& Nous voici à la fin. Un épilogue viendra, mais il sera optionnel.

Merci à tous ceux qui m'ont lu, vous êtes nombreux et j'espère que ça vous aura plu jusque la fin.

Un grand merci à Lou et MaraCapucin avec leurs reviews régulières :D

Egalement un tout grand merci à Lucie pour m'avoir servie de pompom girl pendant la rédaction et à Luka pour avoir beta-read les derniers chapitres et ainsi que ses commentaires constructifs que j'adore :D

Ne perdons pas une minute de plus, et bonne lecture à vous!


Lexa aurait voulu courir jusqu'à Hasis, disparaitre en plein milieu de la nuit pour retrouver Clarke et simplement lui parler de ce dont elle avait rêvé. Lexa ne le pouvait pas. Se précipiter ne lui aurait rien apporté. Parce qu'elle serait arrivée démunie devant Clarke, prête à la supplier pour obtenir des réponses. & ce rêve avait apporté bien plus que des images du passé. Il y avait cette méfiance, cette perplexité de la situation. Oui, elle s'était souvenue, et tout restait flou. Ses questions en soulevaient d'autres et la première urgence qu'elle avait ressentie, quand elle s'était réveillée cette nuit-là, avait laissé place à un besoin de tempérance. Lexa était Heda et il y avait des actes qu'elle ne pouvait pas commettre en son nom.

Ca la dévorait de l'intérieur, ce besoin incessant de comprendre, de mettre toutes les pièces de ce puzzle ensemble, de saisir tout ce qui lui avait sans cesse échappé depuis qu'elle était arrivée à Hasis, et qu'elle n'avait pas jugé important. Maintenant, les priorités avaient changées. C'est pour cette raison qu'elle avait convié Indra à la rejoindre dans ses appartements. Pour discuter, obtenir de première main ce qu'elle cherchait. Déjà, elle avait envoyé les archivistes à la recherche de vieux documents qui expliqueraient ce qu'il s'était passé. Mais des évènements vieux d'un demi-siècle n'étaient pas aussi bien gardés que ce que la tradition orale portait.

Quand le chef du Trikru arriva, la tension dans les épaules de Lexa se répandit dans tout son corps et c'est avec rigidité qu'elle salua son ainée. Presque incapable de bouger, elle invita d'un signe de la main Indra à s'asseoir en face d'elle. Celle originaire de TonDc ignorait la raison exacte de sa venue et cela se voyait dans la suspicion qui baignait ses yeux noirs. Lexa coupa court à toute notion de suspense, impatiente d'obtenir des réponses. « Je t'ai fait venir pour une raison. J'aimerais que tu me parles des terres qui sont proscrites, chez toi. »

Indra savait mieux que quiconque qu'il ne fallait pas interroger la raison d'un tel intérêt chez Heda. Ainsi, elle tut cette curiosité, se contentant de répondre du mieux qu'elle le pouvait à son dirigeant. Hésitante en premier lieu, Indra gagna cette assurance propre à ceux qui comptaient les histoires de leur clan, trouvant le réconfort dans la familiarité des propos qu'elle comptait, comme elle avait l'habitude de le faire avec les jeunes de son village. Comme elle l'avait fait, avec une adolescente blonde qu'elle avait trouvée au milieu de l'automne, il y a de cela bien des années.

Indra raconta, comme on lui avait raconté. La chute d'un morceau d'étoile, du peuple qui était arrivé, de la mort qu'ils avaient apportée. Très précautionneusement, Indra parla de la Heda de l'époque, de l'alliance qui s'était faite avec ce Skaikru pour faire tomber les Maun-de. Avec une fierté caractéristique, elle évoqua la fin des deux ennemis, suite à la planification du chef des clans. La première à avoir unifié les clans.

Lexa de l'Unification. Le Commandant. Celle dont la légende ne cesserait jamais d'être relatée, transmise de génération en génération, amplifiant l'imaginaire des enfants et imposant le respect chez les anciens qui avaient eu l'honneur de la connaitre. Lexa, lors de son rite d'initiation, avait choisi, très intelligemment, de porter le nom de cette vie, pour s'inspirer de la force de cette époque et de s'inclure dans le prolongement de la coalition. Tôt dans son règne, elle était retournée chez ces clans qui s'étaient détournés de Polis et les avait ralliés, par les mots. Parfois par la force.

Lexa aurait dû libérer Indra, mettre fin à la conversation. Elle avait obtenu ce qu'elle voulait, s'éclairant sur cette histoire qui était si biaisée, à la lumière des rêves qu'elle avait fait (après le premier en étaient venus d'autres, sporadiques et confus, qui se rappelaient de plus en plus fortement à sa mémoire). La question lui échappa, comme si elle venait d'une autre époque, d'un autre cœur. « Connais-tu Clarke kom Annkru ? » Et l'éclat de protection qui anima les traits d'Indra furent suffisants pour lui apporter une réponse. Plus fortement, alors que la tension revenait dans ses muscles et dans chaque fibre de son être, avec une animosité et une férocité qu'elle ne se connaissait que trop peu, l'ordre suivit. « Parle. »

Indra savait qu'elle avait intérêt à être honnête. Ainsi, elle parla d'une petite fille dont elle n'avait jamais parlé à personne. Elle expliqua brièvement, Indra, que son rôle avait été de protéger ces terres bannies pendant plus de six années. Elle expliqua comment elle avait trouvé cet enfant entourée de runes et de graffitis, comme si elle avait invoqué les esprits qui résidaient dans les coques de métal. Comme si, cette enfant, Khäl à l'époque, était née de ces fantômes, matérialisation parfaite des vies qui s'étaient éteintes.

« Elle était en initiation profonde. Elle mangeait ces champignons et disparaissait parfois pendant des jours. Je ne pouvais pas l'arreter. Nos lois nous l'interdisent. Je lui ai fourni un logement, de la nourriture, un abri pour l'hiver. Je l'ai punie quand elle a avoué être allée dans le ventre de la montagne. » Les poings de Lexa se serrèrent, revoyant sans mal les traces qu'avaient laissé les coups de fouet sous l'omoplate de Clarke. Elle n'avait pas osé demander. « Je lui ai autorisé son premier tatouage. » Et là, Lexa se revoyait embrasser l'encre qui encerclait le poignet de la fille de l'ouest. Elle savait que tout était écrit sur le corps de Clarke. Elle en avait ignoré la signification.

Après avoir remercié et salué Indra, Lexa sortit du Palais, accompagnée de ses deux gardes. Inconsciemment, ses pieds la ramenèrent à cette cour où Clarke lui avait dévoilé l'histoire de cette vie, et une partie de celle d'avant. Des détails avaient été omis, et, d'une certaine façon, comme une impression étouffante, elle comprit que les réponses étaient dans ces jours qui n'étaient pas raconté, à Hasis. Lexa sourit avec ironie, plongeant ses doigts dans l'eau claire de la fontaine. Aussi improbable que cela lui paraissait (et aussi certaine était-elle que ça avait été le cas, car elle en avait rêvé, de ces yeux bleus tombés du ciel), le Skaikru était bien tombé du ciel. Il y avait eut, en effet, une guerre sur les terres de TonDC, et l'ennemi commun de la coalition, les maunons, avait été annihilé. De cette partie, elle en était certaine. C'était l'un des exploits fondateurs de Lexa.

D'une manière ou d'une autre, le Skaikru avait survécu, s'était rendu jusqu'à l'ancien clan Vespërs et y avaient gagnés des terres, en plus de la protection du chef de l'époque. Après, Lexa avait assez entendu parler de l'histoire de Hasis pour reconnecter les grandes lignes.

Lexa, pourtant, avait l'impression qu'il lui manquait un élément clé. Était-ce parce qu'elle était supposée avoir annihilé ceux du Ciel qu'il y avait eu tant de méfiance à son égard, quand elle était arrivée la première fois dans ce village reculé avec son second gravement blessé ? Rae avait dû être au courant, puisque son âge correspondait aux années.

La réalisation, lourde, tomba.

Elle aurait dû les achever. Si elle avait possédé tous les éléments clés, quand elle était arrivée lors de ce premier jour dans le village, Lexa n'aurait pas hésité une seule seconde à le raser, en plus de tout le clan. Elle aurait confondu la présence de Hasis avec les intentions néfastes de Nihln et elles les auraient tous tué. Les vieillards, les soldats, les enfants.

Clarke.

Sonnée par la suite des évènements qui auraient pu se dérouler, elle retourna jusqu'au Palais, encore plongée dans sa longue réflexion. Elle délégua ses rencontres à Octavia et ses autres conseillers, pour se rendre jusqu'à l'aile où était conservée une partie des archives. Elle fut accueillie par l'un des responsables qui lui offrit les maigre documents qu'ils avaient trouvés, et qui après lecture, ne furent que peu intéressants. Incapable de s'expliquer, Lexa demanda à voir les notes personnelles de son homonyme.

Lexa avait eu une vie longue et prospère. La quantité d'ouvrages qui étaient interdits à la lecture manqua de la décourager totalement. Ce ne fut que quelques heures plus tard, après s'être endormie sur un carnet qui relatait les enquêtes sur une Wanheda, qu'un nouveau rêve s'invita dans son conscient. A son réveil, Lexa savait précisément quel journal saisir et son cœur s'arrêta quand d'une écriture illisible mais qu'elle reconnut sans mal, il était marqué : J'ai revu Clarke.


Lexa n'avait même pas pris la peine de se rendre jusque la Maison Centrale, sachant pertinemment que Clarke ne serait pas là. A la place, elle se rendit jusque la maisonnée du guérisseur, pénétrant sans y être invitée. Il y avait cette résolution dans ses gestes et ce mélange complexe qui tournait en son sein depuis qu'elle avait trouvé les mémoires d'avant. Ca animait chaque geste, initiait chaque pensée. Lexa avait subi l'absence de Clarke, et elle pensait connaitre ce sentiment. Ce qui la tourmentait depuis qu'elle avait quitté Polis était pire qu'un supplice et elle n'avait que faire des convenances. C'est pour ça qu'elle était partie avec la plus petite des escortes et qu'elle ne s'était même pas arrêtée quand la pluie avait commencé à tomber.

Ce qui résultait en une Lexa trempée aux pieds des escaliers qui menaient à l'étage où vivait le chef de Hasis. Elle réprima les frissons de ses vêtements humides et au lieu de s'inviter encore plus dans la demeure à laquelle elle était familière, elle appela. « Clarke ! » La commotion au-dessus lui indiqua que quelqu'un était en mouvement.

« Lexa ? » Le sourire sur ses lèvres se transforma en une mine inquiète quand Clarke remarqua l'état dans lequel était la brune. Elle descendit les marches plus vite que nécessaire et évita de toucher la masse humide en laquelle Lexa s'était transformée. « Ne me dit pas que tu es venu avec ce temps ? » Déjà, elle était à la recherche d'une serviette, ou de n'importe quoi qui éviterait à ce que Lexa n'attrapa froid. Elle fut arrêtée dans son mouvement par des doigts glacés et mouillés, qui se fermèrent sur son poignet. Elle haussa un sourcil en direction de celle venue de l'est et elle jura que c'étaient des yeux gris, yeux de loups, qui l'observaient.

Lexa ne serra pas si fort la peau qu'elle avait entre ses mains. Car malgré le tourment qui l'affligeait, elle était persuadée qu'elle était incapable de faire du mal à Clarke. Elle ne pourrait jamais y arriver. Et jamais elle n'en aurait l'envie. Elle inspira profondément, consciente à l'extrême de tout ce qui l'entourait. De la chaleur de l'atelier, des effluves de préparations typiques, du bruit de la pluie qui martelait la façade, du pouls qui s'affolait sous la paume de sa main. « Je me souviens, Clarke. » La réalisation tordit les pupilles de la blonde, qui se figea.

Les bras de Clarke tombèrent le long de son corps et la vision fut douloureuse, pour toutes deux. Il y eut d'abord un frémissement, qui se transmit d'est en ouest et qui prit le contrôle du corps de Clarke. Mais elle ne perdit rien de sa magnificence et même brisée, ainsi, Lexa ne put que la trouver sublime. « De quoi te souviens-tu ? » Sur la langue du guérisseur, il y avait cette même méfiance que lors de leurs premiers jours et la familiarité les électrocuta toutes les deux.

Elles étaient des étrangères à nouveau, qui ne se connaissaient que trop.

Lexa alla pour poser sa main sur la joue de Clarke, cette dernière recula, se dérobant du contact, réussit même à se dégager de la poigne qui la retenait. « Je me souviens des skaikru. » Ce fut comme une malédiction prononcée à voix haute. L'effet fut immédiat. Lexa n'eut pas le temps de lire la peur dans le regard de Clarke, que celle-ci fuyait déjà sous la pluie. Les quelques secondes de flottement qui furent nécessaires à la brune pour réaliser ce qu'il venait de se passer furent chassées par l'adrénaline et elle fut rapidement sur le pas de Clarke.

L'averse s'était transformée en orage et les gouttes agressaient la peau de Lexa. Elle manqua de glisser à deux reprises, avant de rattraper Clarke, aux pieds de l'escalier en colimaçon qui menait à la Maison Centrale. A présent, la blonde était aussi trempée qu'elle, Clarke noyée dans ses larmes et sous la pluie. « Pourquoi fuis-tu ?! » Ce fut plus accusateur que ce que Lexa avait envisagé et les propos arrêtèrent Clarke de monter les premières marches.

Elle ne se retourna pas.

Alors, avec prudence, Lexa s'approcha d'un pas. « Clarke. » C'était une supplique dans sa bouche et là, à ce moment, elle prit sa décision. « C'était il y a cinquante ans. Je ne suis pas là pour eux, pour ce qu'il y a été fait lors d'une guerre dont je n'ai même pas pris part. Ne t'es-tu pas demandé pourquoi le skaikru a pu quitter le Trigeda sans encombre ? » Tout s'animait, alors qu'elle parlait. Les flammes dans son regard, les tics, les gestes. « Lexa s'est assurée que vous ayez une route dégagée. Que vos marcheurs puissent se rendre où vous vouliez. Et que le monde vous oublie. »

Clarke se retourna, après ce qui sembla être des heures. Il y avait un égarement si triste chez elle. Ses iris bleus se plantèrent sur Lexa, et la brune fut incapable de dire si c'était elle qui était observée, ou si c'était son fantôme du passé. « Tu n'as pas oublié. » Ça aurait pu être un reproche, mais toute la faiblesse que contenait cette phrase détourna le sens.

Lexa franchit le dernier mètre qui la séparait, alors que la foudre tombait pour la première fois au loin. « Je ne pourrais jamais t'oublier. » Elle tendit sa main vers Clarke, espérant que celle-ci l'accepte. « Tu es tout ce dont j'ai besoin, tout ce que je ne pourrai jamais avoir. Tu es mon impossible, Clarke et je ne veux que ton bien. Je ne ferai jamais de mal aux tiens. Tu le sais au fond de toi. Je ne suis pas comme elle. J'ai peur de tout ce qu'elle ne craignait pas et je veux tout ce dont elle avait peur. » Elle marqua un temps d'arrêt, reprenant brièvement son souffle, approcha sa main encore plus de Clarke qui ne reculait plus. Plus tant que ça. « Je suis ses faiblesses. » Lexa avança encore, posa son pied sur la première marche en bois. Elle prit appui sur la rampe, alors qu'elle bloquait Clarke sur les escaliers. La blonde secoua la tête, chaque mouvement perdant de sa véhémence aveugle. « Pour moi, tu n'es rien de ce passé, Clarke. Tu es mon présent, et j'ai très envie que tu sois mon futur. » Leurs nez s'effleurèrent et ses doigts humides furent rejoint par d'autres.

« Okay. » Ce ne fut qu'un murmure, inaudible dans les grondements du ciel. Elles étaient si proches, que ça ne comptait pas. Les corps se fondaient en un seul et Clarke s'agrippa à Lexa, avec toute la force qu'elle possédait. Et bien plus encore. « Okay. » Ses lèvres s'écrasèrent sur celles de la brune et elle respira le soupir que Lexa relâcha. « Je vais arrêter de te fuir. Je ne peux plus le faire. »

Elles restèrent encore longtemps sous la pluie, répétant en une litanie ces promesses auxquelles Clarke n'aurait jamais osé croire et qui devenaient de plus en plus forte à chaque prononciation, à chaque baiser, à chaque battement de cœur.

Fin.