Utilisée comme monnaie d'échange pour une alliance entre deux royaumes, la Princesse Isabella est loin de se douter que son mariage au Prince Edward n'est que l'évènement déclencheur d'une série de bouleversements, où leur loyauté et leur union seront mises à dure épreuve. All Humain, Royalward et Royalella
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Cette histoire se situe dans un monde qui est de mon invention, mais qui ne correspond pas exactement à l'époque médiévale.
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Je ne possède pas Twilight.
Je m'excuse déjà pour les quelques erreurs que vous trouverez dans ce texte. Je fais de mon mieux, mais je ne suis pas parfaite.
Le titre de cette fic risque de changer en cours de route.
Les commentaires constructifs sont toujours les bienvenus. Merci de lire… Bonne lecture !
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Accoudée à la balustrade, la Princesse observait le groupe de cavaliers approchant rapidement du château. Elle avait passé la journée ici, l'appréhension plus grande d'heure en heure. Dès que la bannière de Forks était apparue en vue, la Princesse Isabella n'avait pu retenir une larme qui roula en silence sur sa joue. Elle avait supplié ses frères de parler à son père, mais sans succès.
Et maintenant que le Prince arrivait au château, il était irrévocablement trop tard. Demain, la cérémonie aurait lieu et sa destinée serait unie à celle du Prince Edward, un homme qu'elle n'avait encore jamais rencontré. Demain soir, elle devrait partager son lit. Et dans quelques jours, elle quitterait Phoenix avec l'entourage du Prince. Si son époux était comme le père d'Isabella, il était également peu probable qu'elle ne revienne jamais dans sa contrée natale.
Sa mère, Renée, avait été promise d'une façon similaire au père d'Isabella, Charles – promesses de paix avec le royaume voisin, mises en place de fortes alliances en cas de guerres avec d'autres régions du continent – et Isabella avait bien vu que l'amour n'avait jamais été au rendez-vous entre eux.
Puisque son père refusait des offres pour sa main, Isabella aurait dû se douter que quelque chose de semblable se préparait. Bien qu'elle n'ait jamais rencontré personne qui faisait battre son cœur, elle était bien contente d'attendre et d'aider ses deux belles-sœurs avec leurs enfants. Dieu sait que ses frères ne voulaient rien avoir à faire avec leurs enfants, sauf peut-être leurs fils une fois que ceux-là avaient au moins une dizaine d'années.
Convoquée au bureau de son père, qui était de retour d'un conseil entre les royaumes voisins, Isabella était étonnée. Sa surprise s'était transformée en véritable appréhension quand elle avait vu les conseillers qui accompagnaient le Roi. Charles n'avait jamais été un homme chaleureux – ni un homme qui accordait beaucoup d'importance à ce que sa femme ou sa fille avaient à dire – mais la vue des conseillers avait fait comprendre à la jeune Princesse qu'il s'agissait des affaires de l'Etat.
« J'ai préparé une union entre le Prince Edward de Forks et toi. La cérémonie aura lieu dans un mois exactement et se déroulera ici-même. Après quoi, vous quitterez Phoenix pour Forks. Il est temps de jouer ton rôle pour le royaume, » dit le Roi, ne la regardant même pas.
Isabella était heureuse d'être assise. Elle ne savait pas si ses jambes auraient pu la soutenir si elle était restée debout.
« Mais… Mais… » balbutia la jeune fille. Il y avait plusieurs choses qu'elle aurait aimé dire, mais la Princesse ne parvenait pas à formuler clairement une pensée.
Ce n'était pas la nouvelle d'un mariage arrangé qui la choquait. La chose était assez commune dans le royaume, en particulier dans la noblesse. Et pour la Princesse du royaume, il n'aurait jamais pu en être autrement, Isabella le savait. Cependant, la période de fiançailles durait généralement un an et parfois même plus. Isabella ne pouvait s'empêcher de s'étonner devant une période si courte. Un mois, c'était si peu! Si peu de temps pour se préparer à quitter son foyer. Beaucoup trop court pour se préparer à vivre aux côtés d'un homme dont elle ne savait rien.
« L'hiver est féroce à Forks. Vous aurez le temps d'atteindre la demeure royale bien avant que le froid n'arrive. »
Puis, il secoua la main pour signifier que la conversation était terminée, qu'elle pouvait partir. Il l'avait à peine regardée, se fichant complètement de l'impact que ses mots avaient eu sur elle, sur sa vie.
« Mais Père… ! »
Charles lança un regard irrité à sa fille. Il n'aimait pas qu'on le contredise, qu'on discute ses ordres.
«Je n'ai pas demandé ton avis. C'est ainsi, Isabella et c'est mon dernier mot. » Il secoua encore la main. « Allez, rejoins les autres femmes pour faire des tapisseries. »
Les éclats de rire de ses conseillers l'accompagnèrent alors qu'elle quittait la pièce, ravalant ses larmes et sa colère. Isabella venait encore une fois de voir son destin choisi pour elle, sans même avoir son mot à dire. À Phoenix, le père avait tous les droits sur la vie de ses filles jusqu'à leur mariage, où l'époux prenait la relève.
Peu de choses étaient considérées aussi graves pour une jeune fille que d'être séduite et amenée au lit avant son mariage. Ou pour une femme de tromper son époux. Isabella avait tant été tenue à l'écart des soldats, des gardes et des nobles qu'une telle chose n'aurait jamais pu lui arriver.
La Princesse aimait lire, mais son père lui avait retiré ce plaisir dernièrement. Le Roi méprisait les femmes désirant apprendre. Isabella était simplement chanceuse de pouvoir lire, ce que trop de jeunes femmes de la noblesse ne pouvaient prétendre. En raison de son statut dans la noblesse et de l'envie du Roi de lui organiser un mariage avantageux, il était important qu'Isabella soit scolarisée.
La jeune Princesse ne savait presque rien du royaume qui allait bientôt l'accueillir. Il était dirigé par le Roi Carlisle et la Reine Esme. Ils avaient trois garçons, dont deux déjà mariés, Emmett et Jasper. Leur dernier fils, Edward, était un grand guerrier et dirigeait l'armée royale. Il s'agissait d'un grand soulagement pour Isabella qu'il ne soit pas l'héritier du trône. Et, étant troisième en ligne, alors que l'héritier avait déjà un fils, il y avait très peu de chance qu'Isabella devienne reine un jour. Et cela lui allait très bien.
Alors Isabella avait passé le dernier mois à préparer malgré elle son mariage. Depuis les conseils conjugaux de sa mère, jusqu'aux couturières qui préparaient sa robe de mariage et les robes qu'elle pourrait emporter avec elle, la princesse avait eu peu de temps seule. Chaque soir, on pouvait l'entendre pleurer dans son lit. Et plus les jours s'écoulaient, plus on pouvait la voir devenir silencieuse, presque terrifiée. Elle se présentait rarement aux repas, préférant les prendre dans ses appartements, seule. Les cernes sous ses yeux montraient bien l'anxiété qui l'habitait et qui l'empêchait de dormir. Les mariages arrangés étaient courants, mais les couples se connaissaient parfois ou se rencontraient quelques mois avant la cérémonie. Le Prince arriverait une journée ou deux avant le mariage, au mieux. Seul le roi l'avait rencontré mais il n'avait plus adressé la parole à son unique fille depuis l'annonce du mariage imminent.
Durant les derniers jours, la princesse s'était enfermée dans la plus haute tour du château, regardant l'horizon. Attendant, craignant les jours à venir. Redoutant l'arrivée du Prince et de son entourage. Isabella aurait voulu pleurer, mais ça ne l'avançait plus à rien. Elle ne pouvait pas non plus fuir. La disgrâce aurait été totale sur la famille royale si elle avait osé fuir. Son père avait assigné trois gardes qui, en tout temps, devaient se trouver près d'elle. Ils se tenaient à l'entrée de la tour, quelques étages plus bas.
Le cœur d'Isabella se serra douloureusement en voyant le nuage de poussière soulevé par le groupe de cavaliers qui approchait. La bannière de Forks était bien claire, même à quelques lieues. Plus ils approchaient et plus la Princesse sentait l'angoisse lui serrer la gorge. Pendant un instant, elle eut l'impression de ne plus pouvoir respirer. Il fallut à Isabella un moment pour pouvoir se calmer quelque peu et reprendre ses esprits. Elle devait descendre et se préparer à rencontrer le Prince, mais elle ne parvenait pas à bouger. La jeune femme essuya la larme solitaire qui roulait sur sa joue lorsqu'elle entendit des pas derrière elle.
Un des gardes approchait lentement et s'arrêta à une distance respectueuse.
« Princesse ? Votre mère, Sa Majesté, demande que vous descendiez afin de vous préparer pour la rencontre avec votre futur époux. »
La jeune femme acquiesça avant de se redresser et de quitter son poste de garde des derniers jours. Isabella descendit silencieusement les escaliers et se dirigea ensuite vers sa chambre, la tête baissée, sachant qu'il n'y avait plus d'alternatives.
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Le Prince Edward, à quelques lieues du château, arrêta sa monture, les yeux posés sur la demeure royale. Son frère aîné s'arrêta également à ses côtés. Jasper était très intuitif, mais surtout, il était une personne particulièrement calme. Edward avait jugé judicieux d'être accompagné par ce frère plutôt que par Emmett, qui était beaucoup plus impulsif. Il ignorait tout de la femme qu'il allait découvrir et il présageait que la présence de son frère allait être importante. Il était cependant désolé de devoir séparer son frère de sa jeune épouse pour les quelques semaines que prendrait le voyage.
Ses soldats prenaient une courte pause, mais Edward ne parvenait pas à en profiter comme eux. Il ne pouvait s'empêcher de repenser au Roi Charles et à la façon cavalière dont il avait arrangé le mariage. Charles avait proposé l'union dès l'instant où il avait rencontré le Prince et son père. Edward avait pris un temps pour y penser avant d'accepter. Les temps étaient incertains : Volterra, dirigé par le Roi Aro Volturi se montrait gourmand, tentant souvent d'agrandir son territoire. Si une guerre venait à être déclarée, il valait mieux avoir une alliance forte avec Phoenix, qui bordait Volterra à l'opposé de Forks. Et puis, Edward, à près de 27 ans, devait commencer à penser à se marier et obtenir des héritiers.
Pas qu'il ait reçu la même pression que son frère, Emmett, concernant sa descendance. Étant l'héritier pour le trône, Emmett avait épousé Rosalie à seulement 23 ans - la jeune fille en avait 17. Les deux premiers Princes de Forks avaient eu de la chance – ils avaient tous deux épousé des femmes qu'ils aimaient. Edward aurait aimé avoir la même chance, mais les choses ne s'étaient pas présentées ainsi. Carlisle lui avait recommandé d'accepter l'offre de Charles. Il aurait souhaité une union d'amour pour son plus jeune fils, mais l'avantage d'avoir une Princesse de Phoenix dans la famille royale de Forks était non négligeable. Edward le savait également.
Néanmoins, l'attitude du Roi Charles avait irrité Edward. Dès l'instant où il avait donné son accord, que les papiers avaient été signés, Charles n'avait plus adressé la parole à Edward.
Ayant pris un instant pour reprendre ses esprits, Edward fit signe à ses hommes qu'ils reprenaient la route. Jasper garda sa monture près de celle d'Edward.
« Comment te sens-tu, mon frère ? »
Edward prit un instant afin de bien formuler ses pensées.
« Je suis anxieux. »
Jasper savait qu'il y avait bien plus, mais Edward ne semblait pas enclin à en dire plus. Il essaya quand même une dernière fois.
« Je n'ose pas imaginer ta situation… J'étais nerveux lorsque j'ai épousé Alice et, pourtant, je la connais depuis notre enfance. »
« Tu avais des sentiments pour elle » ajouta Edward, sa voix plus grave qu'à l'habitude.
Qu'arriverait-il s'il ne s'entendait pas avec sa nouvelle épouse ?
« Je suis certain que tu en développeras pour la Princesse, » rétorqua le grand frère.
« Même notre père n'a pas rencontré la Princesse Isabella. À ce que j'ai entendu dire, elle n'a jamais quitté Phoenix. Elle est habituée à la chaleur, au soleil. Comment survivra-t-elle dans les montagnes de Forks, dans le froid ? »
Edward posa de nouveau son regard sur le château devant eux. Ils avançaient beaucoup plus lentement à présent que durant les dix derniers jours. De grosses averses avaient retardé leur départ. Afin d'arriver à temps pour la cérémonie, le Prince avait forcé ses hommes à augmenter la cadence.
« Il faudra lui donner une chance, Edward, c'est certain. J'ai découvert que les femmes peuvent se montrer parfois très étonnantes. »
Edward ne répondit pas. Quelques cavaliers approchaient à grande vitesse, portant la bannière de la famille royale de Phoenix. Sans aucun doute un des fils de Charles venu les accueillir. Le groupe de Forks approchait grandement du château royal. Les hommes de Phoenix arrêtèrent non loin et Edward amena ses hommes à un stop.
« Prince Edward, bienvenue à Phoenix. J'espère que le voyage n'a pas été trop dur, » fit l'un des hommes. Il semblait être un des Princes de la famille royale de Phoenix. Il se distinguait des autres hommes par ses habillements.
« Mes hommes sont habitués à chevaucher dans toutes les conditions, » se borna à dire Edward. Puis, il désigna son frère. « Je vous présente mon frère, le Prince Jasper. »
« Je suis le Prince Alec, le frère de la Princesse Isabella et héritier du trône. Tout est prêt pour la cérémonie de demain. Un repas sera servi plus tard, vous aurez le temps de vous reposer de votre voyage. Ma sœur se prépare à vous rencontrer. Elle est… anxieuse. C'est le moins que l'on puisse dire. » Sur cela, il adressa un regard aux hommes qui l'accompagnaient avec un air moqueur. Ces derniers rirent avec un air entendu. Edward serra les dents, n'aimant pas ces regards, ces rires.
« Ne devrions-nous pas nous remettre en chemin ? » s'enquit Jasper, sentant la légère hostilité chez son frère.
Perdant son sourire, Alec acquiesça et les deux groupes reprirent leur chevauchée en direction du château.
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« Princesse ? »
La voix du garde la tira de sa rêverie. Isabella fixait la cour arrière du château et les jardins de sa mère, accoudée au balcon. Le Prince était arrivé – Isabella le savait par la frénésie qui s'était emparée de tous dans le château. Il n'était vraiment plus le temps pour fuir.
« Princesse ? » répéta le garde. « Le Prince Edward est arrivé. Votre mère, Sa Majesté, souhaite que vous vous dirigiez vers la cour avant afin de le rencontrer une fois que vos parents et vos frères l'auront fait. »
Fermant les yeux pour y retenir les larmes, Isabella se détacha de la balustrade, murmurant un faible « Très bien ». Le garde prit les devants, laissant la Princesse le suivre. Sa mère l'avait forcée à changer de robe, passant d'une tenue de tous les jours à une bien plus élégante. Renée avait aussi ordonné à la jeune servante d'Isabella de refaire sa coiffure pour un chignon plus complexe. Elle avait voulu qu'on maquille un peu plus sa fille, mais Isabella avait alors mis un frein à sa mère.
Isabella portait une robe bleu royal, ajustée à la taille, mais qui descendait en d'épaisses jupes autour de ses jambes. Le décolleté était plus audacieux que la Princesse ne l'aurait souhaité, mais il était trop tard pour y changer quelque chose. Son chignon serré allait sans doute lui causer un mal de tête avant la fin de la soirée.
Isabella approchait l'entrée principale du château. Le château était placé sur une plate-forme surélevée par rapport à la cour avant. Un long escalier menait à la cour où Isabella pouvait voir plusieurs cavaliers aux côtés de leurs chevaux. Des palefreniers s'activaient à libérer certains hommes de leur monture en les dirigeant rapidement à l'écurie. La Princesse repéra ses parents malgré le chaos qui régnait dans la cour. Son frère Alec, l'aîné, se tenait à leur côté et leur désignait deux jeunes hommes. Isabella eut un moment d'hésitation en réalisant que l'un de ces deux hommes était son futur époux.
Elle prit un instant pour les observer avant qu'on ne s'aperçoive de sa présence. Les deux étaient très grands – beaucoup plus grands qu'elle – et paraissaient musclés, pour ce que leurs armures laissaient paraître. L'un des deux, aux cheveux châtain clair, semblait très calme, alors que l'autre, aux cheveux bruns-roux, paraissait un peu agité. Prenant une grande inspiration, Isabella descendit les marches jusqu'à rejoindre ses parents, son frère et les deux inconnus.
« Voici la Princesse Isabella, » entendit-elle dire son père. « Isabella, voici les Princes Edward et Jasper. »
Elle se retrouva alors devant les deux hommes et s'inclina d'une manière maladroite. La Princesse se sentit vraiment mal. Ses jambes tremblotaient. Elle n'était pas certaine qu'elles la supporteraient.
Lorsqu'Isabella se fut redressée, Edward saisit la main de la Princesse dans la sienne. Ses yeux verts se posèrent sur le visage de la jeune femme, examinant son teint pâle, sa chevelure brune prise dans une coiffure complexe et ses grands yeux bruns. La Princesse semblait effrayée.
Isabella, quant à elle, ne pouvait s'empêcher de penser que le Prince semblait encore plus grand maintenant qu'elle était à côté de lui. Il avait la stature d'un combattant, d'un grand guerrier. Il l'intimidait.
« C'est un plaisir de vous rencontrer, Princesse, » murmura Edward, portant la main d'Isabella à ses lèvres pour y déposer un baiser. Il ne manqua pas de remarquer à quel point la main de la Princesse tremblait dans la sienne.
« C'est un honneur, mon seigneur. »
Tout comme sa main, la voix d'Isabella tremblotait. Elle aurait bien voulu reprendre le contrôle de ses émotions, mais elle semblait en être incapable. La Princesse sentit la nausée l'envahir soudainement. Elle était si pâle qu'Edward se demanda comment elle pouvait tenir debout devant lui.
La Princesse avait peu dormi ces dernières nuits. Elle manquait également d'appétit aux repas. La fatigue, le manque de nutriments et le stress de la situation commençaient à prendre le dessus sur le contrôle de ses émotions. Elle ne parvenait pas à feindre une quelconque joie, ni même à sourire. Son estomac était à l'envers, elle se sentait étourdie, maladroite, nerveuse. Edward ne pouvait que s'apercevoir que sa future épouse n'allait pas bien.
« Je crois que mes hommes apprécieraient un peu de repos avant le banquet. Princesse Isabella, si vous me permettez, ne vaudrait-il pas mieux que vous preniez votre repas dans vos appartements ? Vous semblez avoir un léger malaise. »
Une autre femme l'aurait trouvé trop direct, peut-être même blessant, mais pas Isabella. Elle acquiesça faiblement, bien heureuse de la proposition du Prince. La Princesse appréciait surtout de ne pas avoir à prétendre sa joie ce soir. Il y aurait toujours demain.
Le Roi, cependant, semblait furieux contre sa fille.
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Même si elle se sentait un peu mieux, la Princesse n'osa pas toucher la nourriture déposée devant elle. Son estomac était encore noué à l'idée de ce qui allait se produire le lendemain. Ses servantes la forcèrent tout de même à prendre quelques bouchées avant de l'aider à retirer sa coiffure rigide et son corset serré. Isabella savait bien que le sommeil ne viendrait pas ce soir - du moins, pas avant d'être tombée de fatigue aux petites heures du matin.
Elle marcha en rond dans sa chambre pendant quelques instants, souhaitant avoir un livre à portée de main, n'importe quoi pour la distraire quelques instants. Lorsque la porte s'ouvrit pour révéler le Roi, la jeune femme fut immédiatement sur ses gardes. Son père ne venait que rarement la visiter et ce n'était généralement pas pour de bonnes nouvelles.
Les servantes présentes dans la chambre de la princesse s'inclinèrent avec respect devant le Roi, mais ce dernier les regarda à peine. D'un geste brusque, il fit signe aux serviteurs de quitter la pièce. Son visage dissimulait mal sa rage et il s'approcha dangereusement près de sa fille.
« Bonjour Père, » fit la Princesse, inclinant la tête. Elle sentit un frisson la traverser lorsqu'il posa son regard furieux sur elle.
« Comment oses-tu nous humilier ainsi devant le Prince ? » La main du Roi se posa sur le poignet de la Princesse et il serra. Isabella baissa la tête, évitant le regard de son père, alors que la douleur commençait à irradier dans son poignet sous la pression de son père. « Tu me regardes quand je t'adresse la parole, d'accord ? Tu as de la chance que le Prince n'ait pas annulé le mariage, tu m'as compris ? »
Devant l'absence de réponse d'Isabella, qui n'avait toujours pas rencontré le regard de son père, ce dernier s'écria: « Tu m'as compris ? Et si jamais le Prince n'est pas satisfait demain soir… »
Le Roi laissa sa phrase en suspens, mais la Princesse saisit ce qu'il voulait dire. Si demain soir, lorsque l'union serait consommée, le Prince n'était pas satisfait d'elle, elle y goûterait. Comme si la Princesse n'était pas déjà terrifiée par sa nuit de noces, sans que son père en ajoute.
« Tu m'as compris ? » s'exclama de nouveau Charles, secouant sa fille par son poignet. Se mordant la lèvre, retenant ses larmes, la Princesse acquiesça. « Bien. Tu as intérêt à ne pas nous humilier de nouveau demain. »
Il quitta la pièce, laissant Isabella avec son poignet douloureux et ses craintes quant au lendemain. Elle ne dormit pas.
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Ce que la Princesse ignorait, c'est que, quelques chambres plus loin, Edward ne dormait pas non plus. À Forks, les mariages étaient très rarement des unions arrangées, mais cela n'avait pas vraiment dérangé Edward. Il avait entendu dire, depuis son arrivée, que la Princesse était timide, mais intelligente, délicate, mais gentille. Le temps révélerait si ces indications étaient exactes, puisque le Prince n'avait côtoyé la Princesse que pendant quelques instants avant qu'elle ne se retire.
Il craignait qu'elle ne survive pas au climat beaucoup plus difficile de Forks, c'était vrai. Cependant, cela lui semblait bien le cadet de ses soucis désormais. Car il paraissait évident que la Princesse n'avait pas consenti à cette union, contrairement à ce qu'avait pensé le Prince. Il allait épouser une jeune femme réticente. Il l'avait senti dans le tremblement de sa main, dans son teint blême, dans la peur au fond de ses grands yeux. Cela ne lui plaisait pas du tout.
Et reculer n'était plus une option. Cela ne servirait qu'à déclencher un conflit entre Forks et Phoenix que les deux royaumes ne pouvaient tout simplement pas se permettre. Affaiblir leurs relations les rendrait bien plus vulnérables à une attaque de Volterra. Non, il n'avait pas d'autres choix que d'épouser la Princesse, même si cette dernière n'en avait visiblement pas envie. Était-ce commun à Phoenix ? De forcer une jeune vierge à épouser un homme contre son gré ? Évidemment, à Forks, les pères insistaient souvent pour que leurs filles se marient bien, mais jamais contre leur désir. Peut-être était-ce également une rareté à Phoenix, Edward l'ignorait.
Il serait difficile de consommer l'union demain soir. Mais cela ne pouvait pas être évité. Il faudrait au moins un fils pour assurer la descendance. Et un deuxième fils, par sécurité. C'était dommage, parce qu'Edward s'était toujours imaginé avec une grande famille. Des garçons à qui il pourrait apprendre la chasse, le combat, l'honneur et la fidélité. Des jeunes filles instruites, douces et responsables, qui choisiraient leur destin.
Et alors que la Princesse ne dormait toujours pas, le Prince Edward s'endormit enfin. Quelques heures plus tard, le soleil se levait à l'horizon.
Il était maintenant impossible de repousser l'inévitable.