Titre : Une famille.

Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appelez aussi Plectrude si ça vous dit ^^)

Disclaimer : Supernatural appartient à ses créateurs.

Pairing : Destiel


A quoi s'était-il attendu ? Dean le sait. Un regard froid, de la haine, peut-être des insultes de la part de John. Il avait pensé se sentir comme un moins que rien, avoir l'impression d'être un assassin et de ne pas mériter de vivre, encore moins d'être heureux et de s'en sortir. A la place, quand John s'est tourné vers lui, il a regardé à travers lui, comme s'il n'était pas là, comme s'il n'existait pas. Dean se demande même s'il n'a pas réellement disparu. Il y a tellement d'indifférence dans cet homme qui a été son père, que Dean se sent mourir de l'intérieur.

Il y a un jour où cet homme lui faisait faire l'avion, le prenait sur ses genoux, lui racontait une histoire avant de dormir. Putain, il y a un jour où cet homme se faisait appeler « papa ».

Dean se dit que rien ne peut être pire que cet instant, juste au moment où un adolescent sort de la voiture et s'adresse à John :

- Eh papa, j'vais prendre le bus, Mark m'a appelé il m'attends au centre commercial.

C'est comme si quelqu'un l'avait ouvert en deux et avait tiré sur ses entrailles. Dean se demande s'il est toujours debout, parce qu'il a l'impression d'être tombé de cent étages.

- Vas-y Adam, mais garde ton portable allumé, je veux pouvoir te contacter n'importe quand.

- Ouais bien sûr.

Le dénommé Adam s'éloigne. John confie sa voiture à Bobby. Dean voudrait que Bobby l'oublie, mais Bobby l'appelle pour qu'il s'occupe du problème. Dean s'approche, comme un automate. Il ne respire plus, ou bien c'est l'impression qu'il a. Il ne sait même plus comment on répare une voiture.

- Bouge toi gamin, qu'est ce qui t'arrive ? S'impatiente Bobby.

Dean hoche la tête, mais il n'avance pas plus vite et reste planté devant la voiture.

- Pas très efficace votre employé, raille John.

Bobby hausse les épaules et s'approche de Dean. Il est clairement visible que quelque chose ne va pas.

- Dean ?

Dean s'essuie le front :

- Désolé, je vais le faire.

Il se penche vers le moteur. Et Dean l'entends, John qui se moque dans un murmure :

- Est-ce que tu répares les voitures comme tu tues les humains ?

Dean prends les câbles du moteur dans ses mains et les arraches d'un coup, prends un outil rabat le capot et le jette dans le pare brise, sous l'air mystifié de Bobby et de John. Puis il se tourne vers John et lui fout son poing dans la tronche.

Il va vers Bobby et le regarde :

- Tu peux me virer, mais il l'a mérité.

John est furieux, mais au moins il regarde Dean. Et Dean lui renvoie son mépris.

- J'ai réparé ta voiture comme tu as élevé tes gosses.

Puis il lui tourne le dos et s'éloigne.

Il a appelé Sam. Peut-être que ce n'est pas une bonne idée, peut-être qu'il devrait préserver Sam de ça, mais s'il n'en parle pas à Sam, il va se jeter dans un bar et se saouler. Il va se saouler jusqu'à tomber raide. Il aurait pu appeler Cas, il appellera Cas. Mais pour le moment c'est de Sam qu'il a besoin. Parce que Sam sait, il connaît l'histoire, il l'a vécu, il était là. Sam sait. Sam le rejoint à un kilomètre du garage où bosse Dean. C'est ce qu'à marché Dean avant d'appeler Sam, avant qu'il réussisse à se calmer un minimum. Putain il a besoin d'une bière. Il monte dans la voiture de Sam. Ils tracent la route.

- J'aime pas ta voiture.

- Je sais.

- J'ai envie d'une bière.

- Dean…

- Je te jure que j'ai envie d'une bière, ou d'un verre de whisky. On peut bien faire une entorse non ? Une seule, ce n'est pas si grave. Ca ira.

- Non Dean, et tu le sais.

Dean donne un coup de poing furieux sur le tableau de bord. Sam ne fait pas de remarque. Il attend que Dean lui raconte ce qu'il s'est passé, Dean a juste dit qu'il avait vu John au téléphone. Dean se bouffe furieusement un ongle puis répète :

- J'ai envie d'une bière.

Et ça le prend aux tripes, ça lui monte à la tête. Il n'a pas seulement envie, il a besoin. Il veut une putain de bière à s'enfiler.

- Une seule Sam.

- Non.

- Putain !

Sam ne s'arrête pas, il garde Dean en otage dans sa voiture en quelque sorte, jusqu'à ce qu'il se calme, jusqu'à ce que l'envie de boire lui passe. Jusqu'à ce qu'il lui parle.

- Je dois boire.

- Bien sûr que non. Dean pense à Cas.

Son monde bleu serait dévasté, deviendrait gris, terne.

- Okay, je ne dois pas boire. Mais j'en ai sacrément envie.

Sam roule, roule, roule. Puis Dean soupire :

- John a voulu que je répare sa voiture. Pourquoi ce garage là ? Sérieusement ? Je suis maudis ou quoi ?

Sam le laisse parler.

- Bref, il m'a ignoré comme si je n'existais pas. Comme si j'étais même pas là ! Putain mais quel sale con, j'en reviens pas. Dire qu'un jour j'ai dis que ce mec était mon super héros.

- Tu avais douze ans.

- Il a un fils tu sais.

La voiture fait une embardé avant que Sam reprenne le contrôle de la voiture.

- Désolé dit-il.

- Non ça va je comprends, je nous aurais foutu au fossé moi, t'es plutôt calme.

- Calme ? Il a un fils ? John a un fils ?

Dean regarde le visage de Sam changé, toute la colère se lit sur son visage, une colère froide et pleine de rancœur. Dean pose sa main sur son bras :

- J'aurais pas dû t'en parler.

- Si. C'est bien. Tu as bien fait. Continue.

Dean raconte la suite de l'histoire, et comment il a arraché les câbles du moteur et pété le pare brise de la voiture. Puis fait manger son poing à John.

- Bien, t'aurais dû lui en mettre deux, un de ma part.

Dean a un fin sourire.

- On devrait s'en foutre, on n'a plus besoin de lui depuis longtemps. On s'est débrouillé, on s'en est sorti sans lui. Pour moi tu es ma famille. Mais ça me rend quand même à la fois tellement furieux et triste…

Sam acquiesce, parce que c'est pareil pour lui. C'était leur père merde, pas forcément le meilleur des pères, mais le leur quand même. Il aurait dû les consoler, il aurait dû les rassurer, et les élever. Il aurait dû être là, pas s'enfuir comme un connard refaire sa vie et les laisser comme des merdes. Alors bien sûr qu'ils n'arrivaient pas à s'en foutre, alors bien sûr que ça faisait mal.

Ils roulent pendant des heures, Dean a envoyé des sms à Cas et Jess pour prévenir qu'ils rentrent tard. Que tout va bien. Ils sont silencieux, partagent leurs silences, se calment. Dean fini par oublier sa soif, oublier qu'il voudrait une bière.

- Sam ça va aller ?

- Ca va aller.

- Tu vas pas nous faire une insomnie ?

- Non, pas tant que tu vas pas te plonger dans l'alcool.

Sam fait demi-tour finalement. Ils se racontent des conneries, rigolent ensemble. Se taquinent.

- Connard !

- Salaud !

Se soutiennent. Puis mettent les choses au clair :

- Si on est mort pour lui, on a qu'à dire qu'il est mort pour nous. Marmonne Dean.

- Oui.

- Bien. Tu es ma famille. Cas est ma famille. Jess aussi si elle veut bien.

Sam hoche la tête :

- C'est pareil pour moi.

- Et c'est ça qui vaut le coup, n'est ce pas ?

Sam sourit :

- Carrément.

Sam dépose Dean devant son immeuble, Dean se penche vers lui et le prends dans ses bras. Puis ils se séparent.

Cas ne dort pas, Cas l'a attendu. Dean se roule dans ses bras, voudrait se faire minuscule pour s'effacer dans ses bras, et si Cas est plus petit que lui, il sait pourtant l'emballer dans ses bras.

- Mauvaise journée. Devine-t-il.

Et Dean lui raconte tout. Cas le dorlote et murmure :

- On devrait se boire un jus de pomme à la santé de nos pères.

Dean éclate de rire et va réellement sortir le jus de pomme.

Et ils le boivent en discutant toute la nuit sur le canapé, collés l'un contre l'autre.

xxx

Bobby n'a pas viré Dean. C'est assez dingue vu que John a menacé de porter plainte contre le garage. Mais Bobby s'est pas laissé faire, pas laissé démonter. Il a réparé la voiture, changé le pare-brise gratuitement. Puis il a demandé à John de ne plus venir chez lui, qu'il n'y serait pas le bienvenue.

- C'est plutôt votre employé que vous devriez virer, pas vos clients.

- Je suis le boss, je décide qui je vire. Dégage de mon garage maintenant.

Bien sûr Dean s'est fait engueulé, et s'est excusé. Puis il a expliqué à Bobby pourquoi il avait fait ça. Bobby regretta de pas avoir fait payé John.

- Maintenant finit les jérémiades, gamin, au travail !

Dean sourit, puis Dean s'y met.

Il existe dans ce monde des mecs comme Bobby, des gars compréhensifs, bougon mais dans le fond vraiment gentil. Attachant.

Alors ce monde vaut peut-être bien la peine.

xxx

Dire que la vie devient facile serait un mensonge. Mais la vie devient quand même plus facile qu'avant. Dean, Sam et même Cas se sont bouffés des merdes dans la tronche pendant assez longtemps sans doute. Maintenant ils se tiennent debout, blessés, avec des cicatrices à l'intérieur d'eux même, mais plus forts, plus solides. Ils ne sont pas prêts d'abandonner. Puis surtout ils ne se laissent pas tomber, ils se soutiennent, Jess est là aussi, maintenant elle s'entend bien avec Dean, mieux. Elle a appris à le connaître, à le comprendre, à l'accepter, même quand il fait des blagues bidons. Et elle apprécie beaucoup Cas également. Alors quand c'est la merde pour un, les autres sont là.

Voilà, ils sont une famille. Avec tout ce que ça apporte. L'amour, les disputes, les moments de rigolades, les repas, les échanges, les déprimes, les câlins. Tout le reste.

Cas annonce à Dean qu'il veut arrêter son travail, qu'il voudrait faire autre chose. Reprendre des études qui lui permettent de venir en aide aux gens. Dean n'est pas tellement étonné et le soutient. Ils se démerderont pour l'argent.

- Tu ne veux pas reprendre tes études toi, Dean ?

- Non merci, je me plais où je suis, j'ai toujours détesté les études. J'ai un super taff, un super patron. Ca ira.

Cas l'embrasse.

- Merci. Je t'aime. Je suis heureux de te connaître.

- Tout ça ?

- Oui.

- Je sais pas si je le mérite, sourit Dean.

Cas l'embrasse encore.

- Tu le mérites.

Dean appuie son front contre le sien et regarde ses yeux longuement. Plonge dedans, se noie. Le bleu l'envahi.

- Je suis heureux aussi.

Et Cas appuie sur sa nuque pour qu'il l'embrasse, aspire son oxygène, dévore ses lèvres. Aime Dean. Et Dean l'aime.

Et ils s'aiment.

Et la vie continue.

xxx

- Bonjour, je suis Dean. Je suis alcoolique. Aujourd'hui ça fait exactement deux-cent-soixantre-trois jours que je n'ai pas bu.

Fin.

L'autatrice : et voilà, une histoire qui se termine. C'est tellement bizarre. Et bien j'espère qu'elle vous aura plu, ou apporté quelque chose. Avec les deux frères et confidences d'un lit, il s'agissait de la dernière fic à chapitre qui traînait sur mon ordinateur, donc pour le moment je ne sais pas trop ce que je posterai le lundi, peut-être des OS (j'en ai encore quelques uns), peut-être rien. Vous verrez bien. J'attends vos avis sur ce dernier et court chapitre.