16h, dans un village dans le Nord

Diego se gara la Berling Noir devant une modeste maisonnée, coupa le monteur et observa pendant quelques secondes l'habitation. Il avait quitté Londres depuis 7heures, espérant ne pas se faire arrêter sur son chemin. Fort heureusement, la voiture de Mycroft était le véhicule le plus sécurisant d'Angleterre voire du monde, aucun traceurs Gps n'avait été installé et Diego le savait car . En plus, il avait réussi à changer la plaque d'immatriculation très rapidement à partir de voitures abandonnés qu'il avait pu croiser sur la route. Le gouvernement n'allait pas le trouver de sitôt.

Il saisit sa sacoche d'ordinateurs et sortit de voiture. Il passa le petit grillage et esquissa un sourire en voyant des nains de jardin. C'était si simple et original, qu'il en oubliait sa véritable visite. Il sonna à la porte.

Une femme assez âgée vint lui ouvrir. Elle afficha une mine surprise en voyant un étranger à sa porte.

« -Martha Lucy Holmes ? S'enquit Diego.

-C'est bien moi, dit-elle, que voulez-vous ?

-Je suis Diego, le fils d'Isabel Wayne. »

Madame Holmes ouvrit la bouche, exprimant sa stupeur et sa surprise. Isabel Wayne était une anglaise, elle a vécu dans la même ville que Mrs Holmes, elles étaient camarades. Elles se connaissaient depuis l'école primaire et avaient eu le même parcours. C'était en quelques sortes sa meilleure amie. Diego lui adressa un sourire d'excuse.

« -Je suis désolé de vous déranger ainsi, mais j'ai besoin de votre aide.

-Oui, oui, entre mon garçon. » Dit-elle précipitant effaçant ces pensées nostalgiques d'un revers de main.

Elle le conduit à un salon et lui proposa de s'installer. Ce qui n'était pas de refus après de longues heures à conduire et à être sur ses gardes, Diego pouvait enfin se détendre un peu. Elle lui ramena même du thé et quelques biscuits, ce qu'il accepta avec reconnaissance.

Elle s'assit ensuite à ses côtés et l'observa longuement. Diego reconnut en elle, le gène des Holmes. Il ne fut pas étonné de sa réaction. Il savait très bien qu'il avait à faire à la mère des deux Holmes.

« -Je n'aurai jamais imaginé rencontrer le fils de Isabel aujourd'hui, avoua-t-elle enfin, je me souviens que lorsqu'elle m'avait envoyé une photo tu n'étais qu'un bébé…J'ai ensuite été très bouleversé d'apprendre qu'elle…était décédée, si jeune. »

Diego baissa la tête, il ne connaissait pas assez la vieille femme pour savoir si cela avait vraiment eu un impact dans sa vie.

« -Ma mère m'a laissé un livre à sa mort, c'était un de vos livres, je l'ai lu entièrement et j'ai compris pourquoi ma mère avait de l'estime pour vous, c'est pour cela que je suis venu.

-Comment cela ?

-A partir du moment où je suis rentré chez vous, je risque d'être un danger, si vous acceptez de m'aider, vous devez accepter les risques. Je peux comprendre que vous vouliez refuser. »

Le jeune espagnol devait absolument être sûr qu'il pouvait avoir confiance à l'amie de sa mère, mais il craignait pour sa sécurité. Le visage de Martha Holmes devint alors grave et elle répondit très sérieusement :

« -Mon enfant, tu es le fils de Isabel Wayne, elle était comme une sœur pour moi, j'ai été très triste d'apprendre sa mort, alors si je devais te protéger comme un de mes enfants, je le ferai sans hésiter. Ici, tu ne craindras rien tant que je serais vivante. »

Un poids lourd disparut du cœur de Diego, presque soulagé de voir que la vieille femme n'avait que de bonnes attentions pour lui.

« -Que puis-je faire d'autres pour t'aider ?

-J'ai rencontré vos fils, l'informa-t-il, de très bonnes personnes, et étant donné que Mycroft travaille pour le gouvernement et les services secrets, je me disais que vous avez sans doute chez vous des ordinateurs très sophistiqués. »

Martha Holmes nota le regard brillant du jeune Diego qui lui rappelait Isabel. Elle rit doucement et hocha la tête.

« -Pour ça oui, mais je n'ai jamais su m'en servir, nous avons donc installé tout ça au sous-sol. »

Effectivement, la cave ne ressemblait plus à une cave mais à un repaire d'agent secret. Diego fut surpris de voir que dans ce village perdu d'Angleterre, un endroit aussi technologique. Il y avait quatre écrans, trois claviers, cinq tours performantes que Diego n'osait même pas imaginer le prix et un boitier noir et argenté qui attira son attention. C'était de la firme de son père, mais sous le nom de « Capistran ». Normalement, les marques Capistran étaient réservées qu'aux organismes des services secrets, Diego l'avait appris en hackant le PC professionnel de son père. Son hypothèse était donc confirmée : la baraque des parents des Holmes était la plus sécurisée du monde, disposant des dernières technologies crées par la propre entreprise de son père.

« -Est-ce que Mycroft ou Sherlock ont-il déjà utilisé ça avant ? Interrogea Diego.

-Non, pas vraiment, Myke m'avait dit que c'était pour notre usage personnel. »

« Usage personnel, pensa-t-il, mais avec un boitier qui efface les données personnels, GPS, IP afin que personne ne puisse nous retrouver sur internet ou sur les serveurs protégés par les gouvernements. Je pense que tu as surtout voulu protéger tes arrières dans le cas où tu es attaqué de l'intérieur dans ton propre service, Mycroft Holmes. »

Il s'installa sur les PC et alluma tous les ordinateurs. Il était temps d'agir.

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Bernardo baissait les yeux, restant immobile dans la salle d'interrogatoire. A la suite de la fuite de son ami et patron, le muet fut arrêté par les hommes de Mycroft Holmes et emmené dans les bureaux de son service. Malgré le fait qu'il se retrouve dans un terrain inconnu, il avait gardé son sang-froid surprenant l'ainé des Holmes.

Derrière la vitre teintée, Sherlock observa longuement l'Espagnol, son frère était à ses côtés, marmonnant énervé d'avoir été si bien embobiné par Diego de la Vega. Il avait été aussi surpris que Mycroft quand le jeune homme avait pris la fuite dans la Berling Noire, mais encore plus surpris de la réaction de Bernardo.

« -Notre interrogatoire n'a rien mené, maugréa Mycroft pour la énième fois, je vais finir par croire que Diego de la Vega nous cache plus de choses qu'il ne l'ait dit.

-Bravo Captain Obvious, se moqua Sherlock, tu viens de dire quelque chose de tellement évident.

-Sherlock, ce n'est pas drôle ! S'exclama l'autre rouge de colère.

-Je serai prêt à te prendre au sérieux, Mycroft, si tu te décides à me dire quel est ton véritable but dans cette putain d'affaire ! » S'exclama le détective en se tournant vers l'homme de l'état.

Sherlock perdait patience, car il commençait peu à peu à saisir l'affaire qui les concernait tous. Mycroft se figea et cligna des yeux, une expression confuse sur son visage.

« -Ne fais pas cette tête, je ne suis pas idiot…D'abord, pourquoi as-tu décidé d'accepter de t'occuper d'une disparition ? Pourquoi es-tu venu vers moi pour un enlèvement ?

-Sherlock je te l'ai déjà dit, je…

-Non, cher frère, je ne peux croire une seule seconde que tu portes soudainement intérêt pour la population humaine, quand tu fais quelque chose, Mycroft, il y a toujours un intérêt derrière, pour ton putain de gouvernement…Alors dis-moi, qui est Diego de la Vega pour toi ?

-Cet interrogation n'a pas lieu d'être, siffla Mycroft durement.

-Alors, je cesse de t'aider pour cette affaire. Débrouille-toi.

-Quoi ? »

Il savait que son frère avait besoin de lui, sinon pourquoi serait-il venu le voir ? Sherlock s'apprêta à quitter la pièce, quand Mycroft le stoppa en soupirant :

« -Très bien, tu as gagné, allons dans mon bureau. »

Installé dans le bureau de Mycroft, ce dernier avait l'air de jouer sa propre vie. Il leva des yeux hésitants sur son cadet, qui jouait avec les doigts, le fixant avec intensité.

« -Prends tout ton temps, Myke, mais sache qu'on a un Diego de la Vega qui est en fuite dans notre pays, lança Sherlock.

-Diego de la Vega est, ce qu'on appelle, un génie.

Sherlock arqua un sourcils, amusé de ce dernier mot.

-Pas un génie comme toi, Sherlock, un véritable génie…Lorsque je l'avais rencontré à Madrid, il n'était qu'un simple étudiant…mais j'ai vu en lui, plus qu'un étudiant, plus qu'un simple jeune homme. Pour la première fois, je me suis senti inférieur à lui.

-Sérieusement ? »

Le détective éclata de rire, alors que son frère lui lança un regard irrité mais il poursuivit.

« -Je l'avais rencontré à l'ambassade américaine, il devait remettre à jour son passeport international, comme je connaissais son père, qui est notre fournisseur informatique principal, je suis allé naturellement lui parler et je me suis renseigné sur lui.

-Je vais finir par croire que tu es tombé amoureux de lui. Tu es un vrai harceleur en fait !

-A ce moment-là, je n'étais pas encore tout à fait sûr de son génie, continua Mycroft en ignorant les commentaires de son frère, mais en allant chercher loin, j'ai découvert à quel point son intelligence pouvait être bénéfique pour la société, pour le monde.

-Et tu lui as donc proposé de travailler pour un pays qui n'est pas le sien ?

-En quelques sortes, avoua-t-il, et bien évidemment, il a refusé…

-Pourquoi m'avoir caché ça ?

-Parce que ce qui lui arrive est de ma faute…Je sais que Diego de la Vega avait fait en sorte de s'écarter de l'informatique, de tout ce qui le rapprochait de loin ou de près à ce que faisait son père…Mais j'ai été têtu, j'ai récupéré ces données personnelles et…cela a fuité.

-Que veux-tu dire ?

-Tous mes recherches et mes analyses sur le profil de Diego de la Vega ont été vendues à d'autres, j'ai été négligent, je ne pensais pas que le jeune de la Vega serait surveillé par…d'autres agents de d'autres pays…

-Tu veux dire que tu croyais avoir été le seul à être intéressé par ce génie ? S'écria Sherlock sous le choc, et que par inadvertance, tu l'as vendu à d'autres !

-Je n'ai pas fait ça, j'ai été trahi…Je…C'est parce qu'il y a eu cette fuite de donnés dans ma propre cellule que j'ai dû faire appel à toi pour enquêter sur sa disparition. »

Mycroft se frotta le visage, ses tourments se lisaient sur son visage, jamais il n'avait pensé en venir à cette situation.

« -Maintenant, je comprends mieux pourquoi tu veux absolument le retrouver, tu veux réparer ton erreur, marmonna Sherlock.

-Depuis, rien ne va…et je suis persuadé que le point déclencheur est Diego de la Vega. »

Alors que le plus jeune s'apprêtait à poser d'autres questions, une sonnerie élégante le coupa dans son élan. Les deux Holmes sursautèrent de surprise.

« -C'est mon portable pro, s'étonna Mycroft en attrapant l'engin sur son bureau.

Il l'alluma et ils purent voir alors sur l'écran tactile, un Z lumineux.