Notes : Désolée pour le retard ! Je n'ai pas arrêté de courir à droite, à gauche ces dernières semaines, je n'avais pas un moment à moi. En tout cas, je n'abandonne pas cette fic (même si plus je la lis, moins je suis satisfaite du résultat). Et si ça peut me faire pardonner, ce chapitre est un peu plus long que les précédents (~4,500 mots)

Avec ce chapitre et l'arrivée d'un OC, nous commençons une nouvelle partie de l'histoire. J'espère que ça vous plaira toujours autant ;)
Comme d'habitude, les fautes qui restent sont uniquement les miennes.

Et pour répondre à Clara Black Wolf : si l'intrigue avance enfin dans ce chapitre, les Fondateurs ne sont pas encore pour tout de suite. Mais rassure-toi ! On devrait voir la première apparaître d'ici un ou deux chapitre ;)

Chapitre 5

Merlin savoura les premiers jours de sa nouvelle position. Il fut vite apparent qu'être Conseiller du Roi et Sorcier de la Cour induisait peu d'obligations par rapport à son ancien travail de serviteur. Il se devait juste d'assister au conseil quotidien le matin et de donner son avis sur les affaires concernant la magie, ce qui lui laissait beaucoup de temps libre. Il aurait pu en profiter pour s'entraîner avec ses pouvoirs mais il n'avait jamais été très bon pour l'autodiscipline et il se trouvait bien plus souvent à errer dans les couloirs du château ou dans les rues de la ville basse.

Avec sa nouvelle fonction lui avaient été aussi attribués de nouveaux appartements. Merlin en appréciait le confort et l'espace, et même si c'était étrange de ne plus croiser Gaius régulièrement, il savait que son mentor devait savourer le retour de son intimité.

Mais rapidement il s'ennuya. Il n'y avait pas grand-chose à découvrir dans le château et ses alentours et la solitude de sa nouvelle chambre le déprimait. A peine une semaine s'était écoulée et il avait déjà renvoyé le serviteur qui avait été nommé à son service, préférant faire les tâches lui-même. Malgré la révélation de ses pouvoirs, il ne les utilisait pas tellement, préférant retrouver des gestes familiers.


Ça avait été une journée comme les autres. Petit-déjeuner. Conseil. Un peu de ménage. Déjeuner avec Gaius. Un peu de magie. Du ménage et de la magie encore.

A ce rythme-là, il allait mourir d'ennui !

xXx

George, poli comme toujours, servait le dîner avec une déférence un peu trop cérémonieuse au goût d'Arthur. Merlin ne lui avait jamais tant manqué que dans ces moments-là. Avait-il fait une erreur ? Il se morigéna aussitôt pour cette pensée. Merlin méritait cette position à présent tout le monde savait qu'il n'était pas le simple serviteur qu'il avait toujours prétendu être. Tout le monde pouvait enfin l'apprécier à sa juste valeur.

Mais Arthur ne pouvait s'empêcher de regretter ce choix lorsqu'il se retrouvait seul avec George.

xXx

La porte s'ouvrit sans qu'on ait frappé. George se retourna avec un sursaut mais fut à peine surpris de reconnaître Merlin. Qui d'autre pouvait entrer ainsi dans les appartements du roi sans attendre d'être invité ?

Grâce à son professionnalisme à toute épreuve, George resta impassible alors que Merlin s'asseyait face au roi sans que celui-ci ne lui ait donné la permission.

— Voulez-vous du vin ? demanda le serviteur poliment.

Merlin leva les yeux vers lui et acquiesça.

— Merci, George.

Ce dernier inclina brièvement la tête après lui avoir donné un verre et reprit sa posture droite, les mains croisées dans le dos. Le roi s'était reposé contre le dossier de sa chaise et observait le sorcier d'un air amusé.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive, Merlin ? On dirait que tu es prêt à te pendre.

L'intéressé fit une grimace et posa les coudes sur la table, ses doigts enfouis dans ses sombres cheveux. George haussa à peine les sourcils mais n'en pensa pas moins de ce manque de tenue.

— Je m'ennuie… répondit-il d'une voix plaintive. C'est un cadeau empoisonné que tu m'as fait. Je n'ai rien à faire de mes journées. J'ai même dû renvoyer Elouan pour pouvoir faire moi-même mon ménage. Sans magie !

Le roi éclata de rire et Merlin prit un air offusqué.

— Tu as fait de ma vie une horreur et tu te moques de moi ? Tu sais que je pourrais te transformer en crapaud !

George serra les dents. Comment ce sorcier pouvait-il ainsi parler au roi Arthur et le menacer de la sorte ?

— Ce n'est pas toi qui m'as dit un jour qu'un baiser pourrait me transformer en prince charmant ?

Merlin baissa la tête et George fut certain de le voir rougir.

— Crétin.

George n'aurait pas dû être surpris lorsque le rire du roi redoubla de force.

— As-tu mangé ?

Le sorcier releva la tête tout en la secouant. Le roi poussa un soupir résigné et fit glisser son assiette à travers la table, récolant un regard surpris du brun.

— George me donne toujours trop de nourriture, répondit Arthur avant d'adresser un sourire à son serviteur pour lui signaler que ce n'était pas un véritable reproche.

Ce dernier bomba légèrement le torse, fier de voir son travail apprécié.

— Lui, au moins, ne pense pas que je suis trop gros, continua le roi, ses yeux de nouveau sur le sorcier.

Merlin gloussa sans rien dire et se contenta de manger.

— C'est vraiment très bon, déclara-t-il après quelques minutes de silence.

Il s'était tourné vers George, et le serviteur inclina poliment la tête en sa direction pour le remercier.

— Tout doit te paraître comestible, remarqua Arthur, après le rat que tu m'as forcé à manger.

Le visage de Merlin exprima alors quelque chose d'étrange, à mi-chemin entre la joie et l'horreur que lui rappelait ce souvenir.

Le dîner continua ainsi, Merlin et Arthur échangeaient des moqueries et des plaisanteries qu'eux seuls pouvaient trouver amusantes grâce à leurs souvenirs communs. Pas que George ait particulièrement été intéressé d'en savoir plus. Il restait discret servait quand on avait besoin de lui et restait en retrait quand ce n'était pas le cas.

Lorsqu'ils eurent terminé de manger, George débarrassa la table, puis il s'avança vers Arthur qui s'était levé, prêt à le préparer pour son coucher mais le roi l'arrêta d'un geste.

— Ce sera tout pour ce soir, George. Merci, déclara-t-il poliment.

George s'inclina devant lui et prit les restes du repas avant de sortir de la chambre. Il devrait penser à rajouter une assiette au petit-déjeuner du roi le lendemain matin.

xXx

George ferma la porte et Merlin ne put retenir plus longtemps un soupir. Il ne s'était jamais sentit à l'aise avec le serviteur : il ne savait pas si George était aussi respectueux avec Arthur parce qu'il l'appréciait vraiment ou si c'était simplement par ambition. Bien qu'Arthur semblât lui faire confiance et que personne n'ait jamais eu à se plaindre du travail de George, Merlin ne parvenait pas complètement à se détendre en sa présence. Gwen lui avait fait remarquer quelques jours auparavant qu'il se sentait peut-être simplement menacé par le fait que George avait hérité de sa place, mais de toute évidence Gwen n'était pas fiable, elle faisait tout le temps confiance à tout le monde… Et puis il n'y avait aucune raison pour que Merlin se sente menacé par George. Ce n'était pas parce que le serviteur se retrouvait maintenant à passer plus de temps que lui avec Arthur que ça voulait dire quoi que ce soit. Certes depuis la cérémonie Arthur et Merlin ne s'étaient pas beaucoup vus, mais Arthur avait été très pris par ses devoirs et…

— Merci Merlin, dit soudain Arthur en passant une main lasse sur son visage.

— Pour quoi ?

— J'apprécie George, mais il est si ennuyeux.

Ah ! Voilà ! Gwen ne savait rien ! Evidemment que George ne valait rien à côté de Merlin, il n'en avait jamais douté !

Il sourit, satisfait, et fit quelques pas en direction d'Arthur.

— Il faut croire que ma promotion est aussi un cadeau empoisonné pour toi.

Arthur leva les yeux au ciel et prit Merlin par un pan de sa veste pour l'attirer à lui.

— Nous devons juste nous habituer à ce nouveau rythme, murmura-t-il, ses lèvres effleurant à peine celles de Merlin.

— J'ai l'impression que je n'ai jamais été aussi éloigné de toi depuis que j'ai arrêté de te servir.

Merlin n'avait pas voulu se plaindre, mais il ne put retenir une grimace de dépit. Le fait de ne plus voir Arthur aussi souvent n'avait certainement pas amélioré son humeur ces derniers jours.

— Je sais, dit Arthur.

Ils se contemplèrent plusieurs instants puis Merlin embrassa Arthur doucement.


Arthur avait raison. La promotion de Merlin avait bouleversé leurs vies. C'était un changement auquel ils s'habituaient petit à petit.

Merlin habitait toujours dans ses appartements mais officieusement il avait échangé la solitude de son lit contre la chaleur des bras d'Arthur. George ne montra aucun signe de surprise en les trouvant endormis ensemble le matin. Merlin lui en était reconnaissant mais s'il conservait toujours quelques doutes à propos du serviteur. George restait tout le temps impassible, quoi qu'il arrive, qu'il en devenait impossible de savoir ce qu'il pensait. Merlin avait vu trop de personnes s'approcher d'Arthur pour finalement se retourner contre lui pour ne pas garder un peu de méfiance à l'égard de George.

Il allait voir Gaius tous les jours. Il en profitait pour l'aider, mais il arrivait qu'ils restent simplement à discuter de choses et d'autres.

Parfois il allait assister aux entraînements des chevaliers. La plupart du temps il n'était que simple spectateur, et quelques fois il s'offrait en tant qu'adversaire. Avec Arthur ils avaient décidé d'entraîner les chevaliers à se battre contre les sorcier et Merlin était le meilleur (et unique) instructeur dans ce domaine à leur disposition.

Des habitants de tout le royaume continuaient de venir voir le roi pour se plaindre de sorts récents ou anciens. Commença alors pour Merlin des allers retours réguliers dans les différents villages de Camelot. Il allait parfois seul mais le plus souvent quelques chevaliers l'accompagnaient. Il n'y avait pas véritablement de menace, mais c'était toujours plus agréable de voyager en compagnie de ses amis.

Arthur quant à lui continuait de jongler entre les conseils, les audiences, les entraînements et au grand dam de Merlin, il trouvait également le temps d'aller à la chasse. Merlin continuait de l'accompagner même s'ils se disputaient toujours et finissaient par faire fuir toutes les proies alentour.

Ils pouvaient presque croire qu'ils avaient enfin le droit au bonheur qu'ils méritaient tant après toutes les épreuves qu'ils avaient traversées. Le peuple de Camelot était heureux. Les rois avoisinants avaient établi des alliances avec Arthur. Il n'y avait plus aucun signe de Morgana, et ils essayaient de se persuader qu'elle s'était enfin résignée.


Il était un peu plus de midi lorsque Gwaine et Merlin arrivèrent à Camelot après une longue chevauchée empressée. Ils avaient été dans un des villages les plus éloignés du château pour lever une malédiction. Simple mission de routine. A présent, ils n'avaient plus qu'une hâte : profiter d'un bon repas et retrouver la fraîcheur du château avant qu'il ne fasse trop chaud en cette fin de printemps.

Une fois dans la cour du château ils descendirent de selle alors que Lancelot se précipitait vers eux. Ils se saluèrent chaleureusement puis Lancelot se tourna vers Merlin.

— Arthur te demande. Il est dans la salle du conseil.

Gwaine et Merlin échangèrent un regard mais le chevalier haussa des épaules, n'en sachant pas plus que son ami.

xXx

Arthur masquait son ennui tandis qu'il écoutait ses conseillers d'une oreille distraite. Toutes leurs discussions, tous leurs arguments ne valaient rien sans l'avis de Merlin, mais ils semblaient croire que s'ils se mettaient d'accord, ils pourraient influencer le sorcier. Ça amusait Arthur. Merlin était un des êtres les plus bornés qu'il connaissait et ce n'était pas une poignée d'hommes qui le feraient changer d'avis.

Un garde entra soudain dans la salle, interrompant les discussions. Il annonça l'arrivée de Merlin qui se faufilait déjà dans la pièce. Arthur se leva aussitôt et donna une rapide accolade au sorcier, s'enquérant sur son voyage et l'issue de sa mission. Après lui avoir répondu, Merlin chercha à savoir ce qu'il se passait. Arthur retourna alors à sa place et fit signe à Léon d'expliquer la situation.

— Hier une femme est arrivée à Camelot avec sa fille. Elle voulait te voir mais comme tu étais absent, elle s'est adressée au roi.

— Que voulait-elle ? demanda Merlin en prenant place à la table.

— Sa fille a des pouvoirs magiques et elle voudrait que tu lui apprennes à les maîtriser.

Merlin haussa les sourcils de surprise. C'était bien la dernière chose à laquelle il pouvait s'attendre !

— Le problème, intervint Alvin, est que si vous acceptez de la prendre comme élève, cela risque d'attirer d'autres sorciers. Je ne remets pas en cause votre loyauté, assura-t-il en fixant Merlin dans les yeux, mais on ne peut être certains de ceux qui viendront ensuite.

Merlin hocha pensivement la tête mais ne dit rien. Il comprenait les inquiétudes d'Alvin. Si Merlin commençait à entraîner des sorciers et que ceux-ci se décidaient de se retourner contre Camelot, les chevaliers seraient incapables de se défendre.

— Cependant, fit Ian, un autre conseiller, avoir plusieurs sorciers de notre côté ne serait pas une mauvaise chose. Les royaumes voisins n'ont jamais hésité à recourir à la magie et nous, nous n'avons qu'un seul sorcier dans nos rangs. Il sera facile à nos adversaires de connaître l'étendue de nos possibilités et ils n'auront pas de scrupules à recruter d'autres sorciers en conséquent. Si nous formons nous-mêmes d'autres sorciers, nous aurons plus de chance de vaincre sur le champ de bataille.

Merlin tourna la tête et échangea un regard avec Arthur. Le roi resta impassible en matière de magie, Merlin était le seul à même d'évaluer les risques et Arthur se plierait à sa décision, quelle qu'elle soit. Merlin poussa un profond soupir et fit face aux conseillers qui l'observaient, attendant son jugement.

— Je souhaiterais d'abord voir l'enfant et sa mère avant de me prononcer, déclara-t-il d'une voix calme.

Les conseillers parurent déçus mais se résignèrent quand ils remarquèrent que le roi ne s'opposait pas à cette décision. Arthur se leva alors et regarda chacun des hommes présents.

— Je crois qu'il est temps de se séparer. Merlin nous fera savoir sa décision au conseil demain matin.

Tout le monde se leva et sortit de la pièce. Arthur resta à parler avec quelques hommes dans le couloir et le sorcier en profita pour aller faire un tour aux cuisines.

xXx

Merlin était assis à une table, face à Gwen qui le couvait d'un regard maternel.

— On dirait que tu n'as pas mangé depuis que tu es parti. Gwaine aurait-il volé ta nourriture ? plaisanta-t-elle.

Il sourit avant de mordre dans sa cuisse de poulet. Gwen se redressa tout à coup mais Merlin n'eut pas le temps de poser de question car une voix traînante s'éleva derrière lui.

— En train de dévaliser les cuisines, Merlin ? Awdrey ne serait pas heureuse de l'apprendre.

Le sorcier se retourna et sourit de toutes ses dents pour montrer à Arthur qu'il n'avait rien à faire de ses menaces. Le roi prit un air dégouté et détourna la tête.

— Ta mère ne t'a jamais appris à garder la bouche fermée quand tu manges ?

Merlin haussa les épaules et reprit sa position initiale, échangeant au passage un regard amusé avec Gwen. Arthur s'assit à côté de lui, posant brièvement une main sur l'épaule de Merlin.

— Je suis désolé de t'avoir imposé cela dès ton retour, mais je ne pouvais pas faire traîner cette affaire.

— Je comprends.

— Quelle affaire ?

Ils tournèrent la tête vers une Gwen intriguée.

— A propos de Beth et Dilys, informa Arthur.

— Qu'est-ce qu'elles ont ? Il leur est arrivé quelque chose de grave ?

Arthur secoua la tête.

— Dilys souhaite devenir l'élève de Merlin.

— Elle est sorcière ?

Arthur acquiesça.

— Et en quoi cela pose-t-il un problème ? demanda-t-elle à Merlin.

— Ce n'est pas à nous que ça dérange, répondit Arthur à la place du sorcier qui finissait son assiette, mais aux autres membres du Conseil. Ils ont peur qu'en prenant Dilys comme élève, cela attire d'autres sorciers.

— Ils ont peur que certains de ces sorciers ne viennent pas seulement pour l'enseignement de Merlin, mais pour profiter de leurs pouvoirs à des fins malveillantes, devina Gwen.

Merlin et Arthur hochèrent la tête d'un même mouvement.

— Mais Merlin, si tu acceptes de prendre Dilys sous ta protection, tu n'es pas obligé de faire de même pour tous les sorciers qui viendront te voir. Tu peux n'avoir qu'un élève à la fois, propose la jeune femme.

Arthur et Merlin échangèrent un regard surpris. Ils n'avaient pas pensé à cette solution qui représentait pourtant un bon compromis à leur situation.

— De toute manière, je dois d'abord rencontrer Dilys avant de prendre une décision.

Aussitôt l'air grave de Gwen quitta son visage, remplacé par un chaleureux sourire.

— Je suis certaine que tu vas l'adorer !

Gwen lui raconta alors comme elle avait rencontré la jeune fille et sa mère peu de temps après leur entrevue avec le roi. Dilys avait paru aussi perdue que Merlin à son arrivée à Camelot, mais avec quelques encouragements de Gwen et sa mère, elle n'avait pas tardé à surmonter sa timidité pour bavarder avec la servante.

Merlin se laissa aller à sourire. Gwen se trompait rarement pour juger des gens, et si elle appréciait Dilys, alors Merlin allait probablement s'attacher à son tour à la jeune fille.

— Où sont-elles ? demanda-t-il quand il eut fini son déjeuner.

— Je crois que Dilys voulait faire le tour du château, informa Gwen. Mais je ne sais pas où elles peuvent être exactement.

— Tu veux venir ? s'enquit Merlin en lançant un regard à Arthur.

Celui-ci secoua la tête.

— Désolé, je ne peux pas. J'ai un entraînement avec les chevaliers.

Merlin acquiesça, un peu déçu de ne pas pouvoir passer plus de temps avec Arthur après plusieurs jours loin de lui. Arthur se leva et pressa à nouveau une main sur son épaule avec un sourire contrit avant de partir.

xXx

Personne ne semblait avoir vu la jeune sorcière et sa mère. Merlin commençait à désespérer elles pouvaient être n'importe où dans le château. Quelle idée de vouloir visiter alors qu'on était attendu ! Et qu'y avait-il d'intéressant dans les pierres de Camelot pour une jeune fille ? Il se résigna à faire un sort de localisation, mais il avait peu d'espoir. Il n'avait jamais rencontré ni Dilys, ni Beth, il doutait de pouvoir les reconnaître.

Il s'arrêta dans un couloir désert et ferma les yeux alors qu'il s'asseyait par terre. Il n'eut même pas besoin de prononcer de formule, il laissa simplement sa magie l'envahir de toute part. Sur l'écran de ses paupières closes il vit alors plusieurs points lumineux mouvants. Chacun d'entre eux représentait une personne de Camelot. Merlin n'eut aucune difficulté à reconnaître l'essence d'Arthur la plus brillante de toutes, si blanche et si pure. Une autre lumière attira son attention. Toutes les personnes étaient représentées par une lueur laiteuse, plus ou moins éclatante selon si Merlin les connaissait bien ou non, mais l'une d'entre elles rayonnait d'un éclat doré. C'était la première fois qu'il assistait à cela. Il se concentra dessus et bien qu'il fût certain de n'avoir jamais rencontré la personne en question, elle lui paraissait étrangement familière. Merlin ne tarda pas à comprendre d'où venait cette sensation : leurs magies étaient semblables, la personne avait des pouvoirs magiques innés comme lui.

Merlin mit quelques instants à savoir où se trouvait exactement la personne, puis il se releva, se retenant difficilement de courir pour aller la rencontrer, espérant qu'il s'agissait bien de la jeune sorcière.

xXx

Dilys était éblouie elle avait toujours vécu dans un village de la campagne de Camelot et n'avait jamais rien connu d'autre que les toits de chaume et les murs de chaux. Elle n'avait jamais pensé que des murs de pierres puissent être aussi blancs ou les couleurs de vitraux aussi vives. Elle se retourna vers sa mère qui souriait à son émerveillement.

— C'est magnifique !

Sa mère hocha la tête et la rejoignit, passant un bras autour de ses épaules. Elles restèrent plusieurs minutes en silence à admirer les sculptures et les vitraux jusqu'à ce qu'elles entendent des bruits de pas.

Un jeune homme venait d'arriver. Il paraissait plus jeune que son âge à cause de sa frêle silhouette, cependant Dilys fut surprise par la gravité de son regard derrière la lueur malicieuse, on devinait de lourdes responsabilités. C'était le même regard qu'avait eu sa mère après la mort de son père.

— Dilys ? appela-t-il.

L'interpellée leva la tête vers sa mère qui, d'un bref hochement de tête, l'autorisa à répondre.

— Hum, c'est moi, répondit-elle d'une petite voix.

Le jeune homme sourit et s'avança vers elle.

— Je m'appelle Merlin.

Dilys écarquilla les yeux de surprise. Elle ne s'était pas attendue à ce que le célèbre Merlin soit aussi jeune ! A vrai dire, elle l'aurait plutôt imaginé comme le vieux médecin qu'elle avait rencontré la veille.

— Nous sommes honorées de vous rencontrer enfin, déclara sa mère.

Merlin tourna la tête et eut un sourire gêné.

— Désolé de vous avoir fait attendre. On m'a mis au courant de votre demande à mon retour et je suis venu vous voir dès que j'ai pu.

— Êtes-vous prêt à l'accepter ? demanda-t-elle d'une voix tremblante qui trahissait son anxiété.

Merlin ne répondit pas tout de suite et son sourire s'atténua légèrement.

— Depuis quand as-tu tes pouvoirs ? demanda-t-il en reposant son attention sur Dilys.

— Depuis toujours.

— Et comment cela se passe-t-il, lorsque tu fais de la magie ?

Dilys haussa les épaules. Elle n'avait jamais essayé de mettre des mots sur ses pouvoirs, ça aurait été comme décrire le fait de respirer ou de sentir la chaleur du soleil sur sa peau. C'était là, elle ne s'était jamais vraiment posé de question.

— C'est comme… C'est comme si je sentais une force m'envahir. Mais ce n'est pas une force étrangère, parce que je la sens toujours là, expliqua-t-elle en mettant une main sur sa poitrine. J'arrive un peu à la contrôler, pour faire des petites tâches, mais la plupart du temps, elle se manifeste d'elle-même.

Le sourire de Merlin changea à nouveau, emprunt de satisfaction.

— Nous commençons ta première leçon demain après-midi.

Dilys laissa échapper une exclamation de joie quand elle comprit ce que le sorcier venait de dire et prit ses mains entre les siennes, répétant « Merci. Merci beaucoup ».

xXx

Merlin se pétrifia de surprise lorsque Dilys serra ses mains, ne cessant de le remercier. Il émit un court rire nerveux et passa une main dans les longues boucles de l'adolescente avant qu'il ne s'en rende compte. Quand il releva la tête, Beth les observait, les larmes aux yeux. Il reconnut son expression, c'était la même que portait sa mère quand elle l'avait envoyé à Camelot. Certes elle savait que Merlin serait mieux auprès de Gaius plutôt qu'à Ealdor, mais elle ne pouvait se résigner à se séparer de son fils unique, sans savoir quand ils se reverraient.

— Je vais vous laisser, déclara-t-il. Je reviendrai vous voir avant le dîner.

Beth lui lança un regard reconnaissant et Merlin sourit une dernière fois à une Dilys rayonnante avant de partir voir Gaius pour lui annoncer la nouvelle.

Sans grande surprise, son mentor était on ne peut plus heureux en apprenant cette annonce.

— Tu as fait le bon choix, Merlin.

Le sorcier sentit ses joues rougir, rasséréné d'avoir l'approbation de Gaius.

— Je me demande quand même si je serai un bon professeur.

— Tu seras parfait, j'en suis certain, le rassura Gaius.

Merlin esquissa un sourire mais les mots de son mentor ne parvinrent pas à chasser totalement l'appréhension qui nouait son ventre. Le futur de Dilys serait déterminé par les enseignements de Merlin, il avait le destin d'une nouvelle personne entre ses mains. S'il échouait, que deviendrait Dilys ? Peut-être aurait-il dû demander conseil à Kilgarrah, même s'il doutait que les paroles nébuleuses du Grand Dragon l'auraient vraiment aidé.

Gaius ne tarda pas à le renvoyer de son atelier avec plusieurs médecines à livrer.

xXx

Une heure plus tard, Merlin avait terminé sa tournée et se dirigea vers le terrain d'entraînement. Elyan était en train d'enseigner une de ses bottes personnelles à de nouveaux chevaliers, tandis que les plus anciens s'entraînaient par paires au combat à mains nues. Arthur avait pris part à l'entraînement mais se préparait visiblement à se retirer du terrain pour la journée. Il aperçut Merlin et lui fit signe de le rejoindre.

— Alors, comment ça s'est passé ? s'enquit le roi après avoir renvoyé l'écuyer qui s'affairait autour de lui.

Merlin s'arrêta à côté de lui et commença à défaire les liens qui retenaient les différentes parties de l'armure ensemble.

— Très bien. On commence demain.

Arthur hocha la tête.

— J'étais en train de réfléchir… commença le roi, qui lança un regard noir à Merlin pour empêcher un rire moqueur qui allait certainement se faire entendre. (Évidemment, ce regard n'avait plus aucun effet sur le sorcier depuis des années, mais il se contenta néanmoins d'un sourire espiègle, invitant son amant à continuer.) Beth ne pourra certainement pas rester éternellement ici, à ce que j'ai compris. Je me disais que Dilys pourrait aller chez Guenièvre.

Merlin s'arrêta un instant et hocha lentement la tête plusieurs fois la tête.

— C'est une bonne idée. Gwen a l'air de déjà adorer Dilys. Et puis, elle serait contente de ne plus vivre toute seule.

— C'est ce que je pensais aussi.

Merlin continua de défaire l'armure en silence et après quelques minutes, Arthur l'arrêta en posant une main sur son avant-bras.

— Tout va bien ?

Le brun fronça un instant les sourcils avant de hausser les épaules. Il ne voulait pas déranger Arthur avec ses stupides doutes, mais il savait pertinemment que le roi ne le laisserait pas partir avant qu'il n'ait lâché le morceau.

— C'est juste que ça me rappelle la première fois que je suis arrivé ici, avoua-t-il sans oser regarder Arthur dans les yeux.

— Dilys a eu plus de chance que toi, devina Arthur.

Merlin hocha la tête avant de croiser le regard de son amant.

— Mais c'est bien. Ça montre que l'on peut avancer. Qui sait, peut-être que dans dix ou vingt ans, il y aura une véritable école pour sorciers, avec différents instructeurs comme pour tes chevaliers.

Arthur rit à ses paroles et Merlin fit semblant de prendre un air offensé.

— Pourquoi te moques-tu ?

— Je ne me moque pas, j'apprécie simplement ton optimisme.

La vexation de Merlin se fit plus sincère, ce qui n'échappa à Arthur. Ce dernier sourit et posa une main sur l'épaule de Merlin.

— C'est un beau rêve.

— J'aimerais que ce soit plus qu'un rêve, murmura le sorcier, surpris par la soudaine gravité de son propre ton. Nous avons le pouvoir d'accomplir de grandes choses Arthur, pourtant si le peuple ne nous suit pas, alors tout ce que nous ferons ne servira à rien.

Arthur serra les dents. Merlin avait raison. Il aurait souhaité faire tellement pour Camelot, mais il savait que le peuple n'était pas encore prêt. Le serait-il seulement un jour ?

xXx

Ils allèrent retrouver Dilys, Beth et Gwen pour leur faire part de leur idée. Les deux femmes acceptèrent immédiatement, mais Dilys était un peu plus sur la réserve. Elle se rendait enfin compte de ce qui était en train de se passer et l'idée de se séparer de sa mère l'effrayait terriblement. Mais c'était pour une bonne cause, essaya-t-elle de se rassurer en regardant Merlin.

xXx

Le lendemain matin, Merlin annonça la nouvelle au Conseil. L'ensemble des conseillers parurent satisfaits par l'alternative que Gwen avait suggérée à Merlin. Ils étaient certains que Dilys ne représentait pas de danger, ou du moins aucun que Merlin ne puisse contenir. Et si Merlin se limitait à un élève à la fois, ils n'auraient pas à craindre une armée de sorciers au sein même de Camelot.