J'ai maté des fanarts Teen Wolf (essentiellement Sterek, on ne va pas se mentir) et ma muse m'a aussitôt sauté à la gorge ! Du coup, voici un two-shot sterek !
J'espère qu'il vous plaira.
Merci a Calliope pour sa betalecture ;)
Bonne lecture !
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Mon humain
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Le renardeau avait faim, soif aussi et il était terrifié. Enroulé dans la fourrure froide de sa mère dont le corps était raide, entouré par trois autres renardeaux totalement immobiles, il avait arrêté de s'acharner à téter les mamelles vides à l'odeur désagréable. Parfois il osait passer son museau par-dessus le pelage roux mais le rentrait aussitôt. Il avait ouvert les yeux quelques soleils auparavant et sa mère était dans cet état depuis la moitié de ce temps et ses frères depuis plus longtemps encore.
Il glapit pathétiquement quand son ventre vide se noua un peu plus, lui rappelant qu'il mourait de faim. Il s'affaiblissait un peu plus à chaque instant et il avait de plus en plus froid. Il se voyait mourir alors qu'il venait à peine de naître, au bord du trou sombre servant de tanière à sa mère, quand quelque chose l'attrapa par la peau du cou. Le renardeau crut qu'il allait finir dévoré par un immense prédateur, une mort plus rapide que de tomber d'inanition, mais en lieu et place d'une paire de crocs plantée dans sa jugulaire, une étrange mamelle nourricière dure et froide se pressa contre son museau.
Affaibli, à peine capable d'entrouvrir les yeux, il téta en silence le lait qu'on lui avait mis devant la bouche pendant qu'on l'enveloppait dans une étrange fourrure chaude. On lui toucha le crâne et le dos aussi, et il trouva ça agréable. Très agréable. Tellement qu'il finit par s'endormir, le ventre plein et le corps au chaud en poussant des piaulements de satisfaction.
A son réveil, plus d'étrange et immense prédateur ; en revanche, il était museau à museau face à des mamelles pleines de lait crémeux qu'il s'était aussitôt empressé de boire goulûment tout en pétrissant de ses pattes le corps fourré et chaud contre lui, la faim tordant à nouveau son estomac. Ce n'est qu'après avoir bu au point d'en avoir le ventre rond qu'il prit conscience d'un autre jeune juste à côté de lui. Un louveteau encore aveugle qui tétait lentement, presque délicatement, en poussant de faibles geignements de joie.
Le renardeau regarda avec de grands yeux étonnés ce frère de lait sorti de nulle part quand deux immenses billes claires envahirent son champ de vision. La louve... Elle le regarda avec affection avant de le lécher tendrement en passant sa tête par-dessus le corps de son petit à la fourrure éparse. Son unique petit.
Le renardeau se laissa papouiller et laver avec joie, sans ressentir aucune crainte à la vue de la gueule qui faisait pourtant deux fois la taille de celle de la renarde qui l'avait porté.
L'Alpha mâle choisit cet instant pour surgir d'entre les arbres. Il rentrait de la chasse avec de quoi nourrir sa femelle allaitante. Il gronda et se hérissa dès qu'il le vit, lui, le renardeau, près de sa louve et de son louveteau. Le jeune s'aplatit aussitôt au sol, les oreilles baissées. La louve gronda plus fort que son compagnon et les enroula, lui et son frère de lait, contre sa fourrure à l'aide de sa queue.
Le débat était clos pour l'Alpha femelle. Le renardeau était devenu son petit aussi et désormais, quiconque le lui enlèverait goûterait de ses crocs et de ses griffes.
Le nouvel adopté observait la scène se dérouler avec la curiosité caractéristique de son jeune âge, quand une truffe tout aussi curieuse et tout aussi jeune se mit à fouiner dans son pelage. Ils se reniflèrent l'un l'autre, louveteau et renardeau, avant de se bousculer gentiment du museau.
Ce fut son premier jeu avec son frère et c'est lui qui le gagna, indiscutablement ! Ses dents mâchouillèrent l'oreille du louveteau qui gigotait sur le dos, les quatre pattes en l'air, et tentait de lui lécher le museau en couinant de joie.
Cette démonstration de jeu entre frères parut totalement calmer l'Alpha mâle, son père, tandis que l'Alpha femelle, sa mère, les couvait du regard.
Le couple Alpha étant tombés d'accord sur l'adoption du renardeau, aucun loup de la meute n'osa remettre sa présence en question et celui-ci put rapidement se remettre sur pied au fil des jours, se nourrissant régulièrement, se chauffant contre sa mère et jouant avec son tout nouveau frère pourtant bien peu dynamique. Tout l'inverse de lui qui sautait partout... A sa grande fierté, il gagnait toujours leurs combats !
Au début du moins.
La tendance s'inversa quand le louveteau ouvrit les yeux et les oreilles, l'écart se confirmant avec les semaines et la croissance de son frère qui semblait ne jamais vouloir s'arrêter de grandir. Certes, le renardeau avait l'avantage de gagner plus rapidement en maturité mais une fois sa fourrure noire remplacée par le pelage roux propre à son espèce, sa propre croissance s'était drastiquement ralentie. Cependant, le renardeau ne se plaignait pas trop pour autant de sa petite taille, celle-ci étant l'une des excuses qui lui permettait d'échapper à la corvée de chasse malgré ses facultés bien développées de jeune prédateur.
En somme, l'ancien renardeau anémié qui avait manqué de peu mourir de faim aimait sa nouvelle vie au sein d'une meute de loups. Il s'y sentait bien, choyé et protégé. Il avait la meilleure famille qui fût, un père et une mère attentifs, des oncles et tantes protecteurs et un frère génial avec qui il faisait les quatre cents coups dès que la meute avait le dos et la truffe tournés. Il aurait pu rester ainsi toute sa vie, menant une existence simple jusqu'à sa dispersion pour se trouver une renarde, s'il ne l'avait pas rencontré, lui...
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La première fois qu'il le vit ce fut lors d'une de ses aventures à la bordure de leur tanière. L'autre n'était alors qu'une forme sombre louvoyant entre les arbres, porteur d'une odeur à la fois très familière et étrangère. Sa meute et pas sa meute mais aussi autre chose, de plus lointain. C'était une odeur qui lui rappelait de bonnes choses…
Il glapit dans sa direction, moitié menaçant moitié questionnant, se mettant devant son jeune frère encore louveteau pour le protéger de son corps.
L'autre s'arrêta et le renard dut se concentrer très fort pour le garder dans son champ de vision. La grande masse qu'était devenue son frère regardait par-dessus son dos, tout aussi curieux bien que son odeur démontrait qu'il était tout de même inquiet
Le loup étranger aboya brièvement et s'enfuit, laissant les deux frères perplexes. Deux frères qu'une menace plus grande toisa soudain de sa taille et de son odeur.
Leur mère.
Le renard baissa les oreilles alors que la louve l'attrapait par la peau du cou tandis que le louveteau suivait, le museau penaud. Ils furent ramenés fissa à la tanière où ils restèrent jusqu'au retour de la meute de la chasse sous le regard attentif et désapprobateur de leur mère.
Après cette première rencontre, le renard repéra plusieurs fois l'étrange loup rôdant dans leur territoire. Le pelage sombre, grand, les crocs aiguisés et le regard jaune, il paraissait surveiller la meute.
Quand un prédateur, grizzli ou puma, s'approchait d'un peu trop près de la tanière il hurlait un avertissement, il faisait de même quand les deux frères s'éloignaient un peu trop de la tanière ou qu'ils reniflaient un champignon bizarre. A quelques reprises, le renard tenta de suivre la piste du loup mais dès qu'il s'aventurait en dehors du territoire, le loup sombre alertait la meute en aboyant, et il se faisait ramener par sa mère ou un autre membre de la meute.
Il semblait toujours présent dans un coin de sa vision, à la lisière de son odorat ! Le renard finit par voir dans ce loup à la fourrure noire comme un protecteur de l'ombre, toujours là pour s'assurer que lui et son frère ne fassent pas trop bêtises et restent toujours à proximité de la meute.
Une fois pourtant, le renard réussit à sortir du territoire de la tanière avec son frère !
Ensemble, ils s'empressèrent de suivre la piste du loup de l'ombre, s'amusant de ce qu'ils découvraient, terrorisant marmottes et passereaux sur leur passage. Plus ils s'éloignaient de la meute, plus les odeurs se faisaient étranges et intrigantes. Tout un nouveau monde qui ne demandait qu'à être exploré se dévoilait sous leurs museaux !
Enfin... Ça, c'était jusqu'à ce qu'un grondement menaçant les surprenne... Ils eurent à peine le temps de s'en inquiéter qu'un immense puma leur sauta dessus ! Le renard fut violemment projeté contre un arbre tandis que son frère se prenait un méchant coup de griffes. Le jeune canidé roux se releva aussi rapidement qu'il en était capable et sauta à son tour sur le puma dans l'espoir de défendre son frère mais il n'y gagna qu'un coup de griffe à son tour et un feulement menaçant dans sa direction.
Il était devenu la nouvelle cible...
Le renard vit la mort avancer vers lui de son pas souple et silencieux. Le destin – et un peu sa bêtise – semblait avoir décidé qu'il ne verrait pas le retour de sa saison de naissance.
Le puma bondit vers lui, griffe en avant, et le renard glapit de détresse. Encore en plein saut, le prédateur au pelage sable fut soudain bousculé par une immense forme sombre qui gronda férocement, tous poils hérissés. Le puma tenta durant un court instant de combattre pour défendre son territoire avant de finalement renoncer et faire demi-tour face à la bête furieuse qui lui faisait face.
Le prédateur félin mis en fuite, le loup commença par s'occuper du louveteau, léchant ses plaies pour le soigner et sa truffe pour l'apaiser et le rassurer avant de se diriger vers le renard. Ce dernier reçut le même traitement auquel il répondit en frottant son museau contre celui de leur sauveur pour le remercier. L'odeur du loup était forte, puissante... Il se souvint ! C'était celle de son sauveur, d'aujourd'hui mais aussi d'hier ! Le renard se pressa un peu plus fort contre le loup sombre et une odeur gênée flotta dans l'air. Le renard s'en fichait, il était bien avec la truffe enfouie dans la fourrure épaisse. Son frère s'approcha à son tour pour câliner leur sauveur et celui-ci gronda pour ramener un peu d'ordre. Il attrapa ensuite le renard par la peau du cou, comme une mère son louveteau...
Le renard commençait à trouver cette manie de loup gênante pour lui qui était presque adulte mais il n'était pas vraiment en position de discuter... Son frère de lait les suivit, bien évidemment, ne pouvant imaginer un seul instant être séparé de son renard de frère. Des hurlements retentirent dans la forêt, faisant complètement baisser les oreilles des jeunes canidés qui appréhendèrent le retour. La meute était au courant de leur petite fugue et s'inquiétait visiblement...
A la frontière du territoire de la meute, leur mère les attendait, à la fois inquiète et furieuse. Le renard et le louveteau se seraient bien enfuis à sa vue mais le loup sombre les en empêcha et les poussa vers la meute. Ils furent examinés sous toutes les coutures et proprement grondés par la louve Alpha. Une vraie honte... Cependant, ce que le renard remarqua surtout, ce fut le départ du loup sitôt lui et son frère déposés. Il aimait bien son odeur et sa chaleur... Pourquoi était-il parti si vite ? D'autant que la meute l'acceptait sur le territoire donc ce devait être un ami ! Il avait envie qu'il reste...
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Durant les semaines qui suivirent, la curiosité et l'envie d'exploration du renard s'accrurent encore plus, ainsi que sa compétence innée à se mettre en danger… Il ne le faisait pas exprès, simplement, il ne songeait pas que lorsqu'il montait à un arbre il allait falloir en redescendre ou qu'avant de vouloir pécher dans une rivière il fallait faire attention à sa profondeur et à la force du courant. Son frère ne l'accompagnait presque plus – sa mère l'aurait sévèrement réprimandé dans le cas contraire – pourtant, il y avait toujours un loup pour le sauver, son loup sombre à l'odeur aussi bien agacée qu'amusée quand il l'attrapait par la peau du cou pour le ramener à la tanière. Et plus son loup sombre intervenait, plus le renard appréciait sa présence et son odeur, a tel point qu'il en vint réellement à se mettre en danger juste pour le voir et pouvoir le sentir… Chose que le loup parut comprendre quand il se coinça volontairement la queue sous un rocher… Une odeur de rage froide, un pelage hérissé et un grondement menaçant en provenance du loup avaient fait se recroqueviller de peur le renard. Et quand les crocs de son loup avait enrobé sa gorge, la panique avait fait trébucher son coeur.
Leçon comprise. Plus de mise en danger volontaire…
Le renard recommença sa vie, observant son loup sombre de loin avec un peu de tristesse. Tout portait à croire qu'il ne le reverrait jamais plus de près quand les eaux du ciel se déversèrent sur toute la forêt y compris leur territoire, si violemment et dans une telle quantité que les ruisseaux devinrent des torrents et les tanières se retrouvèrent noyées. La meute crut s'en sortir en se réfugiant sur la colline en hauteur, mais celle-ci s'effondra sous leurs pattes, les engloutissant dans un torrent de boue, de feuilles et de branches cassées…
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Le renard sauta sur ses pattes dès qu'il eut repris conscient et glapit de douleur. Patte arrière gauche… Il se mit en boule et mordilla son membre blessé qui était recouvert d'une étrange peau.
- Non ! Ne touche pas à ça ! pépia une créature qui courait vers lui.
Il tourna ses yeux d'or vers la bête et tomba sur ce qui devait être une espèce bizarre de grizzly ou d'ours… Ça marchait sur deux pattes comme eux en tout cas, même si ça avait une fourrure étrange et visiblement moins de force.
Le renard glapit férocement quand une patte démesurée aux griffes ridicules s'approcha de lui et il se hérissa tout en montrant les crocs. La patte se recula vivement de lui mais le renard continua de se méfier.
- Je dois vérifier si ça ne s'est pas infecté, tu veux bien ?
L'ours hésita, fit une nouvelle tentative et le renard glapit à nouveau. La patte continua de s'approcher et le renard découvrit entièrement ses crocs en se tassant sur lui-même, prêt à bondir. L'ours recula enfin, le laissant tranquille.
- Tu en es où avec Stanislaw ? gronda une autre créature.
- Je n'arrive pas à l'approcher, pépia l'ours d'une voix plaintive. Il voudrait mieux l'endormir je pense.
- Tu dois mal t'y prendre, gronda un second ours en entrant dans l'étrange tanière du renard.
Ce dernier regarda l'ours s'approcher de lui avec méfiance, jusqu'à ce que son odeur parvienne à sa truffe. Aussitôt, son pelage se lissa et ses oreilles se dressèrent avec curiosité. Il connaissait cette odeur… Mais pourquoi un loup se prendrait-il pour un ours ? Une patte s'approcha de lui et le renard se frotta aussitôt à elle après l'avoir reniflée. Il s'agissait bien de son loup... Curieux.
- Tu vois, gronda le loup-ours en perdant la moitié de sa hauteur.
- Il n'était pas du tout comme ça avec moi ! pépia le premier ours à l'odeur de femelle.
Sans se préoccuper des bruits produits par les deux créatures, le renard s'agrippa de son mieux à la fourrure du loup sombre et grimpa sur lui pour mieux fouiner avec son museau près de son cou.
- Tu me chatouilles, idiot, gronda l'ours d'un ton doux en caressant son dos.
Le renard fondit aussitôt de béatitude et dévoila son ventre blanc sans hésiter. La patte brossa la fine fourrure qui le recouvrait et il se mit à miauler de bonheur, ne se préoccupant même pas du fait qu'on triturait sa patte blessée et qu'on la libérait de la peau blanche et râpeuse.
- Décidément, les seuls avec qui tu arrives à t'entendre, ce sont bien eux, jappa une troisième créature, encore un ours.
- Qu'est-ce que tu veux, Cora ? grogna son ours-loup avec une odorante exaspération.
Le renard glapit de mécontentement alors qu'il était reposé à terre. L'ours se leva à nouveau sur ses deux pattes et le renard se frotta contre elles dans l'espoir d'être à nouveau porté. Quand l'ours avança, il le suivit, slalomant entre les deux grandes jambes qu'il possédait.
- Regarde ça, on dirait que tu l'as déjà apprivoisé !
- Ne te réjouis pas ! C'est mal venu ! Je te rappelle qu'on doit le relâcher ce soir si tout va bien et il ne doit pas prendre de mauvaises habitudes entre temps !
- Ça va, je connais mon travail moi aussi, Derek.
Son loup grogna et le renard gémit pitoyablement au moment où un obstacle lui barra le chemin, l'empêchant de suivre son loup. Il gratta contre les entrelacs froids et gris, tenta de passer une patte puis un museau au travers avant d'abandonner et d'aller se rouler en boule dans un coin de la tanière.
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Derek observa les deux Alphas qui dormaient blottis l'un à côté de l'autre, leur jeune lové contre eux. Le reste de la meute était réparti dans d'autres cages selon leur état. Heureusement, la coulée de boue n'avait que très peu blessé les loups. Celui qui avait le plus souffert était le renard adopté par Mélissa dont la constitution plus délicate avait été grandement désavantageuse. Cependant, ses éraflures avaient été désinfectées et l'entaille profonde dans sa patte paraissait déjà en bonne voie de guérison.
Un renard parmi les loups… C'est Derek qui avait eu cette idée et il n'en était pas peu fier !
Près d'un an auparavant, Mélissa avait perdu la quasi-totalité de ses louveteaux en quelques jours à cause d'un empoisonnement malveillant, ne lui laissant que Scott sur qui veiller. Elle déprimait, tout comme Stilinski, l'Alpha mâle de la meute – Laura et son amour pour les noms à consonance polonaise… De l'autre côté, il y avait cette renarde elle aussi décédée, victime du même empoisonnement tout comme les renardeaux qu'elle allaitait, à l'exception d'un seul. Ce dernier était clairement destiné à mourir à moins de lui trouver une femelle prête à l'adopter ou de le ramener au centre, ce qui laissait peu d'espoir quant à un éventuel retour à la vie sauvage…
Pour Derek, la situation avait été aussi claire que deux et deux font quatre.
Ce fut loin d'être aussi évident pour les autres soignants et gardes de la réserve naturelle mais Derek avait pris sa décision et les devants. Il existait bien une possibilité pour que Mélissa rejette le renardeau, malgré tout, il avait voulu y croire. Il avait commencé par redonner un minimum de force au renardeau avec un biberon de lait amélioré, essayant de cacher son attendrissement pour la boule noire duveteuse qu'il tenait entre ses mains. Ensuite, pour déposer le petit sans semer la panique chez la meute de son secteur, Derek avait pris sa forme de loup, son héritage familial et la raison pour laquelle il y avait tant de membres de la famille Hale à s'occuper de la réserve et du parc.
Sa décision s'était révélée plus que concluante ! Mélissa ne déprimait plus, Scott avait quitté son apathie et Stanislaw – Laura ne lui avait pas laissé le choix de son nom – avait été parfaitement intégré à la meute de loups.
Par sécurité et par intérêt scientifique, Derek était venu plusieurs fois vérifier comment se développait la meute avec son adopté roux. Apparemment, le renard en faisait voir de toutes les couleurs à la meute ce qui faisait sourire le loup-garou. Dans une autre situation cela aurait pu être ennuyant mais Stanislaw comblait malgré lui et par sa vivacité l'absence des quatre louveteaux décédés, empêchant la meute de déprimer de tristesse et de désœuvrement devant un si faible nombre de jeune à s'occuper.
- Quand tu es pensif, je me demande toujours quelle catastrophe va nous tomber dessus, remarqua une voix féminine et posée.
Derek leva les yeux au ciel et grogna.
- Tout est prêt pour ce soir ? demanda-t-il sans quitter le couple dominant et leur petit des yeux.
- Évidemment, prendrais-tu soudain ta famille pour une bande d'amateurs ?
- Pardon m'man, grimaça Derek en entendant la pointe de reproche dans la voix de sa mère.
- Je sais que tu es proche d'eux et que tu t'inquiètes… Mais tu ne penses pas que tu en fais un peu trop ? souffla Talia en posant une main sur l'épaule de son fils.
Le loup-garou ne répondit rien mais s'éloigna de la cage pour retourner vers celle du renard.
- Il se porte bien, nota sa mère.
- Mieux que s'il était mort.
Le regard de Talia se posa sur sa nuque, lourd de désapprobation. Derek n'en tint pas compte et, au contraire, se redressa fièrement.
- Parfois je me demande si tu n'es pas plus proche de ton loup et de cette meute que de nous, soupira Talia avec une triste lassitude.
La culpabilité assaillit Derek à l'entente de ces mots et il regarda enfin sa mère, un semblant d'excuse dans les yeux.
- Ce n'est pas ça, essaya-t-il de se justifier. Vous êtes ma famille, j'ai juste…
L'angoisse coupa sa voix. Il ne savait pas comment terminer sa phrase et exprimer ses craintes sans pour autant réveiller de douloureux souvenirs.
- Je sais Derek, sourit sa mère en passa une main dans la crinière noire de son fils.
Un glapissement furieux suivi d'un bruit de grillage écrasé firent sursauter les deux loups-garous. Ils se tournèrent vers la cage où Stanislaw s'excitait sur le grillage en glapissant méchamment contre Talia. Une fois la surprise passée, la directrice du centre de soin éclata de rire tandis qu'un sourire amusé s'étalait sur le visage de Derek.
- Tu sais quoi, Derek ? Tu as raison en fin de compte, celui-ci est vraiment spécial, continua de rire Talia avant de s'en aller, séchant ses larmes de rire d'une main.
Derek roula des yeux avant de se tourner vers le renard qui geignait désormais en grattant au grillage, les oreilles et la queue baissées, essayant clairement de l'attendrir.
- Toi alors… lâcha Derek, mi-amusé mi-fatigué.
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Le renard boudait. Réellement et complètement. Il boudait, refusant de quitter sa position boulesque et grignotant vaguement la viande rapportée de la chasse. Ni sa mère ni son frère n'arrivaient à le dérider, que ce soit par les câlins ou le jeu. Pas moyen. Le renard boudait et il n'était pas près d'arrêter !
Dire qu'il avait enfin retrouvé son loup sombre… Qui était un ours la moitié du temps aussi, mais soit. Ça ne le dérangeait pas, surtout que ses pattes étaient très agiles sous cette forme ! Les gratouilles sur son dos, sur son crâne, sur son ventre… Un vrai bonheur. Et puis paf ! Plus de loup ! Il s'était endormi sans raison après avoir mangé et à son réveil il était de nouveau sur le territoire de sa meute, sans son loup à proximité ! Pas juste… Alors qu'il avait réussi – il ne savait comment – à pénétrer sa caverne ! Et là, plus de loup et ce depuis plusieurs jours…
Son frère lui lécha le museau pour l'inciter à bouger. En réponse, le renard s'emmitoufla un peu plus dans sa queue touffue.
Il resta comme ça presque une semaine, ne bougeant que pour faire ses besoins et boire avant de retourner s'effondrer à sa place et rejouer la boule de poils orange immobile. Ce qui le força finalement à bouger ? Les crocs de son frère dans la peau de son cou et lui soulevé du sol – encore – et transporté à l'orée du territoire… Où se trouvait un loup au pelage aussi sombre que la nuit. Dès qu'il fut posé au sol, le renard courut vers son loup, prêt à fêter son retour, mais un grognement menaçant le figea sur place. D'une façon totalement incompréhensible, son loup le grondait. Le renard insista tout de même et s'approcha un peu plus malgré les effluves menaçants. Tout ce qu'il y gagna, ce fut de se retrouver plaqué sur le dos, le ventre à l'air et une patte aux griffes sorties appuyée contre sa gorge. Le renard gémit pitoyablement mais n'y gagna qu'un grognement de plus et un geignement de son frère inquiet.
Son loup baissa son museau et colla sa truffe contre la sienne avant de dévoiler ses dents et de gronder un sombre avertissement. Il devait l'oublier et vivre avec sa meute. Après quoi, le loup au pelage noir s'en alla, définitivement, laissant derrière lui un renard tétanisé de peur.
Son frère de lait vint rapidement tenter de le rassurer et le renard accepta ses attentions avec gratitude. Ils retournèrent ensemble à la tanière et le renard alla mordiller sa mère pour s'excuser de son comportement des jours précédents.
La vie reprit son cours normal dans la meute…
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Derek était assis sur le banc de sa terrasse et regardait la forêt d'un œil lointain. Ses oreilles captèrent des bruits de pas s'avançant sur le tapis craquant de feuilles automnales et un léger vent lui apporta l'odeur piquante d'appréhension de sa sœur. Elle se plaça derrière sa rambarde et s'accouda dessus, son parfum se teintant de plus en plus de nervosité.
- Je ne suis pas retourné là-bas, ce n'est pas la peine de me harceler, grogna Derek, les yeux toujours dans le vide.
- Ce n'est pas une punition, tu le sais, c'est pour leur bien. Et pour le sien, surtout !
- Fous-moi la paix Laura.
- Derek… Ça fait une semaine déjà, passe à autre chose !
Le loup pinça les lèvres et serra la mâchoire, sans répondre.
Ils l'emmerdaient, tous, sa famille. Ils le surveillaient, le couvaient comme du lait sur le feu ou un gosse désobéissant, au choix, peut-être les deux… Comme si ça ne suffisait pas qu'il se sente ainsi trahi ! Avoir été déplacé sur un autre secteur… A croire qu'il s'était rendu coupable de maltraitance ou de mauvais soins sur les habitants qu'il gérait !
- Ce n'était qu'un renard parmi d'autre ! voulut le raisonner sa sœur. Et la meute qui t'a été confiée en remplacement sera tout aussi attachante que celle de Melissa et Stilinski quand tu prendras le temps de la connaître.
Derek ferma les yeux et se frotta le visage, parfaitement conscient du fond de vérité contenu dans les paroles de Laura. Le problème, c'est qu'il était trop tôt pour qu'il les comprenne ou ne les prenne simplement en considération. Il avait aimé sa meute de loups et avait vécu à leurs côtés durant plusieurs années, devoir se séparer d'eux avait été un vrai déchirement. Sans parler de ce stupide renard, trop attaché à lui, trop dépendant de lui… La vraie raison de son transfert sur un autre secteur…
- Tu devrais penser à accepter la proposition de Jennifer, souffla Laura. C'est une gentille fille et tu as besoin de te raccrocher un peu au monde des humains. Ton loup commence à dominer ta personnalité Der'...
- Jennifer ? questionna le brun en fronçant les sourcils
- Oui Jennifer, soupira sa sœur en roulant des yeux. Tu sais ? Notre apprentie vétérinaire depuis près d'un an et qui te fait les yeux doux depuis autant de temps ?
- Si je dis oui, vous me laisserez respirer ?
- Je t'organise un rendez-vous pour quand ? sourit Laura avec malice.
Derek leva les yeux au ciel mais ne fit pas de commentaire. Fréquenter une femme ? Cela faisait bien longtemps… Pourquoi pas après tout… Peut-être que son obsession pour les quadrupèdes roux cesserait grâce à ça.
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Le renard n'était pas du genre à abandonner si facilement, certainement pas ! Il était un peu désolé d'avoir laissé son frère et sa mère derrière lui mais tant pis, il était grand, il était temps qu'il aille voir du pays !
Il avait mis du temps à prendre sa décision, se montrant plus câlin que jamais envers sa meute en prévision de son départ. Il s'était décidé quand il avait réalisé que la piste du loup était en train de refroidir dangereusement. Il n'avait prévenu personne, s'éclipsant au milieu de la nuit après avoir reniflé une dernière fois ses parents et son frère pour les garder en mémoire.
Trouver les effluves du loup sombre n'avait pas été simple et il avait surtout dû se fier à son instinct autant qu'à son intelligence. Il avait aussi découvert par chance une piste creusée par un très étrange animal, peut-être une chenille géante… Toujours est-il qu'il avait décidé de suivre ces traces qui lui semblaient prometteuses pour retrouver un mi-loup mi-ours.
Il avait marché longtemps, sans se fatiguer, se nourrissant de ce qu'il trouvait sur son chemin, que ce fussent des mulots et des marmottes ou des champignons et des baies. Il avait fait des tours et des détours, retrouvant parfois l'odeur de son loup sombre avant de la perdre brusquement. Il avait couru aussi, pour éviter des prédateurs autant que pour aller plus vite, dans de brusques élans d'optimisme.
Son voyage avait été long, mais il n'avait pas été vain…
Devant lui se dressait une immense tanière en bois qui aurait fait la fierté de n'importe quel castor. Elle sentait si fort l'odeur de son loup sombre que le renard ne doutait pas un instant d'être arrivée sur son territoire – même s'il n'avait étrangement pas senti de marquage sur les arbres alentours. Il grimpa sur la terrasse et regarda autour de lui avec curiosité avant d'aller renifler le banc où s'asseyait souvent son loup. Il fit le tour de la tanière et suivit la piste odorante censée le mener vers lui. Il croisa d'autres maisons de castor géantes en chemin jusqu'à tomber sur l'une d'elles, particulièrement immense.
Son ours était là, discutant avec d'autres ours. Sa meute a priori.
Sans méfiance ni inquiétude, le renard se précipita vers lui en glapissant et sautant tout autour pour montrer sa joie.
- Tu nous as caché quelque chose Derek ? aboya une ours femelle.
- Non, grogna son loup à l'odeur surprise. Qu'est-ce que tu fiches ici toi ?
Une patte descendit vers lui et le renard alla aussitôt à sa rencontre, la mordillant et la léchant avec enthousiasme.
- Tu veux nous faire croire qu'il est venu ici tout seul ? Depuis son territoire qui est à plusieurs dizaines de miles du centre ?
- Je ne l'aurais pas ramené en douce, maman. Je ne vous aurais pas caché… Ça.
Le renard se fit attraper par la peau du cou et fut ramené à hauteur du visage de son loup. Il glapit en bougeant les pattes pour espérer s'approcher et enfouir son museau contre l'autre et obtint presque miraculeusement d'être porté contre son torse. Il fouina avec sa truffe dans l'étonnante fourrure et renifla encore et encore son loup. Il aimait tellement cette odeur…
- Il a dû venir tout seul, jappa une autre voix.
- Cora ? Tu sais quelque chose ? grogna son loup.
- Les renards sont malins et celui-ci semble déjà très attaché à toi.
- Alors quoi ? Il est déjà trop tard pour lui ? grimaça son loup qui puait la déception à pleine truffe.
- Il t'a rejoint…
- Ceci est problématique, aboya l'Alpha femelle. On pourrait l'envoyer dans une autre réserve…
La patte qui grattait délicieusement sa fourrure se crispa et le renard glapit son mécontentement. Les caresses reprirent aussitôt, comme si de rien n'était et le renard se remit à miauler de bonheur.
- Yellowstone est tout ce qu'il connaît, grogna son loup.
- D'autres se sont adaptés avant lui.
Son loup arrêta de le câliner. Le renard observa avec curiosité l'Alpha femelle et son grand louveteau se défier.
- Pourquoi ne pas le laisser faire son territoire dans le coin ? jappa la seconde femelle. Il n'y a que nous ici et aucun autre animal n'a tenté la cohabitation. Si lui le fait ça ne gênera personne.
- Ce n'est pas conventionnel… aboya l'Alpha avec réticence.
- Mais ça pourrait marcher, grogna son loup.
- Allez maman… Ça pourrait même être notre mascotte !
- S'il y a le moindre problème…
- Il n'y en aura pas, grogna son loup avec assurance.
Les pattes du loup sombre le levèrent un peu plus haut et le renard put fouiner dans son cou avec son museau. Son odeur y était bien plus forte au point d'en être suave. Il frotta le haut de son crâne contre celui de son loup en miaulant encore plus fort.
- Je sens qu'on va au-devant de grands problèmes…gémit l'Alpha femelle.
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Derek retourna à son bungalow, un renard gigotant dans les bras. Il le déposa sur la terrasse et le grattouilla entre les oreilles.
- Reste ici, je reviens tout de suite, ordonna-t-il au canidé roux avant de rentrer chez lui.
Stanislaw tenta de le suivre mais le loup l'en empêcha, refusant que sa maison, sa tanière, devienne celle de quelqu'un d'autre. A l'intérieur, il enleva tous ses vêtements puis ouvrit la fenêtre. Le renard essaya à nouveau de pénétrer chez lui mais Derek gronda face à lui, dévoilant crocs et yeux phosphorescents.
Stanislaw tomba en arrière sous le coup de la surprise mais il se redressa bien vite sur ses pattes en glapissant de joie tandis que le loup, entièrement transformé, sautait à côté de lui.
Leurs museaux se frottèrent l'un contre l'autre, Stanislaw se fit mordiller l'oreille et mordilla la queue de Derek en réponse. Ils se tournèrent autour un long moment, se flairant et se battant gentiment. La vie était plus simple de ce côté-ci de l'évolution et Derek eut l'impression de revivre un peu. Il alla s'allonger sous son banc et aussitôt, le renard vint se rouler en boule contre lui.
Humain ou loup ? Derek hésitait toujours un peu plus… Et la présence du renard n'allait pas forcément l'encourager dans le bon sens, ce que remarqua bien vite sa famille.
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- Tu n'oublies pas que tu as rendez-vous avec Jennifer ce soir ? lui demanda Laura trois jours plus tard en plissant les yeux.
- J'ai pas oublié.
- Tu iras ?
- Oui.
- Tu feras un effort ?
- Laura…
- Der'… On a l'impression de te perdre, maman, moi, Cora ou les autres… On veut que tu rencontres quelqu'un qui, peut-être, te rappellera que tu es humain aussi.
Derek soupira et s'assit dans le coffre du pick-up. Laura avait raison, pour ne pas changer. Lui aussi se rendait compte de son attitude distante, de ses mots qui se raréfiaient et de sa tendance à vouloir rester dans sa peau de loup. Ce n'était pas qu'il déprimait mais… Ça y ressemblait fortement. C'était un coup de blues, celui qu'on avait quand on réalisait qu'on avait peu de chance de se trouver une compagne, quand on se demandait même si on en méritait une.
- Jennifer est une gentille fille, lui souffla Laura. Elle n'est pas Kate. Et en plus, elle te supporte déjà malgré ton caractère de ronchon ! La preuve, elle n'est pas partie malgré la collection de râteaux digne d'une jardinerie que tu lui as mise !
Le loup sourit à cette phrase. S'il ne pouvait se faire confiance, peut-être pouvait-il se fier à sa famille…
- Une vétérinaire… Pourquoi pas ? dit-il en regardant sa sœur avec anxiété.
- Exactement, sourit-elle. Ce soir c'est l'occasion pour toi de remettre le pied à l'étrier !
- Comparaison très flatteuse… Jennifer est une jument maintenant ? se moqua Derek.
- Oh mon dieu… Un conseil, n'essaye pas de plaisanter devant elle, elle fuira en courant !
Derek grogna et en envoya son pied vers Laura pour se venger. Cette dernière éclata de rire avant de se reprendre sérieusement et d'édicter tout un tas de conseils à son frère à demi-sauvage.
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Le renard avait la fourrure à demi hérissée et ses babines hésitaient entre se retrousser ou non. « Elle » était encore là. La femelle qui tournait autour de son loup, qui déposait son odeur sur lui et qui fleurait la saison des amours à pleine truffe. « Elle » que le renard avait souvent surprise à accompagner son loup, elle qui faisait il-ne-savait-quoi dans les grandes tanières avec sa conquête. Elle qui rentrait sans hésiter ni s'inquiéter sur un territoire qu'il avait pourtant clairement marqué !
Il ne l'aimait pas. Pas du tout. Pour ne rien arranger, son odeur désagréablement suave et bourrée de phéromones le mettait naturellement sur les nerfs.
Son loup avait déjà, pour des raisons qu'il ne comprenait absolument pas, tenté de l'approcher d'elle, de la laisser le « caresser ». Ses glapissements menaçants avaient rapidement fait abandonner cette idée à son loup. La seule chose qui rassurait le renard, c'est que la femelle non plus n'avait pas eu le droit d'entrer dans la tanière ! Elle n'était donc pas la compagne du loup sombre ! Bon, lui non plus… Mais ça allait venir ! Il faisait tout pour en tout cas, et inclure la tanière de son loup dans son territoire était une grande victoire en soi !
La femelle s'éloigna enfin après avoir posé sa patte sur son loup et le renard se précipita sur lui.
- Et tu débarques juste quand Jennifer s'en va…
Le renard mordilla la main devant lui avant de bondir sur le bras pour grimper jusqu'au cou du loup pour y frotter son crâne. C'était maintenant son tour de profiter du loup et de faire sa cour.
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Derek était un peu nerveux. Beaucoup en fait. Énormément à dire vrai. Il faisait les cent pas sur sa terrasse sous le regard étonné de Stanislaw.
Jennifer allait venir chez lui pour la première fois après trois semaines passées à se fréquenter. Deux semaines durant lesquelles ils s'étaient maladroitement tournés autour en flirtant et en échangeant de rapides et timides baisers, le tout en essayant d'apprendre un peu plus à se connaître. Et ce soir, elle venait dîner chez lui, et peut-être plus… Et c'était bien ce plus qui le gênait. Son premier et seul « plus » s'étant déroulé de façon détestable. Il avait été abusé par une femme plus âgée, braconneuse à ses heures, qui avait profité de sa naïveté pour infiltrer la réserve et ses espèces protégées.
Il lui avait fallu des mois avant qu'il n'ose tout avouer à sa famille et des années pour que sa culpabilité atteigne un niveau raisonnable. Alors ce soir allait être un grand pas pour lui, peut-être…
Derek glissa sa main sur sa nuque et s'effondra sur son banc. Aussitôt, Stanislaw grimpa sur ses genoux et enfouit son museau dans son cou.
- Réjouis-toi, tes amours seront bien moins compliquées que les miennes, soupira Derek en lissant l'épaisse et douce toison hivernale.
Le soigneur sourit en voyant le renard rapidement se mettre sur le dos et il caressa la fourrure blanche, s'amusant des miaulements ravis du renard. Il s'était installé ici à peine deux semaines auparavant et semblait déjà totalement incrusté dans sa vie. La terrasse arrière de son bungalow était devenue la tanière du renard qui allait se cacher entre les planches et le sol dès que quelqu'un du centre venait le trouver. Craintif avec tout le monde sauf avec lui, Stanislaw ne se lassait pas de lui faire la fête dès qu'il rentrait ou de lui mordiller la main quand il était mélancolique. C'était une compagnie étonnamment agréable pour le loup-garou qui avait pourtant recherché la solitude en construisant son chalet à l'écart des autres. Tellement qu'il finissait par prendre tous ses petits déjeuners et dîners sur sa terrasse.
Le bruit de la sonnette fit sursauter Derek qui éloigna aussitôt de lui un renard glapissant de mécontentement. Les mains moites de nervosité, il fit le tour de sa terrasse jusqu'à la porte d'entrée où l'attendait Jennifer.
Il sourit nerveusement, elle aussi, puis il osa se pencher vers elle pour l'embrasser, pour la première fois devant chez lui.
Il avait l'impression d'être extrêmement maladroit, ne percevant à travers ce baiser que le froid des lèvres de Jennifer et le gras de son rouge à lèvres. Son parfum fleuri lui piquait le nez et c'est sans aucune assurance qu'il tenait les épaules de la jeune femme. Pour autant, sa démonstration hésitante sembla parfaitement convenir à l'apprentie vétérinaire qui ouvrit la bouche pour aller plus loin, ses mains délicates se posant avec légèreté sur son torse.
Le cœur de Derek battait fort, d'excitation comme d'appréhension. L'expérience Kate tournait dans son cerveau comme un avertissement au format panneau publicitaire cependant, il refusait de laisser cette expérience gâcher toute sa vie. Il serra Jennifer contre lui pour s'encourager à ne pas fuir, à aller de l'avant, quand celle-ci cria brusquement.
Derek s'éloigna, surpris, et vit sa prétendante se baisser pour appuyer sur la marque d'une morsure à son mollet. À côté d'elle se trouvait Stanislaw, tassé sur lui-même, prêt à bondir à nouveau et glapissant d'une façon menaçante.
- Ça suffit ! gronda Derek. Qu'est-ce qu'il te prend ? Ça ne se fait pas ! Éloigne-toi !
Le renard le regarda comme étonné avant de revenir à Jennifer et de se hérisser à nouveau. Derek fut obligé d'intervenir plus abruptement et usa de son aura de loup pour soumettre le canidé roux. Dès que celui-ci se fut aplati au sol en position de soumission, le soigneur l'attrapa par la peau du cou. Il déposa le renard devant le premier arbre qu'il trouva et le réprimanda à nouveau avant de revenir à la jeune femme.
- Je suis désolé, c'est la première fois qu'il agit comme ça, expliqua-t-il avec gêne. Ça lui arrive de ne pas aimer quelqu'un mais il n'avait jamais mordu avant... Viens à l'intérieur, je devrais avoir de quoi désinfecter.
- J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? s'inquiéta Jennifer.
- Non. Il a juste… Ses humeurs. Ça reste un animal sauvage.
Même si parfois je l'oublie, pensa intérieurement et avec tristesse Derek en tenant la porte pour laisser passer la jeune femme.
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Le renard était tétanisé au pied de son arbre. Aplati au sol, il n'osait plus bouger depuis plusieurs minutes.
Son loup sombre l'avait grondé, réprimandé. Il avait fait quelque chose de mal mais il ne comprenait pas quoi ! Il n'aimait juste pas cette femelle qui tournait autour de son loup et avait voulu le lui faire comprendre ! C'était devenu son territoire après tout ! Il avait le droit de vouloir faire partir un intrus !
Les oreilles du renard se dressèrent quand il entendit les deux ours communiquer dans la tanière.
Elle était entrée… Elle avait eu le droit… Cela l'attrista profondément.
Pour ne rien arranger, son odorat sensible perçut des effluves qui le dérangèrent. Inquiet, il avança vers la tanière en tapinois. Il s'approcha de la porte de derrière en silence et colla sa truffe contre l'interstice au sol.
Ses oreilles et son museau lui apportèrent des informations perturbantes. Ça sentait la saison des amours et le bruit était celui de l'accouplement.
Son loup s'accouplait. Avec une femelle.
Le renard piaula pitoyablement en grattant le bois de ses griffes. Son loup sombre gronda et vint ouvrir la porte avec colère. Le renard tenta de l'amadouer en se montrant plus soumis que jamais mais tout ce qu'il obtint ce fut l'ordre de s'éloigner de la porte. Ce qu'il fit, la queue entre les pattes et le museau bas. La porte se referma dans un claquement sec, puis son loup reprit son accouplement avec sa femelle. Une femelle de la même espèce…
Il n'avait aucune chance. En avait-il jamais eu une ?
Déprimé, le renard s'enfonça dans la forêt. Il ne comprenait pas… Il avait pourtant eu l'impression que tout s'était bien passé avec son loup jusque-là ! Ils se voyaient matin et soir, mangeaient ensemble et renouvelaient leur parade amoureuse avec tant d'attentions ! Alors pourquoi ? Et pourquoi le loup ne devenait plus loup ? Et pourquoi il était fâché contre lui ? Pourquoi la femelle n'avait-elle pas simplement combattu comme cela aurait dû se faire ? Pourquoi il n'était pas un ours…
Le renard était déboussolé et triste. Et sa meute n'était même pas là pour le consoler.
Il erra sans but, sans faire attention aux jours qui défilaient, perdu dans sa tristesse. A force de marcher, il finit par arriver dans une clairière recouverte d'herbe verte et de fleurs multicolores. Pourtant les arbres perdaient leurs feuilles en cette saison…
Réveillé par cette incohérence, renard renifla le terrain, cherchant une explication, avant de voir s'avancer une majestueuse biche dont la tête était ornée de bois immenses recouverts d'une mousse verte sur laquelle de petites fleurs poussaient. Ses yeux d'or semblaient receler la sagesse de mille saisons tout comme l'indiquait son pas lent et mesuré, dépourvu de toute crainte.
Le renard s'avança vers elle en flairant l'air. Il ne sentait pas son odeur, uniquement celle des fleurs, des arbres et de l'herbe. En réfléchissant bien, il ne sentait pas l'odeur d'un seul animal, même pas celle d'un mulot ou d'un ver de terre.
Une étrange force poussa le renard à s'approcher de la biche couronnée devant laquelle il s'aplatit sans discuter. Le doux museau se tendit vers lui et un souffle chaud et humide ébouriffa sa fourrure.
Le renard ferma les yeux, totalement apaisé. Il repensa à son loup transformé en ours, à moins que ce soit son ours transformé en loup. Il repensa à sa déception, à son envie de concurrencer la femelle.
Une imposante odeur de bois et de terre envahit sa truffe, après quoi une forte pression pesa sur lui, puissante mais pas menaçante, et enfin, son corps se mit à fourmiller…
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Derek nettoyait les cages libérées le jour-même à grands coups de jet d'eau. C'était un travail simple mais physique qui ne demandait pas beaucoup de réflexion ce qui lui convenait parfaitement actuellement.
Sa relation avec Jennifer, désormais officielle, était… Satisfaisante, quelque chose dans ce goût-là. Leur partie de jambes en l'air n'avait pas été désagréable, ça avait même été un bon moment en définitive. De plus, elle l'aimait. Elle le lui avait dit au cours de la nuit. Lui, n'avait rien répondu. Elle avait dit comprendre qu'il avait besoin de temps et Derek n'avait pas démenti même s'il doutait que le problème se trouvait là.
Il se sentait simplement perdu, essayant de corréler ses propres impressions et sentiments concernant Jennifer et ce que sa famille semblait voir entre eux deux. C'était comme si, sans le vouloir, il avait réussi à donner l'impression d'être heureux. Non pas qu'il était malheureux ! Mais c'était beaucoup dire que d'affirmer qu'il était heureux…
Pour rajouter à sa confusion il y avait Stanislaw. Ce dernier n'aimait clairement pas la jeune femme… Dès que le renard reniflait l'odeur de Jennifer sur lui il devenait désagréable et rétif… Un vrai caractère de cochon, alors que le reste du temps c'était une crème avec lui. Or, Derek, avait toujours eu une grande confiance dans les instincts animaux. Que sa meute était aussi censée posséder d'ailleurs…
Tellement compliqué… Et pour ne rien arranger, il avait peur d'avoir fait définitivement fuir Stanislaw ! Il ne l'avait pas revu depuis sa soirée avec Jennifer en tout cas. Normalement, cela aurait dû être une bonne nouvelle, le renard retournait enfin à la vie sauvage ! Mais son départ attristait Derek… Stanislaw avait parcouru une grande partie de la réserve juste pour le retrouver après tout, alors le voir l'oublier si soudainement et si rapidement, c'était un rude coup.
- Quel soupir ! On te croirait presque amoureux ! C'est Jennifer qui te fait cet effet ? se moqua sa jeune sœur en souriant malicieusement.
Derek leva les yeux au ciel et grogna avant de se reconcentrer sur son travail.
- Il parait que ça avance bien entre vous…
- Mêle-toi de tes affaires Cora.
- Tes affaires sont mes affaires. Alors ?
- Ça avance.
- Avec toi, si ça ne recule pas on peut considérer que c'est un bon point, j'imagine, ricana sa cadette.
- Tu veux qu'on parle de ton cas ?
- Mon cas va très bien ! Je suis jeune, c'est normal si j'essaye tout le haras pour me trouver le bon étalon !
Derek prit un air choqué en regardant sa sœur qui éclata de rire.
- Venez vite ! cria Laura en débarquant soudain dans la pièce, échevelée et essoufflée. On a trouvé un humain dans la réserve !
- Un randonneur qui s'est perdu ? proposa Cora tandis que son frère coupait l'arrivée d'eau.
- Nu ? Et pratiquement sauvage ? Il a mordu oncle Mathew !
- Il est loin ? demanda Derek en suivant sa sœur aînée à travers les couloirs.
- Bizarrement non. C'est d'ailleurs le plus étonnant ! Comment on a pu ne pas le repérer avant ? grinça Laura.
Derek fronça les sourcils, lui aussi en pleine réflexion, essayant de se souvenir s'il avait senti ou vu quelque chose d'anormal au cours de ses dernières tournées d'inspection.
Les trois frères et sœurs montèrent sur une jeep et Laura suivit les indications du talkie-walkie pour arriver jusqu'au site, qui était effectivement très proche du centre de soin… À peine une douzaine de miles de distance les séparait ! Sur place se trouvaient déjà un quad et une autre jeep, oncle Mathew – qui tenait son bras contre lui -, Talia et Tyler, un cousin.
C'est en s'approchant du trio que Derek aperçut l'objet de toutes les interrogations. Un jeune homme couvert de boue et d'éraflures, à quatre pattes sur le sol, qui jappait et glapissait comme un animal en découvrant ses lèvres.
- Tu as amené ce qu'il faut ? demanda Talia à sa fille aînée.
Derek aperçut du coin de l'œil Laura prendre un filet dans le coffre de la jeep. Problème, le jeune homme le vit aussi et ses grognements augmentèrent. Il tenta de s'échapper mais la famille Hale l'encercla aussitôt. Le sauvage les regarda avec méfiance, son odeur se teintant de plus en plus de frayeur, et puis son regard tomba sur lui. Le visage crasseux s'éclaira et l'adolescent – difficile de définir son âge pour le moment – courut vers lui, toujours à quatre pattes. Laura jura et lui lança le filet dessus mais le jeune homme l'évita sans difficulté. Derek se mit en position de défense, prêt à parer l'attaque à venir, mais aucun poing ou genou ne se tendit vers lui. Le sauvage s'accrocha simplement à son cou en poussant des petits cris, son nez en trompette frottant contre sa barbe, le poussant juste assez fort pour que Derek se retrouve sur les fesses..
- T'as une touche, lâcha Cora en se retenant de rire pendant que le reste de sa famille regardait la scène d'un air dépité.
Derek marmonna quelques injures, après quoi il tenta d'écarter le jeune sauvage nu qui se frottait à lui.
- Une idée de qui c'est ? demanda Mathew en regardant le jeune homme avec circonspection.
- Non.
- Mais lui à l'air de te connaitre, remarqua sa mère.
- C'est idiot je ne l'ai jamais…
Derek s'arrêta au milieu de sa phrase et renifla l'inconnu avant de pâlir.
- Cora, j'ai besoin que tu me confirmes un truc, sens-le, exigea-t-il d'une voix blanche.
Sa sœur ne protesta pas – pour une fois – et huma l'air avec concentration, comme les autres membres de sa famille. Seuls Mathew et Tyler ne réagirent pas.
- C'est impossible, souffla Talia.
- Pour certains l'existence des loups-garous est impossible, remarqua justement Laura.
- Oui mais là c'est…
- Un renard devenu humain, annonça tout haut Derek en caressant le dos du renard. N'est-ce pas Stanislaw ?
Le jeune homme se redressa et le regarda en fronçant le nez.
- Stanislaw, répéta le loup-garou en articulant exagérément.
Le renard transformé le regarda avec de grands yeux surpris avant de faire des vocalises maladroites.
- Stanislaw, insista Derek en tentant d'ignorer le nez du jeune homme qui étudiait sa mâchoire en se frottant contre elle.
- Sti-les, raccourcit abruptement le renard.
- Stanislaw, corrigea Laura, la créatrice du prénom en faisant un pas vers l'adolescent avant de vite reculer en le voyant montrer les dents.
- Stiles, glapit le renard avec assurance.
- Stanislaw ? essaya à son tour Cora avec un grand sourire.
- Stiles ! répondit aussitôt et joyeusement le renard.
- Je ne suis même pas sûre qu'il ait compris qu'il s'agissait de son nom, soupira Talia. Il ne doit même pas savoir ce qu'est un nom !
- Stanislaw, Derek, tenta son fils à tout hasard.
- Stiles ! Dé ?
- On va dire qu'il comprend, jugea Tyler.
- C'est bien beau tout ça, mais maintenant on fait quoi ? demanda Mathew.
Tous les regards se tournèrent vers Derek qui essayait de calmer un jeune homme nu et agité qui tentait de frotter son nez partout sur lui. Quand il s'en rendit compte, le soigneur se figea.
- Non !
- Pas le choix, t'es le seul qu'il veuille bien laisser approcher de lui, se moqua Cora.
- Ta sœur a raison, confirma Talia. Occupe-toi de lui et essaye de lui faire reprendre sa vraie forme.
Derek ouvrit la bouche pour protester mais un coup de langue de Stiles sur son visage le stoppa dans sa tentative de contestation.
- Bon courage petit frère, se moqua Laura.
Le loup-garou foudroya sa sœur du regard et essaya de se relever pour récupérer un peu de dignité. Le renard suivit son mouvement en poussant de petits cris aigus et en s'accrochant fermement à Derek. A croire qu'il craignait sa propre hauteur !
C'était pas gagné, se découragea le soigneur en maintenant par la taille le plus jeune qui éternua soudainement.
- Forcément, à poil en plein mois d'octobre… grommela Derek en retirant sa veste tout en maintenant le renard debout sous les regards goguenards de sa famille. Vous comptez pas m'aider j'imagine ? râla-t-il en habillant le nouveau métamorphe.
- Il grogne dès qu'on l'approche, intervint Tyler pour justifier leur attitude, sans pour autant cacher son sourire moqueur.
Derek préféra ne pas répondre et se concentra sur le jeune homme qui avait recommencé à fureter dans son cou avec son nez. Si avec ça il n'avait pas su qu'il s'agissait du renard…
Marcher jusqu'à la jeep s'avéra une épreuve, Stiles-Stanislaw ne sachant décidément pas mettre un pied devant l'autre ni poser le talon. Derek écourta ce moment d'humiliation, autant par pitié pour le renard que pour lui-même, en le portant dans ses bras. Sans surprise, le jeune homme paniqua quand la voiture démarra et il resta fermement agrippé au loup tout le temps du voyage. Derek tenta de le rassurer de son mieux en lui caressant la nuque. S'il obtint un succès mitigé avec Stiles, il gagna, en revanche, de futurs longs et pénibles moments de honte et gêne dans les dîners familiaux s'il en croyait le regard de Laura dans le rétroviseur. Elle se payait clairement et visiblement sa tête mais elle le regretta bien vite quand le renard se soulagea sur le siège arrière de sa jeep – et en partie sur son frère aussi.
- Je vais le dépecer vif, grinça-t-elle en fusillant le jeune homme des yeux.
- Il ne sait pas, et de nous deux c'est moi qui devrais être le plus énervé, crut bon de préciser Derek.
- Oh ça va, une lessive et une douche et ce sera réglé ! Comment je vais faire pour le cuir moi ? Va falloir que je démonte tout si je veux faire partir la moindre trace !
Derek préféra ne pas répondre, à la place il se reconcentra sur le renard humain toujours aussi terrifié. Il continua de lui caresser le dos en occultant l'odeur acide qui se dégageait d'eux désormais.
Laura les déposa devant le bungalow de Derek et repartit dès son chargement déposé en jurant entre ses dents.
- Première chose, je te lave, et ensuite je te soigne !
- Stiles ! glapit joyeusement le renard en réponse.
- C'est ça, acquiesça Derek en affichant un sourire malgré lui.
Il emmena le renard dans la salle de bain et lui retira sa veste. Après quoi, il ouvrit le jet la douche et essaya de mettre le renard dessous. Deux problèmes se posèrent rapidement. Le renard ne comprenait absolument pas ce qu'il lui demandait et s'il tenait déjà difficilement sur ses jambes en temps normal, sur un sol mouillé, c'était encore pire. Derek se retrouva rapidement avec un jeune homme trempé et tremblant contre lui, hors de la douche et s'agrippant à ses épaules.
Le loup repoussa les mèches de cheveux qui s'étaient collées au visage du renard et observa ses iris ambre apeurés.
Il soupira discrètement. Bah... De toute façon, ses vêtements étaient déjà humides, et pas seulement à cause de l'eau.
- Heureusement que j'ai une grande douche, remarqua Derek d'une voix fatiguée.
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Le renard regarda avec stupeur son loup enlever sa fourrure, couche après couche. Il essaya à plusieurs reprises de se mettre à quatre pattes par terre mais le loup – Derek lui soufflait étrangement son cerveau qui lui donnait l'impression de crépiter d'informations depuis peu – le retenait à chaque fois, l'obligeant à se maintenir dans un équilibre précaire sur ses deux pattes arrières. En plus il avait l'impression d'être beaucoup trop haut...
Une fois les couches de fourrures enlevées, le renard découvrit sur son loup sombre la même peau presque nue et fragile que la sienne. Excepté qu'un début de pelage plutôt pathétique s'étalait sur son torse. C'était bien trop court et pas assez épais pour pouvoir le protéger du froid ! Pas étonnant que les... Humains ? Encore une idée nouvelle qui venait d'éclater dans son cerveau... Bref, pas étonnant que les humains aient besoin de se mettre de la fourrure en plus !
Tout de même intrigué, il posa son museau sur le début de pelage, en regrettant la disparition de ses vibrisses. L'odeur du loup explosa soudainement de gêne et il fut relevé de force avant d'être dirigé dans l'enceinte à pluie. A pluie chaude ! C'était agréable... Sauf quand l'eau tombait dans les yeux. Et puis son loup se mit à caresser son dos, comme avant, quand il avait encore son épaisse fourrure protectrice, et le renard fondit de contentement en émettant des petits cris de joie.
Renard ou humain, la sensation était toujours aussi délicieuse ! Sans parler des grattouillis sur le crâne... Son loup le retourna et se mit à lui caresser le ventre. Le renard découvrit que dans le même temps il étalait une étrange mousse blanche et à l'odeur agréable, qui piquait quand elle allait sur ses blessures.
Content du traitement que lui réservait le loup, le nouveau métamorphe décida de lui rendre la pareille et plaqua ses doigts beaucoup trop longs et mobiles sur le torse devant lui. Derek essaya de l'éloigner ou au moins de lui retirer ses mains mais Stiles insista en glapissant fortement, se moquant de l'odeur toujours plus gênée – incompréhensible ! - de son loup. Il piaula de contentement quand la douce mousse apparut enfin après qu'un liquide étrange eut coulé sur la peau lisse.
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Derek n'en revenait pas. Il était en train de se faire laver pas un autre homme sous la douche... Enfin, un homme qui était un renard, en gros. Dans sa tête, du moins. Néanmoins, il pouvait difficilement prétendre que la situation était désagréable. Elle ne l'était d'ailleurs tellement pas qu'il ferma les yeux durant un bref instant d'insouciance pour mieux apprécier le contact des mains du jeune homme, malgré la rudesse et la maladresse des gestes de Stiles. Rapidement lassé de son nouveau jeu, le renard se colla à nouveau contre lui, la joue sur son épaule, et Derek sourit en ébouriffant les courts cheveux bruns. Il n'en restait pas moins gêné, loin de là ! Mais il faisait avec en se rappelant que le renard n'avait pas conscience de l'ambiguïté de ses gestes.
Pour le bas du corps, le loup changea tout de même de méthode et encouragea Stiles à imiter ses propres gestes maintenant qu'il avait compris le principe du savonnage, ce qui donna une scène assez burlesque quand ils lavèrent tous les deux leur entre-jambe au même moment. Derek rougit un peu avant de rapidement passer à autre chose, peu désireux de s'attarder sur les implications que pourrait engendrer une telle situation.
A la fin de la douche, le renard parut désagréablement surpris de ne pas réussir à s'ébrouer et s'accroupit sur le sol pour renifler avec méfiance les serviettes éponges.
- Assieds-toi là plutôt, recommanda Derek en portant Stiles vers un tabouret.
Après un bref séchage sur un renard qui pensait qu'éviter la serviette était un jeu, le loup se mit en devoir de vérifier et soigner les égratignures que le jeune homme avait réussi à se faire dans la forêt en se baladant sans aucune protection pour sa peau désormais fine et fragile. Il posait son dernier pansement sur le front de Stiles quand celui-ci le surprit, une fois encore. Le regardant de ses yeux ambre et affectueux, le renard glissa lentement entre le tabouret et le loup pour mieux se lover contre son torse, enroulant ses bras autour de sa taille et posant sa tête près de son cœur. Le renard le tenait presque délicatement contre lui et son nez ne furetait pas partout comme il en avait l'habitude. Stiles se contentait juste d'être là, contre lui, respirant calmement et doucement, son corps chaud pressé contre le sien, peau contre peau.
- De-rrrr-ek, murmura-t-il avec application entre deux respirations.
Le loup regarda le renard avec une immense surprise avant de s'adoucir et de l'enlacer à son tour.
- C'est bien, Stiles.
Ils restèrent plusieurs minutes enlacés avant que Derek ne se décide à porter Stiles jusqu'à la chambre d'ami, lui épargnant l'effort d'avoir à marcher pour cette fois. Il l'allongea dans le lit et le borda, s'amusant de voir le renard tomber aussitôt de sommeil.
Il sortit de la chambre, enfila rapidement un tee-shirt et un caleçon et alla s'asseoir sur sa terrasse, pensif. Il avait un renard à l'apparence humanoïde dans sa chambre d'ami... Il sentait que les prochains jours allaient être mouvementés.
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A suivre…
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Et je réalise que cette fic à un petit côté "Petite Sirène"…
Pour ceux qui s'étonneraient de voir un renard miauler, sincèrement, cherchez "fox go floof" dans youtube et osez me dire que ça ressemble pas vachement à un miaulement... ;p