Tell me who you really are…
… And I'll tell you who I really am.
Le cercle des reviewers anonymes :
Joky : Oh mon dieu merci xD Ah non il est assez loin de l'archétype sur « gendre idéal » hein ! Il est plutôt du genre « je tue tes parents et je te manipule pour profiter honteusement de ton corps après ! » xD Non justement je pense que la mort de ses parents de la main de Tom c'est LE truc qui le gêne et qui le détruit peu à peu, par dégoût de lui-même et de ses désirs !
Merci beaucoup beaucoup, trop de compliments haha ! Ah bah écoute, je serai ravie que lise mes autres fics :D Si un jour tu as le courage !
La fin est là, j'espère qu'elle te plaira ! :D A bientôt ! Encore merci !
Nepheria4 : Merci ! :D
K.S : Bestial oui… Les pauvres, ce que je leur fais faire xD Merci !
Note :
Bon, nous voici donc réunis encore une fois pour la fin d'une fic xD Ça me fait toujours super bizarre mais je m'en remettrai hein !
Ce chapitre est extrêmement long selon mes standards habituels, puisqu'il fait 12-13 pages Word (si si xD) ! Remerciez-moi de pas l'avoir coupé en deux xD
J'espère sincèrement que cette fin vous plaira, je me voyais pas du tout terminer cette fic autrement et je pense que vous savez pourquoi pour ceux qui me connaissent un peu xD
Sur ce je vous souhaite une bonne lecture et je vous dis encore un grand merci !
Rendez-vous en bas, les cocos !
Chapitre Neuvième
Je me dégoûtais. Je venais de prendre mon pied avec Tom Riddle, mage noir responsable de la mort d'un tas de personnes innocentes, dont mes parents. J'étais un être… ignoble. Je ne valais pas mieux que lui. Je ne valais même rien.
Je laissai ma tête s'appuyer contre le mur, des larmes de dépit coulant sur mes joues. J'avais l'impression qu'il m'avait pris quelque chose. Ma dignité peut-être ? Une partie de ma raison ? Mon estime de moi-même ? Je n'en savais rien mais je me sentais étrangement entier dépouillé de cette chose, comme si ce que j'avais fait avait finalement été le but intrinsèque de tout cela. Comme si tout ce que nous avions vécu devait nous amener à ce point précis que nous venions de partager.
Mais bon sang comment pourrais-je encore me regarder dans le miroir ? Comment pourrais-je encore regarder les autres en face ?
Je me précipitai sous la douche. Je voulais presque me persuader que je me sentais sali, mais la vérité c'était que je me sentais brûlant. Encore brûlant de notre étreinte et ça me tuait à petit feu. Je me lavais pourtant consciencieusement, retirant son parfum entêtant de ma peau, retirant les marques de ses baisers, fermant les yeux en apercevant la morsure sur mon épaule et en songeant à celle qu'il devait avoir à la base du cou. Pourtant en sortant de la cabine de douche, je me sentais toujours mal au possible, envahi comme jamais. C'était comme s'il était penché sur mon épaule et me soufflait dans le cou, en permanence.
Le lendemain, je pris sur moi de descendre le voir à nouveau. Il semblait toujours grognon quand je laissais filer plusieurs jours entre une entrevue qui m'avait trop remuée. Je l'avais déjà fait et je ne tenais pas à le mettre de mauvaise humeur. Je voulais toujours des réponses et je souhaitais le garder au maximum dans de bonnes dispositions pour qu'il me les donne. Et il avait intérêt à l'être vu ce que nous avions osé faire hier soir. Un frisson me traversa et je n'aurais pu définir s'il était de plaisir ou d'horreur.
Je repensai à tout ce que Remus m'avait appris et tentai d'afficher à nouveau une mine impassible et à compartimenter chaque émotion pour ne pas me laisser envahir. J'avais désespérément essayé de le faire chaque fois que j'étais venu à sa rencontre, mais rien n'y avait fait. Ma carapace volait en éclat à chaque fois.
J'ouvris la porte de la cellule avec une appréhension terrible. Il était de dos, posté près de la fenêtre qui laissait filtrer une lune haute dans le ciel. Il avait une serviette posée sur les épaules et ses cheveux goûtaient encore d'une douche récemment prise.
Il ne se retourna pas alors qu'il sentit très certainement ma présence. A sa silhouette altière se superposa les images d'hier soir et je fermai un instant les yeux, le souffle soudain beaucoup plus court. J'étais dans une immense galère… Si assouvir ce désir avait pu m'en débarrasser j'aurais été soulagé d'un poids. Mort de honte mais soulagé. Il semblait que ce ne soit pas le chemin que mon état prenait vu mon rythme cardiaque et mon souffle saccadé.
– Tu diffuses un subtil malaise dans la pièce, Harry, me dit-il soudain en se retournant.
Il me fixa et je ne savais plus quoi faire de mon corps, comme si chacun des gestes que j'aurais pu faire serait gauche, malvenu. J'allais de déconvenues en déconvenues avec lui et je ne voulais pas faire un faux pas de plus. Pour ma santé mentale. Pour qu'il parle enfin.
Il me déshabilla du regard, comme s'il calquait les images qu'il avait eu de moi hier sur celle que je lui renvoyais aujourd'hui.
– Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes me voir avant plusieurs jours. C'est surprenant. Le désir d'avoir des réponses doit être plus fort encore que ton mal être, ajouta-t-il avec un sourire indulgent quelque peu sarcastique.
– C'était une erreur.
– Comme il te plaira, cependant… une question me vient. Dans l'hypothèse où tu obtiendrais des réponses de moi et donc le moyen de trouver le morceau d'âme qu'il reste… Seras-tu capable de me tuer ?
– Je ne serai pas obligé de le faire, tu es enfermé, à la merci de la baguette de n'importe qui dans ce manoir.
Je baissai les yeux sur un point dans le vide, me contentant de me concentrer sur sa voix.
– Tu me laisserais donc me faire abattre par l'un de ces chiens pitoyables ? releva-t-il, la mine écœurée.
Je ne savais pas. J'aurai voulu lui répondre que c'était tout ce qu'il méritait, mais la vérité c'était que je n'aurai jamais la force de le tuer sans me sentir encore plus sali après ce que nous avions vécu hier.
– Très bien…, finit-il par dire. Sans doute est-ce mérité mais j'aimerais que tu me fasses une promesse.
Je relevai la tête et fixai mon regard dans le sien.
– Laquelle ?
– Promets-moi que, si après ce que tu découvres tu veux toujours me voir mort, tu me tueras par toi-même.
Il parut profondément amusé par ce qu'il venait de me demander et je n'en compris pas vraiment la raison.
– Je ne peux pas…, commençai-je, hésitant.
– Ce serait un honneur, ajouta-t-il, l'air toujours aussi rieur.
Je fermai les yeux, agacé et me laissa tomber sur une chaise.
– Jouons carte sur table, veux-tu, qu'est-ce qu'il y de drôle dans tout cela ?
– Promets avant.
– D'accord je promets, balayai-je. Explique-moi maintenant.
Il prit le temps de s'asseoir face à moi avec une élégance rare. Il me fixait, caressant distraitement sa lèvre inférieure de son pouce. J'ignorai s'il eut conscience de ce que le geste équivoque provoqua en moi.
– Je t'ai déjà tout expliqué. Tu as déjà en main tous les éléments pour trouver la réponse que tu cherches depuis que tu es enfant. Réfléchis, rassemble chaque information que tu as sur toi, sur moi, sur notre lien. Ne reviens pas me voir avant d'avoir compris. Je t'ai laissé assez de temps, Harry. Bien assez.
Je me relevai, les sourcils froncés, cherchant le moindre indice dans son regard carmin. Mais il n'y avait rien d'autre qu'une impatience un peu morbide. Il se leva également et s'approcha.
Je reculai imperceptiblement encore et encore jusqu'à buter contre le mur.
– Réfléchir quand une telle idée fixe occupe nos pensées…, murmura-t-il, désapprobateur, en caressant mes bras.
– Je te hais tellement, Tom.
– Je sais, dit-il en passant sa main dans mes cheveux avec une douceur inattendue. Tu voudrais me haïr encore. Tu ne m'aimes pas, tu ne me détestes pas non plus et tu ne m'es pas indifférent.
Comment appelait-on ce qui était à mi-chemin entre amour et haine et qui n'était définitivement ni l'un ni l'autre ? Je n'en savais rien et ça me tuait à petit feu. Jamais je ne pourrais parler d'amour. Aucun trait de sa personnalité ne me plaisait pourtant chacun d'eux me fascinait. Et à la place d'un « Je t'aime » affreusement déplacé et anormal, j'avais envie de dire « Tu me fascines » avec une force écœurante.
– Toi aussi, me souffla-t-il, ayant semblé suivre le cours de mes pensées.
Je n'eus pas le temps de remettre en place mes barrières d'Occlumencie qu'il déposait ses lèvres sur les miennes avec une retenue surprenante. Je me laissai faire, les bras le long du mur alors que les siens, dans le creux de mes reins, m'amenaient toujours un peu plus contre lui. Une sensation de vertige terrible m'agitait et mon point de gravité passait sans cesse de mon ventre noué à lui.
Il relâcha doucement la pression sur mon bassin, laissant ses doigts courir sur mes bras raidis jusqu'à remonter dans mon cou et sur mes joues qu'il caressa un instant.
Il finit par s'éloigner de deux pas et j'aurais voulu le retenir, mais je tentai de me contrôler. Je le laissai repartir vers son lit et quittai la pièce, la conscience éteinte.
Je m'installai dans la cuisine déserte, plongée dans l'obscurité. Il était une heure du matin et je n'avais aucune envie de dormir. Je me servis une tasse de thé et m'accoudai au plan de travail, le regard rivé sur le domaine magnifique.
Je ruminai chaque élément que j'avais pu apprendre.
Il ne restait qu'un Horcruxe. Karen soupçonnait duquel il s'agissait et Tom lui avait menti pour cette raison précise. Apprendre ce dont il s'agissait ne me plairait pas, d'après les standards de Tom, bien sûr. Il m'avait dit de penser à tout ce que je savais sur notre lien.
« Vous êtes… ma plus belle création… »
La voix de Tom avait résonné dans ma tête, amenant un flot de souvenir.
« Voldemort m'a transmis un peu de lui-même»
C'était ce que j'avais demandé à seulement douze ans et Dumbledore n'avait pas démenti.
Je me courbai, me cramponnant au plan de travail jusqu'à ce que mes jointures en blanchissent. Je fis basculer ma tasse de thé sur le côté, d'un mouvement de main désespéré. Je l'arrêtai cependant avant qu'elle ne touche le sol, le souffle court. Je ne devais alerter personne. Je devais voir ce que Snape avait à me confier dans ses souvenirs. Je devais savoir, mais s'ils contenaient bel et bien ce que je pensais ils avaient dû être détruits il y a longtemps. Une seule personne les possédait encore à coup sûr dans sa mémoire et il s'agissait de Karen.
Si j'avais raison, si…
Je fis volteface et redescendis dans les cachots au pas de course. J'ouvris la porte d'un mouvement et trouvai Tom, patiemment assis sur une chaise, comme m'attendant.
– Rapide, dit-il d'un ton appréciateur.
– Je suis l'un de tes Horcruxes, n'est-ce pas ? murmurai-je, atterré, en proie à un désespoir qui me rendait fou peu à peu.
Il ne répondit rien, se contentant de me fixer dans les yeux. J'abattis brutalement mes mains sur la table, la brisant en deux sous l'afflux magique.
– Répond ! hurlai-je.
– Je n'ai aucun besoin de te répondre. Tu sais déjà ce que je vais te dire.
– Mais pourquoi ? Pourquoi moi ?!
– Ça n'a jamais été volontaire, Harry. Tu es l'Horcruxe que je n'ai jamais eu l'intention de créer. Un morceau de mon âme s'est logé en toi au moment où la protection de ta mère sur toi m'a réduit en poussière, expliqua-t-il doucement, l'air un peu amer en repensant à ce soir-là où il aurait pu être détruit. Tu m'as sauvé si je puis dire. Ou peut-être est-ce moi qui t'aies offert une protection contre moi-même toute ces années. Cette protection est aujourd'hui plus… concrète puisque désormais tu es en danger à cause de cet Horcruxe et protégé par ma parole contre celle de Karen.
– Je ne comprends plus rien…, murmurai-je. Tu me protèges ? Tu protèges plutôt ce morceau d'âme oui…
Je comprenais enfin son attirance pour moi. Son narcissisme était si avéré qu'à travers moi c'était presque lui-même qu'il désirait. Mais je sentais… je sentais que ça allait au-delà de ça. Il ressentait cette chose que je n'arrivais que trop peu à accepter : j'étais digne, digne de vivre à ses yeux et c'était étrangement gratifiant et écœurant tout à la fois.
– Ce qui revient au même. J'ai compris ce que tu étais au moment où tu as commencé à détruire les Horcruxes. Ce lien ne trouvait aucune explication logique avant cela. Et cette douleur que tu ressentais quand je te touchais… Si tu me haïssais, le morceau de mon âme ne pouvait le supporter puisqu'il n'aspirait qu'à me rejoindre avec une détermination presque touchante.
Je me saisis la tête entre les mains, horrifié.
– Donc si je te tue, tu renaîtras à travers moi ?
– A travers mon dernier Horcruxe et pas le moindre puisqu'il s'agit du puissant Harry Potter. Imagine un instant ce que je pourrais faire avec ta magie à disposition, ton corps comme réceptacle.
– Alors pourquoi ne pas me tuer ? soufflai-je.
– Parce que cela reviendrait néanmoins à tuer un autre de mes morceaux d'âmes et que je m'y refuse. Tu ne connais pas la douleur que c'est. Cela m'affaiblit, quoi que j'en pense.
– Pourquoi Karen ne s'est pas débarrassée de moi, elle aurait pu me tuer !
– Non, même si elle avait pu, elle ne l'aurait pas fait. Pas sans savoir si j'avais d'autres Horcruxes. Tu es le seul capable de me tuer et te tuer reviendrait à signer leur arrêt de mort à tous s'il s'avérait que je renaisse à travers un autre Horcruxe. Mon demi-mensonge est la seule chose qui nous maintient tous deux en vie. De plus… Quel sont les trois seuls moyens que vous aviez de détruire l'un de mes Horcruxes ? souleva-t-il, la voix dangereusement basse.
– Les crochets de Basilic.
– Auquel toi seul as accès et que personne n'utiliserait contre toi au sein de l'Ordre même si on le leur demandait. Tu ne les laisserais pas approcher, si je ne me trompe pas et certains s'y opposeraient.
Je hochai la tête. Je n'aurai jamais ramené un crochet à Karen sans une bonne raison de toute manière. Il s'agissait d'un venin bien trop puissant.
– L'épée de Gryffondor, ajoutai-je.
– L'épée de Gryffondor qui n'apparaît qu'aux âmes les plus nobles et loyales. Pensez-vous qu'un être pur, capable de la brandir, l'abattrait sur vous ? Karen a-t-elle pu une seule fois la sortir du Choixpeau ?
– Jamais, non, murmurai-je. Il y avait… toi. Tu peux détruire ta propre âme.
– A ton avis pourquoi voulait-elle tant que nous nous rencontrions sur le champ de bataille ? Si je t'avais tué, j'aurai annihilé mon dernier Horcruxe et j'aurai alors été… plus faible, plus atteignable. Elle est coincée. Elle est morte de peur à l'idée que je te manipule, que j'ai effectivement encore un autre Horcruxe dans la nature. Elle voulait que je te tue, c'est pour cette raison qu'elle t'a envoyé ici. Pour cette raison également que plusieurs fois tu as senti que les protections avaient été abaissées autour des cachots. Si j'avais voulu te tuer, tu serais mort depuis longtemps.
– Elle n'a plus d'options, chuchotai-je. Soit elle me tue et l'Horcruxe prend possession de moi, à condition qu'elle trouve de quoi me tuer, ce qui est compliqué vu le peu de moyen. Soit elle te tue et tu prends possession de moi. Soit tu possèdes en effet d'autres Horcruxes, comme tu le lui as dit, auquel cas me tuer et te tuer reviendrait à te faire renaître ailleurs. Pire, si elle te tuait et que tu possédais vraiment un autre Horcruxe, elle se retrouverait avec un Elu possédé et un Horcruxe introuvable….
– D'où son besoin de t'envoyer me faire cracher le morceau sur ces Horcruxes imaginaires qu'elle croit dehors. Si en plus de cela, nous pouvions nous entretuer, elle en serait certainement ravie.
– Mais ce n'est pas arrivé.
– Alors qu'a-t-elle fait ? souleva-t-il le regard pétillant, savourant de m'entendre réfléchir avec lui, comme deux partenaires en crime, comme des complices.
– Elle a amené le doute. Si elle pouvait nous enfermer tous les deux ici… Mais elle n'a pas de raisons valables et certains ne la laisseraient pas faire. Elle m'aurait alors condamné à une mort certaine et tous lui tourneraient le dos, le conflit détruirait le camp de l'Ordre, compris-je, les liens se faisant peu à peu dans mon esprit.
Tom hocha la tête doucement. Ses gestes étaient plus amples lorsqu'il s'exprimait, comme exalté d'enfin pouvoir me parler de manière claire :
– Tu as été élevé pour mourir, par Dumbledore, puis par elle. Ils le savaient et attendaient que tu meures au moment propice. L'idéal serait que tu te sacrifies. Que tu leur rapportes gentiment que je n'ai aucun autre Horcruxe que toi. Que tu me tues ici et maintenant et que tu t'enfonces un crochet de Basilic dans le cœur tout de suite après. Voilà le seul scénario auquel aspire Karen Lloyd désormais.
L'horreur me saisit. S'il disait vrai, j'allais devoir agir vite.
– Et tu ne pourrais pas… récupérer ce morceau d'âme en moi ?
– Oh non, non, non, Harry, dénia-t-il aussitôt. Tu es ma garantie de rester en vie, je ne vais certainement pas m'en débarrasser ainsi.
Je me relevai, hors de moi. Je ne voulais pas… je ne pouvais pas vivre avec une part de lui en moi.
– Et même si je le désirais, je ne pourrai pas, reprit-il, voyant mon trouble. J'ignorai même qu'il était possible qu'un Horcruxe puisse avoir un hôte humain. Un animal est une bête douée d'émotions très basiques. Un humain est beaucoup plus complexe. Plus tu me rejetais et me haïssais, plus ta cicatrice était douloureuse. Parce que c'est ce morceau d'âme que tu tentais de rejeter et qu'il ne peut malheureusement pas repartir si aisément. Un tel processus d'extraction pourrait te tuer et annihiler ce morceau d'âme. Je m'y refuse catégoriquement. Sache-le. Je ne m'affaiblirai pas davantage.
Un immense silence s'installa. Que devais-je faire maintenant ? Je me sentais sali, comme dépossédé de moi-même. Il m'avait confié ce que je voulais savoir, j'avais toutes les informations entre les mains. Et chacune des options que je voyais entraînait ma mort, inévitablement. Il y a quelques temps, j'aurai sacrifié ma vie sans hésiter. Au nom de l'amour, de mes amis, de ceux que je considérais comme ma famille. Mais l'éloignement… La peur dans leurs yeux et ce camp que j'avais cru appartenir à la lumière… Plus rien ne me donnait envie de mourir pour eux. Surtout pas tant que je savais que Voldemort ne me ferait plus jamais de mal, par obligation, par refus de tuer un autre de ses morceaux d'âme. Je pouvais être… Je pouvais être leur rempart, pour toujours.
– Tu sais que je te tuerais si je le pouvais, finit-il par dire.
C'était un mensonge. Et c'était aussi vrai, paradoxalement.
– Je sais, murmurai-je. Tu sais que la réciproque est vraie, c'est précisément pour cette raison que tu me tuerais. C'est une malédiction…
Il me fixa un moment et ses doigts dessinèrent des nuées de petites sphères lumineuses pour mieux lui permettre de voir mon visage. J'en oubliais parfois qu'il était capable de belle magie. Et cela me confirmait que les entraves avaient belles et bien été affaiblies considérablement. Au bout de quelques secondes, il me souffla quelques mots qui firent vibrer quelque chose en moi :
– Si cela peut apaiser un peu tes tourments, s'il n'y a jamais eu une once de lumière en moi, c'est en toi qu'elle s'est logée ce soir-là. Je n'ai jamais été plus sombre qu'après ce jour où j'ai essayé de te tuer.
Je quittai la pièce, l'estomac plus retourné que jamais. Je remontai dans le salon et tout me paraissait différent. Au fond, peut-être l'avais-je toujours su sans jamais me l'avouer. J'avais l'impression d'être en lutte constante contre moi-même. Peut-être ne luttais-je que contre cette horreur logée en moi… ? Dans un sens, Tom avait toujours été avec moi. Peut-être même m'avait-il aidé parfois à me sentir moins seul quand les semaines devenaient trop longues, enfermé comme je l'étais dans mon placard sous l'escalier.
J'étais plus confus que jamais et pourtant la solution me parvenait comme une évidence.
Aux premières lueurs du jour, je quittai le manoir et transplanai à Gringotts. Je fis fermer mes comptes anglais, les transférant aux Etats-Unis dans l'état de Washington, là où les Black avaient un manoir datant du siècle dernier, entièrement laissé en l'état, en plein cœur de la forêt, au bord d'un lac. Loin de tout. Loin d'eux. Je devais partir, je n'avais plus le choix. Et personne ne devait me suivre.
Je fis changer mon nom, prenant le pseudonyme de Kieran Wolfgang. J'avais pu résister à l'envie de choisir un nom ou un prénom trop relié à mon passé et qui mènerait droit sur moi pour quiconque me chercherait. Je m'étais seulement permis un discret au revoir à Remus en glissant « Wolf » dans mon nom de famille. J'ignorai si j'étais encore digne de penser à lui, mais jamais je n'aurais de réponse à cette question alors je me contentais de faire ce qui me semblait juste. Qui mieux que lui aurait pu comprendre ce que signifiait « avoir un monstre en soi ».
Le gobelin m'assura bien entendu que jamais ils ne divulgueraient quoi que ce soit. Les lois de leur peuple étaient strictes, mais, dans le doute, je lançai à mon banquier un discret oubliette, dès qu'il eut fini le procédé. J'avais confiance en lui, mais je n'avais pas confiance en Karen et les moyens qu'elle déploierait pour me trouver.
Je me sentais nostalgique, déambulant peut-être pour la dernière fois sur le Chemin de Traverse. Je savais que les Etats-Uniens et les Anglais avaient des relations complexes aussi étais-je certain de pouvoir me cacher en Amérique sans rendre des comptes à personne. Toute une vie, peut-être moins.
Le manoir Potter se fermerait automatiquement dès lors que je le quitterai et mes affaires seraient toutes transférées dans le Manoir Black dont j'avais vérifié que personne ne connaissait l'existence, caché dans cette forêt par des sorts tous plus puissants les uns que les autres.
Aussi je regagnai le manoir Potter, l'esprit étrangement serein, comme si je m'étais préparé à mourir et que j'avais la satisfaction d'avoir laissé mes affaires en ordre.
Etrangement, Voldemort lui-même avait plus foi en l'Ordre que je ne le faisais. S'ils savaient ce que je savais, s'ils savaient ce que j'avais fait avec lui… Ils me tueraient. J'en étais persuadé. Peut-être pas ceux que j'avais toujours connu, mais certains n'hésiteraient pas un instant.
C'est pourquoi je les saluai en rentrant, ma main serrée sur ma baguette. Je me dirigeai directement sur Karen qui était installée dans mon salon comme en terrain conquis. En me voyant arriver à sa hauteur, elle reposa sa tasse. Quelque chose dans ce que je dégageais dût l'alerter puisqu'elle se releva, méfiante.
– Comment avancez-vous avec lui ? demanda-t-elle.
– Oh plus que bien. C'est avec vous que j'avance difficilement.
– Développez ?
– Oh, Karen…, murmurai-je avec un sourire. Comment expliquez-vous que mon pire ennemi soit plus honnête avec moi que vous ne l'avez jamais été ?
Mon attitude figée m'attira le regard d'autres membres de l'Ordre dont Luna qui se plaça en retrait, ayant compris que j'allais certainement en finir avec ces histoires ici et maintenant.
– De quoi parlez-vous, Monsieur Potter ? demanda-t-elle, feignant presque à la perfection l'étonnement.
– Je parle du fait que vous m'ayez retiré les souvenirs de Snape qui contenaient une explication quant à mon lien à Voldemort, articulai-je lentement.
Un brouhaha surpris s'éleva parmi les membres de l'Ordre.
– Il vous a retourné l'esprit…, souffla-t-elle, faisant taire les autres, les mains levées en signe d'apaisement. Nous sommes de votre côté, Potter. Lui n'a jamais cherché qu'à vous tuer et vous accordez plus de crédit à sa parole.
– Dans ce cas, vous nierez donc savoir que je suis l'un des Horcruxes de Voldemort ? interrogeai-je d'une voix forte, perdant mon sang-froid devant son air impassible.
Des murmures horrifiés s'élevèrent et aussitôt on pointa plusieurs baguettes sur moi.
– Vraiment ? Me menacer dans ma propre maison ?! hurlai-je, furieux.
Je fis un mouvement de la main et chacune des baguettes des membres se retrouva à flotter dans les airs, à plusieurs mètres de leur propriétaire.
– Je pars, avec lui. Ne nous cherchez pas. Jamais. Ou je jure que je le relâcherai sur le monde sorcier. Et si cela doit arriver, je ferai en sorte qu'il soit vraiment très en colère. Néanmoins, si vous ne faites rien d'insensé, je vous fais la promesse qu'il ne fera jamais plus aucun mal et que la partie de son âme qui est mêlée à la mienne s'éteindra avec moi, à l'heure de ma mort. Tout comme lui s'éteindra. Il n'a aucun intérêt à me tuer, pas plus que moi à le tuer lui. Nous serons tous les deux sur cette Terre, loin de vous. Je vous le promets sur mon âme et je vous tire mon chapeau Karen pour vos mensonges. Tout aurait pu se passer autrement et si c'était le sacrifice que vous attendiez de moi, vous conviendrez que celui que je suis en train de faire est déjà plus que suffisant.
Ma voix avait claqué, aigre, et chaque mot s'inscrivit comme un serment dans l'ambiance de la pièce. Je ne pris pas une seconde de plus et transplanai dans les cachots que je sécurisai pour ne pas être dérangé, le temps de l'atteindre.
Je ne savais pas ce que je faisais. Peut-être m'avait-il menti et me tuerait-il à la seconde où je l'aurai mis en sécurité dans ce fichu manoir paumé en pleine forêt. Mais quelque chose me disait qu'il ne le ferait pas. Je ne savais pas quel genre de vie nous allions avoir. Quel genre de routine mortifère allait s'installer entre nous. J'allais devoir lui résister chaque jour de ma vie, lui céder parfois pour m'alléger de ce poids qui grandissaient en moins quand je ne le faisais pas.
Lorsqu'il me vit arriver, il se releva aussitôt, comprenant que quelque chose avait changé.
– Oh, je sens que tu as pris une décision. Alors sacrifice, pas sacrifice ? dit-il, l'air taquin comme s'il parlait d'un sujet banal.
– Sacrifice. Mais pas comme tu le penses, répondis-je en saisissant son poignet. Nous partons. Tous les deux. Et je veux que tu laisses derrière toi chacun de tes élans de psychopathe meurtrier. Tu n'es plus Tom Riddle. Tom Riddle est mort dans une autre vie, compris ? Harry Potter aussi. Tu m'as fait perdre mon identité, je veux que tu abandonnes la tienne. Ou je te laisse croupir ici au risque qu'ils te tuent et que tu me possèdes tout de suite après. C'est mon unique proposition et elle expire dans une minute, lançai-je d'une traite en sentant les barrières du cachot céder peu à peu.
Il me fixa, étonné, et eut un sourire un peu torve :
– Alors je serai ton prisonnier à vie… ?
J'hochai la tête, raide comme un piquet.
– Ça sonne comme un plan, murmura-t-il.
– De loin le plus mauvais que j'ai élaboré.
La porte du cachot vola en éclat au moment où je débarrassai Tom de quelques une de ses entraves. La totalité des membres de l'Ordre envahit la pièce et Voldemort me plaça derrière lui, installant un bouclier autour de nous d'un simple mouvement de main. Il fit un peu craquer les articulations de son cou alors que la magie circulait à nouveau librement dans ses membres, indifférent aux dizaines de sortilèges qui s'écrasaient contre la protection érigée devant nous.
Ses yeux rougeoyèrent et sa main posée sur mon bras me brûla presque sous la puissance brute qu'il dégageait alors même qu'une part de sa magie était encore bridée.
Les autres cessèrent aussitôt tout sortilège, voyant leur inefficacité. Je croisai quelques regards horrifiés que je soutins sans baisser les yeux. Je n'avais pas honte de de la main de Tom sur moi, ni du bras qui s'enroula autour de ma taille.
– Monsieur Potter, il n'est pas trop tard… commença Karen d'une voix douce, basse, presque convaincante.
Avant que je n'aie pu répondre Tom éclata de rire, resserrant sa prise sur moi.
– Il m'a toujours appartenu, Karen, il ne le savait simplement pas avant cette semaine, dit-il.
– L'inverse est étrangement plus vraisemblable, murmurai-je et il tourna un sourire carnassier vers moi.
– Nous aurons quelques années pour en débattre, susurra-t-il en déposant ses lèvres au coin des miennes, arrachant un cri d'horreur général à l'Ordre.
Il sembla s'en délecter et je croisai le regard de Luna, qui se tenait en retrait. Elle hocha imperceptiblement la tête, me faisant signe qu'il était temps que je parte. Je savais que ce n'était pas la dernière fois que je le verrai. J'espérais.
Ma prise se resserra sur Tom et je nous fis transplaner, abandonnant toute ma vie qui n'avait été qu'une mascarade depuis la mort de mes parents. Je n'étais plus Harry Potter. J'étais Kieran Wolfgang et je trahissais Harry Potter.
Je le trahissais en agrippant le col de celui qui avait été mon ennemi toute ma vie et en l'embrassant à en crever.
Je le trahissais en appréciant sentir les mains de Tom se refermer autour de ma taille, alors qu'il me précipitait contre l'un des troncs de la forêt épaisse dans laquelle nous venions d'atterrir.
Je le trahissais en esquissant le premier sourire sincère depuis une éternité.
Je le trahissais en me sentant enfin chez moi en entrant dans ce manoir étrangement lumineux et poussiéreux, l'ombre de ma némésis sur mes pas.
Je le trahissais en appréciant sentir les toute dernières entraves se relâcher autour de lui et sa présence intoxicante envahir le manoir.
Je le trahissais en verrouillant mon regard dans le sien, attendant qu'il me tue, qu'il me fasse du mal, qu'il s'enfuie.
Je le trahissais encore une fois en ressentant du soulagement quand il se laissa simplement tomber dans un sofa, m'entraînant sur lui.
Et je savais que ce ne serait pas la dernière trahison, je le voyais dans son regard qui me fixait avec une intensité troublante.
Je trahissais Harry Potter et je me sentais enfin moi-même. Je me sentais bien.
Fin.
Blabla de J' :
J'ai fait le choix d'une fin ouverte parce que, soyons honnête, j'allais pas vous décrire une charmante petite vie de couple. On peut vraisemblablement imaginer qu'ils risquent de se tenir tête toute une vie, d'avoir une relation passionnelle. Mais j'avais également imaginé que Tom aurait pu chercher un moyen pour se débarrasser d'Harry ! Le doute est permis même si dans mon esprit Tom est bien trop fasciné par Harry pour s'en débarrasser !
Et vous, qu'en pensez-vous ? Routine de couple un peu vache ? Reprise du pouvoir par Tom ? :D
Pour le nom et prénom, Wolgang signifie « loup qui avance » et Kieran « noir, brun » du coup voilà pour le petit détail !
J'espère vraiment que la fin ne vous aura pas déçue et aura été dans le même ton que le reste de la fic ! En tout cas, elle se termine ici ! Vous pouvez me retrouver régulièrement sur Quand Eros rencontre Thanatos en attendant la reprise prochaine de From Past with Love et l'apparition plus lointaine de nouveaux projets :D
Je vous remercie d'avoir lu cette fic jusqu'au bout et d'avoir été si nombreux à me laisser votre avis ! J'ai adoré l'écrire et la partager, j'espère que vous avez eu autant de plaisir à la lire !
Je vous dis à bientôt !
Bisous bisous !
Lot of Love,
Jelyel :D