Peu sont qui s'en souviennent, mais lorsque vous êtes une âme réduite à sa forme la plus basique, bah vous vous ennuyez. Grave.

Vous voyez tout. Vous entendez tout. Vous êtes conscients. Et vous vous souvenez.

Mais vous ne pouvez pas interagir, de quelques manières que ce soit. Vous ne pouvez pas échanger.

Parce que vous n'êtes plus rien, juste une boule à la lumière palpitante qui vole à hauteur constante. Vous ne pouvez même pas interagir entre âmes.

-Mais vous allez arrêter de me suivre, oui ?! S'emporta Hadès.

Les gardes en faction purent voir les trois petites âmes voleter, suivies par un rouleau de papier de toilettes.


-Marre. J'en ai marre de cette affaire.

Allongé dans son lit, sa seigneurie des Enfers tentait d'ignorer les trois petites boules qui le collaient en permanence et brisaient sa tranquillité.

Bon, certes, il avait passé plus d'un siècle à pioncer, mais de l'autre côté, il commençait à se faire sacrément vieux et il peinait de plus en plus à récupérer.

Il était l'aîné des Olympiens mâles, tout comme l'était sa sœur. Il était donc dans l'ordre des choses qu'ils aient des sortes de dysfonctionnement.

Poséidon avait profité de l'apposition du sceau pour reprendre des forces, ce qui lui avait permis de mettre ses menaces à exécution.

Zeus était encore un peu plus fringuant, mais ça n'allait pas tarder à lui tomber dessus. Déjà le nombre de ses conquêtes diminuait, au grand bonheur de Héra.

Hadès soupira de lassitude et reposa son journal sur sa table de chevet. Sa petite paire de lunettes rondes le suivit alors qu'il tâchait d'éteindre toute luminosité pouvant l'empêcher de dormir. C'est pour cette raison qu'il fusilla du regard ces trois sources de lumières.

Ce n'était un secret pour aucun membre de sa famille proche qu'il possédait une vue un peu faiblarde.

C'était la conséquence du long séjour dans les entrailles de son père. Hestia avait vu sa santé s'affaiblir, Déméter avait des problèmes respiratoires qui la forçait à s'exiler là où l'air semblait le plus pur, Héra n'aura plus jamais les si beaux cheveux d'alors et Poséidon possédait une large bande de peau qui avait été dissoute et qu'il cachait honteusement.

Et depuis, il restait assez sensible à toutes sortes de lumière, ce qui expliquait la raison de son exil souterrain.

-Et si vous alliez embêter Pandore ? Grinça-t-il d'une manière agacée.

Elles semblèrent se concerter puis disparurent par l'embrasure de la porte.

-Enfin tranquille...


-Et si Saga ne se réveillait jamais ? Murmura Mü dans la calme noirceur de la nuit.

-Il nous faudra alors vivre avec. Ou plutôt sans, se moqua son amant.

-Milo, soupira-t-il en roulant des yeux, ce n'est pas drôle, vraiment. Le non-retour de Saga pourrait marquer un pas important dans la vie du Sanctuaire, tu sais. Ça pourrait être pris comme un affront de la part de Hadès, par exemple.

-On est obligé de parler de ça ? Niveau tue l'amour, tu as fait fort !

Soupirant, Mü l'embrassa et l'occupa d'une autre manière.


-Je crois qu'elles nous suivent, chuchota Valentine.

-Je crois aussi...

Les subordonnés de Rhadamanthe accélèrent le pas, observant du coin de l'œil les trois sphères de lumière qui voletait à mi-hauteur.

-Tu crois qu'elles se moquent de nous ?

-J'en suis sûr.

Les âmes clignotaient, passant par toutes les nuances existantes. Elles semblaient bien s'amuser, pour peu que cela soit possible.

Il n'était pas difficile de les imaginer glousser comme des nymphes, toutes contentes d'embêter leur monde. De vraies chipies.

-Et on ose me faire croire qu'il y a là l'âme du chevalier d'or des Gémeaux qui est connu pour être plus sérieux qu'un bloc de roches ? À d'autres, oui !


Dans un coin reculé des Enfers, les trois petites pestes du siècles semblaient discuter, chose improbable. Et pourtant...

Et pourtant depuis qu'elles sont là, les Spectres sont stressés et paranoïaques, il y a autant de maladresses que de farces. Le travail est ralentit, les spectres sur le qui-vive sursautent au moindre bruit ou mouvement un peu brusque (sérieusement, Minos était effrayé du fouet de Rune).

C'était... L'enfer aux Enfers... Seules les âmes torturées semblaient satisfaites de l'état présent, leurs peines étant bâclées.

Et ce satané trio qui continuait de voleter tranquillement, passant par des teintes rouges et roses. Elles devaient en rire, à ne pas en douter !


Dans un autre lieu, sous d'autres "cieux" et avec un autre dieu, des êtres à l'armure un peu cabossée s'approchèrent du corps sans vie comme si celui-ci allait leur jouer un remake de la Nuit des Morts-Vivants.

-Non, mais, il vous mordra pas, vous savez...

-C'est bien de dire ça en étant planqué derrière les copains, grinça la jeune fille.

-Je vous supervise, n'ayez crainte.

-Planqué, grommela-t-on encore à travers les rangs.

Ils restèrent encore quelques longues secondes à observer celui qui les avait trahi se faire marcher dessus par des crabes.

Kassa fit craquer ses phalanges pour se distraire alors que Sorrente serrait sa flûte à s'en faire mal, dix à vingt pas derrière eux (-PLANQUÉ ! -Morue).

-Bon, on va pas passer le réveillon non plus, hein.

Io se pencha, ramassa une bonne poignée de sable et la relâcha droit sur le visage inexpressif du gisant.

-Bon, bah, c'est officiel, on a hérité d'un nouveau cadavre. Kassa on te le laisse.

Et alors que le malade de service traînait derrière lui le corps inanimé de Kanon, les autres marinas se dispersant, un petit spectre sans grade et invisible, se gratta la nuque, fort embarrassé.

-Y'avait pas un moment où je devais apparaître ?


-ATTRAPEZ-MOI CES HORRIBLES PESTES !

Ce hurlement résonnait plusieurs fois par jour, à travers les différents cercles des Enfers, effrayant les âmes en peine et les spectres.

Hadès, lui, se massait les ailes du nez et priait les moires afin que leur malédiction cesse et que ces satanés âmes retrouvent leurs enveloppes charnelles.

La blague du jour ? Cacher des Klaxons dans le fauteuil de Rune. Et cacher le livre des âmes.

D'ailleurs, comment avaient-elles réussi ce tour de force ? N'étaient-elles pas sensées être intangibles ?

... Ah oui, les pouvoirs psychiques propres aux chevalier d'or...

Saleté.


-Au fait, où a fini le corps de Kanon ? Demanda brusquement Thétis à l'heure du repas.

Ses collègues se raidirent à l'entente de ce nom puis se détendirent. Le traitre était mort, après tout. Non ?

-Seigneur Poséidon m'a interdit de faire mes expériences dessus, ronchonna le général en question. Alors je l'ai remis là où on l'a trouvé. Comme ça il se fera peut-être boulotter par une murène.

Il y eut quelques ricanements mais la conversation n'alla pas plus loin sur ce sujet.


Voracity666

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