Bonjour tout le monde,

il faut croire que Noël, c'est ma période Drarry / fluff.
Cette fic est un cadeau pour mandala7338, ma petite truite d'amour, une personne absolument adorable. Et talentueuse avec ça ! En espérant que ça te plaise, mon poussin aux écailles nacrées :D

Petite note d'auteur, d'intention, de ce que vous voudrez. C'est une fic assez courte (je posterai un chapitre par jour toute la semaine) et qui n'a pas prétention à explorer toutes les pistes qui y sont lancées.
Sinon, oui, c'est une fic BDSM (le premier qui me parle de "50 nuances de chiasses", je lui ferai tellement mal qu'il lui faudra trois semaines d'aftercare au CHU, OK ?). Mais c'est avant tout une histoire de dévotion, de don de soi.
J'ai remarqué que le BDSM était souvent écrit du point de vue du sub. Et quand c'est du point de vue du Dom, les 3/4 du temps, j'ai l'impression de lire un mauvais (huhu) yaoï (mais si, vous savez, ces trucs où le mot consentement sert à bâillonner le gentil garçon tout blond qui se fait prendre comme un sauvage par un grand brun ténébreux...).
En fait, je crois que je voulais montrer que le BDSM, ça n'est pas que menottes et fouets qui claquent. C'est bien plus que ça. Alors je me suis concentrée sur l'aspect plus psychologique de la domination.

Un énorme merci à Bruniblondi pour sa bêta et ses commentaires qui m'ont fait mourir de rire.

Sur ce, j'espère que ça vous plaira...


CHAPITRE 1

Draco fréquentait le très sélect et très chic club « Scarlet & Velvet » depuis à peu près six mois. Il ne jouait pas beaucoup et, la plupart du temps, s'installait en tant que simple observateur. Voyeur auraient dit certains. Peut-être. Sans doute.

Mais c'était pour cela qu'il avait choisi cet endroit : il n'y avait nulle fantaisie qui ne puisse y trouver son accomplissement. Personne ne s'y étonnait que le jeune homme qui arrivait toujours vêtu d'un impeccable costume gris perle dissimule ses traits derrière un loup de satin noir. Le masque faisait étinceler ses yeux, eux aussi d'une étonnante teinte de gris, tout comme il faisait ressortir ses cheveux blonds pâles. Si clairs qu'ils prenaient parfois les reflets d'un calme clair de lune.

Il n'était pas un Dom à proprement parler, et certainement pas un soumis, bien qu'il comprenne tout à fait les besoins des autres membres du club. Pourtant, il lui arrivait de se laisser submerger par une pointe d'envie lorsqu'il voyait la confiance et l'abandon briller dans les yeux de certains sub, complètement perdus dans la soumission qu'ils offraient si gracieusement à leurs maîtres.

Draco se prenait parfois à espérer qu'il y aurait un jour quelqu'un pour le regarder ainsi. Ça n'était pourtant pas faute d'avoir manqué de propositions. Certains garçons du club s'étaient assez enhardis pour venir lui offrir de jouer avec eux. Mais il avait préféré continuer à regarder. Distant. Intouchable.

Il avait mis des mois à comprendre pourquoi. À bien y réfléchir, ça n'était pas le sexe qui l'excitait lorsqu'il regardait jouer Dom et sub. Draco n'était ni l'un ni l'autre, et il n'était même pas un vrai voyeur. Il n'était qu'un homme perdu, écrasé par le poids d'un passé trop tortueux, qui venait ici en quête d'évasion, d'absolu. D'une relation où la confiance se méritait, se gagnait et ne devait être trahie.

Alors il continuait de fréquenter le club, de plus en plus en retrait cependant, sirotant son verre de whisky très doucement dans un coin de la pièce. Certains Dom le saluaient parfois d'un signe de tête, bien qu'il ne leur ait jamais vraiment parlé. Draco leur répondait. Il savait que son attitude laissait planer le mystère. Ça n'était pourtant pas son intention.

S'il l'avait osé, il aurait utilisé sa magie pour se rendre invisible aux yeux des Moldus. Mais tous ne l'étaient pas dans ce club, et il ne souhaitait pas se dévoiler auprès des autres sorciers de l'assemblée. Certains l'auraient reconnu, peut-être même ostracisé.

La guerre avait causé tant de dommages…

Ce soir-là n'était pas si différent des autres. L'ambiance dans le club était lourde et moite, chargée de sexe, des effluves du sperme frais, d'un peu de sang et de la sueur des corps qui souffrent et se donnent.

Il y avait beaucoup à voir, mais pas ce que Draco cherchait. Les couples qui s'ébattaient dans les salles semi-publiques étaient surtout constitués de Dom et de sub d'occasion. Des larrons rassemblés uniquement pour une brève rencontre. Ça n'était pas ce que Draco recherchait ces derniers temps. Il préférait regarder jouer des couples établis, des soumis auxquels leurs maîtres avaient offert un collier. Ils étaient tellement plus beaux…

Mais rien ne ressemblait à cela cette nuit-là et Draco décida de partir plus tôt que prévu. Il termina son verre et laissa le goût tourbé du whisky se répandre sur sa langue. Puis il se leva, décidé à aller récupérer son pardessus au vestiaire.

Tout bascula quand il entendit un grand vacarme dans le couloir menant aux salons privés, là où jouaient ceux qui ne voulaient pas être dérangés. Des bruits de pas précipités, un corps qui s'écroule, des sanglots et des gémissements sourds. Une voix vaguement familière peut-être, mais c'était si lointain et si étouffé que Draco n'en était pas bien sûr.

Les mots s'élevèrent, plus forts. Les sanglots se firent plus déchirants. En fait, il n'y avait qu'un unique mot, répété sans cesse, entrecoupé de gémissements. Un mot, un seul. Toujours le même. Récité comme une litanie.

_Patronus… Patronus…

Draco sentit son sang se glacer dans ses veines. D'un part à cause de l'angoisse et de la détresse contenues dans ces quelques lettres. Et aussi parce que seul un sorcier aurait pu choisir un tel mot de sécurité. Parce que c'en était un, bien évidemment.

Le soumis suppliait pour que le jeu s'arrête. Parce que ça n'était plus un jeu. Il avait l'air de souffrir terriblement et Draco se demandait quel genre de Dom poussait son garçon dans de tels retranchements.

_Patronus…

Ne subsistait qu'un filet de voix. Une supplication vaincue.

Brisant toutes les règles du club, Draco ouvrit à la volée la porte menant aux salles privées. Avant d'atteindre celles-ci, il fallait remonter un long couloir qui lui était inconnu puisqu'il n'avait jamais entraîné personne dans ces pièces. Ce fut là qu'il trouva le garçon. Nu et recroquevillé sur le sol.

Il était si pâle – blême même, presque exsangue – si maigre. Pourtant son corps était couvert de traces de coups. Certaines toutes fraîches, encore sanglantes, et d'autres plus anciennes, grisâtres sur l'épiderme trop fin.

_Patronus, sanglotait le pauvre garçon sans pouvoir s'arrêter, la tête quasi enfoncée entre ses genoux et ses doigts crispés dans ses courtes mèches d'un noir d'encre.

Se secouant, Draco se précipita vers lui. Le garçon était dans un tel état qu'il ne dut pas l'entendra arriver. Draco prit toutes les précautions pour s'agenouiller le plus doucement possible auprès de lui. Le soumis tremblait de tous ses membres. De gros frissons soulevaient sa poitrine et courraient jusque dans ses extrémités.

Draco jeta un coup d'œil circulaire pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls avant de sortir sa baguette. D'un sort informulé, il fit apparaître une épaisse couverture d'alpaga, une laine chaude et douce. C'était de ça dont le garçon avait besoin.

Avec la plus grande douceur, il se pencha et drapa le tissu autour des épaules frémissantes. Mais cela n'eut pas l'effet escompté, car le soumis se mit à trembler de plus belle.

_Patronus.

Il ne lui restait qu'un filet de voix, comme s'il était épuisé d'avoir trop crié. Mais la plainte ne cessait pas, presque une incantation rituelle. Une prière pour que s'évanouisse enfin la douleur, quelle qu'elle soit.

_Chut, tout va bien, chuchota Draco, la gorge nouée. Tout va bien, c'est fini. Tu es en sécurité.

Ses paroles semblèrent calmer le garçon un moment, mais bientôt les sanglots reprirent de plus belle. Alors Draco recommença à parler et, avec hésitation, approcha sa main de celle du soumis. Celui-ci torturait toujours sa chevelure, tirant dessus à tel point que quelques touffes de cheveux arrachées pendouillaient entre ses doigts crispés.

_Je ne te veux pas de mal, dit-il en tentant de lui faire lâcher prise.

Mais au contact de leurs peaux, la panique submergea à nouveau le soumis auquel échappa un cri d'animal traqué. Il se débattit, envoyant voler la couverture et manquant de frapper Draco au visage. Celui-ci sentit sa poitrine se tordre de douleur.

Il lui était impossible de demeurer indifférent à tant de souffrance. La magie du garçon résonnait-elle avec la sienne ? Il n'en savait rien, pourtant c'était comme si toute cette misère était sienne. Draco devait faire quelque chose pour cette pauvre créature. Il devait interrompre cette scène dans laquelle il était piégé. Un cauchemar éveillé auquel son mot de sécurité ne parvenait pas à mettre un terme.

Pourtant le garçon devait savoir au plus profond de lui que le mot était sa barrière, son garde-fou, sinon il ne s'y accrocherait pas à ce point. Il devait y avoir autre chose. Une autre forme de lien qui le retenait prisonnier de la scène qui avait déclenché cette attaque de panique.

Draco s'obligea à respirer profondément. Ça n'était pas le moment de se laisser distraire, même si la souffrance du garçon vrillait son cœur qu'il pensait sec depuis bien longtemps. Le soumis avait besoin de lui.

Alors il fit son possible pour passer en revue toutes les scènes qu'il avait eut le loisir d'observer depuis six mois. Un catalyseur, un marqueur, un symbole. Quelque chose qui enchaînerait le soumis à la scène.

Mais bien sûr ! Comment avait-il fait pour ne pas y penser plus tôt !?

D'une main ferme, il attrapa le poignet trop fin du jeune homme pour le prendre dans ses bras sans risquer un mauvais coup. C'était qu'il avait de la force pour un garçon aussi frêle ! Draco l'immobilisa du mieux qu'il put, parcourant frénétiquement le corps nu à la recherche de ce qu'il pensait y trouver.

Il était bien là : un collier de métal étroitement fixé autour du cou du garçon. Bien trop serré. Le satané objet devait à moitié l'empêcher de respirer. Draco savait toute la symbolique associée au collier. Il savait aussi qu'aucun maître ne tolérerait qu'un étranger ôte ce bijou du cou de son soumis.

Fuck that !

C'était sans nul doute son maudit Dom qui avait mis le garçon dans cet état. L'enfoiré n'était même pas foutu d'assumer et de prendre soin de son soumis. Il avait dû paniquer face à la crise d'angoisse du jeune homme et prendre ses jambes à son cou.

Si Draco lui mettait la main dessus…

Sauf que l'heure n'était pas à la vengeance. Il devait enlever ce fichu machin. Pour ne rien arranger, celui-ci était pourvu d'un de ces systèmes de fermeture impossibles. Encore heureux qu'il n'y ait pas de cadenas dessus !

En dépit de tous ses efforts et de sa bonne volonté, il était très difficile pour Draco de se concentrer sur cette énigme mécanique tout en s'employant à tempérer les ruades du soumis qui se débattait toujours, quoique de plus en plus faiblement.

En désespoir de cause, il ressortit sa baguette et lança un « alohomora » sonore. Le sort fut si puissant, tout en frustration contenue, que la fermeture du collier céda complètement. Draco s'empressa alors de l'ôter du cou du jeune homme, balançant l'épaisse bande de cuir noir loin d'eux, telle un serpent venimeux.

Aussitôt – comme par magie, pensa-t-il ironiquement – les plaintes se tarirent et le garçon cessa de s'agiter contre lui, s'affaissant dans ses bras, presque inerte.

_Patronus, gémit-il une dernière fois.

_Chut, tout va bien. C'est fini. Tu peux revenir.

Un sanglot étouffé lui répondit et le soumis dont il n'avait toujours pas vu le visage, celui-ci étant dissimulé par ses cheveux et la pénombre du couloir, se blottit tout contre lui. Il le sentit enfouir son nez contre son cou. Il aurait dû ressentir du dégoût au contact de ce visage maculé de larmes et d'autres fluides dont il préférait ne rien savoir.

Mais rien ne vint. Tout ce qu'il éprouva, ce fut l'apaisement de ce farouche instinct de protection qui l'avait mu jusqu'ici. Sa colère se tarit et il ne ressentit plus que le besoin de garder le garçon en sécurité. Son garçon…

Merlin, mais d'où lui venait une telle pensée ?

Jamais, au grand jamais, Draco n'avait désiré prendre en charge un soumis. Il n'était même pas un Dom, pour l'amour de Salazar ! Pourtant, il y avait ce sentiment en lui, cette chose indéfinissable, insaisissable, qui lui disait que ce qu'il faisait était juste. Qu'il était à sa place.

Certains mages chuchotaient que la magie avait son propre instinct, qu'il lui arrivait de guider son sorcier. Comme si elle était dotée d'une conscience propre. C'était ce que Draco ressentait à cet instant. Il ne savait pas pourquoi, ne savait pas comment, mais il en avait l'intime conviction.

Alors il resserra son étreinte autour du corps tremblant, puis il ramassa la couverture pour l'y enrouler. Le jeune homme se blottit plus étroitement contre lui et Draco sentit la chaleur de sa peau traverser l'étoffe de son costume.

Sans cesser de murmurer des paroles apaisantes sans queue ni tête – le son de sa voix semblait suffire à calmer l'autre homme – il assura sa prise sous ses genoux et ses épaules et se redressa. Il vacilla un peu. Le garçon était un peu plus lourd qu'il en avait l'air. Mais une fois son précieux fardeau bien en sécurité dans ses bras, il se mit en marche.

De nombreuses portes se succédaient dans ce couloir. Un masque vénitien accroché sous le numéro de chambre permettait de distinguer celles qui étaient occupées de celles qui étaient libres. Draco poussa du pied le battant de la première qu'il trouva disponible.

Comme il s'y attendait, personne ne l'occupait. La pièce était délicatement illuminée par un éclairage tamisé simulant la lumière de chandelles. D'un coup de talon, il referma la porte derrière lui. Puis il s'avança vers un grand lit recouvert d'un couvre-lit de velours rouge.

Celui-ci était épais, moelleux, garni de plumes. Il y déposa son trésor avec l'idée d'aller chercher un verre d'eau au jeune homme. Mais quand il fit mine de s'écarter, celui-ci recommença à s'agiter d'un coup. Avec une force surprenante, il agrippa le revers du veston de Draco et l'attira à lui.

_Chut, je ne m'en vais pas. Je suis juste là, avec toi. Je vais te chercher de l'eau. Tu dois avoir mal à la gorge, non ?

Il ne sut pas si le garçon comprit véritablement ses paroles, mais toujours est-il qu'il le laissa se relever. Draco alla promptement récupérer une bouteille d'eau fraîche dans la petite glacière électrique qui occupait un coin de la salle.

Quand il revint vers le lit, son rescapé s'était remis en position fœtale, mais il s'était retourné. Cette fois-ci, Draco ne put manquer le visage qui s'offrait à lui. Il en resta bouche-bée. Des cheveux noir corbeau, des yeux vert émeraude à peine entrouverts, un visage volontaire sous les traits ravagés, et une inimitable cicatrice en forme d'éclair.

_Potter, souffla-t-il.

Le jeune homme dut reconnaître son nom car, cette fois, les yeux verts s'ouvrirent en grand. Sur le moment, Draco paniqua. Cela faisait bien dix ans qu'il ne s'était pas retrouvé face à son ennemi de toujours. Le rencontrer dans ce contexte n'était sûrement pas l'idéal, surtout en tenant compte des sentiments contradictoires qui l'avaient agité dès qu'il avait tenu Harry dans ses bras.

Il se détendit un peu en se rappelant qu'il portait toujours le loup de satin noir. Peut-être cela suffirait-il à leurrer le Survivant ? Cependant, il se rendit rapidement compte que quelque chose clochait avec ce regard. Son instinct le lui soufflait. Il fit donc de son mieux pour se calmer et analyser la situation.

Déjà, l'autre homme semblait chercher à localiser sa position dans la pièce. Ensuite ses pupilles encore embrumées de panique mettaient un temps fou à faire le point. C'était comme si… Si…

Par Merlin !

Harry Potter était aveugle…

à suivre demain...


Ha oui, vous ai-je dis que je n'avais pas perdu mon amour immodéré pour les fins de chapitre en forme de cliffhanger ? :rire sadique:

Je vous fais des bisous et vous dis à demain.
N'hésitez pas à laisser un tit mot. Je grogne, mais je mors rarement.