Hello~

Un nouvel OS aujourd'hui, enfin ! Avec trois semaines de retard, joyeux anniversaire Ninlhinn !

Voici donc un Trilek, parce que j'avais bien dit que j'en écrirai un ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s'agit d'un ship magnifique et incroyable mettant en scène Grunlek et... Triton, le père d'Ariel dans la Petite Sirène. Oui. Et on peut voir cet OS comme faisant suite à celui merveilleux de Ninlhinn, que vous vous devez d'aller lire, ainsi que toutes ses autres fanfics.

J'avoue être très fière de ce texte, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un bon moment, alors j'espère de tout coeur qu'il te plaira et je t'envoie tout plein de câlins et dragibus !

Disclaimer: Aventures et ses personnages ne m'appartiennent pas, Triton non plus, le Trilek non plus et je ne gagne rien pour mes écrits.

Bonne lecture~


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Le regard dans le vague, Grunlek profitait des légers embruns et de l'air marin apportant à ses narines une odeur saline, assis à l'arrière de Brasier qui descendait la pente douce menant à une plage parsemée de rochers qui formaient une large crique et que devaient rejoindre les quatre aventuriers. Devant lui, Bob tenait un livre ouvert sur ses genoux, laissant sa monture suivre les pas de Lumière en toute confiance. Le vent fort de l'océan couvrant sa voix, il devait crier pour faire entendre à ses amis – qui n'en demandaient pourtant pas tant – ses babillages toujours plus enthousiastes et émerveillés à chaque nouvelle ligne qu'il lisait :

- Les sirènes peuvent nager jusqu'à vingt miles à l'heure ! Tu te rends compte Grunlek, c'est presque aussi rapide qu'un kraken !

Le groupe se dirigeait en effet, à la demande insistante du pyromage, vers une partie de la mer peu connue du Cratère et où, chaque année se réunissaient discrètement plusieurs groupes de sirènes ainsi que certains terrestres ayant auparavant noué des relations avec ces habitants marins et voyant là l'une des rares occasions de se retrouver, ou encore quelques curieux et passionnés, invités ou mis au courant d'une façon ou d'une autre de ce rassemblement, comme ce fut le cas pour Balthazar lors d'une soirée plutôt arrosée à l'auberge de la ville voisine. Depuis, il était intarissable au sujet des sirènes, qu'il n'avait encore jamais pu observer.

Grunlek, qui était pourtant le plus enclin à suivre ses compagnons où qu'ils souhaitaient aller, s'était cette fois-ci montré réticent à accompagner le groupe, et se contentait d'acquiescer sans vraiment écouter les paroles de son ami mage. Depuis son plongeon forcé dans l'océan où il avait miraculeusement échappé à la noyade quelques mois plus tôt, l'idée de retourner à la mer ne lui plaisait pas beaucoup. Mais surtout, il y avait ces images qui revenaient par vagues et qu'il avait presque réussi à éloigner de son esprit depuis quelque temps ; ce rêve étrange où flottaient avec grâce une barbe et de longs cheveux blancs, où scintillaient des écailles vert clair au milieu des tourbillons d'écume et de bulles d'air, ce rêve qu'il ne parvenait pas à resituer dans les brumes du manque d'oxygène ou dans son sommeil éprouvé après avoir regagné la terre ferme. Certains souvenirs lui semblaient encore à présent si réels ! Était-ce véritablement entièrement un rêve ou Grunlek devait-il sa vie à quelqu'un, l'un de ces habitants des mers, sorti de sa discrétion naturelle pour le sauver ?

- Oh oh, écoutez ça les gars, reprit Bob d'une voix soudain plus grave et lente que ses précédentes exclamations, il paraît qu'obtenir un baiser de ces charmantes créatures permettrait de respirer sous l'eau !

- Si une seule de ces choses m'approche, je la bute.

- Aucune ne voudrait t'embrasser Théo. Est-ce qu'une seule chose ou personne dans ce monde voudrait bien t'embrasser, de toute façon ?

- A part son cheval tu veux dire ? renchérit Shin avant d'éclater de rire en même temps que Bob.

- Je vous emmerde tous les deux.

Et tandis que les plaisanteries et chamailleries continuaient entre les trois compagnons, Grunlek restait toujours silencieux à l'arrière, ses joues s'étant soudain teintées de pourpre aux souvenirs que lui avait rappelés l'information du mage à propos de ces... charmantes créatures.

…...

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Le ciel n'était plus qu'un vaste dégradé de rouge, orange, rose et indigo que reflétait la surface mouvante de l'océan. À l'écart des clameurs de la plage, Grunlek était assis sur un rocher poli par les vents, le sel et les vagues, laissant aller ses jambes nues au gré de la marée qui l'entourait, admirant les derniers rayons flamboyants de l'astre géant qui disparaissait pour laisser place à son alter ego argentée.

La journée avait été agréable, entre baignades, repas faits de poissons grillés, discussions animées et bien sûr rencontres avec les mystérieux peuples des mers qu'ils étaient venus voir. Bob avait bombardé de questions chacune des sirènes qu'il avait vue pour enrichir ses connaissances et, en ce moment barbotant dans les eaux peu profondes du rivage, il semblait tenter, en compagnie de Shin et avec visiblement peu de succès, de confirmer la théorie du baiser auprès de quelques demoiselles aquatiques amusées. Théo préférant quant à lui la proximité des humains était parti s'installer près de l'un des grands feus dressés sur la plage et bien qu'il gardât son éternel air renfrogné, le fait qu'il eût retiré son armure prouvait qu'il n'était pas si mécontent d'être ici. Enfin, partout, sur le sable, entre les rochers ou dans les vagues déambulaient et se mêlaient créatures de la terre et des mers. Grunlek cependant restait pensif en les observant. Malgré lui il l'avait cherché toute la journée, l'homme sirène de son rêve ou souvenir. Sans le trouver. Il s'en était douté et à vrai dire, se trouvait idiot d'avoir espéré quoi que ce soit. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être déçu. Peut-être faisait-il partie de ce groupe de sirènes préférant rester loin des humains et des côtes ? Ou peut-être, n'avait-il tout simplement jamais existé. Sûrement n'était-il qu'un rêve, une invention de son esprit.

Pourtant, Grunlek n'arrivait pas à s'en convaincre. S'il admettait qu'au moins une partie n'avait été qu'un rêve, le reste devait être réel. Comment avait-il réussi à sortir de l'eau sinon, malgré les courants et un bras hors de fonctionnement ? Quelqu'un l'avait sauvé, un homme sirène, Triton s'il se rappelait bien son nom, lui avait permis de respirer avant de le faire remonter à la surface. Et même si le nain n'avait pas voulu y repenser sérieusement depuis, maintenant qu'il était venu ici, il avait espéré le trouver et pouvoir le remercier.

Au loin, le soleil était presque entièrement descendu et Grunlek observait ce dernier morceau de lumière rouge orangée passer soudain à un vert éclatant qui baigna l'horizon pendant quelques infimes secondes alors qu'il finissait de disparaître complètement. Tandis que le ciel et la mer s'assombrissaient, les vagues se firent un instant plus agitées autour de lui. Et lorsqu'il finit par baisser son regard sur l'eau, il était là. Simplement là, et le cœur de Grunlek sembla rater un battement. Il était là, tel qu'il s'en souvenait : de longs cheveux nacrés se mêlant à une longue barbe à la teinte similaire, une queue recouverte d'écailles étincelant sous la douce lumière dorée d'un trident et malgré l'eau qui la dissimulait en partie, un visage quelque peu marqué par les années et durci par le poids des responsabilités mais pourtant empreint de la douceur et du calme des abysses.

- Vous... commença Grunlek sans pouvoir finir, ne sachant que dire.

- Bonsoir, maître nain. Je ne m'attendais pas à vous retrouver ici, ni même ailleurs à vrai dire.

Un sourire fin, à peine visible mais qui fit naître de petites rides aux coins de ses yeux, éclaira les traits du roi Triton, qui s'avança pour venir poser ses avants-bras sur la roche, aux côtés du nain.

- Je suis heureux de voir que vous vous portez bien.

- Grâce à vous.

La sirène balaya d'un geste les remerciements de Grunlek, et tous deux restèrent un moment silencieux à écouter les vagues et les éclats de voix éloignés, regarder les étoiles s'allumer une par une dans le ciel virant du bleu-gris au bleu-marine. Le calme et la présence de Triton apaisaient Grunlek mais, bien que le silence de l'instant fût confortable, il ne voulait pas laisser la conversation se terminer si tôt.

- Sans indiscrétion, que faites-vous ici roi Triton ? Je crois me souvenir que votre peuple et vous préférez rester discrets et loin de la terre ?

- A vrai dire, répondit-il alors que son expression se faisait plus mélancolique mais néanmoins mêlée de fierté, je suis venu uniquement avec mes six filles pour rendre visite à leur plus jeune sœur, qui vit désormais sur la terre. Il me semble d'ailleurs que ce sont vos amis qui discutent avec deux d'entre elles là-bas ?

- En effet, acquiesça Grunlek avant d'ajouter après un léger rire, Ils cherchent à vérifier si la légende disant que « recevoir un baiser d'une sirène permet de respirer sous l'eau » est fondée.

Triton fronça les sourcils en regardant dans la direction de ses filles et Grunlek pensa qu'il aurait peut-être dû se taire, mais rapidement ses traits s'adoucirent alors qu'il se retournait vers lui en arborant un sourire quelque peu malicieux.

- Et vous ne leur avez pas répondu vous-même ? Vous le savez pourtant.

Le nain sentit aussitôt ses joues brûler, et la cohérence de ses pensées l'abandonner. Sa voix n'était plus que toussotements embarrassés, bégaiements et balbutiements lorsqu'il essaya de formuler une réponse :

- Ce- C'est à dire... Je ne pensais pas- je n'étais pas sûr que... ce soit réel... De plus, mes souvenirs sont un peu flous alors-

- Voudriez-vous que je vous aide à vous rappeler ?

Avec une rapidité telle que Grunlek eut à peine le temps de s'en apercevoir, Triton s'était rapproché de lui, juste devant lui, tout près, en s'élevant sur ses bras, laissant émerger de l'eau son torse, son abdomen et le haut de sa queue où les écailles commençaient à recouvrir progressivement la peau à partir du bassin. Ses yeux d'un bleu teinté de gris où semblaient se jouer toutes les tempêtes, tous les cyclones, ouragans, typhons, orages ayant jamais eu lieu à la surface de chaque mer et océan étaient plantés dans les siens et les empêchaient de se détourner par il ne savait quel pouvoir d'attraction, dans l'attente d'une réponse ou d'un geste. Mais Grunlek ne savait pas quoi dire, ni faire ou penser. Ce ne fut que lorsqu'il vit un sourire se dessiner sur le visage de l'homme sirène qu'il se rendit compte qu'il avait inconsciemment commencé à se rapprocher de lui. Il ne s'arrêta cependant pas pour autant et, quand leurs nez se touchèrent finalement, il ferma les yeux tandis que Triton franchissait les derniers millimètres les séparant. Le baiser fut doux, délicat, familier. A peine une caresse au goût légèrement salé qui fit se répandre des frissons à travers tout son corps, des milliers d'infimes décharges électriques, sur ses joues, le long de sa nuque, de son dos, jusqu'à chacune de ses extrémités. Alors que le contact durait et qu'il perdait toute conscience de son environnement, du bruit des vagues, des crépitements des feux, des voix au loin, de la lumière de la lune qui s'élevait tout juste au-dessus de la plage, Grunlek se sentit glisser doucement, basculer en avant, lorsque deux mains se posèrent sur ses bras, comme pour le guider dans sa descente jusqu'à ce que soudain, la fraîcheur de l'eau le submerge et lui fasse un peu reprendre ses esprits, son instinct le forçant à rompre le baiser pour prendre une grande inspiration avant de se laisser emporter sous la surface. Il descendit encore, entraîné par Triton, dont il sentait la chaleur se diffuser autour de lui malgré la densité de l'eau, qui pourtant ne semblait exercer aucune pression sur lui, et des courants produits par les vagues ainsi que sa nageoire ondulant pour continuer à s'enfoncer dans la mer et s'éloigner des rochers où la marée tentait paresseusement de les ramener.

Finalement incapable de retenir son souffle plus longtemps, Grunlek laissa échapper l'air de ses poumons, qui remonta en bulles vers la surface qu'il avait quittée puis, sans vraiment le vouloir, essaya d'inspirer... et réussit. Aussi naturellement que s'il avait eu les pieds sur terre, l'air vint emplir sa poitrine sans la moindre difficulté. Sentant des mains se glisser dans les siennes il finit par ouvrir les yeux pour rencontrer le visage de Triton orné d'un sourire tendre. À sa grande surprise, le sel ne brûlait pas ses yeux, et il ne voyait pas trouble comme cela aurait dû être le cas dans n'importe quel élément liquide. De plus, il se sentait parfaitement à l'aise et léger dans cet environnement, même son bras métallique qui l'avait si souvent ralenti ou emporté vers le fond semblait ne rien peser ici. Il s'habitua néanmoins rapidement à sensations qui, même s'il les redécouvrait, ne lui étaient pas inconnues.

Rendant l'étreinte en entrelaçant ses doigts avec ceux du roi, Grunlek se mit à regarder autour de lui, sa nyctalopie lui permettant de distinguer quelques formes à travers les eaux noires que la lumière de la lune ne parvenait pas encore à atteindre. Bientôt cependant, une lumière dorée, magique, telle une bougie aquatique, se propagea et éclaira les alentours. Le nain reporta ses yeux sur Triton lorsqu'il recommença à se déplacer, l'emportant avec lui, encore un peu plus bas vers le sable, encore un peu plus loin vers le large. Il voulait lui montrer tout ce que pouvait receler le monde dans lequel il vivait, et Grunlek le suivit, se laissa faire, serein, fasciné, impatient, intimidé et tout simplement heureux d'être à nouveau à ses côtés.

En quelques coups de nageoire, et un peu plus de coups de jambes, les deux compagnons arrivèrent dans ce que Grunlek voyait comme une véritable forêt d'algues, de varech, de maërl, de gracilaire, parcourues par des dizaines de petits poissons filant comme des traits d'argent entre les plantes. Quelques larges roches aux bords déchirés et escarpés, formant des arches ici et là, parsemées de cavités d'où dépassaient parfois une nageoire, un tentacule ou une pince, offrant par leur irrégularité un habitat parfait pour toutes sortes de coraux plus colorés les uns que les autres, bleus, roses, oranges, plats et allongés comme des plateaux ou ronds et ébouriffés comme des buissons, des anémones, véritables fleurs marines multicolores, dont certaines abritaient de petits habitants invulnérables à leur moyen de défense et qui, à l'amusement surpris de Grunlek, se refermaient, disparaissaient lorsqu'il passait trop près pour se montrer à nouveau dès qu'il s'éloignait.

Main dans la main, les deux rois se promenèrent parmi les poissons nocturnes qui nageaient autour d'eux, certains sans s'en préoccuper, se détournant à peine pour ne pas les heurter, d'autres partant se cacher à toute vitesse dans un tourbillon de bulles pour éviter la lumière qu'émettait le trident. C'était le cas par exemple, pour les poulpes, changeant du gris sable au rouge vermillon en s'enfuyant, les calmars ou murènes immenses, qui préféraient l'obscurité des cavités pour chasser, tandis que d'autres paraissaient au contraire vouloir les faire admirer leurs couleurs, leurs bandes et points luminescents le long de leurs corps, tournant autour d'eux avant de repartir, parfois à cause d'un animal un peu plus gros essayant de donner quelques coups de dents effilées au milieu des bancs, ce qui ne manquait jamais de causer un sursaut à Grunlek.

L'endroit était magnifique, magique, c'était tout un nouveau monde inédit et incroyable qui s'offrait à lui, et il se sentait privilégié, probablement l'un des seuls hommes terrestres autorisés à pénétrer ce monde gardé si secret, accompagné par le roi de l'océan lui-même. Alors qu'ils ralentissaient près du fond pour observer les coquillages qui jonchaient le sable et les rochers et se refermaient un par un à mesure qu'ils approchaient, Grunlek tourna son regard vers Triton, voulut lui dire tout ce qu'il pensait, le remercier, mais se ravisa, se contentant de lui offrir le sourire le plus beau et le plus sincère dont il était capable. Dans ce milieu où le silence était roi, il était inutile d'avoir une voix pour se comprendre, les regards, les gestes valaient tous les mots et toutes les conversations du monde. Et pendant que le roi des montagnes découvrait et admirait le monde marin, le roi des mers lui, ne l'avait pas quitté des yeux, ses expressions de pur bonheur le gratifiant de tous les remerciements qu'il était possible de formuler, et bien plus.

Tous deux auraient voulu rester ici une éternité, à parcourir les fonds marins, se laisser porter par le doux courant des vagues qui rugissaient à la surface ; mais cela faisait un long moment qu'ils étaient sous l'eau, et Triton savait qu'il allait être temps d'y mettre un terme. Les effets du baiser allaient bientôt s'estomper et, même s'il mourait d'envie de les prolonger en lui en volant un autre, il savait que Grunlek était un homme appartenant à la terre, et que tôt ou tard il devrait le lui rendre. Avec un regard attristé mais néanmoins heureux d'avoir pu partager une telle soirée avec l'homme dont il était – il était obligé de se l'avouer aujourd'hui, malgré tous les principes qu'il avait une fois imposés à sa fille – tombé amoureux et qu'il n'avait jamais espéré revoir un jour, il commença à l'entraîner de nouveau vers la surface de l'eau.

Soudain le bruit revint, le vent, les vagues, la lumière des étoiles et de la lune arrivée désormais au milieu du ciel dont les reflets laiteux flottaient au gré du courant. Grunlek et Triton, se tenant toujours par la main, étaient de retour dans cet entre-deux, baignant toujours au-dessus du monde qu'ils venaient de quitter et dans celui que le nain devait rejoindre. Celui-ci regarda derrière lui, vers la côte. Les feux de joie n'étaient que de petits points brûlants au loin, ils paraissaient aussi gros que la flamme d'une allumette, et les silhouettes quant à elles étaient tout simplement indiscernables. Ils avaient nagé loin, longtemps. Ils se regardèrent, Grunlek se remettant à peine de ses émotions et Triton se préparant à lui dire au revoir, puis contemplèrent le ciel ensemble un long moment. Enfin, Triton ramena lentement, le plus lentement possible, Grunlek près du rivage et avant de repartir, déposa quelque chose au creux de sa main et lui fit refermer ses doigts dessus.

- Pour que cette fois, vos souvenirs ne s'effacent pas.

Puis il la lâcha pour de bon, laissant à Grunlek une sensation de vide un peu froid, avant de disparaître rapidement sous les flots, la lumière dorée de son trident s'évanouissant peu à peu à mesure qu'il s'éloignait.

Lorsqu'il ne put plus du tout l'apercevoir, Grunlek regarda sa main, puis l'ouvrit doucement pour y voir, installée dans sa paume, une perle parfaitement ronde, d'un blanc nacré resplendissant et accrochant la moindre parcelle de lumière qui l'atteignait. Il sourit tendrement avant de resserrer ses doigts dessus et de la porter à son cœur, se promettant de revenir l'an prochain pour le retrouver.

Et sous le ciel étoilé et la lune argentée, Grunlek se prit à espérer qu'un jour, lui aussi pourrait montrer à l'homme sirène, les forêts et les loups, les villes et leurs marchés, les montagnes d'où il venait, les plaines, vallées qu'il passait sa vie à parcourir, toutes les merveilles qu'offrait la terre, comme il venait lui-même de découvrir toutes les merveilles qu'offrait la mer.