Pendant de nombreuses années, le Seigneur du temps avait essayé de voyager seul. Sans succès. Il avait besoin qu'on lui remonte le moral, qu'on lui fasse oublier. Comme le ferait une présence rassurante. C'est ainsi que lorsqu'il la rencontra, il ressentit le besoin de l'emmener avec lui pour lui faire découvrir bien des monts et merveilles. Rose Tyler. Sa Rose. Il lui avait un jour pris la main, et à partir de là, une grande histoire avait commencé. Elle n'avait pas bronché lorsqu'il s'était régénéré et il ne la remercierait jamais assez pour l'avoir accepté, même s'il avait changé. Quant à Rose, ses sentiments n'avaient pas tardé à évoluer : elle s'était épris de cet homme, de ce fou qui ne reculait devant rien pour la faire rire. Mais lorsqu'il la perdit dans cet univers parallèle, il se rendit compte qu'en voulant lui faire cadeau de la plus belle des vies, il n'avait fait que la détruire, ainsi que toutes ses chances d'en reprendre une un jour "normale".
Comme à son habitude, le Docteur était en train de parler à son TARDIS. Il lui parlait encore et encore de sa Rose. Il disait qu'elle l'avait sauvé de sa longue vie dénuée d'amour, du fardeau des Seigneurs du temps, et que même si elle avait laissé un homme meurtri derrière elle, cela en valait la peine. Vraiment. Ses yeux brillaient de tout l'amour qu'il lui portait.
"-Te souviens-tu mon ami, comme elle était belle notre Rose ? Sa main que je ne me lassais pas de tenir, sa douce main. On pouvait dire qu'elle portait bien son prénom, une vraie rose. Une beauté tellement naturelle qu'elle pouvait en devenir presque innocente, mélangée à un caractère bien trempé auquel on pouvait facilement se piquer.
Te souviens- tu de son sourire ? Je ne l'ai jamais oublié, moi. Il était si doux et cela me faisait si plaisir lorsqu'elle me l'offrait. Il n'y avait plus qu'elle et son sourire qui comptait. Ce sourire qu'elle n'offrait qu'à moi. Son Docteur. L'homme qui l'aime tant.
Et te souviens-tu de ses lèvres ? J'en ai rêvé tellement longtemps. Et j'ai trop attendu. J'avais peur, peur qu'elle me rejette. Pourtant, j'aurais dû. Mais il n'y avait que la nuit que mes désirs ne se réalisaient. Je nous imaginai, nous, sur une plage de New New York, à nous embrasser timidement après nous être avoué notre amour. Oh, Rose. Je suis tellement désolé.
Elle était brillante, fantastique."
Après avoir prononcé ce mot, il ne put empêcher une larme de couler. Fantastique. Le mot que sa précédente incarnation ne pouvait s'empêcher de répéter, celle qui avait rencontré Rose. En somme, c'était comme son ancienne marque de fabrique. Il s'était déjà juré de ne plus jamais l'employer parce que cela lui rappelait trop son amie. Mais maintenant, le temps avait terminé son oeuvre, et lorsqu'il pensait à Rose, il ne ressentait plus qu'un violent pincement au coeur après toutes les larmes qu'il avait versées. Mais il ne l'avait pas pour autant oublié, il l'aimait toujours, et surtout, plus que jamais.