Disclamer : Tout appartient à Katsura Hoshino, sauf l'OC.
Bon, après réflexion j'ai décidé de réécrire mes fanfictions.
Le vent soufflait fort, au point de faire pencher les arbres qui venaient de fleurir. Le ciel était dénué de nuages et la lune éclairait deux silhouettes se mouvant dans une clairière. L'une d'elles était assez baraquée et grande, mais harmonieuse. L'autre, au contraire, formait un contraste saisissant : petite et frêle, la silhouette semblait distordue.
Autour d'eux, la clairière dans laquelle ils progressaient était couverte de sang et de pentacles au sol. Une brume se dégageait du sang et des cadavres dont les propriétaires gisaient au sol, découpés en morceaux sans que cela ne gêne le duo.
Les deux silhouettes étaient de plus relativement silencieuses, mais l'autre ouvrit la bouche, rompant le règne :
« Êtes-vous déçu ? »
Le maréchal Winters, qui ouvrait la marche, écrasa bruyamment la moitié d'une tête de niveau un avec son pied. Derrière lui, une femme d'une laideur sans pareille l'observait, attendant avec appréhension sa réaction, mais ne montrant rien. Son compagnon n'aurait pas pu le voir, et puis de toute façon, il s'en fichait bien.
Ce qui avait motivé cette question était assez simple. D'habitude, Winters laissait les plus faibles Akumas à sa jeune disciple, ne s'occupant que des plus hauts niveaux. Cette fois-ci cependant, il avait dû intervenir alors que la jeune femme montrait des signes d'épuisements.
Le maréchal n'attendit pas avant de lâcher ce qu'il pensait sans embarras. Il était comme ça, et qu'on lui cherche des noises après qu'il ait dit quelque chose d'inapproprié l'enchantait plus qu'autre chose :
« Comme si j'en avais quelque chose à cirer, dit-il avec honnêteté. T'es nulle pour maîtriser ton arme, et en un an, apprendre à maîtriser son Innocence est quasi-impossible. »
Les lèvres de la jeune disciple tremblèrent, mais elle ne dit rien. De manière générale, Winters avait du mal à savoir ce qu'elle pensait, vu que depuis qu'il l'avait sous son aile, c'est-à-dire six mois, il avait bien fini par remarquer qu'Erwana s'exprimait en monosyllabe.
Cette phrase allait être la seule qu'il l'entendrait pendant tout le mois, au moins ! Un véritable point négatif, vu qu'il aimait parler.
Toutefois, c'était vrai. Sa disciple atteignait des niveaux abyssaux d'incapacité en termes de maîtrise de l'Innocence. A l'heure actuelle, malgré son niveau en combat à main nues égal au sien, elle serait bien incapable de battre un niveau 2. Ce n'était pas croyable.
Enfin. Après la brève intervention d'Erwana, le silence reprit ses droits, et au grand dam du maréchal, il n'eût pas d'autres attaques groupées de niveaux un. Maître et élève finirent par atteindre la ville près de laquelle se trouvait la Congrégation sans trop de problèmes.
Winters resserra son manteau, sentant les Innocences contre son torse. Une petite partie de celles-ci venait de la Congrégation, mais la majorité venait des « découvertes » de sa disciple. En effet, celle-ci n'avait pas son pareil pour les dénicher. Le premier mois, la jeune femme en avait trouvé cinq, plus deux Compatibles. L'un se nommait Timothy, disciple de Tiedol, et avait été ravi de quitter le foyer paternel. L'autre se nommait Mei-Ling, disciple de Klaud, mais il avait fallu toute la force de persuasion de la petite Lenalee pour qu'elle veuille rester à l'Ordre une fois traînée de force au Q.G. Son grand-père y travaillait désormais comme cuisinier.
Le maréchal trouvait suspect la « chance » d'Erwana, tout comme l'administration Centrale. Mais lui comme eux ne pouvait rien dire : l'Innocence l'avait choisie.
Le duo commença à déambuler dans la ville, sous les yeux dégoûtés et craintifs des passants, qui observaient la disciple de Winters se promener en mode statue. La jeune femme semblait déformée par la laideur, voilà pourquoi elle attirait le dégoût. Ça, et le fait que son Innocence de type équipement, une sorte d'amure en cuir qui lui donnait un air ridicule et grossier, n'était pas exactement discrète. Le craintif venait surtout qu'Erwana avait, au naturel, un regard mauvais, et sa manière de se mouvoir, pleine d'assurance, semblait dire : « si tu me cherches, t'es un homme mort ». Autant Winters, en plus d'être lui, était habitué à cet espèce de mix entre un mafieux, un démon folklorique et un être qui se nourrissait de la peur, autant les passants ne l'étaient pas.
Erwana était rousse, ses cheveux courts étaient assez beaux, mais son visage était déformé. Sa peau laiteuse était parfaite, mais sa lèvre haute était beaucoup, beaucoup trop longue pour que ce soit normal, son nez crochu lui faisait ressembler à une sorcière, et elle avait une vilaine cicatrice au front, en plus de son demi-sourire d'ange évoquant le fantôme de l'opéra. Ajoutez à ça une expression qui aurait plus sa place sur le visage du Comte Millénaire sous sa forme de lutin, et vous aurez l'image de la jeune femme. Elle était terrifiante, laide et restait bloquée sur un sourire aux dents de requins.
Pour les bonnes gens, elle n'était pas exactement recommandable.
Erwana était cependant habituée par ces préjugés, qui sévissaient partout, même au Q.G, où cela lui avait valu — en petite partie — des problèmes avec les membres, dont certaines personnes ne l'appréciaient pas. Pas tout le monde, mais une bonne poignée. Du moins, c'était ce que son maître supposait.
Car soyons honnête, le caractère difficile, le côté « j'en sais bien plus que je devrais » et surtout, surtout les actions passées de la jeune femme ne plaidaient pas en sa faveur. Elle avait même réussi l'exploit de se mettre à dos Lenalee. Même Kanda n'y était pas parvenu.
Enfin, qu'importait, au fond.
Le maréchal, perdu dans ses pensées, vit Erwana le doubler et s'arrêter devant un stand des plus sommaires, au beau milieu de la route, fait en bois, comme une petite cabane. La jeune femme sorti une bourse et acheta une barbe-à-papa sous les yeux inquiets mais professionnels de la tenancière. Se souvenant qu'elle adorait cette sucrerie, Winters afficha une expression embêtée : il n'aimait pas perdre du temps. Erwana revint cependant assez vite, deux bâtonnets dans les mains.
Winters se refusa à manger autant de sucre — il préférait les épices — et Erwana passa le reste du temps qu'ils passèrent à traverser la ville à engloutir les batônnets. Avant de sortir de celle-ci, il fallut qu'Erwana jette les bouts de bois dans des poubelles.
La jeune femme passa ensuite tout son temps à observer les arbres alors qu'elle les voyait tout le temps, sa sempiternel expression neutre sur le visage. Son maître, qui fermait maintenant la marche, fini par faire de même faute de mieux jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la falaise qui conduisait au Q.G.
« Nous sommes arrivés, susurra dangereusement Winters. La Congrégation. »
Une étrange lueur de forma dans les yeux de la rousse en observant le pied de la montagne, mais elle ne dit rien. Le maréchal avait souvent remarqué à quel point la jeune femme haïssait le Q.G — alors qu'au départ elle l'avait adoré — et tous ses habitants, et il fut surprit de l'absence de commentaire de celle-ci. S'il y avait un sujet qui passionnait la jeune femme, c'était bien celui-là.
Winters et Erwana se dirigèrent alors vers l'ascenseur caché et y montèrent. Le maréchal appuya sur le seul bouton qu'il y avait dans l'appareil pourtant ultra-moderne, et, dans un silence pesant, le duo attendit que la machine monte. Erwana s'appuya contre la paroi contraire à la porte d'ascenseur, de la même manière qu'un voyou le ferait : bras croisés, regard de caïd, jambes droites, posture sans-gêne.
Winters, de son côté, n'était pas mieux : main le long du corps, buste bombé, regard profondément agacé. Si quelqu'un les avait vu, il aurait pensé que les deux allaient préparer un sale coup, en supposant qu'il ne se soit pas enfui en courant.
Trouvant l'atmosphère insupportable, Winters attrapa son golem :
« Passe-moi Komui », demanda t-il.
L'œil du golem s'exécuta et tourna au rouge. Il eût quelques grésillements, mais Winters pu entendre la voix du Grand Intendant :
« ... mais pourquoi je dois m'occuper de ces deux-là ? gémissait le Grand Intendant. Surtout de...
— Hey, coupa le maréchal comme d'un voyou. Nous sommes arrivés »
Au silence qui l'accueillit, Winters en déduisit que Komui devait — encore — maudire le jour où Erwana était venue à la Congrégation. Comme Lenalee détestait la jeune femme, le Grand Intendant avait suivi le pas, en quelque sorte. Enfin, elle lui fichait les jetons plus qu'autre chose, et comme beaucoup, il aurait voulu la voir partir quand elle était encore Traqueuse.
Erwana, autrefois, avait candidaté pour entrer dans la Congrégation, et avait été acceptée pour ses capacités hors du commun dans les disciplines sportives. Mais elle ne s'était entendue qu'avec de rares gens — comme Lavi, par exemple, et encore, c'était plus une relation cordiale que de la réelle amitié, ou certains traqueurs qui mourrurent peu après — et causait des soucis à pratiquement tout le monde. Soucis que le Grand Intendant avait dû gérer.
C'est pour ça que l'Administration Centrale avait voulu la renvoyer chez elle, mais on avait trouvé une nouvelle Innocence et elle s'était synchronisée. Ses détracteurs s'étaient alors résigné, même si l'on murmurait qu'on ne comprenait pas pourquoi la jeune femme avait été choisie.
Quand duo sortit de l'ascenseur, Winters discutait activement avec le grand Intendant qui semblait vouloir tout faire pour couper la conversation, sans doute parce qu'il ne voulait pas entendre un commentaire d'Erwana. C'était normal. Les retrouvailles la jeune femme avec certains n'allaient pas être joyeuses, et ça, tout le monde le savait et redoutait le clash qui allait s'ensuivre.
Toutefois, sitôt entrée dans la citadelle, Erwana se sépara de son maître probablement pour s'enfermer dans sa chambre attitrée.
Ou alors elle allait en salle d'entraînement ou à la bibliothèque. Erwana adorait lire, de manière générale. Oui, c'était plus probable, vu qu'ils n'étaient là que pour rapporter les Innocences et que s'enfermer dans sa chambre ne servirait à rien.
Elle emporta son golem avec elle. Le golem était la seule entité qui l'appréciait et vice-versa. Erwana lui avait même donné un nom : Sans le squelette. Pourquoi, comment, Winters n'en avait aucune idée. Erwana avait déclaré que c'était une référence d'un jeu-vidéo. Une référence à quel jeu, et ce qu'était un « jeu-vidéo », ça, personne ne le savait.
Komui paru quelques minutes plus tard, et paru hautement soulagé de ne pas voir la jeune femme. Winters, quant à lui, ne cacha pas sa joie de pouvoir enfin parler avec quelqu'un, fut-il son supérieur, celui qui instaurait les règles qu'il détestait par principe.
Ils descendirent donc voir Hevlaska, et une fois les Innocences dans le corps de la compatible du cube, celle-ci déclara :
« Cela nous fait donc 48 Innocences que nous possédons… j'imagine que la plupart de celles qu'on vient d'ajouter ont été trouvés par elle. Komui, cela fait beaucoup trop… »
Le Grand Intendant leva la tête vers Hevlaska. Elle avait raison, ça faisait beaucoup trop d'Innocences trouvées en si peu de temps. Mais que pouvaient-ils faire… si ce n'était grincer des dents en silence ?
Hevlaska sembla comprendre qu'il était fondamentalement inutile de discuter sur un sujet qui avait mille fois été débattu. Ils n'avaient aucune preuve, tout ce qu'ils avaient était « c'est suspect », et fondamentalement, c'était leur animosité envers Erwana qui parlait.
Que ce soit celle de Komui, de Winters ou même celle d'Hevlaska, qui n'aimait pas la jeune femme parce que celle-ci s'était trop étendue sur son passé à la Congrégation, notamment sur le meurtre de ses parents, alors que la Compatible du cube lui avait fait jurer de n'en parler à personne après qu'Erwana l'eût forcée, menaçant de dévoiler que c'était elle qui avait tué ses géniteurs, à avouer le peu qu'elle ne savait pas. Comment Erwana avait-elle su pour ses parents ? Hevlsaka l'ignorait. En tout cas, la vieille citadelle s'était rapidement retrouvée avec une rumeur comme quoi elle aurait accompli un acte abject.
La Compatible du cube avait alors voulu confronter la jeune rousse, qui s'était défendue, arguant qu'elle n'avait rien dit, mais étant la seule au courant et présente au début de la rumeur, comment se pourrait-il qu'elle ne soit pas coupable ?
Finalement, Winters remonta avec Komui et laissa un message à Erwana pour lui annoncer qu'ils restaient pour la nuit, pour qu'elle puisse récupérer. La jeune femme devait aller voir l'infirmière en chef afin de voir si son état permettait le voyage.
Il eût un message quelques minutes plus tard qu'une bonne nuit de repos lui ferait du bien, mais qu'ils pourraient repartir demain.
Winters vit le Grand Intendant devenir légèrement plus pâle, mais ne dit rien. La voix de l'infirmière qui lui avait annoncé la nouvelle se tue et la connexion se coupa. Le maréchal quitta alors Komui pour aller dans sa propre chambre. Il comptait prendre un bon bain, manger, puis se coucher.
En chemin, il croisa Kanda qui se dirigeait avec un air de tueur dans la salle d'entrainement. Cela sentait la revanche, tout ça. Sans doute l'asiatique voulait se remettre de la défaite humiliante qu'il avait subi face à la jeune femme en art martiaux alors qu'elle n'était qu'une Traqueuse. De tous ceux qui l'avait affronté à mains nues, seul Winters avait réussi à faire jeu égal, tout le reste avait perdu, même Kanda ou Bookman, pourtant des spécialistes en art martiaux.
Bon, soyons honnêtes, un jour, lui aussi perdrait. Erwana était bien trop forte et bien trop douée quand il s'agissait d'art martial. Ce qui la perdait en combat, c'était sa maîtrise archi-pourrie de l'Innocence.
Winters ne fit rien pour empêcher la revanche, car comme il ne pouvait pas affronter les deux, il s'en fichait un peu.
Une fois propre et de nouveau habillé, Winters alla manger. L'humeur était morose dans la cafétéria, où tout les détracteurs de la rousse semblait s'être rassemblé. Le compatible de Folie Divine apprit là-bas qu'Erwana n'avait finalement pas accepté le combat et était allée dormir après avoir pris rapidement quelque chose à manger. Contrairement à ce qu'avait pensé le maréchal, elle n'avait pas été dans la bibliothèque, mais aux douches. Jerry lui avait cuisiné quelque chose à contrecœur — il ne lui servait rien d'habitude depuis un incident aux cuisines, mais l'infirmière en chef avait demandé qu'il se comporte en adulte — et elle avait mangé sans un mot avant de repartir.
Une fois revenu dans sa chambre, Winters s'allongea sur son lit. Il sentait que la venue d'Erwana allait remuer le Q.G, pour le pire. Heureusement, ils partaient demain pour ne revenir que dans six mois, au moins.
Après, Erwana serait probablement constamment en mission, vu que personne ne pouvait la blairer.
Plongé dans ses pensées, Winters s'endormit sans s'en apercevoir.