Notes de la Traductrice : Je m'excuse de cette très longue absence, mais ces derniers mois ont été assez chaotiques pour moi, j'étais occupée et en stress, ce qui est une grande source de paralysie pour moi ; je n'ai cependant pas abandonné cette traduction, il fallait juste que j'en finisse avec ce que j'avais à faire pour la reprendre la conscience tranquille. Voici donc la suite, l'attente entre les chapitres devrait être drastiquement réduite à présent. Encore merci de votre patience ! (Pour ceux qui suivent encore) =)


Chapitre 13

« Il peut construire un millier de forts en plomb, mais cela ne changera rien, tout comme ses châteaux ne l'aideront en rien »

- Contes des Mille et Une Nuits


« Espèce d'enfoiré, fit Tony en fermant les yeux, car il était immobilisé dans les bras du dieu et n'arrivait pas à secouer la tête en signe de déni. Putain d'enfoiré de merde.
— C'est mon père, fit Loki, la voix rauque.
— C'est pas ton putain de père. Tu peux pas continuer à chercher un nouveau papa à chaque fois que tu t'entends pas avec celui d'avant. »

Cette fois quand Tony le repoussa, le dieu le relâcha.

« J'hallucine. »

Il dégagea ses cheveux de ses yeux, ses mèches plus longues qu'elles ne l'avaient jamais été après tous ces mois de captivité.

« Je suis tellement con putain. Tout ce temps passé à m'amadouer, alors que t'avais l'intention de détruire mon monde depuis le début. »

Le silence dura entre eux, avant que Loki ne parle enfin.

« Tony Stark. J'ai un marché à vous proposer. »

Tony s'assit sur le lit, tournant délibérément le dos au dieu.

« Oh oui, continue tu m'excites. Genre.
— J'exige que vous restiez. »

Son ravisseur plaça une main persuasive au-dessus de son coude, l'empêchant de quitter le lit.

Il ne put réprimer le rire hystérique qui monta dans sa gorge.

« Après ce que tu viens de me sortir ? Faut admettre que t'aimes te voiler la face. »

Loki plissa les yeux et changea d'approche.

« Je préfère vous le dire maintenant : je n'ai pas la moindre intention de vous libérer.
— Quelle surprise, répliqua Tony d'un ton cinglant, la bile remontant dans ses entrailles et il s'efforça de reculer, son mouvement avorté par les bras l'encerclant. »

Son dos resta droit et raide face aux tentatives du dieu de l'attirer contre son torse.

La tête de Loki se glissa dans le creux de son cou et il murmura :

« Ma compagnie vous rend-elle si misérable ? Vous l'avez dit vous-même, rester dans cette tour n'a rien d'une condamnation.
— J'ai dit que ça me dérangerait pas de rester si mon monde ne risquait rien, ce qui n'est clairement pas le cas, lui rappela Tony d'une voix tranchante. »

Il allait vraiment mourir dans cette tour et c'était une chose d'y penser en passant, mais une autre d'en être certain.

« Tu vas devoir choisir, poupée.
— Et alors quoi ? fit Loki, sa voix prenant une note acérée. Abandonner mes ambitions ? Tout ce que j'ai mis en place avant même que vous ne veniez au monde ?
— Et le prix ? Les négociations ? Ou n'es-tu là que pour prendre ? »

Loki soupira dans son épaule, perdant clairement patience.

« Que voulez-vous que je fasse, Tony Stark ? Qu'est-ce qui me fera gagner du temps ?
— Pourquoi tu me poses la question ? C'est mon monde qui manque de temps. T'es la dernière personne qui a besoin de temps, surtout de la part d'un… piètre mortel, aboya Tony sans réfléchir. Je serai mort avant que tu t'en rendes compte. »

Et à cet instant précis, l'expression de peur qui figea les traits de Loki révéla à Tony qu'il avait tapé dans le mille alors même que les yeux du dieu se remplissaient de larmes.

« Ah, mais j'ai besoin de temps justement, Tony Stark. Pour gagner votre pardon. Gagner votre amour, dit-il avec une simplicité dévastatrice. Midgard périra, mais j'ai besoin de vous ici…
— Jamais je te pardonnerai si tu détruis mon monde. Tu le sais ça. »

Loki ferma les yeux, rejetant ces mots. Des larmes s'échappèrent et coulèrent sur l'épaule de Tony, froides même à travers son t-shirt.

« Tu t'y résoudras, mon amour. Dans un an. Dix. J'attendrai. »

Comment pouvait-il autant haïr quelqu'un et pourtant le désirer si ardemment ?

Il se tut, et durant de longues minutes ils demeurèrent ainsi, Tony pétrifié comme un morceau de bois et Loki le couvrant d'une pluie de petits baisers.

Il se lécha les lèvres et réessaya, car il le devait.

« Je veux que tu cesses de chercher Hugin.
— Je ne peux pas.
— T'es vraiment un emmerdeur, tu le sais ça ? fit Tony en secouant la tête, incrédule. T'as pour projet de détruire mon monde, encore, et pourtant t'as l'audace de me dire que je devrais… T'es sacrément gonflé de demander mon am… ma loyauté dans la même phrase.
— Tony Stark.
— Loki Laufeyson, se moqua le mortel. »

Leurs rôles semblaient s'être inversés – Loki à présent celui faisant appel à la raison, et Tony acéré et imprévisible.

« C'est pour ça que tu n'es pas Thor – que tu seras toujours dans l'ombre. Tu es superficiel et égoïste, Loki. Mon dieu, ce que tu me dégoûtes. »

Le dieu tenta de se rapprocher mais Tony le repoussa.

« Pourquoi. D'abord tu me dis putain de pourquoi tu m'as choisi.
— Mon cher conteur… »

Loki se saisit de ses poignets, et Tony n'eut pas du tout l'impression d'être une jeune fille maintenant que le dieu baissait la tête pour les embrasser avec révérence…

Il gifla Loki à la place. Sa tête se tourna brusquement sous la force du coup, la marque d'un rouge vif de ses doigts sur sa joue disparaissant presqu'aussitôt apparue.

« Je veux savoir pourquoi, répéta Tony d'une voix basse teintée de colère. Pourquoi moi – tu aurais pu choisir n'importe qui d'autre, décider de garder une centaine d'humains différents. Et essaie encore une fois de me mentir, pour voir.
— Les dieux ne savent pas tout, Tony Stark, répondit Loki doucement, compatissant. »

Ce qui n'était pas du tout une réponse.

Tony resta silencieux, et au bout d'un moment, son amant sortit du lit. Une vague de magie lissa les draps, et une autre habilla le dieu de plumes. Tony ignora le bruit de ses bottes lorsqu'il contourna le lit pour le rejoindre.

« Bien qu'il me répugne de vous laisser dans cet état-, commença Loki.
— Va-t'en, le coupa Tony en détournant le regard. Casse-toi.
— Tony Stark, fit le dieu avec un ton d'avertissement, plaçant une main sur son épaule.
— J'espère que ce piaf te bouffera les yeux. »

Un lourd silence suivit.

« Vous me forceriez à choisir ? demanda Loki, ses doigts se resserrant presque douloureusement sur le bras de Tony ; ce dernier se dégagea – seulement car le dieu l'avait permis, songea-t-il avec amertume.
— Bien sûr que non, répondit Tony, le lorgnant faussement, venimeux. Je m'attends à ce que le choix soit évident. Et que ce choix, ce soit moi.
— Et tel est le cas, Tony Stark. Telle est la raison de votre présence ici.
— Ce n'est pas un choix, cracha le mortel. »

Il poursuivit d'un ton bas :

« Tu sais que je vais devoir t'arrêter. Tu sais que les Avengers se dresseront contre toi.
— Cela ferait une bonne histoire en effet.
— Loki… »

Ce dernier soupira, las.

« C'est pour cela que tu dois rester là, Conteur, dans cette tour. Je ne permettrai pas que tu sois tué.
— Seulement brisé, répliqua amèrement Tony. Tu as dit que tu ne ferais pas ça non plus. »

Loki détourna le regard. Il n'y avait plus rien à dire, mais Tony essaya quand même.

« Parfois, même toutes les histoires que l'on peut se raconter ne peuvent pas nous convaincre d'améliorer les choses. »

Loki posa une main sur sa tête.

« Chut, Tony Stark. Ce qui est fait est fait. »

Puis il disparut, abandonnant Tony à son rire amer au milieu de sa prison de draps de soie, de rideaux safran, et de carillons éoliens dorés.