Disclaimer : Rien ne m'appartient, bien évidemment ! ...A part peut-être Norbert II.

Paring : Draco/Harry

Rated : MA (Lemon)

Note :

Eh bien me revoilà, finalement ! Il faut que je l'avoue, je teste une théorie... "Et si poster Repousse-moi si tu peux me débloquait dans l'écriture ?". Espérons que la réponse soit oui ! (Enfin... espérons, si vous voulez ! xD)

Petite chose... je vais vous demander un petit peu d'indulgence, parce que j'ai commencé à écrire cette fiction il y a un moment maintenant, et je me suis même interrompue après quelques chapitres pour écrire Trois Contre Eux... Du coup les premiers chapitres sont (je trouve)... "différents". Je ne sais pas si ça se ressentira à la lecture, c'est peut-être juste moi ! ^^

Breeef : cette fiction est terminée, elle compte 14 chapitres et 1 épilogue ! Je posterai tous les vendredis, en espérant que ça vous plaise :)

Enjoy !

. . .


- Chapitre 1 -

Mai peinait à amener sur l'Angleterre le soleil des beaux jours. La veille avait sonné le cinquième anniversaire de la fin d'une guerre terrible et le monde sorcier allait de l'avant. Dehors, il pleuvait à verse. Big Ben sonna neuf heures. Harry n'avait plus été en retard comme ça depuis – au moins – trois semaines. Il arriva par l'une des cheminées de la rangée de droite. Le hall n'était jamais vide, on y piétinait à toute heure. Il se fraya un chemin, courut pour contourner la Fontaine de la Fraternité Magique et profita de ce temps pour replacer son col et resserrer sa cravate. Le souffle court, il retint un ascenseur sur le point de partir. La porte contrariée ne se referma que lorsqu'il reprit ses forces à l'intérieur.

-En retard, Potter ?

La voix moqueuse de l'Agent Malfoy lui fit lever les yeux au ciel, mais pas assez pour oublier de s'accrocher à une poignée avant que la cage de métal ne démarre brusquement en arrière, avant de monter à la verticale.

-Toi aussi, fit-il remarquer, blasé.

Il nia. Draco Malfoy travaillait au service des Usages Abusifs de la Magie, au troisième étage, dans la section de la Régulation des Objets et Ingrédients à Caractère Rare ou Dangereux. Il n'avait rien perdu de sa fierté et, comme Harry n'avait rien perdu de sa puérilité, il le singea vaguement. Troisième étage, indiqua une voix. La porte s'ouvrit et Draco sortit.

-Vous êtes en retard, Malfoy !

Son supérieur avait apparemment la même montre que tout le monde et il grimaça quand les portes de l'ascenseur se refermèrent sur un éclat de rire franchement déplacé. La journée d'Harry ne démarrait pas si mal que ça, tout compte fait. Il se fit déposer au quatrième. Harry travaillait depuis cinq ans – quasiment jour pour jour – au Départements des Aurors. Il gravissait les échelons, pas à pas. A l'heure d'aujourd'hui, il était déjà à la tête d'une petite équipe d'hommes qui n'obéissaient qu'à lui. Il n'avait pas fait d'études, le bureau avait été d'accord sur le fait que la guerre avait été une formation suffisante. D'ailleurs, il n'était pas le seul à avoir été embauché de cette façon – Ron, aussi, son second, et puis Malfoy, de l'étage en dessous. Quelques autres encore répondaient à ces critères.

-Vous êtes en retard, Potter !

-Oui Monsieur. Bonjour Monsieur.

-Bonjour Potter.

Son supérieur direct, le vénérable Gawain Robards, qui avait pris la direction du bureau après la nomination de son prédécesseur, Mr. Scrimgeour, à la tête du Ministère de la Magie. Monsieur le Ministre avait fait un travail formidable en tant qu'Auror et la relève était bien assurée. Robards était un bon chef et il disait, parfois, qu'Harry en serait un très bon lui aussi un jour. S'il cessait d'être en retard comme ça tout le temps. L'homme marchait dans l'autre sens et il ne s'arrêta pas pour le saluer d'avantage – ils avaient du travail. La voix comme le pas avait quelque chose de militaire et Harry avait parfois l'impression de faire ses classes lorsqu'il lui parlait. Il poussa la porte de son bureau.

-Salut Norbert.

Il posa sa mallette sur son bureau et le contourna pour se laisser tomber dans son fauteuil. Norbert était un poison bleu dans un bocal ovale. Norbert à cause du dragon d'Hagrid. Il était plutôt pratique, ici. Il n'avait pas besoin d'être nourri, juste d'avoir de la lumière. Il était apaisant. Dans ce bureau il y avait aussi deux étagères en bois débordantes de dossiers plus ou moins datés, un fauteuil pour les invités et une chaise prévue au départ pour les indésirables et utilisées aujourd'hui pour empiler des caisses de carton et un sac de sport. Dans le sac, il y avait des changes propres au cas où il avait une nuit à passer ici ou dehors. Dans les caisses, il ne savait plus trop ce qu'il y avait. Son bureau était un peu encombré, il y fit de la place d'un grand geste du bras. Aujourd'hui, il reprenait le cas de Smith depuis le débout.

Smith ne s'appelait pas vraiment Smith et, pour être honnête, l'équipe d'Harry n'avait pas la moindre idée de qui il était. Ce qu'ils savaient, c'était que partout où il allait il y avait au minimum des traces de magie noire, au pire des morts. Et ça durait depuis des mois. C'était sa première vraie grosse affaire. Le problème, c'était qu'ils n'avaient plus eu de nouvelles de lui depuis des semaines. Alors aujourd'hui, Harry chassait la piste manquée. Et il espérait bien ne pas être dérangé.

On frappa à sa porte.

Consterné, il releva les yeux vers le battant qui s'ouvrait déjà sans sa permission. Seamus Finnigan non plus n'avait suivi aucunes études, il avait d'abord été engagé comme stagiaire au Département de la Recherche de Sorts et Sortilèges pour le Service de l'Ordre Public et puis, récemment – il y avait tout de même un peu plus d'un an – il s'était vu attribué le poste de Chercheur Autonome et travaillait en collaboration avec le bureau des Aurors. Vulgairement, son job consistait à trouver de nouvelles formules répondant aux règles du Ministères que les Aurors pouvaient utiliser dans leur lutte contre la magie noire. Les découvertes devaient être validées par son supérieur, puis par le chef des Aurors, et enfin être testées par les Aurors eux-mêmes avant de les utiliser sur le terrain. Mais Seamus assurait ses arrières, il préférait commencer en en parlant à Harry.

-Harry mon pote !

Seamus qui ne prit pas même la peine de refermer derrière lui. Les sorts de Seamus, Harry les connaissait. Il était rare qu'ils soient effectifs au premier essai. Cet essai-là serait un premier, il roula malgré lui des yeux. La dernière fois la formule avait fait de petites étincelles blanches du bout de sa baguette. C'est tout. Et ça n'avait pas été la première fois. Harry reposa son dossier fraîchement ouvert.

-Une idée géniale ? Supposa-t-il.

-Carrément ! Ecoute ça.

Il rapprocha le fauteuil et s'y assit, se penchant, les coudes sur les genoux. Harry se laissa aller dans son siège et mit les mains derrière sa tête. Seamus sortit sa baguette.

-Un sort qui empêcherait quelqu'un de s'échapper. Ça bloque le corps, agit comme un accio et limite le transplanage.

-Limite ? Fit Harry en levant un sourcil.

Seamus grimaça.

-Disons que ce n'est pas encore au point mais l'immobilisation du corps devrait normalement bloquer toute tentative de sortilège.

Harry plissa les yeux, intéressé. Ça ne marcherait probablement pas aujourd'hui mais c'était une idée plutôt alléchante. Seamus le regardait, attendait de voir l'idée se tracer un chemin dans sa tête. Quand il jugea l'idée définitivement bonne Harry se leva et s'écarta de son bureau. Il ouvrit les bras :

-Okay, vas-y. Quand tu veux.

Son ami était surexcité. Il se leva du fauteuil et dut faire plusieurs pas, aller et retour, pour se concentrer avant de se retourner vers Harry. Il pointa sa baguette magique et dans un geste souple du poignet, il prononça :

-Inhibeo !

Le sol craquela, puis lâcha sous les pieds de l'Auror Potter qui sans réussir à y réchapper se retrouva à l'étage en dessus, comprimé sur le sol entre le parquet et la pression de son propre poids accru pendant la chute. Il gémit.

-Finnigan ?

Ce n'était pas non plus la première fois qu'il se retrouvait par mégarde dans le bureau de Malfoy. Il tourna la tête vers lui, lança un regard noir. Mais l'Agent ne le regardait pas, les yeux plongés dans un dossier épais comme un dico. Il entendit Seamus l'appeler à l'étage. « Harry ? Harry, je suis désolé ! » – il y avait comme de la détresse dans sa voix. Dans ces cas-là il avait toujours peur de l'avoir blessé. Mais évidemment ça ne l'empêchait pas de revenir le voir à chaque fois.

-Je vais bien, maugréa-t-il en se relevant. Malfoy.

-Potter, le salua-t-il en retour.

Et Harry sortit par la porte d'entrée. Il commençait à le connaître, ce couloir. Troisième à droite et les ascenseurs étaient au bout. Il salua quelques Agents sur son chemin. La cage d'ascenseur qui s'arrêta près de celle qu'il venait d'appeler contenait Ronald et Stewart, il ne tiqua pas tout de suite.

-Harry ! Fit Ron. On allait justement te chercher, qu'est-ce que tu fais là ?

-Bah, je-

-Peu importe, coupa son ami d'un signe de la main.

Ron ne l'interrompait pas souvent, il se dit que ce devait être urgent. Quelques-uns montaient dans l'ascenseur qui n'allait sans doute plus tarder à repartir.

-Retrouve-nous en bas ! Lança Ron alors que la porte se refermait. C'est Smith !

Smith. Ce nom fut comme une décharge électrique. Il se retourna et courut vers le bureau de Malfoy. Il ouvrit la porte sans s'annoncer et se plaça juste au-dessous du trou qu'il avait fait en passant par le plancher.

-Seamus ! Appela-t-il. Toujours là ?

-Toujours.

Parfait. Il enleva sa cape personnelle et la jeta sur un fauteuil qui passait par là. « Fais comme chez toi... », se plaignit Draco. Peu importait, il releva les yeux vers le trou.

-Envoie-moi la cape sur le crochet derrière toi ! Ma baguette aussi, sur mon bureau, et ma plaque dans le premier tiroir en partant du haut !

-Je rêve...

Malfoy levait les yeux au ciel, mais ça n'empêcha pas les affaires d'Harry de tomber du plafond. Il enfila sa cape, mit le reste dans sa poche et remercia Seamus. Il lui dit ensuite qu'il ne repassait pas par son bureau – « On s'en serait douté... » – et sortit en refermant presque violemment la porte derrière lui, comme si elle avait été la sienne. A droite au bout du couloir, il prit le premier ascenseur qui descendait. Dans le hall, Ron le briefa. Un de leurs indics avait repéré un homme répondant à la description qu'ils avaient obtenue du fameux Smith, dans une maison de campagne à quinze kilomètres au nord de Londres. Ils prirent le réseau de cheminées pour sortir du périmètre sécurisé du Ministère puis Stewart les fit transplaner.

Evidemment, quand ils arrivèrent il n'y avait plus personne. Quelques traces de magie noire et un évident départ précipité. Harry et Ron quadrillèrent le secteur, sur plusieurs kilomètres, mais Smith pouvait être n'importe où. Stewart resta sur place pour ne pas laisser l'endroit sans surveillance et appela du renfort.

-Ici Johnsson, fit-il dans un genre de radio. Je veux joindre Alicia McCall et Justin Spartus.

Il donna l'adresse. Trois minutes plus tard, Justin transplanait. Une minute de plus et Alicia était là à son tour. Ils fouillèrent la maison, de fonds en combles. Une heure passa avant le retour d'Harry leur chef de groupe et Ronald son second. Comme ils s'y étaient attendus, leur petite course sur les terres alentours n'avait servi à rien. Pour la maison, ce fut pareil. Rien d'exploitable pour trouver n'aurait-ce été qu'un début de piste sur l'endroit où il aurait pu se trouver maintenant, ou là où il comptait se rendre plus tard. Tout ce qu'ils trouvèrent furent quelques flacons et bocaux aux contenus probablement dangereux et non-déclarés.

-Ça va Harry ?

Ron le prit à part un moment. C'était peut-être la frustration, la fatigue ou autre chose, mais Harry semblait plus pâle qu'à leur arrivée. Il lui assura que tout allait bien, mais c'était vrai qu'il se sentait barbouillé. Et nauséeux, un peu. Sans doute l'atmosphère de la maison. Il sortit prendre l'air. Il n'obtint rien d'autre qu'un mal de tête, mais rien qu'une aspirine ne pourrait régler. Une heure encore et une équipe de la Brigade de la Police Magique les remplaça. Ils rentrèrent au Ministère, bredouilles, encore.

-On fait un point ce soir ?

Leur ascenseur arrivait au troisième étage et Harry descendait avec quelques pièces à convictions récupérées dans la maison utilisée par Smith, maintenant traînées par des agents transporteurs sur un chariot à roulettes. Il fit signe à Ron que oui, et la cage repartit. Il mena la marche jusqu'au bureau de Malfoy. Il frappa, cette fois-ci.

-Entrez.

Harry ouvrit la porte et fit signe aux agents d'entrer à sa suite. En voyant le chariot, Draco lâcha son dossier et se laissa aller dans son siège. Justement, il n'avait pas assez de boulot... Potter avait l'air pâle, plus que le matin. Il hésita à lui demander si ça allait.

-Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il à la place.

-Quelque chose qui devrait t'intéresser.

Pour exemple il sortit un bocal du chariot et le posa devant lui. Oh. C'était des feuilles mouvantes d'arentula. Si tout le chariot était au niveau, effectivement ça l'intéressait. Potter précisa qu'il avait eu ça dans une fouille et que ça l'étonnerait que Malfoy ait dans ces dossiers une quelconque trace d'enregistrement légal de ces produits. Draco répondit qu'il allait vérifier, et le tenir au courant. Ce qu'il nota de faire sur une feuille qui traînait et qu'il scotcha à son bureau.

-Tout va bien, Potter ? Fit-il tout de même avant qu'il s'en aille.

-Dure journée.

Et Harry quitta le bureau avec les transporteurs. Dure journée, en effet, mais son mal de crâne n'aurait peut-être pas besoin d'aspirines, finalement. Et la nausée s'était fait la malle. Il avait dû voir juste, ce devait être l'air de la maison. Harry regarda l'heure à sa montre. Treize heures et des poussières, il méritait un sandwich. Il monta jusqu'à l'étage restauration puis redescendit au quatrième avec son Complet au poulet, un yaourt à boire et une petite bouteille d'eau. Il s'assit à son bureau avec un parchemin de rapport, une plume sans tâches et la résolution de ne pas faire tomber de mayonnaise sur le papier. Un cri perçant lui vrilla les tympans et il lâcha tout. Il n'y eut pas que de la mayonnaise sur son parchemin.

-Merde, Malfoy ! Cria-t-il les mains sur les oreilles.

Le bruit cessa et il lui fallut du temps pour se remettre. Un peu plus et c'était l'évanouissement assuré. Draco, à l'étage en dessous, enleva son cache oreille et leva les yeux vers son plafond troué.

-Désolé, fit-il.

Mais il ne l'était pas vraiment. Après tout, Potter n'était pas mort. Il avait juste eu besoin de vérifier que les morceaux de mandragores étaient bien morts. Ils ne l'étaient pas, et ça, c'était étrange, coupés comme ils l'étaient là. Magie noire, magie noire... Il se mit sous le trou.

-Potter, approche.

Harry se remettait encore de ses émotions. Il aurait dû être reconnaissant, des pousses normalement constituées – entières et en pleine forme – l'auraient probablement tué. Il s'extirpa de son siège et marcha jusqu'au trou.

-Quoi ? Demanda-t-il.

Draco fit léviter le fameux bocal jusqu'à lui. Celui-là était clairement de son ressort, et une preuve d'utilisation de magie noire, à n'en pas douter. Utile pour un futur procès, s'ils arrivaient un jour à coincer leur homme. Harry ne releva pas le sarcasme. Draco lui dit de signer la feuille qu'il avait collée en dessous et de la lui renvoyer, pour le registre. Ce fut fait.

-Et maintenant, fit Draco. Répare-moi ce parquet.

-C'est ton plafond, argumenta Harry en relevant un sourcil.

-Mais c'est toi qui- c'est toi, oh laisse tomber.

Draco alla se rasseoir et Harry retrouva son siège. Il grimaça. Repoussant un peu son sandwich, il jeta le parchemin souillé de sauce et de bribes de salade. Il en sortit un autre et entreprit de rédiger son rapport des événements de la matinée. Il reçut ceux de ses agents et les lut, un à un. Il remit ensuite l'ensemble à son supérieur, à quinze heure trente, quelque chose comme ça. Puis il alla prendre un café.

-Un coup de fatigue, patron ?

-Oh, pitié.

Harry n'aimait vraiment pas ça quand Ron l'appelait patron. Ron qui ne se priva pas pour rire un bon coup – lui aussi avait eu envie d'un café, celui de cet étage n'était pas terrible mais c'était trop loin et trop long d'aller en restauration. Ils parlèrent un peu du week-end à venir. Harry doutait d'en avoir un, probablement serait-il de retour au bureau dès possible le lendemain. Il ne supportait pas l'idée d'être une fois de plus passé à côté d'une si belle opportunité d'en apprendre plus sur Smith. Il était d'accord pour accorder leur temps libre à son équipe, cependant, ce qui arrangeait Ron plus ou moins parfaitement. Hermione était de garde ce week-end et ils auraient dû trouver quelqu'un pour garder Rose s'il n'avait pas pu se libérer.

Harry passa le reste de la journée plongé dans des dossiers. Il ne fut pas le seul, en plus de son équipe venant le voir, il entendait parfois Malfoy pester contre telle ou telle chose consignée dans tel ou tel fichier. Il aurait pu boucher le trou, mais ça lui aurait pris du temps et de l'énergie. Très peu de temps et très peu d'énergie, mais tout de même. Ce fut Draco qui le referma, aux alentours de dix-neuf heures. Accompagné d'un « flemmard » et d'un vague « bonne soirée ». Harry se prit alors la tête entre les mains et hésita à rester ici pour la nuit. Mais ce n'était pas une bonne idée, il n'était que très rarement au meilleur de ses capacités lorsqu'il dormait loin de son lit. Il ferma son dossier et souffla longuement.

-Norbert, fit-il en se levant, c'est ici que je t'abandonne.

Il récupéra sa mallette et y fourra quelques papiers, au cas où il aurait la force d'y jeter un coup d'œil plus profond en soirée. Puis il ferma son bureau, et verrouilla la porte. L'ascenseur qui le ramena jusqu'au rez-de-chaussée était vide de monde. Le Ministère subissait généralement une première purge aux alentours de dix-sept heures, et puis les différents services se vidaient doucement jusqu'à minuit et des poussières. Il y avait bien sûr quelques équipes de nuit qui débarquaient vers vingt-trois heures et quelques fonctionnaires qui – comme Harry – se devaient d'être toujours joignables. En réalité, le Ministère n'était jamais vraiment désert. Ce soir-là, autour de dix-neuf heures, les cheminées étaient seules dans le grand hall. Harry rentra chez lui.

Pendant plus d'une année Harry avait vécu dans un petit appartement en périphérie de Londres. Un genre de studio où de toute façon il ne faisait que dormir. Ce n'était que lorsqu'il avait fini par faire le deuil de toutes ses pertes qu'il s'était décidé à remettre les pieds au Square Grimmaurd, son héritage. Il n'y avait pas emménagé tout de suite, cependant. Il y avait fait des travaux, beaucoup de travaux. Il avait fait recouvrir tous les murs, ou presque. L'escalier de bois avait retrouvé sa couleur d'antan – du moins l'espérait-il. Il avait aussi fait remplacer la tapisserie de la famille Black par une toute nouvelle, avec ses branches à lui. Il ne s'était pas encombré d'ancêtres qu'il n'avait pas connu, il y avait juste son père, sa mère. Sirius. Remus, Severus, Albus. Molly et Arthur Weasley, leurs enfants. Hermione, Neville, Luna. Si l'on ne faisait pas attention, on ne remarquait même pas qu'ils n'étaient reliés à aucune branche. C'était son arbre à lui, et il l'aimait beaucoup.

Pour l'heure il faisait une entrée remarquable dans le salon. Plusieurs fois il s'était pris les pieds dans le tapis en se faisant éjecter par sa cheminée, mais il avait fini par régler le problème et décaler ledit tapis de quelques centimètres. C'était moins esthétique, mais bien plus prudent. Il voulut se faire un repas rapide et s'effondrer dans un fauteuil, mais il eut soudainement légèrement mal à la tête. Il pesta contre la fatigue et monta dans la salle de bain. Dans le placard à pharmacie derrière le miroir du lavabo, il trouva quelques boites qu'il observa longuement. Il en secoua une ou deux, pour voir… puis finit par remplir le gobelet de sa brosse à dent avec de l'eau et y plonger une aspirine. Le bruit du cachet se dissolvant lentement l'hypnotisa tellement qu'il fut assourdi par le silence quand il eut fini. Il le vida d'une longue traite. Son estomac commençait à se nouer, il espéra qu'il n'était pas en train de tomber malade – une grippe était la dernière chose dont il avait besoin en ce moment.

Il se glissa sous la douche et tenta de se détendre. La fatigue continua de l'engourdir jusqu'à ce qu'il s'extirpe de sous le jet d'eau chaude. Il se sécha vaguement sur le chemin de sa chambre et laissa sa serviette joncher sur le sol alors qu'il se laissait tomber sur son matelas. Il enfila un des caleçons de la pile sur la chaise près de son lit, rabattit sa couette sur lui, ferma les yeux, et souffla longuement. Puis il s'endormit, comme ça. Malgré le mal de tête, malgré cette chose dans son estomac.

Jusqu'à ce qu'une sensation d'étouffement ne le réveille au milieu de la nuit. Il crut au début à l'un de ces rêves qui vous terrifie pendant quelques secondes au réveil. L'impression de tomber, de se noyer. Mais l'impression qu'il avait de ne plus respirer... elle persista. Et c'était douloureux. Il hyper-ventilait, il n'arrivait pas à trouver son souffle. Dès lors il eut chaud, et froid. Il se leva tant bien que mal, voulut appeler à l'aide.

A quoi bon, il vivait seul.

Il tangua jusqu'à la porte de sa chambre. Le chemin jusqu'à sa cheminée n'était pas si long, il le faisait tous les jours en une trentaine de secondes. Merlin, ces obstacles... Il ne fut soudain même plus sûr de pouvoir atteindre le haut de l'escalier. Il se retint aux murs, se força à avancer. Il tenta de se calmer et feinta de retenir une respiration qu'il n'avait plus. Psychologiquement, un détail comme celui-ci pouvait faire la différence… non ? Il arriva jusqu'aux premières marches, entama une descente. Il se retenait à la rampe. Son pied dérapa, il parvint à se retenir de tomber mais sa cheville claqua sur le palier de mi-niveau. La douleur le prit si fort qu'il voulut crier, mais il n'avait plus d'air et la panique revint. Ses poumons se compressèrent quand il chercha une grande inspiration, et l'inconscience fut alors sa meilleure défense. Il tomba dans l'escalier et dévala ainsi ce qui restait de marches, avant que sa tête ne cogne le sol du rez-de-chaussée.

A suivre...


Premier chapitre ! Alors ? Vous avez envie de lire la suite ? (Question bonus si passent par là quelques uns qui me lisent parfois : vous ne trouvez pas le style trop bizarre ?)

En tout cas comme d'habitude je vous invite à laisser tout avis que vous auriez ! :)

Et puis pour ceux que ça tente, à vendredi prochain (30/09/16) pour le chapitre 2 !

Ciao ciao ~
Chip.