Ils n'étaient jamais d'accord sur rien. Ils se bagarraient tout le temps et se testaient mutuellement. Seulement, en dépit de leurs différences, ils avaient une chose très importante en commun : ils étaient fous l'un de l'autre. - N'oublie jamais.

CHAPITRE 1

Je me réveille en sursaut au son de mon portable. La sonnerie est perçante à l'oreille et ne s'atténue pas : quelqu'un est en train de m'appeler. Je ne trouve même pas la force d'ouvrir les yeux. Je gémis et tâtonne à côté de moi sur ma table de nuit. Je trouve rapidement mon téléphone et l'approche de mon visage.

— Allô ?

— Clarke ! j'entends mon amie Octavia crier à l'autre bout du fil. Où est-ce que tu es ?

— Je suis chez moi, pourquoi ? je demande, la voix cassée.

— Il est 14h, ça fait trente minutes qu'on t'attend avec Raven.

— Quoi ? dis-je en ouvrant les yeux et en me mettant en position assise. Il est déjà 14h ?

— À quelle heure est-ce que tu t'es couchée, hier soir ?

— Je ne sais pas, 6h je crois. J'ai étudié toute la soirée.

— Tu as fini tes examens ! Qu'est-ce qui te prend ?

Je soupire en entendant les paroles de ma meilleure amie. C'est vrai que je ne me ménage pas, même si mes partiels sont terminés. J'en perds quelques fois la tête et révise lorsque je n'en ai même pas besoin.

— Je sais, mais j'avais complètement oublié hier soir. J'étais tellement fatiguée que je pensais avoir un partiel ce matin.

— Tu dois te calmer, Clarke. Tu es une boule de nerfs en ce moment, tu dois enfin commencer à te détendre.

— C'est plus facile à dire qu'à faire, je grommelle.

— On avait prévu de passer la journée ensemble, tu t'en rappelles, n'est-ce pas ?

— Je sais, mais je pensais peindre aujourd'hui. Ça fait longtemps…

Entre tous mes cours de médecine cette année, je n'ai pas eu une seule minute à moi pour exercer ma passion : l'art. Je peins depuis toute petite et, bien que j'ai ralenti le rythme depuis la mort de mon père, je compte continuer dans ma lancée. Il faut que je reprenne, mais Octavia ne compte pas en rester là.

— Non, pas aujourd'hui. Il y a Raven à la maison, tu sais que c'est très rare.

— Hé ! j'entends Raven crier à l'autre bout du fil. Ce n'est pas vrai, je viens souvent chez toi !

— Très bien, je réponds en riant. Je viens. Lincoln sera là aussi ?

— Non, il travaille toute la journée. Allez, dépêche-toi.

— Mais…

— Clarke Alexandra Griffin.

Je soupire lorsque ma meilleure amie utilise mon prénom complet : c'est soit pour me demander une faveur, soit pour me faire un sermon. C'est l'un ou l'autre.

— D'accord, je m'habille et j'arrive.

J'appuie sur le bouton rouge de mon portable et le repose à côté de moi. Je mets ma tête entre mes mains et ferme les yeux quelques instants.

Je suis épuisée par la faculté de médecine. Encore pire, j'en ai marre des études. J'étais l'une des premières de ma promotion cette année. L'avantage à ça, c'est que si moralement j'ai besoin de me relaxer, je peux le faire. De plus, je ne sais pas pourquoi je continue à bosser, puisque je viens de passer mes partiels de fin d'année. Je suis maintenant tranquille et je vais pouvoir redevenir la fille que j'étais avant, c'est-à-dire sortir avec mes amis et peindre lors de mon temps libre. La sonnerie de mon portable retentit une nouvelle fois. Je grogne, le prends sans même regarder l'écran et le pose contre mon oreille.

— J'arrive Octavia, c'est bon, détends-toi, dis-je.

— Clarke ?

J'ouvre les yeux et écarte mon téléphone de mon visage. Je regarde mon écran. Pourquoi est-ce que ma mère m'appellerait ? Depuis quand m'appelle-t-elle, d'ailleurs ?

— Maman ? Tu vas bien ?

— Oui, très bien et toi ma chérie ? Comment se passe la médecine ?

— Ça va. J'ai réussi haut la main les examens.

— Je savais que tu allais y arriver. Tu es exactement comme moi.

— Merci maman...

Ma mère a toujours voulu que je sois médecin, comme elle. C'est sa passion, elle ne vit que pour ça. Je trouve ça très altruiste de sa part et je comprends pourquoi elle souhaite le même avenir pour moi. Elle essaye néanmoins de ne pas interférer dans mes choix de profession et je l'en remercie.

— Pourquoi m'appelles-tu ?

— Et bien, commence-t-elle à dire. J'organise un dîner, vendredi prochain.

— En quel honneur ? je demande, surprise.

— Je n'ai pas besoin de raisons pour faire un dîner, Clarke. C'est Marcus qui m'a proposé de faire ça. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues, nous deux.

Je souris à l'évocation de son compagnon. Cela fait environ quatre ans qu'elle est en couple avec lui. Elle avait eu beaucoup de mal à se remettre de la mort de mon père, lorsque j'avais 10 ans, et je suis donc très heureuse qu'elle soit de nouveau avec quelqu'un. Surtout que Marcus est un homme admirable que j'aime beaucoup. Ils forment un très joli couple.

— D'accord, je viendrai, je réponds en souriant.

— Tu pourrais demander à Octavia et son petit ami, bien sûr.

— Pas de problème. Raven aussi ?

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, chérie...

— Pourquoi ça ? je demande avec surprise, étant donné que ma mère adore Octavia et Raven.

— Finn sera présent.

Je laisse passer quelques secondes de silence. Je m'attendais à tout, sauf à ça.

Finn est mon ex... Et également celui de Raven. Il est sorti avec moi il y a quatre ans alors que j'avais 17 ans. Au bout de six mois de relation, une jeune fille prénommée Raven s'est présentée à moi. Il se trouve qu'il sortait avec elle depuis plus de deux ans. Nous sommes ensuite allées le voir toutes les deux et nous sommes devenues amies par la même occasion. Maintenant, Finn continue à me harceler en me disant que je suis toujours celle qu'il aime et qu'il n'abandonnera jamais notre relation.

— Je me suis dit que cela allait être étrange, continue ma mère. Que vous soyez toutes les deux présentes en même temps.

— C'est l'une de mes meilleures amies, maman.

— Je veux dire... Toutes les deux présentes avec Finn.

— Tu as sans doute raison, lui dis-je avec un soupir. Mais pourquoi est-ce que tu l'as invité ?

— Ce n'est pas moi. Il travaille pour Marcus, dans son cabinet d'avocat. Marcus l'a invité sans connaître votre histoire à tous les deux. Je ne lui ai jamais parlé de votre relation.

— Je peux comprendre. Ça sera juste un peu gênant, mais je pense que tout ira bien. Nous ne sommes plus ados.

— Ne t'en fais pas, il n'essayera pas de te récupérer. Il ne vient pas seul.

— QUOI ?

Je n'aurais sans doute pas dû crier à l'oreille de ma mère mais ce mot m'a échappé. J'espère qu'elle vient de faire une erreur. C'est impossible.

— Oui, enfin je…

— Comment ça ? je demande, inquiète.

— Il m'a dit qu'il venait accompagné de sa petite amie.

Je laisse passer un long blanc. Je ne suis plus amoureuse de Finn depuis longtemps, j'ai même encore de la rancœur contre lui. Cependant, il sera accompagné d'une femme et ça me gêne. Je me fiche qu'il ait une copine, mais le fait que je vienne seule me dérange. Il va sans doute penser que je n'ai pas tourné la page, alors que ce n'est absolument pas vrai. Je ne veux pas qu'il croit que je l'aime toujours.

— Donc, continue ma mère. Octavia, Lincoln et toi. Ça te va ?

— Ainsi que mon petit ami, j'ajoute rapidement.

— Pardon ?

Je plaque ma main sur ma bouche. Je viens de lâcher une énorme bêtise, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Qu'est-ce qu'il me prend ? Tais-toi, Clarke, ne dis plus rien. Tais-toi. Tais...

— Oui, je continue. Octavia et Lincoln viendront en couple, donc j'imagine que je peux emmener mon copain ?

— Bien sûr, chérie ! Je ne savais pas que tu en avais un...

— En fait, ça fait déjà six mois que nous sommes ensemble, mais on voulait vraiment être sûrs de notre couple. Je pense que ce sera le bon moment pour vous le présenter, à toi et à Marcus.

— J'en suis ravie, dit-elle, d'une voix joyeuse. Alors vous venez tous les quatre vendredi !

— D'accord, maman. Au revoir, je t'aime.

Je raccroche et pose violemment mon portable sur la table de chevet. Je ferme les yeux et me laisse tomber sur mon oreiller, mes mains appuyant sur mes paupières. Je suis stupide. Je commence à battre des jambes toute seule, en criant un charabia tel que « Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi ». J'inspire et j'expire. J'inspire et j'expire. Il faut absolument que je me sorte de ce pétrin et les seules personnes pouvant me conseiller m'attendent en ce moment même.

Je me lève rapidement et file dans la salle de bain. Je mouille mon visage et me fais une légère toilette. Je fonce dans ma chambre et enfile un jean foncé, ainsi qu'un débardeur jaune. Je ne prends pas la peine de mettre un gilet, puisque le soleil tape fort. Je me mets devant le miroir et improvise un chignon décoiffé sur le haut de ma tête. Je sais que les filles préfèrent lorsque mes cheveux blonds ondulés tombent sur mes épaules, mais je n'ai pas besoin de me faire belle pour elles. Elles m'ont déjà vue le matin…

Je prends une minute pour me maquiller et sors en trombe de mon appartement. Je vais sauter le repas du midi aujourd'hui. J'ai d'autres choses en tête. Je descends rapidement l'escalier et rentre automatiquement dans ma voiture. Le trajet jusqu'à chez Octavia est seulement de cinq à dix minutes, heureusement pour moi. Je me gare en bas de son immeuble, puis rentre le code pour accéder au hall d'entrée. Je monte deux à deux les marches et frappe à sa porte. Le temps que quelqu'un m'ouvre, je mets mon visage dans mes mains et essaye de réfléchir le plus calmement possible. Il va falloir que je trouve une réelle solution. Je vais devoir lui dire que je lui ai menti ou bien...

La porte se déverrouille devant moi.

— Un problème, princesse ? dit une voix très grave en face de moi.

Je retire mon visage de mes mains et regarde en hauteur. Bellamy, le frère d'Octavia, est appuyé contre la porte et me regarde. Il a 25 ans, une belle gueule, mais, malheureusement, rien dans le cerveau. Il n'a que quatre ans de plus que moi, mais je ne me suis jamais vraiment entendue avec. Il me fait un sourire narquois.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? je demande en soupirant.

— Je suis dans l'appartement de ma sœur, répond-il. Je ne vois pas en quoi c'est étrange.

— Laisse-moi entrer, lui dis-je, énervée.

— Supplie-moi d'abord.

Je serre les dents. Ce mec est vraiment insupportable. Cela fait environ cinq ans que je le connais et à chaque fois, nos conversations sont houleuses. Déjà, on est partis du mauvais pied, puisqu'il m'a directement appelé princesse, alors que je lui avais dit que je n'aimais pas ce surnom. Maintenant c'est clair que je suis habituée, mais je ne comprends pas pourquoi il se comporte de cette façon avec moi. Je ne lui ai jamais rien fait. Dès que je l'ai vu, au début de mon amitié avec Octavia, je n'étais pas contre l'idée d'avoir une amitié avec lui…

— Bellamy ! j'entends Octavia crier au loin. Ne sois pas con et laisse-là entrer !

— Tu as entendu la dame, dis-je en le regardant.

— Tu t'es vraiment levée du mauvais pied ce matin, me lâche-t-il. C'est quoi ces cheveux ?

— C'est les cheveux de la personne super énervée qui, comme tu l'as dit, s'est levée du mauvais pied ce matin.

Je décide d'entrer par moi-même. Je m'avance, pensant qu'il reculerait en me voyant proche de lui. Seulement, il ne bouge pas. Je me retrouve donc à essayer de le repousser avec mes mains alors qu'il rigole. Au bout d'un moment, il lâche son emprise sur le mur et s'écarte, me laissant passer dans l'appartement. Je lâche un « merci » ironique et entre dans le séjour. À gauche de moi se trouve le grand îlot de la cuisine, alors que Raven et Octavia sont assises sur le canapé à droite. Je me mets directement devant elles.

— J'ai un énorme problème les filles, leur dis-je.

— Attends, me coupe Octavia en se tournant vers Bellamy. Dégage.

— Non, j'aime bien écouter les problèmes de filles, répond celui-ci. Surtout lorsque c'est Clarke. C'est beaucoup plus intéressant.

Je le regarde alors qu'il prend appui contre l'îlot central. Il croise ses bras et me regarde intensément, créant ainsi un frisson incontrôlable le long de ma colonne vertébrale. Mais pourquoi la cuisine est-elle ouverte sur le salon ? Je soupire et décide de l'ignorer.

— Ma mère m'a appelée ce matin, dis-je à Octavia. Elle m'a invitée à un dîner la semaine prochaine, vendredi, avec toi et Lincoln.

— Clarke ! s'exclame-t-elle. Tu sais très bien que Lincoln et moi avons un dîner de prévu avec sa famille, vendredi.

Je soupire en entendant ses paroles. J'ai vraiment une mauvaise mémoire. Je vais donc me retrouver toute seule, sans ma meilleure amie pour m'épauler le long de la soirée.

— J'avais complètement oublié, j'admets en me frottant le front.

— Je suis désolée de te laisser toute seule à ce repas...

— Ce n'est pas grave, je lui dirai que tu ne viens pas, dis-je. Mais ce n'est pas le vrai problème.

— C'est quoi le problème ? demande-elle.

— Il y aura Finn.

Je vois Raven frissonner à côté d'Octavia. Elle est encore plus énervée contre Finn que moi, puisque c'est elle qu'il a trompé. Elle a rencontré quelqu'un récemment, un ami de Bellamy. Lorsqu'elle m'avait annoncé cette nouvelle, j'avais fortement serré les dents. Je n'arrivais pas à croire que les amis de Bellamy soient civilisés. Elle m'a assuré qu'il était très gentil et attentionné envers elle… Même si elle a toujours du mal à se remettre du mal que Finn lui a fait.

— Et alors ? me demande Octavia. Ne t'inquiète pas, il ne te fera rien.

— Il sera accompagné.

— Comment ça ? intervient Raven. Genre... Une petite amie ?

— Exactement.

— Je ne vois toujours pas le problème, continue Octavia. Tu ne l'aimes plus et, s'il a trouvé une copine, c'est qu'il ne t'aime plus. C'est chouette, non ?

Je soupire. J'aimerais que tout soit aussi simple, mais ce n'est pas le cas, à cause de moi et de ma grande bouche qui ne se ferme jamais.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, dis-je, en soupirant. Quand j'ai appris qu'il venait avec quelqu'un, j'ai eu honte. Il sera avec quelqu'un, alors que je serai seule. Je ne veux pas qu'il pense que je n'ai pas réussi à tourner la page, alors que c'est complètement faux. C'est vrai quoi, j'ai 21 ans, je ne devrais pas être encore seule...

— Qu'est-ce que tu essayes de nous dire ? me demande Raven.

Je croise les bras et baisse la tête, en lâchant un long souffle. Elles semblent attendre ma réponse. Je la marmonne doucement.

— Je lui ai dit que je venais accompagnée de mon petit-ami, avec qui je suis depuis six mois.

Un long silence accompagne ma révélation. Je relève la tête et vois Raven et Octavia se regarder. Puis, sans que je ne m'y attende, elles éclatent toutes les deux de rire. J'entends leurs rires aigus, ainsi qu'un rire plus grave. Je tourne la tête vers Bellamy, qui lui aussi a un fou rire. Il se tient le ventre avec l'un de ses bras et prend appui sur l'îlot avec l'aide de son autre. Je sens mes joues rougir en regardant de nouveau mes amies.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, je grommelle.

Leurs rires commencent à diminuer en intensité, alors qu'elles me regardent.

— Tu te mets vraiment dans le pétrin toute seule, me dit Octavia.

— Je sais...

— Et qu'est-ce que tu attends de nous ? m'interroge Raven.

— Il faut que vous me trouviez un copain. Tout de suite. Présentez-moi quelqu'un.

— Comment ça ? demande Octavia. Pour qu'il fasse semblant d'être en couple avec toi ?

Je me rends compte dorénavant de ma demande insensée. Seulement je n'ai pas le choix. Je ne peux pas revenir voir ma mère en disant que c'était un mensonge. J'aurais beaucoup trop honte après ça.

— C'est ça, dis-je. J'ai besoin d'un faux petit-ami.

— Tu crois qu'on en a beaucoup en réserve ou quoi ? dit Raven en riant. Hé, Octavia, ouvre ton placard et sors-en un au hasard !

— Bien-sûr Raven, répond celle-ci en riant à son tour. J'en ai trouvé un la semaine dernière d'ailleurs, il était parfait.

— Ça me fait penser au fait qu'il y en ait un qui attend sagement dans le fond de mon congélateur. C'est bon pour la conservation !

— Les filles ! je m'écrie. Aidez-moi.

— Tu me feras toujours rire, Clarke, dit Octavia en secouant la tête.

Elles s'attellent néanmoins à la tâche quelques minutes plus tard pour me faire plaisir. Bellamy les aide également, en essayant de penser à des amis à lui, mais renonce rapidement, n'en voyant aucun qui « pourrait supporter la petite princesse ». Je lui envoie un regard rempli de colère et de lassitude lorsqu'il prononce cette phrase, alors qu'il me lance un léger sourire et me regarde longuement.

Cinq minutes après, elles sont en train de chercher dans leurs connaissances quelqu'un qui pourrait me convenir. Je fais les cent pas en face d'elle en me rongeant les ongles.

— Et pourquoi pas Romain ? demande Octavia à Raven.

— Tu plaisantes ? Jamais de la vie. Je déteste ce type et ce n'est pas le genre de Clarke.

— Ah oui ? dit Octavia. Et tu le connais le genre de type de Clarke ?

— Quelqu'un qui supporterait une blonde écervelée ? sort Bellamy avec un sourire au coin des lèvres.

Les filles éclatent tout à coup de rire, alors que j'attrape le paquet de mouchoirs qui trainait à côté de moi et que je lui lance violemment à la figure. Il rit à son tour, alors que les filles s'arrêtent soudainement de parler et se regardent.

— Qu'est-ce qu'il y a ? je demande, inquiète.

— Tu penses à ce que je pense ? dit Raven à Octavia.

— Oh mon dieu. Ça va marcher du tonnerre !

Raven et Octavia se lèvent, se font une poignée de main improvisée et se tournent vers moi. Mais qu'est-ce qu'il se passe ?

— Alors ? je les interroge en m'approchant d'elles.

— Viens là, dit Octavia en me prenant par les épaules.

Elles me poussent légèrement. Mon dos butte contre l'îlot, alors qu'elles me placent à côté de Bellamy. Je regarde celui-ci, qui fronce les sourcils et croise ses bras musclés. Je commence à comprendre peu à peu lorsqu'elles se mettent devant nous et nous regardent un à un. Non. Non. Impossible. Non. Non.

— Magnifique couple, observe Octavia en souriant.

Je m'écarte vivement de Bellamy, alors qu'il a la même réaction que moi. Il met ses bras devant lui, ses paumes de mains en avant dans un geste défensif.

— Non Octavia, il en est hors de question, dit-il en contournant l'îlot.

— Non mais vous êtes malades ? je m'écrie soudainement. Jamais de la vie !

— Écoutez, nous dit Octavia, doucement. Vous vous connaissez depuis cinq ans, d'accord ? Vous ne vous supportez pas, mais vous connaissez exactement le caractère de l'autre.

— Je le déteste, dis-je entre mes dents.

— Si tu crois que je t'aime bien, tu te fourres le doigt dans l'œil, me lance-t-il.

— Je me fiche complètement de ton opinion sur moi, Blake !

C'est une habitude pour moi de l'appeler par son nom de famille lorsque je suis énervée et il le sait. Il secoue la tête d'agacement alors que je souffle de mon côté. Octavia croise les bras devant nous en nous lançant un regard noir.

— Quel est le film préféré de Bellamy ? me demande-t-elle.

— Ce stupide film avec les voitures-robots.

— Cela s'appelle Transformers, répond celui-ci en soupirant d'exaspération.

Octavia sourit et regarde Bellamy.

— Quel est la série télévisée préférée de Clarke ?

— Tout le monde aime Friends, cela ne veut pas dire que je la connais parfaitement.

Je regarde Bellamy en haussant les sourcils. Pour le coup, je ne pensais pas qu'il allait savoir ma série préférée… Mais il a raison. Tout le monde aime cette série.

— Arrêtez un peu, nous dit à son tour Raven. Clarke, si ta mère te demande où tu l'as rencontré, tu as juste à dire que c'est le frère d'Octavia. Cette histoire sera complètement crédible.

— Parce que tu penses que le fait qu'on se déteste va nous aider à nous faire passer pour un couple ? ironise Bellamy.

— Il a raison, dis-je en appuyant ses propos.

— Vous voyez ! s'exclame Raven. Vous commencez déjà à être d'accord.

J'ouvre la bouche pour répliquer, mais aucun son ne sort. Je ne sais pas quoi dire pour ma défense, puisque leur idée ne semble pas complètement irréalisable. Octavia croise les bras et nous fixe tour à tour. Elle me regarde et tourne ses yeux vers Bellamy, prostré contre le frigidaire. Elle me sourit et prend la parole.

— Et puis, vous formez un très beau couple. Vous allez très bien ensemble.

— Exactement, ajoute Raven. Ta peau super pâle, Clarke, contre celle halée de Bellamy, ce n'est pas parfait tout ça ?

Je soupire et me dirige vers le réfrigérateur. Je pousse Bellamy et sors une bouteille de jus de fruit. Je me sers un verre, alors que j'écoute Octavia et Bellamy argumenter. Je décide de ne pas intervenir.

— Et pourquoi est-ce que je ferais ça ? lui demande Bellamy.

— Pour l'aider !

— Ce n'est pas comme ça que tu vas me convaincre, dit-il en s'appuyant contre le frigidaire à côté de moi.

— Bellamy, tu la connais depuis cinq ans. Je sais que vous avez un peu de mal tous les deux à être d'accord, mais tu ne vas pas la laisser dans cette galère. Tu n'es pas comme ça.

Je le regarde, alors que je vois sa mâchoire se serrer un peu. C'est vrai que ce serait une très bonne idée, même si c'est Bellamy. Cela pourrait être crédible. Il est très mignon et, peut-être qu'avec un peu d'efforts, il pourrait se montrer respectueux avec les autres. Ma mère ne se douterait de rien. Je n'ai pas le choix, il faut absolument qu'il accepte.

Il ne répond pas à ce que dit Octavia. J'essaye d'intervenir et me tourne vers lui.

— S'il te plaît, Bellamy. Normalement je ne suis pas le genre de fille à supplier quelqu'un, surtout toi, mais j'ai besoin de ton aide.

— Clarke...

— Je te le demande. Aide moi.

Il me regarde et je vois ses narines se dilater. Je sais qu'il pense que c'est une mauvaise idée, comme moi, mais je ne peux pas faire autrement. Il réfléchit quelques instants.

— Très bien, je vais le faire, me dit-il en me fixant. Mais ce n'est pas pour toi.

— Pourquoi alors ? dis-je en haussant les sourcils.

— Je le fais parce que Finn a vraiment été un connard avec toi et Raven. Et je pari je ne sais pas combien qu'il est toujours amoureux de toi. Sans t'offenser, Raven, ajoute-il en se tournant rapidement vers elle.

— Pas de problème, répond celle-ci. Il vaut mieux que ce soit elle que moi, ajoute-t-elle en me faisant un clin d'œil amical.

— Finn n'est plus amoureux de moi, dis-je en rougissant.

— Je suis sûr que si, réplique Bellamy. Et je ne vais pas le laisser te piéger encore.

Il tend sa main. Bellamy et moi pouvons faire un bon duo si on y met du notre. Je tends ma main et la serre dans la sienne. Je laisse mes doigts quelques secondes contre les siens, profitant de la chaleur de sa peau. Je secoue ma main de haut en bas rapidement et l'enlève de son emprise.

— Il faut qu'on sache exactement ce que l'on doit faire, lui dis-je.

— Bien. On a qu'à se voir entre-deux. Je suis libre toute la journée de mercredi.

— Je n'ai plus de cours maintenant, donc ça me va.

— Rejoins-moi à mon appartement vers 14h. On verra ce que l'on pourra faire.

— Je ne suis allée qu'une seule fois chez toi, dis-je, surprise. Ça ne te dérange pas que je vienne ?

— Non, répond-il. Je suis ton petit ami, il va falloir t'y habituer.

Je frissonne en l'entendant dire cette phrase. C'est tellement étrange et improbable. Il va falloir que je m'habitue à ça également.

— Le problème c'est que je ne sais vraiment plus où tu habites, j'avoue en mordant ma lèvre du bas.

— Je viendrai te chercher en voiture en bas de chez toi alors, dit-il en levant les yeux au ciel.

Je hoche la tête en continuant à le regarder. Il se tourne finalement vers sa petite sœur.

— Je dois y aller, annonce-t-il.

— Où ça ? demande Octavia.

— Je vais voir Monty et Jasper dans le centre-ville.

— Dis-leur bonjour de ma part, lui dit-elle. Ça fait longtemps que je ne les ai pas vus.

— J'essayerai de les inviter chez toi un jour.

Octavia hoche la tête alors qu'il s'approche d'elle et la prend dans ses bras. Il ébouriffe ses cheveux et s'écarte d'elle. Il fait un signe de tête à Raven pour lui dire au revoir et s'approche de moi. Je resserre mon emprise sur mon verre dans ma main. Je me plaque contre le frigidaire, alors qu'il pose l'une de ses mains sur ma taille.

— Au revoir, princesse.

Sans que je ne m'y attende, il descend sa main contre mon dos et la pose très rapidement sur mes fesses. Je m'écarte vivement de lui, tandis qu'il se met à rire. Il commence à partir, mais je l'appelle.

— Bellamy ?

Il se retourne, alors que je me rapproche de lui. Je me hausse sur la pointe des pieds et je vois une lueur d'excitation dans son regard. C'est bien un mec. Je passe mon bras gauche autour de sa nuque. J'approche mes lèvres des siennes, tout en levant mon bras droit au dessus de sa tête et je renverse mon verre de jus de fruits sur ses cheveux. Je m'écarte, alors qu'il ferme les yeux en souriant. Le liquide coule le long de sa nuque et de son cou.

— Bonne fin de journée, lui dis-je en souriant.

Il attrape la serviette posée sur l'un des plans de travail, la frotte contre ses cheveux et me la lance avec force. Je l'évite et fais mine de le frapper avec mon pied, tandis qu'il s'éloigne en riant. Bellamy Blake est mon petit ami. C'est parti, la machine est lancée.


Alors, qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à me conseiller ou me dire ce qui ne va pas ! Toutes les reviews sont acceptées, bien sûr.

- Amandine.