NDA : Je n'ai pas de beta-reader donc excusez les fautes d'orthographe. Il y aura sûrement de la violence (l'action se passe dans la garde d'Eel qui fait office de poste de police géant. Je doute qu'ils fassent régner l'ordre à coup de bisous et de câlins) et des allusions sexuelles plus ou moins explicites (car Nevra fait parti de cette histoire et que Marion est une adolescente à l'esprit parfois mal tourné).
Sinon mon pseudo sur Eldarya est Mylane si ça vous intéresse, vous pouvez m'envoyer des mp si vous voulez. Quoi qu'il en soit, vos avis m'intéressent alors n'hésitez pas à reviewer!
Disclaimer : Ceci est une fanfiction sur Eldarya par conséquent le monde et les personnages de ce jeu ne sont pas à moi, ils appartiennent à Chinomiko et à son équipe. Je ne touche donc pas le moindre centime en publiant cette fanfiction (c'est pour ça que je suis fauchée).
Rating : T
Chapitre 9 : Nouvelles rencontres et familier perdu
Je rentre dans ma chambre, je pose délicatement l'œuf et les affaires qui vont avec sur le matelas que j'essaie de retaper avant de m'asseoir en tailleur par terre. Bon, il est temps de faire le point. Je suis apparemment sur une autre planète peuplée de gens tout droit sortis d'un livre de fantasy, j'ai décroché mon premier boulot grâce au chantage, je suis dans une garde de gros bras, je n'ai encore rien trouvé qui pourrait m'aider à rentrer chez moi, je dois retaper ma chambre provisoire pour qu'elle soit habitable et en plus je vais devoir m'occuper d'un animal maintenant. Putain, quel bordel.
Je me masse les tempes pour essayer de chasser le mal de tête qui me guette. C'est bizarre, j'ai toujours à moitié l'impression de rêver, même si je suis certaine que je ne suis pas en train de dormir. Ça ne fait que deux jours qu je suis là et la maison me manque déjà… Comment vont maman, papa, Seb et Léo ? Est-ce qu'ils ont lancé des recherches pour me retrouver ? J'espère qu'ils ne s'inquiètent pas trop… Il faut que je me dépêche de rentrer, sinon qui sait ce qui se passera cette fois ? Non, je ne préfère pas y penser, et puis c'est pas comme ça que je vais faire avancer les choses. Je ferme les yeux très fort et j'ordonne à mes mains d'arrêter de trembler. C'est du passé, ça devrait plus être aussi douloureux. Et dire qu'on me répète que la douleur s'atténue avec le temps, quel ramassis de connerie !
Bon, il faut que je me calme et que je m'occupe d'un problème plus pressant : le familier. Je me passe la main dans les cheveux alors que j'observe attentivement l'œuf qu'on m'a confié. Comme si j'avais déjà pas assez de mal à m'occuper de moi même… Comment est-ce que je vais bien pouvoir me débrouiller avec un animal dans les pâtes ? Bien sûr, je pourrais le "confier" de manière permanente à la garderie, après tout c'est leur boulot de s'occuper des familiers. Ils traiteront la pauvre bête sûrement mieux que moi. Bon, j'irai les voir dès que l'œuf aura éclot et je leur dirai que je ne pense pas être capable de pouvoir m'en occuper correctement. Je ne pense pas qu'ils auront quoi que ce soit à redire, après tout ils pensent déjà que je suis stupide et il est plus que probable qu'ils me prennent aussi pour une incapable. En attendant je vais devoir m'en occuper jusqu'à demain donc je ferais mieux de commencer à lire les bouquins que j'ai empruntés à la biblio.
Je m'assieds près de l'œuf et saisi le premier des bouquins. C'est quoi déjà, la race de ce familier ? Il me semble que son nom ressemblait à "crocodile". Je vais regarder dans le sommaire. Bon, ce qui s'en rapproche le plus c'est "Corko", ça doit être ça. Allez, c'est parti pour la lecture !
Au final je passe près d'une demi-heure à feuilleter les différents livres avant de m'estimer assez informée pour mettre l'œuf à couver. Je sors l'incubateur et je le mets à côté de moi, loin de la porte et des courants d'air puis je prends l'œuf et le pose délicatement dedans avant d'allumer l'engin. Bon, je vais devoir poireauter un bon moment avant qu'il éclose alors en attendant pourquoi pas continuer de retaper ma chambre ?
Alors que je me lève pour avoir une vue d'ensemble sur le boulot à faire, mon regard tombe sur le drap que j'ai emprunté hier. Ah c'est vrai, il y a ça aussi… Bon, je pense que je vais devoir aller rendre ça en priorité, histoire de ne pas retourner en prison pour vol. C'est vrai que je suis pas fière de ce que j'ai fait mais dans la panique j'ai pas trop réfléchi… C'était pas très honnête de ma part d'emprunter les affaires d'autrui sans leur consentement alors je devrais faire quelque chose pour m'excuser. Le problème c'est que je suis fauchée et j'ai rien de très intéressant à donner…
Je balaye la pièce du regard en cherchant une idée et je me mets à sourire en fixant un paquet de feuille que j'ai rapporté du débarras. Je sors un crayon de papier de ma besace avant de la repousser près de l'incubateur et je prends une des feuilles du tas. Autant que mes cours de dessin servent à quelque chose. Je m'assieds et essaie de trouver une idée de ce que je pourrais dessiner. Après quelques minutes de réflexion je me décide à faire un paysage, celui de l'étang près de la maison de ma grand-mère lors de la nuit aux lucioles. Je me laisse aller à me souvenir des journées où j'allais jouer là-bas avec mes frères alors que je laisse mon crayon caresser la feuille en essayant de piéger dessus le fantôme d'une journée d'été où j'avais pu danser avec les lucioles.
Alors que je peaufine les derniers détails je me rends compte que je fredonne une vieille chanson et ça me fait sourire. Pour la première fois depuis que je suis arrivée ici, je me sens calme et détendue. Le dessin a toujours été ma thérapie, quand ma vie était devenue un cauchemar mon psy m'avait conseillé de reprendre le dessin. Étonnamment ça m'avait aidée. Un peu. Je me souviens encore des jours où je passais ma colère à dessiner des caricatures moqueuses de tous ceux qui m'entouraient pour éviter de céder à la colère et de briser tout ce qui m'entourait. Enfin bref, j'ai mieux à faire que me laisser aller à des élans de nostalgie, le passé est passé, place au présent.
Je griffonne un mot de remerciement sur le bas du dessin et je récupère le drap et le slip que j'avais emprunté avant de les plier et de ranger le dessin dans un des plis. C'est une bonne chose de faite. Alors que je m'apprête à sortir de ma chambre je m'arrête et je baisse les yeux sur ma tenue. Entre le jean, la veste, l'écharpe et les baskets je ne risque pas de passer inaperçue. Je vais regarder dans le tas de tissus que j'ai ramené pour voir si je peux pas trouver quelque chose qui me permettrait de me fonder dans la masse. J'ai bien compris qu'il vaut mieux faire profil bas ici quand on est humaine.
Je trouve des habits rapiécés, plusieurs uniformes et quelques vêtements un peu ternes mais en assez bon état. J'en profite pour les plier et pour en faire une pile nette. Je suis sûre que je pourrais en trouver d'autres si je cherche bien, surtout que j'ai pas pensé à chercher des sous-vêtements, des chaussettes, des chaussures, des vestes, des chapeaux et des accessoires. Du coup je fais quelques allers-retours entre ma chambre et le débarras puis je choisis rapidement un ensemble bleu : pantalon en toile rapiécé, t-shirt à lacets, chaussures et gants troués et enfin un genre de ceinture faite de corde sur laquelle pendouille des anneaux qui pourront me servir à attacher des trucs. Ça fait certes un peu clodo mais ça fera très bien l'affaire. Je vais chercher dans ma sacoche mon couteau suisse et mon harmonica que j'attache à ma ceinture et je décide de ne pas prendre mon épée car je risquerais d'avoir l'aire franchement louche. Autant éviter les ennuis, après tout c'est bien beau d'avoir une épée, encore faut-il savoir s'en servir. Je plie soigneusement chacun des autres vêtements et je range le tout dans la caisse près du "lit" après y avoir déposé mes propres habits et ma besace.
Je guette mon reflet dans la vitre de la chambre et je recoiffe sommairement mes courtes boucles rousses. Mouai, ça ira bien comme ça. Je prends les affaires que j'avais "empruntées" et je me dirige vers le village en remerciant le ciel que je ne croise personne et que ce ne soit pas le jour du marché. Heureusement personne ne fait attention à moi, à part un groupe de vieilles femmes qui me jettent des regards condescendants auxquelles je réponds avec mon plus beau sourire. Cette fois ci je peux mieux profiter du paysage et je peux aller au rythme que je veux vu que je ne suis pas poursuivie.
La place du marché me semble tellement plus grande maintenant qu'elle n'est plus bondée. Il y a toujours quelques étales ici et là mais ce n'est pas la même ambiance que l'autre fois. J'ai l'impression que ce sont principalement des marchands nomades qui vendent des produits exotiques récupérés lors de leurs voyages ou des brocanteurs qui proposent toute sorte de chose. Je sais où aller si j'ai un jour quelque chose à vendre ou à acheter.
Sur les côtés de la place, en haut des escaliers, se dressent plusieurs magasins. Je prends quelques instants pour deviner ce qu'ils vendent ou à quoi ils servent. Le drôle de bâtiment qui ressemble à une tête de chat à l'air d'êtres assez luxueux, je pense que ça doit être une banque vu les dorures, l'architecture et surtout les gardes à l'entrée. Celui à sa droite porte un nœud sur son enseigne, sûrement du prêt-à-porté pour femme. De l'autre côté de la banque se trouve ce que je pense être un magasin de potion où d'alchimie. Le dernier bâtiment est un peu plus dur à deviner, malgré la terrasse on ne dirait pas un restaurant. Il doit abriter plusieurs commerces à mon avis. Pourtant l'enseigne me laisse perplexe : on dirait trois œufs kinder blancs. Attends une seconde, des œufs… Mais je suis conne, ce doit être une boutique pour familier ! C'est vrai que ça ne m'était pas venu à l'esprit. En tout cas je saurais où trouver les choses maintenant.
Je sors de la place du marché en me demandant distraitement si je vais être obligée d'ouvrir un compte à la banque pour recevoir mon salaire ou si on me le donnera en espèce. Enfin, je verrai bien en temps voulu. J'arrive ensuite au refuge de la garde. Je n'avais pas remarqué à quel point c'est joli la dernière fois. À l'entrée du village il y a un genre de patio dont le dessus et les piliers sont recouverts de végétation et de fleurs roses. Il y a plein de charmantes petites maisons aux toits recouverts de tuiles oranges ou rouges et aux murs beiges bordant un chemin de terre. Il y a pas mal d'arbres et d'arbustes mais le tout à l'air d'avoir été soigneusement taillé. J'ai vraiment l'impression que l'esthétique est très importante pour les gens d'ici. Il suffit de voir les habits que portent les gardes, j'ai rarement vu des ensembles aussi peu pratiques et fonctionnels.
Enfin bon, j'y réfléchirais plus tard. Cependant alors je retourne à l'endroit exact où j'avais subtilisé les affaires d'une inconnue, je ne peux m'empêcher de me poser des questions quant aux réverbères qui bordent le chemin. Alors que je m'approche du cordon sur lequel était étendu le linge que j'avais volé je commence à me dire qu'ils nous ont sûrement piqué l'idée. Mais avec quoi ils les alimentent ? De la magie ? Pourtant ils sont censés être en pénurie de maana... Perdue dans mes réflexions j'oublie un instant de regarder où je marche et je me retrouve face à un gamin qui pleure toutes les larmes de son corps. J'essaie discrètement de l'esquiver mais raté, il pose ses yeux pleins de larmes sur moi et il s'accroche à mon pantalon.
« -Je sais pas où il est ! Snif... J'ai voulu lui donner à manger, je pensais que ça lui ferait plaisir mais il s'est enfuit !
-Euh, je suis désolée pour toi gamin mais je sais pas du tout de quoi tu parles.
-Mon copain ! Je veux qu'il revienne ! »
Et il repart dans une grosse crise de larme, la main toujours fermement agrippée à ma jambe. J'écarquille les yeux en implorant les passants du regard de me venir en aide mais soit ils m'ignorent, soit ils me jettent un regard compatissant avant de passer leur chemin. Bande de couillon, vous avez pas honte ! Moi j'appelle ça de la non-assistance à personne dans la merde ! À ce que je vois je vais devoir me démerder toute seule pour faire comprendre à ce gosse que j'ai rien à voir avec ses affaires.
« -Calme-toi gamin, j'y peux rien moi si ton "copain" s'est barré alors je te propose un truc : et si on allait tous les deux voir ta maman, je suis sûre qu'elle trouvera une solution.
-Noooon ! Elle va pas être contente parce que j'ai encore perdu mon copain !
-C'est pas cool mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse moi, on se connaît même pas ! »
Il semble se calmer un peu et me fixe quelques instants avant de sourire.
« -Moi c'est Mery ! J'habite au refuge avec ma maman et mon… Mon… Je veux mon copain ! »
Et c'est reparti pour les larmes ! Bon, d'après ce que j'ai pu comprendre ce gamin a perdu son familier. Enfin, apparemment il l'a fait fuir en lui donnant de la bouffe inadaptée. Je sens que je vais avoir du mal à me débarrasser de lui si je ne trouve pas vite sa mère ou son familier. Il faut absolument que je le convainque de retourner chez lui. Je le dévisage un moment, les lèvres pincées. Des bouclettes blondes aux pointes un peu vertes, de grands yeux jaunes brillants, un petit nez en trompette, deux petites cornes arrondies sur la tête et des habits d'inspiration chinoise. Évidemment il fallait que je tombe sur un blondinet qui adore les animaux.
J'ai la gorge serrée, il me fait un peu trop penser à mon frère Léo pour que je me sente à l'aise. Je sais qu'il n'y peut rien mais je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir un peu de me rappeler ma famille que je pourrais peut-être plus jamais revoir. Jusque-là j'avais réussi à gérer mes angoisses mais là j'ai peur de craquer. Qu'est-ce qui va se passer si je n'arrive pas à rentrer à la maison ? Comment est-ce que ma famille va gérer ma disparition ? Est-ce que ça va faire comme la dernière fois ? Et si je reste coincée ici, dans quel état sera ma famille ? Si je ne suis plus là, qui va protéger Léo des connards qui viennent l'emmerder ? Est-ce que Seb, maman et papa réagiront comme la dernière fois ? Il faut vraiment que je trouve un moyen de rentrer le plus vite possible, il n'est pas question que je laisse ma famille s'autodétruire une fois encore. J'ai déjà laissé faire ça une fois mais il n'est pas question que je refasse la même erreur cette fois. Encore une fois c'est ma faute, alors je trouverai une solution je le jure !
D'ailleurs le gamin commence à s'agiter à côté de moi, il a dû sentir que quelque chose clochait. Tout à coup je me rends compte que mes mains tremblent légèrement, que je n'arrête pas de mordre les ongles de ma main droite et que mon corps tout entier vibre d'anxiété. Putain, c'est vraiment pas le moment de penser à ça. Je prends plusieurs grandes inspirations jusqu'à ce que les tremblements cessent et que je sois un peu plus calme. Je me retourne vers le gamin et je lui sourie. Bon d'accord, ça doit plus ressembler à une grimace qu'autre chose mais je ne peux pas faire mieux pour le moment.
« -Enchantée, moi c'est Marion. Je sais ce qu'on va faire : je vais te ramener chez toi et j'irai voir si je peux pas trouver ton "copain".
-C'est… c'est vrai ? Tu vas retrouver mon copain ?
-Eh oh, du calme gamin ! Je te promets rien, je dis juste que je vais essayer. Bon, tu as quoi comme sorte de familier ?
-C'est un crylasm ! Il est tout doux et il adore les câlins ! La dernière fois on a joué et je lui ai donné à manger et il s'est enf… enf…
-Enfui ? »
Merde j'aurais pas dû dire ça, il commence à se remettre à pleurnicher et j'ai toujours les nerfs à fleur de peau !
« -Euh, t'inquiète pas gamin, je vais essayer de le retrouver ton copain ! Allez, sèche tes larmes et dis-moi par où se trouve ta maison.
-D'accord, mais tu pourras dire à maman de pas me gronder ?
-Je verrai ce que je peux faire. »
Je le prends par la main et je le suis en l'écoutant jacasser d'une oreille distraite. J'essaie de mon mieux de mémorisant le chemin tout en essayant de me souvenir de ce qu'est un crylasm. Pourtant j'ai lu un bouquin sur les familiers il y a moins d'une heure, je devrais quand même être capable de me souvenir de trucs ! Je sais déjà que c'est un familier doux qui doit sûrement ressembler à une peluche mais pas moyen de me souvenir de quoi que ce soit là-dessus. Bon, c'est vrai que c'est pas ce que je cherchais donc j'ai pas fait gaffe mais franchement c'est pas de bol. J'ose même pas poser la question au gamin, je suis sûre qu'il me referait une crise de larme.
Mery me montre sa maison du doigt, tout excité. Alors que j'allai y jeter un coup d'œil j'entends une voix moqueuse derrière moi.
« Alors comme ça la petite humaine kidnappe des enfants maintenant ! Après le chantage et les provocations tu as décidé de passer le cran au-dessus à ce que je vois : tu t'habilles comme une clodo pour enlever des gamins. »
Évidement il fallait que je tombe sur Ezarel. Je soupire et je me retourne vers lui alors que Mery le salue avec un grand sourire. Ces deux là se connaissent à ce que je vois. D'ailleurs Mery commence à s'agiter, il lâche ma main et me dit qu'il a vu un ami lui faire coucou avant de se précipiter vers un autre gosse qui passait par là. Ils commencent à discuter avec excitation et je le surveille du coin de l'œil tout en me tournant vers Ezarel. C'est quand même bizarre la façon dont il a dit ça, ses paroles sont moqueuses mais il a l'air tout à fait sérieux. Je sais qu'il ne me connaît pas mais de là à me suspecter d'enlever des gamins c'est un peu exagéré.
« -Ah. Ah. Ah. Très drôle. Non vraiment, je suis morte de rire. Ça se voit peut-être pas là mais je t'assure qu'intérieurement je me pisse dessus.
-Ooh, mademoiselle s'essaie aux sarcasmes à ce que je vois.
-Je t'assure que je suis loin d'être une débutante dans ce domaine.
-Mouai, c'est ce que tu dis… »
Il me lance un regard sceptique mais son horrible sourire moqueur ne semble pas vouloir quitter ses lèvres. Qu'est-ce que j'ai envie de le baffer celui-là ! Il a un de ces timing, on dirait presque qu'il a senti que j'étais sur les nerfs et qu'il a voulu en rajouter une couche. Je lève les yeux au ciel et décide de prendre la chose avec sang-froid. C'est un chef de garde et il peut déjà pas me voir en peinture, je suis sûre que s'il trouve un moyen de me faire dégager il n'hésitera pas une seconde alors autant me tenir tranquille.
« -Bon, c'est pas que cette discussion hautement philosophique m'ennuie mais j'ai autre chose à foutre que de t'écouter me lancer des piques.
-Et qu'est-ce que tu as à faire de si important ?
-Je dois ramener ce gosse chez lui et essayer de lui ramener sa bestiole.
-Je vois, il a encore perdu son familier. Et c'est Kero qui t'a demandé de t'occuper de ça ?
-Hein ? Non, bien sûr que non. Je ne l'ai pas revu depuis le test de garde. C'est juste qu'il voulait pas me lâcher et qu'il continuait à chouiner. Il voulait pas rentrer chez lui sans son familier du coup j'ai dû lui promettre d'essayer de le retrouver. »
Il a l'air surpris pendant une seconde puis il me fait un grand sourire. Je sens qu'il va se foutre de ma gueule alors je le fusille du regard et essaie de me défendre avant qu'il ne dise quoi que ce soit.
« -J'allais pas le laisser seul dans le village quand même !
-Oooooooh, comme c'est mignon ! La petite humaine adore les enfants et veut sauver les familiers ! C'est pour ça que tu viens aider les pauuuvres petits enfants sans familiers? Allez, dis-moi tout ! »
Évidement il fallait que ce con vienne relancer le sujet alors que je venais juste d'arrêter d'y penser. Mais c'est quoi son problème ? Qu'est-ce qu'il cherche au juste ? Que je lui dise que la pauvre petite humaine débile a le mal du pays et qu'elle a tellement envie de revoir sa famille qu'elle est incapable de refuser quoi que ce soit à un gosse qui lui rappelle vaguement un de ses frères ? Bah il peut aller se gratter ! Ça lui fait plaisir de me refoutre en pleine face le fait que je ne reverrais peut-être plus jamais mon frère ? Quel connard !
« -Ta gueule, j'aime pas les gosses et je fais pas ça par bonté d'âme, c'est juste qu'il me gavait et que j'ai rien trouvé de mieux pour m'en débarrasser.
-Faut pas avoir honte enfin! Mais c'est super, maintenant je sais à qui on va refiler les corvées de babysitting.
-T'as pas intérêt à faire ça ! Tu ferais mieux d'aller t'occuper de tes oignons au lieu de venir me faire chier. T'es chef de garde, t'as sûrement mieux à faire.
-Eh, elle va se calmer la petite humaine ! Tu n'as pas à m'agresser, c'est pas de ma faute si tu n'as pas de sens de l'humour.
-Et toi tu n'as pas à m'emmerder. Sache d'ailleurs que j'ai un très bon sens de l'humour, c'est juste que je ne ris pas aux blagues débiles de ce genre. »
Je suis à deux doigts de montrer les dents. Il est insupportable ce type, il sait pas reconnaître quand il y a des sujets qu'il faut laisser tomber. Je prends une grande inspiration et j'essaie de me calmer en me passant une main dans les cheveux. Et dire que je voulais pas m'énerver. Bon, après c'est vrai qu'il ne peut pas non plus savoir que je ne veux pas parler de la raison pour laquelle j'ai accepté d'aider ce gosse.
« -Désolé, c'est juste un sujet sensible pour moi alors arrête d'insister.
-…
-S'il te plaît.
-…
-Et, avec tout mon respect, tu peux aller te brosser si tu crois que je vais m'écraser plus que ça devant toi. »
Il me fixe un moment, les bras croisés. Ça risque d'être compliqué de s'entendre, surtout qu'il n'a pas l'air de vouloir y mettre du sien. Heureusement que je ne suis pas dans sa garde.
« -Je vais laisser passer pour cette fois. Et sinon, lequel d'entre nous va devoir supporter ton adorable caractère.
-Valkyon, je suis dans la garde d'Obsidienne.
-Le pauvre, je le plains. Et tu comptes lui sauter à la gorge à la gorge à chaque fois qu'il dit quelque chose qui ne te plaît pas ?
-Je te signale qu'il n'y a que toi qui me tapes assez sur les nerfs pour que je réagisse comme ça. Je t'assure que si tu arrêtais de te foutre de ma gueule et de me provoquer je serais mille fois plus agréable.
-J'en doute.
-Doute autant que tu veux, c'est pas mes affaires. Mais t'inquiète pas, je sais faire la part des choses entre mes vendettas personnelles et mon travail.
-On verra bien Mademoiselle Susceptible. Mais tu avais au moins raison sur un point : j'ai des choses bien plus intéressantes à faire que de "discuter" avec toi.
-Eh bien je ne te retiens pas. »
Il se retourne et part sans même me répondre. Vivement que je rentre chez moi. Je me masse les tempes un moment avant de me reprendre. Moi aussi j'ai des choses à faire après tout. Je vais voir Mery qui est toujours en train de jouer avec son pote sur le bord du sentier et je lui dis qu'il faut qu'on continue la route maintenant s'il veut que j'aille essayer de retrouver son familier. Il dit aussitôt au revoir à son ami et on repart.
On arrive assez rapidement devant une petite maison toute mignonne, avec des fleurs aux fenêtres et des jolis rideaux fleuris. Ça fait très "petite maison dans la campagne" quand même. Enfin bref, je frappe trois fois et j'attends patiemment une réponse. Je m'apprête à laisser tomber quand soudain Mery lâche ma main et se précipite vers une belle dame blonde en criant « Mamaaaan ! » avant de lui sauter dans les bras. J'ai de la chance aujourd'hui ! Je la regarde un moment alors qu'elle le porte et lui fait un bisou sur la joue. C'est tellement mignon que j'en aurais presque des caries.
Je m'avance pour me présenter et lui expliquer la situation. Sous le regard implorant du gamin je fais de mon mieux pour minimiser les choses et éviter qu'elle se mette trop en colère contre lui. Je l'ai promis à Mery après tout. Elle soupire et lui lance un regard sévère mais elle n'a pas l'air de trop lui en vouloir. Elle a surtout l'air lasse, ça ne doit pas être la première fois que ça arrive. Enfin bref, elle me remercie chaleureusement de me donner du mal pour essayer de retrouver le familier de son fils. Je me contente de sourire en passant sous silence le fait que je ne le fasse que pour avoir la paix et qu'il me fait penser à mon petit frère. En tout cas elle a vraiment l'air d'être quelqu'un de bien. Je leur dis « À tout à l'heure ! » et je retourne au village.
Une fois revenue au point de départ je m'empresse de poser sur la corde d'étendage les vêtements que j'avais subtilisés. C'est déjà une bonne chose de faite ! Bon, maintenant il faut que je me renseigne sur les crylasms et leurs habitudes alimentaires. Je pourrais retourner dans ma chambre pour regarder dans les livres que j'ai empruntés mais tant qu'à faire autant aller à la pêche aux infos au magasin de familier, histoire d'avoir les conseils d'un pro.
Je retourne sur la place du marché et je me dirige vers le dit magasin alors que soudain j'entre en collision avec quelque chose. Je baisse les yeux et je me rends compte que je viens de bousculer un chat brun aux yeux bleus habillé à la mode orientale. Il relève la tête et bafouille des excuses avant d'essayer de ramasser le contenu de la caisse qui est tombée à cause de la collision. Je reste un moment immobile par terre et je le dévisage. Putain, le Chat Potté existe !
Il me faut encore quelques secondes pour sortir de ma transe. Après tout je ne vois pas pourquoi je suis surprise, je suis sur une autre planète où la magie existe alors ce n'est pas un chat bipède qui parle qui devrait me choquer. D'ailleurs je ferais mieux de l'aider au lieu de rester assise par terre comme une débile, c'est moi qui l'ai bousculé ! Je m'excuse à mon tour et je l'aide à ramasser ce qui est tombé. Il se trouve qu'il transportait un ensemble de plante et de nourriture, il y a même des esquimaux !
« -M-m-merci, c'est gentil.
-De rien, c'est la moindre des choses ! Tu as besoin d'aide pour porter ta caisse ? »
Il a l'air surpris par ma proposition et il se met à rougir. Si on m'avait dit qu'un jour je verrais un chat rougir, je ne l'aurais pas cru… C'est fou ce qu'il est timide ! Je me demande si à cause de ça ou si c'est juste dû au fait que ce soit un chat mais j'ai très envie de lui gratter les oreilles et de lui passer tous ces caprices. Pas qu'il ait l'air d'être du genre à faire des caprices. En tout car sil a l'air d'hésiter à me répondre.
« -J-j-je suis vraiment dé-désolé de te déranger avec ça mais j-j-je dois encore ramener plusieurs caisses à mon mag-magasin et j-je dois me dépêcher pa-parce que des clients m'attendent.
-Aucun problème, tu n'as pas à t'excuser tu sais, c'est moi qui t'ai proposé mon aide après tout. Je te suis. Au fait, tu t'appelles comment ?
-J-je m'appelle Purreru.
-Enchanté Purreru, moi c'est Marion. »
On continue à discuter alors qu'il me montre les deux caisses qu'il reste à ramener à sa boutique. Il me propose d'en prendre une des deux au-dessus de la sienne mais je refuse rapidement en lui expliquant que je suis plus que capable de porter deux caisses et que s'il essaie de le faire il risquerait de nouveau de rentrer dans quelqu'un. Heureusement je suis assez grande pour ne pas avoir ce problème.
Sur le trajet j'apprends qu'il est un purreko et que comme beaucoup des siens il tient un commerce. Il a un peu de mal à s'exprimer, surtout en présence de gens qu'il connaît peu mais il est extrêmement gentil. Je lui parle du petit Mery qui a perdu son familier et de la raison de ma dispute avec Ezarel. Il a l'air très concerné et semble assez inquiet pour le petit et, étonnamment, pour moi aussi. Je passe le reste du voyage à essayer de me retenir de lui faire un câlin et je ne fais même pas attention à l'endroit où nous allons jusqu'à ce que je me retrouve à l'entrée du magasin où je voulais initialement aller.
Je me tourne vers lui et lui demande quel genre de commerce il possède et il me répond avec un sourire timide qu'il vend des familiers et tout ce qu'il faut pour s'en occuper correctement. Je l'aide à mettre le contenu des caisses sur les étales avant de me tourner vers lui avec un sourire éblouissant.
« Tu es juste la personne que je cherchais alors ! Je cherche le familier du petit Mery mais je ne sais pas ce qu'est un crylasm, ni où les trouver et comment les attirer. »
Son visage s'illumine alors qu'il commence à me décrire en détaille les crylasms, leurs habitudes et leur histoire. Ça me fait chaud au cœur de le voir si passionné et je laisse mon expression s'adoucir. Je l'écoute silencieusement me parler de ce familier et je prends quelques notes mentales sur les choses qui me servirons. C'est étrange comme maintenant j'ai l'impression que cette journée n'est pas si mal. Il s'arrête soudain de parler et se met à froncer les sourcils en rougissant.
« -C-c-ce n'est pas gentil de s-s-se moquer de moi. T-t-tu aurais j-juste pû me dire que j-je parlais t-trop.
-Mais je ne me moque pas !
-T-tu souris !
-Ce n'est pas un sourire moqueur tu sais, ça me fait juste plaisir de te voir aussi passionné. »
Ses yeux s'écarquillent et vire écrevisse, on dirait presque qu'il a le pelage roux ! Je fais appel à tout mon self-control pour ne pas le prendre dans mes bras. Il finit par reprendre contenance et me donne deux esquimaux. Il me dit que je pourrai m'en servir pour attirer le crylasm du petit et me dit de chercher à l'extérieur du QG, près des terriers, parce que les familiers aiment beaucoup cet endroit. Je le remercie chaleureusement avant de me faire interrompre par une cliente mécontente qui ne peut apparemment pas attendre deux minutes avant de parler à Purreru. Je le remercie encore une fois et je m'apprête à partir lorsqu'une idée me traverse l'esprit.
« -Avant de partir je voudrais encore te demander une petite chose.
-B-b-bien sûr ! D-de quoi as-tu b-besoin ?
-Je voulais juste savoir si ça t'embêterais de passer chez le petit Mery pour lui expliquer comment bien s'occuper de son familier. Parce que j'ai peur que même si j'arrive à retrouver son familier il finisse par le perdre encore une fois car il ne sais pas comment le nourrir et prendre soin de lui.
-Ç-ç-ça ne me dérange p-pas du tout ! J-j-j'essaierai de p-passer en f-fin d'après-midi.
-Merci, tu es vraiment génial ! Je te le revaudrais, promis !
-P-pas besoin, t-tu m'as déjà b-bien aidé.
-J'insiste ! Bon, je vais te laisser, ta clientèle commence à s'impatienter. J'espère qu'on se reverra bientôt !
-M-moi aussi ! »
Je lui fais un bisou sur la joue et son air ébahi est vraiment adorable. Je lui fais un dernier coucou avant de me diriger vers la sortie du QG, le sourire aux lèvres. Honnêtement cette rencontre m'a tellement remonté le moral que je ne fais même pas attention au ée devant la grande porte, je me fais arrêter par une des gardes qui me demande la raison pour laquelle je veux quitter le QG. En m'approchant je la reconnais, c'est une des cinq gardes qui m'avaient rattrapée alors que j'essayais de m'enfuir. C'est bien ma veine, si mes souvenirs sont bons c'est la plus parano du groupe, celle qui voulait me remettre en prison. Elle a l'air d'avoir une dent contre moi et d'attendre le moindre faux pas de ma part pour me jeter dans une cellule vu les regards qu'elle me lance. D'ailleurs quelque chose me dérange chez elle. Je baisse les yeux en fronçant les sourcils avant de poser le regard sur ce qui me dérange. Elle a des jambes, elle n'a plus sa longue queue de serpent. Mais c'est quoi cette histoire ?!
« Eh, regarde moi quand je te parle ! » Elle ne semble pas aimer qu'on la dévisage, où alors elle pense peut-être que je me rince l'oeil sur ses jambes. En tout cas je lui répète une énième fois que je veux aller aux terriers pour retrouver un familier en ajoutant que si elle a si peur que je prépare un sale coup, autant qu'elle m'accompagne parce que sinon on risque d'y passer la journée. À ma plus grande surprise elle semble prendre en considération ma suggestion et elle finit pas acquiescer en grimaçant. On dirait vraiment que ça lui fait mal d'avouer que j'ai raison.
Elle fait signe aux autres gardes de nous laisser sortir après avoir chuchoté quelque chose à l'oreille de l'un d'eux. Elle fait bien attention de ne pas me quitter des yeux et de marcher assez proche de moi pour m'empêcher de m'enfuir. Son regard jaune semble vouloir me disséquer pour vérifier mes intentions et sa main droite est posée sur la dague accrochée à sa ceinture et semble lui démanger. Tout à coup je regrette de ne pas avoir apporté mon épée parce que je suis presque sûre qu'au moindre geste brusque elle essaiera de m'égorger et je n'ai pas de peine à croire qu'elle réussirait.
Non mais c'est quoi son problème ? Je veux bien que les humains n'aient pas trop la cote ici mais quand même, ça ne justifie pas tant de haine ! Surtout que je ne leur ai rien fait moi ! Bon, c'est vrai que j'ai "emprunté" des habits mais j'ai tout rendu donc ça compte pas comme du vol. Bon, je leur ai aussi fait du chantage mais franchement, c'était vital pour ma survie donc ça compte comme de la légitime défense. J'ai peut-être aussi failli provoquer une bagarre à la cantine mais c'est pas moi qui ai commencé, je me suis juste défendue alors c'est aussi de la légitime défense. Et puis honnêtement ils ne peuvent pas dire que j'étais trop chiante à propos de ma "chambre", je me suis débrouillée toute seule en faisant de la récup' et ça ne leur a pas coûté le moindre centime. Et puis je suis en train de faire ma BA là, je ne vois pas en quoi c'est si louche.
« -Hey détendez-vous, je vais pas essayer de m'enfuir ou de vous attaquer. Je cherche juste un familier.
-Si tu voulais un familier tu aurais pu te l'acheter, ça ne justifie pas ta sortie hors du QG.
-Bon, j'ai déjà mon propre familier merci bien. Certes il n'est pas encore éclos mais ça compte. Ensuite non je ne peux rien acheter, je n'ai pas d'argent.
-Menteuse, tu as l'argent que tu nous a lâchement soutiré.
-Oh, du calme ! Je tiens à signaler que je ne voulais pas vous arnaquer mais que vous me menaciez de me jeter en prison sans raison et je n'allais pas vous laisser faire les bras croisés. L'argent que j'ai réclamé me sert seulement de caution au cas où vous essayerez de nouveau de me foutre en taule et que je sois obligée de fuir ailleurs. Je vous signale que je viens d'un autre monde, je n'ai donc aucun papier d'identité, pas d'argent et plus une seule possession excepté ce que j'avais sur moi lorsque j'ai atterri ici. Il fallait bien que je m'assure d'avoir au moins de quoi survivre si vous ne teniez pas parole. »
Elle plisse le nez et ne semble pas croire un seul mot de ce que je raconte. Quelle tête de mule ! Elle a beau dire ce qu'elle veut mais ça ne se serait jamais passé comme ça s'ils n'avaient pas essayé de m'enfermer sans raison. Et après ils pensent que c'est moi qui ne suis pas digne de confiance ! Non mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité !
« -Ton explication pourrait être crédible si tu étais humaine, mais qu'est-ce qui nous le prouve ? Après tout tu es arrivée dans la Salle du Cristal, pas dans un cercle de sorcière. Ton histoire ne tient pas la route. »
Mais pour qui elle se prend la vieille peau, à remettre mon statut d'humaine en cause !
« -Bien sûr que je suis humaine ! Vous n'avez qu'à me faire une prise de sang si vous voulez vérifier ! Mais si vous ne pensez pas que je suis humaine, je suis quoi selon vous ? Une tarte aux oignons ? Ou peut-être une drosophile à ailes vestigiales ?
-Je pense surtout que tu es une espionne où un agent ennemi qui essaie de s'infiltrer. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive, surtout par les temps qui courent. »
Bonjour la parano. Non mais franchement, avec ma dégaine je comprends pas qu'elle me voit comme une menace. Certes je suis grande et un peu baraqué mais j'ai la masse musculaire d'un mollusque anémique et en ce moment je ressemble plus à une SDF qu'à une valeureuse guerrière. C'est vrai que je me suis déjà battue mais c'était des bagarres, pas de vrais combats. Je tiendrais pas 5 minutes face à une personne ayant suivi un entraînement et ça doit se voir comme le nez au milieu de la figure.
« Et ton odeur est extrêmement étrange. » rajoute-t-elle après réflexion, en fronçant les narines. J'essaie de renifler mes aisselles le plus discrètement possible, mais si j'en crois son haussement de sourcils je me suis faite griller. Bon, c'est vrai que je sens un peu la transpiration mais quand même, c'est pas à ce point-là ! Je place ma main devant ma bouche et vérifie mon haleine. J'avoue que j'aurais bien besoin d'un lavage de dent mais elle exagère, ce n'est pas parce que je pue un peu de la gueule qu'il ne faut pas croire ce que je dis !
Je me sentis obligée de rétorquer « J'ai pas encore eu le temps de me laver depuis que je suis arrivée ici ok ! » comme pour défendre mon haleine. Pour une raison qui m'est inconnue elle a l'air encore plus hostile.
« -Arrête ton manège, tu sais très bien que je ne parle pas de ça. Je sais que tu caches quelque chose, ton odeur était différente quand on t'a attrapée hier.
-Hein ? »
Euh, là ça doit être son nez qui a un problème parce que je n'ai rien fait de spécial à mon odeur corporelle. Cela me rappelle d'ailleurs que j'ai vraiment besoin d'une bonne douche. Quoi qu'il en soit, elle semble avoir décidé que la discussion est terminée car elle n'ajoute rien et se mure dans un silence hostile. C'est pas avec elle que je risque de profiter du paysage et des plaines vertes qui nous entourent, ça c'est sûr. Elle s'arrête brusquement.
« -Voilà, on est arrivé aux terriers. Dépêche-toi de finir ce que tu as à faire ici, j'ai des choses plus importantes que toi dont je dois m'occuper.
-Si c'est un tel calvaire de m'accompagner, je ne vous retiens pas.
-Bien essayé mais ça ne marche pas avec moi. »
Je hausse les épaules et commence à fouiller les terriers, un esquimau à la main, tout en ignorant l'air moqueur qu'elle arbore. Elle doit sûrement bien se foutre de ma gueule parce que je n'utilise pas d'appât. Enfin bref, il est venu l'heure de se salir les mains. Je m'accroupis par terre et plonge la tête dans le premier terrier… vide. Je continue le même manège avec les terriers environnants sans plus de succès, à par les quelques autres bestioles et des restes de coquille d'œuf et de nourritures qui traînaient dedans. J'ai d'ailleurs failli me faire piquée par un genre d'abeille mutante à un moment, depuis mon "accompagnatrice" n'arrête pas de ricaner. Très mature de sa part.
Alors que je passe à un nouveau terrier, j'entends une voix familière qui se rapproche.
« -Alwyyyyyyn ! J'ai un message pour toooooooi !
-Jowen, tu vois pas que ce n'est pas le moment ? »
C'est le surexcité avec qui j'ai mangé qui se ramène. Je n'ai jamais été aussi contente de le voir. D'ailleurs il faut que je retienne le nom de ces deux-là. Jowen et Alwyn. Pourquoi ils ne peuvent pas s'appeler Marc et Judith ? Ça aurait été tellement plus simple pour moi… Bon, faisons l'inventaire des noms dont je me souviens : Miiko la renarde tarée, Kero la licorne à lunette, Valkyon au beau cul, Nevra le vampire obsédé, Ezarel l'elfe qui me tape sur le système, Jowen la pipelette survolée et Alwyn la parano. C'est déjà bien.
« -Pourquoi, tu n'as pas l'air occupée. Tu prends l'air avec la nouvelle recrue ? Où alors tu as perdu un truc dans un des terriers ? Tu savais qu'on a mis en place un dispositif pour aider dans ce genre de situation ? C'est moi qui ai eu l'idée, je me suis dit que puisque ça arrive souvent et que-
-Jowen, tu t'égares. Et non, je ne suis pas là parce que ça me fait plaisir, je dois surveiller la soi-disant "humaine".
-Oh, tu es là avec Marion ? Coucou Marion ! Comment ça va ? Tu t'es remise de tes émotions depuis ce midi ? Tu as intégré quelle garde ? Ça se passe bien pour l'instant ? »
Ce mec me donne le tournis avec toutes ses questions. Je lui dis que je suis dans la garde d'Obsidienne et lui explique brièvement ce pourquoi je suis là, à quatre patte devant un terrier, surveillée par Alwyn. Il a l'air satisfait par ma réponse et se tourne vers celle-ci pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Elle le suit à regret quelques mètres plus loin et il lui dit une nouvelle qui ne semble pas lui plaire et commence ainsi une discussion animée. Je me détourne d'eux et plonge dans le terrier. Pas de mouton ailé en vue.
Alors que j'allais sortir la tête du trou mon œil est attiré par un objet brillant qui se trouve dans ma vision périphérique. Je regarde de plus prêt et me rend compte que c'est un morceau du Cristal. Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Je le récupère et sort précipitamment du terrier. Je jette un coup d'œil vers mes surveillants toujours occupés et le glisse discrètement dans mon soutient-gorge. Je n'ai certainement pas envie de le donner à Alwyn alors je le donnerai à Miiko en main propre. Je me relève et continue mes recherches comme si de rien n'était.
Un quart d'heure plus tard je dois me rendre à l'évidence : le familier du petit Mery n'est pas là. Pauvre gamin, qu'est-ce qu'il va être triste. J'essaierai de convaincre sa mère de lui en acheter un nouveau. Je retourne vers Alwyn, remarquant au passage que Jowen s'est éclipsé entre temps. Je lui dis que j'ai fini mes recherches et elle se dirige aussitôt vers le QG. Je lui emboîte le pas et le trajet se passe en silence. Je sens le cristal pulser doucement contre ma poitrine et je laisse mes pensées s'évader vers lui. Quels sont ses mystères ? Pourquoi est-ce qu'il a sur moi des effets aussi étranges ? Plus je reste à son contact, plus je me sens bizarre, comme si mon corps répondait à son appel et le reconnaissait.
Il obnubile tellement mes pensées que je ne remarque même pas que l'on est arrivées. Je me sépare d'Alwyn froidement et fonce aussitôt vers la maison de Mery, toutes pensées concernant le cristal oubliées. Je frappe à la porte et sa mère, Lony, me laisse entrer. Elle me guide vers le salon où Mery m'attend déjà. J'essaie de réunir tout le tact que je possède, c'est-à-dire pas grand-chose au final, et je lui annonce la nouvelle. Évidement j'ai droit à une nouvelle crise de larme mais heureusement sa mère réussit à le calmer et au bout de plusieurs explications il semble comprendre pourquoi son "copain" n'est plus là. Alors que sa mère lui promet de lui en racheter un, quelqu'un toque à la porte. Lony va ouvrir la porte et Purreru entre, un livre et un œuf à la main. Je vais aussitôt le saluer chaleureusement et il bafouille adorablement quand je dépose une bise sur sa joue gauche. Qu'est-ce qu'il est chou.
Une fois les effusions terminées il rejoint le petit dans sa chambre pour lui expliquer la façon dont on s'occupe correctement d'un familier et plus précisément d'un crylasm. Je me retrouve donc seule avec Lony qui me propose de rester boire quelque chose pour me remercier. Nous nous installons donc dans la cuisine et elle me sert une tasse de ce qui ressemble fortement à du thé. La discussion commence par des banalités mais nous nous trouvons très vite des atomes crochus. Elle me parle de Mery et de son mari décédé à cause de la maladie. En retour je lui parle de ma famille et de ma moitié perdue. Ça m'apaise de pouvoir parler à quelqu'un et lorsque je quitte enfin la maisonnette une heure plus tard j'ai l'impression qu'un poids s'est ôté de ma poitrine. Putain qu'est-ce que ça fait du bien !
Mais alors que je m'apprête à partir, j'entends le petit courir vers moi. « Attends, attends ! J'ai un cadeau pour toi ! C'est ma maman qui m'a dit qu'il fallait te dire merci alors tiens, je t'offre ça ! » s'exclame-t-il. Il place alors quelque chose dans ma main. Je l'ouvre et à ma grande stupeur je trouve dans la paume de ma main… au autre morceau de cristal. Je comprends pas, ils sont pas censés être durs à trouver ces machins ?
« -Merci gamin, c'est sympa de ta part. J'irai le donner à Miiko.
-D'accord, mais tu lui diras pas que c'est moi qui te l'ai donné hein ?
-T'inquiète petit, je gère.
-Merci, même si tu es pauvre tu es quand même gentille. »
Ouch, en plein dans le mile. Mais bon, c'est qu'un gosse alors je fais comme si je n'avais rien entendu et je lui fais un bisou avant de partir.
Je retraverse le village et la place du marché avec un sourire aux lèvres, rien ne peut tarir ma bonne humeur. Je retourne alors dans ma chambre, cache mon butin dans la couture de ma sacoche et me dirige vers les douches. Là-bas je fais la connaissance de deux autres gardes : Ykhar et Alajéa. La première est très franche et gentille mais plutôt angoissée tandis que son amie semble plutôt optimiste et naïve, mais aussi tête en l'air. On discute rapidement avant de se souhaiter bonne nuit. Elles ont l'air sympa.
Dans le couloir je fais une autre rencontre : celle d'Ashlanna, la fille qui avait aidé à me à me ramener au QG et qui m'avait ensuite snobé quand elle a dû me montrer ma "chambre". Elle s'arrête devant moi et m'adresse un avertissement.
« Tu ferais mieux de faire attention, les gens comme toi ne sont pas en sécurité ici. Tu pourrais très bien finir noyée, étouffée, carbonisée, amputée, embrochée, empoisonnée… » et elle continue encore et encore de me lister toutes les façons dont je pourrais mourir en étant sur Eldarya. Très rassurant. Une fois qu'elle a fini elle s'en va comme elle est arrivée, sans prévenir. Je ne sais pas trop si elle voulait me menacer ou juste m'avertir. Ses mots me disent qu'elle me veut du mal mais son regard dit autre chose. Cette nana me laisse perplexe.
Alors que je continue ma route, je me croise cette fois-ci mon très sexy chef de garde. Je l'informe que je suis dans sa garde après avoir échangé quelques politesses. Il fronce les sourcils.
« -Puisque tu es dans ma garde il faut que tu saches que je n'accepte pas les feignants et que j'attends de toi un travail sérieux et rigoureux. Ce n'est pas parce que tu es humaine ou nouvelle qu'il faut t'attendre à un quelconque traitement de faveur ou de défaveur.
-Très bien, ça me va. Je suis toujours sérieuse dans mon travail donc il ne devrait pas y avoir de problème. »
Il me paraît sceptique. À tous les coup il a parlé avec cet idiot d'Ezarel.
« -Bien, sache que l'entraînement à lieu tous les matins de 6 heures à 10 heures. Tu auras ton uniforme avant qu'on commence. Aucun retard n'est accepté.
-D'accord. Y a-t-il autre chose que je dois savoir ?
-… Pas pour l'instant. Bonne nuit.
-Bonne nuit. »
Je suis contente que la conversation ait été aussi courte au final, ça m'aura évité de trop le bouffer des yeux. Et puis j'en ai marre de voir des gens aussi.
Je rentre dans ma chambre pour de bon et retourne à ma rénovation. Une fois que j'estime pouvoir m'allonger sans danger et sans trop d'inconfort sur le lit je prends des feuilles et retourne à mes dessins et mes listes. Ce n'est qu'une heure plus tard que je suis dérangée par un bruit. Je lève la tête juste à temps pour assister à la naissance de mon familier. C'est un drôle de petit lézard tout mignon avec une longue queue et des yeux énormes. Je ferme les rideaux et je le prends dans mes bras et je le nourris avant de l'amener sur mon lit avec moi. Je le laisse se blottir contre moi. Apparemment il faut dormir avec lui pendant la première semaine pour qu'il se sente en sécurité. Je me prépare à dormir, la petite bestiole tout contre moi.
« Comment veux-tu que je te rende à la garde d'Eel maintenant. » je murmure en regardant ses jolis yeux verts se fermer. Je soupire doucement et ferme mes yeux à mon tour, exténuée.
Voilà enfin le chapitre que je vous avais promis ! Il est beaucoup plus long que d'habitude donc il m'a pris plus de temps que prévu mais le voilà ! On arrive doucement vers l'action, ne vous inquiétez pas. Pour l'instant, j'ai une idée assez précise de ce qui va se passer jusqu'au chapitre 21 environ mais je ne vous en dis pas plus.
En attendant, une réview siouplaît ?
