Bonjour à tous !

Quelques petites précisions à propos de cette fiction :

- Le rating M est justifié par la présence de vulgarité et d'allusions sexuelles. Rien de détaillé cependant.

- Je me suis amusée à cumuler certains clichés observés dans les Hijack/fictions en général. Pas de quoi vous faire sauter au plafond en appelant Jésus, Marie, Joseph et tous les apôtres, ne vous en faites pas (je crois).

- Je m'excuse pour les fautes. Je déteste me relire, seigneur. Si quelqu'un se découvre une soudaine passion enflammée pour cette fic (Uh uh uh, jerry) et souhaite devenir bêta, n'hésitez pas surtout !

- La fiction n'est pas très longue, et je publierai tous les mardis ou toutes les deux semaines selon mes disponibilités.

Je crois que c'est tout. En espérant que ça vous plaise,

Humblement votre,

Plume1304

Disclaimer : Les personnages appartiennent à DreamWorks Animation et Disney.


A long terme


— Bon, qu'est-ce que je fais là ?

— Comment ça, qu'est-ce que vous faites là ? On vous a attrapé presqu'entièrement nu et saoul dans les rues à une heure du matin ! C'est une atteinte à la pudeur et ivresse sur la voie publique, Frost. Et on a trouvé deux joints dans votre manteau.

— Vous voyez, j'avais un manteau ! Je n'étais pas nu.

Harold serra les dents, et ses poings se crispèrent sur la table de bois brun — une vieille table, dont un des pieds avait été rafistolé manuellement par Aster il y a quelques semaines. Ils voulaient la changer, mais personne n'avait pris la peine de faire la moindre démarche.

En face de lui, Jack Frost s'avachit un peu plus dans sa chaise, croisa les pieds puis entortilla négligemment ses doigts sur son ventre recouvert par un pull en cachemire gris qui lui avait coûté un rein. Il retroussa ses lèvres et afficha un sourire goguenard à l'officier de police en face de lui.

— Bon, m'sieur l'agent, si on pouvait sauter l'accusation et passer directement à l'amende, ça m'arrangerait : j'ai d'autres chats à fouetter.

Il fit mine se lever, et Harold contourna la vieille table pour lui appuyer avec force sur les épaules et le forcer à se rasseoir.

— Aïe ! Putain, mais ça fait mal ! se plaignit l'autre.

— Vous restez ici, grogna le brun en abattant sa main sur la table.

Il y eu un bruit sourd, puis une sorte de craquement, et Harold songea qu'il éviterait à l'avenir de martyriser cette pauvre table.

— Il faudrait penser à la changer, elle vous fait perdre le peu de prestance que vous aviez, fit remarquer Jack en hochant la tête d'un air entendu. Enfin, vous avez sans doute raison : mieux vaut consacrez le peu d'argent que vous recevez par mois à la bouffe et aux gosses.

— La ferme, siffla Harold. Ce n'est pas la première fois que tu finis ici.

— De quo... ? Ah, ça ! C'est parce que je vous aime beaucoup. Et c'est manifestement réciproque.

— Ne joue pas avec moi, Frost.

— Mais c'est la vérité ! Je suis une personne innocente — il leva les mains en l'air — : bon, j'avais bien un verre ou deux dans le nez, mais à qui n'est-ce jamais arrivé ?

Harold soupira longuement. Jack Frost commençait à le faire doucement chier.

— Très sérieusement, reprit-il en se redressant un peu dans sa chaise. Je ne sais pas ce que je fais ici. Et vous non plus, je parie, ajouta-t-il avec un sourire narquois. Donc, vous me collez mon amende, je vous paie, vous aurez fait votre boulot, et en prime, vous aurez peut-être une nouvelle table ! Vous devriez penser à changer les chaises, aussi, celle-là fait drôlement mal au cul.

— La-ferme, martela Harold.

— Vous m'avez l'air un peu tendu. Vous devriez prendre un de ces joints.

— Je ne suis pas comme toi.

— Exact. Vous voyez, je parie que vous avez une vie bien rangée... Une maison décorée avec goût mais sans grande personnalité, un chat et un chien qui s'entendent à merveille, une adorable femme blonde docilement soumise. J'ai raison, pas vrai ? Aucune folie. Putain, je parie même qu'au pieu, tu ne baises ta femme qu'en missionnaire.

— Je n'ai ni chat, ni chien, grogna stupidement Harold. Et fais attention à ce que tu dis, tu parles à un représentant de la loi.

Un nouveau soupir, et puis finalement, Harold sortit de la pièce sous l'œil satisfait de Jack. La porte se referma en un claquement lourd. Harold était un professionnel. Il ne perdait jamais son sang froid, et ne se laissait pas atteindre par des remarques aussi puériles que celles-ci. Et surtout, surtout, il ne se laissait jamais être dominé lors des interrogatoires. Mais Jack Frost lui faisait perdre tous ses moyens. L'enfoiré.

A pas lourds, Harold se dirigea vers l'accueil, où il trouva Aster un gobelet à la main et discutant avec la nouvelle secrétaire. Il s'avança.

— Aster, interpella-t-il son collègue. Je te le confie. Je crois que j'ai besoin d'un café.

Aster hocha la tête, fit un clin d'œil à la secrétaire, qui repoussa une mèche violette derrière son oreille en souriant, et puis se dirigea vers la salle qu'avait quittée Harold.

— Bonne chance, grommela ce dernier entre ses dents.

Il fouilla dans la poche de son manteau, en sortit un porte monnaie en cuir émietté, puis inserra quelques pièces dans la machine à café, près du comptoir de l'accueil. Ici, le café n'était pas vraiment bon — il était même carrément dégueulasse, s'il voulait être tout à fait honnête — mais pour l'instant, ça lui suffisait.

Un quart d'heure plus tard, Aster revenait suivi de Jack Frost qui souriait toujours. Cinq minutes plus tard, ce dernier était sortit du commissariat après avoir secoué la main en direction de Harold.

— Alors ? questionna ce dernier.

— Comme d'habitude, tu t'en doutes, répondit Aster en haussant les épaules. Il a payé son amende. Tiens, il t'a même laissé un mot, fit-il en lui tendant un post-it rose fluo.

Harold le lit rapidement en serrant les dents :

En espérant que vous puissiez vous payer votre table, Sherlock de mes deux.

Avec tout mon amour,

Jack Frost.

OoO

C'était une librairie miteuse perdue en plein centre de la ville ; mais il y avait ce bar qui avait gagné en popularité pas très loin, alors elle avait tout de même sa clientèle. Les clients étaient variés, de tout âge et de tout sexe ; la librairie offrait une large gamme de produit.

Un bruit sourd à sa droite fit sursauter Jack, occupé à taper quelques références sur un ordinateur vieux comme le monde, et ses yeux tombèrent sur un gamin roux qui devait à peine lui arriver à la poitrine. Le petit pointa du doigt l'un des tomes d'Harry Potter qu'il avait jeté sur sa caisse, et Jack agrippa le bouquin avant de le scanner et de réclamer l'argent au rouquin.

Lorsque son client fut reparti, Jack replongea le nez dans l'écran de l'ordinateur — décidément, il faudrait vraiment songer à le changer. Bon sang, une voix suave de femme le saluait-même lorsqu'il l'allumait. Une antiquité.

La matinée défila, au cours de laquelle il faisait à moitié son travail, lisant discrètement un livre d'Hemingway qu'il avait posé sur ses genoux. Il ne lui restait plus qu'une dizaine de page lorsqu'une voix l'interpella, le faisant sursauter.

— Tiens ! dit-elle. Ne serait-ce pas Jack Frost ?

Devant lui se tenait Harold Haddock, vêtu d'un manteau de cuir marron, d'une chemise blanche parfaitement repassée et d'une cravate dont le noeud avait été fait avec soin. Lui même avait quelques difficultés pour réussir un nœud de cravate. La plupart du temps, il demandait à sa conquête du moment de le faire pour lui. Enfin, pas qu'il ait vraiment besoin de porter une cravate, de toute façon.

Jack leva les yeux au ciel.

— C'est pas vrai, grogna-t-il en refermant sèchement le Hemingway. Même quand vous êtes en civil, il faut que vous veniez me faire chier !

— Surveillez votre langage, Frost.

Jack leva un sourcil.

— Tiens donc, susurra-t-il. On repasse au vouvoiement ? Il est un peu tard pour les politesses, vous ne croyez pas ?

Harold esquissa un geste de la main, comme pour balayer ses paroles.

— Vous l'avez dit vous même, je suis en civil. Qu'est-ce que vous faîtes ici ?

— Je cueille des fleurs, railla Jack.

Harold leva les yeux au ciel, puis s'aventura à travers les étalages, à la recherche de quelques livres qui pourraient accompagner ses soirées. A l'entrée, Jack avait repris la lecture de son roman, la main droite posée sur sa souris d'ordinateur, au cas où son patron aurait l'idée de se pointer.

— Vous pouvez m'aider ?

Jack leva les yeux au ciel en refermant sèchement son livre pour la seconde fois. Décidemment, on n'allait pas le laisser tranquille, aujourd'hui.

— Quoi ? grogna-t-il.

— Eh bien, vous travaillez ici, je suppose — Tu supposes bien, Sherlock, grogna Jack presque imperceptiblement — et je suis à la recherche d'un livre...

— Oui, c'est généralement le cas de ceux qui entrent dans une librairie.

Harold soupira et leva les yeux au ciel, en se demandant si il arrivait à ce gars d'être aimable de temps en temps. Il lui fit part de ses réflexions à haute voix.

— Quelques fois, entre midi et deux. Et un peu le soir, aussi, répondit très sérieusement Jack en laissant tomber son dos contre le dossier de sa chaise. Qu'est-ce que vous voulez, alors ?

— Qu'est-ce que vous me conseillez ?

Jack se leva de sa chaise, faisant racler les pieds contre le parquet noirci, et contourna sa caisse pour aller parcourir les étagères. Il ne vérifia pas qu'Harold le suivait : ça n'avait pas tellement d'importance.

— Si vous êtes comme la majorité des clients et qu'un roman policier est la seule chose capable de capter votre intêret le soir, c'est ici — il montra sa droite de son pouce. Si vous préférez le classique, cependant, et ça m'étonnerait, vous voyez, c'est plus lo...

— Qu'est-ce que vous lisiez ? l'interrompit Harold.

— Pardon ?

— Lorsque vous faisiez semblant de travailler, tout à l'heure, qu'est-ce que vous lisiez ?

Jack fit passer son poids sur sa jambe droite et dévisagea Harold. Il croisa les bras et posa sa main gauche sur son menton avant de se passer le pouce sur la lèvre inférieure.

— Un livre d'Hemingway.

— Il est bon ?

— Pas mal.

— Alors je le prends.

Jack plissa les yeux tout en continuant de se caresser la lèvre du pouce. Puis, il se retourna et slaloma à travers les livres afin d'agripper un exemplaire de L'Adieu aux armes. De retour à sa caisse, il le scanna et annonça le prix au policier, qui lui tendit un billet sorti d'un porte-monnaie émietté.

— Elle est chouette, votre librairie...

— C'est pas la mienne, répondit machinalement Jack en scannant le livre.

— Vous avez beaucoup de clientèle ? Les affaires marchent bien, par ici ?

Jack prit vivement le billet que lui tendait Harold et l'encaissa.

— Ecoutez, l'interrompit-il pour la seconde fois. Vous n'êtes pas obligé de me faire la conversation, vous savez. Mais si vous y tenez tant que ça, je finis dans deux heures, vous pourrez m'offrir un café dans le bar d'à côté.

Puis il ricana de sa propre blague, en imaginant le policier l'attendre pendant deux heures afin de prendre un café avec lui. Hilarant.

Harold prit le sac en plastique que lui tendait Jack avec un grand sourire hypocrite et récupéra sa monnaie en fronçant les sourcils en réfléchissant à sa — fausse — proposition. Ce petit con prétentieux l'intriguait, après tout, et ce sera quelque peu jubilant de voir la tête qu'il affichera quand...

— Très bien. Ne soyez pas en retard.

Il se retint de ricaner lorsque Jack donna l'impression qu'il venait de s'étrangler avec sa salive.

— A tout à l'heure, conclut Harold en passant la porte, qui se referma en un doux tintillement.

OoO

Il était là ; assis à une table reculée, une tasse vide devant lui, à lire le livre qu'il lui avait acheté cette après-midi même. Pour tout avouer, Jack ne pensait pas qu'il tiendrait vraiment parole — Bon Dieu, lui-même ne savait même pas s'il allait vraiment venir. Il avait passé ses deux heures de travail à réfléchir à ce qu'il allait faire, tant et si bien qu'il avait à peine continué la lecture de son livre. Et puis, au final, il s'était convaincu de passer en coup-de-vent, juste pour voir si Harold était vraiment venu.

Et il était venu, ce con. Jack esquissa un sourire narquois qui disparu bien vite lorsque ledit con leva les yeux de son livre à ce moment précis pour se lever et s'avancer vers lui. Jack jura entre ces dents : le plan du passage en coup-de-vent ne fonctionnait plus vraiment.

— Salut, fit le brun lorsqu'il se trouva à sa hauteur.

Jack le salua d'un signe de tête et le contourna pour aller s'avachir à sa table. Harold le suivit en levant les yeux au ciel.

— Je n'arrive pas à croire que vous ayiez fait ça, dit Jack une fois qu'il furent assis tous les deux. Vous m'avez attendu pendant deux heures ?

— Bien sur que non. Mon père n'habite pas très loin ; je suis passé lui rendre visite. Je devais lui régler un problème d'assurance, de toute façon. Il n'est pas fichu de le faire tout seul. C'est quand même dingue, ça, diriger une grosse entreprise ne lui pose aucun problème, mais il a besoin de moi pour remplir quelques papiers.

Il conclut sa tirade en appelant un serveur pour commander deux cafés, et lorsqu'ils arrivèrent, ils les sirotèrent quelques minutes sans que l'un des deux ne prenne la parole.

— Je pensais que vous vouliez me parler, fit remarquer Jack.

— C'est faux, le contredit Harold en prenant une nouvelle gorgée. Vous l'avez supposé, et je ne vous ai pas contredit. Vous regarder me suffit. Vous êtes très intriguant, vous savez.

Jack haussa un sourcil.

— Ah oui ?

— Oui. Vous voyez, depuis que vous êtes ici, vous avez déjà volé deux paquets de sucre, une cuillère, et le cendrier. Ils sont dans votre poche gauche.

Jack retroussa ses lèvres dans un semblant de sourire, et plongea sa main dans sa poche. Il en ressortit effectivement les objets du délit. Il reposa le cendrier et la cuillère, mais garda les sachets de sucre ; après tout, il avait le droit de les prendre, non ?

— Vous allez m'arrêter, Sherlock ?

— Arrêtez de m'appeler comme ça, soupira Harold. Et non, je ne vous arrêterai pas. Disons que vous payez nos cafés — il les engloba d'un geste du doigt — et je passe l'éponge.

Jack pensa que ce n'était pas très correct de la part d'un représentant de la loi, mais il sortit tout de même son porte-monnaie de sa poche intérieure, sans préciser, évidemment, que le billet avec lequel il comptait payer avait été dérobé à son dernier amant en date.

— Qu'est-ce qu'il y a dans votre sac ?

La voix interrompit ses pensées, et il dut se concentrer quelques secondes pour comprendre qu'elle parlait du sac au logo de sa librairie posé à ses pied. Il agrippa les lanières et le posa sur la table avant d'en sortir un recueil d'Arthur Rimbaud, Fight Club de Chuck Palahniuk, et un exemplaire du Journal de Mickey. Harold leva un sourcil amusé.

— Mon patron me laisse prendre des bouquins gratuitement, quelques fois. C'est un type cool, Nord.

— Et vous avez choisi ceux-là parce que... ?

Jack posa son dos contre le dossier de sa chaise et croisa les pieds sous la table, en prenant attention à ne pas abimer ses nouvelles Doc Martens ; il avait bossé des semaines pour pouvoir les acheter, et il ne tenait pas à ce qu'elles tombent en lambeaux comme les autres.

— Rimbaud est quelqu'un d'extraordinaire. Il a réussi à résumer en une dizaine d'années seulement l'évolution de la poésie française sur plus d'un siècle. Quant à Fight Club, il est encore plus violent que le film. Vachement intéressant.

— Et le Journal de Mickey ?

— Ah, ça, c'est parce que personne ne surpasse Mickey.

— Pas même Rimbaud ?

— Pas même Rimbaud.

Harold se cala lui-aussi contre le dossier de sa chaise, et but une dernière gorgée de son café avant de reposer la tasse vide sur la table.

— Vous êtes étrange, fit il remarquer alors que Jack rangeait ses livres — Si l'on peut appeler le Journal de Mickey un livre — dans son sac.

— C'est ce que la plupart des gens pensent.

— Ce n'est pas une mauvaise chose.

— Pour certains, ça l'est.

Il regarda sa montre, se leva et s'étira.

— Bon, Sherlock...

— Harold.

— Harold. Ce n'est pas que votre incroyable présence m'ennuie, mais mon autre job commence bientôt, je dois vous laisser.

— Votre autre job ?

— Je suis agent secret.

— Hilarant.

Puis il s'éclipsa avec un dernier clin d'oeil, faisant lever les yeux au ciel à Harold. Jusqu'à ce qu'il remarque que Jack avait récupéré son porte-monnaie et n'avait rien payé du tout.

— L'enfoiré, grommela Harold en sortant sa carte de crédit.