Vous allez me détester car y a tout un suspens sur ce chapitre xD
Sherlock s'étira de tout son long, baillant discrètement en sautant agilement jusqu'à la salle de bain. Il observa son reflet avec une mine de dégout. Ses yeux bleus avaient encore la pupille verticale mais le reste de son corps avait reprit cet aspect affreux qu'il détestait tant. Il avait un long corps fin d'une pâleur affolante, des grandes mains munis de longs doigts fins de violonistes, un nez droit, des lèvres bombées, ses cheveux bruns bouclés tombant négligemment sur son front, ses tempes et sa nuque. Il détestait cette apparence. Elle n'était pas naturelle pour lui.
Pourtant il avait eu le temps de s'y faire, à ce look improbable. Il était re-né il y a de cela 35 ans. Il avait été déposé au pied du grand manoir des Holmes où ses parents adoptifs l'avaient choyé comme ils avaient pu. Sherlock se souvenait de chaque détails, en fermant les yeux il pouvait revivre chaque événements comme si il y était de nouveau. L'odeur de l'herbe coupé par le jardinier, la pluie battant sur son berceau, la fraicheur du mois de janvier, les yeux écarquillés de sa mère. Etrangement, il avait commencé à les apprécier. Non pas comme de vrais parents, mais leur tendresse à son égard, malgré sa différence, n'avait aucun égal. Ils lui avaient tout pardonnés. Ils lui avaient laissé la possibilité d'exploiter les cinq cents années de vie qu'il avait déjà vécu dans sa précédente forme. Il avait pu mettre à l'épreuve toutes les lois physiques de ce monde dans lequel il avait atterri.
Sherlock se passa un index sur ses lèvres courbés en un sourire. Il laissa une de ses canines s'allonger doucement avant de passer sa langue dessus, laissant son regard de saphir, suivre le geste à travers le miroir.
Il avait encore le goût de cet homme dans la bouche. Cela avait été tendre. Il pouvait en ressentir chaque parcelle dans son corps, à travers ses veines. Il pouvait sentir le pouvoir qu'il avait pu absorber. Il ne suffisait que d'une morsure, une légère derrière l'oreille, afin d'absorber tout le pouvoir d'un sorcier, s'en délecter. Celui là avait eu le goût du péché. Il avait usé de trop de substances, de sexe et autres folies. Son cœur et son âme en étaient gorgés, insufflant à son pouvoir le goût particulier du plaisir inavoués.
- Sherlock ! Sors de la salle de bain ! J'ai besoin de me préparer pour aller à la clinique !
Sherlock siffla, sa langue reptilienne passant rapidement entre ses lèvres. Il se concentra un instant pour que son appendice buccal reprenne une apparence humaine, vérifia une dernière fois que sa pupille avait reprit la forme adéquat avant de laisser à John la possibilité de se laver.
- C'est pas trop tôt, se plaignit le docteur en passant dans la salle d'eau avant de se retourner vers son colocataire. Tu sais qu'il y a quelque chose qui s'appelle la pudeur ? Tu devrais savoir que je suis quelqu'un de pudique et que je n'aime pas vraiment te croiser complètement nu.
Sherlock haussa un sourcil agacé avant de se retourner vers John, sa nudité complètement dévoilé.
- Je ne suis pas pudique et je n'ai rien à cacher.
Il entendit brièvement John se plaindre avant que le docteur ne ferme la porte. Sherlock eut un sourire amusé alors qu'il se dirigea vers sa chambre. Son espèce n'en avait cure de la nudité. En cinq cents ans de vie, il avait vu bien plus de corps nus que John Watson n'en verrait jamais. Le corps de ceux de son espèce était tout bonnement asexué, ce qui avait été le plus perturbant pour l'homme fut donc d'être pourvu d'appareil génitaux après sa transformation. Il n'avait jamais cherché à aller plus loin dans la découverte de cette partie de corps qu'il n'avait jamais imaginé avoir, préférant travailler son intellect plutôt que sa sexualité. Après tout, en l'obligeant à être dans ce nouveau corps, il avait perdu son immortalité, il aurait donc plus qu'une soixantaine d'année à vivre tout au plus. Cela était déprimant. Sherlock savait très bien pourquoi il avait été puni. Il avait été un être cupide qui passait son temps à dévorer et piller chaque entités magiques au lieu de punir les mauvais et protéger les bons.
C'est pourquoi il avait décidé d'être détective. Il était bien trop asocial pour être dans la brigade de police, mais il souhaitait travailler avec eux pour défendre les bonnes personnes des mauvaises et surtout parce que cela pouvait l'aider à dénicher plus facilement les entités magiques qui se cachaient dans ce monde. En étant le célèbre et seul Détective Consultant du monde, il jouissait d'une position idéale pour traquer ses victimes tout en trafiquant les preuves trouvés sur les scènes de crime pour que les Humains ne puissent prendre connaissance du monde magique.
Sherlock soupira en ajustant son costume. Il allait devoir rendre une visite à Mycroft. Son frère adoptif était quelqu'un de très intelligent, Sherlock adorait ça chez lui, mais de particulièrement agaçant. Car il avait autant de connaissances et de puissances d'esprit – voir plus mais jamais Sherlock n'allait l'avouer – que lui-même qui pourtant avait eu le temps d'en magasiner tout ce savoir en cinq cents ans de vie. Donc qu'importe à quel point Sherlock appréciait son ainé pour ses nombreuses qualités, sa suprématie intellectuelle était suffisante pour le détester.
Arrivé dans le bureau de Mycroft, qui avait été fait avec un très haut plafond de plus de 6 mètres de haut, Sherlock se détendit. Il savait pertinemment la raison d'un plafond aussi haut, même si honnêtement cela ne changeait rien... Il aurait fallut que le plafond soit à plus de 15 mètres de hauteur pour que cela ait un réel impact... Mais si Sherlock se plaquait au sol, peut-être que 6 mètres étaient suffisant.
- Tu t'interroges toujours à savoir si la hauteur est suffisante ?
- Je pense que je pourrais jamais en être sur sans essayer, répondit Sherlock en commençant à déboutonner sa chemise.
- Non, non. On va éviter. Je me vois vraiment pas expliquer ce genre de chose si quelqu'un arrivait.
Sherlock soupira en haussant ses épaules. Cela le taraudait tellement, il fallait qu'il puisse laisser la bête sortir. Son souffle brûlant lui acidifiait l'estomac.
- Maman nous invite à son anniversaire, samedi. Il faut venir accompagné.
Sherlock fronça les sourcils.
- J'ai personne à présenter à Maman, tu le sais très bien.
- Vraiment, l'interrogea faussement l'ainé, il me semblait qu'un certain docteur partage ta vie depuis plusieurs mois déjà.
- C'est un homme.
- Très bonne observation, mon frère.
Sherlock se crispa en déboutonnant un bouton de plus, l'air menaçant. Son frère se raidit à son tour en levant les mains au ciel.
- Je disais juste que n'ayant pas de conquêtes à ramener, tu pouvais toujours amener un ami. Qu'en dis-tu ?
Sherlock se rhabilla rapidement en prenant un air faussement convaincu.
- Bien. Tu avais autre chose à me dire ou est-ce que tu m'as demander de passer seulement pour cette information inutile ?
Mycroft se leva pour prendre deux verres et y mettre du Whisky. Il invita son cadet à prendre place dans un des grands fauteuils en face du sien, avant de lui tendre son verre. Il gouta lui-même le liquide ambré du bout des lèvres en se retenant de prendre un air satisfait, ce breuvage était une tuerie.
- As-tu eu la négligence de te sustenté sur un criminel sans avoir tromper ses résultats de test de dopage ?
- Il était déjà dopé, il n'y avait rien à changer.
- Ses tests étaient négatifs.
Sherlock fronça les sourcils, surpris. Ils ne parlaient jamais de sa condition. Depuis qu'ils étaient petits, Mycroft a toujours protégé son petit frère de ce qu'on pouvait penser de lui, protéger son secret et il faisait en sorte de ne jamais en parler pour ne pas instaurer de malaise. L'homme avait certainement oublié qu'il avait plus de cinq cents ans et qu'il se souvenait de tout. Absolument tout. Lorsqu'on l'avait fait renaitre dans un corps humain, on avait légèrement omis de lui effacer la mémoire, il avait donc été conscient, au maximum de ses capacités mentales mais enfermé dans le corps d'un nouveau né. Cela avait été frustrant. Car son pauvre petit cerveau humain n'arrivait pas à traiter toutes ses pensées, toutes ses volontés et il avait donc mis 12 mois à parler et 18 mois à marcher ! Une honte !
- Comment est-il possible que les tests soient négatifs ? Son goût était typique des toxicomanes.
- Il semblerait qu'il en soit un en effet, mais il n'a prit aucune substance depuis deux mois semble t-il.
Sherlock crispa sa mâchoire.
- Cela ne m'était jamais arrivé. J'arrive toujours à discerner l'heure de la dernière prise ! Comment j'ai pu être aussi aveugle ?
- Y avait-il un certain docteur à proximité ?
Sherlock se renfrogna.
- Je ne comprends pas.
Mycroft se leva de nouveau pour se servir un autre verre et remplir celui de Sherlock qui l'avait bu d'une traite sans sourciller. Quel gâchis.
- Tu es toujours distrait lorsqu'il est à proximité. En tant que seul ami que tu n'ai jamais eu et en vue de la confiance que tu sembles mettre en lui, ne serait-ce pas pertinent de lui parler de ton petit secret ?
Sherlock mit ses mains dans ses poches pour en extirper un paquet de cigarette sous le regard remplis de reproche de son frère. Il inséra une des cigarettes entre ses lèvres, l'allumant du bout de l'index. Il eu un sourire narquois en voyant l'air de dédains que Mycroft affichait, haussant les épaules comme une réponse à l'attitude de son aîné.
- Tu sais que ça me détends de faire de la fumée.
- Je n'ai même pas envie de continuer à te parler, siffla Mycroft entre ses dents d'un ton puéril, tu sais très bien que tu es aussi mortel que moi. Tu peux avoir un cancer des poumons Sherlock.
- Ce serait le comble du ridicule.
Un coup à la porte fit lever les yeux de Sherlock au ciel. Il grimaça en voyant une femme apparaître dans le bureau de Mycroft sans être invité.
- Sherlock, je te présente Caprice.
L'esprit du détective marcha à plein régime alors qu'il dévisageait la femme face à lui. La femme n'avait pas besoin de parler, Sherlock savait déjà tout. Ses yeux marrons brillaient d'intelligence, ses lèvres pulpeuses s'étiraient sur un sourire joviale alors que les légers plis sur son front indiquait un malaise. Une femme rayonnante ayant des difficultés à parler avec des inconnus... Intéressant. Elle était grande quoique toujours plus petite que lui, corpulence normal avec la peau couleur marron glacé, ses cheveux retombaient en de lourdes tresses sur ses épaules, agrémentés de petits bijoux sur quelques mèches. Elle était élégante tout en paraissant timide. C'était une femme discrète, c'était ce que Mycroft recherchait en elle.
Sherlock eu un sourire plus prononcé en laissant son nez humer le parfum de la femme. Il s'approcha d'elle, l'emprisonnant dans ses bras, ses canines caressant l'arrière de son oreille.
- Délicieux.
Il laissa sa langue prendre sa forme reptilienne, les deux extrémités chatouillant la peau brune tendrement. Il fut à peine surpris de se sentir projeté en arrière, les mains de la femme irradiant d'un bleu pur.
- Comme je le disais, reprit Mycroft amusé du petit échange, voici Caprice. Elle sera avec toi lors de tes prochains... encas. Elle fera en sorte que tu ne te fasses pas prendre. J'ai dû envoyer des hommes droguer ta victime pour que ses propos sur toi soient discrédité.
Sherlock opina, ses yeux bleus restant accrochés au regard devenu neutre de la sorcière.
- Monsieur Holmes, dit-elle en se tournant vers Mycroft, si vous n'avez plus besoin de moi...
- Amérique, Texas, n'est-ce pas ?
Caprice se retourna vers Sherlock avec une moue excédé.
- En effet. Je paris que vous avez pu déceler ma difficulté à entrer en communication avec des snobs à ma façon de me tenir et que vous avez pu voir à ma démarche que je ne porte pas souvent de talons malgré le fait que j'apprécie d'en mettre occasionnellement.
- Je l'ai deviné aux cloques sur les talons, en faite.
Mycroft eut un sourire amusé en inclinant la tête vers la jeune femme.
- Vous pouvez disposer, Caprice. Mon frère ne devrait pas avoir besoin de se sustenté pendant quelques jours, vous viendrez au repas familial, n'est-ce pas ?
La jeune femme opina avant de foudroyer le détective du regard. Ce dernier attendit patiemment qu'elle s'en aille avant de se rediriger vers son frère, un sourcil haussé.
- J'ignorais que tu employais des sorcières de catégorie 5.
- J'aime tenter le diable.
Sherlock se leva avec un sourire suffisant sur les lèvres avant de quitter son ainé sans un mot de plus. Il savait pertinemment que Mycroft s'amusait de sa condition. Les sorciers de catégorie 5 sont les plus rares, les plus forts physiquement et malheureusement les plus succulents. Ne pas avaler les pouvoirs de Caprice allait être la tâche la plus ardu que le détective n'ait jamais fait en cinq cent trente cinq ans de vie.
Le chemin du retour fut rapide et sans aucun contre-temps. Sherlock se dirigea vers son fauteuil, arrivé au 221B, mais il fut arrêté par la vision de son colocataire endormi. Il hésita à faire du bruit comme à son habitude, mais décida plutôt de le border tendrement. Son geste fut arrêté par la main de son ami, alerté par ses réflexes de soldat.
- Tu m'as fais peur, idiot !
- Tout s'est bien passé à la clinique ?
John fut surpris et il ne cacha pas son étonnement. Il se rassit sur le fauteuil où il était, se rendant brièvement compte qu'il était sur celui de Sherlock. Il eut une moue dubitative en foudroyant son colocataire d'un regard suspect.
- Tu as retouché à la drogue ?
- Parce que je te demande comment s'est passé ta journée ? L'interrogea le détective en se pinçant l'arête du nez.
- Exactement.
- Non. Tu avais juste l'air épuisé. Et puis je souhaitais te parler d'un sujet délicat, je voulais commencer par quelque chose de neutre. Je crois que c'est ce qu'on est censé faire normalement.
John fronça les sourcils en se disant que son colocataire devait avoir un grain quelque part.
- Quel est ton sujet délicat ?
- Tu veux pas qu'on commence avec le sujet neutre ?
John répondit d'un mouvement fluide du poignet en un « non » mué. Sherlock s'installa dans son sofa, s'éloignant de John au cas où ça tournait mal.
- Une jeune femme va assister à nos enquêtes.
- Ah.
John avait l'air déçu.
- Je pourrais prendre plus de temps de travail à la clinique alors.
- Quoi ? Non !
Sherlock essayait d'éviter le regard de son colocataire, sentant les yeux durs de John fixer un point sur sa gorge pâle. Il connaissait son docteur. Il avait beau ne pas sortir sa langue fourchue pour reconnaître l'odeur de la frustration, de l'étonnement, de la colère et de la déception, il sentait chaque parcelle du corps de John se tendre.
- Mon frère insiste pour qu'elle soit là. Mais je ne souhaite pas te remplacer. J'aimerais continuer de travailler seul avec toi.
Il entendit John se détendre.
- On travaille pas seuls, y a Molly, Lestrade et...
- Ils m'importent peu, je veux seulement être avec toi lors de mes enquêtes. Tu es le seul à être un tant soit peu intelligent dans mon entourage.
- Je vais prendre ça pour un compliment, rit silencieusement John.
Sherlock se retourna vers son ami, conscient que ses yeux brillaient de malice.
- J'y compte bien. Enfin..., reprit-il, tu vas la rencontrer samedi à l'anniversaire de ma mère.
- Je suis invité à l'anniversaire de ta mère ?
- Oui en tant que mon compagnon.
Sherlock attrapa un biscuit entre ses doigts, l'étudiant pour essayer de savoir depuis combien de temps il trainait sur cette table. Il n'osait pas le manger.
- Ton compagnon ?
La voix était à moitié étranglée dans la gorge de John qui avait les yeux écarquillés.
- C'est ce que tu es John. Tu es mon compagnon. On partage un appartement, on travaille ensemble, tu es mon compagnon de vie.
John se passa la main sur le visage en crispant sa mâchoire.
- On a pas la même notion de compagnon... ça a plutôt un sous-entendu romantique.
- Tu sais que ce genre de relation n'est pas dans mon domaine de prédilection.
John opina et partit dans la cuisine. Sherlock entendit la bouilloire et il se ré-installa entre les coussins, lançant à John :
- Tu viendras alors ?
- Comment pourrais-je manquer la grande réunion de la famille Holmes ?!
J'espère que cela vous a plu !
TJSC