X-Factor
Note de l'auteur : Je poste ce chapitre un peu plus tard que les autres parce que je viens tout juste de le finir. Je n'étais pas en avance DU TOUT. Mais bon, pari tenu tout de même, alors j'espère que cette histoire vous a plu.
Remerciements : Merci du fond du coeur à fidjet et Gentiane94 pour leur patience et leur soutien sans faille tout au long de ce défi. Merci à fidjet pour sa relecture aussi rapide que précise et efficace de ce dernier chapitre et merci à GEntiane94 à qui j'ai pensé très fort en écrivant l'histoire de la mutante d'aujourd'hui. Merci.
Aux autres, je souhaite tout simplement une bonne lecture ! ^^
Chapitre 24 : La musique adoucit les cœurs
Cecilia Cornwell était l'élève la plus âgée qui ait jamais été accueillie par l'Institut. Généralement, les élèves n'avaient pas l'âge d'entrer au collège quand ils y arrivaient, mais Cecilia avait déjà dix-sept ans quand elle avait franchi pour la première fois les portes du manoir Xavier, plus de trente ans plus tôt. Charles se souvenait très bien de son entretien, c'était une des rares fois où Erik avait été présent, lui qui d'habitude laissait à Charles le soin du recrutement pour ensuite s'occuper des mutants une fois qu'ils étaient élèves. Mais cette fois, il avait tenu à être là, sans doute intrigué par l'âge de la jeune femme.
Lorsqu'elle s'était présentée à l'entretien, ses longs cheveux roux relevés en une queue de cheval haute, son maquillage discret mais bien présent et le tailleur pantalon qu'elle arborait avaient de surcroît contribué à la vieillir légèrement. Elle leur avait annoncé qu'elle s'était inscrite dans une école de chant lyrique extrêmement réputée et qu'elle avait envisagé d'y commencer sa scolarité après avoir obtenu ses A-Levels. Mais elle avait très récemment découvert qu'elle était une mutante et elle avait alors pris une année sabbatique pour tenter d'en apprendre plus sur sa mutation qui restait encore bien vague à ses yeux.
Au bout d'un moment, Charles avait commencé à entendre un étrange sifflement dont l'intensité n'avait fait qu'augmenter, tant et si bien qu'il avait fini par grimacer de manière visible. À ses côtés, Erik secouait légèrement la tête, comme pour chasser une mouche invisible. En voyant cela, Cecilia s'était aussitôt confondue en excuses en leur disant que ce n'était pas la première fois que de tels incidents arrivaient, et qu'il s'agissait en réalité de sa mutation. Apparemment, la jeune femme était capable de jouer sur les vibrations des tympans des gens qui l'entouraient pour leur faire entendre des bruits imaginaires. Le sifflement et le bourdonnement avaient alors diminué d'intensité sans toutefois disparaître totalement. Après quelques explications, ils avaient compris que sans être vraiment insupportable, la mutation de Cecilia pouvait rapidement devenir irritante si elle n'apprenait pas à mieux la contrôler.
De plus, elle souhaitait ardemment devenir chanteuse d'opéra, objectif qu'elle ne pourrait jamais atteindre si, à la moindre contrariété, elle vrillait littéralement les tympans de ses auditeurs. Elle avait en effet découvert que ces phénomènes se reproduisaient souvent chez ses proches quand elle était en colère ou nerveuse, mais ceux-ci n'avaient jamais auparavant pensé à l'attribuer à une mutation quelconque. C'était uniquement parce qu'un des membres du jury du concours d'entrée dans son école de chant était lui-même un mutant doté d'une ouïe sur-développée qu'elle avait compris. Elle avait failli rendre sourd le pauvre homme qui lui avait alors recommandé l'école de Charles Xavier, ouverte depuis peu, et dont il avait entendu beaucoup de bien. Ayant démontré son sérieux et possédant par ailleurs une voix remarquable, la jeune femme avait réussi à s'arranger avec l'école pour retarder son entrée dans l'établissement d'un an, en se faisant accorder un simulacre de dispense médicale.
Le télépathe n'avait pas hésité longtemps avant de la prendre pour élève. Dispensée des cours contrairement à ses camarades, elle avait ainsi passé une année entière à l'Institut, en se préoccupant uniquement de travailler à maîtriser sa mutation et à l'utiliser au mieux de ses capacités. Elle s'était rapprochée de Sean en raison des légères similitudes que présentaient leurs mutations et ils avaient entamé une relation amoureuse qui n'avait toutefois pas duré bien longtemps. Ils s'étaient séparés, visiblement en bons termes, lorsque Cecilia avait quitté l'Institut, un peu moins d'un an après y être entrée.
Même si la maîtrise qu'elle avait de sa mutation était encore loin d'être parfaite, compte tenu de son degré de précision, elle en savait néanmoins assez pour ne plus importuner son entourage et pour rejoindre le cursus qu'elle avait toujours rêvé d'intégrer. Elle avait encore une grande marge de progression, mais les mois qu'elle avait passés à l'Institut s'étaient avérés extrêmement formateurs tout de même. Elle avait commencé par se rendre parfaitement maître d'elle-même, aidée de Charles, en usant d'un mélange d'introspection et de méditation afin de limiter au possible les vibrations qu'elle envoyait inconsciemment quand elle était nerveuse. Chose qui lui serait toujours utile dans sa vie future, si elle parvenait comme elle le désirait à monter sur les planches, pour lutter contre un trac inévitable.
Elle avait ensuite appris à contrôler les vibrations les plus basiques, du genre de celles qu'elle avait auparavant provoquées sans le vouloir. Un sifflement continu, un bourdonnement incessant, le bruit du vent, le ressac de la mer... Elle avait fini par devenir une véritable banque de sons naturels à vertu apaisante, ce qu'elle n'avait pas vraiment anticipé. En parallèle, elle avait aussi travaillé à toucher de plus en plus de personnes possibles, ce qui nécessitait qu'elle s'adapte simultanément à différents types de tympans, certains étant plus sensibles que d'autres.
Finalement, à son départ, elle était capable de faire entendre des sons un peu plus élaborés, comme des murmures de voix indistincts, des cris d'animaux ou quelques notes jouées sur un piano, et elle pouvait atteindre une petite vingtaine de personnes. Elle commençait même à entrevoir une utilité artistique à sa mutation, qu'elle n'avait eu de cesse de développer durant les années qui avaient suivi.
Charles n'avait pas gardé beaucoup de contacts avec cette élève en particulier, mais il avait suivi son ascension fulgurante dans le monde de la musique grâce aux nouvelles que recevait de temps à autre Sean et à quelques articles de presse glanés dans divers journaux. La jeune femme était sortie major de sa promotion à l'école de chant, après avoir passé quatre ans à travailler d'arrache-pied. Il était clair qu'elle avait de l'ambition et elle avait mis toutes les chances de son côté pour que ses dons naturels l'emmènent le plus loin possible. Durant l'année qu'elle avait passée à l'Institut, tous avaient pu constater le grand sérieux qu'elle mettait dans son entraînement, mais ce sérieux n'avait fait que s'accroître par la suite.
Dix ans après sa sortie de l'école, Cecilia possédait une grande réputation sur la scène lyrique new-yorkaise et elle avait déjà interprété quelques grands rôles, malgré son jeune âge. Et un jour, alors qu'elle avait près de trente ans, elle avait disparu. Les plus folles théories avaient couru sur cet événement, on avait dit qu'elle était malade, qu'elle avait craqué sous la pression, ou même qu'elle était morte en rentrant de sa dernière tournée. Au manoir, la nouvelle avait fait peu de vagues, que ce soit parce que les élèves ne portaient que peu d'intérêt à la cantatrice, ou parce que ceux qui s'en étaient inquiétés avaient été rassurés rapidement par Sean, qui avait reçu une lettre de la jeune femme disant qu'elle avait pris de longues vacances.
Deux ans plus tard, elle était revenue, immédiatement propulsée sur scène par les contacts qu'elle avait gardés, et ce avec un tout nouveau type de spectacle. Grâce à sa mutation, elle était devenue la première femme à pouvoir chanter en s'accompagnant elle-même d'un orchestre entier. À force de travail, elle était parvenue à reproduire des sons d'une grande complexité. Elle avait analysé les vibrations de chaque instrument, écouté durant des centaines d'heures de grandes œuvres du répertoire, étudié des dizaines de partitions dans le moindre détail, et elle était désormais capable de faire entendre un orchestre au grand complet.
Elle joua à guichet fermé dans des salles de quelques centaines de personnes pendant des mois. Les critiques la renommèrent Euterpe, la décrivant comme une nouvelle Muse tant ses représentations avaient en elle quelque chose de magique. Compte tenu du fait que toute la partie instrumentale de ses spectacles n'étaient audible que par les spectateurs, aucune retransmission télévisuelle n'était possible et elle se résolut bientôt à se lancer dans une tournée mondiale, au cours de laquelle elle parvint à se produire dans des salles de plus en plus grandes.
Le début de chaque représentation se passait dans un silence absolu. Là où d'habitude on entendait les instruments s'accorder, Cecilia prenait le temps d'analyser les tympans de chaque spectateur de la salle. Aucun retardataire n'était accepté, pour des raisons évidentes, et il lui fallait toujours un petit quart d'heure de concentration avant de commencer à chanter. Il était arrivé quelques fois qu'une personne n'entende que la voix de la jeune femme, mais celle-ci était en elle-même si vibrante, si riche et si belle, qu'il n'y avait jamais eu aucune plainte. Chaque concert était unique et pendant le temps que dura sa tournée, les salles ne désemplirent pas. On réservait sa place des mois voire des années à l'avance, et elle devint un phénomène mondial avant même d'avoir quarante ans. Cecilia avait rempli son pari.
Grâce à sa position éminente, elle avait pu au cours de ses voyages défendre la cause mutante avec une efficacité remarquable. Par le biais de la musique, langage dont l'universalité ne faisait plus de doute, elle avait rejoint Hank McCoy, premier mutant à être entré en politique, et Charles Xavier, professeur reconnu mondialement pour ses travaux, dans la liste de ceux qui avaient le plus aidé à faire reconnaître positivement les mutants. Et c'était ainsi qu'elle était de nouveau entrée en contact avec le télépathe.
Pour la première fois depuis des années, elle allait donner une représentation aux États-Unis, et cette fois dans une des plus grande salle de New-York, le Metropolitan Opera. Elle avait envoyé plusieurs semaines auparavant un certain nombre de places au parterre à Charles, en lui disant qu'elle serait ravie que lui et les étudiants de l'Institut viennent la voir lors du concert qu'elle donnerait le soir de Noël. Pris de court car il ne s'attendait pas à ce que l'élève ayant passé le moins de temps à l'Institut de toute sa carrière garde souvenir de lui, mais ravi de la proposition, Charles avait accepté l'invitation.
Le soir-même, le manoir au grand complet s'était déplacé, seuls ceux qui rentraient chez eux pour les fêtes n'étant pas présents. Les élèves étaient encadrés par tous les professeurs. Ororo était radieuse dans sa longue robe fourreau, Scott impeccable comme à son habitude et Logan avait pour une fois fait l'effort de mettre un costume, au plus grand plaisir de son amant. Même Charles avait mis un vieux smoking qu'il ne pensait pas avoir toujours dans son armoire. Il n'avait pas eu beaucoup d'occasions de le ressortir ces derniers temps.
Alors qu'ils faisaient la queue devant l'opéra – ils avaient pris beaucoup d'avance mais apparemment ça n'avait pas suffit – Charles eut la surprise d'apercevoir un visage connu dans la foule. Erik. Suivant son regard, Scott fit un petit sourire avant de lui expliquer brièvement :
« Un des élèves s'est désisté au dernier moment, alors on a pensé à lui. Ça n'a pas été simple, il a fallu contacter Hank qui a appelé Raven qui a accepté de lui en parler, mais on s'est dit que ça vous ferait plaisir. Joyeux Noël Professeur », conclut-il avec un clin d'œil avant de s'éloigner pour retrouver Logan qui lui prit discrètement la main.
Charles s'éloigna un peu du groupe et rejoignit Erik qui n'avait pas mis beaucoup de temps à le repérer, ce qui n'était guère étonnant.
« J'espère que tu t'es abstenu de mettre un cardigan, commença ce dernier avec un regard amusé.
- Je vois que tu t'es abstenu de ramener ce casque hideux, poursuivit le télépathe sur le même ton.
- Ce n'est pas l'idéal pour profiter de la musique », conclut Erik avec un sourire en coin.
Charles sourit à son tour et il ne put s'empêcher d'envoyer à son interlocuteur une vague de contentement.
« Je crois bien que c'est la première fois que nous nous voyons en dehors de l'école, reprit le plus âgé.
- Et dire qu'il nous aura fallu plus de trente ans pour en arriver là, continua le télépathe sans arriver à se départir de son sourire.
- Il faut un début à tout et un récital ne me semble pas être une mauvaise idée pour une première fois.
- Ça ne me semble pas être une mauvaise idée du tout », répéta Charles ne trouvant rien de mieux à dire.
Finalement, ils restèrent debout sous la neige à se regarder dans les yeux sans parler. Et ce fut Ororo qui dut venir les tirer par le bras pour les faire entrer dans la salle, tant ils avaient fini par oublier le reste du monde et surtout l'heure de la représentation.
Et voilà déjà la fin de ce défi... Merci de m'avoir suivie et merci à tous ceux qui m'ont laissé un message, ça me fait toujours très plaisir.
Je vous souhaite d'excellentes fêtes et vous dis à très bientôt sans doute !
