[Note de traducteur: Ceci est la première histoire que je publie sur ce site, après avoir été une grande lectrice passive pendant des années. Pardonnez les erreurs de mise en page éventuelles et les maladresses de manip'. J'ai proposé à Loten de traduire cette histoire il y a très longtemps, j'ai quelques chapitres en stock mais pas l'histoire complète, faute d'une bêta pour m'aider à relire et à uniformiser mes traductions avec un regard neuf. Si quelqu'un est volontaire pour m'aider à offrir une traduction digne de ce nom à cette très belle fanfic, envoyez-moi un mp!

N'hésitez pas à faire des remarques sur le fond comme sur la forme pour que je réajuste la suite. Si je dois faire des commentaires ultérieurement, je les ferai toujours entre crochets. Maintenant, je m'efface, et bonne lecture!]


CHASING THE SUN

DISCLAIMER OBLIGATOIRE: Si l'un d'entre eux m'appartenait, croyez-moi, les choses se seraient finies autrement. Je ne fais que les emprunter un petit peu; je devrais, malheureusement, finir par les rendre.

WARNING: SS/HG romance à venir (uniquement quand Hermione en aura l'âge), rating M à venir, quelques passages gores et langage familier, lemons à vous n'aimez pas, ne lisez pas. C'est bien "à venir", parce que cette histoire est à nouveau très longue, et ces deux-là sont incroyablement têtus.

Note de l'auteur: Cette histoire est conforme à l'originale jusqu'à la Coupe de feu, et commence l'été entre la Coupe de feu et l'Ordre du Phénix. Je passerai sous silence beaucoup des scènes du canon, à moins que je ne veuille les montrer du point de vue de Severus ou d'Hermione. Vous avez tout dans les livres, vous savez ce qui se passe. La longueur des chapitres sera variable. J'ai un style de roman, donc tout ne rentre pas toujours exactement dans le cadre d'un chapitre clos. J'update environ tous les trois jours [note de traducteur: l'histoire est terminée en anglais], même si je ne pense pas pouvoir toujours m'y tenir. Je répondrai à toutes les reviews signées - notez que vous devez désormais activer l'autorisation de réponse de l'auteur pour recevoir ses réponses. Et souvenez-vous que toutes les 1000 reviews vous gagnez un one-shot SSHG. Critiques acceptées si constructives. J'espère que ça vous plaira.

"The storm is upon me

But I'm chasing the sun..."

The Calling - 'Chasing the sun'.


L'été avait été très long.

Severus était assis dans son salon, dans la pénombre les rideaux élimés étaient tirés, et la seule source de lumière provenait des quelques braises dans la cheminée, qui se consumaient plus par principe que par réelle nécessité de chauffer la pièce sombre et étouffante. Il fixa sans les voir les bûches à demi-consumées de ses yeux noirs et vides, et de temps à autre il prenait, sans enthousiasme, une gorgée à la bouteille qu'il tenait d'une main lâche.

Soulevant son autre main d'un mouvement un peu raide, il prit entre ses longs doigts l'arrête de son nez crochu et ferma les yeux un moment.

Les flammes dans l'âtre s'élevèrent, et il s'enfonça dans son fauteuil, plissant les yeux tout en tirant sa baguette de sa manche avec fluidité l'instant d'après, les flammes devinrent vertes et il se détendit un petit peu dans un soupir fébrile, agitant légèrement sa baguette en direction du feu coloré.

«- Oui ?

-Ah, Severus. Je suis content de vous trouver chez vous. Le moment est-il bien choisi ? » La gentillesse insupportable de la voix d'Albus Dumbledore troublait de son étrange écho le silence mélancolique de la maison, qui pouvait passer pour un silence paisible si l'on n'y faisait pas attention.

Où pourrais-je bien être ailleurs qu'ici, pénible vieux bouc ? Ce n'est pas comme si je pouvais partir en vacances, et je ne serai pas Convoqué avant la tombée du jour. Non qu'il ait la moindre idée de l'heure qu'il pouvait être à cet instant, il fallait l'admettre.

« Bien sûr, Directeur » répondit-il d'une voix éteinte, buvant une autre gorgée et rangeant sa baguette, et s'affalant à nouveau dans le fauteuil fatigué, les yeux clos.

« Je voulais discuter avec vous avant d'en parler au reste des collègues. Je suis navré, mais il me faut une fois de plus refuser votre nomination au poste de Défense… »

Il ne s'était attendu à rien d'autre il ne posait sa candidature que par habitude à présent, ou peut-être par entêtement. Ce n'était sûrement pas parce qu'il pensait obtenir le poste. Dumbledore n'avait jamais vraiment donné ses raisons, mais il n'avait pas besoin qu'on les lui explicite en toutes lettres.

« Et comment allez-vous surpasser vos précédents succès ? » ironisa-t-il à l'adresse des flammes, sans même se donner la peine d'ouvrir les yeux. « Vous avez eu deux serviteurs du Seigneur des Ténèbres, un délinquant incompétent et un loup-garou pour couronner la longue kyrielle d'imbéciles inconséquents et de détraqués confirmés. Quel programme pour la suite ?

-La nomination de cette année n'est pas de mon fait. »

Cette déclaration, combinée à l'absence de gentillesse dans la voix de son employeur, fit froncer les sourcils à Severus et l'amena à relever légèrement la tête pour fixer les flammes.

«- Je n'ai pas la force de jouer aux devinettes. Que voulez-vous dire ?

-Le Ministre a insisté pour nommer le professeur de Défense cette année.

-Quoi ? Le Ministère n'a pas l'autorité nécessaire pour s'immiscer à ce point…

-Ils le savent très bien, répliqua assez gravement Dumbledore. Il n'y avait pas d'autres candidats, naturellement, mais je crois que cela n'aurait fait aucune différence de toute façon… Seule, l'histoire de Harry n'aurait pas suffi Merlin sait qu'ils sont suffisamment entraînés à ignorer le garçon. Mais vous avez confirmé son récit, Severus, bien que je sois sûr que vous n'ayez jamais souhaité le soutenir vous avez montré votre marque à Cornélius en ma présence, établissant ainsi clairement que Poudlard croyait en Harry. Le Ministre veut nous garder à l'œil. Sans parler du fait que certains membres du comité seront ravis de nous voir constamment occupés par les joies de la paperasse administrative pour les temps à venir. »

-J'aurais dû me douter que ce serait de ma faute. Amer, il prit une autre pleine gorgée de la bouteille presque finie. « Très bien. Qui est-ce qu'on nous refourgue ? Un larbin gratte-papier ?

-Pas du tout. Le sous-secrétaire en chef du Ministre, en réalité une auguste personne répondant au doux nom de Dolores Ombrage. »

Severus tint ses yeux fermement clos, essayant de se concentrer. « Une petite grosse avec une face de crapaud ? » D'après ses souvenirs, il ne l'avait croisée qu'une fois ou deux il ne trainait pas au Ministère, quand il pouvait l'éviter.

« Je vous en prie, Severus, ne l'insultez pas avant même qu'elle ait commencé. Vous n'aurez plus de marge de progression ensuite. » Dumbledore marqua une pause avant d'ajouter doucement :

« Il me faut vous demander de faire preuve de retenue, s'il vous plaît, Severus. Je ne doute pas que vous serez maître de vos humeurs, mais le Ministère peut rendre les choses vraiment pénibles. J'encourage vivement tout le monde à coopérer avec Dolores.

-Pourrais-je être présent quand vous allez annoncer ça à Minerva ? » demanda-t-il sèchement, avant de pousser un soupir. « Pourquoi avez-vous donné votre accord, Directeur ? La dernière chose dont nous ayons besoin, c'est un Ministère qui vient fouiner ici. Dites à Fudge de garder sa paranoïa pour lui et de se la coller –

-Severus, s'il vous plaît. On ne peut pas se permettre d'avoir le Ministère à dos, en tout cas pas maintenant. Nous allons avoir besoin d'eux, même si parfois j'avoue avoir du mal à me rappeler pourquoi.

-D'accord, d'accord. Contentez-vous de la tenir hors de mon chemin. Je vais être plus qu'occupé à d'autres choses, sans devoir me montrer courtois avec le chienchien de Fudge.

-Comment vous portez-vous, Severus ? » demanda sérieusement Dumbledore Severus ouvrit les yeux et jeta un regard venimeux au feu. Il détestait vraiment cette question. Si elle était sincère, ce ne serait pas si terrible, mais il connaissait toutes les raisons pour lesquelles le Directeur la lui posait, et si l'inquiétude réelle pour sa santé était l'une d'elles, elle était très, très loin sur la liste.

-Je survis, comme d'habitude. La prochaine réunion est pour mardi ?

-Oui.

-Je vous verrai à ce moment-là, alors, à moins que quelque chose d'important n'arrive avant cela. »

Il tira sa baguette une fois de plus et l'agita en direction de la cheminée, coupant Dumbledore avant qu'il ait pu répondre. « Enfoiré», soupira-t-il, finissant sa bière et s'étirant de côté pour poser la bouteille vide par terre à côté de plusieurs autres. Alors comme ça, un larbin du Ministère. Quelle joie. Cela allait être suffisamment difficile pour lui de jongler avec tout en même temps, sans que ce gouvernement à la con n'essaye de s'incruster. Il eut l'impression qu'il y avait dans cette affaire plus que ce qu'en avait dit le Directeur mais rien de nouveau à cela, ceci dit.

Il venait juste de se réinstaller, une fois de plus, quand l'âtre fut de nouveau baigné de flammes vertes. « Bon sang, je suis populaire aujourd'hui », marmonna-t-il avec irritation, reprenant sa baguette et aboyant sans ménagement : « Quoi ? »

-Bonjour Severus. Cela me fait plaisir aussi d'entendre ta voix à nouveau. »

Il grimaça. « Poppy, je te l'ai dit, quand je rentre à Poudlard tu peux jouer les mères-poules sans interruption pour la simple et bonne raison que je suis incapable de t'en empêcher. Mais jusque-là, je suis en vacances. Laisse-moi tranquille. » Severus se renfrogna en entendant son ton peu amical et essaya de dominer sa mauvaise humeur en réalité, il appréciait Poppy Pomfresh, et il n'avait pas suffisamment d'amis pour se permettre d'en perdre un seul.

Heureusement, la médisorcière de Poudlard le connaissait depuis ses onze ans, et était plus qu'accoutumée à ignorer ses sautes d'humeurs.

« Si je le pouvais je le ferai, mais il faut que je discute avec toi de l'année qui arrive. Un élève m'a contactée pour suivre une formation informelle de Guérisseur, et puisque de toute évidence tu vas visiter régulièrement l'infirmerie cette année, je voulais en parler avec toi.

-C'est hors de question. » répliqua-t-il immédiatement. « Fin de la discussion. »

-Severus…

-Poppy… » imita-t-il. Dans un soupir, il se pencha en avant, appuyant ses coudes sur ses genoux et fixant le feu. « Tu sais comme moi que ce n'est pas possible. Je ne sais même pas pourquoi tu demandes.

-Cet élève, précisément, est déjà au courant de certains détails et a des raisons pour formuler cette requête dès à présent. » répondit l'infirmière avec précaution. Les yeux noirs de Severus se rétrécirent tandis qu'il fixait la danse des flammes vertes, la lumière progressant dans son esprit et dans ses pensées, devenues limpides dans un instant de douloureuse compréhension.

-Oh, tu n'es pas sérieuse. Granger ?

-Comment le sais-tu ?

-Donnez-moi la force », marmonna-t-il, lançant un regard furieux au feu. « Tu sais que je ne suis pas stupide, Poppy. Qui d'autre cela pourrait-il être ?

-D'accord, oui, il s'agit de Miss Granger. Elle sait que nous sommes en guerre, et elle veut aider. Ce n'est pas une mauvaise idée d'ailleurs elle est assurément douée, et je ne dirais pas non à un peu d'aide, et tu ne peux pas nier que ce serait utile que quelqu'un proche de Mr Potter sache comment guérir les blessures, compte tenu de la tendance du garçon à se blesser apparemment tout seul. Surtout maintenant. »

Il se renfrogna face au feu et ne répondit pas, se pinçant l'arête du nez dans un geste fatigué. Granger, oui; il semblait qu'elle n'apprendrait jamais à laisser les gens tranquilles. Toutefois, cela aurait pu être pire. Ça aurait pu être Potter. Il eut alors une pensée qui envoya un frisson le long de son dos douloureux. « Non. »

Poppy reprit la parole, sur le ton brusque et vif des affaires. « Si tu peux me donner une bonne raison, Severus, alors je lui écrirai pour lui dire que ce n'est pas possible. Si ça compromet ta sécurité, ou va à l'encontre des plans de l'Ordre, ou la met en danger. Mais si la seule raison pour laquelle tu refuses est que tu ne veux tout simplement pas que ce soit elle qui le fasse, alors tais-toi. »

Il se renfrogna à nouveau, conscient qu'il n'y avait rien qu'il eût pu dire. C'était la seule raison, mais il considéra que c'en était une bonne. C'était lui qui allait devoir faire face à la réalité de ce projet, après tout : laisser la miss je-sais-tout apprendre à le sermonner et à le couver. Elle était assez insupportable comme ça. Non, ce n'était pas très juste… Elle ne l'insupportait pas autant que certains de ses élèves, après tout, et même lui admettait, même à contre-cœur, qu'elle était intelligente. Mais quand même, il devait y avoir un moyen de se sortir de ça…

«- C'est une enfant.

-C'est ce que je lui ai dit la première fois qu'elle est venue me voir. » répondit sèchement Poppy. « Elle m'a répondit par écrit, je cite : « Okay. Je vous prie de bien vouloir dire à Vous-savez-qui que nous sommes trop jeunes pour l'instant, et qu'il veuille bien retarder son règne de terreur de quelques années jusqu'à ce que nous soyons assez mûrs. » »

Malgré lui, il pouffa légèrement. La gamine marquait un point, si irritant que ce fût ces trois-là allaient être lourdement impliqués, peu importait ce que quiconque en pensait. Merde; il n'avait rien sur quoi s'appuyer, et il le savait. Il n'y avait aucune raison logique, rationnelle pour refuser cette demande, mais il ne voulait vraiment pas qu'un des élèves apprenne ce qui se passait vraiment. Il voulait garder cela secret, et il n'y avait aucune chance qu'elle n'aille pas rapporter tous les détails à la petite vermine qu'elle appelait ses amis. Seigneur, cela allait probablement faire tout le tour de l'école…

«- Que lui as-tu déjà raconté ? » demande-t-il froidement.

-Ne prend pas ce ton-là avec moi, Severus Snape », cingla-t-elle.

« Le Directeur lui-même l'a mise au courant pour l'Ordre du Phénix, alors si ça, ça te pose un problème, règle-ça avec lui. Je ne lui ai encore rien dit à ton sujet je voulais en parler avec toi d'abord. Comme je disais, si tu peux me donner une seule bonne raison, alors cela ne se fera pas; mais si tu n'en as pas, alors je m'assoirai avec elle à la rentrée et lui expliquerai ce que ça implique vraiment, d'être Guérisseur pour l'Ordre. »

Severus serra les dents il détestait vraiment être acculé au pied du mur. « Il y aura certaines conditions », gronda-t-il, reconnaissant la défaite avec force réticence.

« Je ne lui dirai que ce qu'elle a besoin de savoir. Comme tu l'as si bien fait remarquer, Severus, elle reste une enfant, et je veux autant que possible la tenir éloignée du pire. Et si tu es sur le point d'exiger qu'elle soit soumise au secret, ne sois pas insultant tu crois vraiment qu'elle est du genre à commérer ? Ou même que je la laisserai faire ? »

C'était une autre bonne remarque. Il aurait souhaité le contraire. Quoi qu'il en fût, cette histoire ne se présentait pas comme celle de ses meilleurs jours. Le regard noir fixé sur le feu, frustré de ne rien pouvoir faire, il secoua la tête. « On va essayer », déclara-t-il finalement de mauvaise grâce. « Si ça ne marche pas, on arrête tout de suite. »

« Merci, Severus. » Après un blanc, l'infirmière demanda avec douceur « Tout va bien ? » et il ravala un soupir. La question était légèrement mieux que celle du Directeur – au moins pensait-il qu'elle se souciait un minimum de la réponse – mais à peine.

« Je suis toujours là, n'est-ce pas ? » répondit-il avec humeur. « On se verra à l'école, je suppose. Essaye de te rappeler que tu n'es pas ma mère, s'il te plaît. » Ses lèvres se contractèrent en un sourire amer à cette pensée tandis qu'il répondait à moitié à son adieu et fermait la connexion de la cheminée. Ainsi, il semblait qu'à la rentrée il finirait en cobaye géant pour satisfaire la quête sans fin de Granger pour connaître tout sur tout, en plus de marcher sur la corde raide, écartelé entre deux maîtres, tout cela en esquivant les tentatives d'intrusion maladroites du Ministère. Quelle joie.

Alors même que le feu mourait et que la pièce redevenait sombre et inquiétante, une douleur lança dans son bras gauche, sensation ô combien familière qui commençait en brûlure pour devenir une souffrance profonde, presque lancinante. « Oh, magnifique, vraiment » cracha-t-il, frottant son bras tout en se levant et faisant apparaître sa robe et son masque. « Une fin parfaite pour une parfaite journée de merde. »


Hermione ne savait pas exactement à quoi elle s'était attendue comme quartier général de l'Ordre du Phénix, mais en tout cas pas vraiment à une maison mitoyenne de style George IV en plein cœur de Londres. Le professeur McGonagall leur avait expliqué avant d'arriver qu'il s'agissait de la maison de Sirius, laissée à l'abandon et négligée pendant un certain temps durant son séjour en prison puis par la suite hors du pays, mais quand même, elle s'était attendue à quelque chose de plus… grandiose.

A son agréable surprise, Ron attendait dehors sur les marches il avait encore grandi, remarqua-t-elle distraitement tandis qu'elle le prenait dans ses bras. « Tu n'étais pas obligé de m'attendre dehors. »

Il lui sourit franchement. « Si, j'étais obligé. Maman nous a tous réquisitionnés pour nettoyer la maison. Ça craint. J'étais ravi de pouvoir m'échapper.

-Hé bien, merci.

-Pas de souci. Bon alors, il faut que tu saches deux, trois trucs… Il y a un portrait de la mère de Sirius collé dans l'entrée, et c'est une sacrée vieille - » Il lança un regard à sa Préfète, qui lui rendit son regard sans ciller, et acheva « - femme. Il faut être très silencieux dans l'entrée, parce que quand elle se réveille elle insulte tout le monde en hurlant. Je pense que le reste peut attendre qu'on soit en haut avec les autres. » Il fit une grimace. « Pour être franc, il n'y a pas grand-chose d'autre à ajouter. Personne ne nous en dit beaucoup.

-Parce que vous n'avez pas besoin de savoir, Mr Weasley », lui fit fraîchement remarquer McGonagall . « Nous y sommes, donc, Miss Granger je vous laisse à vos amis.

-Merci, Professeur. »

Ron la guida le long de l'entrée lugubre avec une précaution exagérée, jusqu'en haut des escaliers s'arrêtant dans le couloir pendant qu'Hermione ouvrait la boîte de transport de Pattenrond pour le laisser explorer, il tendit l'oreille et grimaça. « Je crois qu'ils sont encore en train de travailler au bout du couloir. N'allons pas par-là pour l'instant. »

Hermione lui fit un grand sourire « Il y a des grosses araignées ? ».

Il frissonna. « Enormes. C'est pas marrant. »

Elle lui tapota l'épaule et jeta un regard circulaire tandis qu'ils entraient dans la chambre qu'elle allait partager avec Ginny.

« Alors c'est ça, le repaire de l'Ordre du Phénix ?

-Ouaip, c'est pas énorme, hein ? » lui accorda-t-il avec sarcasme, se laissant tomber sur le lit de sa sœur. « Rien ici n'est vraiment comme on s'y attendait. On en a parlé tout l'été, mais… Je sais pas. Tout ce qu'on a fait, c'est nettoyer des pièces dégueus, et on nous envoie direct au lit dès qu'il y a une réunion. Fred et George ont travaillé sur un truc pour nous permettre d'écouter, tu verras tout à l'heure, mais ça ne marche pas vraiment. On est mis à l'écart. » Il soupira. « La seule personne qui a dit autre chose que « bonjour », c'était Dumbledore, et il m'a seulement dit de ne rien dire à Harry, mais il ne m'a pas dit pourquoi.

-Il m'a écrit et il m'a dit la même chose, aussi. Pauvre Harry… après tout ce qui lui est arrivé, il ne devrait pas rester coincé là-bas tout seul. »

Ils échangèrent un regard gêné avant que Ron ne changeât de sujet.

« Tu as demandé à Madame Pomfresh pour ton truc de Guérisseur ?

-Oui elle m'a dit qu'elle devait se mettre d'accord avec quelques autres personnes d'abord mais elle pense que ça devrait être bon. Je suppose qu'il faut que Dumbledore soit d'accord, mais je ne sais pas qui d'autre. Elle devrait me le dire bientôt.

-C'est bien alors, je suppose.

-Sirius est ici, alors ? »

Ron haussa les épaules. « Oui il est là, mais… enfin, tu le verras peut-être plus tard. Il passe la plupart de son temps enfermé dans sa chambre. Il est un peu déprimé : il ne peut aller nulle part, parce que c'est un criminel recherché et tout, alors il ne fait que se morfondre ici. Ou se battre avec Snape.

-Le professeur Snape est ici ?

-Non, Merlin merci. » Il frissonna et lui grimaça un sourire. « Nan, on ne l'a vu que deux fois. Il ne reste jamais longtemps. Il se montre pour les réunions, puis s'en va aussi vite qu'il peut. Les autres restent pour les repas et d'autres trucs, de temps en temps, mais pas lui, heureusement.

-Alors qui d'autre est ici ?

-A temps plein, juste Sirius, et nous maintenant, jusqu'à la rentrée. Lupin est là assez souvent mais on pense que là il est en mission pour parler aux autres loups garous, tu sais, pour essayer de les convaincre de ne pas se rallier à Tu-sais-qui. On ne sait pas très bien ce que font les autres, honnêtement. Il y a quelques Aurors, Kingsley et Tonks – Tonks est cool, tu vas bien l'aimer- et Fol-Œil est quelque part dans le coin, le vrai cette fois. Dumbledore et McGonagall sont là de temps en temps. Hagrid est venu une fois, mais maintenant il est parti en mission secrète quelque part aussi. Personne ne nous dit rien. Je suis sur le point d'étrangler Bill pour tout te dire, parce qu'il fait partie du truc et que nous, on nous traite comme des gosses qui doivent aller se coucher pour laisser les grandes personnes discuter. »

Il parut frustré, mais elle n'eut pas l'occasion de lui répondre une voix cria de dehors, « Ron ! »

« QUOI ? » hurla-t-il en réponse, rendant presque sourde Hermione qui lui jeta un regard noir.

« Est-ce qu'Hermione est arrivée ? »

Levant les yeux au ciel –elle adorait les Weasley comme s'ils étaient sa famille, la plupart du temps, mais de temps à autre elle rêvait vraiment de les tuer- elle s'avança vers la porte entrouverte et passa sa tête à l'extérieur. « Tu peux essayer de me demander à moi directement. »


Au bout de quelques jours, elle comprit la frustration de Ron. Ils étaient tenus bien à l'écart de tout ce qui était un tant soit peu important, et les heures s'évaporaient lentement avec la poussière des pièces crasseuses pleines d'objets glauques et parfois franchement dangereux. Elle avait été très impressionnée par les Oreilles Extensibles, mais malheureusement, ils n'avaient pu s'en servir efficacement qu'une seule fois après, un des adultes avaient compris leur manège et jeté des sorts plus puissants sur la porte de la cuisine. Elle ne vit Sirius qu'une fois ou deux, et fut choquée par son changement d'attitude il était devenu étonnamment amorphe.

Le portrait de Mrs Black devint bien vite ce qui lui empoisonnait la vie. Hermione aimait lire assise sur les premières marches de l'escalier, pouvant ainsi voir les allers et venues, mais si le portrait l'apercevait, alors tous ceux dans la maison risquaient un tympan percé par des hurlements sur les Sang-de-Bourbes polluant la maison. Personne n'avait trouvé comment la faire taire à part en se battant avec les rideaux pour les fermer sur elle.

Vers la fin du mois de juillet, Madame Pomfresh arriva au Square Grimmaurd et traîna promptement Hermione dans une pièce vide. « Hé bien Miss Granger, votre vœu est exaucé. Si vous le souhaitez toujours, vous commencerez à travailler avec moi dès la rentrée pour vous entraîner à devenir une Guérisseuse. »

Sa première impulsion fut de couiner de joie, mais l'euphorie s'évanouit immédiatement elle ne faisait pas ça pour s'amuser, mais au cas où un de ses amis serait blessé. Elle sourit légèrement malgré tout. « Merci beaucoup.

-Ne me remerciez pas. Vous ignorez ce pour quoi vous avez signé, pour l'instant, mais je ne peux pas nier qu'un peu d'aide sera la bienvenue. » L'infirmière la dévisagea un moment avant de sourire. « Assez de pessimisme et de défaitisme pour le moment croyez-moi, vous aurez bien assez de temps pour déprimer plus tard. Pour l'instant, laissez-moi vous présenter à un autre membre de notre petite équipe… » Elle fouilla dans son sac et en sortit quelque chose de petit et carré, tira sa baguette et rendit sa taille à ce qui s'avéra être un cadre. « Voici Dilys Derwent, ancienne Directrice et Maîtresse Guérisseur. Dilys, voici Hermione Granger. »

La femme du portrait détailla Hermione de haut en bas, pensive, de ses yeux plissés c'était une sorcière potelée, aux cheveux gris bouclés, dont l'air sérieux fut complètement ruiné quand elle sourit de toutes ses dents avec chaleur.

« Ainsi, Hermione, nous nous rencontrons enfin. J'ai beaucoup entendu parler de toi. Es-tu à moitié aussi douée que ce qu'on dit ? »

Surprise, Hermione cligna des yeux avant de se sentir sourire en retour. « Tout dépend de la personne à qui vous avez parlé, je suppose.

-Ha. Bonne réponse. Je suis ravie de te rencontrer; bienvenue à bord.

-Merci.

-Vous n'aurez plus un instant à vous à partir de maintenant » la prévint Madame Pomfresh avec un sourire tandis qu'elle rangeait le portrait dans son sac. « Dilys papote sans cesse à propos de tout et rien, c'est une commère incurable et terriblement fouineuse, et elle possède un sens de l'humour très spécial qui ferait rougir une prostituée. Mais elle a bon cœur, sait garder un secret, ne supporte pas l'absurdité et a oublié plus de choses en Guérison que moi je n'en ai jamais su. C'est une bonne amie, et j'espère qu'elle le sera pour vous aussi.

-J'espère aussi », approuva Hermione; elle avait apprécié ce bref échange avec le portrait.

" Très bien, la partie amusante est finie. Il nous faut discuter de ça maintenant, sérieusement. » Le sourire de Madame Pomfresh s'évanouit tandis qu'elle prenait un siège. « Ce sera difficile pour vous, Miss Granger. Je devrai vous convoquer à des heures indues en pleine nuit, et vous allez devoir apprendre très vite pour faire tout ce que j'attendrai de vous. Ça ne ressemblera pas à un apprentissage en Guérison classique. Dorénavant, vous êtes une Guérisseuse en temps de guerre je n'ai pas vraiment le temps de vous apprendre à soigner les rhumes des marmots ou les écorchures de Quidditch. Vous allez affronter des vraies blessures, des sorts et des malédictions, et des sévères par-dessus le marché. Vous allez assister aussi, avec bien plus de lucidité que n'importe qui, aux effets à long terme que cette guerre engendre pour certains membres de l'Ordre vous apprendrez quelques rudiments de psychologie, en particulier liés aux post-traumatismes.

Et surtout, Hermione, si vous choisissez de faire ça, vous allez passer un certain temps avec le Professeur Snape.

-Le professeur Snape ? Pourquoi ? » demande-t-elle ébahie. Elle était vaguement au courant que le Maître des Potions préparait la plupart sinon la totalité du stock de potions de l'infirmerie, mais très peu de Guérisseurs apprenaient à constituer leur propre stock, aussi ne voyait-elle pas pourquoi elle devrait passer quelque temps que ce fût avec lui.

Madame Pomfresh jeta un regard autour d'elle dans une expression troublée. « Ce que je suis sur le point de vous dire est l'un des secrets les plus importants de l'Ordre du Phénix » déclara-t-elle finalement, dirigeant vers Hermione un regard insistant. « Vous ne devez en souffler mot à personne. »

Troublée et extrêmement curieuse, et se demandant quel rapport cela avait avec Snape, Hermione acquiesça lentement. « Je ne dirai rien, je le jure. »

L'infirmière acquiesça et soupira. « Vous savez que le professeur Snape était autrefois un Mangemort ?

-Oui…

-Hé bien, en ce qui concerne Vous-savez-qui et les autres Mangemorts, il l'est toujours. »

Elle cilla et fronça les sourcils, réfléchissant à cette information, avant de fixer la médisorcière. « Un agent double ? » chuchota-t-elle, sous le choc elle n'avait jamais vraiment réfléchi à la raison pour laquelle Snape faisait partie de l'Ordre, ou pourquoi il n'était plus un Mangemort, jusqu'à cet instant.

Madame Pomfresh opina du chef, l'expression de son visage plutôt sombre à présent. « Oui. Le professeur Snape a rejoint l'Ordre du Phénix il y a plusieurs années de cela et est devenu notre espion. Vous-savez-qui le prend pour un Mangemort loyal qui nous ment et espionne l'Ordre pour lui. Nous encourageons cette foi en laissant filtrer de temps en temps des informations, pour le convaincre que le professeur Snape lui est loyal, tandis qu'il collecte des informations pour notre camp à propos des plans des Mangemorts. »

Snape, une espèce de James Bond ? C'était tellement fou qu'elle ne pouvait pas encore réaliser. Secouant la tête, Hermione regarda dans le vague autour de la pièce « … Comment vous le savez ? » demanda-t-elle finalement d'une petite voix. Harry et Ron soutenaient depuis des années que Snape était un traître, et elle l'avait toujours défendu, mais elle devait admettre qu'il y avait eu des moments où elle s'était posé quelques questions.

L'infirmière lui lança un regard sévère. « Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, Miss Granger », dit-elle calmement. « Sur ce point, je pense qu'il serait mieux que vous acceptiez de ne pas tout connaître de la vraie histoire et que ça ne vous regarde pas. »

Se sentant coupable, elle acquiesça, acceptant le reproche. « Désolée. C'est juste que… Non. Je suis désolée. »

Conservant encore un peu son regard sévère, Madame Pomfresh opina lentement et se détendit. « Alors c'est parfait. Je suis tout à fait consciente de l'image que le professeur Snape donne aux gens. Lui aussi. Un grand nombre de personnes doute de lui, mais je n'en fais pas partie. »

La tranquille assurance dans sa voix la fit se sentir un peu plus honteuse encore, et elle acquiesça de nouveau. « Quel rapport avec moi ?

-La vie d'un agent double est très dangereuse » déclara tout net l'infirmière. « Le professeur Snape est fréquemment blessé. Vivre au milieu des Mangemorts est déplaisant et douloureux, à plus forte raison pour un homme à qui l'on ne fait jamais pleinement confiance et qui est obligé, de temps à autre, de désobéir sciemment à des ordres directs. Cette guerre ne fait que commencer, mais si elle suit le même chemin que la guerre précédente, alors il passera beaucoup de temps à l'infirmerie. La tâche la plus importante d'un Guérisseur de l'Ordre du Phénix est de maintenir notre espion en vie et en pleine possession de ses moyens c'est le principal rôle que je joue dans l'Ordre. Et sincèrement, j'aurai besoin d'un peu d'aide de temps en temps et enfin, quelqu'un d'autre doit voir la réalité de ce que l'on fait. »

Elle soupira. « Je ne vais pas vous mentir, Hermione. Ça sera très désagréable. Non seulement, le travail en lui-même sera sanglant et désagréable, mais en plus, le professeur Snape… Hé bien, vous connaissez son humeur générale. », dit-elle avec une prudence polie. « Il subit beaucoup de stress en ce moment, ce qui est compréhensible, et il est fréquemment en souffrance. Pour être tout à fait franche, Hermione, il passera ses nerfs sur vous. »

« Parce qu'il sait que Poppy ne le laissera pas faire s'il s'en prend à elle », intervint Dilys avec humour à travers le sac de l'infirmière.

« Pas faux », accorda la médisorcière avec un petit sourire triste. « Bien, la décision vous appartient, Hermione. Si vous êtes décidée à faire cela, vous verrez la face sombre de la guerre. C'est sanglant, brutal, absurde, violent, et ce sera très difficile pour vous émotionnellement et mentalement. Vous ne serez pas autorisée à en parler avec vos amis. Vous verrez des choses vraiment terribles et m'aiderez à recoller les morceaux et on ne vous en remerciera pas. Voulez-vous toujours aider ? »

Pour ça, au moins, elle n'eut pas besoin de réfléchir. Croisant les yeux de la sorcière plus âgée avec détermination, Hermione acquiesça.


Entre toutes les inquiétudes à propos de Harry et son coup manqué avec les Détraqueurs, et la frustration perpétuelle à cause de n'importe quel membre de l'Ordre qui ne leur disait même rien, Hermione fut prise de court quand, au début du mois d'août, elle vit le Professeur Snape quitter immédiatement une autre réunion mystère, sa fine stature sombre se détachant au milieu de la foule de sorcières et sorciers qui traversaient le hall pour rejoindre la porte d'entrée . Ignorant les divagations de Mrs Black, elle se leva de là où elle s'était assise sur les marches de l'escalier pour lire, et appela, avant qu'elle ait pu se raviser : « Professeur Snape ? »

Alors que les autres partaient, son professeur se retourna et la regarda fixement s'avancer vers lui. Contrairement aux autres, il portait ses robes normales de professeur, sa robe noire par-dessus une blouse et un pantalon; de façon tout à fait inappropriée, Hermione se demanda s'il lui arrivait d'avoir trop chaud, sous tant de couches de noir en plein été. « Pourrais-je vous parler un instant, Monsieur ? »

« Miss Granger », répondit-il froidement, s'efforçant de rendre sa voix encore moins amicale que d'habitude, « jusqu'au premier septembre, je n'ai aucune obligation de vous écouter vous, ou tout autre élève. Allez-vous-en. »

Tremblant intérieurement face à son attitude, elle déglutit et se réprimanda durement en se rappelant qu'elle était une Gryffondor. Elle tenta aussi de se rappeler que le Professeur Snape était de leur côté; vu l'expression sur son visage à cet instant, c'était presque impossible à croire, puisque sa façon de la regarder de ces yeux noirs indiquait très précisément qu'il la haïssait, ainsi que tout ce qu'elle représentait. « Je – Je voulais juste vous remercier, Monsieur. Je sais que je n'aurais pas été autorisée à m'entraîner avec Madame Pomfresh si vous n'aviez pas donné votre accord. »

Elle hésita, se demandant si elle devait ajouter quelque chose à propos de ce qu'il accomplissait pour l'Ordre, mais il lui ôta ce choix en lui demandant dans un rictus « C'est tout ? »

Décidant de ne pas forcer le destin, elle acquiesça humblement, et il incurva ses lèvres en une mou de dédain avant de se détourner et sortir.

"Hé bien, ça aurait pu mieux se passer", décida-t-elle tristement pendant que les battements frénétiques de son cœur retrouvaient un rythme plus proche de la normale.


Severus ne savait franchement pas s'il devait rire ou vomir. Depuis son habituel et à peine sûr point de vue dans un coin de la salle des professeurs, il regardait, incrédule, Dumbledore présenter Dolores Ombrage à l'ensemble des professeurs, qui arboraient tous des têtes semblables. Cette femme n'était pas réelle, se dit-il plein d'espoir, la race humaine ne pouvait pas s'être dégradée à ce point. Même l'attitude chaleureuse du Directeur eut l'air forcé quand la vision incroyable déclara de sa chuintante voix suraiguë que c'était un plaisir absolu de les rencontrer tous enfin, et qu'elle était certaine qu'ils allaient s'entendre à merveille.

Si elle glousse, je me plante un poignard, se résolut-il, essayant désespérément de ne pas croiser le regard de Minerva – si sa collègue avait été sous son autre forme, l'expression de son visage aurait annoncé l'apparition très prochaine d'une boule de poils.

Quand Ombrage s'approcha de lui avec son énorme sourire lumineux et absolument hypocrite, Severus eut conscience que tous les regards se portaient sur eux. Le coup d'œil de Dumbledore lui intima de faire attention à son attitude, les autres le regardaient avec une excitation à peine dissimulée. Le sourire avenant de cette face de crapaud vacilla quand elle le vit de près, et Severus s'autorisa, pour une fraction de seconde, un très léger sourire tout en la dévisageant; il savait très bien de quoi il avait l'air, merci, et il avait réservé son air le plus renfrogné pour cet instant précis.

« Et voici Severus Snape, notre Maître des Potions » déclara Dumbledore un peu inutilement, essayant d'être jovial et de faire comme s'il n'était pas du tout inquiet de ce qui allait se passait.

Sa poignée de main était presque aussi désagréable que ce à quoi il s'était attendu; résistant difficilement au besoin urgent de s'essuyer la main sur ses robes quand il la lui retira, il gomma son air renfrogné suffisamment longtemps pour lui offrir un regard de désintérêt neutre mais légèrement antipathique; il vit le vacillement dans ses yeux tandis qu'elle le détaillait de haut en bas – avec quelque difficulté : il la dépassait largement de plus d'une tête. Elle désapprouvait, certainement, se concentrant brièvement sur ses cheveux sales et son nez proéminent, mais – oui, voilà, la demi-seconde où son regard s'attarda sur son bras gauche. Fudge lui avait dit, alors… Et elle en était effrayée. Un point pour moi, je suppose. Peut-être que ça n'allait pas être si terrible, après tout, surtout vu les airs sur le visage de certains de ses collègues.

Dumbledore l'accompagna courtoisement hors de la salle, acquiesçant et souriant comme s'il l'écoutait vraiment quand elle parlait de son désir de réexaminer les programmes. Une fois la porte refermée, Minerva expira violemment par les narines et déclara, à personne en particulier, « Est-ce que le pays tout entier a perdu la tête ? »

« Tu l'as appréciée, alors ? » demanda sèchement Filius, récoltant un reniflement et un regard mauvais.

« Elle a un air familier » ajouta pensivement Severus. « Quand j'étais petit, ma mère a essayé, pour une très courte période, de m'inscrire à un groupe de jeu pour Moldus du quartier… »

-Et ça a tenu combien de temps ? » demanda Rolanda Bibine.

-A peu près une semaine et demi » répondit-il posément avec un petit sourire satisfait à l'évocation du souvenir. Déjà très jeune, il n'avait eu aucune aptitude à la sociabilité, et de façon assez catégorique Ne Jouait Pas Gentiment Avec Les Autres. « Enfin bref, la femme qui s'en occupait lui ressemblait beaucoup. Même insupportable petite voix éthérée, même incroyable condescendance, même cardigan rose immonde. Elle a probablement des mouchoirs cachés dans ses deux manches" ajouta-t-il dans un léger frisson de dégoût. « Elle est bien au courant que nous n'avons ni quatre ni cinq ans, n'est-ce pas ? ».

"J'ai tellement hâte de voir comment elle va s'y prendre avec les élèves. Ces petits bâtards vont n'en faire qu'une bouchée."

« Vous n'avez pas encore entendu le meilleur », dit Minerva, la mine sombre. « Le Ministère a réussi à lui accorder tout un tas de prérogatives ridicules. Le pouvoir qu'ils ont donné à cette femme est franchement écœurant… »

Tandis qu'elle commençait à évoquer le fantastique cauchemar des inspections, des entrevues et de la censure, Severus eut un mauvais pressentiment, maintenant qu'il comprenait l'avertissement du Directeur. Le Ministère se démenait pour faire fermer Poudlard, ou au moins pour en éloigner la plupart de ses enseignants. Ils pouvaient rendre les choses tellement plus difficiles… Il ne sentait vraiment pas cette affaire.

Une fois la réunion terminée, il eut l'intention de s'éclipser discrètement pour rejoindre ses paisibles cachots et essayer de se détendre et de profiter d'un peu de calme, puisqu'il allait apparemment en manquer très bientôt, mais il n'avait même pas atteint la porte que Poppy le coinça et le traîna littéralement jusqu'à l'infirmerie pour un contrôle de santé. Il s'était résigné à ses persécutions, après toutes ces années, aussi ne gaspilla-t-il pas sa salive à marchander, et se soumit avec une simplicité étonnante; une demi-heure plus tard il se tenait debout au milieu de son bureau en sous-vêtements, luttant pour ne pas se crisper tandis qu'elle lui enfonçait sa baguette de-ci de-là.

« Je ne sais pas pourquoi tu t'inquiètes », lui dit-il, frissonnant légèrement – c'était peut-être le mois d'août, mais le château était quand même en pierres, et il ne faisait pas assez chaud pour se promener ainsi en caleçon. « Je peux te dire ce que tu vas découvrir ». Il prit un air ennuyé et commença à compter sur ses doigts. « J'ai perdu du poids, mes terminaisons nerveuses sont anormales, mon rythme cardiaque est légèrement chaotique, mon métabolisme et mon activité thyroïdienne ont tous les deux augmenté, mes articulations montrent des signes de tension et d'inflammation, mon système digestif ne fonctionne pas comme il faudrait… »

« Mais malheureusement ta tendance au sarcasme est complètement indemne. » s'énerva Poppy, lui plantant sa baguette dans les côtes comme pour lui donner un avertissement. « On fera ça tous les mois. Si tu continues à discuter, ça sera toutes les semaines. Tiens-toi immobile et ne cligne pas des yeux. ». Elle alluma le bout de sa baguette et la dirigea directement dans ses yeux, lui agrippant le menton pour maintenir sa tête en place, puis examina ses oreilles, son nez et sa gorge avec brusquerie. « Voilà, c'est tout pour le moment. Rhabille-toi et cesse de me dévisager. »

Levant les yeux au ciel, Severus fit ce qu'elle lui dit, examina son visage pendant qu'elle triait les résultats et qu'il remettait sa chemise et ses robes. « Hé bien ? »

« Oui oui, tu avais raison, comme s'il y avait de quoi être fier. » Elle secoua la tête et le regarda d'un air désespéré. « Ça fait beaucoup de dégâts en seulement quelques mois, Severus. »

« C'était toujours grave l'été » rappela-t-il, s'asseyant pour renfiler ses bottes. «Maintenant que je suis de nouveau au travail, je ne serai plus Convoqué aussi souvent.

-Quand même, c'est beaucoup trop pour un si court laps de temps. » Elle soupira. « Tu dois faire plus attention à toi, Severus. Tu sais aussi bien que moi, voire plus, quelles sont les conséquences sur ta santé, et tu n'es pas stupide. » Elle fit claquer sa langue, baissant les yeux sur ses notes. « Il faut particulièrement que tu arrêtes de boire. Tu as perdu plus de 35% de tes capacités vitales de vie depuis l'année dernière. Tu as dû passer la majeure partie de l'été dans un coma éthylique pour arriver à un tel niveau. »

« Ca doit être à peu près ça » accorda-t-il avec indifférence, haussant les épaules à nouveau habillé. « Ne me regarde pas comme ça. Je ne vais pas boire plus que de raison pendant mon travail.

-Tu ne devrais pas boire du tout. Il y a de meilleures façons de récupérer. Je t'ai déjà parlé de tout ça autrefois. » Poppy secoua la tête. « J'aimerais te faire promettre que tu vas te sevrer, mais je sais que tu ne le feras pas. Alors, s'il te plaît, sois au moins prudent. Et tu dois surveiller ton alimentation mieux que ça, aussi – tu as raison, tu as perdu du poids, et tu n'en as plus beaucoup à perdre. »

Il grogna. « J'ai été en sous-poids toute ma vie. Ca ne risque pas de changer. Pas plus que le fait que je perde toujours du poids quand je suis sous pression. Par ailleurs, je n'ai pas eu beaucoup d'appétit récemment. »

« Tu n'es pas un idiot, alors ne fais pas semblant de l'être. Tu sais que tu dois faire attention à toi, ou tu ne seras pas capable de faire tout ça.

-Tu n'es pas une idiote non plus » rétorqua-t-il, « et tu sais très bien que je me maintiens en état de fonctionner.

-La vie, c'est plus que de la simple survie, Severus » lui dit-elle avec peine.

Pas pour moi. Il se contenta d'hausser les épaules en réponse. « Autre chose ? »

Secouant la tête un peu tristement, elle regarda de nouveau ses notes. « Tu avais raison à propos de l'inflammation des articulations et du système nerveux. Ce n'est pas aussi terrible que ce à quoi je m'attendais, cela dit il semble que ton corps se rappelle comment récupérer. Il y a eu de grandes améliorations dans les potions de soin ces dernières années, on devrait être capable de soigner ça un peu plus efficacement cette fois. Si tu fais en sorte d'être assez fort.

-J'ai compris le message » gronda-t-il, exaspéré.

-Toi et moi savons très bien que ça ne veut pas dire que tu écoutes pour de vrai, mais je n'insisterai plus sur ce point. » Elle fit claquer sa langue une nouvelle fois tout en vérifiant son parchemin. « Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si terrible, si vite. » Levant les yeux, elle croisa son regard gravement. « Est-ce que ça va être mieux, ou pire que la dernière fois ? »

Il haussa les épaules à nouveau. « Je ne sais pas, Poppy. Ca sera mieux pour certaines choses, parce que je suis plus haut placé que je ne l'étais avant, mais ce sera pire pour d'autres, parce qu'il est beaucoup plus instable et semble plus prompt à passer ses nerfs sur nous. Je ne sais pas de quel côté va pencher la balance. Il est trop tôt pour le dire. »

« Essaye quand même. »

Severus y réfléchit. « Mieux, à court terme », dit-il finalement. « Mais nous avons – d'après une estimation pessimiste – plusieurs années de guerre devant nous. Je pense qu'à long terme, ça sera pire… pour nous tous. »

« Ce n'est pas ce que j'espérais entendre, mais c'est ce à quoi je m'attendais. Très bien, Severus, on en a terminé pour le moment. Essaye de faire un petit peu plus attention à toi, s'il te plaît. J'espère ne pas te voir avant le mois prochain, mais je crains que cet espoir ne soit vain. »


Et voilà, une fois de plus. Le premier septembre. Le début d'une autre année. Severus se tenait sans bouger sur les remparts, contemplant à travers les ténèbres grandissantes de ce soir d'automne les carrioles déversant un nouveau flot d'élèves. Les Sombrals se tenaient impassibles au milieu des enfants ignorants qui s'amassaient autour d'eux et à leurs côtés, discutant et riant en retrouvant leurs amis, chahutant et se bousculant joyeusement. Caché de leurs regards – même si aucun n'aurait eu l'idée de lever les yeux – par les ombres grandissantes, il serra les poings en les regardant.

Ses yeux noirs s'assombrissaient à la vue des enfants se taquinant mutuellement sur le chemin du château, en route vers une nouvelle année; son visage n'exprimait rien tandis qu'il les entendait rire. Ils ne soupçonnaient rien. Quelques semaines plus tôt seulement, ces enfants étaient assis dans la Grande Salle, à écouter le Directeur leur dire que leur monde avait basculé, qu'un sorcier qu'ils ne connaissaient que par des histoires – guère plus réel qu'un croquemort – était de retour et pourtant, ces nouvelles n'avaient visiblement pas eu beaucoup d'effets. Un ou deux d'entre eux paraissaient plus calmes, plus silencieux – presque malgré lui, ses yeux cherchèrent le Trio d'Or trois fois maudit, Potter et ses petits acolytes; aucun d'eux ne souriait – et quelques-uns, malheureusement pour la plupart de sa propre Maison, gardaient le silence de ceux qui cachent un savoir mystérieux, mais majoritairement, les enfants qui s'étalaient sous ses yeux n'étaient absolument pas affectés.

Dans un réflexe il glissa une main sur sa manche, frottant sans relâche son avant-bras gauche, ses longs doigts traçant la marque cachée sous les vêtements noirs. Si seulement ils savaient. Serrant son poing en l'éloignant de son bras, il se retourna et se mit en chemin vers la Grande Salle, pour prendre place à la table des enseignants et assister à la Répartition avant de retrouver le silence de ses cachots, pour s'asseoir et fixer le feu et attendre dans l'angoisse la brûlure croissante et familière qui le convoquerait une fois de plus pour l'enfer. L'été avait été très long, et ça ne faisait que commencer.

En quittant les remparts, il entendit à nouveau le son clair et enthousiaste des rires des plus jeunes arrivants. Ils étaient si innocents, si parfaitement ignorants du fait que leur monde était en train de s'écrouler autour d'eux.

A cet instant, il les détesta.


Et c'est reparti...

Note: le problème dont je parlais plus tôt a été résolu. J'espère vraiment que rien d'autre de ce genre n'arrivera à nouveau, et je vous remercie tous pour votre soutien.

J'espère que vous appréciez ma nouvelle fic.

Loten