Voila l'ultime chapitre de cette fiction un peu différente! J'espère que vous l'avez aimé! encore merci et à bientôt peut être ;)

Julia


Epilogue

L'air était doux et tiède encore à cette heure de la journée. Le soleil disparaissait à l'horizon, derrière les montagnes qui se profilaient au loin, après ces immenses bandes de terres agricoles. Après ces champs, ces prairies, la ville qui grandissait quelques kilomètres plus loin. Ce mois d'août était chaud et agréable, et il avait voulu profiter de cette soirée pour se rendre à cet endroit, pour regarder le soleil disparaître, comme il l'avait fait pendant tant d'années. Aujourd'hui, il se trouvait seul sur ce banc en pierre en dessous du grand chêne, au sommet de cette petite colline de laquelle il voyait sa demeure au bout du chemin en gravillons. Aujourd'hui, il ne tenait plus dans le creux de sa main celle de son épouse, celle qu'il avait aimé pendant des années. Ils avaient vu un nombre incalculable de couchés de soleil sur ce banc, ensemble. Et aujourd'hui , il se trouvait sur ce même banc, regardant la tombe en face de lui. Elle l'avait quitté il y a trois ans, trois ans qu'il vivait sans elle et qu'elle lui manquait terriblement. Il venait aussi souvent que possible déposer des fleurs sur la pierre sombre, portant un baiser sur ses doigts qu'il laissait glisser sur son nom gravé, comme lorsqu'il caressait les lèvres de Julia. William passait des heures assis devant cette pierre tombale, en silence, perdu dans ses souvenirs.

Un faible souffle de vent caressa sa peau et il sourit tendrement, faisant frémir sa moustache blanche.

-Encore assis ici Papa, lança la voix de la jeune femme qui approchait.

Il leva les yeux vers elle et elle lui sourit en retour. Ses boucles blondes volaient au vent, son regard aussi bleu que l'océan était doux et tendre et ses fines lèvres s'étiraient en un long sourire. Olivia était le portrait craché de sa mère. Elle s'approcha de William pour venir s'asseoir à ses côtés et prendre sa main, posant sa tête sur son épaule en soupirant profondément.

-Tu sais que je ne peux me résoudre à ne pas venir sur sa tombe, murmura William d'une voix grave et enraillée par le temps, surtout aujourd'hui.

-Je sais, soupira la jeune femme, elle te manque.

-Elle me manque depuis le jour où elle a disparu, à chaque seconde.

Olivia ne répondit pas et elle se serra un peu plus contre le vieil homme pour savourer son étreinte réconfortante. Il la tint un long moment contre lui, avant de baisser les yeux vers elle et de déposer un baiser dans ses cheveux.

-Tu lui ressemble tellement.

-Je ne serai jamais une aussi bonne Docteur qu'elle le fut.

-Elle disait toujours que tu étais bien pus douée qu'elle.

-Elle restera pour moi le meilleur médecin que je n'ai jamais connu, forte, courageuse, compatissante, douce.

-Et incroyablement entêtée, ajouta William en riant suivit par la jeune femme, tu l'es aussi.

Olivia se redressa un peu pour croiser le regard de William qui caressa tendrement sa joue avant de reprendre la parole.

-Et tu es aussi belle que ta mère l'a été.

La jeune femme rougit et le vieil homme lui prit tendrement ses mains dans les siennes avant d'inspirer profondément.

-Je suis fatigué Olivia, murmura-t-il dans un souffle.

-Nous devrions rentrer dans ce cas, le dîner...

-Vraiment fatigué, coupa doucement William en plongeant son regard dans le sien.

La jeune femme ne répondit pas, gardant sa bouche entre ouverte, comprenant ce qu'il essayait de lui dire. Elle sentit alors une larme glisser sur sa joue qu'il essuya du bout des doigts.

-Je sais que tout se passera bien pour toi, pour ton frère et ta sœur. Sophie est sur le point d'avoir un autre enfant et elle s'occupe du ranch avec brio, Matthew est promu Détective et tu es la directrice de l'hôpital pour enfant de la ville. Je n'ai aucun souci à me faire pour vous. Vous avez tous les trois votre famille, la vie dont vous rêviez, vous n'avez plus besoin de vos parents.

-Ne dis pas ça, lança Olivia en colère, nous avons besoin de toi, tu ne peux pas nous laisser papa.

-Je ne suis pas immortel. Nous vous avons montré le chemin à suivre, vous avez fait vos propres choix et aujourd'hui vous devez vivre. Je ne veux plus me battre Olivia. Ma vie fut bien remplie, de bonheurs, d'épreuves et de douleurs. J'ai vécu les plus belles années de celle-ci avec ta mère ici, j'étais auprès d'elle lorsqu'elle s'est éteinte et aujourd'hui c'est mon tour de vous dire adieu.

La jeune femme pleura alors encore quelques secondes et il l'attira contre lui pour une tendre étreinte.

-Je serai toujours là Olivia, comme votre mère est là, dans vos cœur. Mais le temps est venu pour moi.

Olivia ne répondit pas et elle se serra un peu plus contre lui, pleurant doucement dans le creux de son cou. Puis, lorsqu'elle se calma, ils se séparèrent à peine pour croiser leur regard. William essuya une de ses larmes avant de reprendre la parole.

-Viens, nous devons rentrer au ranch, le dîner doit être prêt.

Olivia acquiesça alors simplement et d'un même mouvement, ils se levèrent. William vacilla et sa fille la retint quelques secondes pour qu'il puisse se saisir de sa canne. Ils jetèrent un dernier regard sur la tombe de Julia et doucement, ils empruntèrent le sentier pour rejoindre la demeure en contre bas.


Le dîner se terminait déjà, se trouvaient attablés William en bout de table, Olivia à côté de lui, Matthew de l'autre, et Sophie un peu plus loin. Tous les trois étaient avec leur époux et épouse respectifs, laissant leurs enfants chahuter autour de la longue table en bois. En face de William, bien des mètres plus loin se trouvait une chaise vide, celle qu'avait occupé la maîtresse de maison depuis des années. Malgré les discussions animées, les rires et les exclamations, Olivia remarqua à plusieurs reprises William jeter un regard à cette chaise vide. Il avait très peu parlé ce soir là si ce n'est pour donner son avis sur telle ou telle conversation. Il avait pourtant longuement regarder ses enfants, Matthew qui était un bel homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs et au regard bleu, Olivia qui était le portrait de sa mère et de sept ans son aînée et Sophie, leur plus jeune fille, dont les cheveux roux ondulaient dans son dos et dont le regard sombre lançait des éclairs de malice. Leurs deux plus jeunes enfants étaient un mélange parfait de leur père et de leur mère et William étaient fier d'eux. Fier des choix qu'ils avaient fait, fier d'avoir eu deux enfants merveilleux avec la femme qu'il avait profondément aimé. Fier d'avoir été considéré comme le père d'Olivia dès la première année où il avait vécu avec elle. Elle n'avait pas été sa fille biologique contrairement aux autres, mais il l'aimait tout autant, comme si ce détail n'avait pas eu la moindre importance à ses yeux.

Après avoir regardé tour à tour ses enfants et ses petits enfants, il prit enfin la parole d'une voix calme et posée.

-Sophie, lança t-il à sa fille, et si tu nous jouais quelque chose ce soir.

-Chopin? Proposa la jeune femme.

-Elle aurai adoré.

-Oh non encore soupira Matthew, et pourquoi pas quelque chose de plus endiablé? Maman aimait Glen Miller aussi. Je pense que pour son anniversaire c'est plus approprié.

-Je joue du piano Matt, lança Sophie en se levant de table, pas de la trompette.

Le jeune homme roula des yeux et William ne put s'empêcher de rire, il avait si souvent vu les chamailleries entre ses deux plus jeunes enfants qu'il ne se lassait jamais de les voir se taquiner de la sorte. Ainsi Sophie commença la douce mélodie dans un silence de cathédrale, même les plus jeunes restaient silencieux. William écouta avec attention cette mélodie qui lui rappelait tant de souvenirs, cette mélodie que Julia affectionnait tellement. Une larme glissa sur sa joue sans qu'il ne le remarque et aussitôt, la main d'Olivia se glissa dans la sienne. Ils échangèrent un simple timide sourire et une fois la musique terminée, le père de famille se leva.

-Je vais aller me coucher, je suis épuisé.

Il se dirigea vers Sophie qu'il prit dans ses bras pour déposer un long baiser dans ses cheveux.

-Merci mon ange, murmura-t-il tendrement.

Il s'éloigna d'elle et il lui sourit avant qu'elle ne dépose un baise sur sa joue.

-Bonne nuit papa.

Celui-ci se tourna vers Matthew qui s'avança vers lui pour une étreinte.

-Bonne nuit papa, dit-il en s'éloignant déjà.

-Bonne nuit fiston.

-Nous pourrons parler de l'affaire demain, j'ai vraiment besoin de ton avis.

-Je suis certain que tu trouveras la réponse par toi-même, tu es un très bon enquêteur.

Il lui sourit et il se dirigea vers la porte de la grande salle à manger en marchant doucement lorsqu'Olivia arriva à sa hauteur, les yeux humides. Déjà les autres personnes ne faisaient plus attention à eux, reprenant leur conversation lorsque la jeune femme se lova dans ses bras.

-Prends bien soin d'eux Olivia, murmura William dans ses cheveux, ils auront besoin de toi. Je vous aime, ne l'oublie jamais.

-Je ne le ferai pas, sanglota Olivia.

Il déposa un autre baiser dans ses cheveux et il s'éloigna simplement d'elle. Elle le regarda monter les marches de l'escalier conduisant à l'étage. Il lui sourit tendrement une dernière fois et le cœur de la jeune femme se serra dans sa poitrine. Elle savait qu'elle le voyait pour la dernière fois, que l'homme qui l'avait élevé avait décidé de se laisser aller, qu'il était prêt.


William mit de longues minutes pour se préparer ce soir là, il s'allongea dans la pénombre de la chambre qu'il avait partagé avec Julia pendant des années, dans ce lit où il l'avait retrouvé chaque nuit. Il tourna le visage vers la table de nuit pour y voir une photographie y trôner fièrement. Ils se tenaient tous les deux enlacés sous le grand chêne, elle portait une robe de mariée somptueuse et lui un costume sombre. Ils souriaient à l'objectif, heureux, ensembles.

-Je vais te retrouver mon amour, murmura-t-il avant de fermer les yeux, avant de s'endormir simplement pour ce qui était son dernier et éternel sommeil.

Il se trouvait dans une prairie gorgée de soleil, entouré de coquelicots et d'herbes hautes. Le soleil l'éblouissait mais pourtant il ne sentait pas sa chaleur. Il voyait les herbes danser autour de lui, mais il ne sentait pas le souffle du vent sur sa peau. Sa jambe ne lui faisait plus mal, son souffle était régulier.

-William, fit une voix qu'il connaissait bien.

Il se tourna dans sa direction pour la voir se tenir devant lui. Julia était telle qu'elle avait été le jour où il l'avait rencontré. Elle gardait cette jeunesse éternelle. Ses longs cheveux blonds volaient autour d'elle tel un halo de lumière. Elle portait une simple robe blanche. Il lui sourit et elle en fit autant avant de tendre sa main dans sa direction. Il approcha simplement, sentant sa peau froide contre la sienne. Elle plongea son regard dans le sien et elle caressa tendrement sa joue en souriant.

-Tu es là, murmura-t-elle.

-Pour toujours répondit-il de la même façon.

Ils se sourirent une fois encore et il posa ses lèvres contre les siennes pour le plus pur et le plus beau des baisers. Un baiser d'éternité.