Bonjour !

Veuillez m'excuser pour ce retard honteux.

Il s'est passé beaucoup de choses – mes examens de fin d'année, mon anniversaire, ma recherche de job etc. De plus, je n'ai eu aucune nouvelle de ma correctrice (Laurene, si tu passes par là-, tu es toujours vivante ?).

Donc voilà le dernier chapitre. Merci à tous d'avoir été présent. J'espère que la fin va vous plaire !

Ermione33

RAR anonymes :

Nessy : Merci beaucoup Nessy ! Mais tu sais tu n'es pas obligée de me vouvoyer !;) Il n'y aura pas d'épilogue mais j'espère que ce dernier chapitre te plaira.


Chapitre 4 :

Le lendemain soir, pour fêter sa récente promotion, Hermione, Luna, Ron et Harry se réunirent au bar de Neville.

Hermione, qui se contenta de sa (désormais) habituelle eau gazeuse et sa rondelle de citron, regarda, un peu désespérée, son mari, son meilleur ami et son amie Luna boire beaucoup trop d'alcool pour trois personnes qui devaient travailler le lendemain.

Luna, à qui la vodka donnait l'air encore plus perdu, fit de long discours philosophique d'un air absent, ses grands yeux bleus ouverts de façon encore plus démente. Elle terrorisa deux jeunes filles à peine majeure qui buvaient tranquillement une bière en disant que leurs auras semblaient obscurcies par des « Nargoles ».

Quand Neville la récupéra pour la clouer sur un tabouret de bar, elle se mit à chantonner une marche funèbre d'un air joyeux, bientôt suivie par Ron et Harry qui hurlèrent bientôt si fort les notes que Neville les menaçait de les foutre à la porte.

Ron se mit alors soudainement à sangloter, essayant d'expliquer à un Neville au bord du désespoir, de la morve plein le visage qu'il était un moins que rien. Que sa femme, ce génie, avait fait l'immense honneur de bien vouloir de lui, que chaque jour, il n'arrivait pas à croire son bonheur. Et maintenant qu'il allait être papa...

« C'est beaucoup trop de bonheur » sanglota-t-il alors que de grosses larmes dévalaient ses joues.

Neville et Hermione rigolèrent et la jeune femme attrapa Ron par la peau du cou pour le ramener à la maison alors que son mari commençait à délirer en lui disant qu'elle était « une déesse grecque et moi un bouffon, tu ne me mérites pas, je devrais te quitter pour que tu sortes avec un type bien, genre un écrivain, un avocat ou un ministre. »

« Vous feriez bien de rentrer aussi vous deux. »

« Ouais ouais » soupira Harry. « Luna, viens on rentre. »

Luna qui parlait depuis pratiquement dix minutes à sa pinte, vide, du sens de la vie, tourna de grands yeux étonnés vers Harry. Elle semblait avoir complètement oublié sa présence. Le chemin jusque chez lui fut chaotique. Luna poussait des cris enthousiastes à chaque fois que le bus prenait un virage. Harry était persuadé d'avoir entendu le chauffeur pousser un soupir de soulagement quand ils descendirent à leur arrêt. Une fois chez lui, Harry la déshabilla et la regarda s'endormir avant même d'avoir posé la tête sur l'oreiller, juste après qu'elle lui eut glissé dans un ricanement saoul « Heureusement que tu es gay, je me serai posée des questions sinon. »

Le lendemain, ce fut une Luna un peu pâteuse et un Harry complètement endormi qui arrivèrent à « Malfoy Editions ». Harry dut se retenir de ne pas rougir jusqu'à la racine des cheveux en voyant Draco et il se demanda en voyant son père si celui-ci était au courant. Draco était proche de son père, peut-être lui racontait-il tout ?

En rentrant chez lui, Harry se promit de lui tirer les vers du nez.

Après une douche rapide, son habituel jogging distendu comme pyjama sur les fesses, il commença la préparation d'un repas hautement gastronomique composé de coquillette et d'un steak haché. Alors qu'il allait faire cuire son morceau de viande, quelqu'un frappa à sa porte. Harry soupira, reposant sa cigarette sur son cendrier et alla ouvrir la porte.

De toutes les personnes que Harry aurait pu recevoir ce soir-là, c'était bien la dernière qu'il imaginât.

« Colin ? » s'étonna Harry.

Il était toujours aussi mignon, ses cheveux blonds ondulant autour de sa tête et ses yeux marrons pleins d'hésitation posés sur lui. Pourquoi fallait-il que son ex apparaisse sur le bas de la porte le jour où il portait son foutu jogging distendu et troué ? En plus, son appart' était crade, son lit pas rangé et les coquillettes n'étaient décidément pas le plat le plus glamour que Harry aurait pu faire ce soir-là pour montrer à son ex que si, il allait parfaitement bien.

« Salut Harry. Je peux entrer ? »

« Euh ouais, bien sûr. »

Harry ouvrit la porte et il regarda la silhouette du jeune homme franchir la porte. Il referma derrière lui et alla arrêter la cuisson de ces pâtes et remit la cuisson de son steak à plus tard avec un soupir.

« Je vois que tu vis toujours ici. Ça m'arrange, j'osais pas contacter Ron pour demander ton adresse, j'avais peur qu'il m'envoie bouler. »

« Il aurait sûrement fait un truc du genre, ouais » déclara Harry en haussant les épaules. « Assieds-toi. »

Prenant appui sur l'évier derrière lui, il observa Colin s'asseoir face à lui en se tordant les mains. Il ne lui avait pas proposé à boire et ne comptait pas le faire. Plus vite il serait parti, mieux Harry se porterait. Incroyable à quel point après une rupture la personne qu'on avait tant aimée et tant désirée la présence, devenait soudainement une sorte de limace répugnante et indésirable.

« Je... Je dois te dire quelque chose. »

« Je me doute, tu ne serais pas venu me voir sinon. S'passe quoi ? »

« Je vais me marier. »

Colin leva sa main gauche pour montrer un anneau argenté à son annulaire. Harry déglutit difficilement.

« Ok. »

Il essayait de se donner un air « je m'en foutiste » mais il avait du mal.

« Et nous allons partir vivre en France. »

« Ok c'est très bien mais un coup de fil pour annoncer ça, ça aurait été parfait » râla Harry en égouttant violemment ses pâtes, des coquillettes inondant son évier. « Si c'est tout ce que tu as à me dire, tu peux t'en aller. »

« Non, non Harry tu ne comprends pas » déclara Colin en se levant pour lui prendre les mains. « Si tu le veux j'arrête tout. »

« Quoi ? »

Harry regarda le jeune homme en face de lui, désespéré. Il avait l'impression qu'on se foutait de lui. Il avait presque envie de tourner la tête vers la porte d'entrée pour voir si une minuscule caméra, passée sous sa porte, filmait la scène pour un bêtisier sur internet.

Mais Colin l'embrassa, rudement, froidement. Dégoûté, Harry le repoussa.

« Je n'arrive pas y croire. Comment oses-tu ? » gronda le brun. « TU m'as plaqué, TU m'as détruit. Tu réalises à quel point tu m'as fait souffrir ? Tu réalises ce que tu m'as dit ? »

« Harry je... »

« Non ! Non, tu te souviens comment tu m'as quitté ? Ce que tu m'as dit ? Que j'étais un gamin immature, sans ambition. Que je finirai ma vie ici, dans ce studio, à croupir comme un éternel standardiste. Que tu méritais mieux. Et là, tu arrives, la bouche en cœur, pour me dire que tu souhaites me reprendre ? »

« Harry je comprends que tu sois en colère mais te quitter a été la pire erreur de ma vie » pleura Colin. « Je n'aurais jamais dû te dire ça mais c'est ce que je pensais. Tu es un homme formidable, tu as des grandes capacités et j'étais énervé de te voir tout gâcher. Je n'en pouvais plus de tes crises de nerfs pendant la nuit. J'en avais marre de devoir me comporter comme ta mère. »

Pour cacher ses larmes, Harry préféra se concentrer sur son repas. Il attrapa le beurre dans le frigo et remit ses pâtes dans la casserole, tentant de calmer les larmes qui montaient. Il ne voulait pas que Colin le voit pleurer. Il avait honte de se montrer si faible pour un crétin pareil.

« Si tu permets, je m'apprêtais à dîner. Demain je travaille, tu sais mon boulot de standardiste débile ? Il faut bien que je paye le loyer de mon studio de merde, alors tu permets, je te retiens pas. »

« Harry... Je suis désolé, j'ai été con. Je me suis mal comporté. Je n'aurai jamais dû. »

« Ce qui est fait est fait. Comme tu l'as dit, tu n'es pas ma mère. Je n'ai plus de mère, elle est morte. Maintenant, sors de chez moi. »

Harry ne se retourna pas. Il entendait Colin renifler discrètement derrière lui. En mettant son steak dans la poêle, il entendit Colin partir. Des larmes coulaient sur la poêle en grésillant, le surprenant. Merde, il pleurait. Il ne s'en était même pas rendu compte.

Il avait été très heureux avec Colin, dire le contraire aurait été un mensonge. Au début il ne l'aimait pas, mais il avait fini par aimer Colin. Il adorait l'entendre rire, le voir s'enthousiasmer devant un ciel orageux ou des insectes. Le jeune homme prenait tout en photo, il adorait ça. Il pouvait passer des heures dehors, à se balader et à photographier.

Mais Colin était ambitieux. Très ambitieux. Il rêvait de gloire, de paillette. Le fric le faisait bander. Harry et lui ne se comprenaient pas là-dessus. Harry avait une vie modeste mais qu'il aimait. Il aimait son minuscule studio crasseux, son job de standardiste. Oui c'était chiant de devoir compter chaque sou, de faire attention à ses fins de mois et de devoir déménager la moitié de sa salle de bain s'il voulait prendre une douche après avoir étendu sa machine. Mais Harry aimait sa vie.

Alors il avait été très choqué le jour où Colin lui avait craché tout ça à la figure, surpris par sa violence. Ils avaient hurlé pendant ce qui avait semblé à Harry être des heures. Et Colin était parti. Il avait claqué la porte de son minuscule studio, après avoir attrapé les deux pauvres affaires qui traînaient chez le brun et Harry ne l'avait plus jamais vu.

Il avait tellement souffert de cette rupture. Hermione et Ron l'avaient ramassé à la petite cuillère alors que le brun remettait en question toute sa vie. Il se sentait honteux, la nuit il voyait Colin riant au bras d'un homme riche et couvert d'or, sur son misérable ex.

En enlevant son steak de la poêle Harry eut un ricanement. Si Colin savait qu'il avait rendez-vous avec l'héritier Malfoy...

Harry avait imaginé toute sorte de chose pour son rendez-vous avec Draco Malfoy. Le classique verre dans un bar tranquille, un peu jazzy, sympa, romantique et qui permettait de discuter tranquillement. Le cinéma, bien moins causant mais qui permettait de débattre après autour d'un verre ou d'un repas. Et bien sûr, un restaurant.

Draco avait pensé aussi au restaurant mais quel restaurant !

Harry avait beau avoir mis une chemise et un jean noir, il se sentait... jugé. La moitié de la salle s'était retournée sur son passage quand ils avaient traversé la salle de réception. Draco semblait totalement ignorer la gêne du jeune homme alors que le serveur leur tendait deux menus.

« Il n'y a pas de prix sur mon menu Draco » murmura Harry.

Une femme vêtue d'une robe et de haut talon, assise à la table à côté, le regardait comme s'il était un insecte particulièrement coriace qu'elle aurait aimé écraser du bout de sa chaussure. La table était recouverte d'une nappe parfaitement blanche, épaisse. Les verres de cristal semblaient si fragiles que Harry se demandait comment il allait oser les toucher et l'assiette d'une porcelaine si fine qu'il était persuadé qu'en la mettant à la lumière, Harry parviendrait certainement à voir à travers.

« Hum, il a peut-être compris que c'était un rendez-vous galant... »

« Et que c'est moi qui étais invité, visiblement. »

Draco le regarda par-dessus son menu.

« Tu sembles mal à l'aise... » constata le blond.

« Je... je n'ai pas vraiment l'habitude de ce genre de train de vie. »

Ils avaient fait le chemin jusqu'ici dans la voiture du directeur général. Harry avait découvert par la même occasion que Draco avait un chauffeur, perspective qui l'avait rendu infiniment mal à l'aise tout le long du chemin jusqu'à cet endroit clinquant et snob où le réceptionniste l'avait regardé de haut en bas d'un air méprisant.

« Que j'ai été bête... » soupira Draco. « Je suis désolé, c'est la première fois que je sors avec... »

« Un pauvre ? » termina Harry.

« J'allais dire avec une personne d'une catégorie socio-professionnel inférieure à la mienne » termina le directeur général avec un haussement de sourcils.

« Charmant. »

Le mot avait été plus sifflant que Harry ne l'avait voulu.

« Je suis désolé. Je pensais que ce lieu te serait agréable. Allons ailleurs. »

Harry regarda, un peu surpris, Draco se lever et d'un geste, réclamer qu'on leur ramène son manteau. Ils quittèrent l'endroit presque en courant. Le chauffeur ouvrit la voiture et une fois qu'ils furent installés, un moment de flottement naquit entre eux. Alors qu'à Statues, la discussion avait semblé naturelle et aisée entre eux, ce soir-là ils n'arrivaient pas à échanger trois mots.

« Euh » marmonna Draco. « Tu as une idée ? »

Le jeune homme semblait mal à l'aise et malheureux, assis sur sa banquette. Harry se rendit compte que s'il avait envie que cette soirée soit meilleure et que, par extension, leur histoire puisse avoir un avenir et même une réalité, il allait devoir prendre les choses en main. Il donna au chauffeur une adresse dans la banlieue de Londres et s'approcha de Draco pour défaire sa cravate.

« Tu fais quoi ? » sursauta-t-il en rougissant.

« Je te rends plus présentable » ricana le brun en posant la cravate sur la banquette. « Voilà c'est bien mieux. »

La chemise de Draco maintenant ouverte sur les premiers boutons, sans cravate, le jeune homme avait l'air beaucoup plus abordable. Semblant comprendre ses intentions, le blond passa une main dans ses cheveux avant de les remettre en arrière d'un mouvement de main.

« Où on va ? »

« Chez ma maman de cœur. »

Face au regard curieux, Harry rit. Ils s'arrêtèrent bientôt devant une brasserie dont la devanture de bois foncée promettait avant même d'y entrer une atmosphère chaleureuse et amicale. « Le Terrier », bar/brasserie typique de la banlieue de Londres était tenu par quasiment l'intégralité de la famille Weasley.

Quand Harry et Draco apparurent, un énorme cri de joie retentit par-dessus les conversations et les rires qui animaient la salle. Bientôt une femme rondelette et rousse sauta sur le brun pour le serrer dans ses bras.

« Harry ! Mon chéri ! Ça fait plaisir de te voir ! »

« Moi aussi Molly. Je te présente Draco » déclara le chéri. « Tu aurais une petite table pour nous ? »

« Bien sûr, toujours pour toi ! »

« Le Terrier » était découpé en deux salles. On entrait d'abord dans un bar bruyant et enfumé, avec des tables branlantes et des vieilles chaises de bois où on avait posé d'épais coussins. Arthur Weasley, qui tenait le bar, leur fit de joyeux signes de la main en les voyant passer devant eux. Après quelques marches, ils arrivèrent dans une salle un peu plus calme mais toujours aussi animée, où s'alignaient de grosses tables en bois.

« Voilà » déclara Molly en posant devant leur table une ardoise. « Je vous envoie Ginny dans cinq minutes les garçons. »

« Merci Molly. »

Après avoir passé sa main dans ses cheveux pour tenter de les peigner, Molly s'éloigna avec un sourire ému. Draco regardait le lieu avec des yeux grands comme des soucoupes.

« Ce genre de lieu existe en dehors des films ? » demanda-t-il avec une voix enfantine du gamin qui avait découvert que le Père Noël existait réellement.

« Oui. Molly et Arthur sont les gens les plus géniaux que je connaisse. Leur fil, Ron Weasley est mon meilleur ami depuis que je suis entré au collège. Ils sont comme ma famille mais je crois que tu as dû le remarquer. »

Ils discutèrent un peu du menu puis Ginny arriva, tout aussi rousse que sa mère et le reste de la famille Weasley. Après avoir commandé, Ginny se pencha vers Harry et murmura de manière peu discrète.

« Dis, c'est lui le type des lettres ? Ron m'a raconté, il est vachement mignon. »

« Ginny » sermonna Harry.

Draco était devenu rouge brique. Un étrange silence s'abattit sur eux quand la serveuse quitta leur table en riant après un clin d'œil coquin.

« Désolé. J'en ai parlé à Ron, il a dû cafter. Il n'est pas du genre très discret. »

« Pas de souci. »

Harry pria fort pour que Draco ne remarque pas que Molly, Arthur, Ginny et Fred ou Georges les regardaient « discrètement » depuis le bar en commentant. Son regard noir suffit à les disperser.

« J'espère ne pas t'avoir fait peur avec cette histoire » déclara Malfoy en évitant son regard, les joues toujours rouges.

« Oh non, c'était plutôt plaisant. Sauf la fois où je t'ai surpris devant ma porte. Comment as-tu eu mon adresse au fait ? »

« Dans les archives du personnel. En tant que directeur général j'y ai pleinement accès. »

L'ambiance du lieu les avait considérablement détendus. Ils parlaient désormais plus franchement et Draco semblait apprécier ce lieu simple où on mangeait et buvait bien, parlant autant avec le personnel qu'avec son convive et riant des plaisanteries grivoises que faisait Fred ou Georges depuis la cuisine.

« Et... hum... comment as-tu eu l'idée de... d'écrire ? »

Le sujet semblait vraiment mettre mal à l'aise Draco mais Harry bouillonnait d'interrogation. S'il se laissait aller, il l'aurait sûrement bombardé de questions d'une manière encore plus efficace que la Gestapo. Intérieurement, il remerciait Ginny d'avoir lancé le sujet. Il n'aurait jamais su comment faire.

« J'en avais assez de garder tout cela pour moi. J'étais sûr que tu étais hétéro et que tu sortais avec Luna mais… »

« Luna ? » s'étouffa Harry. « Tu rigoles ? »

L'idée l'amusa beaucoup et Draco en rit un peu.

« Bref, j'étais sûr que je n'avais aucune chance et je déprimais complètement. Alors père m'a dit de t'écrire. »

« Quoi ? »

Draco disait beaucoup trop de choses choquantes pour qu'il mange en même temps que cette conversation. Il posa prudemment ses couverts sur la table décidant que son délicieux morceau de viande rouge allait attendre un peu.

« Lucius Malfoy est au courant que tu as le béguin pour moi ? »

Béguin était un terme un peu faible au vu des déclarations enflammées du jeune homme mais Harry se sentait mal à l'aise à l'idée de dire à haute voix qu'il était amoureux alors que le jeune homme ne s'était toujours pas déclaré à voix haute.

« Mon père est comme mon meilleur ami » déclara le jeune homme, nullement gêné pour un sou. « Il m'a toujours aidé et encouragé et il a été là pour moi quand je lui ai dit que j'étais homosexuel. Et de toute façon, pour mon père, je suis comme un livre ouvert. Il savait même que j'avais le béguin pour toi avant même que je le sache. »

« Je n'arriverai jamais plus à le regarder dans les yeux en sachant cela. »

« Pas besoin d'en faire un drame, il t'aime beaucoup tu sais. Mère aussi d'ailleurs. Ils ont sûrement dû ouvrir une bouteille de champagne à l'heure qu'il est pour fêter ce rendez-vous. »

Alors il lui raconta tout.

Le premier jour où ils s'étaient vus, il l'avait trouvé charmant mais il n'était pas tombé amoureux. Il insistait sur les termes. Il n'était pas amoureux parce qu'il était beau, il l'aimait lui tout entier. Il avait appris à l'aimer, comme on apprend à aimer le bon vin avait-il rajouté en levant son verre de rouge.

C'était au tour de Harry d'être gêné alors que Draco listait ce qu'il aimait chez lui. Son amabilité, la capacité qu'il avait à n'être jamais en colère, ses cheveux en bataille qui semblaient défier quiconque d'oser les peigner, son amour pour le café, ses yeux verts si doux qui avaient fini par lui donner le tournis dès qu'il osait les croiser, son rire qui résonnait jusqu'au hall du premier étage où se trouvait son bureau quand il discutait avec Luna, le fait qu'il était simple, pas dans le sens bête non, dans le sens qu'il savait apprécier ce qu'il avait à sa juste valeur.

Il aimait la vie et Draco l'aimait pour ça.

L'amour qu'il éprouvait pour Harry l'emplissait de joie et en même temps de tristesse. Le matin, il était heureux de venir travailler car il savait qu'il aurait le bonheur de le voir. Même si le voir signifiait lui demander la clé de son bureau le matin. Et en même temps, il était incroyable triste. Il devait garder ce secret pour lui, brûlant du désir de lui dire ses sentiments, de tout lui avouer. Chaque jour, il devait le regarder rire en pensant que jamais il ne pourrait le faire rire car il était son patron.

Le fait d'être directeur général de la boîte le complexait encore plus que Hermione aurait pu l'imaginer. Il était gêné d'être dans une position aussi confortable juste parce qu'il était le fils du patron – patron qui lui, avait hérité de la maison d'édition par son propre père, qui l'avait lui-même héritée de son propre père. Il pensait, non sans tort, que jamais Harry ne l'avait regardé autrement que comme un patron et que la moindre tentative qu'il aurait pu faire envers lui serait passée pour du harcèlement sexuel.

« Ou que tu me repousses et que soudainement nos relations ne deviennent compliquées. Ou pire que tu ailles raconter à tout le monde que j'étais une grosse tarlouze » ajouta-t-il avec un sourire un peu triste.

Alors il lui avait écrit.

« Et tu connais la suite » conclut-il.

« C'était la chose la plus romantique qu'on n'ait jamais fait... ou dit pour moi. »

Draco lui offrit un sourire partagé entre la gêne et la joie.

« Oh ! » s'exclama soudainement Harry en se rappelant d'un détail, pointant sur lui un morceau de viande juteux. « Tu as regardé Game of Thrones ? »

« Seigneur, qu'as-tu fait ? » gémit Draco en riant, cachant son visage dans ses mains. « J'ai acheté la saison 1 le lundi soir et j'en suis déjà à la saison 3. J'arrête pas de regarder, c'est terrible, j'arrive pas à m'y détacher. Je regarde tous les soirs et depuis la semaine dernière où j'ai remarqué qu'un épisode se calait parfaitement pendant ma pause déj', j'en regarde au boulot ! Je suis devenu complètement accro ! »

« Whaou ! Je suis le meilleur, je savais que ça te plairait ! » chantonna Harry en trépignant sur sa chaise.

Cette nouvelle conversation eut le mérite de détendre l'atmosphère après la discussion plus sérieuse qui avait précédé.

« Parle-moi de toi ! » déclara Draco après qu'ils eurent terminé leurs plats et que Ginny posa devant eux des énormes morceaux de gâteau à la carotte. « Je t'ai beaucoup parlé de moi mais tu ne m'as rien raconté sur toi. »

« Ma vie n'est pas très passionnante » argumenta Harry.

« Je suis sûr que c'est le contraire. Parle-moi de ta relation avec les Weasley, tu as dit qu'ils étaient comme une deuxième famille pour toi. »

« Eh bien, ce n'est pas une histoire très joyeuse... »

Mais l'homme en face de lui semblait décider à le connaître alors il se donna du courage.

« J'ai perdu mes parents très jeune. J'avais 9 ans. Je rentrais de l'école un matin et... »

Sa voix monta dans les aigus. Il prit une grande inspiration, se priant intérieurement de ne pas pleurer alors que Draco, les sourcils froncés, attrapa sa main.

« Tu n'es pas obligé. »

« Si... Il y avait du sang partout. Dans le couloir, dans le salon, dans les escaliers et dans... leurs chambres. Assassiné de plusieurs coups de couteau. Un massacre. J'ai vu beaucoup de films et de série policière où ce genre de scène était représenté et on ne peut s'imaginer... Le bruit que font nos pas quand on marche dans le sang. L'odeur. Le silence glaçant. Et puis, on a beau voir son père au sol, le dos tellement poignardé qu'un steak a meilleure allure on n'arrive pas à réaliser. C'est impossible. »

« Tu sais qui a fait ça ? »

« Oui. C'était un taré. Tom Elvis Jedusor, je ne sais pas si tu connais. Ça avait fait les choux gras de la presse à l'époque mais tu étais un peu jeune. »

« Non ça ne me dit rien. »

« Il croyait qu'il était un sorcier, quand les flics l'ont trouvé il hurlait qu'il se nommait Voldemort et qu'il devait exterminer la Terre des gens sans pouvoir magique » rit Harry tristement. « Bref. Du jour au lendemain je me suis retrouvé chez mon oncle et ma tante. Des gens charmants. »

« Je sens de l'ironie dans ta voix. »

« Ma tante et ma mère se détestaient. Elles étaient radicalement différentes, aussi bien intellectuellement que physiquement. On peinait à imaginer qu'elles puissent avoir des liens de parenté. J'étais... le souffre-douleur de mon cousin et l'esclave domestique de ma famille. Quand je suis entré au collège et que j'ai rencontré Ron et sa famille, ils ont été adorables. J'ai passé beaucoup de temps chez eux, et quand mon oncle m'a trouvé en train d'embrasser le fils de la voisine vers mes 16 ans, il m'a foutu à la porte. Je suis allé vivre chez les Weasley. Ils m'ont sauvé la vie. Littéralement. »

« Comment fais-tu ? » demanda Draco, sincère. « Tu as eu une vie tellement dégueulasse qu'à part dans les faits divers je n'en avais jamais entendu parler. Et tu es là, tu souris, tu ris comme si tout cela avait littéralement glissé sur toi. »

« Oh ne t'inquiètes pas, c'est un peu une façade. Draco, si jamais tu veux être avec moi, sache qu'il faut me prendre en entier. J'aime mon train-train paisible, je ne recherche ni la gloire, ni l'argent. Je veux juste une vie ordinaire et simple. J'ai eu une vie compliquée et parfois elle me rattrape.»

« Harry, quand je dis que je suis amoureux de toi c'est une réalité. Et aimer quelqu'un, ce n'est pas seulement aimer une personne parfaite, sans défaut, sans casserole, en bonne santé et toujours de bonne humeur. Aimer quelqu'un c'est aimer une personne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. C'est aimer une personne qui peut être faible, qui peut avoir ses peurs et ses doutes. Si tu veux de moi, je serai là pour toi. »

« Tu es un indécrottable romantique » grimaça Harry.

« Pitié, ne dit pas ça à tout le monde dans la boîte, je ne ferai plus illusion. »

Le ton méprisant du jeune directeur les fit rire un peu. Harry eut du mal à ne pas partir dans un fou rire quand Draco ouvrit de grands yeux devant la note qui valait le prix d'un plat dans le restaurant où ils étaient allés. Mais il rit définitivement quand Draco tendit à Molly une carte bancaire noire qui lui fit ouvrir de gros yeux. Harry était persuadé, alors qu'ils montaient tous les deux dans la voiture, la portière ouverte par le chauffeur, que Molly avait le nez plaqué contre la vitre et qu'elle les regardait.

Arrivé devant la porte de Harry, Draco sortit en premier pour lui ouvrir la portière, ayant d'un geste dit au chauffeur de rester dans la voiture. Qu'on sorte avec son patron, un parfait inconnu ou un ami, il était étonnant de constater à quel point le moment de se séparer à la fin d'un rendez-vous était toujours un instant plein de gêne.

Draco allait-il l'embrasser ? Harry devait-il l'embrasser ? Est-ce que Draco prendrait mal le fait qu'il ose le faire ?

« C'était une superbe soirée » déclara finalement Harry.

« Oui. On pourra se revoir ? »

« Bien sûr. »

Draco se tortilla un instant sur lui-même, puis finalement posa un bref baiser sur sa joue avant de retourner à sa voiture. Le chauffeur se précipita pour lui ouvrir la portière comme si Draco en était incapable et Harry rit un peu en voyant ses cheveux blonds disparaître dans la voiture.

Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait posé sa main sur sa joue, comme s'il voulait retenir cet instant. Alors que les phares disparaissaient au coin de la rue, Harry se demanda comment tout allait se dérouler dans son futur. Il pensa à cet homme qui l'aimait, à son nouveau travail et à son studio miteux. Il pensa aux lettres d'amours, à sa voisine délirante, à Luna et ses longs cheveux blonds et au café. Il pensa à Colin, à ses larmes, à son mariage et à son départ pour la France à contre cœur.

Il pensa à Hermione et à la courbe de plus en plus nette de son ventre, à Ron et ses cheveux roux et à l'odeur de Molly Weasley quand il était dans ses bras. Il pensa à son étendoir plein de linge dans la cabine de douche, aux gens qui riaient en bas de chez lui et aux flaques de vomi qu'il y aurait sur le trottoir demain matin.

Ce soir-là, en mettant son pantalon de pyjama et en ouvrant ses fenêtres sur la rue bruyante et animée, il se surprit à siffloter un air joyeux en se couchant.

Au fond qu'importe le futur.

Tout allait bien.


FIN


Et voilà.

Encore merci à tous d'avoir suivi.

Je me rends bien compte que Draco, Lucius et Narcissa sont très loin des personnages de JK Rowling mais je ne sais pas pourquoi, je ne pouvais les faire autrement pour cette fiction. Je sais que ça peut déranger certaines personnes et je m'excuse si cela a été le cas pour certains lecteurs mais c'était impossible autrement.

Je suis en train d'écrire une autre fanfiction où Draco ressemble beaucoup plus au personnage de JK Rowling mais si jamais elle doit paraître, cela ne sera pas avant un long moment je pense. C'est un post tome 7.

Je vous avais dit que « Sentiments anonymes » était inspiré de choses de ma vie et c'est vrai. Voici un petit lexique, de tête : la voisine de Harry est la mienne, son lieu de travail est l'ancien lieu où je bossais (sauf que j'ai rendu le patron sympa!), le restaurant de Slughorn est le lieu où j'allais déjeuner parfois, le restaurant de Molly est mon restaurant préféré sur Paris et enfin, le bar de Neville et le personnage de Neville sont largement inspirés du bar de mon mec et du barman qui s'y trouve !

Encore merci de m'avoir suivi ! Et à la prochaine !