Hellooooooooo! Et le voilà, le dernier chapitre de ce petit Starris (j'ai tenu ma promesse des moins de vingt chapitres cette fois, pas comme avec Si tu savais à quel point xD)

Merci dix mille fois à ma super bêta pour tout ce qu'elle fait! Je t'envoie plein de bisous si tu passes par là (et même si tu ne passes pas en fait)

Je remercie encore tous ceux qui ont aimé et commenté cette fiction.

Sur ce, je vous retrouve à la fin de cette page!

Bonne lecture!


Chapitre 16: Obéis-moi...et sois punis pour tes erreurs.

Désœuvrée autant que soucieuse, Lydia se leva d'un bond du canapé lorsque les portes du loft s'ouvrirent sur Stiles et Scott. Un simple pas dans leur direction lui permit de capter le long regard entre Derek et Stiles. Elle fronça légèrement les sourcils face à cet échange lourd de sous-entendus qui lui laissait une étrange impression.

Seuls les deux concernés savaient de quoi il s'agissait. Ils s'étaient manqués l'un à l'autre.

Ce fut Stiles qui brisa le contact avant de s'avancer vers elle pendant que Scott filait vers le coin opposé où les conversations animées avaient repris instantanément. Stiles envisageait de rejoindre la jeune fille pour passer la soirée peinard, assis dans son coin, à se contenter d'observer les autres. C'était distrayant de les voir s'activer en tous sens comme ils le faisaient en ce moment précis. Pourtant, avant qu'il n'atteigne son but, Jackson surgit derrière lui. Lydia détourna le regard, feignant de se faire discrète alors qu'elle focalisait toute son attention sur eux, se rapprochant même un peu.

-Roule une pelle à Derek tout de suite, devant tout le monde, chuchota Jackson dans un rictus mi-colérique, mi-satisfait. Qu'est-ce que t'en dis ? Ça devrait te plaire non ? Même si cette fois tu te prendras un râteau en public.

Lydia écarquilla les yeux. Pardon ? Pensa-t-elle en détournant de grands yeux surpris dans leur direction. C'est quoi cette histoire ?

-Ne me fais pas faire ça, supplia presque Stiles.

-Trop tard mon vieux, t'avais qu'à pas me jouer ton grand numéro avec ton vieux comme témoin cette semaine.

Jackson semblait oublier toute prudence. Il était visiblement obsédé par sa petite manigance et ne vit même pas le regard stupéfait de la jeune fille posé sur lui.

Évidemment Stiles s'exécuta et s'avança jusqu'à Derek qui expliquait quelque chose à Isaac et Scott. Lydia observait son comportement avec une stupeur grandissante. Il n'allait pas faire ça, uniquement parce que Jackson le lui avait demandé! Si ? La suite lui apporta la réponse. Le pas traînant, Stiles se posta derrière Derek et lui tapa doucement sur l'épaule afin qu'il se retourne et lui accorde son attention.

Et Jackson fut exaucé. Stiles se pencha en avant et, d'un air tendu autant que catastrophé, il embrassa le plus chastement possible l'alpha sur la bouche.

Un ange passa.

Derek recula brusquement, la bouche entrouverte sous la surprise, visiblement sous le choc. Mais quel con ! s'emporta-t-il intérieurement. Que lui prenait-il tout à coup ?

Stiles sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Ses mains devinrent moites et tremblantes sous l'afflux du stress. Finalement il sourit, tentant de sauver l'honneur autant qu'il le pouvait tandis que son cerveau lui paraissait aussi efficace que celui d'un mollusque.

-Tu t'es inquiété pour moi il paraît Roméo ?

Derek resta muet, l'air asphyxié. Il ne savait pas quoi faire. Tous les regards étaient posés sur eux. D'autant que cette furieuse envie de répondre au baiser l'avait complètement pris de court. Putain, il était attiré par ce gosse. Quelle merde! Perturbé, il passa une main lasse sur son visage.

-Décidément, tu adores te foutre de moi, grogna-t-il. Alors je te conseille de dégager d'ici avant que je m'énerve pour de bon. Je fais plus que te le conseiller d'ailleurs. Je te l'ordonne.

Le ventre de Stiles se noua. Derek avait repris son air froid et ça le retournait. Ça faisait un mal de chien ! Alors il sourit pour tenter de donner le change, comme si tout avait été prévu, comme si effectivement son seul but avait été de faire chier l'alpha. Bien entendu, intérieurement, il était brisé. Finalement, dans un dernier sursaut de fierté, il tourna les talons et s'en alla aussi vite qu'il était venu, sous les regards scrutateurs de toute la meute.

Lydia observa son départ d'un air abasourdi, puis tourna un regard scandalisé et incrédule vers Jackson. Il fallait impérativement qu'elle tire cette affaire au clair.


-Derek est prêt maintenant, je pense, d'après ce que tu m'as rapporté, annonça Peter, insondable. Demain nous pourrons faire le sacrifice.

Son acolyte hocha la tête d'un air entendu et croisa les jambes avant de soupirer.

-Si les choses venaient à déraper, je crains que ton projet de faire de Stiles ton bêta ne soit compromis. Tu n'y verrais aucun inconvénient, j'espère ?

Ce ton faussement inquiet fit se tendre Peter qui serra les dents. Il savait très bien qu'on ne lui laissait aucun choix.

-Non, ce n'est qu'un bonus. Sa mort m'est bien égale.

-Bien, sourit l'autre, l'air satisfait. Nous voilà en parfait accord. Demain nous passerons donc à l'acte.


Le lendemain matin, Derek faisait le pied de grue devant le lycée, adossé contre sa voiture sur le parking. Tout ce qu'il voulait c'était observer Stiles alors qu'il se rendait en cours avec Scott. Il se disait que c'était juste par précaution. À cause de ces foutues menaces de mort.

Les deux meilleurs amis semblaient discuter d'un sujet badin et le loup ne pouvait détacher les yeux du profil de Stiles. Ce dernier souriait à peine, il avait un air mélancolique que Derek ne lui connaissait pas. L'humain lança furtivement un regard pensif dans sa direction, passant sur lui sans le voir, les yeux empreints de fatigue et de tristesse. Derek sentit son cœur de serrer et il déglutit difficilement devant l'intensité du désespoir qu'il perçut. Son regard n'arrivait plus à se détacher du garçon. Celui-ci se retourna de nouveau vers Scott et lui sourit d'un air affectueux. C'était incroyable cette expressivité. Certes, il l'avait déjà remarquée mais il s'agissait alors des nombreuses grimaces qu'affectionnait l'hyperactif. D'ailleurs en sa présence, Stiles ne souriait jamais de manière aussi naturelle. Et ça lui fit mal. Bordel, ce constat ne devrait pas l'affecter à ce point.

Derek souffla longtemps et se ferma, regardant le sol à ses pieds avec colère.

Et voilà, Stiles l'avait bien eu.

Il aurait dû se méfier davantage.


Profitant d'une occasion Jackson emmena Stiles à l'écart pendant la pause du déjeuner. Scott ne le suivit même pas. Allison et Isaac mangeaient avec lui et pas question de les laisser en tête à tête. Stiles était un grand garçon, se ressassait le jeune loup tout en culpabilisant un maximum, bien conscient des menaces qui pesaient sur le fils du shérif.

Lydia par contre aperçut la manœuvre et les pista discrètement. Un prétexte quelconque lui suffit pour éviter qu'Aiden ne l'accompagne.

Cette fois-ci elle saurait ce qui se tramait.

À peine sortie, elle vit Jackson tirer sans ménagement Stiles dans un couloir peu fréquenté. Puis elle entendit des bruits de dispute et elle pressa le pas.

-… hier soir ! T'es qu'un salaud de première ! T'avais pas le droit de m'obliger à faire ça !

-J'en ai les moyens, alors pourquoi m'en priver ? Rétorquait Jackson en souriant.

-Je finirai par trouver comment me débarrasser de cette saloperie ! Ou bien quelqu'un découvrira ce qui m'arrive. Lydia se méfie déjà de toi !

La concernée cligna des yeux, surprise, puis tendit l'oreille un peu plus.

Jackson serra les poings et fixa Stiles avec colère. Ce salaud avait raison. Lydia était intelligente. Peut-être à deux doigts de découvrir la vérité. Il lui fallait donc d'urgence un moyen de garder le pouvoir sur son jouet favori.

-Eh bien, on va arranger ça. Suis-moi.

Stiles obtempéra, toujours incapable de résister.

Lydia leur emboîta le pas, soupçonnant enfin ce qui se passait mais curieuse de savoir jusqu'où Jackson serait capable d'aller.


Debout sur le toit balayé par le vent, Stiles avançait comme un automate sous les ordres de Jackson.

-Pour l'instant tu es encore sous mon emprise alors fais-moi confiance, je vais pas gâcher ça. Avance.

-Qu'est-ce que tu veux faire ? Grogna Stiles.

-Monte sur le bord.

Concentré sur ses interrogations, sans même réaliser qu'il aurait dû se bloquer à cet instant précis, Stiles grimpa sur le rebord. Il scruta le vide avec crainte. Le bitume semblait bien loin et son équilibre était fort précaire. Une bourrasque et hop, plus de Stiles. Bien sûr, personne n'était dehors, tous déjeunaient à l'intérieur. Les quelques élèves qui se trouvaient en bas n'auraient sûrement pas l'idée de lever les yeux pour l'apercevoir, debout et prêt à faire le grand saut. Jackson était complètement taré ! Comment pouvait-il prendre un tel risque ?

À moins que...et s'il voulait le faire sauter !

-Tu veux que je me suicide ?

Jackson rit méchamment. Oh, il y avait pensé souvent, dans ses fantasmes. Après tout, ça n'aurait pas été la première personne qu'il aurait tuée de sang froid, se remémora-t-il sombrement en serrant les poings le long de son corps.

-Bien sûr que non, affirma-t-il pourtant. Ça ne serait pas drôle sinon.

Il prit son portable et mit le dictaphone.

-Tu vas répéter exactement tout ce que je te dirai, compris ?

Stiles secoua la tête, craignant d'entendre ce qu'il devrait répéter.

-Je refuse.

-Tu n'as pas vraiment le choix, répondit Jackson, sûr de lui. Si tu refuses, tu t'évanouiras et tu tomberas.

Stiles fusilla son tortionnaire du regard et se décala légèrement. S'il basculait son poids judicieusement, il pourrait facilement tomber du bon côté. Le vent n'était pas si fort, il ne le pousserait pas vers le vide. Allez, il fallait y croire. Après une courte prière pour ne pas rater son coup, il décala légèrement son pied vers l'intérieur du toit, son talon dépassa et il transféra son poids dessus avant de se concentrer.

C'était quitte ou double.

-Commençons alors...

Lydia arriva sur les dernières marches et la scène lui parut se jouer au ralenti.

Stiles ferma les yeux, Jackson ne le vit pas tout de suite. Le corps de l'humain parut devenir flasque, il glissa, Jackson se précipita en avant.

-Oh le con !

Lydia poussa un cri de terreur, mais heureusement le loup avait rattrapé sa victime in extremis et le hissait sur le toit, paraissant horrifié par ce qu'il avait fait. Il se tourna vers elle, les yeux exorbités.

-Je ne pensais pas qu'il aurait le cran, bégaya-t-il, semblant totalement sous le choc, comme s'il essayait de se donner une excuse. Je pensais qu'il n'avait pas de couilles.


Derek marchait vers chez lui. Il avait déambulé dans la ville pendant des heures, réfléchissant sur lui-même. Et comme chaque fois, il ne savait plus où il en était. Ce n'était pas dans ses habitudes de tergiverser à ce point avant de se lancer dans une aventure amoureuse -ce qui lui avait d'ailleurs valu de nombreuses déconvenues. Évidemment avec Stiles, c'était particulier. D'abord c'était un mec. Ce qui était loin d'être sans importance. Il se creusait la cervelle un maximum pour comprendre ce qui pouvait l'attirer autant chez le garçon, lui qui était persuadé de n'être branché que par les filles.

Ensuite, il était très jeune.

Pour finir, c'était le fils du shérif.

Bref c'était déroutant.

À cela s'ajoutait sa relation catastrophique avec Jennifer qui n'était pas si ancienne. Le traumatisme de cette trahison l'avait rendu terriblement prudent. Voire timoré. Accorder totalement sa confiance à quelqu'un. S'abandonner. Se rendre vulnérable. Impossible.

Enfin, avait-il encore sa chance avec Stiles de toute façon ? Peu probable, vu les râteaux qu'il lui avait collés.

Derek soupira et entra dans son loft. Aussitôt une odeur étrangère lui sauta aux narines.

-Qui est là ?

Il entendit un bruit sur sa gauche et avisa la silhouette familière.

-Vous !

Puis un choc le frappa sur l'arrière de la tête et ce fut le noir.


-Tu es un irresponsable ! Un sale con, un criminel!

Les cris et les insultes continuaient à voler, alors que Lydia était encore sous le coup de la panique.

-Désolé, s'il te plaît, calme-toi-

-Non je ne me calme pas ! Tu te rends compte de ce que tu as failli faire ? Il aurait pu mourir ! Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi ! Depuis quand sais-tu pour le retour de la malédiction ? Depuis quand, espèce d'imbécile !

-Trois semaines, avoua Jackson, penaud devant la violence du courroux de Lydia.

-Alors en fait, c'était vraiment toi qui faisais tout ça à Aiden ! Réalisa-t-elle. Depuis le début, c'était toi ! S'écria-t-elle en pointant son doigt contre son torse. Tu l'as manipulé, tu les as humiliés tous les deux juste pour ton petit plaisir.

Jackson détourna les yeux, grinçant des dents.

-Je ne supporte pas que l'on prenne ce qui m'appartient.

-Quoi ? Hurla-t-elle au comble de la fureur. Tu parles de moi, là ? Tu es complètement atteint Jackson, c'est trop tard. Je te l'ai déjà dit et répété. Tu n'avais déjà plus aucune chance. Alors maintenant...encore moins!

Lydia se laissa choir sur la chaise derrière elle et fixa Jackson, accablée par l'ampleur de la scène à laquelle elle venait d'assister. Le garçon paraissait réellement bouleversé. Il fallait saisir l'occasion.

-Tu dois le libérer, conclut-elle avec fermeté. Tu ne peux pas continuer à le faire souffrir comme tu le fais. C'est allé trop loin là.

Jackson hocha la tête comme un gamin pris en faute et s'assit face à elle, de l'autre côté du lit où Stiles était allongé, dans l'infirmerie déserte. L'infirmière était directement partie prévenir le shérif du nouvel évanouissement de son fils. Elle avait paru très inquiète et les choses n'allaient pas tarder à se corser pour eux.

-Tu iras aussi t'excuser auprès d'Aiden pour ce que tu as fait.

-Hors de question, gronda Jackson, le regard bleu électrique.

Lydia plissa les yeux et Jackson grogna.

-Ça ne sert plus à rien de me faire ce regard, trancha-t-il. Il fonctionnait tant que j'avais une compensation ou une mince chance de te récupérer, maintenant ce n'est plus le cas.

Jackson sourit alors que Lydia rougissait de colère. Ce mec était définitivement l'empereur des connards. Elle avait bien fait de le laisser tomber !


Scott soupira en se mordant la lèvre. Mais où était encore passé Stiles ? Il était en retard et n'avait plus fait une seule apparition depuis son départ avec Jackson. Bordel, que lui avait-il pris de ne pas s'inquiéter plus tôt ? En plus, son ami ne répondait pas à ses messages...

Scott frotta ses cheveux, tentant d'ignorer de son mieux la conversation pleine de complicité qu'entretenaient un peu plus loin Allison et Isaac. Le problème « Stiles » était plus important. Surtout que Jackson non plus n'était pas là.

Soudain comme si une pièce d'un puzzle maléfique venait de se mettre en place, il ressentit une boule d'angoisse lui nouer les tripes.


Stiles bougea dans son sommeil, grimaçant alors que la migraine pointait le bout de son vilain nez. Il bascula sur le côté et ouvrit les yeux, tombant directement sur Jackson qui grognait, fixant un point dans le dos de l'hyperactif. Aussitôt Stiles se réveilla d'un coup, s'asseyant brusquement pour apercevoir Lydia assise à côté de son lit dans l'infirmerie. Point positif. Il n'était pas seul avec ce salopard de Jackson. Mais que s'était-il passé? Il grimaça. Ah oui, il avait encore pris un risque absolument inconsidéré. Mais apparemment ça s'était bien terminé puisqu'il n'était pas mort.

-Tu te sens comment ? S'enquit Lydia.

-Ça pourrait être mieux, maugréa Stiles en se massant le front. Mais qu'est-ce que je suis con des fois quand même !

Il se demandait bien ce qui lui avait pris de faire un truc comme ça. Il aurait pu crever.

-Pourquoi t'es là au fait ?

Lydia lança un regard noir à Jackson puis se concentra de nouveau sur Stiles.

-Je vous ai suivis quand vous êtes allés sur le toit. Tu n'as plus à t'inquiéter désormais. On va s'occuper de t'aider.

Stiles n'y crut pas tout de suite. On allait l'aider ? Il allait peut-être pouvoir être libéré de cette saleté de malédiction. Il prit Lydia par les épaules et la secoua légèrement en la fixant avec de grands yeux écarquillés.

-Vous allez me libérer de ma malédiction ?

Il avait réussi à le dire. Donc elle savait. Il sourit et la fixa sans ciller, plein d'un espoir fou.

-Et comment vous allez faire ?

Lydia prit un air surpris et demeura muette, soudain pensive. Stiles perdit son sourire.

-Vous ne savez pas ?

Lydia se mordit la lèvre.

-Je crois que j'ai une idée. On va essayer ça... Je t'ordonne de ne plus obéir.

Jackson roula des yeux.

-Ça ne fonctionne pas comme ça. Écoute-moi Stilinski.

Stiles se retourna directement vers lui, obéissant par réflexe.

-N'obéis plus jamais à personne.

Un vertige prit Stiles et il gémit de douleur alors que sa migraine se faisait soudain plus violente. Il prit son visage entre ses mains. Il avait la sensation qu'on lui pressait le cerveau. C'était terriblement désagréable. Désagréable et douloureux. Dans le même temps il eut comme l'impression qu'on lui lavait l'esprit. Que les injonctions encore actives s'effaçaient lentement. Tout à coup, des souvenirs qu'il ne se connaissait pas affleurèrent.

« ...Prendre la place d'alpha de Derek bien sûr, dit Peter avec un sourire. »

« Cette semaine nous passerons à l'action et nous sacrifierons Derek, c'est une assez bonne raison d'après toi ? »

« Cours dans la forêt sans t'arrêter, puis quand tu seras loin, appelle Derek et demande-lui son aide. Mais avant ça, oublie tout ce qui s'est passé ce soir. »

Aussitôt libéré, Stiles sentit la panique le prendre avec violence et il releva vivement la tête.

-C'est Peter qui met les lettres ! Il va faire du mal à Derek très bientôt, vite, il faut le prévenir !


Le trio arriva rapidement chez l'alpha, non sans avoir prévenu toute la meute de l'évolution de la situation. Hélas, les autres étaient encore coincés en cours.

-Ils pourraient pas se bouger les miches ! S'écria Stiles en courant hors de sa Jeep. Vous avez eu des réponses ?

-Non, répondit Lydia en vérifiant son portable alors qu'elle descendait à son tour. Personne ne répond, ils doivent être en train d'essayer de quitter le lycée.

Jackson et Lydia entrèrent dans l'appartement avec empressement. Stiles s'arrêta net alors qu'il recevait un message. Il fronça les sourcils en voyant qu'il s'agissait de Derek. Il écarquilla les yeux en lisant le texte et fonça dans l'appartement oubliant toute prudence. En entrant, il aperçut immédiatement le corps inconscient de Harris vers lequel il se précipita.

-Mais qu'est-ce qu'il fout là ?

-Fuis Stiles ! S'écria Derek.

Stiles remarqua enfin que le loup était entravé et maintenu en place par son oncle. Jackson semblait bloqué par une frontière de sorbier. Quant à Lydia elle gisait par terre, inconsciente. Un piège ? Stiles voulut s'approcher pour les aider, mais la voix forte du preneur d'otage claqua.

-Arrête-toi.

Stiles continua d'avancer et le visage de Peter se figea alors qu'il pressait sa paume avec plus de force sur la bouche de son neveu pour le faire taire, malgré les morsures que ce dernier lui infligeait.

-Pourquoi n'obéis-tu pas ?

-Trop tard, commenta Jackson d'un ton goguenard.

Peter plissa les yeux.

-Vous l'avez libéré... Je ne sais pas comment vous vous y êtes pris, mais vous avez juste omis un détail...

Un bras attrapa vivement Stiles par-derrière, l'empêchant d'aller délivrer les autres. Derek se débattit contre la prise de Peter et ses yeux virèrent au rouge sang. Le poison l'empêchait d'agir. Harris resserra son emprise sur la gorge de Stiles qui cherchait frénétiquement à reprendre son souffle. Derek grognait furieusement. Que n'aurait-il donné pour abattre celui qui menaçait Stiles !

-Tu es le pire des traîtres ! Celui qui trahit sa famille ! Tu cherchais à prendre la place de Derek depuis le début ! Tu m'as manipulé ! Et l'autre là ! Qu'est-ce qui vous prend à vous de vous associer à ce connard ? Il va juste vous tuer dès qu'il aura obtenu ce qu'il veut !

Harris ricana contre son oreille.

-Stilinski a raison pour une fois ! S'écria Jackson à son tour. Peter vous a menti quoiqu'il vous ait raconté!

Derek remua et sembla vouloir dire quelque chose. Il mordit son oncle plus fort et le sang gicla tandis que sa bouche était libérée.

-Ça ne sert à rien ! Lança-t-il. Ce n'est pas Harris ! Il est mort !

Stiles ne comprenait pas.

-Qu'est-ce que tu racontes encore comme connerie toi ? Grommela-t-il. Je le sens pourtant bien vivant là, il m'étouffe d'ailleurs plutôt efficacement en ce moment même.

Peter sourit et Harris renifla, amusé.

-Marrant ce que tu dis là Stilinski. Tu devrais pourtant être le mieux placé pour savoir ce que c'est que d'être possédé, non ?

Stiles fronça les sourcils et examina Harris du coin de l'œil pour croiser son regard. Les yeux du professeur prirent l'éclat blanc pâle de ceux du Darach. Stiles se figea.

-Non. Non... C'est pas possible. Pas ça. Depuis tout ce temps c'était vous...? Souffla-t-il, estomaqué. Vous êtes le maître chanteur, vous étiez aux commandes depuis le départ, vous avez déposé les lettres, vous vous êtes servi de moi pour vous rapprocher de la meute, vous avez...

Stiles se pétrifia d'horreur. Depuis tout ce temps… Il avait donc permis à la menace d'infiltrer la meute !

-Tu m'as bien aidé, je dois l'avouer. Et grâce à toi, je vais pouvoir retrouver tous les pouvoirs que j'ai perdus par votre faute à tous, se réjouit Jennifer par l'intermédiaire de Harris. Tu sais, tu es celui qui m'a le plus facilité la tâche.

-Qu'est-ce que tu vas lui faire ? Grogna Derek, tous crocs dehors. Quel est votre plan ? Vous ne voulez que moi, pourquoi vous en prendre à la meute ? Pourquoi vous en prendre à Stiles ?

-Oh, détrompe-toi mon loup. J'ai au contraire particulièrement besoin de Stiles. C'est de la vieille magie, annonça Jennifer. Celle qui est à l'origine de nombreux mythes perpétrés par les humains. Le… « pouvoir de l'amour » l'appelle-t-on parfois. Je reconnais que c'est d'un ridicule achevé. Mais je reste persuadée que ça peut fonctionner et on ne peut pas dire qu'en ce moment j'ai tellement le choix. Votre sacrifice conjoint sera , je l'espère, la preuve du bien-fondé de cette croyance.

-Vous n'allez quand même pas recommencer avec vos délires de sacrifices humains ! S'écria Stiles, excédé en tentant de se débattre. C'est devenu d'un commun depuis votre délire de l'an dernier !

Jennifer resserra sa prise sur sa gorge lui coupant la respiration. Il suffoqua. Sa vision se troubla, le souffle lui manqua, la panique enfla. La voix de « Harris » se fit lointaine, plus sourde, même s'il percevait encore une pointe de satisfaction morbide dans son discours accompagné par les cris rageurs de Derek.

Puis vint la douleur. Insoutenable. Une lame s'enfonça dans son cou sans qu'il n'y eut la moindre résistance. Puis elle en ressortit tout aussi facilement.

Derek hurla son nom. Il se débattit plus violemment, plus désespérément alors que le corps de Stiles tombait à la renverse, la gorge entaillée, se vidant très lentement de son sang.

Le regard fier et victorieux, Jennifer bascula sa victime sur le dos, observant ses hoquets d'agonie avec gourmandise.

-C'est ta dernière chance Derek. Tu vois qu'il est en train de mourir. Il n'en a plus pour longtemps. Si tu n'acceptes pas de te sacrifier pour lui, je le laisse mourir sous tes yeux.

Les mains crispées sur sa gorge sanguinolente, Stiles tentait d'endiguer l'écoulement. Il sentait le liquide brûlant couler le long de son cou et ne prêtait aucune attention aux cris et aux bruits de lutte qui obscurcissaient ses sens déjà amoindris. Il avait l'impression d'être glacé. Pourquoi faisait-il si froid ? Allait-il mourir comme ça ? Il hoqueta, crachant du sang en grande quantité. Son père... Comment allait-il survivre à ça ?

Puis, soudain, une large main chaude se déposa sur sa plaie béante.

-Stiles, reste éveillé, supplia Derek au-dessus de lui. Reste en vie, je t'en prie!

Un voile noir tomba sur les yeux de Stiles. Puis plus rien.


Avachi dans sa chaise dans un coin de la chambre d'hôpital, Derek fixait le vide, l'esprit lavé par l'attente interminable. Le seul point positif était peut-être le fait que le shérif et Scott n'augmentaient plus son angoisse avec leur propre peur. En effet, le premier avait dû partir répondre à ses obligations professionnelles causées par l'incident, quant au second il s'était endormi près du lit de Stiles, dans une position aussi instable que ridicule. Malgré cela, le loup ne réussissait encore que difficilement à maîtriser sa panique. Pourtant Stiles était sauvé ! Il devait sa vie autant à l'efficacité des secours et des soins qu'au sacrifice que l'alpha avait fait. Comme pour guérir sa sœur, il avait consumé une partie de ses pouvoirs pour le garder en vie. Il l'avait fait juste à temps, pendant que la meute combattait Jennifer et Peter. Et heureusement. Car les médecins avaient déclaré que la blessure de Stiles aurait dû l'achever et qu'ils ne s'expliquaient pas une telle résistance. Bref, on l'avait opéré et depuis quelques heures on attendait son réveil imminent.

L'esprit ralenti, il observait la perfusion, le liquide tombait goutte à goutte suivant un rythme hypnotique. Sa tête tomba lentement sur le côté alors que l'engourdissement le prenait. Il crut s'endormir quelques instants.

Puis il perçut un changement. Le cœur de Stiles s'était emballé.

Derek se réveilla en sursaut et se tourna brusquement vers le lit. Les yeux de Stiles étaient fixés sur lui, l'air un peu hésitant et perdu, mais parfaitement éveillé.

Un soupir de soulagement s'échappa silencieusement des lèvres de Derek.

-Je suis désolé Stiles. Pour tout le mal que je t'ai fait.


-Je ne t'aime pas.

-Je sais, souffla Stiles, blessé par la phrase qui sortait de nulle part.

Franchement. Ce n'était vraiment pas le moment après ce qui venait de se passer. Il était encore exténué, sous le choc, autant des révélations sur l'identité de Harris que sur sa presque mort. Et l'autre là, qui venait lui dire ça, pile à son réveil ! Comme si depuis le temps, il n'avait pas saisi le message.

-Je ne comprends pas pourquoi tu viens me dire ça maintenant, soupira-t-il, immensément las.

-Je ne t'aime pas, répéta Derek sans bouger comme si Stiles n'avait rien dit. Le loup avait l'air absent. Il fixait le vide au delà de la tête du convalescent. Bordel, je ne sais pas ce qui m'a mis cette idée stupide en tête, reprit-il pour lui seul.

Stiles releva brusquement la tête. Bouche bée, il le fixa avec des yeux ronds. Avait-il réellement entendu ce qu'il croyait avoir entendu ? Après tant de temps à le repousser violemment, maintenant il se pointait, comme une fleur ?

-P...Pardon ?

-Oui...c'est sûr. Je crois que... enfin, quand je t'ai vu il y a deux jours... quand tu es tombé.. J'ai cru.. J'aurais voulu mourir avec toi.

Le cœur de Stiles s'emballa et il resta pendu aux lèvres de Derek qui lui faisait l'aveu qu'il attendait depuis le début. Enfin, qu'il aurait attendu plus tôt. Parce que là, dans l'état de fatigue où il se trouvait, l'autre aurait bien pu lui annoncer qu'il allait se faire bonne sœur, eh bien ça lui aurait fait ni chaud ni froid. Non, sérieusement, il était gonflé le mec, et pourtant… Là. Tout au fond de lui, Stiles rêvait simplement de se laisser aller, malgré son envie stupide de lui foutre le plus gros râteau de sa vie.

Mal à l'aise sur sa chaise devant le long silence tendu de Stiles, Derek se leva et vint se poster à côté de l'humain, debout. Puis, plongeant son regard dans le sien. Il se lança.

-Je crois...je crois que je suis tombé amoureux de toi. Comme un con.

Stiles ne savait pas s'il devait s'énerver ou s'il devait rire. Finalement, il se mordit la lèvre et fit une espèce de mélange des deux, jurant et insultant Derek tout en riant nerveusement. Son rire lui arracha la gorge, fragilisée par l'agression, et une toux douloureuse le prit. Plein de bonnes intentions, Derek lui servit un verre d'eau qu'il l'aida à boire. Une fois Stiles un peu remis, le loup-garou voulut aspirer sa douleur, mais le blessé l'éloigna d'un geste du poignet avant de le fixer en haussant un sourcil.

-Tu vas en baver toi.


Une semaine passa, durant laquelle Stiles se mit au goût du jour grâce aux comptes-rendus plus ou moins détaillés donnés par ses différents visiteurs. Ce fut ainsi qu'il apprit l'hospitalisation de Harris, en même temps que lui.

Lors de la prise d'otage dont Stiles, Derek, Jackson et Lydia avaient été victimes, le reste de la meute les avait rejoints et leur avait prêté main-forte, jusqu'à ce que finalement Jennifer, craignant pour sa vie, tente de changer d'hôte pour se réfugier à l'intérieur de Peter et prenne la fuite. Ils avaient alors pisté les « deux » fuyards, en vain. Pendant ce temps, les deux humains blessés avaient été emmenés à l'hôpital, séparés par la plus grande distance, étant données les circonstances.

Bien entendu, la police avait immédiatement placé le professeur sous surveillance en raison de la plainte pour détournement de mineure qui pesait sur lui. À celle-ci s'ajoutait désormais d'autres chefs d'accusation parmi lesquels la tentative de meurtre sur Stiles. Derek avait officiellement témoigné sur ce point. Bref, Harris risquait plusieurs années de prison.

Stiles trouvait la situation injuste dans une certaine mesure, puisque l'enseignant n'était pas lui-même lorsqu'il avait agi. Mais comment faire valoir l'argument de la possession devant un tribunal ! Harris avait eu de son propre chef cette relation avec la fille, mais il n'avait pas réellement tenté de le tuer. C'était Jennifer. Alors le garçon ne savait pas quoi faire. Un innocent paierait à la place de Jennifer Blake. Son père l'avait convaincu de maintenir son témoignage dans ce sens, car il demeurait essentiel de protéger le secret de l'existence d'un monde surnaturel. D'ailleurs la petite ville de Beacon Hills attendait un coupable. Toute cette affaire avait fait énormément de bruit. Depuis le premier article rapportant le récit scabreux du professeur pervers en fuite, jusqu'à la rocambolesque prise d'otages où le fils du shérif local avait failli mourir.

En outre depuis que l'implication de Stiles avait « fuité » auprès des journalistes, le garçon passait pour un véritable héros. Selon la presse, et désormais tout le monde, Stiles avait surpris Harris et Rachel et s'était retrouvé menacé par l'horrible professeur jusqu'à ce que, prenant son courage à deux mains, l'héroïque élève ne le dénonce, au péril de sa propre sécurité, provoquant la fuite du pervers. Enfin, il n'avait pas fallu longtemps pour que l'on n'élabore tout un scénario dans lequel Harris serait revenu, pris d'un accès de folie, égorger le jeune héros par simple vengeance. Et là, Derek récupérait une partie de la gloire, puisqu'il aurait sauvé Stiles en blessant l'homme, permettant aux forces de l'ordre de l'emmener enfin devant le juge.

Avec tout ce tapage, une horde de parents, de représentants de la jeunesse et autres manifestaient devant les portes de l'hôpital. La plupart d'entre eux avaient déjà envoyé des lettres d'encouragements et de bon rétablissement à Stiles.

Maintenant que le processus était en marche, il ne pouvait plus reculer. Et il espérait que certaines choses ne seraient pas étalées au grand jour.

Parmi ces choses, la plus importante à ses yeux était sa liaison avec Harris.

Parce que si jamais elle était découverte, il préférait ne pas imaginer la réaction de son entourage. Son père déjà ! Mais surtout Derek !

À ce sujet, une question restait en suspens. Maintenant qu'il avait connaissance de la possession de son professeur, il se demandait si leur liaison avait fait partie du plan de Jennifer. Il se demandait si Harris avait eu parfois l'opportunité de reprendre le contrôle. Était-il conscient lorsque son parasite pilotait son corps et son esprit ? Sa petite vanité personnelle conduisait Stiles à s'interroger sur le désir réel qu'il avait eu l'impression de provoquer chez l'enseignant. Il n'était pas très fier de ce genre de préoccupations qui lui semblaient carrément déplacées. Hélas, elles l'obsédaient.

Voilà pourquoi il se retrouvait, l'esprit plein de doutes, en train de pénétrer subrepticement dans la chambre de Harris. Le duo de policiers, mobilisé pour la surveillance, avait été opportunément appelé en urgence par les services de sécurité de l'hôpital pour un soutien ponctuel. Stiles avait réussi son coup et se retrouvait avec un petit quart d'heure devant lui.

Ce quart d'heure ne lui servit pas à grand chose. En effet, il n'avait reçu aucune réponse claire. Harris avait encore l'esprit totalement embrouillé par tout ce qu'il avait vécu.

Mais une chose était sûre pour Stiles. Son ancien amant n'était pas cet homme. Mais Jennifer. Le professeur paraissait n'avoir aucun souvenir de ce que le Darach avait fait de lui durant tout ce temps.

Et Stiles ne pouvait s'empêcher d'être déçu par cette révélation...


Épilogue

Dix ans plus tard…


-Mais quel bordel dans ch'te baraque, grommela Stiles en lâchant le trousseau de clés dans le cendrier posé sur la table de l'entrée, libérant sa bouche.

Il se pencha davantage pour ramasser une chaussette égarée sur le pas de la porte. En se relevant, il se cogna contre le tiroir ouvert du meuble à chaussures trop proche et se tint la tête à deux mains, lâchant par réflexe les deux grands sacs de course dont le contenu se sauva sur le sol. Le maladroit se mit à quatre pattes, jurant contre le destin et le temps qui se liguaient contre lui pour le mettre en retard. Surtout aujourd'hui ! Il avait son rendez-vous mensuel incontournable, le seul qu'il s'imposât, et il fallait qu'on le retienne justement ce jour-là !

N'entendant personne venir l'aider après ses mésaventures plus que bruyantes, Stiles se redressa sur les genoux et fixa la porte menant au salon.

-Derek ? T'es là ? Appela-t-il en se tordant le cou pour regarder dans la pièce manifestement vide.

Aucune réponse ne lui parvint et il tendit l'oreille. Son compagnon devait être sorti pour son footing matinal. Alors il termina de rassembler les fuyards dans ses sacs et traversa le petit appartement en quelques enjambées jusqu'à la cuisine où il abandonna son fardeau avant de s'asseoir dans un long soupir. Quelle matinée de merde. Pourquoi se collait-il à chaque fois tant de stress pour cette visite? Après tout, c'était lui seul qui se contraignait à l'honorer avec une telle régularité. Comme s'il se le devait à lui-même. Récupérant un peu d'énergie à cette pensée il se releva d'un bond et rangea ses courses à la va-vite, laissant de côté une pile de nouveaux romans qu'il plaça précautionneusement dans son sac à dos.

Puis il retourna dans le salon et maugréa en se prenant les pieds dans les chaussures de Derek qui traînaient en plein milieu de la pièce. Il voulut les ramasser, mais un papier posé sur la table basse attira son attention. Un sourire léger naquit sur ses lèvres alors qu'il reconnaissait l'écriture de Derek. Ils avaient fait énormément de progrès dans leur relation. Il se souvenait encore de leurs débuts qui avaient été chaotiques.

Après sa déclaration dans la chambre d'hôpital, Derek l'avait laissé poireauter pendant des mois. Ce qui avait terriblement agacé Stiles qui de son côté lui faisait croire qu'il ne s'intéressait plus vraiment à lui. Il faisait tout de même attention de ne pas trop décourager les ardeurs de l'alpha, il était hors de question de fusiller totalement leur relation avant qu'elle ne commence réellement. Sans compter qu'il aurait pu être dangereux de le rendre jaloux...griffes, dents et colère de loup-garou frustré ou vexé peuvent se révéler un poil dangereuses. En dépit de toutes les tentatives de Stiles pour le faire craquer, ce méchant loup l'avait scrupuleusement laissé languir jusqu'à sa majorité. Par contre ce jour-là, il lui avait littéralement sauté dessus et l'avait convaincu de lui donner sa chance de manière très…efficace. Bien entendu, il n'avait pas pu refuser des arguments aussi...persuasifs. Et depuis, ils vivaient le grand amour…

-La blague.

Oui depuis, ils vivaient plus ou moins en harmonie.

Non, plutôt en accord.

Enfin...ils vivaient ensemble. Avec des hauts, des bas et beaucoup d'emmerdes, qu'ils soient d'ordre sentimental ou surnaturel.

Mais il s'en foutait de ces emmerdes Stiles. Car il l'aimait lui, leur petit cocon. Quant au surnaturel, il en faisait son affaire depuis presque quinze ans alors du coup, il s'accommodait tout à fait de ce que Derek acceptait de lui accorder.

Par exemple, en ce jour particulier, il savait comme chaque fois, que le loup-garou ne lui accorderait pas grand-chose. Pas en cette occasion très spéciale. Alors ce petit mot qu'il lui avait laissé, c'était un net progrès.

Stiles soupira, prit son sac rempli de romans et partit en claquant la porte.

Pour la cent vingtième fois.


Harris se posta devant le miroir de sa cellule et soupira en observant son reflet. Avec sa barbe de trois jours et les cernes terribles causés par une nuit trop courte, il n'avait guère bonne allure pour son unique visiteur. Heureusement, il allait avoir le temps d'arranger son look d'ici le milieu de l'après-midi. Et il allait s'appliquer. Il attachait beaucoup d'importance à cette visite et refusait de paraître misérable devant le garçon..

Regonflé par la perspective de son rendez-vous mensuel, il ramena ses cheveux trop longs en arrière, et prépara ses affaires pour la toilette quotidienne. Un détenu qui faisait fonction de coiffeur devait s'occuper de lui dans une heure.

Pour la cent vingtième fois il serait présentable..

Plus l'heure approchait, plus il était impatient. Ce dernier jeudi du mois était sa boussole. Cette visite l'aidait à garder espoir et le soutenait lorsqu'il craignait de se noyer dans le sombre quotidien carcéral.


Stiles entra au parloir dont il était désormais un habitué et s'assit en remettant son col et ses cheveux en place. Il n'avait jamais manqué ce rendez-vous. D'une part il en avait envie. D'autre part il estimait devoir le faire. Que ce soit parce qu'il se sentait coupable ou pour d'autres raisons, il refusait d'y réfléchir. Ce dont il était sûr c'était que cette longue peine de prison était un peu son œuvre. Harris en avait pris pour quinze ans. Si Derek et Stiles n'avaient pas témoigné contre lui, l'homme aurait pu reprendre une vie normale au bout de quelques années. Après tout il n'avait violé personne et la famille de Rachel avait retiré sa plainte.

Voilà pourquoi le garçon prenait ce rituel très à cœur, allant jusqu'à consacrer une journée de congé pour faire ses emplettes. Ses motivations plus secrètes, il les connaissait. Et Derek aussi malheureusement. D'ailleurs depuis qu'il était au courant, le loup-garou était d'humeur chagrine deux jours avant ces fameux jeudis. Le jour-même, il disparaissait de l'appartement. Et le lendemain, il grognait à la moindre occasion. Bref. Pendant trois ou quatre jours par mois, depuis maintenant six ans, sa relation avec Derek subissait le contrecoup de cette visite pénitentiaire. Oh bien sûr, Stiles aurait préféré la dissimuler à son compagnon, mais il n'avait tenu que deux ans avant d'être découvert. La dispute avait été terrible. Derek n'avait pas supporté d'apprendre leur liaison pendant la possession de Harris et avait piqué une colère terrifiante. Il avait fallu deux semaines pour le calmer. Il avait fallu lui rappeler qu'il avait quand même jeté Stiles plusieurs fois avant de se rendre compte qu'il en était amoureux.

Depuis, il s'était fait à l'idée.

Enfin à peu près.

Sa possessivité le perdra un jour, pensa Stiles, attendri.


Séparé par la vitre du parloir, Harris s'assit face à Stiles. Celui-ci l'accueillit avec un grand sourire puis se lança dans un discours enjoué, racontant à peu près tout ce qui lui passait par la tête au sujet des nouvelles du dehors.

-…les gardiens t'ont donné le colis de bouffe et de bouquins Adrian ? Conclut-il soudain.

Comme de coutume et presque par réflexe, Harris acquiesça, avant que Stiles ne recommence à palabrer tout seul. Tandis qu'il l'observait, l'ex-enseignant se laissa piéger une fois de plus par ses vieux démons. Les visites du garçon lui faisaient du bien et lui changeaient les idées, donnant un rythme et un but à cette interminable incarcération, mais immanquablement elles réactivaient sa rancœur. Il rageait de s'être fait avoir par Jennifer et de payer pour elle. Payer pour Rachel, ou pour toutes ses relations passées avec ses anciens élèves n'aurait pas été un problème. Mais là, depuis dix ans, il remboursait une dette qu'il n'estimait pas être la sienne. Cette salope de Blake n'avait jamais été retrouvée. D'un autre côté elle n'était jamais réapparue non plus d'après Stiles. Harris espérait ardemment qu'elle était morte en même temps que Peter, tué par la meute un soir de pleine lune, un mois seulement après l'affaire.

Si seulement cette folle lui avait foutu la paix, il aurait pu conserver sa petite vie tranquille. Il se voyait bien à la place de ce veinard de Hale. Il ne connaissait pas sa chance ce crétin de loup-garou.

Car Harris ne l'avait jamais dit à Stiles, mais il avait été souvent aux commandes de son corps lors de leur relation. De cela il était certain. En particulier, il se souvenait parfaitement de leurs ébats, comme s'ils s'étaient déroulés la veille. Pourquoi ne l'avait-il jamais dit au gamin ? En partie parce qu'il l'avait réalisé bien après le procès. Juste après le choc de sa « dépossession », il était passé par une phase d'amnésie. Et quand les souvenirs avaient afflué il en avait déjà pris pour quinze ans ! Alors à quoi bon ressasser les vieux souvenirs...ne valait-il pas mieux tenter de construire une nouvelle relation ? D'autant que la précédente reposait entièrement sur un rapport de force assez pervers. Le gamin venait le voir avec une régularité...touchante, voire troublante. Ces visites mensuelles devaient bien signifier quelque chose. Stiles tenait à lui visiblement. Peut-être même était-il secrètement amoureux de lui, n'osant pas lui en parler de peur de se faire jeter...et restant avec son loup-garou faute de mieux.

Oui. Peut-être...

C'était pour cela que le professeur déchu s'autorisait à rêver. Il s'immergeait ainsi dans des projets enivrants.

Oui. Quand il sortirait, il récupérerait Stiles.

Non, Derek Hale malgré ses pouvoirs d'alpha et son look de mannequin ne ferait pas le poids.

Oui, ils se construiraient leur petit nid avec Stiles. Ils travailleraient tous les deux la journée, se retrouveraient le soir pour manger un repas tout prêt, absolument infâme, puis ils feraient l'amour chaque nuit, lentement, passionnément. Et tout ceci suffirait amplement à son bonheur. Même si l'appart devait être miteux. Même si leur vie pourrait être qualifiée de banale ou pire de misérable, il n'en aurait rien à foutre.

Il en rêvait chaque jour, depuis tout ce temps passé derrière les barreaux.

C'était en fait la seule pensée qui lui permettait de tenir.

Rêver à cette vie qu'il avait touchée du doigt dix années auparavant et qu'on lui avait volée.


Héhéhé... Fin!

Voilà, c'était donc mon dernier chapitre sur le fandom de Teen Wolf! J'ai encore une dizaine de scénarios en réserve mais je ne les ferai pas. Peut-être que je les mettrai à disposition pour ceux qui continuent d'écrire sur la série.

En tout cas, c'était un véritable bonheur de vous avoir tous comme lecteurs, nombreux ont été fidèles et c'était formidable d'échanger avec vous. Vous allez me manquer!

Bien sûr je n'arrête pas d'écrire, mais je ne sais pas encore si je continuerai à poster sur ce site ou si je changerai pour un autre (si vous voulez continuer à me suivre, je mettrai un lien sur mon profil, si ça en intéresse). Pour l'instant, j'en suis au deuxième tome de ma prochaine fanfiction, qui en comptera quatre au total. Je pense que je commencerai à poster au minimum quand j'aurais terminé le troisième tome, donc pas avant l'année prochaine (moi et les longues fictions, une vraie histoire d'amour).

Bref, je pense que c'est tout, alors bises et peut-être à un jour!