Hello, hello,

TRADUCTION - archiveofourown works /6256720 /chapters /14336380

Voilà donc le second (et dernier) chapitre de None So Blind ! J'ai quasiment terminé de traduire une autre fic (dont j'ai déjà parlé sur ma page) et j'ai eu l'accord de l'auteur pour une troisième. Les deux à venir sont toujours en XO avec les Avengers (principalement Clint pour la première ; principalement Clint à tendance Tony pour la seconde)

Un gros gros merci à Dydy-ramen pour m'avoir aidé à traduire ce chapitre-ci aussi ; avoir décidé quand j'hésitais ; avoir corrigé quand j'étais totalement à côté de la plaque, tout ça, tout ça

Un auuuuuuutre énoooorme merci à LiliEhlm pour la correction de ce second chapitre et les améliorations apportées !

PS. Je réponds aux anonymes sur skaytpapionini (.wordpress .com) dans divers - review anonyme


DOOONC... rien de tout ça n'est à moi.
Ni Daredevil ; ni la série Daredevil ; ni l'idée de None So Blind ; ni le texte ... je laisse à César (et tous les autres) ce qui est à César (et tous les autres)


On dit que l'on sait quand on passe pour un imbécile.

Matt souhaite que les suppositions des Avengers concernant son apparente incapacité à lire l'écrit soit quelque chose d'aussi bénin que le fait de passer pour un imbécile. Être considéré comme illettré ne devrait pas faire aussi mal, pas quand il sait que ce n'est pas le cas et qu'il ne peut pas leur dire la vérité.

Pas que la vérité ferait grande différence. Il peut juste sourire et faire avec.

S'il en est capable...


None So Blind - Chapitre 02

Le silence règne dans la salle depuis que la tempête Daredevil est partie, ses derniers mots sont comme un coup de feu tardif après une volée de balles. Clint peut voir à la manière dont la poitrine de chacun se soulève, à quel point la force des mots de Daredevil... non, la puissance de la voix angoissée de Daredevil, laisse tout le monde à bout de souffle. Et installés dans l'esprit de Clint, il y a des flashs : la fraction de seconde de panique aveugle sur le visage de Daredevil quand on lui a demandé de lire un écran ; la façon dont il fixait un mur pendant qu'ils se battaient à son propos, lors du débriefing, muet comme une tombe...

Sa face rouge apparemment en train d'être retenue par une foutue main autour de sa gorge, ses bras ballants et immobiles le long de son corps, et ses genoux qui commencent déjà à tomber pendant que la flèche de Clint quitte son arc.

« Bon sang qu'est-ce qu'il voulait dire quand il dit qu'il est parfaitement capable de lire ? » La voix de Tony est comme un coup de fouet dans le silence ; fort et qui prend tout le monde au dépourvu. « Sérieusement, c'est quoi ce bordel ? »

« De tout ce qu'il a dit. » Commence à dire Clint, sa voix faible mais tranchante, ce qui est l'équivalent des yeux écarquillés de Nat. « C'est sur ça que tu décides de t'arrêter ? »

Tony cligne des yeux en direction de Clint, la bouche grande ouverte. « Qu'est-ce que tu veux dire ? De tout ce qu'il a dit c'est ce qui était le- »

« C'était de notre faute. » Les interrompt Bruce, attirant l'attention de tout le monde sur sa personne. « Les blessures de Daredevil. C'était de notre faute. Voilà ce que tu devrais retenir de ce qu'il a dit. »

« Comment as-tu pu comprendre ça ? » Au milieu de l'arrogance de Tony, il y a une note de confusion dans sa voix. « Ce n'est pas de notre faute, il a fait un choix stupide. »

« C'est de notre faute s'il a été amené à faire ce choix, dans un premier temps. » Assène Bruce, et Clint prend instinctivement une grande inspiration, descend de son perchoir, sur le bar, afin de pouvoir reculer. Comme une vague, son mouvement se propage au travers la pièce et tout le monde s'éloigne de Bruce ; une pratique courante lors d'un risque Hulk. Bruce l'exige.

Mais il semble l'avoir sous contrôle ; il n'y a même pas un soupçon de vert sur son visage ou son corps. Il regarde juste Tony pendant un moment puis tourne les talons, et sort telle une tornade, ce que n'a pas fait Daredevil quelques minutes plus tôt.

Pas tellement 'sous contrôle' après tout.

Steve soupire, son corps s'affaisse lorsqu'il s'effondre en arrière, sur le canapé. « Nous avons merdé. » Dit-il d'une voix qui devrait n'être qu'un murmure, mais qui porte dans la pièce silencieuse.

« Eh bien, nous aurions pu faire quelques suppositions malheureuses... » Commence Tony.

« Nous. Avons. Merdé. » Dit Steve de sa voix de Captain America, confiante et glacée. Il est furieux. « Nous avons foiré et ne pas l'admettre est aussi mauvais que ce que nous avons fait en premier lieu. »

« Steve- »

« Sais-tu ce que c'est d'être ignoré ? » Demande Steve d'une voix calme, plus calme que Clint n'a jamais entendue, ça semble faire écho dans la pièce. « Sais-tu ce que c'est de voir ta valeur en tant que personne, en tant qu'être humain, être estimée non pas selon ce que tu peux faire mais selon ce que tu ne peux pas faire ? As-tu déjà entendu quelqu'un te dire, subtilement ou ouvertement, que tes compétences et aptitudes valent moins parce que tu n'es pas capable de faire ce que n'importe qui d'autre peut ? »

Il y a une tension dans la salle, tout le monde retient son souffle devant l'émotion, l'empathie et la douleur dans la voix de Steve. « Moi oui. Et... et j'ai oublié. Je vous ai laissé faire des hypothèses... J'ai moi-même fait des hypothèses et ça a fait qu'un homme bon, un allié... ça a fait que Daredevil a ressenti ce que je m'étais juré d'exterminer en utilisant mon nouveau corps. Donc ouais... nous avons merdé. J'ai merdé et nous allons faire en sorte que ça ne se reproduise plus. Nous allons faire en sorte qu'il obtienne ce que nous lui avons refusé. »

« Et qu'est-ce que c'est ? » Demande Nat, sa voix est plus douce que Clint n'a jamais entendu de sa part.

« Le respect. Du respect pour lui, sans aucune altération et aucun rejet ; peu importe à quel point nous pouvons trouver cela difficile. Peut-être qu'alors nous serions enfin les héros que nous prétendons tous être. »

o o o

Le discours de Steve – dramatique, encore – retire toute envie de combat de Tony... d'eux tous. Ils dérivent jusqu'à leur étage pour penser, pour se souvenir...

Pour attendre.

Clint retire ses aides auditives, joue avec elles tandis qu'il est assis sur son lit et pense. Tout ça est de sa faute...

« Plus sérieusement... qu'est-ce que t'as dit à Daredevil, Cap ? Il a filé comme une chauve-souris hors de l'enfer. »

« Tu n'es pas drôle, Barton. »

« Je suis hilarant, Stark. »

« Je pense qu'il était gêné d'avoir été nerveux avec la bombe et mal lu la minuterie. »

« Mon dieu, Daredevil a l'air de pas avoir de bol avec les choses écrites... »

Les mots ont du pouvoir, Clint le sait. Les voix et les sons peuvent informer les gens, les faire penser et il n'a jamais vraiment eu droit à tout ça. Les mots parlés lui sont parfois refusés, même s'il peut contourner le problème. L'écrit est et a toujours été un sanctuaire, pour lui. Mais qu'est-ce que signifie d'avoir ce sanctuaire et, pourtant, de ne pas être en mesure d'y accéder ?

Il a supposé que Daredevil avait un problème avec l'écrit. Ils ont fait l'hypothèse collective que c'était parce qu'il était illettré. Mais il ne l'est pas, il l'a dit. Ce qui ne laisse qu'une seule option...

Clint n'est pas le seul 'super-héros' avec un handicap, ici.

Et il est la raison qui fait souffrir l'autre personne.

S'il n'avait pas initialement proposé cette hypothèse, seraient-ils arrivés à une théorie ? S'il n'avait pas aidé à trouver des preuves, en seraient-ils venus à cette conclusion ? S'il s'était davantage fait entendre, Tony aurait-il été aussi obsédé à l'idée de 'régler' le 'problème' ?

S'il avait été un type bien et avait arrêté, juste un moment, de penser, se serait-il rendu compte à temps qu'il n'est pas le seul super-héros handicapé des environs, afin d'épargner à Daredevil la cruauté des ignorants ?

Ses aides auditives n'ont pas de réponses et les tourner encore et encore entre ses mains ne fait que les réchauffer.

o o o

Daredevil a rendu très clair, au moment où il a claqué la porte, et en dépit du fait d'être à peine capable de marcher, ce qu'il pense des Avengers. Clint ne le blâme pas du tout ; même s'il a merdé, parler au nom de l'homme en ne sachant fondamentalement rien de ses besoins... être sourd ne lui donne pas le droit de parler au nom d'un autre. Il pourrait ne pas avoir été aussi discriminant que les autres mais il a tout de même merdé.

Laisser Daredevil seul jusqu'à ce qu'il soit prêt à parler est la chose la plus difficile que Clint n'a jamais dû faire. Mais il le fera. Parce qu'il est clair que rien d'autre n'aidera.

Alors qu'il marche dans la salle commune, le matin suivant le départ dramatique de Daredevil, Clint sent quelque chose de chaud et de lourd glisser dans ses veines quand il voit ce que Tony a sur les écrans.

« Qu'est-ce que tu fous ? » Demande-t-il, d'une voix qu'il réserve généralement aux cibles dangereuses et folles.

Tony le regarde à peine, concentré sur les nombreuses images des différents écrans qui composent leur système de divertissements à domicile, ridicule et excessif. « Bandes de vidéo-surveillances. Photos de téléphone portable. Portraits robot. »

« Daredevil. » Résume Clint. Il examine une photo de Daredevil dans son ancien costume noir, et qui a clairement été prise depuis une caméra de surveillance douteuse.

« Daredevil. » Confirme Tony. « Il a dit pouvoir lire mais, d'une manière ou d'une autre, il peut encore se batt- »

« T'es un idiot. » Grogne Clint et Tony se tourne vers lui, outré. « Premièrement, tu fais exactement ce qu'il t'a demandé de ne pas faire la nuit dernière et envahis sa vie privée illégalement. »

« C'est un justicier, ce n'est pas comme s'il était en position débattre sur la légalité. »

Clint donne un coup dans l'image qu'il regarde et l'envoie plus loin. Il tire vers le haut une des affiches 'Information recherchée' qui apparaissent occasionnellement et qui demandent d'amener Daredevil. « Est-ce que tu vas le faire revenir ? Parce que c'est la seule raison vaguement justifiable pour que t'enfreignes la loi à la recherche de son identité. »

« Je ne veux pas savoir qui il est. » Tony ment, ses yeux révèlent la tromperie. « Je veux juste savoir comment il fait ce qu'il fait. »

Attendez... comment il se bat ? « Comme moi ? » Suggère Clint, confus. Il enfouit la légère douleur dans son cœur, ne la laisse pas apparaître dans sa voix. Il ne va pas être blessé parce que Tony considère que les héros handicapés ont besoin de quelque chose en plus pour faire leur boulot ; et ce même si le problème ne concerne pas le-dit job.

Tony cligne des yeux et lui lance un regard perplexe. « Qu'est-ce que tu veux dire par 'comme moi' ? Tu peux lire, tu n'as jamais mis ta vie en danger par orgueil. Tu as- »

« Handicapé. Ce qu'il est. Est-ce que tu as manqué ce détail, hier soir ? » Clint ne peut pas totalement retenir la note d'incrédulité dans sa voix. Il sait que, parfois, Tony peut être inconscient de certaines choses, qu'il peut manquer l'évidence en faisant d'énormes sauts de génie, mais ça... ça doit être la cerise sur le gâteau. Il est à la recherche de quelque chose qui n'existe pas dans le but de résoudre le mauvais problème.

« Attends. Quoi ? Handicapé ? Mais c'est presque un super-h- »

L'écœurement arrive dans l'estomac de Clint et il se tourne, avec toute la vitesse et la grâce que ses années de formations lui ont permis d'acquérir. « Si tu penses qu'on ne peut pas avoir un super-héros handicapé, Tony, tu ne dois pas être l'homme que je pensais, au fond. »

Derrière lui, il peut presque entendre le bruit que fait le cerveau de Tony qui fonctionne à plein régime, qui traite la bombe qu'on vient de lui envoyer, mais Clint ne peut même pas s'en soucier.

Il fonce dans Steve sur le chemin de sa chambre, la collision est mineure uniquement grâce aux réflexes de Steve. « Clint ? Tout va bien? » Clint hausse un sourcil et sourit. « OK, mauvaise question. Qu'est-ce qui se passe ? »

« Stark. Il a, hmm, raté les conséquences de notre petite conversation, la nuit dernière, avec notre justicier local. » Le visage de Steve se défait et une lueur sévère apparaît dans son regard. « Il regarde tous les enregistrements, essaie de comprendre comment quelqu'un pourrait être capable de lire sans pouvoir lire ; et aussi comment il pourrait se battre malgré ça. » Il rit, un sourire triste et sans joie. « Je pense aussi qu'il essaie de retrouver Daredevil. »

La lueur est maintenant un éclat. « Je vais parler avec lui. J'ai déjà parlé avec Thor, ce matin, et au moins il semble se rendre compte que nous nous sommes plantés. »

Clint mord sa lèvre et ajoute. « Je pense que vous devrions parler à Daredevil... nous assurer qu'il sait que nous comprenons ce qu'il a dit hier soir. Et... et que nous allons changer. »

Steve tourne son regard noir vers Clint et, un moment, il combat l'envie de gigoter face au regard patriotique de Captain America. Puis il baisse les yeux et hoche la tête. « Oui, nous devrions. Je sais qu'il ne veut pas nous voir mais... »

« Mais nous devons lui parler. » Estime Clint puis il déglutit. « Tu y vas. » Au sourcil haussé de Steve, il s'explique. « Tu es plus rapide et je doute qu'il sera vraiment d'humeur à 'viens et discutons' Pas moyen que je sois surpris à traîner à Hell's Kitchen mais tu pourrais avoir une chance. »

Au grand soulagement de Clint, Steve lui envoie un hochement de tête prudent. Il réussit à garder ses épaules hautes ; elles ne s'affaissent donc pas à la prise de conscience qu'il n'a pas à faire face à Daredevil.

À faire face à ce qu'il a fait.

o o o

Il faut presque trois semaines à Steve pour retrouver Daredevil.

La première semaine est la pire. N'avoir aucun aperçu du justicier cornu fait intérieurement paniquer Clint à l'idée d'avoir tué l'homme. C'est seulement une fois qu'il refait surface, la seconde semaine, que l'inquiétude se dissipe. C'est probablement la première fois dans sa vie qu'entendre parler de passages à tabac et d'escrocs terrifiés est une bonne chose.

OK, les escrocs terrifiés sont toujours une bonne chose. Les passages à tabac ? Pas tellement.

Steve arrive la neuvième nuit. Il se déplace avec une volonté de stabilité dans les épaules et des pas mesurés. C'est plus ou moins un signal pour l'équipe, tous sont rassemblés dans la salle commune – la même que celle où Daredevil leur avait passé un savon.

« T'as trouvé Tête Cornue ? » Demande Tony, les yeux fermés tandis qu'il ignore les regards de tous les autres.

« Oui. Il avait un message pour nous, à propos de ce qu'il veut. »

« Enfin ! Dis-nous tout. »

« Il faut le laisser tranquille. » Les mots de Steve sont comme un éclair dans la salle. Tout le monde s'arrête et retient son souffle en attendant le tonnerre. « Il n'a besoin de rien venant de nous. Nous sommes donc conviés à rester hors de Hell's Kitchen à moins qu'il appelle. »

Ils sont silencieux pendant un moment. Deux moments. Puis le tonnerre arrive, sous la forme d'un Tony qui parle. « Quoi, attends, et si nous avons une affaire à Hell's Kitchen ? Suis-je supposé éviter dix blocs entiers, sur mon trajet, ou il y a un laissez-passer ? »

« Il veut dire... » Commence Nat, ses mots sont précis et mordants. « Qu'il veut que les Avengers restent hors de Hell's Kitchen. Tony Stark peut venir à sa guise ; Iron Man n'est pas le bienvenu. »

Tony ouvre la bouche pour répliquer mais Thor le devance, sa voix tonitruante fait que personne ne peut parler par-dessus. « C'est une requête difficile à honorer, d'ignorer un frère d'arme à qui nous avons causé un tel tourment mais c'est sa demande ? » Steve confirme et Thor reprend. « Alors ce serait un déshonneur d'ignorer son désir. Quelle forme doit prendre son appel ? »

« Le téléphone de Clint. » Dit Steve.

« Ah, le dispositif cellulaire. Raisonnable. »

Là-dessus, Thor sort. Il est évident qu'il voit le problème aussi simple que ça et le considère comme résolu. Jusqu'à ce que Daredevil appelle : le laisser seul. Facile.

Clint espère juste que ça l'est vraiment.

o o o

Ce n'est pas facile.

Ce n'est pas à propos de ne pas être en mesure de suivre les ordres de Steve – de Daredevil, en fait, il les a simplement fait passer par Steve – et reste en-dehors de Hell's Kitchen. Rester loin de Daredevil. C'est au sujet de leur personnalité et comment ils gèrent les problèmes. C'est-à-dire qu'attendre avant de confronter quelqu'un n'est pas une solution à laquelle penserait un Avenger.

Clint n'a jamais été du genre à trop réfléchir sur ses décisions ou ses actions, au grand dam de ses coéquipiers. Donnez lui le choix et Clint préférera agir qu'attendre.

Un état d'esprit étrange pour un tireur d'élite et un sniper mais Clint n'a jamais prétendu être 'normal'.

Et il n'est pas le seul.. Aucun des Avengers n'est du genre à courir loin d'un problème ; s'ils l'étaient, ils ne seraient probablement pas là. Bruce court pour protéger les gens de lui-même, prenant le problème avec lui pour le résoudre seul. Tony semblera l'ignorer jusqu'à ce qu'il ait la solution ou que ça ne soit plus un problème. Steve et Thor n'ont jamais entendu parler de cette 'course' dont vous parlez. Sam fait tout ce que fait Steve, mais plus lentement. Et Nat... eh bien Nat cause les problèmes ou les résout, elle ne court pas loin d'eux.

Clint... il est juste trop stupide pour courir et trop impulsif pour y penser, de toute façon.

Mais Clint sait que, cette fois, confronter le problème ne va pas aider à moins qu'ils affrontent le bon. Et, pour l'instant, Daredevil – il n'a pas le droit de l'appeler Mike, plus maintenant – à clairement indiqué que c'était eux, le problème.

En tout cas, c'est ce que pense Clint jusqu'à ce qu'il reçoive l'appel, un mois après la demande de Daredevil.

o o o

Clint ne regarde pas l'identité de son interlocuteur avant de répondre. Il est conscient que les seules personnes qui ont son numéro sont ses coéquipiers, qui sont tous présents, à ce qu'il sait. « Tu sais que je suis dans la cuisine, hein ? Suffit de demander à JARVIS où je suis, je suis sûr qu'il sait. »

Seul le silence lui répond. Il est si total que Clint se retrouve à vérifier que... oui, il a ses aides, et oui il a bien un appel. Il n'ima-Oh.

Le téléphone dit Daredevil. « Daredevil ? T'es là ? »

« Ah, oui, je suis là. Je présume que vous n'êtes pas occupé, du coup ? »

Un plaisir embarrassé se propage chez Clint, une chaleur qui le fait sourire. « Pas vraiment, non. Juste en train de me demander s'il est plus amusant de voler la nourriture de Tony ou celle de Nat. » Les deux sont notoirement territoriaux avec leur nourriture et susceptible de vouloir tuer Clint pour l'avoir volée. Enfin, Nat l'est Et donc... Nat est... hmm, peut-être vaut-il mieux voler Tony, en fait ; moins de risque d'une mort sanglante. « De quoi t'as besoin ? »

« J'ai... j'ai eu une info. » Dit-il, et la frustration est claire dans chaque syllabe. « Au sujet d'une cargaison à Hell's Kitchen. De vieilles armes et des technologies volées lors de la chute du S.H.I.E.L.D » Quelque chose de froid coule dans les veines de Clint à l'idée que la moitié des trucs que le S.H.I.E.L.D avait dans son armurerie soient dans les rues de Hell's Kitchen. « Je les ais interrompus. » Daredevil continue et il y a une note amusée dans sa voix à cet euphémisme. « Mais maintenant j'ai des containers d'objets que je ne peux pas laisser et il y en a trop pour que je les prenne avec. »

« De quoi as-tu besoin, alors ? »

Il y a une longue pause. « De quelqu'un... de quelqu'un de confiance pour m'aider à en détruire autant que possible sans risquer des vies. »

Clint doit sourire. « Tu veux que je vienne détruire cette merde ? Oh ouais ! Où je dois aller ? » Il ne peut pas cacher la joie dans sa voix et n'essaie même pas. Ça... ça c'est définitivement son truc.

Daredevil lui débite à toute allure une adresse, en plein centre de Hell's Kitchen. Ce qui tempère la joie de Clint... qui la tempère vraiment pas mal, en fait. Une partie de la technologie du S.H.I.E.L.D est dangereuse et encline à exploser ; le S.H.I.E.L.D gardait toujours leurs armes en sécurité... et maintenant elles traînent au milieu de la population civile, seulement protégée par un mec déguisé en diable.

« J'arrive. Ne déplace rien, si possible. » Clint s'arrête puis ajoute. « Ça sera seulement moi, pas- »

« C'est tout ce que je demande. »

« Alors c'est tout ce que t'auras. »

o o o

Daredevil a laissé la porte du bâtiment – un parmi une dizaine, l'un des plus beaux et certainement pas abandonné alentours – entrebâillée. Clint s'y faufile, après avoir atteint Hell's Kitchen en un temps record.

« Vous avez mis du temps. » Fait remarquer Daredevil, dos à la porte, tout en passant une main prudente sur une des nombreuses boîtes qui encombrent la pièce. C'est un endroit agréable, dépourvu de tout meubles afin d'avoir de la place pour les caisses. Il y en a tellement. Honnêtement, Clint ne pensait pas que le S.H.I.E.L.D avait autant de technologies qui traînaient après avoir été volées.

« Eh bien, tu connais le trafic à cette heure-ci. » Plaisante Clint en retour. « Et tu aurais été comme un parfait idiot, si ça n'avait pas été moi. »

Daredevil penche la tête, ce qui donne vraiment l'impression à Clint qu'il sourit. « Je savais que c'était vous. »

« N'importe quoi. » Ricane Clint en se mettant à genoux à côté de Daredevil. « Qu'est-ce qu'on a ? »

« Cette caisse contient des fusils, je pense. » Annonce Daredevil en se redressant. « C'est le cas pour la plupart d'entre elles. Je peux m'occuper de celles-ci, ou les laisser à la police. »

« Emmène-moi vers celles pour lesquelles tu as besoin de mon aide. C'est pour ça que je suis là. Aider. » Clint se relève, lui aussi, et lit les étiquettes de certaines boîtes, prises au hasard. Il s'arrête quand il remarque une étiquette bleu pâle sur fond noir. Pourquoi est-ce que ça lui paraît familier ?

« Clint ? »

« Qu'est-ce qu'il y a dans celle-ci, des pièces de laboratoires marquées ? » Daredevil bouge pour être debout, à côté, et, ensemble, ils la mettent au sol et l'ouvrent. Clint siffle de colère quand il voit des flacons de verre, simplement posés là et seulement enroulés dans du papier bulle.

Daredevil penche la tête. « Qu'est-ce qui ne va pas. »

« Des échantillons biologiques. Dans du papier bulle. Sont-ils idiots ? » Clint ne peut pas cacher la colère qui se propage dans son corps et fuit dans sa voix. Oh mon dieu c'est soudainement devenu mille fois pire. De ce qu'il peut voir, aucun flacon n'a été brisé mais c'est seulement ce qu'il peut vérifier visuellement. L'énorme quantité de papier bulle fausse tout, au point qu'il peut à peine dire que le liquide dans les fioles est d'un rouge foncé. Il va finir dans une douche de décontamination, il le sait. Ou pire.

« Ils ne devraient pas être morts, sans réfrigération ? » Clint est surpris du commentaire perspicace de Daredevil, et rapidement honteux d'en être étonné.

« Pas s'ils ont été conçus pour ne pas en avoir besoin. Ce que- » Il s'arrête, la honte étouffant ses mots.

« Ce qu'a fait le S.H.I.E.L.D. » Termine Daredevil. « Faites sortir ça de ma ville. » Grogne-t-il.

Clint hoche la tête. « Je vais appeler... Je vais appeler le FBI, le CDC. Tout le monde. C'est toi qui vois si tu restes ou pas... » S'ils ont été ouverts nous sommes tous les deux morts, pense-t-il, sans le dire.

D'une façon ou d'une autre, Daredevil comprend ce qu'il pense. « Elles ne sont pas brisées. »

« Quoi ? »

« Les fioles. Aucune d'entre elles n'est brisée. Et ça, c'est la seule boîte ici qui ne contient pas une certaine forme d'armes. »

Clignant des yeux sous la confusion, Clint se tourne pour le regarder. « Comment tu peux le dire ? » Demande-t-il d'une voix douce mais confuse. Une seconde plus tard, il réalise qu'il vient de douter de Daredevil et son cœur fait une embardée de peur de de dégoût.

À sa grande surprise, Daredevil se contente de sourire. « Je peux le dire. Je vais... Je vais y aller. Me décontaminer moi-même. » Il mord sa lèvre, paraît incertain, puis tourne les talons.

Il a fait la moitié du chemin jusqu'à la porte quand Clint arrive à répondre quelque chose, entre ses lèvres. « Tu as une douche de décontamination ? » Parvient-il à dire ce qui fait s'arrêter Daredevil.

« Non, mais je ferai de mon mieux, en tout cas.

o o o

Il est cinq heures du matin, à peine une demi-heure avant que le soleil se lève, quand Clint parvient à échapper aux griffes du CDC. L'affirmation de Daredevil se révèle être juste : aucune autre caisse ne contient d'échantillons biologiques et aucun de ceux qu'ils ont n'ont été cassés. Ils sont également, après second examen, de simples prélèvements de sang et non des virus. C'est toujours dangereux mais pas autant que dans le premier cas.

Clint réussit à éviter une douche de décontamination.

Satisfait de sa chance et son habileté, il décide de prendre le chemin le plus court pour retourner à la Tour et passer par les toits de Hell's Kitchen. Ça fait beaucoup trop longtemps qu'il n'a pas utilisé ses compétences de Parkour et il commence à comprendre pourquoi c'est le moyen de déplacement préféré de Daredevil. Les toits, ici, sont bien plus amusants que ceux près de la tour – et avec moins de gens riches et grincheux.

Deux blocs plus loin, il voit une silhouette sombre, fuir le soleil qui fait disparaître les dernières ombres de la nuit. Il se retrouve à l'arrêt avant même que ce soit vraiment enregistré dans son esprit, ralentit ses mouvements pour s'arrêter sur le toit.

« Daredevil ? » Appelle-t-il et la silhouette sort à moitié des ombres. C'est suffisant pour qu'il voit qu'il s'agit bien de Daredevil, vêtu de son vieux costume du 'Diable de Hell's Kitchen'. « On retourne aux vieilles habitudes ? »

« Il se trouve que je n'ai pas besoin de mon costume, pour le moment. Je ne suis pas en attente d'un combat. » Sa voix est douce et pas aussi profonde que d'habitude. « Tu vas bien ? » Il y a aussi une pointe d'amusement dans sa question, comme si...

Clint gémit. « Tu savais que c'était du sang et non des virus, n'est-ce pas ? »

Daredevil hausse les épaules mais ses lèvres frémissent. L'enfoiré n'est pas loin de sourire, Clint peut l'assurer... « J'avais quelques soupçons. »

« J'étais inquiet. »

« Je sais. »

« C'est ta vengeance, n'est-ce pas ? »

C'est la mauvaise chose à dire. Les épaules de Daredevil se raidissent, il incline la tête et sa respiration s'interrompt. « Vengeance ? »

« Pour avoir merdé. » Explique Clint. « Parce que j'ai sérieusement merdé et que tu es en droit de te venger autant que tu le souhaites parce que j'le mérite. »

Daredevil penche encore la tête, ses épaules tombent légèrement. « Tu sais que tu as eu tort. »

Ce n'est pas une question mais Clint répond quand même. « Ouais. J'le sais. Je pourrais... Je pourrais ne pas avoir fait ce que les autres ont fait mais j'ai parlé pour toi et j'ai merdé. » En une profonde inspiration, il rassemble tout son courage et murmure. « Je suis désolé. »

« OK. »

Il tourne les talons et se dirige directement vers le soleil levant. Clint essaie de le suivre mais le soleil l'éblouie et il lève un bras pour se protéger. Au moment où son bras est dans une position qui lui permet de voir ce qui se passe tout en faisant de l'ombre, Daredevil est parti.

o o o

Ainsi commence une période quelque peu inhabituelle dans la vie de Clint.

Enfin... presque aussi inhabituelle que la période de sa vie où il est l'ex-forain sourd dans une équipe de super-héros qui sauve régulièrement le monde. Quoique... il est encore dans cette période de sa vie, est-ce que ça compte comme étant une partie de cette période de sa vie ?

OK, la métaphore lui a échappé. Quoi qu'il en soit, les choses deviennent étranges. Daredevil – « Appelle-moi Mike, Clint, j'ai dit que c'était bon. » – n'appelle pas beaucoup mais il appelle. La plupart d'entre de leurs conversations se résume à : « Je suis sur le point de m'en prendre à quelqu'un qui est plus grand que moi et ma personne mes amis s'inquiètent. Tu veux venir les battre avec moi afin que mes amis s'inquiètent moins ? »

Clint n'est pas du genre à dire non quand il s'agit de battre des gens au nom de la justice. C'est vachement mieux que de les tuer ; et il a fait sa part, parfois pour les mauvaises personnes (S.H.I.E.L.D sont maintenant les mauvaises personnes et ça fait mal plus que tout, donc Clint l'ignore). Personne ne commente sa disparition bihebdomadaire ou mensuelle, mais Clint n'est pas assez bête pour penser que c'est passé inaperçu

Il ne s'en soucie pas, cependant. Il est trop occupé à traîner avec D-Mike, qui s'avère avoir à la fois un sens de l'humour douteux et possiblement être un dork complet.

Clint n'a jamais été aussi ravi de se faire un ami. Même quand ça le mène dans des situations comme ça.

« Toujours en vie là-dessous ? » Demande Mike, amusé, tout jetant un œil par-dessus le rebord de la benne à ordure pour regarder Clint.

« Moque-toi tant que tu veux, je suis là où je voulais être. » Luttant pour s'asseoir, Clint accepte la main qu'on lui offre. « Mieux vaut la poubelle qu'être une crêpe par terre. » Avec un grognement, Mike le tire hors de la benne et ils tombent au sol.

« Mec, j'suis content que nous soyons seuls, là, maintenant. » En regardant tout autour, Clint réalise qu'il n'est en fait pas vraiment sûr que ce soit correct. « On est seuls, là, non ? »

Mike baisse la tête une seconde, un moment que Clint a vu un millier de fois, puis hoche la tête. « Nous sommes seuls. » Il penche la tête puis ajoute. « Enfin... exceptés les trous du culs que tu as laissé t'appro- »

« Je ne les ais pas laissés s'approcher ! »

« Alors pourquoi est-ce qu'ils t'ont poussé du toit ? »

Clint renifle, scandalisé. « Je n'ai pas été poussé. J'ai sauté. Mieux vaut être- »

« Ouais, je sais. Un morceau d'ordure qu'un pancake de ruelle. »

Avec un petit sourire, Clint s'apprête à passer un bras autour des épaules de Mike mais l'homme l'esquive en un mouvement fluide et rapide. « Oh non. Ton déchet reste ici. » Il sourit plus encore, Clint fait un autre pas vers lui.

À sa prochaine respiration, Mike est déjà à mi-chemin de la sortie de secours. Clint est sur ses talons. Ça se transforme en une course-poursuite que Mike gagne facilement, en disparaissant dans l'obscurité de Hell's Kitchen.

Vaincu, Clint s'installe sur le bord d'un toit et commence à parler. Il sait que Mike n'est pas loin mais il commence aussi à penser que l'audition de Mike est telle qu'il l'aurait entendu quand bien même n'aurait-il pas été proche.

Clint est vaguement envieux. « Donc j'ai un peu réfléchi, récemment – ne ris pas, je sais que tu es en train de rire. Pas besoin de te voir pour savoir que tu ris. Peu importe, j'ai pensé que, si tu veux, et je comprendrais que ça ne soit pas le cas, mais peut-être que tu pourrais rencontrer Thor. Je sais que tu es toujours en colère après eux, et ils le méritent – moi aussi – mais Thor est un golden retriever dans un corps d'humain et il... il ne juge pas. »

« Principalement parce que je ne pense pas qu'à Asgard ils ont le même soucis que dans notre monde au sujet des capacités et incapacités des guerriers – c'est comme ça qu'il nous appelle, ce ne sont pas mes mots– mais c'est assez réconfortant, en tout cas.

« Amène-le. » Dit Matt et Clint sursaute. Cependant, Mike est là et saisit ses épaules afin de l'empêcher de sauter d'un deuxième toit, ce soir.

Le cœur battant suite à ce sauvetage in-extremis, Clint lui sourit. « Merci. »

« De rien. Et amène-le. » Répète Matt. « Je vais le rencontrer. »

Il est parti la seconde suivante, courant au travers du toit suivant. Clint ne le poursuit pas, cette fois.

o o o

Thor jette un œil à Mike et semble rayonner. « Ah. Vous êtes le guerrier Daredevil ! J'ai entendu dire que votre habileté au combat n'a d'égal que votre habileté avec les mots ! »

Bien que le masque cache ses yeux à la vue des autres, Clint à l'impression que Mike cligne des yeux, confus. « Euh. Merci ? »

« Vous n'avez pas besoin de me remercier. Je répète seulement ce qui m'a été dit. Maintenant, allons-nous trouver une glorieuse bataille dans cette Cuisine de l'Enfer ou passer notre soirée à réaliser le glorieux exploit du 'Parkour'. »

Clint mord sa lèvre pour essayer de ravaler le rire qui lui brûle la gorge. Parfois, il pourrait jurer que Thor joue 'l'alien à la culture guerrière' juste pour les réactions auxquelles il a droit. Mais parfois ça paraît authentique et Clint commence à douter, lui aussi.

Mike semble perdu. « Euh... la bataille ? Bien que vous ne soyez pas vraiment subtil- »

« Dit l'homme qui porte des cornes. »

« C'est un symbole. » Claque Mike, un sourire sur le visage devant cette querelle familière. « Et Thor, vous pouvez m'appeler Mike. » Il commence à courir vers le prochain toit. Sans hésitation, Clint suit.

« Michael. Vous m'honorez avec votre nom. » Les pas tonitruants de Thor suivent et Clint se met sur le côté afin qu'il puisse le dépasser et que lui puisse voir ce qui se passe ensuite.

Ce n'est pas ce qu'il espère.

Mike trébuche, sa grâce habituelle disparaît au son de son nom complet dans la voix puissante de Thor. Il est chanceux d'être encore à quelques pas du bord du toit, mais c'est toujours plus maladroit que Clint n'a jamais vu de sa part – enfin, depuis cette nuit.

« Mike. » Corrige-t-il, se tournant vers Thor, confus.

« Michael, oui. »

La frustration apparaît dans la voix de Mike. « Non, Mike. S'il-vous-plaît, écoutez-moi. »

« … J'ai déshonoré votre souhait. Mes plus sincères et mes plus profondes excuses... Mike. »

Les épaules de Mike s'abaissent et sa poitrine se soulève. Il semble soulagé. « OK. »

« Pourquoi pas Michael ? Si je peux me permettre ? » Demande Clint, attirant l'attention de Mike.

Il hausse les épaules. « C'est... c'est un nom chargé, pour moi. Je préfère ne pas y répondre. »

« Mais ce n'est pas ton vrai nom. »

Mike ricane. « Pas même de près. » Et Clint... et Clint a l'impression qu'il ment.

« Allons-y, alors. » Dit Mike. « Allons voir si je peux vous trouver une glorieuse bataille. »

La vue de ces trois-là suffit à effrayer chaque criminels qu'ils rencontrent, souvent avant même qu'ils soient assez proches pour parler. Un Mike amusé envoie finalement Clint chercher ce qu'il appelle 'de bonnes pizzas' qu'ils mangent sur le bord d'un immeuble où, selon Mike, personne ne se souciera de leur présence

C'est une bonne nuit.

o o o

Les soirées pizzas avec Thor deviennent un rituel hebdomadaire dans la mesure du possible – Thor ne les laissera pas être quelque chose de moindre... Mike plaisante comme quoi il apprécie la pause puisque tous les criminels de la ville semblent retourner dans leur trou dès l'instant où Thor arrive à Hell's Kitchen. Personne ne veut faire face à un Dieu du tonnerre contrarié – même si Mike et Thor finissent parfois par (se disputer) parler de religion.

Il s'avère que Mike est un fervent Catholique. Comment c'est possible, Clint ne le saura jamais mais ça conduit à d'intéressantes conversations. Quel que soit le problème de Mike avec l'écrit, ça ne l'empêche clairement pas de lire une multitude de choses – il a un penchant pour les personnalités politiques du XXe siècle, particulièrement un juge – qu'il aime citer lors des débats. Thor est complètement perdu, il essaie toujours de s'en sortir avec les films Disney, mais qui rend Clint de plus en plus sûr que les Avengers ont rendu à Mike un très mauvais service quand ils ont fait le lien ridicule entre 'a des problèmes pour lire les écrans et les mots' et 'illettré'.

Plus que rendre un mauvais service... ils étaient des trous du culs discriminants.

C'est avec cette lourde pensée que Clint commence à accepter le fait fait que Mike ne va probablement jamais plus leur faire confiance.

Et c'est d'accord...

o o o

« Mike ! Je pensais qu'on était d'accord que la soirée pizza était demain ? »

Il y a un silence hébété de l'autre côté de la ligne, si similaire au premier appel que Clint est déjà à vérifier ses aides. « Clint ? »

« Mike. Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je... je pense que j'ai besoin d'un médecin. » Clint peut à peine l'entendre et il n'est pas sûr que ce soit à cause de son audition ou parce que Mike se tait. « Je suis... J'ai besoin d'un médecin. »

Clint est déjà en train de traverser la Tour et se dirige vers les labos. « Je pensais que t'avais dit que tu avais quelqu'un pour te rafistoler. »

« Est. Partie. »

« Partie ? » Les veines de Clint doivent être remplies de glace, à en juger par le frisson gelé qui le prend.

« Famille. Hors de la ville. »

Le soulagement submerge Clint, tellement que ses jambes vacillent un instant. « D'accord, Mike. Tu veux que Bruce vienne ? »

Un silence remplit la ligne. Il considère la question. S'il dit non, Clint va y aller lui-même parce que Mike a l'air horrible et il demande de l'aide. Ceci ne se produit jamais. « D'accord. »

Les genoux de Clint ne pourraient pas tenir une simple plume, actuellement, et encore moins le soutenir. Du moins, pas en tremblant de la sorte. Il est presque trop faible pour tenir debout. Il titube jusqu'au laboratoire, où Bruce lève les yeux d'une expérience.

« Clint ? Qu'est-ce qu- »

Il lui tend le téléphone. « Daredevil. Il a besoin d'un toubib et il te d'mande. »

Bruce prend l'appareil sans hésiter. « Vous savez que je ne suis pas un praticien licencié, n'est-ce pas ? » Il grimace tandis que Mike parle. « D'accord, je peux être là d'ici quinze minutes. Votre ami est-il conscient ? Bien, continuez comme ça et assurez-vous de ne pas négliger vos propres blessures – oui, je peux dire que vous êtes blessé aussi. Je connais les gars dans votre genre. » Il raccroche et rend le téléphone à Clint.

« Tu y vas ? »

« Seul. » Répond Bruce, une pointe de grognement à la Hulk dans la voix.

Clint lèvre les mains. « Hey, j'ai rien dit. Je serais une distraction, va sauver notre diable. »

o o o

Il s'avère que Bruce n'a pas vraiment besoin que Clint fasse distraction plus tard. Après avoir entendu parler de l'appel, Tony essaie mais échoue à suivre Bruce au travers des diverses caméras piratées. Le fait qu'il soit comme un fantôme, disparaît presque aussi vite que Mike et son entêtement à taire l'adresse où il est allé, y compris les blessures qu'avait Mike, fait que Tony n'obtient absolument aucune nouvelles informations pour ses recherches.

Pas même à Clint, mais il ne s'en soucie pas vraiment. Si Mike veut lui en parler, il le fera. C'est quelque chose qu'il dit à Mike, trois soirées pizzas plus tard, quand il lui demande s'il passera à l'improviste à son bureau.

« Ça voudrait dire que je sais où tu travailles. » Fait remarquer Clint, la bouche pleine de la meilleure pizza qu'il a jamais mangée.

« Mais si tu sais où j'habite, tu peux sûrement deviner où je travaille ? »

« Nope. » Grogne Clint, ennuyé de devoir prêter attention à cette conversation alors qu'il y a de la pizza. À côté de lui, Thor engloutit joyeusement sa troisième pizza, facturée directement de la carte de crédit de Tony Stark. Clint se demande s'il remarque même ces dépenses hebdomadaires.

Mike s'arrête. « Ce n'est pas le cas ? »

Clint avale sa pizza et résiste à l'envie d'en manger davantage avant de dire quoi que ce soit. « Nàn. Bruce ne dira rien à personne. On a même pas eu confirmation que tu vivais à Hell's Kitchen puisque Bruce a évité toutes les caméras que Tony a balancé sur lui à moins d'un bloc de la Tour. Il est doué. »

« Est-ce que tu veux savoir ? »

Haussant les épaules, Clint vole la dernière part de pizza pepperoni dans la boîte de Mike. « J'm'en fiche. Si tu veux me le dire, tu peux mais en attendant, je suis content tant que tu continues à amener des pizzas comme ça, doux Jésus. »

« Blasphème. » Se moque Matt et il y a plus de plaisir dans sa voix que leurs taquineries habituelles pourraient jamais générer.

« J'suis païen. » Convint Clint, la bouche pleine de pizza.

« Tes manières le sont, en tout cas. » Il s'arrête et ajoute. « Si le Dr Banner veut entrer dans la ville, je ne vais pas le chasser. »

Clint se stoppe. « Tu veux que je transmette le message ? »

« Si possible... »

Une part de Clint veut vraiment savoir ce qui s'est passé, cette nuit-là, pour que Matt l'accepte mais il est aussi convaincu que demander ne va mener nulle part. « Je vais l'inviter à une soirée pizza. »

« Seulement si tes manières s'améliorent. Tu n'es pas fait pour la société civilisée. »

« Et Thor l'est, peut-être ? » S'indigne Clint, frappant le Dieu nordique sur l'épaule.

Thor regard Mike par-dessus la tête de Clint. Ils regardent ensuite Clint et répètent. « Compagnon incivilisé. »

Le rire de Clint surprend un groupe de pigeons endormis qui volent de nuit.

o o o

Le seul problème avec le fait que Matt lève la restriction de Bruce, c'est l'effet que ça a sur Steve. D'eux tous, il est le seul qui semble considérer ce qui est arriveé comme étant plus qu'un échec personnel. Pour lui, ce n'est pas juste un échec personnel mais un signe que, peut-être, la puissance de sa transformation lui est montée à la tête.

Il se morfond à la tour, c'est assez épouvantable.

« Vraiment épouvantable. »

Matt esquive le coup de poing de la canaille contre lequel il se bat et lui donne un coup de pied dans les jambes. Un autre coup est donné en plein visage et l'agresseur est mis hors combat.

« Et [Je m'en ? Jument ?] soucie ? » Demande-t-il à Clint. Il incline la tête afin de rendre ses lèvres plus visibles. Clint, perché sur le bâtiment du-dessus afin de pouvoir surveiller les flics, lui en est reconnaissant. Tony (répare) améliore ses aides ; ce qui sera terminé demain mais, pour l'instant, c'est assez mauvais. Au moins ses compétences en lecture labiales sont-elles encore (pour la plupart) intactes.

« Oooh, tu ne devrais pas. » Rappelle Clint. Sa voix est presque silencieuse. Ça ne semble pas avoir d'importance pour Mike. Il répond, peu importe à quel point Clint essaie de baisser le ton ; donc il parle faiblement histoire d'éviter les cris accidentels. « J'le dis juste. Je me suis jamais rendu compte qu'un homme adulte pourrait être aussi coupable. On pourrait penser que ce serait Tony, pas Steve, d'après ce qu'il pense avoir fait. »

Une poitrine se soulève, certainement Mike qui rit pendant qu'il grimpe rejoindre Clint. « La police [Sera ? Saura?] ici [dans] une minute. Sirènes. » Il ajoute, après un coup d'œil amusé vers Clint. « OK [peut-être ?] cinq minutes. [Ils ne se ?] pressent pas alors [Nous ? Nous allons ?] avoir le temps [de ? D'y] aller. »

« Gentil d'leur part. » Marmonne Clint tout en suivant Mike sur les toits.

Mike ne répond pas tant qu'ils ne sont pas sur un toit différent – celui sur lequel ils ont eu leur première, et certainement quasiment toutes, soirées pizzas. Clint est sûr que c'est proche du domicile de Matt mais il ne prend pas la peine de le demander. « Certain d'entre [eux ?] sont avec [moi ? Bois ?] » Dit-il, installé au bord du toit. Il est installé de biais, ainsi c'est comme s'il faisait face à Clint. « Un [peu ? feu ? nœud ?] moins depuis vos rumeurs mais quelques uns. »

Clint n'arrive pas à cacher son tressaillement au rappel de ce qu'ils ont fait. « Si je dis encore que je suis désolé, serait-ce ennuyeux ou c'est ce que tu veux entendre ? »

« Un peu des deux. » Admet Matt, ses lèvres se lèvent vers le haut. « Mais [j't'en ? Je t'en ? Jean ?] prie, sens-toi [libre ? livre ?] de t'excuser infiniment. »

« Si je voulais faire ça, j'aurais amené Steve ici. Tout de suite, c'est comme s'il était la personnalisation même de la culpabilité. »

« Es [tu ? laitue?] en train d'essayer de me faire sentir [coupable, peut-être?] » Demande Mike, ses épaules penchent vers l'avant et ses narines frémissent.

« Merde. Non. Non, non, non. J'vais m'taire, maintenant. » Clint agite les bras et il n'est pas surpris quand il commence à signer ce qu'il dit. Mike a déjà mentionné qu'il ne pouvait pas quand il le faisait, s'excuser avec chaque partie du corps, donc Clint ne se soucie pas vraiment si Mike ne regarde pas les gestes.

« Bien. » Il y a une longue pause qui fait montrer à Clint quelques signes d'impatience, sur son rebord, alors que Mike tapote ses doigts sur le genou de la jambe qui pend par-dessus le bord. « [Comment est] Steve au Parkour ? »

Un sourire se faufile sur le visage de Clint. « Plutôt bon pour un nonagénaire. »

« Nous sommes meilleurs [cependant ? lavement ?] [?] »

« On fait l'poids. »

« Mieux vaut l'amener, qu'on vérifie ensuite. »

o o o

La première chose que Steve fait, lorsqu'ils sont sur le même toit, deux jours plus tard, c'est avancer vers Mike et dire. « Je suis désolé. Nous- »

« Ne vous excusez-pas pour vos coéquipiers, Captain. » Claque sèchement Mike, interrompant Steve. « S'ils n'y sont pas prêts, vous n'avez pas à le faire à leur place. »

Steve baisse les yeux et hoche la tête. « Je reste profondément désolé de ce que j'ai fait. »

« Parfait. » Mike se dirige vers le/au bord du toit, dos à Steve. « Peut être qu'un jour je croirai que vous le pensez. »

Sur ce, il recule de quelques pas, fonce et saute juste avant de commencer à manquer d'espace. Il atterrit sur le bâtiment voisin avec un salto élégant et est sur ses pieds en un mouvement gracieux qui rend toujours Clint jaloux.

« Eh bien, allons-y, Steve. » Appelle Mike et Steve se redresse, ses yeux s'éclairent. « Montrez-nous de quoi vous êtes fait ! »

o o o

Le Parkour avec Steve se passe une fois tous les trente six du mois. Il faut que Mike se sente d'humeur joueuse et que Steve soit disponible. Steve en aime chaque instant et leur offre différentes versions de 'C'est comme les parcours du combattant que nous avions, lors de l'entraînement ! Avec moins de boue' et, d'une façon ou d'une autre, ça ne sonne pas comme les mots d'un vieil homme grincheux lorsqu'il le dit.

Sam vient, une fois, à la demande de Mike. Il est parti pour copier les excuses de Steve mais Mike le coupe avant qu'il commence.

« Je l'ai dit à Steve et je vais vous le dire : vos paroles sont sans intérêt et vous devez cesser de prendre le blâme pour vos coéquipiers. »

Les mains en l'air, Sam dit. « Hey, j'l'ai déjà dit. Je fais ce qu'il fait juste... plus lentement. Excuses inclues. » Il baisse lentement les mains et soupire. « Et je dois vraiment, vraiment, vous faire des excuses. J'ai été formé pour faire face à ce genre de situations, à réaliser quand je deviens discriminant. Je n'aurais pas dû mettre ma formation de côté lorsque je me suis impliqué dans le groupe. »

Mike le dévisage, comme s'il examinait l'intérieur de son corps. Clint n'en est pas sûr à cent pour cent, mais il pense que, quelque soit le handicap de Mike, c'est quelque chose ayant à voir avec ses yeux. Ce sont des petites choses... comme ses échecs occasionnels pour suivre le mouvement de ses yeux, ou le fait qu'il réagisse rarement aux expressions faciales, combiné à la couche presque opaque de ses yeux... il en tire cette conclusion. Il ne va pas l'exprimer à voix haute. Il a déjà fait cette erreur et il ne va pas la répéter. Clint essaie d'éviter de répéter les erreurs.

Bien sûr, Clint pourrait avoir tort et ça pourrait être quelque chose de totalement différent. Ça n'a pas d'importance, il ne compte pas changer son comportement ni quoi que ce soit. Être là, c'est déjà un putain d'exploit.

En tout cas, Matt cesse finalement d'observer Sam, enfin peu importe à quel point il est capable de regarder quelqu'un. « Sentez-vous libre de venir à 'Kitchen, du coup. » Dit-il. « Il y a un paquet d'anciens combattants sans-abris qui traînent au niveau de la 53rd et 10th, puisque personne ne veut reprendre le bâtiment qui a fait tomber Fisk. Notre conseiller AV local s'en fiche complètement ; peut-être que vous ferez mieux. »

« Je vais certainement essayer. »

Voilà comment Sam se retrouve à Hell's Kitchen chaque semaine, à essayer de corriger les erreurs d'un autre homme. Clint est certain qu'il s'éclate à faire ça, et un cabinet d'avocat local, Nelson & Murdock, offre des conseils juridiques gratuits.

C'est assez impressionnant, franchement.

o o o

De l'ensemble de l'équipe, Clint est sûr que Nat aurait été la seule à trouver une faille dans les instructions de Mike et se rendre à Hell's Kitchen. Tony pourrait juste tout pulvériser sur son passage mais tout le monde a rendu clair le fait que, s'il le fait, il aura à faire face aux conséquences seul... et Daredevil a une réputation de justicier brutal et impitoyable qui fait réfléchir Tony Stark par deux fois.

Ça et le fait d'avoir Pepper sur le dos, le gardant loin de Hell's Kitchen même s'il leur faut prendre un chemin plus long pour rentrer. Entre ça et la réputation de Mike, Clint ne s'inquiète pas du fait que Tony puisse ignorer les souhaits de Mike.

Mais Nat. Nat. Toute la vie de Nat consiste à trouver failles et agir en conséquences. Si elle a décidé d'entrer à Hell's Kitchen, Clint n'a aucun doute qu'elle saura trouver une façon de justifier ses actions.

Par chance, elle a apparemment décidé d'emprunter un chemin différent.

« Avez-vous remarqué notre petit problème d'araignée ? » Demande Mike, brisant un long silence. Enfin... le silence... près de Clint, les ronflements sonores de Thor sont comme un concert de rock privé. Clint n'est pas sûr de savoir comment il va ramener Thor à la maison. Le Dieu a mangé une quantité astronomique de pizza juste pour prouver qu'il en était capable – au grand amusement de Mike – et est tombé endormi quelques minutes plus tard, utilisant la veste de Clint comme oreiller.

Mais ce n'est pas ce que Mike commente. « Je pourrais, ouais. Quelques attaques mortelles. »

Les lèvres de Mike forment son habituel demi-sourire. « Au moins, on dirait que Hell's Kitchen est libre de toute araignée. Le problème n'a pas franchi les frontières. » Il penche la tête sur le côté, vers le sud ; par où, Clint ne peut pas la voir mais il en est sûr à cent pour cent, vient Nat. « Les frontières pourraient avoir quelques problèmes mais, techniquement, pas la ville. »

« Un techniquement plutôt bon pour toi ? »

« J'ai l'impression que c'est plus que ce que n'importe qui d'autre aurait. »

Clint ricane à la fine observation de Mike et hoche la tête. « Elle n'est pas vraiment quelqu'un à qui on empêche de faire les choses. Si elle veut le faire, elle le fait.

Mike fredonne simplement, d'accord, avant de se pencher sur Clint pour pousser Thor. « Il est définitivement parti. » Sourit-il.

« Oh ouais. Je vais devoir le porter jusqu'à la maison., tu vas voir. »

Le sourire sur le visage de Mike est maintenant une grimace, mais pas la grimace dangereuse que Clint voit souvent. Celle-ci lui donne l'air jeune et un peu idiot, malgré les cornes intimidantes. « Ça va être un spectacle à regarder. »

« Quoi ? Moi en train de me faire écraser ? Sacré spectacle, j'en suis sûr. »

Riant franchement, maintenant, Mike hoche la tête en direction de Nat. « Pourquoi ne pas lui demander de l'aide ? »

« Tu autoriserais ça ? »

« Ça se pourrait bien. »

Nat est à leurs côtés quelques minutes après l'appel de Clint. Ses pas sur les toits sont tranchés et lents. Elle est nerveuse, réalise Clint ; mais il doute que Mike soit capable de le dire – même Clint a du mal à le remarquer et il connaît Nat comme personne.

« Hey, les gars. » Dit-elle d'une voix claire. « J'ai entendu dire que vous aviez besoin de quelqu'un de grand et fort pour déplacer quelque chose, par ici. »

« Est-ce que vous comprenez pourquoi je suis en colère après vous ? » Demande Mike. Sa voix descend dans le timbre grave qu'il utilise quand il se bat. Clint ne l'a pas entendu dirigé contre lui depuis des mois.

« Oui. » Répond Nat, sa voix perd toute sa légèreté. « Je vous ai traité comme je manipule les hommes pour qu'ils pensent que je suis une autre femme. Je vous ai sous-estimé et c'est mon erreur. Je n'aurais pas dû supposer que je savais... que j'étais la meilleure. »

Mike se contente de la fixer jusqu'à ce qu'elle se déplace de manière infime. C'est un mouvement si petit que Clint le remarque à peine mais les épaules de Mike se détendent. « C'était presque des excuses cent pour cent sincères. À quel point le sont-elles, d'habitude ? » Il y a une pointe d'amusement dans la voix de Mike qui fait que Clint se relaxe.

« Pas du tout. »

Tout en fredonnant, Mike tourne le dos et s'éloigne. « Ramenez Thor à la maison. » Dit-il par-dessus son épaule. « Je ne vous crois pas, Mlle Widow, mais je ne vais pas vous empêcher d'entrer dans ma ville. » Il atterrit d'un saut parfait, comme toujours, puis rajoute. « Vous n'êtes pas complètement horrible.

Nat se tourne vers lui, un sourcil haussé pour montrer sa surprise. « C'est plutôt un compliment. » Dit Clint. « Il n'est pas comme ça, normalement. »

C'est en riant que Nat tire Thor sur ses pieds et passe un de ses bras sur ses épaules. Clint prend l'autre côté et, ensemble, ils commencent à traîner l'homme, toujours à ronfler, vers la sortie de secours.

« J'espère que t'as amené une voiture. »

« Si on ne le réveille pas, d'une façon ou d'une autre, en descendant d'ici, je vais payer pour le taxi. »

o o o

Nat paie pour le taxi.

o o o

« Je ne te comprends pas. » Dit Clint, enroulant le dernier bandage autour de la blessure que Mike a au bras ; un coup de chance de l'agresseur. Clint a rendu le coup à l'agresseur avant de lui mettre une seconde flèche dans son côté.

Il va vivre mais ce sera douloureux.

Ils sont sur leur toit habituel, désormais, avec une boîte de premiers soins. Mike avait plongé dans l'immeuble pour 'l'emprunter'. Clint est assez sûr qu'il s'agit du bâtiment de Mike mais il ne va pas en parler.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » Siffle Mike, mordant ses lèvres de douleur.

Clint termine son travail, heureux que ça ne soit pas mauvais au point d'avoir besoin de points de suture. « Tu es catholi- »

« Je l'ai déjà dit avant- »

« Non. » Clint l'interrompt. « Pas le truc du justicier. C'est une contradiction qui, je pense, ne concerne que toi. »

Mike sourit, déplace son bras et tire sur la capuche qu'il a aussi 'emprunté' à l'intérieur. La partie supérieure de son costume est posée à côté de lui et Clint s'empare d'un linge humide pour essayer d'en retirer le sang avant qu'il le tâche définitivement. « Tu n'en connais même pas la moitié. » Dit-il avec un sourire en coin. « Oh, t'embête pas. Tu vas en manquer la moitié. »

« Le fait que tu puisses le dire sans même regarder devrait être plus impressionnant que ça. »

« Je te connais. » Mike décale le costume, il est ainsi sur le sol, avant de balancer ses jambes par-dessus la rambarde pour qu'elles pendent. « Alors qu'est-ce que tu voulais dire ?

Oh. Ouais. Clint ferme la boîte de premiers secours puis s'installe à côté de Mike. Il n'est pas suffisamment tôt pour que le soleil se lève, mais assez tard pour que l'obscurité de la nuit commence à décliner. « Tu n'as jamais dit que tu nous pardonnais. » Mike se crispe, un geste qu'il sent plus qu'il ne le voit. Clint ajoute. « Pas qu'on mérite ton pardon et t'as aucune obligation de le faire. C'est juste... je pensais que les catholiques devaient le faire ou quelque chose. » Il se décale et soupire. « Ma connaissance de la religion est fragile, au mieux. »

« J'ai compris, ouais. Païen. » Plaisante Mike et Clint rit doucement. C'est ensuite au tour de Mike de soupirer. « J'aurais dû. Tous vous pardonner. Si j'étais un bon catholique mais bon... je ne le suis pas vraiment. » Clint va pour protester mais Mike lève une main. « Non, s'il-te-plaît, non. Je n'le suis pas... mais c'est comme ça, non ? Personne ne mérite le pardon, pas sur cette Terre. Mais Dieu nous le donne quand même, parce qu'il nous aime et nous sommes supposés suivre son exemple. »

« Mais nous avons tellement merdé- »

« 'Et pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés'. » Cite Mike et Clint fronce les sourcils en essayant de la replacer. « Le Notre Père. » Précise Mike, lisant la confusion de Clint... en quelque sorte.

« Ouais. Ça. »

Mike rit, un son doux que Clint n'est pas sûr de réellement entendre. « Je pense que vous ai surtout pardonné, enfin 'vous' comme tous les Avengers. » Dit-il. « Je ne fais juste pas confiance à la majorité d'entre vous. »

« C'est juste. Je ne voudrais pas nous faire confiance non plus. » Clint prend une grande inspiration puis ajoute. « Si jamais t'es libre les jeudis- »

« Soirées film ? »

Clint se fige de surprise. Ils gardent leurs soirées cinéma secrètes, afin que personne ne puisse tirer profit de l'information selon quoi ils seraient tous réunis en un seul endroit de manière régulière. « Ouais. Comment tu le sais ? »

« Stark l'a mentionné. Avant de... avant de me donner une tablette que je ne peux pas utiliser pour régler un problème que je n'ai pas. »

Au ton de Mike, Clint grimace puis dit. « Ouais. Eh bien, si jamais tu veux venir, tu es le bienvenu. »

« Stark sera là. »

« Je sais. » Soupire Clint. « Et je comprends que tu ne l'aimes pas. Tu en as tout à fait le droit, il a été horrible et discriminant et un salaud – ce qui, honnêtement, résume le pire de ce qu'est Tony – mais... les soirées films sont pour l'équipe. Et tu es l'un des nôtres Mike, plus ou moins. »

« … Matt. »

Clint cligne des yeux. « Quoi ? »

« C'est Matt. Pas Mike. »

Le prénom 'Matt' semble familier, dans le cadre de Daredevil, mais ce n'est pas ce sur quoi Clint se concentre. « … Merde. Je savais que tu mentais que tu disais que c'était même pas proche de Mike. »

Cela fait rire Mik-Matt ; un son est franc et ravi. « Michael est mon nom de Confirmation, par contre. » Ajoute-t-il par-dessus son rire.

« T'es un putain de menteur. »

Matt penche un peu vers l'avant et Clint l'attrape afin qu'il ne tombe pas du toit. « Oh non, je ne ment pas. Légèrement modifié la vérité, peut-être. »

« Si c'est ce qui t'aide à dormir. Menteur. »

o o o

Matt se montre à la soirée film trois semaines plus tard, habillé de ses vieux vêtements noirs mais portant le nouveau masque.

« Bon choix. » Dit Clint alors qu'il mène Matt à l'étage. « Je ne suis toujours pas sûr de savoir comment tu pouvais voir au travers du dernier masque. » Mi... Matt tourne légèrement la tête et Clint ajoute. « Ce qui compliquerait la vue d'un film. » Il regarde Matt se lever. « On regarde The Princess Bride, d'ailleurs.

« Oh ? » Dit Matt, un rire dans la voix.

« Oh ouais. » Rit Clint tout en traversant la salle commune déjà pleine. Il y a une paire de sièges à gauche, juste en face de la télévision, juste pour eux. « Steve et Thor ne l'ont pas encore vu et pas moyen qu'on manque l'occasion de le voir alors qu'on a un vrai Dread Pirate Roberts avec nous. »

Cela se transforme en un vrai rire de la part de Matt et Tony, qui marche dans la salle, sursaute. « Putain de merde, il rit. »

Matt tend une oreille dans sa direction. « Eh bien, vous ne m'avez pas donné beaucoup de raisons de rire, M. Stark. » Il va passer devant lui mais Tony l'arrête à sa façon.

« Regarde, je... je veux recommencer. Tony Stark, Iron Man et et l'homme qui, de vous à moi, a été un trou du cul. »

« Oui, en effet, M. Stark. » Répond Matt, ignorant la main que Tony lui tend. Il le contourne d'un pas et prend un des sièges libres.

Tony hausse les épaules et s'installe sur l'accoudoir du siège de Pepper. « OK, Tête Cornue. J'ai compris. Appelle-moi Tony. »

« Bien sûr, M. Stark. » Répond Matt avec une touche de son humour habituel au milieu de sa voix froide. « Et je suis désolé, mademoiselle, vous êtes ? »

Pepper hausse un sourcil face à l'incapacité de Matt à la reconnaître. « Pepper Potts. »

Un franc sourire apparaît sur le visage de Matt alors que Clint est assis à côté de lui. « Mike. » Dit-il et il se tient encore comme si... comme s'il attendait qu'on le corrige.

Et bien la plaisanterie se retourne contre lui puisque Clint va garder le nom pour lui. « Donc Mike, tu l'as déjà vu ? »

« J'étais habitué à le regarder avec mon père, quand j'étais enfant. » Répond doucement Mike, en tournant la tête pour que seul Clint puisse voir ses lèvres. « Pas vu depuis. »

« Bah tu le verras maintenant. » Commente Sam en allumant la télévision. « On ne pouvait pas laisser Steve vivre une heure de plus sans l'avoir vu. »

La remarque fait sourire Matt pour une raison quelconque, comme s'il riait à une blague privée. « Ouais. On ne peut pas faire ça. »

o o o

Bien qu'il ne soit pas présent à chaque soirée films, Matt commence à venir au moins une fois par mois. Tony fait attention à lui parler le moins possible – les nombreuses discussions avec Steve sur ce qu'il a fait de mal semblent avoir porté leurs fruits – et ils sont plus ou moins dans une sorte de trêve. Une trêve qui pourrait ne pas être des plus amicales – Matt prend un malin plaisir à appeler Tony 'M. Stark', peu importe ses protestations – mais c'est une trêve.

Clint sait qu'il cache quelque chose et il faut à Matt six films pour qu'il lâche enfin la bombe.

« Qu'est-ce que nous regardons, cette fois ? » Demande-t-il alors qu'il entre dans la pièce, il est le dernier arrivé, comme d'habitude.

« Un film Pixar. » Répond Clint depuis la cuisine, versant les derniers pop-corn qu'il a cuit dans un bol. « T'es sûr ? » Propose-t-il quand il passe près de Matt, en rejoignant le canapé.

Matt fronce le nez, suivant l'odeur. « Pas même si on me payait. De quel film s'agit-il ? » Demande-t-il à Steve, qui sait forcément ou qui, au moins, sait qui sait.

« Good Dinosaur ? » Demande Steve en se tournant vers Sam. Il confirme, donc Steve se retourne vers Matt. « The Good Dinosaur. » Redit-il, plus confiant.

Clint termine de passer les bols de pop-corn et s'affale dans le siège à côté de Matt. « Si tu l'as vu, aucun spoilers. » Jusqu'à maintenant, Matt à plus ou moins vu tous les films qu'ils ont regardé ; mais, pour être honnête, ils essaient de faire tomber Steve et Thor dans la pop-culture donc il a, commodément, toujours vu les films.

« Non, je ne l'ai pas vu. » Dit Matt, cette note d'amusement de retour dans sa voix.

« Voilà une première. » Commente Tony, en prenant le dernier siège. « C'est pas ton truc, les Pixar ? »

« Juste un nouveau film que je n'ai pas eu le temps de voir. » Sam prend la télécommande, pour lancer le film, mais Matt lève une main pour l'arrête. « Je ne l'ai, hmm, pas encore vu. »

Dans la pièce, tout le monde le regarde et quelque chose est en train de titiller Clint. Attendez... « Donc ? » Demande Nat d'une voix douce.

« Est-ce qu'il y a une audio-description ? » La note d'amusement dans la voix de Matt est, fondamentalement, un rire à présent.

« Oh. » Dit quelqu'un, ou peut-être que tout le monde le dit, alors que la demande de Matt – sur ce dont il a besoin – devient clair pour eux. Bien qu'il puisse voir la surprise sur les visages de ses coéquipiers, Clint n'en est pas affecté. Que Matt soit aveugle fait que tout ce que Clint a remarqué prend son sens. Il se sent soulagé de ne pas avoir cherché à tirer de conclusion d'après les éléments qu'il avait. Il se serait certainement trompé. Encore.

Tandis que s'installe la connaissance, Clint se rappelle la silhouette rouge qui tombe sur ses genoux au moment où une flèche se plante dans l'épaule de son assaillant.

Non. La silhouette rouge qui tombe sur ses genoux avant que la flèche arrive. À quel point l'ouïe de Matt doit-elle être aiguisée pour compenser sa cécité et pour qu'il puisse entendre un tir de flèche alors qu'il est à moitié mort.

« Aveugle. » Respire Tony et Matt se tend. « Aveugle. Je peux- non. » Il s'arrête de lui-même avant que qui que ce soit puisse commenter, et regarde le corps tendu de Matt. « OK. Aveugle. Cool. Si t'as besoin de quoi que ce soit : dis-moi. Stark Industries est à ta disposition. »

Matt rayonne, il n'y a pas d'autres mots. « Je vais le garder à l'esprit, Tony. »

Les yeux de Tony s'illuminent et il ouvre la bouche à plusieurs reprises, clairement incapable de parler.

« Oh, bon travail. » Dit Nat. « Tu l'as rendu muet comme une carpe. »

« Je ne pensais pas que c'était possible. » Ajoute Steve.

Tony retrouve sa voix. « Oh, allez-vous faire voir, tous les deux. Et toi aussi. Je peux être silencieux. »

« Non, tu ne peux pas. » Dit légèrement Bruce pendant que Sam cherche l'audio-description. « JARVIS, une audio-description ? »

« Il y en aura dans un instant. » Annonce JARVIS, il y a une note dans sa voix que Clint met un moment à resituer. C'est la même note qu'a Tony quand il dit 'Il y en aura' mais qui signifie plutôt 'Il y en aura bientôt parce que je vais le faire moi-même ou le trouver pour toi'. « Mes excuses, M. Mike, pour ne pas l'avoir préparée plus vite. »

Matt baisse la tête et cache son sourire à la salle. « C'est bon, JARVIS. D'habitude Fo- un de mes amis fait la description. »

Une mini-bagarre éclate entre Steve, Thor et Tony qui déclarent tous vouloir faire le commentaire. Regardant le combat, Clint commence à penser. Aveugle et appelé Matt lui dit quelque chose...

La capture de Fisk par Daredevil avait impliqué un cabinet d'avocats, Nelson & Murdock, et Clint se souvient des articles sans fin et des reportages sur l'aveugle Matt Murdock, qui était devenu avocat en dépit d'avoir toutes les chances contre lui. Un avocat assez bon pour aider à faire tomber un seigneur du crime, d'ailleurs ; regardez à quel point il est génial. Meilleure source d'inspiration ; le genre que les médias dévorent.

Il sourit, conscient de savoir tout ce qu'il faut au sujet Matt et il ne va pas en piper mot. Il se tourne vers son ami. « Tu penses qu'ils vont comprendre ? »

« Peut-être. » Dit Matt en haussant les épaules. « Le temps nous le dira. »


Note 9 : « Parkour » : il s'avère qu'on appelle aussi ça "Parkour" en français (j'aurais pas cru, vraiment) ou "art du déplacement" (mais ça le faisait nettement moins)

Note 10 : « dork » j'avais pas vraiment prévu d'en faire une note mais comme on a par deux fois réagis dessus... un dork est une personne "sociale inepte ou décalée par rapport au mode de vie de son époque". C'est parfois (souvent) confondu avec les termes "geek' et "nerd" (qui mériteraient aussi leur note mais qui ne l'auront pas) bien que ça n'implique pas le même... niveau intellectuel (le dork étant le plus "idiot" du groupe)

Chez nous, on utilise peu le mot "dork" (puisqu'on a tendance à tout englober sous le mot "geek" ou autres gentillesses)

Note 11 : « Now, are we to find a glorious battle in this Kitchen of Hel's » là j'ai pas le choix, fallait que je le traduise. Merci Thor. Vraiment ! (et encore, c'est pas lui qui m'aura le plus enquiquiné... =)

Note 12 : « Notre conseiller AV local s'en fiche complètement » J'ai hésité à mettre en abréviation comme dans le texte original ou directement développer..."VA" councelor pour "Veterans Affairs" dounselors, du coup (enfin c'est comme dans le film, en fait - et je sais plus dans lequel on croise Sam pour la première fois, Captain America : The Winter Soldier j'aurais tendance à dire mais... pas sûre)


Fin de la fic !

J'ai une page facebook (lien disponible sur mon profil). Dessus ? Un calendrier prévisionnel des chapitres et OS. Des extraits des prochains chapitres (et des OS aussi, nous ne les oublions pas). L'annonce de certaines fics/OS. Des articles avec l'avancée générale de tout ce qui est en cours (ou presque tout). Brefouille ! Le truc bien ? C'est que je ne pourrais pas vous y mordre !

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