Bonjour les barbes à papa !

Bienvenue sur ma nouvelle publication de cette "petite" fic de seulement 20 chapitres (dont un épilogue), tous les dimanches ! ;)

Cette fic a été écrite pour l'anniversaire de ma chère et merveilleuse Elie, bêta d'amour qui a signé un pacte avec son sang pour continuer à me corriger jusqu'à la fin de ses jours. Maintenant qu'elle l'a reçue dans son intégralité, elle en a autorisé la publication à votre bénéfice ! ;)

Cette fic en divisé en trois parties (Chute / Mort / Renaissance), avec un cliffhanger de fin de partie 1 qui, je l'espère, vous surprendra ! (Demandez un peu à Louisa combien elle m'a gueulé dessus en le lisant).

De plus, je vais mettre un place un petit "jeu" sur cette histoire, rendez-vous en bas pour les détails ! ;)

Comme d'habitude, disclaimers à Moffat et Gatiss, et gloire à mes bêtas ! (Louisa, donc, sur ce texte ;))

Bonne lecture !


LA MÉMOIRE DU CORPS

PARTIE 1 – Chute

La mémoire du corps - Sherlock

CHAPITRE 1

« Enquête dans le Norfolk. Parti pour plusieurs jours – SH »

John regarda son téléphone à la fin de sa journée à la clinique et haussa les sourcils de surprise. Ce n'était pas du tout le genre de Sherlock de le prévenir de ses déplacements. Au contraire, le détective avait plutôt l'habitude d'aller et venir comme un courant d'air, sans prévenir et ne laissant que du vide douloureux derrière lui. Il fallait croire que les hurlements et les cris de John depuis son retour d'exil après Saint Bart avaient fini par porter leurs fruits. John n'avait pas supporté de trouver l'appartement de Baker Street vide sans une explication un matin, et il s'était cru retomber trois ans en arrière. Ou bien avait eu l'idée folle que le retour de Sherlock n'avait été qu'une création de son esprit malade, et qu'il conversait simplement avec un fantôme de sa tête. Il avait fallu l'intervention de tous ses amis, de Mycroft et de Sherlock lui-même pour convaincre le médecin qu'il n'était pas devenu fou à lier, dans un hôpital psychiatrique, et réinventant tout un monde dans sa tête.

Depuis Sherlock avait promis de faire « à peu près » attention. Ce qui en fait se résumait à répondre « enquête », puis un lieu au « où es-tu ? » lassé de John, quand ce dernier ne trouvait pas son ami. Ce qui était déjà mieux que rien, et donnait au moins une explication sur l'absence du détective à l'appartement quand John rentrait de sa garde.

Le message du jour était donc surprenant, mais pas inhabituel. De temps à autre, Sherlock avait des éclairs de génie et de lucidité et renseignaient John sur ses activités.

Soupirant, John reposa son portable. La journée au cabinet avait été éreintante. Le même défilé habituel des mères de famille inquiètes, des enfants se cassant le bras en faisant l'idiot sur un skate ou un vélo, des adultes qui avaient lâché la bouteille de vin et s'étaient coupé sur les morceaux en interdisant à leurs enfants d'approcher pieds nus...

C'était ennuyeux. Cela le lassait et l'épuisait. Mais il avait fait la promesse de ne plus s'impliquer dans les enquêtes de Sherlock et bon gré mal gré, il s'y tenait.

Il y avait eu trop de distance et de temps passé entre les deux hommes après le retour de Sherlock pour qu'ils puissent reprendre leurs vies comme avant. Ils avaient eu besoin de temps, de retrouver chacun leurs vies, de se retrouver eux-mêmes. Alors John officiait à la clinique toute la journée, et ne regardait son portable que le soir, pour ne pas être tenté.

De toute manière, Sherlock ne lui envoyait presque plus rien. À part des menus détails et des petites questions médicales de ci de là.

- John ? Tu es encore là ? Je ferme ! lança une voix féminine depuis le couloir.

- Je suis là ! répondit-il.

Machinalement il regarda dehors. Il faisait presque nuit. Il avait encore accueilli tous les patients sans les compter, sans réfléchir, mécaniquement, prenant des gens hors rendez-vous et faisant de son mieux pour soigner en le plus possible.

Et toi, qui te soignera ?

La voix, sortie du passé, surgit soudainement dans son esprit, mais il la fit taire immédiatement. Il n'avait pas envie de penser à la vacuité de sa vie. Pas maintenant.

La chevelure flamboyante de Gisele fit son apparition dans l'encadrement de la porte de John.

- Allez viens John, je ferme ! Tu fais quelque chose ce soir ? Tu veux qu'on aille prendre un verre ?

La sollicitude de la jeune femme le touchait. Comme tous les membres du cabinet, elle avait connu John par tous les stades : post saut de l'ange (il y avait postulé juste après la mort de son ami, sur les conseils de sa thérapeute qui préconisait de reprendre un emploi stable immédiatement pour avoir un objectif et quelque chose à faire), remontée de la pente, vie épanouie, retour de Sherlock. Et comme tous les membres du cabinet, elle essayait de faire au mieux pour que l'un de leurs meilleurs et plus patients médecins ne retourne pas dans sa dépression dont ils l'avaient tiré.

Gisele, notamment, vérifiait toujours avant de fermer la clinique que John n'était pas caché dans un coin à se morfondre sans même avoir conscience du temps qui passe. Et elle lui proposait toujours d'aller boire un verre. Même si présentement, son tour de taille bien rond l'empêchait d'avaler la moindre goutte d'alcool, elle remplaçait ses mojitos habituels par des Virgin mojitos, pestant contre celui qu'elle appelait affectueusement sa crevette parasite.

- Non, merci Gisele. Je dois... Tu sais bien...

Oui, elle savait. Comme tout le monde, elle savait. Alors elle adressa simplement un sourire triste à son collègue, puis se lança dans un monologue sur tous les patients qu'elle avait vu passer aujourd'hui à l'accueil, de par sa fonction de secrétaire médicale, histoire d'essayer de le dérider sur le chemin qui les amenait au métro.

- La seule bonne chose de ce gros ventre, conclut-elle, c'est de pouvoir m'assoir !

Elle joignit le geste à la parole en chassant un jeune adolescent qui se leva précipitamment pour céder sa place dans le métro à la jeune femme enceinte jusqu'aux yeux.

John ne répondit rien. Il ne répondait jamais beaucoup.

- Je descends là, annonça-t-il lorsqu'ils arrivèrent à Embakment. Je vais rejoindre la Bakerloo Line.

Gisele ne répliqua rien, ne contentant de lui faire un signe de la main lorsqu'il descendit. Elle savait parfaitement qu'il n'irait pas prendre la Bakerloo. Il allait rejoindre Tottenham sur la Nothern Line, avant de prendre la Central Line et atteindre Saint Paul Station. John aurait pu s'éviter bien des désagréments et des changements en faisant autrement, mais il s'évertuait à essayer de donner l'illusion à ses collègues. Gisele soupira. Ce n'était pas encore aujourd'hui que John irait mieux.


Lorsque John rejoignit finalement Baker Street, l'appartement était vide et plongé dans le noir. Même Mrs Hudson était de sortie, son appartement silencieux. John avait espéré que Sherlock aurait pu résoudre son enquête rapidement, et revenir tout aussi vite sans rien dire à personne, mais de toute évidence ce n'était pas le cas. John était seul et l'appartement dans un état pitoyable. De la vaisselle sale s'entassait dans l'évier et sur le plan de travail de la cuisine (ainsi que dans le salon, et des endroits divers et variés comme la cheminée, la bibliothèque et le sol. Les idées de Sherlock pouvaient surgir n'importe quand, et dans ces moments-là il posait sa tasse à thé à l'endroit précis où il se trouvait, et l'oubliait aussitôt.)

À côté des bactéries dans les tasses, il y avait le matériel de chimie, béchers et tubes à essais étincelants de propreté, lamelles et fioles brillantes. Sherlock ne plaisantait pas avec ses expériences, et la moindre poussière pouvait parfois avoir des répercussions dangereuses. En revanche, l'idée qu'il pouvait s'empoisonner avec de la vaisselle à moitié lavée n'effleurait pas l'esprit du génie.

John eut un demi-sourire. Son ami restait le même malgré les années, et au fond le bazar de Baker Street lui plaisait ainsi.

Il était tard, mais il n'avait pas envie d'aller se coucher. Dormir, c'était faire des cauchemars.

À la place, il préféra attraper un tablier de cuisine qui traînait là (et qu'il avait sans doute déposé lui-même plusieurs jours plus tôt, mais il ne s'en souvenait plus), le noua autour de sa taille et son cou, et entreprit de désinfecter Baker Street.

Sa mission d'épuration lui prit plusieurs soirées. Il finissait ses journées de travail relativement tard au cabinet, et mettait ensuite un temps fou pour revenir à l'appartement. Il essayait de se nourrir un minimum, faisait du ménage avant d'être rappelé par des besoins primaires comme dormir, et s'effondrait, le plus souvent dans le canapé. Au moins quand il était épuisé, John ne rêvait pas, et c'était tout ce dont il avait besoin.


Au bout de cinq jours, l'appartement cessa de ressembler à la tanière d'un ours et redevint habitable. John avait traqué toute la vaisselle sale (jusqu'au fin fond de la baignoire. John soupçonnait le détective d'avoir pris un bain, un thé en même temps, et d'avoir eu soudainement un flash pour résoudre un meurtre, il avait laissé tomber la petite cuillère au fond du bain, et l'avait oubliée là) et l'avait lavée, séchée, rangée dans les placards. Il avait découvert six nouvelles tasses, preuve que Sherlock avait de plus en plus la flemme de faire le ménage et préférait avoir encore plus de vaisselle pour avoir à la laver encore moins souvent. Cela prouvait également que Mrs Hudson était en voyage, probablement chez son ex-belle-sœur, le seul membre de la famille de feu son mari qui n'était pas trempé jusqu'au cou dans les affaires de drogue, et qui entretenait des véritables liens avec la vieille dame, et donc qu'elle n'était pas venue sermonner Sherlock, râler qu'elle n'était pas la gouvernante, et faire tout le ménage.

John passa l'aspirateur, rangea tous les livres dans la bibliothèque, changea les draps, fit des lessives, les étendit, repassa toutes les chemises de Sherlock, les ordonna dans sa penderie, passa en revue toutes leurs chaussettes seules pour essayer de reformer des paires, fit la poussière partout, battit même le tapis et les coussins du canapé et de leurs fauteuils.

Il vida toutes les poubelles, désinfecta le frigo, jeta tous les emballages de nourriture chinoise à emporter (Sherlock adorait la nourriture chinoise et indienne), fit briquer le plan de travail.

Ce fut quand il en arriva à lustrer les poignées de tiroir, et qu'il vida ceux-ci de leur contenu pour mieux faire la poussière à l'intérieur qu'il conclut qu'il devenait maboul en l'absence de son meilleur ami et que, clairement, la vie qu'il menait ne lui convenait plus. Malheureusement, il ne savait pas comment faire pour en changer.

Mrs Hudson rentra ce soir-là, monta voir dans l'appartement du dessus, et fut surprise et ravie d'y trouver John, l'air paumé avec un torchon de détergent dans les mains, l'atmosphère imprégnée d'une odeur fruité et délicate, tout impeccablement rangé de manière militaire.

- John mon cher ! Quel plaisir ! Et quel rangement !

- Une vraie femme au foyer pour Sherlock ! répliqua John sur le ton de l'humour.

- Où est-il passé, celui-là d'ailleurs ? L'odeur du propre l'a fait fuir ?

John rit doucement, accompagné de Mrs Hudson. Sherlock n'aimait pas le ménage et le propre, il vivait dans sa propre tête la plupart du temps et n'avait aucunement conscience de la poussière à Baker Street. Mais il y était habitué et n'aimait pas quand cela changeait et quand John faisait du rangement. Il haïssait tout particulièrement quand son ami ouvrait toutes les fenêtres de leur appartement pour aérer, et faire sécher le sol qu'il avait lavé avec son produit à la lavande. Avant, il disait à John qu'il préférait sauter par la fenêtre (ouverte, donc) que sentir cette odeur (qui le perturbait dans ses expériences, déjà que le monoxyde de carbone était incolore et inodore, si en plus le salon puait la lavande !) dans leur appartement. Et puis bien sûr, un jour il avait vraiment sauté. Pas à cause du produit ménager à la lavande, mais depuis son retour John n'avait pas osé faire le ménage avec le bidon de détergent parfumé. Il avait peur de ne pas supporter la blague qui était devenu récurrente entre lui et son colocataire.

- Non, enquête, finit par répondre John.

- Où ça ?

- Norfolk.

Mrs Hudson ouvrit de grands yeux étonnés. Généralement Londres offrait un terrain de jeu suffisamment pour Sherlock. Il allait rarement aussi loin.

- Depuis combien de temps ?

Ce fut au tour de John de se trouver coi. Il n'en avait aucune idée. Sherlock ne lui avait donné aucune nouvelle depuis, mais il ne s'était pas inquiété. C'était typiquement le genre du détective. A son retour, en revanche, si l'enquête avait été intéressante, Sherlock se montrerait extrêmement prolixe. Parfois, rien qu'avec ce qu'il racontait, John parvenait à écrire des articles pour son blog. Parfois. Quand Sherlock était de bonne humeur. Quand John arrivait à transformer les faits examinés au vitriol en une version romancée. Cela n'arrivait plus si souvent.

Perplexe, John regarda sur son téléphone la date et l'heure du dernier message de Sherlock. Qui était presque le dernier message qu'il avait reçu ces derniers jours. Greg lui avait proposé une bière, Harry envoyé un message de convenance digne des relations tendus de la fratrie Watson, mais c'était tout.

- Mardi dernier... ça fait six jours.

- Ah.

La vieille dame ne commenta pas davantage. Elle n'en avait pas besoin. John réalisa brusquement que cela faisait six jours, et que pour Sherlock, c'était long. Trop long. C'était étrange qu'il soit parti aussi longtemps. Étrange, mais pas encore inquiétant.

John ne s'inquiéta néanmoins pas plus que cela de cette absence surprenante, car il pouvait y voir une excellente raison derrière cela. Connaissant l'énergumène qu'était Sherlock, il y avait même plus que certainement une bonne raison derrière tout cela, et le détective se moquerait de lui s'il tombait dans un bête sentimentaliste inquiet.

John se contenta donc d'un bête texto « tu rentres quand ? », que Sherlock lut immédiatement. Magie des smartphones interconnectés, John voyait donc par un petit accusé de réception en dessous de son message si celui-ci avait été reçu, et même si celui-ci avait été lu. Le médecin patienta, mais Sherlock ne répondit pas dans les cinq minutes comme il avait l'habitude de le faire après avoir lu un message. John en conclut donc que le détective était en vie, concentré sur son enquête, qu'il avait vu le texto de John et avait secoué la tête de dépit en se lamentant sur son idiot de meilleur ami qui osait l'interrompre par messages interposés. Il était presque capable d'imaginer les boucles du détective voleter autour de son crâne comme une couronne tandis qu'il rechignait, avant d'éteindre l'écran de l'appareil et de le ranger dans la poche de son pantalon (les recommandations de John sur les potentielles risques de cancer et altération de l'appareil génital masculin et du sperme en mettant son téléphone dans sa poche et en s'exposant aux ondes n'avaient eu qu'un impact très limité sur Sherlock Holmes).

John secoua la tête à son tour pour chasser sa vision stupide, et préféra se reconcentrer sur Mrs Hudson.

- Vous mangez avec moi, mon cher ? proposa-t-elle.

John regarda sa montre. L'appartement brillait, et il n'avait rien de mieux à faire que d'accepter la proposition pour faire passer le temps. Et espérer s'endormir d'épuisement et/ou d'ennui mêlés du babillage incessant de la vieille dame.

- Bien sûr, acquiesça-t-il avec un sourire qu'il espérait convaincant.

Au vu de regard tendre et un peu triste, et de la main qu'elle posa brièvement sur son épaule, il était un très mauvais acteur.

- Je vais préparer un poulet tandoori, annonça-t-elle.

John raffolait du poulet tandoori maison, et il soupçonnait Mrs Hudson de ne lui en préparer que pour qu'il aille mieux. Mais ce n'était absolument pas nécessaire. Il n'allait pas mal. Pas si mal que ça, du moins. D'accord, il avait briqué Baker Street du sol au plafond, mais c'était parce qu'il profitait de l'absence de Sherlock pour faire des choses qu'il ne faisait pas en temps normal parce que le détective ne le laissait pas faire, voilà tout. Ce n'était pas la preuve qu'il allait mal. Absolument pas.

Il sourit en réponse, mais son sourire n'atteignit pas ses yeux. Cela faisait bien longtemps que le sourire de John Watson n'atteignait plus ses yeux.

- Avec plaisir, répondit-il.

Il était presque sincère.


Sans surprise, Mrs Hudson parvint à faire la conversation seule tout en préparant le poulet et en le dégustant. Elle passait d'un sujet à un autre sans logique et sans pause, et là où quelqu'un d'autre aurait frisé la rupture d'anévrisme, John trouvait cela reposant. Il n'avait rien d'autre à faire que l'écouter, relancer de temps à autre la machine, faire un petit commentaire, et se laisser bercer par le flot. Elle évoqua son voyage chez son ex-belle-sœur, comme John l'avait bien deviné, relata le calvaire à la gare en revenant à cause d'un accident entre Thetford et Cambridge, qui avait conduit à tout un tas de retard et de détournement jusque sur Londres, passa sans problème à la difficulté de trouver des épices digne de ce nom pour sa recette, enchaîna sans interruption sur le marchand d'épices du coin de Crawford Street qui avait fermé parce que sa sœur était marchand d'armes, parvint à en revenir à partir de là à son ex-mari et le cartel qu'il dirigeait. Bifurqua ensuite sur sa jeunesse débridée et tous les pays du monde qu'elle avait visité, précisant qu'un parrain de la drogue avait une forte tendance pour les pays tropicaux et les plages de sable fin, alors qu'elle aurait rêvé de territoires nordiques et d'étendues gelées, mais bon, on ne va pas se plaindre non plus, hein ?

Et sans autre forme de procès, Mrs Hudson s'attaqua ensuite au temps londonien, toute cette pluie, puis aux sans-abris, aux migrants de l'union européenne qui essayaient de rejoindre l'Angleterre, et à ce stade, servit le dessert à John.

Le pauvre médecin, à ce moment, avait le ventre plein et les paupières lourdes de sommeil et bénit la vieille dame, qui l'envoya se coucher sans ménagement.

Cette nuit-là, il s'effondra dans le canapé et ne rêva pas, et c'était une victoire.


- Je vais vous prescrire des suppositoires pour votre fils, Mrs Rosier, en cas de fièvre uniquement. Ce n'est rien, il sera vite sur pied.

John sourit à l'enfant qui reniflait tout en sortant son bloc d'ordonnance. Il commençait à rédiger lorsque son téléphone portable sonna.

- Je vous demande pardon, je pensais l'avoir éteint.

La mère de famille qui avait emmené son bambin en consultation eut un sourire compréhensif. Elle avait quatre enfants, et depuis le jour où Ernie, l'aîné, s'était violemment cassé le bras à l'école et qu'elle avait dû venir le chercher en catastrophe, elle avait la hantise des coups de fil. Elle avait toujours peur qu'on lui annonce une mauvaise nouvelle concernant l'un de ses quatre petits monstres. Et les médecins, même s'ils guérissaient les grippes et les rhumes de ses enfants comme des super-héros, n'étaient que des hommes comme les autres. Même le si gentil docteur Watson qu'Evan adorait avait peut-être une gentille petite femme et des enfants qui pouvaient se casser le bras en plein milieu d'après-midi.

John se leva pour récupérer son téléphone dans la poche de son manteau, à l'autre bout de la pièce, et éteignit la sonnerie. Il revint à son bureau, posa le téléphone à côté de son pot à crayons et en revint à son ordonnance.

- Vous auriez pu répondre, sourit la mère de famille.

John lui sourit à son tour, tandis qu'il apposait sa signature et son cachet en cas de la feuille.

- Je rappellerai, ou ils laisseront un message, ne vous inquiétez pas. Suivez bien les prescriptions et tout ira bien. Il n'y a rien de grave. Hein Evan ? Tu écouteras bien les recommandations de ta maman à l'avenir, hein ?

John ébouriffa les fins cheveux blonds du garçonnet, qui hocha la tête gravement. Comme tous les enfants, il ne tiendrait pas promesse plus de deux heures et retournerait faire des bêtises aussitôt après, nourri de cette farouche conviction d'immortalité et d'invincibilité propre à l'enfance. Qu'importait. C'était de son âge.

Mrs Rosier et Evan remercièrent John et quittèrent la pièce. Ils avaient à peine franchi le seuil que le téléphone de John recommençait à sonner.

Pestant, le médecin l'attrapa de nouveau, découvrant le même numéro inconnu qu'à l'instant. John raccrocha, et cette fois paramétra mieux le silencieux. Le téléphone glissa dans la poche de sa blouse. Son prochain patient entra. John sourit.

- John ? Mrs Polkiss a du retard, environ dix minutes, l'informa Gisele trois patients plus tard. Prends une pause, je te bippe quand elle est là.

Le patient précédant venait de sortir, et John se sentait déjà démuni. Il ne voulait pas de pause. Prendre un café et discuter avec ses collègues avec un faux sourire de façade était au-dessus de ses forces. Il voulait du travail acharné, et s'y oublier, et sombrer le soir venu dans son lit. Rien d'autre. Et pas de pause.

Il n'avait même pas le courage de sortir de son bureau-salle d'auscultation, ou même d'en entrouvrir la porte pour signifier à ses collègues qu'il était disponible pour échanger les dernières nouvelles. Il voulait juste rester là et travailler.

Machinalement, ses mains tombèrent dans les poches de sa blouse et y trouvèrent son téléphone. Il se souvint alors du numéro inconnu qui avait tenté de le rejoindre et récupéra l'engin.

Le journal des appels qui s'affichaient à l'écran annonçait douze appels en absence sur la dernière demi-heure, tous en provenance du même numéro, et sans le moindre message.

Cette fois le médecin commença à ressentir un vague malaise. Qui harcelait autant les gens ?

Il regarda sa montre, vérifia qu'il lui restait encore douze minutes (quand Mrs Polkiss annonçait dix minutes de retard, elle en avait toujours quinze, en réalité. Se faire désirer semblait être le seul passe-temps de la vieille acariâtre), ce qui était bien suffisant pour passer un savon à l'impudent qui avait osé le harceler.

Sans hésitation, John appuya sur les touches, et appela le numéro inconnu.

Il y eut deux sonneries, et on décrocha :

- Jimmy Peakes, police de Cambridge, j'écoute ?

La police ? L'esprit de John devint un instant brusquement blanc. Pourquoi la police avait essayé de le joindre ?

- Euh, bonjour, vous avez essayé de me joindre, plusieurs fois, je...

- Ah oui ! Vous êtes bien monsieur JHW ?

- Ce sont mes initiales, oui.

- Monsieur, je vous demanderai de bien rester calme. J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Êtes-vous en mesure d'avoir cette conversation maintenant ?

John se laissa tomber dans son fauteuil de bureau.

- Un instant.

Il plaça son portable en silencieux, appela rapidement Gisele à l'accueil en lui demandant de faire patienter Mrs Polkiss si elle arrivait, ne donna aucune explication aux questions légitimes de la réceptionniste, raccrocha la téléphone fixe de la clinique et reprit son téléphone portable.

- Je vous écoute.

Il avait eu le temps de se recomposer une façade de neutralité, et son ton ne fit pas exception. Il s'en félicita intérieurement. Il aurait détesté se mettre à gémir et pleurnicher.

- Monsieur, nous aurions besoin de votre aide pour l'identification d'un passager du train 9352 reliant Norwich à Londres. Nous avons retrouvé votre numéro dans le téléphone d'un homme dont nous ne sommes pas sûrs de l'identité, ni que le portable lui appartienne. Aucune de ses affaires n'a été retrouvé. Son répertoire ne contenait que des... noms étranges, probablement des surnoms, ou des initiales ou des nombres en guise de contact. Nous avons choisi de vous contacter car vous auriez envoyé un SMS au supposé propriétaire de ce téléphone hier...

John eut presque envie de sourire. Il s'appelait JHW dans le téléphone de Sherlock, mais il était bien le seul à avoir un nom cohérent. Mycroft s'appelait parapluie ou gouvernement au gré des envies du détective.

- Pourriez-vous nous décrire la personne à qui vous avez souhaité envoyer un message, afin que nous puissions recouper avec notre inconnu et ainsi commencer à établir un dossier à son nom.

- Grand, brun foncé, cheveux bouclés, yeux très pâles, très mince, cicatrice de torture à l'arme blanche sur le torse, appendicectomie, cicatrice de points de suture ayant moins de deux mois sur l'épaule gauche, grain de beauté sur le gros orteil gauche, récita John.

Il y eut un blanc à l'autre bout du fil, et un instant John ne sut pas si c'était parce que le passager mystère du flic était gros et blond ou parce qu'il n'avait pas l'habitude d'entendre une description aussi précise de quelqu'un.

- Euh, oui, je... bafouilla le flic.

- Il s'appelle Sherlock Holmes, et je suis son ami, et médecin ex-militaire, répliqua John.

Cela coupait court à tout un tas de questions, notamment sur les cicatrices de torture, et cela justifiait sans ambiguïté possible que John connaisse des détails comme un grain de beauté sur le gros orteil (Sherlock ne voulait pas voir un dermatologue et John avait endossé ce rôle en plus des autres)

Il y eut ensuite un silence à l'autre bout du fil, et John attendit, les jointures blanches et les poings serrés. Sherlock ne se séparait absolument jamais de son téléphone. Il vivait littéralement avec cet engin greffé au bout de son bras. Si la police ne savait pas à qui appartenait le téléphone... Ni qui était la personne qu'il cherchait à identifier... cela ne laissait que deux possibilités : le coma... ou la mort. Depuis son rapatriement, jamais John ne s'était autant comporté en soldat, mâchoire serrée et épaules carrées. Il était prêt.

Le téléphone fixe professionnel de John sonna, mais il avait coupé la sonnerie et seul le voyant rouge s'alluma pour témoigner de son activité. Mrs Polkiss devait être arrivée et Gisele prévenait John, avant de faire patienter la vieille dame.

- Je vous remercie de votre coopération, monsieur. Pourriez-vous nous épeler son nom, et le vôtre, s'il vous plaît.

Tendu, John épela.

- Merci. Monsieur Watson, votre ami se trouvait dans le train 9352 en provenance de Cambridge, il y a trois jours, qui a déraillé. Il a été transféré à l'hôpital le plus proche, et admis pour des blessures sans gravité. Une transfusion a été nécessaire par mesure de précaution suite à une plaie à la tête. Ses jours ne sont pas en danger.

Le coma, donc, pensa John. Quelque chose avait dû mal tourner. Un hématome sous dural à la tête ?

- Cependant, depuis son réveil, il souffre d'amnésie rétrograde partielle, expliquant notre incapacité à l'identifier.

John sentit sa mâchoire se décrocher sous l'effet de la surprise. Sherlock, amnésique ? Sherlock et son palais mental, amnésique ? Sherlock, capable de se souvenir d'un nom croisé sur une étiquette de valise ou d'une plaque d'immatriculation entraperçue six mois plus tôt, amnésique ? Sherlock putain-de-génie Holmes, amnésique ? C'était impossible, absurde. Et aussi terriblement cynique. La destinée avait décidément un sens de l'humour bien particulier pour décider de la vie des deux amis. John se mettrait presque à croire aux Moires (ou aux Parques, il n'était pas raciste, n'importe lesquelles feraient l'affaire) si cela lui permettait de leur parler et les supplier de cesser de s'amuser ainsi avec leurs fils du destin.

- Amnésie ? murmura-t-il.

- Rétrograde partielle, répéta le flic. Mais les médecins trouvent son amnésie étrange.

- Pourquoi ?

John entendit des pages qu'on tournait, et devina que le policier vérifiait les anomalies sur son bloc-notes pour être sûr de ne pas dire de bêtises.

- Alors, attendez un instant. Ah voilà. « Le patient est incapable de donner son nom, son adresse, sa date de naissance ou toutes autres informations relatives à sa vie, mais est capable de citer le tableau périodique des éléments de Mendeleïev sans la moindre erreur, résoudre des équations chimiques, mais ignore qui dirige le Royaume-Uni. Le patient semble en outre parler un certain nombre de langues outre l'anglais, et n'a pas oublié les mouvements de la vie courante, mais n'a aucune idée de la date du jour. En outre, le patient a la mauvaise habitude de "deviner" toutes les personnes qu'ils croisent, sans n'avoir aucune idée de comment il fait ça ».

À la grande surprise de Jimmy Peakes, son interlocuteur éclata de rire à la fin de la citation. Certes, le rire était légèrement nerveux, mais ce n'était quand même pas une réaction très habituelle.

- C'est bien Sherlock, hoqueta de rire John. C'est même totalement lui. Vous avez de quoi noter ?

- Oui.

- Alors informez ses médecins que Sherlock ne sait jamais quel jour on est, il n'a jamais su qui gouvernait l'Angleterre ou tout autre pays du monde, il ne sait pas que la terre tourne autour du soleil, mais il est chimiste, il parle en effet plusieurs langues, au moins une douzaine, et il est capable de déduire n'importe qui.

Le bruissement du stylo indiquait que malgré la bizarrerie des propos, le flic notait tout.

- Vous habitez Londres, monsieur ?

- Oui.

- Suite à l'accident, l'hôpital de Cambridge est engorgé. L'état de monsieur Holmes semblant stable, et pas du tout inquiétant mis à part son amnésie, serait-il possible de le faire transférer à Londres ? Seriez-vous à même de le prendre en charge ?

John hésita. Il voulait plus que tout que Sherlock revienne à Londres, à la maison. Mais John n'était pas, n'était plus capable de prendre en charge le détective. Plus aujourd'hui.

- Je vais vous demander de joindre son frère pour ces questions pratiques.

- Mes excuses. J'ai oublié de vous demander s'il avait de la famille. J'ai cru que vous étiez son compagnon.

John grimaça. Le temps n'y faisait rien. Tout le monde continuait à penser cela d'eux. Le suicide de Sherlock n'avait-il donc pas suffi ? Depuis le temps, que fallait-il de plus ?

- Non. Son ami, rien de plus. Je vous envoie le numéro de son frère immédiatement, c'est possible ?

- Parfaitement. Je vous remercie.

- Pouvez-vous joindre également le DI Gregory Lestrade, Scotland Yard, à ce sujet ? Il pourra prendre le relai une fois Sherlock transféré à Londres. Pour la suite de l'enquête de police, si vous avez besoin d'informations.

Encore une fois, l'homme au bout du fil sembla surpris. Mais ne commenta pas cette étrange relation.

- Oui, bien sûr.

- Merci. Bonne journée.

John raccrocha sans lui laisser le temps de répliquer quoi que ce soit. Il posa le téléphone sur son bureau, laissant subitement retomber toute la tension de ses épaules. Ses mains se mirent à trembler, et il dut s'accrocher au bureau pour ne pas chanceler. Sherlock avait eu un accident. Sherlock était amnésique.

- Sherlock est amnésique, répéta John à voix haute. Sherlock est amnésique.

Il arrivait à peine à s'en convaincre.

La porte de son bureau s'ouvrit soudain, laissant apparaître la vieille Mrs Polkiss et son air le plus grincheux, et derrière elle Gisele, soutenant son gros ventre dans sa course derrière l'acariâtre.

- Mrs Polkiss ! Quelle joie de vous voir, vous avez l'air rayonnante ! s'exclama John avec le sourire le plus faux de sa collection.

La colère de la vieille dame sembla légèrement s'atténuer en voyant son médecin favori entièrement à sa disposition. Dans son dos, Gisele fit une grimace d'excuses à John, qui lui fit signe de quitter la pièce. Il avait la situation en main.

- Quel bon vent vous amène cette fois, Mrs Polkiss ? sourit-il.


Sans la moindre surprise, lorsque John sortit du cabinet ce soir-là, moins tard que d'habitude mais quand même le dernier, une voiture noire dont le moteur ronflait doucement était garé devant la porte. John ne témoigna aucun mouvement de surprise et s'y dirigea automatiquement, sans le moindre doute. Juste après sa consultation avec Mrs Polkiss, il avait rapidement informé Mycroft de la situation, lui demandant quel numéro il avait le droit de fournir au policier pour s'occuper du transfert de Sherlock. John, depuis toujours, avait le numéro entièrement privé du politicien, mais le nombre de personnes jouissaient du pouvoir de disposer de ce numéro se comptaient sur les doigts de la main. Et le médecin n'était donc pas sûr d'avoir le droit de le distribuer à tout vent, fut-ce pour Sherlock. Mycroft, en effet, lui demanda de communiquer à l'agent Peakes sa ligne gérée par Anthea (ou l'une de ses lignes gérées par Anthea, John ne voulait même pas savoir), et à compter de là, s'occupa de tout.

En grimpant dans l'habitacle, John eut néanmoins la surprise de découvrir Mycroft lui-même installé sur la banquette. Il ne savait pas depuis combien de temps la voiture était là, mais il n'aurait jamais pensé que Mycroft perdrait du temps à attendre John, bêtement assis dans une voiture.

- Bonjour docteur Watson.

Mycroft Holmes était un modèle vivant d'un gentleman anglais, jusqu'au bout des ongles de la main tendue qu'il offrait pour saluer dignement son interlocuteur était parfaite, si l'on acceptait son visage défait et ses paupières rougies de fatigue.

- John, corrigea le médecin mais en acceptant la poignée de main formelle. Qu'en est-il ?

Mycroft inspira profondément.

- Il a été rapatrié à Londres immédiatement. Il y est arrivé il y a près de deux heures. Je suis allé le voir immédiatement. Il… Il ne me reconnaît pas.

John devina dans cette simple phrase la douleur horrible que cela devait générer chez le politicien. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Mycroft Holmes, mais pas d'aimer sa famille et notamment son frère au-delà de toute raison. Il avait passé sa vie à tenter de le protéger et de le guider dans ce qu'il estimait être le droit chemin, avec plus ou moins de succès. Sherlock avait toujours une réplique assassine à la bouche à l'encontre de son frère, il s'amusait à se détourner des caméras, et éliminait les mouchards, il esquivait systématiquement les visites de leurs parents à Londres. Bref, il faisait tourner son frère en bourrique avec brio.

Mais c'était son mode de fonctionnement. Et tout cela prouvait que Sherlock s'intéressait à son frère, ou plus exactement qu'il n'était pas catalogué dans la catégorie « ennuyeux ». Le monde Sherlock Holmes était divisé en deux « ennuyeux » et « pas ennuyeux ». Il n'y avait que très peu de gens qui entraient dans la deuxième catégorie. Et lorsqu'on n'y était pas, Sherlock n'exprimait que du désintérêt pour la personne en question. Il n'était jamais haineux, et rarement en colère. Simplement trouvait un intérêt ou non, point barre. John savait que, depuis toujours, il faisait partie de la catégorie « pas ennuyeux » de Sherlock, sans qu'il ne puisse réellement se l'expliquer néanmoins.

Mycroft, lui, avait dû batailler au cours de sa vie pour conserver l'intérêt de son frère. Et passer son temps à faire semblant de le mépriser était une manière de lui prouver cela.

Voir dans les yeux de son frère, son sang, que Sherlock n'avait désormais pas plus d'intérêt pour lui que pour le premier insecte venu devait sans doute représenter pour Mycroft une assez bonne vision de l'enfer.

- J'espère qu'il en sera différemment pour vous John, mais en toute honnêteté…

- Vous en doutez, acheva John à sa place.

- Oui. Il n'est pas… Il est… Je ne le reconnais pas non plus, en fait. Il n'est plus le frère avec qui j'ai grandi.

- Qu'est-ce que son amnésie a touché exactement ?

Mycroft soupira.

- C'est très étrange. Il est parfaitement capable de vivre normalement. Il reconnaît les choses simples de la vie quotidienne, une fourchette, un verre, un lit, des vêtements. Il sait faire ses lacets, boutonner sa chemise, faire toutes les choses courantes et les désigner. Il sait se servir d'un téléphone, faire une recherche internet, et il reconnaît encore tous les solos de violon en deux mesures.

- Il sait encore jouer ? Le violon je veux dire.

L'homme d'Etat fronça les sourcils.

- J'avoue ne pas avoir essayé, mais je pense que oui. Il est capable de tout faire comme avant. Gregory Lestrade est passé également, pour un petit test… Sherlock a résolu un meurtre basique à partir des photos d'un vieux cas en râlant que c'était trop simple.

- Mais il n'a pas reconnu Greg, je suppose ?

- Non. En revanche, le meurtre en question évoquait quelque chose chez lui. Et pour cause, c'était lui qui l'avait effectivement résolu, à l'époque. Il a dit la même chose de moi, de Lestrade ou même de nos parents sur des photos. Il se souvient qu'on appartient à sa vie, mais il ne sait pas pour autant qui nous sommes ou quels sont nos liens. Je lui ai montré des photos de Baker Street…

John préféra ne même pas relever le fait que Mycroft avait des photos de l'appartement.

- Il reconnaît. C'est-à-dire qu'il sait que ça fait partie de sa vie, mais il ne sait pas dire l'adresse, et ne saurait pas y aller s'il était livré à lui-même.

- Il va rester hospitalisé ?

- Cela vaut mieux dans un premier temps. Il lui faudrait sinon une présence permanente à chaque seconde et… je sais que vous n'en avez pas la possibilité. Au moins à l'hôpital, il sera surveillé. Si sa mémoire s'améliore, on verra… mais je n'ose pas imaginer les dégâts si un criminel quelconque, au hasard disons Moriarty, venait frapper à la porte alors que Sherlock est seul… Il se souviendrait qu'il le connaît, mais ne serait pas en mesure de dire quand ou comment. Et l'autre aurait alors toute latitude pour lui imprimer de faux souvenirs dans la tête…

- Il croit tout ce qu'on lui dit ?

- Non, pas vraiment. Il déduit, donc n'est pas crédule au point de tout accepter, mais il est amnésique. Il n'a pas d'autres choix que celui de croire les gens autour de lui.

- Qui se prétendent sa famille, ses amis… murmura John sur un ton fatigué. Où est-il ?

L'ombre d'un sourire passa sur le visage de Mycroft.

- Saint Bart, voyons. Où d'autre ? Je crois d'ailleurs savoir que vous êtes un grand spécialiste des lieux.

L'allusion ironique de Mycroft, murmurée sur un petit ton suffisant, fut plus horripilante que s'il avait hurlé, et John dut intensément prendre sur lui pour ne pas lui balancer son coup de poing dans la figure.

De toute manière, ils étaient arrivés, finalement. La bâtisse, sinistre dans la nuit, rappelait nuit et jour à John ses pires cauchemars. Mais depuis longtemps, il avait appris à vivre avec les ombres. Sans la moindre hésitation, il avança.


Et voilà pour cette petite mise en place ;)

Comme promis, je vous reparle de mon petit jeu : TOUS les personnages originaux mentionnés dans cette fic (y compris ceux cités rapidement, juste en passant), à l'exception de : Gisele, Ambre et Stephen le crâne (que vous découvrirez plus tard dans la fic), ont un POINT COMMUN. Saurez-vous trouver lequel ? Si oui, et si vous êtes capable d'expliquer ce point commun, je m'engage à offrir une ficlet/OS au vainqueur ! ATTENTION, je ne saurais trop vous conseiller d'attendre le dernier chapitre pour me donner vos propositions, afin d'être sûr que ce que vous affirmez vaut pour tous les personnages...

Prochain chapitre le Di 3 juillet ! Reviews ? :)