Ohayô mina ! Je mets enfin en ligne ma toute première histoire. Quelques petits mots sur elle, tout d'abord, elle est terminée et très longue : 79 chapitres au compteur, mais les chapitres sont courts, alors ça passe … enfin j'espère lol. Je vais essayer d'éditer un chapitre par jour. Petite mise en garde, c'est du yaoi … un NaruSasu même si au début, ça n'en n'a pas l'air. Vous risquez aussi de trouver quelques termes japonais au fil du texte, rien de bien compliqué et tous ceux qui ont suivi un tant soit peu l'histoire originale devraient s'y retrouver. En parlant de l'histoire, j'ai essayé d'entrecroiser la mienne avec certains événements marquants du manga … Bon allez, trêve de papotage, place à l'histoire !

Disclaimer : Les personnages et le monde de Naruto appartiennent à Masashi Kishimoto. Je ne gagne aucun centime avec leur utilisation, juste le plaisir d'écrire.


1 - assis au milieu du chemin

2 heures. Cela fait 2 heures que j'attends planté là à regarder ces portes ouvertes. Le soleil s'est levé doucement et éclaire maintenant les murailles du village. Je les ai vues s'illuminer de rose tandis que la nuit disparaissait, puis l'astre du jour les a lentement fait briller. Je pourrais trouver cela magnifique si je n'étais pas si tendu, si concentré … Je ne camoufle pas mon chakra. Ils savent à l'intérieur que je suis là, et pourtant il ne se passe rien. Les portes restent indubitablement ouvertes. On pourrait croire qu'elles m'attendent, ou pire … qu'elles m'appellent. J'ai encore le choix de ne pas les écouter, une dernière chance de reculer, de ne pas les franchir, et pourtant je reste là, immobile, assis au milieu du chemin, à regarder ces putains de portes ouvertes depuis deux putains d'heures.

Pourquoi suis-je revenu ? Pourquoi mes pas m'ont-ils ramenés à Konoha ? Je ne sais pas … ou … je ne veux pas savoir … réfléchir à ce que je fais est … pénible …troublant … effrayant … ou les trois à la fois. J'agis et j'évite de penser. C'est comme ça que je vis depuis ces dernières années. Depuis que j'ai emprunté ce même chemin dans l'autre sens quand j'avais … heu … une douzaine d'années … c'était i peu près quatre ans … enfin je crois … j'ai un peu perdu la notion du temps, les jours étaient tous les mêmes chez l'autre serpent … toujours des entraînements qui sont vite devenus des massacres, entre deux tests de drogues diverses et variées de l'autre binoclard … mon corps en porte encore les marques. Si j'y ajoutais une suite de chiffres, je pourrais occuper un môme à relier les points de piqûres pendant un bon moment. Ça ferait peut-être un chouette dessin. Je ne peux retenir un léger sourire à ma pensée : Kami-Sama, je deviens dingue à rester là … Tout ça pour dire qu'il me manque un certain nombre de jours dans ma mémoire et que je ne vais pas m'en plaindre. Sourire. Ça fait combien de temps que je n'ai pas souri en face de quelqu'un ?

Ma main se porte lentement vers la sacoche à parchemins qui pend à mon flanc. Toi. Toi tu m'as vu sourire il y a quelques jours. Mon premier sourire depuis quatre ans, je te l'ai offert. Unique cadeau à mon très cher Sensei adoré. C'est là que tu as compris je crois. Que tu as su que je ne serai jamais ton réceptacle et que je n'avais jamais envisagé de l'être. Quatre ans à jouer la comédie sans que tu ne te doutes de la fin de l'histoire, je suis un menteur né. Ou plutôt je suis devenu un menteur depuis cette sinistre nuit qui a vu l'extinction de mon Clan. Je sais aussi bien mentir que je sais me battre. J'ai passé mon enfance à cacher mes sentiments, à être un vaillant petit soldat alors que j'étais brisé à l'intérieur. J'ai eu un excellent professeur : Itachi Uchiha, mon frère. Il ment depuis 9 ans, lui. Il n'y a qu'une personne qui a toujours su lire en moi, envers et contre tout ce que j'ai pu faire ou dire. Une seule personne. Celle que j'attends au milieu de ce chemin. Celle qui ne vient pas …

J'ai faim. C'est nouveau ça. Une semaine que j'erre sans réel but mais sans m'arrêter. Manger, dormir, n'ont pas été mes priorités ces derniers jours. Les pilules énergétiques que j'ai volées en partant me suffisent. Il me fallait quitter le pays du son avant que la mort d'Orochimaru ne fasse trop de bruit. Pas que je n'aurais pas pu m'en sortir seul, non, bien sûr. Je suis quand même Sasuke Uchiha et il n'y a pas au pays du son un seul ninja capable de m'arrêter. Mais cela m'aurait ralenti. Et j'ai eu ma dose de cadavres avec Mr Serpent. Mon regard se pose sur un lapin qui surgit devant moi à quelques mètres. Il bondit tranquillement, inconscient que je pourrais prendre sa vie d'un seul lancer de kunai. Quelques branches, un katon bien placé, et j'aurais de quoi remplir mon estomac qui crie famine. Et ça les ferait peut-être bouger, de l'autre côté des portes, si je m'installais un campement et commençais à manger au milieu du chemin.

Et si tu ne venais pas ? Si malgré tes promesses criées aux quatre coins du Pays du Feu, tu avais abandonné ? La dernière fois que je t'ai vu, j'ai essayé de te tuer. Ma fidèle Kusanagi aurait pu si facilement glisser le long de ton cou. Je me souviens de chaque seconde de cette rencontre. Toi, Sakura, et ces deux types que je ne connais pas. Pourquoi Kakashi n'accompagnait-il pas son équipe ? A ce que j'ai pu en voir, pas très doués les deux inconnus en plus. Je n'ai pas aimé le regard qu'a posé le type avec le ventre à l'air sur toi. Un regard possessif. Comme si ton équipier, c'était lui et pas moi. Bon ok, j'ai un peu tout fait pour que ça se passe comme ça. Mais il ne peut pas comprendre. Personne ne peut comprendre. Sauf toi.

Il me nargue ou quoi ce lapin à grignoter ses feuilles sous mon nez. Et il est bruyant. Je suis à l'affut du moindre bruit. Un nukenin est aux portes du village, ils ne peuvent pas ne pas essayer de m'attraper. Le meilleur moyen de s'en prendre à moi est de m'encercler, mais je ne sens aucun chakra dans mon dos ni sur ma gauche ou ma droite. Les seuls chakras que je sens s'agiter sont sur les murs de chaque côté de la porte. Les byakugans doivent s'affairer à chercher où est le piège. Allez, bande de Hyuga inutiles, dépêchez-vous de comprendre qu'il n'y a aucun piège. Je suis seul au milieu de ce foutu chemin. Correction : je suis avec un lapin qui n'arrête pas de bouffer. Envoyez moi des ANBU, la Hokage, ou un chien Inuzuka si vous ne voulez pas m'envoyer celui que j'attends, mais réagissez, bordel ! La patience n'a jamais été une de mes qualités.

Un profond soupir passe la barrière de mes lèvres. Combien de temps cela va-t-il durer encore ? Quelle heure est-il ? Le soleil est bien haut maintenant. Sa chaleur est étrangement agréable. Je n'ai jamais bien aimé le soleil. Ma peau ne l'aime pas pour être précis. Je préfère largement la nuit. Sa fraîcheur, son silence, son obscurité. Voir sans être vu. Ça a toujours été mon idéal grâce à mes yeux. Passer ces quatre dernières années dans des souterrains ne m'a pas vraiment dérangé. Et ça correspondait bien à mon état d'esprit du moment. Je ne savais pas alors. Je ne savais rien. Je n'étais qu'une marionnette qui agitait ses bras sans savoir que quelqu'un agitait les ficelles au-dessus de ma tête. Sans savoir que mon frère tirait les ficelles. Itachi. Le génie du Clan Uchiha. Tu portes tellement bien ce titre. Et pourtant je veux couper ces attaches. Me libérer de toi pour t'affronter. Mais avant je dois savoir toute l'histoire. Et la faire savoir aussi. Tout ce dont j'ai besoin se trouve derrière ces murs dressés devant moi. C'est sans doute pour ça que je suis venu ici. Tout est là.

Je suis fatigué. J'ai été stupide de ne pas prendre de repos pendant mon voyage. Agir et éviter de penser ? C'est bien ça ? Et bien il est beau le dernier Uchiha, avachi au milieu du chemin. Mes muscles sont douloureux de leur périple de cette semaine. Mais ce ne sont pas eux les pires. Ma fatigue est interne, profonde. Elle s'abat de plus en plus intensément sur moi, minute après minute. Est-ce le fait de me trouver à quelques mètres de ce qui ressemble le plus à mon « chez moi » ? Est-ce d'être à quelques mètres de toi ? A quelques mètres de la tombe de mes parents ? Je suis vide à l'intérieur. Orochimaru a fait du bon boulot. Je suis une machine de guerre. Je sais tuer de plusieurs dizaines de manières, toutes plus douloureuses les unes que les autres. Je suis prêt à rencontrer mon frère. Je ne doute pas que je le battrai. Et je sais que même lui ne doit pas douter de l'issue du combat. Mais avant … avant … je dois éteindre cette petite flamme. Cette petite lueur que cet homme a allumée dans mon cœur. L'éteindre ou la laisser m'embraser. Dis, petit lapin, tu penses que si je m'endormais au milieu de la route, ils bougeraient là-bas ? Tu vas exploser à manger autant, toi. Tu me fais penser à un certain blond devant ses éternels ramens. Beaucoup de choses ont dû changer en quatre ans, mais je suis certain que ça, ça n'a pas changé.

Toujours aucun chakra autour de moi. Toujours ces chakras qui s'agitent sur les murailles. Toujours ce soleil qui réchauffe ma peau. Toujours ces portes qui restent ouvertes.

Sauf qu'il y a quelque chose de nouveau entre les portes. Une forme immobile. Un homme. Dressé fièrement sur ses deux jambes écartées. Les poings sur les hanches. L'orange de sa tenue est tout sauf discret, mais le plus éblouissant est sa chevelure blonde qui étincelle sous le soleil. Les rayons font miroiter la bande d'acier de son bandeau frontal. Et j'imagine sans mal deux prunelles d'un bleu océan posées sur moi.

Naruto.