presque la main, se sentant à la fois légèrement terrifié et terriblement idiot et ces deux émotions ne sont pas une bonne association.
Derek lève la tête en un instant et Stiles se fige. Il tente un regard vers Scott, qui retient sa respiration contre le mur, les mains ouvertes comme s'il pouvait essayer de ramener Stiles vers lui et oui, merci, c'est un brillant rappel de combien c'est dangereux. Bien que Stiles prenne un peu de réconfort dans le fait que Scott le ferait vraiment, au mépris de sa propre sécurité.
D'une façon ou une d'autre, entre une respiration et la suivante, Stiles posa ses doigts contre l'épaule de Derek. C'est glissant avec la sueur, pas aussi chaud que Stiles en a l'habitude pour des loups-garous. Il expire et met une légère pression sur la peau.
« Hey, Derek » dit-il désespérément, parce qu'il n'avait aucune idée de ce qu'on est censé dire lorsqu'on trouve une de ses connaissances... loups-garouesques ayant complètement perdu la tête, grognant comme s'il était sur le point de voir quel goût avaient tes tripes. Il n'y a pas de manuel pour ça. Stiles pensait que s'il survivait, il pourrait en écrire un.
Le visage de Derek est étrange. Il n'y a rien de reconnaissable à cet instant, aucun mélange d'émotion humaine, ou même la colère familière. C'est juste ça. Ses yeux aussi sont étranges, d'un rouge humide, comme s'ils avaient saigné, avec des pupilles énormes et sombres. Sa lèvre supérieure est toujours retroussée sur ses dents – et il y a actuellement beaucoup de dents – mais surtout, ses yeux et ses dents sont concentrés sur Scott.
« Devrais-je le caresser ? » Cela n'avait pas semblé si mauvais dans la tête de Stiles.
Scott le regarde comme s'il était idiot.
« Bien, désolé, mais je n'ai aucune idée de quoi faire avec des loups-garous sauvages. Et aussi, chose importante, nous ne dirons jamais à Derek que j'ai demandé si je pouvais le caresser, jamais. »
Scott soupire et hausse ensuite les épaules – et c'est une foutue grande aide, merci Scott. Stiles respire profondément et déplace sa main, de sorte à tapoter l'épaule de Derek d'une façon douce et complètement pas-menaçante.
« Sans offense, Derek, mais tu es dans un état pitoyable. Qu'est-ce qui t'est arrivé, mec ? »
Derek incline la tête vers l'avant, juste un peu et Stiles ne peut s'en empêcher, il soulève très soigneusement sa main et la glisse dans les cheveux de Derek. C'est doux et piquant en même temps et il y a des pellicules marron rouge près de la peau. Le bas grognement diminue continuellement jusqu'à s'arrêter complètement.
Stiles déglutit et laisse sa main continuer à faire ce qu'elle faisait.
« C'est un bon signe ou un mauvais signe. » il chuchote parce qu'il sait que Scott peut l'entendre.
« Un bon. » dit Scott avec un soupir. « C'est sans aucun doute un bon signe. »
Stiles ne peut retenir le petit bruit tremblant de soulagement qu'il fait. Derek reniflait sa main maintenant, d'une façon curieuse et pas vraiment menaçante, mais toujours d'un genre très dérangeant.
« S'il me renifle le cul, je vais te tuer, putain. » grogne-t-il à Scott entre ses dents.
Scott fait un bruit choqué dans sa gorge qui ressemble à de l'amusement mais aussi à de l'horreur. Derek montre ses dents dans sa direction. Ce qui est sans aucun doute le plus perturbant quand son visage ressemble à ça.
« Pourquoi il ne change pas ? » demande Scott, comme si Stiles était censé savoir ça. Pourquoi tout le monde s'attend à ce qu'il sache ce genre de chose ? Il n'est pas 'l'homme qui chuchotait à l'oreille des loup-garous' – malgré les caresses pour loup-garou sauvage.
Stiles hausse les épaules. « Peut-être qu'il se sent toujours menacé. » devine-t-il. « Ou peut-être qu'il a besoin d'une stabilité émotionnelle pour le faire, ce qu'il n'a pas actuellement. »
Les lattes grincent et Stiles peut suivre le chemin de Scott le long de la pièce grâce aux yeux de Derek.
Son dos est chaud et en sueur sous la sinistre couche de crasse et de vieux sang – et, à en juger par la quantité de vieux sang, Derek avait eu pire qu'un couteau dans le dos pendant les trois dernières semaines.
« Je vais le retirer » dit lentement Stiles.
Derek l'observe maintenant – et c'est plus que légèrement terrifiant de si près – ses yeux brillent d'une couleur cramoisie et Stiles se souvient, tardivement, qu'on n'est pas censé regarder un chien dans les yeux. Parce qu'il le prendra comme une invitation pour vous arracher le visage. Il est presque certain que penser à Derek comme à un chien n'aide probablement pas dans cette situation non plus.
« Mec, c'est sale et cassé. Je n'en ai rien à faire que tu sois un loup-garou ou pas, ça demande juste à devenir une horrible infection. » Il lève la main jusqu'à ce qu'elle volette au-dessus de cette barre de métal rougeoyante.
Le grognement prend de l'ampleur, vacillant de l'avertissement à la menace et tous les poils de Stiles se redressent soudainement. Il est assez sûr qu'il va se faire mordre le visage s'il se rapproche.
« Stiles. » La voix de fillette affolée de Scott est trop aiguë et ne fait rien de bon pour ses nerfs.
« Ok, ok. » Stiles retire lentement sa main en essayant vaillamment de ne pas perdre le contrôle de sa vessie. « Ok, on ne touche pas l'horrible blessure ouverte. Nous la laisserons suppurer, c'est génial. Félicitations pour tes choix de vie, Derek, ils sont formidables comme toujours. »
Derek regarde sa main fixement, son visage ensuite, puis une nouvelle fois sa main. Quand il semble admettre que Stiles ne va pas arracher la chose quand il ne regarde pas, il se calme de nouveau.
« Nous pourrions le droguer, tu ne penses pas ? » dit doucement Stiles. « Le soigner quand il est inconscient ? »
Le visage de Scott passe par une sorte de grimace scandalisée.
« Dois-tu dire des trucs comme ça quand il peut t'entendre ? »
Stiles regarde ostensiblement Derek vers Scott, bien qu'il ne pense pas que Scott le comprenne.
« Je suis assez certain que Derek ne comprend pas un mot de ce que je dis en ce moment. » dit-il soigneusement.
« Je ne sais même pas si tu peux nous droguer. Nous ne savons pas ce qui est déjà dans son organisme. Je ne crois pas qu'il nous laisserait approcher avec du wolfbane. De plus, regarde-le, je suis sûr que rien de tout ce qu'on pourrait lui donner ne marchera. Je pourrais demander à Deaton, mais à part ça… ? » Scott secoue la tête. « Je ne sais pas. »
« On ne peut pas juste le laisser comme ça ? » dit sagement Stiles. Parce que Derek est, pour le dire brusquement, dans un état effrayant.
« Je ne pense pas qu'il y ait un danger quelconque. Ça pourrait être mieux de juste attendre jusqu'à… ce qu'il redevienne lui-même. »
« Tu crois que ça va arriver ? »
Scott le regarde et le froncement de sourcil indique qu'il n'en a aucune idée. Il fait un pas en avant-
-Il y a un bras autour de la taille de Stiles, le tirant en arrière à travers le plancher, ses genoux râpant sur les lattes et il sait qu'il y a de foutues échardes dans les paumes de ses mains. Il finit recroquevillé sous le corps boueux de Derek et la poigne est assez serrée pour expulser tout l'air de ses poumons. Le grognement revient, sec et profond et Stiles se crispe complètement, se préparant à n'importe quoi.
« Stiles. » dit brusquement Scott – et Stiles peut dire à la façon dont il est tapi vers le sol et tendu, que Scott est prêt à faire quelque chose de génialement stupide. Il aimerait vraiment être attendri, parce que Scott est le meilleur, il l'est. Mais cela ne change pas le fait que Scott allait se faire arracher la gorge s'il essayait et ça c'est inacceptable.
« Reste-là. » dit Stiles, il essaye d'avoir une voix ferme mais elle sort étouffée. « Ne bouge pas, ne bouge surtout pas. »
Scott, Dieu merci, l'écoute, bien qu'il ne le veuille clairement pas. C'est seulement parce qu'il a confiance en lui. Stiles ne savait même pas s'il se faisait confiance à lui-même là. Derek haletait, humide de sueur et sentant comme quelque chose de mort. Il tire Stiles plus près de lui, le bras se resserrant à un niveau étouffant, parce que Scott semble toujours vouloir vraiment essayer quelque chose. Stiles a l'impression que les grognements de Derek font vibrer son dos et c'est toujours foutrement angoissant.
« Putain de merde, sérieusement, Derek, j'ai besoin de respirer – Scott, recule, il va m'écraser. »
Scott fait un pas en arrière.
« Derek. » Stiles cogne son bras du poing et oui, pendant une seconde, il ne peut pas croire qu'il l'ait fait- mais Derek détend son bras. Assez pour qu'il puisse se mettre à genoux, mais pas assez pour qu'il puisse s'échapper et Stiles jure, avec amertume.
« Je ne suis pas ton foutu jouet à mâcher. » respire-t-il d'une voix asthmatiforme.
« Stiles ? »
« Ça va. » dit faiblement Stiles. C'est… probablement vrai ? Il penche très soigneusement la tête sur le côté pour vérifier. Derek ne semble plus planifier quelque chose de mortel. Il ressemble à un chien furieux, bloqué dans un coin, à qui on aurait donné tellement de coups de pied qu'il mordrait n'importe quoi qui s'approcherait. N'importe quoi, sauf Stiles, apparemment.
« Félicitations, tu es son préféré. » souffle Scott, ne semblant pas savoir s'il fallait être soulagé, abasourdi ou scandalisé.
« Hourra. » rétorque Stiles avec un manque complet d'enthousiasme. Il tente un autre coup prudent. « Allez Derek, laisse-moi y aller. Scott n'a aucune intention de m'assassiner. »
Derek grogne, mais Stiles est capable de sortir de sa prise, sans que quelque chose de terrible ne se passe.
Stiles jette un œil à sa chemise, au bras et au torse sales de Derek et fronce son nez.
« Bordel de merde. » s'étouffe Scott, comme si Stiles n'avait pas été le seul en danger à se pisser dessus.
« Wow, ouais, ce n'était pas du tout plaisant. » Stiles fait prudemment de deux ou trois pas en arrière et Derek n'essaye pas de le ramener de nouveau ou de faire quelque chose d'affreux.
Scott semble peu sûr de s'il pouvait tendre le bras pour le toucher ou pas.
« Il est rentré à la maison, pas vrai ? Cela doit vouloir dire quelque chose. » Scott peut passer de la peur à l'enthousiasme empli d'espoir si vite que c'en est presque drôle.
« Pas vraiment. » dit Stiles. « Je veux dire que les chiens reviennent au dernier endroit où ils ont été malade. Donc, je ne chercherais pas trop l'intention là. »
« Je ne peux pas rester ici. Ma mère va bientôt rentrer. » Scott semble inquiet et c'est impressionnant de voir comment il peut mettre, sa mère en colère et Derek déchirant sa gorge, dans la même catégorie. « Je devrais au moins faire comme si je ne suis pas sorti de la nuit. Je ne peux pas être puni pour ça avec ce qu'il se passe. Ton père… »
« Il est du matin. » dit Stiles et plus il parle, moins il se sent coupable. « Il devrait déjà être parti. »
Stiles vit clairement le visage constipé par la culpabilité de Scott et comprit immédiatement. Il n'aimait pas ça du tout, mais le comprenait. Il ne pouvait que se blâmer. Cela devrait être plus dur de parler des choses, surtout celles d'une nature surnaturelle et douteuse.
Il hoche de la tête.
« Tu veux que je fasse le 'Derek-sitter', pas vrai ? »
Au moins, Scott semble coupable pour ça.
« Assure-toi juste que personne ne vienne. Il n'est pas exactement capable de s'occuper de quoi que ce soit pour le moment. »
« Au contraire, je crois qu'il est plus à même de s'en occuper. C'est juste que ça ne va pas impliquer beaucoup de conversation. Mordre et griffer, et du sang, et des grognements sourds, oui, mais parler, pas vraiment. »
« Ce qui ne se terminera pas bien pour nous. » Scott ne devrait pas être autorisé à utiliser le sarcasme. Il exagérait toujours.
Stiles sait qu'il va céder, il le sait.
« Juste pour que tu le saches, si Derek décide de me bouffer les tripes pendant ton absence, nous ne sommes officiellement plus amis. »
Scott semble maintenant hésitant à partir, comme s'il a en fait peur de revenir pour retrouver les tripes de Stiles dévorées. Stiles décide qu'il va le détester un petit peu, juste quelques temps.
« Apporte un peu de nourriture, quelque chose qui sent bon pour toi et rien qui ne ressemble à ma jeune et souple chair. Et quelques vêtements peut-être, je crois que des vêtements lui iraient formidablement bien là tout de suite. » suggère Stiles.
« Il ne semble pas d'humeur à s'habiller. »
« Ça me ferait me sentir tellement mieux. Puisque je demande au moins d'avoir un repas très agréable avant que je laisse les gens coller leurs corps nus contre moi. »
« Il y a probablement quelques vêtements ici. » Scott fait un geste en direction des escaliers, ou ce qu'il en reste et vers où Stiles ne voulait vraiment pas aller, dans le cas où il passerait à travers le plancher ou quelque chose du genre. « Je veux dire qu'il avait l'habitude de rester ici, et il est parti précipitamment donc… » Il hausse les épaules.
Il regarde Stiles en reculant vers la porte, le visage plissé de la culpabilité d'être forcé de l'abandonner, puis il part et toute l'énormité de la situation tombe en un silence de plomb.
« Merde. »
Stiles décide que la première chose qu'ils allaient faire n'était pas de trouver des vêtements. Il est assez sûr que Derek avait fait rebrancher l'eau, avant tout autre chose, et il n'y a pas à réfléchir pour savoir que Derek ne peut pas rester comme ça. C'était dégoûtant. Mais Stiles ne sait pas si Derek lui permettrait même de le mettre dans la douche, ou si cela serait un désastre équivalent à baigner un chien, complet avec option morsure. Enfin, Derek a l'odeur de quelqu'un qu'on avait traîné à travers un abattoir et qu'on l'avait roulé ensuite dans un champ pour le sécher et il n'y a aucun moyen pour que Stiles soit capable de tolérer cette odeur. Il n'avait aucune idée de comment Derek s'en accommodait, parce que cela devait être mille fois plus mauvais pour lui.
C'est une bonne chose que Scott ne soit plus ici pour lui dire à quel point c'est une mauvaise idée. Il n'avait aucun problème à imaginer quelle tête ferait Scott s'il savait à quoi pensait Stiles. Ce serait un visage pincé, sans aucun doute dessus. Il le mériterait probablement.
Stiles enroule une main autour du bras de Derek et le tire très prudemment.
« Ok, hum, allez - viens. »
Cela prend deux ou trois tirades avant que Derek ne comprenne, ce qui était heureux car il n'y avait aucune chance que Stiles puisse le déplacer sans son aide. Il devait être assez curieux – ou peut-être qu'il s'ennuyait dans son coin, parce qu'il le suit.
Il le suit jusqu'en haut sans se plaindre. Stiles croyait qu'il aurait pu avoir un problème avec les escaliers, mais il enfonçait juste ses griffes dans le bois et les grimpait trois à la fois.
Derek est apparemment assez maniable pour être poussé dans le bain. Ce qui est inattendu. Bien que cela puisse être la fin de la partie facile. Stiles est complètement préparé –probablement préparé – à ce qu'il se débatte, grogne et proteste furieusement, peut-être même quelques morsures. Il est prêt à ça. Derek ne fait rien de tout ça. L'eau se précipite du pommeau de douche avec un lourd « clunk » et Derek pousse juste sa tête hors du flot d'eau et semble sauvagement malheureux. C'est en quelque sorte triste et horrible. Stiles se sent presque coupable – mais l'eau emporte le sable et les choses affreuses contre les bords blancs. Le sang, la peau et la crasse – et ce qui semblait être des petits morceaux d'os et de chose que Stiles ne voulait pas reconnaître. Il lui faut une seconde pour réaliser qu'il va devoir l'aider, qu'il va devoir faire autre chose que pencher le jet dans les directions utiles.
Et ensuite, une fois commencé – dès qu'il avait fait un endroit propre – il ne peut s'arrêter. Cela ressemble à une sorte de terrible compulsion.
L'inconvénient avec Derek plus propre, c'était qu'il semble considérablement plus nu. Sérieusement, il y a beaucoup de nudité dont il faut s'occuper. Stiles essayait de le regarder sans vraiment le regarder. Ce qui était vraiment dur considérant qu'il essayait de le laver. Donc il se concentre surtout sur les parties sûres, s'excusant de temps en temps et en promettant de retirer ça de sa mémoire – ou d'essayer très durement de retirer ça de sa mémoire. Si quelqu'un lui demandait ce qu'il avait fait à quatre heures et demi, un samedi matin, Stiles pourrait dire qu'il avait shampooiné Derek Hale. C'est sa vie maintenant.
Il y a un tranquille et très humide ébrouement quand il eut du shampooing dans l'œil, mais il n'y a aucune plainte.
« Je ne pensais pas que tu pouvais être encore moins bavard que tu l'étais déjà. » lui dit Stiles en résistant au désir de faire des choses ridicules avec les cheveux de Derek, maintenant qu'il l'avait tout shampooiné. Parce que c'est juste là et il avait déjà la main dedans. À la place, il le penche vers le jet qui les aplatit et les assombrit.
Derek sursaute un peu quand l'eau tombe sur la lame toujours plantée dans son dos et Stiles grimace de sympathie.
« Derek, tu dois me laisser la sortir. »
Stiles se faufile dans son dos et fait un geste vers le métal luisant. Il mime le geste pour le retirer et Derek le regarde juste fixement d'un air absent. C'est vrai, il ne comprend pas vraiment ce qu'il veut faire.
« Ok, sérieusement, je vais juste le faire. » Il pose sa main sur une omoplate et ça tremble, le grognement tranquille commence dans le fond de sa gorge. « C'est bon, ça va aller, je vais te l'enlever et tu te sentiras foutrement mieux, je te le promets. »
Les grognements s'arrêtent et il se rapproche.
« J'irais aussi vite que je peux, si tu promets de ne pas me manger, ok ? Il y a une promesse réciproque de donner aussi peu de douleur que possible. Parce que tu peux guérir de ce que cette chose t'a fait, mais je ne peux pas guérir si tu m'attaques sauvagement, tu le sais. Tu savais ça, quand tu n'étais pas dans ta période 'Loup-garou de la jungle' ? »
Le métal est glissant avec le sang et l'eau, et la peau avait essayé de se guérir, se rouvrant à chaque fois que Derek bougeait, à chaque fois que ses épaules ondulaient, à chaque respiration. C'est presque impossible de l'attraper et Derek grogne comme un ours, comme si la possibilité de se retourner et planter ses crocs dans la gorge de Stiles est toujours une option. Oh mon dieu, s'il vous plaît, que ce ne soit pas une option.
« Ne me mange pas. » dit prudemment Stiles, avec ce qui n'est sans aucun doute pas un ton calme et détendu. « Ne me mange pas, nous sommes cool. Je vais juste retirer ce foutu énorme morceau de métal de toi. » Stiles réussit à avoir une prise, finalement, les bouts de doigts creusant dans le vieux sang et le nouveau et il tire vers le haut, à travers les couches de muscles et de peau et ça ne veut pas venir. C'est assez résolu de rester planté là. Il y a un grognement bas et humide maintenant et Stiles ne sait pas s'il faut continuer à tirer ou s'éloigner à une distance de sécurité. Mais il n'a jamais été très bon avec les décisions pour son instinct de survie donc il continue de tirer.
Centimètre par centimètre, le couteau vient, dans un flot de sang.
« Ne vomis pas. » marmonne Stiles à voix basse. Pensant qu'il n'est pas vraiment sûr que ce soit une fausse bravade ou pas, parce que c'est bien plus long qu'il ne s'y attendait. Il avait dû se casser juste au niveau du manche. Stiles a une horrible image mentale, de ce truc grinçant contre les côtes et les poumons de Derek, pendant des heures ou plus longtemps, des jours peut-être. « Ne vomis pas. » Sa voix sonne voilée et lointaine.
Et après, c'est fait et il a un morceau de métal lourd, chaud et humide dans la main. Il le lance, instinctivement aussi loin qu'il peut, l'entendant claquer contre un des murs.
« Ouais, c'est bon, regarde, je te l'avais dit. » Il penche légèrement Derek afin que l'eau puisse rincer la blessure. C'est déjà presque guéri, la peau se reconstituant déjà. Il laisse Derek là une seconde tandis qu'il cherche dans un des placards carbonisés. « Ok, donc, tu as des serviettes, non ? Tu dois avoir des serviettes, où gardes-tu les serviettes ? Probablement pas près de quelque chose de brûlé parce qu'elles deviendraient juste toutes sal- »
Il y a un son de peau dérapant sur le carrelage et ensuite, Stiles a le visage plein de gouttelettes d'eau. Derek est hors du bain, partant déjà, des empreintes de pas mouillées, la peau ruisselante et un cul phénoménal – et ce n'est pas ce pourquoi Stiles avait signé aujourd'hui. Cela ne l'est vraiment pas.
Finalement il trouve quelques vêtements empilés sur une chaise dans une des chambres à coucher.
Derek est réticent à l'idée de mettre un caleçon. C'est comme essayer de mettre une robe à un chat. Un chat, très fort, d'un mètre quatre-vingt. Le caleçon ne survit pas à l'expérience et c'est assez humiliant pour chaque partie impliquée. Cela avait été beaucoup plus facile avec Jackson.
Bien que, pour être honnête, il avait été inconscient.
A suivre...
Alors, qu'en dites-vous? On continue?
Encore merci à Haganemaru (cela va de soi) et aux bêtas pour ce premier chapitre!