Le procès des ex-agents du CP9 fut vite réglé, après qu'on ai entendu l'enregistrement de Lucci et fait incarcéré Spandam. Il n'avait que ce qu'il méritait. Kaku et ses amis furent innocentés, et libérés. On aurait pu imaginer que ce serait la fête à Galley-La, or l'équipe n'était pas complète. Lucci avait réussi son coup, il avait sa petite vengeance personnelle : Luna croupissait au fond d'une cellule dans la base où il était affecté.

- Comment as-tu pu faire ça ?! s'écria Luziana.

La lumineuse blonde se tenait debout, face au bureau de Lucci qui ne montrait rien, le regard voilé par son chapeau et assis dans son fauteuil.

- Tu m'avais promis que tu ne lui ferais rien ! Que tu avais abandonné ton envie de vengeance ! Avoues, tu ne pensais rien de ce que tu me disais !

Ses yeux clairs étaient remplis de colère. Le bleu de ses yeux était devenu orageux, et elle détourna la tête. Lucci releva le menton et détailla la femme qui lui faisait face. Comme à son habitude, Luziana était habillée d'une longue jupe en soie blanche et d'un crop-shirt à manche large de la même couleur. Ses cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules frêles et pâles, encadrant son visage fin. Elle n'avait rien d'extraordinaire, seulement elle dégageait une certaine énergie, une véritable lumière. Ne dit-on pas que les contraires s'attirent ?

- Tu m'as menti.

- Non.

Luziana tourna ses yeux bleus vers l'homme qui se levait et contournait le bureau pour venir près d'elle.

- J'ai tenu parole, je n'ai rien fais exprès pour que Luna se fasse arrêter.

- Tu plaisantes ? Tu l'as dénoncé et tu as ordonné qu'on l'arrête !

- Elle s'était dénoncée seule. Que ce soit moi ou un autre, elle aurait tout de même fini en prison.

La jeune femme gardait les yeux plantés dans ceux de Lucci. C'était une véritable provocation, elle voulait qu'il avoue les torts qu'il avait dans cette arrestation. Il détestait lorsqu'elle faisait ça, car ni l'un ni l'autre ne cédait. Ils s'affrontaient, et voyant qu'aucun d'eux n'était vainqueur ils enterraient le sujet. Cette fois-ci, c'était trop grave pour que Luziana prenne la pelle : la vie de Luna était en jeu.

- Tu l'as faite tombée en la dénonçant comme complice des Mugiwaras. Elle risque la peine capitale pour ça, et c'est tout ce que ça te fait ?!

Il ne pouvait pas le nier. Lucci était un assassin, une vie de plus ou de moins sur cette planète lui importait peu. Il avait peut-être changer un tantinet aux côtés de la lumineuse, mais il restait toujours ce jouet que le gouvernement avait façonné. Or, le jouet était désormais autonome, il était donc bien plus dangereux qu'autrefois. Il était tout de même fragile, au fond, car cette petite idiote - qu'il adorait pourtant - lui avait donné des principes et des valeurs. Mais elles n'empêchaient pas Lucci d'exercer sa profession. Luziana tourna le dos à Lucci et se dirigea vers la porte.

- En la condamnant elle, c'est ton ami Kaku que tu condamnes.

Sur ce, elle claqua la porte en sortant. Elle était blessée au plus profond d'elle. Depuis que Lucci avait retrouvé la mémoire, elle pensait qu'elle pouvait le garder ignorant et "bon" comme il l'avait été dans les premiers jours suivant son réveil. Elle s'était trompée. Mais comment avait-elle pu croire que cet homme froid et sanguinaire, dont on vantait la dangerosité dans les journaux, pouvait changer ? Avançant la tête baissée, elle n'évita pas Kaku qui passait et le bouscula.

- Pardon ! s'excusa-t-elle en même temps que lui.

- Ce n'est rien... Lucci est dans son bureau ?

- Oui.

Elle reprit sa marche, tout comme Kaku qui entra bien vite dans le bureau de son "ami".

- Tiens, Kaku...

- J'ai une proposition à te faire.

- Plus tard, tu veux ?

Le brun sortit un dossier cartonné qu'il agita comme un éventail.

- Je dois éplucher ceci pour innocenter l'insupportable gamine qui te sert de femme.

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Il avait finalement accepté la proposition de Kaku, n'ayant rien trouvé de mieux que de marchander avec le Gouvernement pour qu'elle soit enfin libre. Il avait le pouvoir d'appliquer cette proposition, mais le rouquin avant tout de même eut une condition : elle devait être mise au courant par eux deux, et Kaku comme Lucci devait la convaincre d'accepter sans broncher, ce qui serait surement compliqué. Luna n'était pas quelqu'un qui se laissait faire facilement, par exemple elle n'avait pas hésité à se battre lorsqu'on l'avait mise en cellule. Elle avait crié, mordu, griffé, frappé, tous les moyens étaient bons pour sortir. Le couloir était frais et humide, et seul le bruit de pas du brun troublait le silence qui y régnait. Enfin, il s'arrêta devant une cellule. Lucci s'appuya contre les barreaux, fixant son regard vers l'ombre qui s'y trouvait, tout au fond, et qui cherchait encore à reculer.

- Je ne vais pas te manger tu sais...

- Fous-moi la paix.

Un léger sourire étira les lèvres du brun. Elle avait du caractère, même dans une situation critique comme celle-ci elle restait fidèle à elle-même. C'est le seul aspect que Lucci appréciait chez cette gosse.

- C'était ton dernier jour dans cette pièce.

Il capta immédiatement l'attention de Luna qui s'avança, doucement, aussi loin que lui permettaient ses chaines accrochées au mur.

- Passons dans mon bureau, d'accord ?

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- C'est hors de question ! rugit Luna en frappant le bureau du plat des mains. Je préfère encore croupir dans une cellule pour le restant de mes jours plutôt qu'accepter ça !

Lucci et Kaku soupirèrent. Faire entendre raison à la rouge était compliqué, le combat était engagé.

- Je te propose une solution à l'amiable, et tu craches dessus ?

- Ce sont tes conditions qui me posent problèmes !

Kaku se pinça l'arête du nez, il sentait que la discussion allait s'éterniser.

- Écoute Luna... fit-il avant d'être coupé.

- Ah tais-toi !

Le regard sombre de Luna le transperça.

- J'en ai marre que tu fasses toujours tout quand ce putain de matou ramène son postérieur !

Lucci se leva et fit le tour de son bureau, prenant sur lui pour ne pas arracher la tête à cette merdeuse qui lui courrait sur le haricot depuis bien trop longtemps à son goût. Il marchait lentement, les mains croisées dans son dos, et ne regardant que droit devant lui.

- Je suis tout à fait apte à comprendre ton blocage, Luna. Mais c'est la seule idée que je puisse faire accepter en échange de ta libération.

- Apte à comprendre ? Ça m'étonnerait, le fait que tu possèdes un cœur ou une quelconque conscience est toujours aussi douteux que tes pratiques de fourbe ! Et puis pourquoi tu me ferais sortir ? C'est toi qui m'a jeté dans cette prison !

Un léger sourire passa sur les lèvres de Lucci. Il n'avait pas changé, il était toujours le même. Mais la présence de Luziana lui avait apporté beaucoup, et il avait acquis une nouvelle manière de penser. Il était toujours ce tueur froid et sanguinaire, mais il avait appris à laisser cette partie de lui dans l'ombre, pour être quelqu'un de « normal ». Uniquement lorsqu'il était avec Luziana, sinon ça ne marchait pas. Il avait aussi appris le respect des autres, et c'est donc comme ça qu'il avait décidé d'abandonner sa vengeance personnelle. Après tout, Kaku était son ami, et il n'avait donc pas de raisons de vouloir le faire sombrer dans le malheur comme il avait cherché à le faire inconsciemment pendant tout ce temps, où il avait essayé divers stratagèmes pour éloigner son cadet de Water Seven et de sa nouvelle vie. Et c'est donc tout cela que Lucci déclara à Luna, dans le but de la calmer. La surprise de cette dernière n'était pas visible mais se sentait. Alors que le silence s'était installé, Lucci se permit d'appuyer encore sur le fait qu'il avait un nouveau « lui », de manière indirect.

- Ne me dis pas que je ne peux pas te comprendre désormais. Toi comme moi avons une personne à laquelle nous tenons et pour qui nous sommes prêts à tout. Et, si je ne m'abuse, réciproquement. Et je ne fais pas ça pour toi, mais pour un ami.

Il lança alors un regard compréhensif à Kaku, qui esquissa un sourire. Ils allaient remporter cette guerre… Luna se tut et baissa la tête. Kaku voulait à nouveau donner de sa personne pour la protéger, et elle ne pouvait pas l'accepter encore une fois. Trop c'est trop ! Pourtant, une idée germa dans son esprit bouillonnant. Elle releva la tête et regarda Lucci.

- Je suis donc obligée d'accepter.

Un soupir de soulagement commun traversa les lèvres des deux hommes. Oh oui, ils étaient certains de gagner.

- Mais qu'en est-il des détails ? questionna-t-elle en se tournant vers Kaku.

Les deux assassins se consultèrent du regard, perdus. Apparemment, la miss avait encore une carte en main…

- Pourquoi ne pas rédiger un contrat ?

Le sourire malin qui étirait les lèvres de Luna était des plus frustrants. Lucci l'observa, puis soupira. Ce n'était pas une mauvaise idée : laisser un peu de pouvoir à Luna au travers de conditions pouvait faciliter amplement les choses. Il regarda Kaku, qui hocha la tête, légèrement déçus de devoir se montrer conciliants si facilement. Ils étaient tous les deux vaincus.

- D'accord.

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On avait passé six heures à rédiger ce contrat. Quand j'y pense, je me dis que ça en valait la peine. Et je m'en souviens encore, comme si c'était hier. Pourtant, trois ans se sont écoulés. Le contrat est bien respecté, nous avons tous trois repris notre vie. Lucci gère le CP9, et nous, on travaille toujours à Galley-La (lorsqu'un agent du gouvernement ne vient pas troubler notre ville).

Je me suis faite à cette vie, où je ne sais pas quand Kaku s'en ira. Mais je sais toujours quand il reviendra (c'est une des clauses du contrat). Bien que Lucci et moi avons été les deux à parler le plus, Kaku avait été intransigeant : il ne voulait plus tuer personne, ce qui avait surpris Lucci. Jusque-là, Kaku avait toujours vécu avec du sang sur les mains, et son passé ne l'avait pas dérangé plus que ça jusqu'à ce qu'il revienne à Water Seven. Lucci avait pourtant besoin de ses services en tant qu'assassin, et c'est la suite qui avait pris le plus de temps. Résultat, on avait trouvé une solution : Kaku se contenterait d'espionner et de collecter les infos les plus importantes, et serait toujours accompagné d'un assassin qui ferait le sale travail. Rien que pour ça, on avait débattu trois ou quatre heures. Oh oui, ç'avait été long !

Mais je ne m'en plains pas, puisqu'il est là et ne part pas tout le temps. Enfin bref, le passé appartient au passé !

Moi ? Actuellement, je suis en train de repenser à toute cette affaire, tout ce que j'ai dit et fait, tout ce temps qui s'est écoulé depuis Enies Loby... Qui aurait cru qu'on en arriverait là ? Je souris à cette pensée. J'entends les artisans qui travaillent, mon père a enfin terminé les plans de son utopie et toute l'île donne de sa personne dans les travaux qui durent depuis déjà deux ans. C'est un projet complètement fou, et nous avons déjà essuyé de nombreux échecs pourtant nous restons motivés. On finira bien par terminer ce bateau géant. S'il faut, on y passera quatorze ans comme pour le Puffing Tom et son agencement. Mais ce qui est certain, c'est qu'on y arrivera, peu importe le temps que ça prendra.

Je ne travaille pas aujourd'hui, puisque c'est mon jour de congé. Une nouvelle réforme, chacun a un jour de congé quand il veut dans la semaine puisque le dimanche nous a été retiré pour ce chantier colossal.

Accoudée à la fenêtre ouverte du salon, je regarde la mer et respire l'air salé. Je ne me lasserai jamais de cette odeur... Je songe à la vie que j'ai maintenant, ni triste ni belle. Elle me convient parfaitement, et je suis heureuse. Je baisse les yeux vers l'anneau qui entoure mon annulaire gauche et souris. Soudain, je sens une étreinte autour de mes hanches. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui sait, puisque je reconnais son parfum. Et puis, nous ne sommes que deux dans cette maison…

- Te voilà réveillé, flemmard...

Bien sûr, je plaisante, et Kaku le sait.

- Bonjour à toi aussi...

Il sourit, et je me cale, le dos contre son torse. Il suit mon regard et observe la mer à son tour. Il doit se douter que j'étais en pleine réflexion.

- À quoi tu penses ?

- À ce qu'on a maintenant.

Je regarde nos doigts entremêlés. Puisque je ne suis pas face à lui, nos mains sont comme superposées, et je regarde les deux anneaux avec un léger sourire.

- Je n'aurais jamais pensé qu'on puisse en arriver là, il y a quelques années...

- Ah oui ?

Mes yeux sont de nouveau perdus dans l'horizon, jusqu'à ce que Kaku trouble mes songes avec ses baisers tendres. Je souris de nouveau, et regarde encore nos mains jointes. Je n'aurais pas pu rêver d'une meilleure vie que celle que je partage avec mon homme aujourd'hui. Je murmure quelques mots, avant qu'il ne m'entraine loin de la fenêtre et ne capture mes lèvres pour un énième baiser.

Et on n'est pas si mal, entre espion et artisan !

F I N

Eh oui mes petits poissons, c'est fini !

Je tenais à vous dire un grand MERCI pour tout : vos lectures, vos reviews, les réponses en PM... Grâce à votre soutien j'ai bouclé la fic, j'ai essayé de soigner mon écriture jusqu'au bout et d'amener la fin... Correctement ?

Voilà, un grand merci à tous ! J'espère que cette fic' vous aura plu jusqu'au bout (globalement hein !)

Et j'espère vous retrouver bientôt pour une prochaine fiction ! :)