Nda : Et bonsoir, quelle belle nuit pour écrire n'est-ce pas ? Si ce chapitre est là aujourd'hui (à minuit pile) c'est en partie grâce à tous les messages que j'ai reçu dernièrement. Je vous remercie, vous m'avez donné l'envie de finir ce que j'ai commencé. Je pense fortement à Dwi-chan the Ancient Mistery qui m'a énormément soutenu ces derniers jours. Je présente déjà mes excuses pour les fautes ^^

Bonne lecture ! :D


A3 – 5

C'est la veille de la reprise des cours, en temps normal Newt en serait attristé, mais le fait de rentrer chez lui et de retrouver Minho et Thomas combat toutes les mauvaises nouvelles. Il est tellement impatient qu'il pousse tout le monde à la sortie du tram pour être le premier dehors, ignorant les quelques exclamations de douleurs qu'a causé sa valise sur les mollets des autres passagers.

Il ne prend pas la peine de toquer et ouvre la porte de l'appartement, l'air tout enjoué. C'est Minho qui l'accueil dans ses bras en premier.

- Ça fait plaisir de revoir ta bouille de tocard, dit-il en l'embrassant.

Newt lui répond d'un baiser trop longtemps désiré, souriant contre ces lèvres qui lui avaient tant manquées. Ça lui fait tellement plaisir de les retrouver qu'il ne peut empêcher un léger rire s'échapper de sa gorge. Mais quelque chose le perturbe : quelqu'un manque à l'appel. Lorsqu'ils se séparent, il enlève son manteau et demande :

- Tommy n'est pas là ?

Le sourire de Minho se difforme. En voyant ce soudain air désolé, l'angoisse s'empare de Newt qui s'écrie sans plus tarder :

- Bordel Minho qu'est ce que tu as fait ?

- Pourquoi ça serait de ma faute ? Je n'ai strictement rien fait !

- Où est-il ?

Minho soupire et désigne de la tête la chambre à coucher. Newt s'y précipite mais une fois avoir poussé la porte, il s'approche tout doucement du lit. Thomas y est allongé sur le côté et semble dormir bien qu'on soit en plein milieu de l'après-midi. Newt s'assoit sur le tabouret à côté de lui, où Minho était assis il y a encore quelques minutes.

Il l'observe, les sourcils froncés d'inquiétude. Thomas frissonne dans son sommeil, de sa bouche entrouverte s'échappe un souffle lourd qui laisse à croire que son nez est complètement bouché. D'une délicatesse presque maternelle, le blond pose la main sur son front, moite et bouillant.

- Si j'étais toi, je ne le toucherais pas trop, chuchote Minho au seuil de la porte.

Ça ne fait pas du tout plaisir à Newt de voir son Tommy dans cet état. Il demande en essayant de ne pas parler trop fort :

- C'est la grippe je suppose, il a attrapé ça quand ?

- Avant hier, c'est dans la nuit qu'il a commencé à se sentir mal.

Un grognement plaintif s'échappe de la bouche de Thomas. Il ouvre péniblement les yeux et son regard s'agite avant de se poser sur Newt. Ses commissures de lèvres se relèvent, il aimerait dire à quel point il est heureux de le revoir, mais le mal de tête reprend vite le dessus. Par réflexe, il referme les yeux, avant que le sommeil ne le regagne il fait bouger ses doigts pour qu'on les saisisse, ce que Newt fait sans hésiter.

Son cœur fait un bond dans sa poitrine lorsqu'il sent deux pressions sur son index.

Pour le dîner, Thomas se fait violence pour sortir du lit, entouré de son énorme couverture tel une chenille ne voulant se séparer de son cocon. Avec Minho, il écoute Newt raconter son séjour ainsi que les ragots de sa famille. Il mâche sa nourriture avec lenteur, comme si refermer sa mâchoire lui demande un effort considérable.

Après le repas les trois jeunes hommes sont installés dans le canapé. Thomas est allongé, toujours enroulé dans sa couverture, la tête sur la cuisse de Newt. Les caresses de ce dernier sur son crâne le berce, il ferme les yeux sans s'en rendre compte et le son de la télévision s'éloigne de plus en plus. Minho quant à lui est de l'autre côté du canapé et sent aussi la fatigue le gagner. Avant de s'endormir sur place il se lève et annonce à Newt qu'il va se coucher. Il s'accroupit devant Thomas et vérifie sa température en touchant son front avec le dos de ses doigts. Il est moins chaud que cet après-midi, c'est encourageant.

Il lui baise le front et se relève pour embrasser Newt.

« On te rejoins après » murmure ce dernier contre ses lèvres.

Il regarde Minho partir puis reporte son attention sur Tommy. Son nez tout irrité lui fait pitié, il continu à le regarder et à lui caresser les cheveux amoureusement, au point de perdre le fil du film.

Le lendemain, Newt et Minho retrouvent leurs camarades, leurs cours, leurs professeurs, tout sauf leurs concentrations. Car ils gardent à l'esprit que Thomas est seul à l'appartement et méchamment malade.

Newt finit plus tôt les cours que Minho, c'est ainsi qu'au milieu de l'après-midi il se retrouve à s'occuper de Thomas qui a réussit à migrer du lit au canapé. Il avait réprimé un rire lorsque Newt vit qu'il avait enfiler un énorme pull, qu'il avait entouré une écharpe autour du cou et que ses cheveux était couverts par un bonnet péruvien ridicule. Au moins il n'avait plus besoin de trimballer son épaisse couverture. Thomas a un peu boudé lorsque pour lui dire bonjour Newt lui avait à peine fait un bisou sur la joue, mais retrouva vite le sourire lorsqu'il vit comment on s'occupait bien de lui.

- Ouvre la bouche, ordonne Newt assit aux côtés de lui sur le canapé.

Le malade obéit et deux secondes plus tard, un thermomètre refroidit sa langue.

- D'habitude ce n'est pas pour ça que tu me demandes d'ouvrir la bouche, dit Thomas avec un sourire qui trahissait ses pensées perverses.

Newt esquisse un sourire en coin, mais ne relève rien et se contente de changer de sujet :

- Ça à l'air d'aller mieux depuis hier.

- J'ai bien dormi ce matin, j'ai repris des force, répond Thomas en bombant le torse.

Le blond le trouve adorable, et réalise à quel point il lui avait manqué durant son séjour.

Plus tard dans l'après-midi, Minho revient à l'appartement et fait un debriefing de la journée à Thomas qui décide ensuite d'approfondir un peu plus les cours dans la chambre à couché. Il y reste un moment, assez longtemps pour que les deux autres garçons se demandent s'il n'avait pas fini par se noyer dans sa morve. Ne pouvant plus attendre plus longtemps, Minho crochète un genou du blond et par une pression, l'incite à s'asseoir plus confortablement sur ses jambes.

- J'ai attendu ce moment toute la journée tu sais, ronronne-t-il dans son cou.

Il glisse le bout de ses doigts au bas de son dos, et tapote sa peau sensible au niveau des reins, tandis que Newt frissonne et se serre encore plus contre lui en entourant ses bras autour de son cou. Joueurs, ils effleurent les lèvres de l'autre sans jamais les sceller définitivement. Rapidement, Newt s'amuse à passer sa langue sur les lèvres de Minho qui commence sérieusement à avoir chaud. Et ce n'est pas le roulement de hanche de son partenaire contre son bassin qui va l'aider à se calmer.

Bien vite, leurs vêtements deviennent un obstacle au plaisir grandissant. Aussitôt le haut de Minho enlevé, Newt pose sa main sur son torse, il ressent les vibrations précipitées contre sa paume. Son regard se déporte vers la porte de la chambre. Il hésite mais le désir prend le dessus contre l'embarras, il murmure :

- Doucement, je ne veux pas que Thomas nous entende.

Minho hoche la tête et l'embrasse à pleine bouche, bloquant ainsi tout gémissements malvenus.

/

Thomas essai divers technique.

Il passe sa tête sous son oreiller, puis utilise ses écouteurs, se bouche les oreilles avec ses doigts, mais rien y fait. Il entend toujours les grincements du canapé et les soupirs de plaisir à travers le mur qui le sépare du salon.

« Je vous entends bande de tocards .. »

Ce n'est qu'un murmure étranglé qui prouve sa frustration. Ça ne devrait pas le gêner autant que Minho et Newt se retrouvent ainsi, après tout il ne se serait pas gêné si les rôles avaient été inversés. Néanmoins il ressent toujours ce goût affreusement acide au fond de sa bouche, comme toutes les fois où il est mis de côté.

Ce soir là, Thomas ne mange pas, il reste cloîtré dans le lit en faisant semblant de dormir pour qu'on le laisse tranquille. Il entend plusieurs fois les deux hommes rire dans la cuisine, il serre les poings autant que la jalousie lui noue la gorge. Il reste immobile lorsque les deux autres étudiants se faufilent dans le lit en silence. Il s'attend à ce que l'un des d'eux se blottisse contre lui, qu'un bras vienne se poser sur sa taille, ou que des lèvres effleurent sa nuque.

Mais rien de tout cela n'arrive.

Le lendemain matin, Thomas est réveillé par sa sonnerie de portable vers 10h. Il n'a même pas entendu ses amants partir à l'université. C'est Teresa à l'autre bout du fil, elle lui apprend quelque chose qu'il savait déjà, mais que personne n'aurait dû savoir.

Lui qui pensait que sa journée d'hier était horrible, celle-ci s'annonce bien pire.

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Pour une fois, finir les cours tôt n'arrange vraiment pas Newt.

Il est devant chez lui la main sur la poignée qu'il hésite encore à tourner. Il sera le premier à découvrir la réaction de Thomas, car il sait très bien qu'on a dû le mettre au courant de l'incident de ce matin. Avec un peu de chance, il est trop fatigué pour se prendre la tête avec cette histoire. Newt se décide enfin à pénétrer dans l'appartement et est aussitôt accueilli par une créature étrange au nez rouge et vêtu de couverture.

- Toi ! Crie Thomas en s'approchant, le doigt accusateur pointé sur Newt.

- Mon amour comment vas-tu ?

Le blond a utilisé sa voix douce et mielleuse pour l'apaiser, mais ça ne fonctionne pas. Thomas repousse sa main qui s'apprêtait à atterrir sur sa joue et lui cri au visage :

- Si tu crois m'adoucir avec ta petite gueule parfaite, c'est raté ! Je peux savoir ce qui vous a pris à toi et Minho ce matin ? Faire ça à l'université, vous êtes cinglés !

- Ne me fais pas la morale Thomas, comme si tu l'avais jamais fait là-bas avec Minho.

- Mais je n'ai jamais rien fait à l'université !

Thomas prend un air outré qui fait sourire Newt.

- Putain, ça te faire rire en plus ?

- Désolé mais, avec ta couverture sur le dos, et ton nez tout irrité, tu n'es pas trop crédible. Tu ne devrais pas faire toute une histoire, ce n'est pas si grave.

- Je crois que tu te rends pas compte de ma position Newt. Ça te suffisait pas que toi et Minho vous vous connaissiez depuis bien plus longtemps ? Que vous baisiez avant même de me connaître ? Il faut en plus que vous me mettiez à l'écart !

Au fur et à mesure que Thomas se vide de sa jalousie, Newt perd son sourire. Il comprend que cette histoire a un poids différent selon les épaules qui le porte.

- Tommy arrête de crier, s'il te plaît.

Mais le garçon fait comme s'il n'avait rien entendu et continu d'aboyer, les yeux humides et emplis de colère.

- Ça fait plus d'une semaine que l'on ne s'est pas vu, que l'on ne s'est pas touché et toi on dirait que tu t'en fous royalement. Si Minho te suffit il faut me le dire tout de suite !

- Attend, attend, je te rappelle que toi, tu es malade comme chien et que c'est pour toi qu'on se retient à l'appartement avec Minho : pour ne pas te déranger !

- Oh merci c'est très aimable, s'écrie théâtralement Thomas. Tu savais que c'était Teresa qui a appeler pour me dire qu'on vous avez démasqués toi et Minho à la fac ? Elle m'a offert un bel aperçu de ce qu'allait être mon quotidien à présent, des montagnes de réflexions du genre : « C'est vrai qu'ils sont mignons ensemble ! », « Moi je l'ai toujours su ! », « Oh Thomas ! Puisque tu vis avec ce merveilleux petit couple, tu ne te sens pas de trop ? » ET BIEN OUI !

Le silence s'abat dans la pièce. Newt n'ose plus bouger, son sac de cours qu'il n'a même pas eu le temps de poser est toujours à son épaule. Alors que Thomas repart se coucher, épuisé et blessé, Newt réalise brutalement que c'est la première fois.

C'est la première fois qu'il se dispute avec Tommy.

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La journée de cours a été épuisante pour Minho, d'autant plus qu'il a été un grand sujet de conversation pour les commères qui n'ont pas hésité à lui poser des questions assez personnels sans avoir l'impression qu'elles n'étaient absolument pas concernées. Et comme si ça ne suffisait pas, il s'inquiétait constamment de l'état de Thomas.

Alors lorsqu'il rentre à l'appartement, il est bien heureux de pouvoir s'écrouler sur le canapé auprès de Newt qui regarde sans grand conviction un dessin animé qu'il aimait voir quand il était enfant. Minho se rend vite compte que ses yeux noisettes brillent un peu trop.

- Newt ça va ?

Sans quitter la télévision des yeux, le garçon secoue lentement la tête.

- Qu'est ce qui se passe ?

- On s'est engueulé avec Tommy, répond-t-il en frottant son visage avec la paume de ses mains.

Minho n'en croit pas ses oreilles. D'habitude c'est lui qui se prend la tête avec ces deux guignols, il arrive même que Thomas et Newt allient leurs forces pour le convaincre qu'il a tort (alors qu'il a toujours raison, soyons clair!).

En signe de réconfort, il passe doucement sa main dans ses cheveux de blé avant d'aller rendre une petite visite à l'autre boudeur dans leur chambre. Chassé de la main par un Tommy caché dans ses couvertures à regarder quelque chose sur son ordinateur portable, Minho revient vers Newt qui lui demande :

- Alors, que fait-il ?

- Tu sais ce qu'il fait quand il n'a pas le moral.

- Oh non, ne me dis pas qu'il regarde Bambi. C'est ridicule.

Newt ravale vite ses paroles, parce qu'il fait exactement la même chose.

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Durant plusieurs jours, Thomas et Newt sont en froid, un froid de -459°.

Ils se lancent des regards de mort sans se mordre. Ils se surveillent mutuellement, attendant la bonne occasion pour aboyer sur l'autre. Minho était plutôt content de passer entre les foudres de Thomas, car même avec sa tête de chiot malade, cet homme peut faire vachement flipper quand il s'y met. Il endosse même le rôle de parent médiateur lors d'injustice ou de méchanceté gratuite, comme cette fois où le blond avait mangé tous les biscuits préférés de Tommy, où encore lorsque ce dernier avait volontairement éternué sur la tronche à Newt.

On dirait pas comme ça mais ce sont des vrais problèmes aux lourdes conséquences !

A l'université, ils font comme s'ils ne se connaissaient pas, les rumeurs muent et se propagent tel un virus. Les commères racontent que Thomas était jaloux de la relation du nouveau couple, et elles n'ont jamais été aussi proche de la vérité.

Le jeudi arrive, le fameux soir des étudiants, ou les tensions se lâchent au dépit des cours du vendredi matin. Cette fois ci, la soirée est organisée chez un bon ami du trio, Minho et Newt sont venu avec de la bière et des sourires fatigués. Il était temps qu'ils décompressent de leur semaine compliquée. Thomas avait décliné l'invitation, se sentant trop malade pour venir, mais de toute évidence il avait changé d'avis.

- Mais qu'est ce qu'il fout ici ? Marmonne Newt.

Le nouveau venu s'occupe à dire bonjour aux autres invités, en évitant soigneusement ses deux colocataires. Il a l'air en forme, mais si on regarde de plus près, ses yeux sont rouges et gonflés, et il parle du nez. Un autre détail les inquiète, il ne marche pas très droit. Newt lâche un juron et part à la rencontre de Thomas, tandis que Minho se demande avec effroi si à l'appartement, Thomas s'est descendu leur bouteille de Rhum à lui tout seul.

- Tu vas passer la crève à tout le monde tocard, lance Newt en forçant Thomas à se retourner vers lui.

- Tu as l'air ravie de voir que je vais mieux.

- Qu'est ce que tu me veux ?

- Qu'est ce qui te fait croire que je suis venu pour toi ? Lui réplique sèchement Thomas. Arrête de penser qu'à ta gueule Newt, je suis venu voir mes amis.

- Laisse le tranquille Newt, intervient Minho en lui attrapant le bras.

- Toi si tu veux pas en prendre une par ricochet, je te conseille de la fermer !

Minho lève les mains en signe de forfait, et prend une décision judicieuse qui consiste à fuir la zone de conflit et aller se rechercher une autre bière. Sentant les curieux tendre leurs cous et leurs oreilles vers eux, Thomas et Newt décident de s'éloigner le plus possible l'un de l'autre, sans oublier de se jeter un dernier regard noir, alimentant les comérages.

Vers minuit, une chaise grince, et un Tommy un peu (beaucoup) éméché monte dessus. Il cherche son équilibre durant de longues secondes, témoignant de son alcoolémie.

- Levez tous vos verres, s'écrit-il pour s'accaparer toute l'attention, faisons honneur au couple de la semaine.

De sa bouteille de bière, Thomas désigne ses deux amants dont les visages flambent. Les invités applaudissent et sourient à ce couple qu'ils envient, mais ils ne savent rien de ce qui est réellement en train de se passer.

- Mes amis, reprend Thomas. Je vous souhaite tout le bonheur que vous méritez.

Il a les yeux vitreux mais Newt décèle les larmes qui ne sont pas dû à la joie qu'il prétend. Il lève à son tour son verre en tremblant.

- Vous avez mis du temps à nous avouer la vérité, mais vous savez quoi ? Vaut mieux tard que jamais pour dévoilé un secret.

Minho et Newt connaissent bien leur Tommy, ils retiennent leurs respirations sentant la grosse connerie arriver, tandis que les autres perdent leurs sourires.

- A mon tour de confier un secret.

En un regard, ils se comprennent. En total synchronisation, ils s'élancent pour arrêter la catastrophe : le blond recentre l'attention des invités sur sa personne par un discours de remerciement, le cœur pulsant son sang avec force dans ses veines, tandis que l'autre tente de faire descendre cet abruti de Tommy qui se débat pour mener à bien sa révélation. Ce qui devait arriver, arriva, il finit bien sûr par se casser la gueule en s'explosant le nez au sol.

/

Sur le parking d'un grand magasin à 7h30 du matin, deux gendarmes, une femme aux cheveux blonds en chignon et un grand homme à la chevelure poivre-sel, fixent déconcertés, le jeune homme couché en étoile face contre terre, une bouteille vide dans sa main.

- Janson, emmenez-le en cellule de dégrisement.

Le gendarme s'exécute en suivant, tandis que la femme tourne les talons en marmonnant pour elle même : « Quand je pense que ce sont ces jeunes inconscients qui construiront l'avenir du pays, ça me donne la nausée. »

Plus tard dans la matinée, Thomas connait le pire réveil de sa vie. Une charmante odeur de vomi flatte ses narines, sa tête est douloureuse et lourde comme une massue et enfin sa bouche est désagréablement pâteuse. Il se masse les tempes en réfléchissant à cette nuit floue. Être tombé du tabouret devant tous ses potes est la dernière chose dont il se souvient, puis il devine qu'il s'est battu vu la douleur aiguë qui assaille sa mâchoire et ses doigts.

Thomas se sent minable, il repense à Newt et Minho et se demande sérieusement comment ils ont pu le supporter ces derniers jours. Il se force à se lever malgré son mal de crâne, s'accroche et se tient comme il peut aux barreaux de la cellule pour ne pas flancher.

- Excusez moi, demande-t-il d'une sale voix cassée. Je dois prévenir mes amis que je suis là.

Mais c'est comme s'il parle dans le vide. Aucune tête se tourne malgré la multitude de personnes présentes, tous restent religieusement concentrés sur leurs travail. A ce moment précis rien ne lui prouve qu'il existe. Alors il hausse son ton suppliant, mais l'ignorance est la même. Frustré, Thomas réussit à chopper l'uniforme d'un gendarme qui passe devant sa cellule. Avec le peu de force qu'il lui reste, il le tire le plus possible vers lui pour l'obliger à l'écouter.

- Gardez-moi autant que vous voulez mais s'il vous plaît, je ne demande qu'à passer un coup de fil.

Le gendarme, qui s'avère être celui qui l'a amené dans sa cellule, le juge de la tête aux pieds et esquisse un sourire mesquin.

- Ce n'est pas comme ça que ça se passe gamin.

- Mes amis vont s'inquiéter, gronde Thomas.

- Ça il fallait y penser avant de boire comme un trou, réplique le gendarme en cognant de se grandes mains les barreaux de la cellule, provoquant un bruit sourd qui effraie Thomas et le fait basculer en arrière, manquant de se vautrer par terre.

Il a donc eu le temps de décuver jusqu'à 13h, où on finit le libérer car on est venu le réclamer. C'est une délivrance pour Thomas de sortir à l'air libre après des heures dans cette cellule dégueulasse. Il prends de grandes inspirations comme pour déblayer ses poumons, puis voit ses sauveurs au loin, lui faisant signe de venir. Thomas se précipite, content de voir des visages familiers, bien que pas spécialement amicaux. Minho et Newt donnent tout deux l'impression d'avoir fait nuit blanche et de ne rien avoir bouffé depuis hier. A côté, Thomas est fraîcheur incarné.

- Vous avez une sale tête les gars.

Et ça recommence, Thomas a à peine ouvert la bouche et il commence déjà à énerver Newt.

- Normal, on t'a cherché toute la nuit tocard !

Minho pose sa main sur son épaule, et explique plus calmement (qui l'eut cru?) :

- On t'a cherché cette nuit, tu nous foutu une sacré trouille. Puis ce matin on repris les recherches en téléphonant aux hôpitaux et aux commissariats, c'est comme ça qu'on t'a enfin trouvé.

- Je comprends pas, dit Thomas, pourquoi vous avez mis autant de temps à me trouver ? Je suis au commissariat depuis au moins 9h du matin.

- Cette cuite à dû te faire perdre pas mal de neurone, regarde autour de toi, lui dit Newt.

Il suffit de quelques secondes à Thomas pour réaliser le problème. Il ne reconnaît rien, il ne sait absolument pas où il est. Il se retourne pour voir le nom du commissariat. Il comprends soudainement pourquoi ils ont eu du mal à le trouver, pourquoi ils se sont tant inquiétés. Par contre il y a quelque chose qu'il ne peux pas expliquer.

Comment a-t-il fait pour traverser une centaine de bornes complètement bourré ?

/

Sur la banquette arrière Thomas a l'impression d'être un gamin fautif qui se fait ramener à la maison par ses parents. Il n'ose rien dire depuis 40 minutes à cause de ce silence de plomb qui offre une ambiance bien glauque dans la voiture. Dans ces cas là il aurait préféré qu'on l'engueule directement, point barre.

« Ça serait plus gai dans un cimetière » fait une voix dans sa tête. Il sourit à cette référence.

Parfois, Newt le regarde dans le rétroviseur tandis que Minho reste concentrer sur la route. A l'occasion d'un de ces coup d'oeil, Thomas lui lance :

- Newt, si tu as quelque chose à sortir, dis le.

- Je fais que de repenser à la connerie que tu as failli faire hier.

- Pour toi c'est une connerie de dire à ses potes qui on aime ?

- Ce n'est pas aussi simple Tommy, souffle Newt en se massant les tempes.

Minho les laisse discuter, tapotant nerveusement son index sur le volant. Pour la première fois depuis le début de leur histoire, il a peur de perdre ces deux crétins. Cette stupide dispute est en train de les aveugler, eux s'aiment pourtant si profondément. Ils semblaient juste l'avoir oublié. Une idée lui vient alors, sans prévenir il donne un bon coup de volant qui secoue Newt dans la bagnole.

- Mais merde Minho qu'est ce que tu fous ? Gémis Thomas à l'arrière qui s'est cogné le crâne contre la vitre.

- Je veux plus vous entendre jusqu'à que le moteur s'arrête.

Les deux hommes s'exécutent sagement et se terrent dans le silence. Après s'être garé en centre-ville, ils se dirigent tous les trois dans le grand parc et marchent jusqu'à un banc en bois entre deux grands chênes.

- Voilà, dis tout simplement Minho.

- « Voilà » quoi s'agace Newt en se vautrant sur le banc.

Thomas observe les alentours et comprends rapidement où l'asiatique veut en venir, contrairement à Newt qui commence vraiment à en avoir marre de cette histoire. Le vent joue avec ses mèches blondes et soulève les feuilles mortes qui viennent se bloquer entre ses pieds. L'automne est bien là.

Assis sur ce banc, ces deux chênes sans vie, les deux bruns debout devant lui. Cette situation lui donne une drôle sensation de déjà vu. Newt fait l'effort de se concentrer une dernière fois, car il sent quelque chose de lointain qui essai tant bien que mal de refaire surface. Quelque chose qu'il avait trop facilement oublié, mais néanmoins important.

C'est ici qu'ils s'étaient rencontré pour la première fois.

Il connaissait déjà bien Minho à l'époque, même très bien. Puis un jour, ce dernier avait enfin trouvé un partenaire de course. C'est ce jour là qu'il le vit, courant avec Minho jusqu'à lui, et s'était alors présenté, encore essoufflé par sa course.

Des dizaines et des dizaines d'autres souvenirs défilent dans son esprit, lui donnant des frissons qui ébranle son corps frêle. Passant de la déclaration maladroite de Tommy lors d'une soirée, à la première fois qu'il le vit embrasser Minho. Il doit avouer que c'est vision assez bandante. Il se remémore toutes ces bons moments où ils ont ri ensemble, se sont aidés et soutenus. Ainsi que toutes les fois ou ils se sont amoureusement pincés les doigts.

- J'ai l'impression que tous les deux vous oubliez un peu tout ce qu'on a vécu avant cette dispute, leur dit Minho. Vous êtes entrain de tout foutre en l'air.

Thomas et Newt se fixent sans colère pour le première depuis un certain temps. Minho a raison, et ils ont tous les deux tords. Le brun est le premier à sortir un mot, bien que cela ressemble plus à murmure :

- Je suis désolé pour hier soir, j'aurais pu nous mettre dans une situation embarrassante.

- Non c'est moi, Tommy. J'aurais du être plus à l'écoute, je ne pensais pas que tu souffrais autant de cette situation. Je pense qu'on devrait se poser et essayer d'arranger calmement les choses.

- Totalement d'accord.

Enfin ils avaient l'impression d'avancer.

- C'est très bien les enfants je suis fier de vous ! Dit Minho et les prenant tous les deux par les épaules, maintenant on va bouffer, je vous invite !

Thomas et Newt se réjouissent de cette initiative, ce n'est pas souvent que Minho a des élans de générosité comme celui-ci alors c'est l'occasion à ne pas manquer. Durant tout le repas, il se souviennent de petites anecdotes liées à leur parcours, leurs rires embêtent leurs voisins de table mais ils s'en fichent, car ils se retrouvent enfin après une longue période de froid, et putain qu'est ce que ça fait du bien !

Et depuis le temps qu'ils se connaissent, ils ont fait un paquet de conneries qui serait dommage d'oublier.

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Didou.