Bonjour,
La voici la voilà : ma nouvelle histoire. Je sais que certains s'inquièteront de voir que Sam est mort mais je vous rassure, il sera tout de même présent dans l'histoire.
Ce sera un DESTIEL bien sûr. Il m'a été inspiré en partie par une autre série que j'adore: THE WALKING DEAD.
Un immense MERCI à Elyrine qui a accepté de lire mon histoire et de corriger toutes mes fautes, de m'apporter ses conseils et ses remarques. Et merci à Pawi aussi qui en a relu une partie également.
J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira.
Bonne lecture
Sydney8201
Musique du chapitre :
The River de Good Charlotte feat Avenged Sevenfold
Chapitre 1 : Los Angeles
« Tu dois me laisser partir, Dean. Parfois, c'est faire preuve de générosité que de cesser de retenir les gens qu'on aime auprès de soi »
Journal de Sam Winchester, 14 septembre 2016
La fin du monde arriva un dimanche. Dean ne se souvenait plus de la date exacte. Mais il se souvenait du jour sans problème. Avait trouvé ironique à l'époque de voir le monde s'éteindre le jour dit du Seigneur.
Bien sûr, ça n'était pas arrivé brusquement. Il y avait eu des signes avant coureurs. Des alertes partout dans les médias. Mais ils avaient cessé d'émettre un dimanche de printemps. Et n'étaient plus ré-apparus depuis. Le Gouvernement n'existait plus. Le Président était mort. Et la population était en grande partie morte. Le monde avait pris fin, ne laissant derrière que quelques survivants déterminés à se battre pour voir un jour de plus.
Tout avait commencé par une maladie qu'aucun docteur n'avait réussi à expliquer. Ils ne trouvaient pas de remèdes et n'en connaissait pas l'origine. Les premiers symptômes étaient ceux d'une banale grippe. Mal de crâne. Courbatures. Fièvre. Toux. Puis les patients avaient commencé à avoir des difficultés à respirer. Ils étaient arrivés en masse dans les hôpitaux déjà surchargés. Étaient tous morts les uns après les autres.
Les médias n'en disaient pas plus. Et bien qu'effrayés, les gens avaient continué à vivre malgré tout. En pensant sans doute que ça n'arrivait qu'aux autres. Mais l'épidémie se propageait vite et rapidement, plus personne ne put ignorer ce qui se passait.
Ce ne fut que lorsqu'une mère qui venait de perdre son enfant en raison de cette maladie se retrouva nez à nez avec lui sur le seuil de sa porte avant qu'il ne l'attaque et la contamine que les mensonges des autorités cessèrent.
Ce n'était pas seulement une maladie. Elle ne tuait pas ses victimes. Ou plutôt elle ne se contentait pas de les tuer. Ils revenaient ensuite à la vie. Changés. Incapables de parler. Et extrêmement violents. Ils pouvaient contaminer les autres en les mordant. Ca pouvait sembler incroyable. Tout droit sorti d'un film d'horreur. Mais c'était pourtant la réalité. Et une fois la nouvelle propagée, les gens avaient commencé à paniquer. Ils avaient tenté de prendre la fuite. Utilisé leurs armes pour se défendre. Des gens innocents étaient morts pour rien. Rapidement, les contaminés avaient commencé à envahir les rues.
L'armée avait été déployée. Mais rien n'avait pu enrailler la machine. Et le monde avait pris fin. Un dimanche. Dévasté par un virus que les médias avaient appelé « Croatoan » en raison d'une vieille histoire que Dean se souvenait d'avoir entendu son père lui raconter. Celle d'une colonie décimée par un virus inconnu et à côté du campement de laquelle on avait trouvé ce nom gravé sur le tronc d'un arbre.
Le monde entier était touché. Tous les pays. Tous les continents. Il ne restait plus un seul endroit épargné. Et nulle part où se cacher.
Quand tout avait commencé, Dean habitait Lawrence au Kansas. Il habitait à côté de la maison qu'occupait encore son père. Depuis la mort de leur mère, John Winchester n'était plus que l'ombre de lui même. Il mourut deux jours après la fin du monde. Dean s'assura qu'il ne se relèverait pas en lui tirant une balle dans la tête. Peu importait que leur relation aie souffert ces dernières années. John restait son père et il lui devait bien ça.
Dean dirigeait à l'époque le garage que son père avait ouvert des années plus tôt. Il vivait seul et s'estimait plutôt heureux.
Son premier réflexe quand la vérité éclata au grand jour fut de rassembler ses affaires, de charger sa voiture avec toutes les armes que son père possédait et suffisamment de vivres pour le voyage et de rejoindre son frère en Californie. Sam s'y était installé quelques années plus tôt pour ses études. Il y avait épousé Jess, une fille rencontrée à la fac.
Quand il arriva à Palo Alto, Sam l'attendait. Mais pas sa femme. Jess était morte et Sam était totalement dévasté. Dean dut le forcer à prendre la route avec lui. Il dut l'écouter pleurer durant des heures. Puis le réveiller à chacun de ses cauchemars. Il était soulagé de savoir son frère en vie. Et il se sentait coupable à chaque fois qu'il pensait qu'il préférait que ce soit Jess qui soit morte plutôt que lui. Il ne le dit jamais à Sam, bien sûr.
Ils roulèrent durant des jours en quête d'un endroit où ils pourraient être en sécurité. Pour canaliser son chagrin ou juste pour s'occuper l'esprit, Sam commença à écrire un journal. Il ne laissait jamais Dean lire ce qu''il écrivait. Ca n'avait pas grande importance, après tout. Si cela aidait son frère, il n'avait l'intention de l'en empêcher.
Ils ne trouvèrent jamais d'endroit où rester plus longtemps que quelques jours. Ils rencontrèrent d'autres survivants en chemin. Mais aucun n'était aussi préparé qu'eux à se battre. Et les grands groupes faisaient des cibles faciles. Dean et Sam avaient été formés par leur père dès leur plus jeune âge au maniement des armes. Ils étaient capables de se défendre. Ils n'avaient besoin de personne pour les aider.
Ils continuèrent donc de voyager seuls. Sam refusait de s'éloigner de la Californie et Dean était prêt à tout pour lui. Ils restèrent donc dans les environs. Ils passaient leur nuit sur la route ou dans des maisons abandonnées. Ils accumulaient les provisions la journée. Ils s'en sortaient plutôt bien.
Cela dura pendant presque cinq mois. Et alors qu'ils avaient installé une routine et que Sam semblait enfin avoir surmonté la mort de la femme de sa vie, ils commirent l'erreur de manquer de vigilance. Et ils le payèrent au prix fort. Ou du moins Sam. Mais Dean refusait de penser à ce jour maudit. Ou à tous ceux qui avaient suivi, d'ailleurs.
Il avait songé à en finir à son tour après avoir perdu son frère. Il ne se sentait pas la force de continuer seul. Puis il avait retrouvé le stupide journal que Sam écrivait depuis des mois. Et il avait commencé à le lire.
Il avait toujours cru que son frère y avait narré leurs journées. Ou les souvenirs de sa vie d'avant. Mais les pages contenaient des lignes qui n'étaient destinées qu'à lui. Qu'à son frère. Des conseils sur ce qu'il devait faire si toutefois il venait à mourir à son tour. La dernière entrée était suffisamment claire pour que Dean renonce à son projet. Sam lui demandait de vivre. De continuer à se battre. De faire comme lui avait fait après la mort de Jess. De ne pas rester seul. De lui survivre malgré tout.
Dean avait été en colère en lisant cela. Mais puisqu'il était incapable de refuser quoi que ce soit à son frère, même après sa mort, il tint cette promesse silencieuse.
Il continua à vivre. Il continua à tuer tous les contaminés qu'il croisait sur sa route. Il continua à refuser de s'allier à qui que ce soit. Et il continua à lire chaque soir un extrait du journal de son frère. Un journal qu'il aurait pu intituler « Comment survivre à ma mort » mais qui s'appelait simplement « Journal de Sam Winchester ».
Dean ne savait pas pourquoi son frère avait ressenti le besoin de l'écrire. Pourquoi il avait tenu ainsi à mettre par écrit une sorte de testament long de plusieurs dizaines de pages. Peut-être avait-il senti qu'il partirait le premier. Peut-être avait-il juste conscience que c'était une possibilité. Dean aurait aimé pouvoir lui poser la question. Il le faisait à chaque fois qu'il le voyait dans ses rêves.
Dean avait la sensation d'être mort de l'intérieur depuis qu'il n'avait plus Sam à ses côtés. Il n'avait jamais songé une seule seconde qu'il pourrait survivre à son frère. Il avait toujours égoïstement espéré mourir en premier. Il ne savait pas comment oublier l'horrible chagrin qu'il ressentait. Comment ne pas penser constamment à lui. Il pouvait presque l'entendre parfois quand il roulait en silence le long d'une route déserte. Il sentait sa présence sur le siège passager.
Vivre sans Sam était un enfer au quotidien. Dean avait l'impression de manquer d'oxygène. Il pleurait souvent sans pouvoir s'arrêter. Il criait à chaque fois qu'il lui semblait entendre sa voix. Il avait la sensation de perdre la tête petit à petit. Et sans doute aurait-ce été le cas s'il n'avait pas croisé la route d'un nouveau camarade.
Il refusait de s'allier à un autre survivant. Mais il n'avait pas pu résister cette fois-là. Il l'avait trouvé à l'extérieur d'un supermarché qu'il venait tout juste de vider de ses dernières boîtes de conserve et de ses quelques occupants contaminés. Il se trouvait devant une poubelle qu'il fouillait désespérément en quête de nourriture. Il était le compagnon idéal. Et même si cela allait à l'encontre de tout ce que Dean s'était promis jusque là, il lui ouvrit la porte de sa voiture sans hésiter réellement et le laissa monter à la place que seul Sam avait occupé depuis que le monde avait pris fin.
Red était resté avec lui depuis. Fidèle à chaque minute de chaque journée. Dean avait appris à l'aimer un peu plus jour après jour. Il était parfait pour lui. Silencieux mais toujours présent. Il ne le jugeait pas. Ne le critiquait pas. Se fichait qu'il se mette parfois à pleurer pour un oui ou pour un non. Qu'il soit sans doute un peu dingue. Red l'aimait. Dean en était convaincu.
Sam aurait probablement beaucoup ri s'il l'avait vu avec lui. Après tout, son frère lui avait toujours juré qu'il ne laisserait jamais monter un chien dans sa voiture. Qu'il refusait d'avoir la responsabilité d'un être vivant. Sam aurait tort de se moquer. Car Red n'était pas un chien comme les autres. Il était un survivant au même titre que Dean. Il avait réussi à survivre jusque là sans personne pour l'aider. Il était fort et il était intelligent.
Et il était idéal aussi pour faire prendre la fuite à quiconque l'approchait dans l'idée de lui voler ses armes ou sa nourriture. Les gens avaient automatiquement peur de lui en raison de sa race et de sa stature. Il n'était pas très grand mais il était extrêmement musclé et trapu. Son visage carré et ses oreilles légèrement tombantes renforçaient l'impression qu'il était fortement recommandé de ne pas l'approcher sans son autorisation. Les gens reconnaissaient immédiatement un Pitbull. Peu importait qu'il soit en réalité un chien adorable et jamais agressif. Dean gardait cette information pour lui.
Red était jeune. Il n'avait sans doute pas plus d'un an. Il était roux. Ce qui avait inspiré son nom à Dean. Il avait une tâche blanche entre les pattes avant. Elle formait une sorte de cœur sur son poitrail. Il en avait une autre juste au dessus de la truffe. Ses yeux étaient d'un vert clair magnifique. C'était un beau chien. Un compagnon que Dean ne pouvait plus imaginer ne pas avoir.
Cela faisait trois mois à présent qu'ils voyageaient ensemble. Dean lui parlait souvent de Sam. Il lui parlait de la vie d'avant. De son père. De son travail. De ses rêves. Il aurait été prêt à parier que Red comprenait chacune des choses qu'il lui disait.
Il lui lisait parfois, le soir, un passage du journal de son frère. Dans les rares moments où ils trouvaient un endroit suffisamment sûr pour rester une nuit complète, il prenait le temps de partager avec son seul ami encore vivant ce que son frère avait voulu lui transmettre à travers ses écrits.
Red posait alors la tête sur son ventre ou dans son cou, sans doute conscient de son chagrin. Et quand Dean finissait par pleurer parce que le chagrin était trop grand, Red couinait doucement à côté de lui. Comme s'il souffrait lui aussi dans son coin. Comme s'il avait vécu la même perte que son compagnon. Même s'il n'avait jamais connu Sam.
Le monde avait pris fin mais Dean n'était plus seul. Et il continuait à vivre. Parce qu'il avait fait une promesse à un mort.
- Ok, Red, droite ou gauche ? Lança Dean en s'arrêtant à un carrefour.
Il y avait plusieurs voitures abandonnées autour de lui. Mais la plupart avaient été déjà fouillées. Il était inutile de prendre le risque de s'arrêter longtemps pour ne rien trouver de réellement utile. Ils étaient en périphérie de Los Angeles. Jusque là, Dean avait refusé de traverser la ville. Il avait entendu dire par un survivant qui avait réussi à s'en échapper qu'elle était infestée par les contaminés. Et que les rares personnes qui y vivaient encore n'étaient pas forcément très accueillantes. Mais Dean avait besoin de faire le plein de munitions et il avait besoin de trouver du carburant. Il n'y avait plus rien en banlieue. Il était temps de faire un tour en centre-ville.
- Ok, à gauche, comme tu veux, jeta ensuite Dean avant de s'engager dans cette direction.
Les panneaux indiquaient un centre commercial à quelques kilomètres. Dean espérait y trouver ce dont il avait besoin et ne pas avoir à s'aventurer plus encore en ville. Il avait toutefois appris qu'il était inutile et dangereux de se faire des illusions. Elles poussaient à commettre des bêtises. Et Dean n'était pas quelqu'un de stupide.
Le vieil autoradio diffusait la même cassette depuis plusieurs jours. La seule qui avait survécu à la chaleur de la Californie et dont la bande n'avait pas entièrement fondu. Bien que fan, Dean commençait à se lasser de Metallica. Il se promit de jeter un coup dans les voitures autour du centre commercial pour trouver autre chose. Il doutait toutefois d'avoir de la chance de ce côté là. Plus personne n'avait d'autoradio à cassettes avant l'apocalypse. Mais Dean n'était pas exigeant. A ce stade là, il aurait été prêt à écouter n'importe quoi d'autre.
- Qu'est-ce que tu dirais d'un peu de country, Red ? Tu aimerais ça, non ? Sam adorait ça même s'il refusait de le dire la plupart du temps.
Parler de Sam était toujours extrêmement douloureux. A chaque fois qu'il prononçait son prénom, Dean sentait sa gorge se nouer et ses yeux se remplir de larmes. Il savait que ça ne changerait pas de si tôt. Mais c'était également thérapeutique. Il en avait besoin. Parce que le jour où il mourrait à son tour, plus personne ne serait là pour se souvenir de Sam. Et il ne méritait pas d'être oublié. Il ne méritait pas de disparaître ainsi. Il aurait dû accomplir de grandes choses. Il aurait devenir un héros. Et si Red ne serait jamais capable de raconter son histoire à quelqu'un, il aurait au moins entendu parler de lui. Cela aidait Dean à se sentir un peu mieux.
- Tu veux que je te dise, mon vieux ? Je déteste les grandes villes. Je veux dire... je les détestais déjà avant tout ça ! Mais c'est encore pire maintenant. Et franchement, je donnerais tout pour l'éviter. Mais je suppose que je n'aurais pas cette chance, hein, mon grand ?
Red se contenta de tourner la tête vers lui et de lui donner un grand coup de langue sur la joue. Ca pouvait dire « Oui » ou juste « J'ai envie qu'on s'arrête ». Dean était simplement content de l'avoir avec lui.
Ils roulèrent encore durant de longues minutes avant de voir le panneau indiquant l'entrée du centre commercial. Dean pénétra dans le parking en regardant soigneusement autour de lui.
Il n'y avait aucun être vivant – contaminé ou non – dans les environs mais suffisamment de voitures pour inquiéter le jeune homme. Il roula doucement jusqu'à l'entrée des magasins puis coupa le moteur après avoir vérifié une nouvelle fois qu'il n'y avait personne autour d'eux.
- D'accord, on fait les choses vite et bien comme à chaque fois. Tu sais ce que tu as à faire, Red ?
Le chien aboya une fois, confirmant son envie de sortir de la voiture. Dean savait qu'il pouvait compter sur lui pour ne pas prendre de risque inconsidéré. Il était constamment sur ses gardes. Et il veillait toujours sur Dean quand ils étaient à l'extérieur. Le jeune homme sourit tristement. C'était un peu comme avec Sam quand ils voyageaient encore ensemble. Ils se comprenaient. Veillaient l'un sur l'autre. Et ne s'éloignaient jamais pour ne pas se retrouver séparés. Ils étaient tout simplement sur la même longueur d'onde. Dean n'aurait jamais pensé trouver quoi que ce soit de ce genre avec un animal. Si on le lui avait dit avant que le monde ne prenne fin, il aurait probablement beaucoup ri. Il trouvait cela nettement moins drôle maintenant.
- C'est parti ! Lança t-il finalement en ouvrant sa portière.
Il procédait toujours de la même manière quand il s'arrêtait quelque part. La première chose à faire était de vérifier qu'il ne pouvait rien trouver dans les voitures proches. S'assurer ensuite qu'il n'y avait personne à l'extérieur du bâtiment. Puis chercher toutes les entrées et sorties et les condamner de sorte à ne pas être surpris une fois à l'intérieur.
Dean prit son fusil sur le siège arrière, son pistolet qu'il glissa dans la ceinture de son jean et une machette qu'il avait trouvé deux semaines plus tôt sur un cadavre. Il l'utilisait pour rationner les munitions.
Sam et lui avaient grandi avec un père qui avait longtemps été un Marine. Qui avait fait la guerre et estimait que ses enfants devaient être préparés à toutes les situations. Après que sa femme ait été assassinée dans leur propre maison par un cambrioleur qui avait ensuite ensuite la fuite, il voyait le danger partout. Était persuadé que savoir se défendre était une obligation. Dean avait suivi ses entraînements sans broncher. Il voulait que son père soit fier de lui. Sam avait eu plus de mal à s'y faire. Mais c'était grâce à ce qu'ils avaient appris avec John qu'ils avaient tenu aussi longtemps. Dean aurait aimé pouvoir le remercier.
Une fois qu'il eut mis son sac sur son dos, il commença à fouiller les voitures autour de la sienne. Il n'y trouva pas grand chose d'intéressant. Quelques barres de céréales à peine périmées qui pourraient lui permettre de tenir plusieurs jours. Deux bouteilles d'eau. Et une de whisky. Dean ne buvait plus aussi souvent maintenant. Avant l'apocalypse, il sortait presque tous les soirs et consommait une grande quantité d'alcool. Il n'avait plus ce luxe à présent. Il ne pouvait pas se permettre d'être ivre et de perdre sa concentration. L'alcool lui manquait parfois. Surtout quand l'absence de Sam le faisait souffrir atrocement. Il aurait aimé pouvoir oublier son chagrin. Mais il ne le pouvait pas. Il se contentait alors de se plonger dans son journal et de lui parler ensuite à voix haute. Même si personne ne répondait.
Une fois les voitures soigneusement fouillées, Dean siphonna leur réservoir pour récupérer de l'essence qu'il stockait dans le coffre de l'Impala avant de se diriger vers le centre commercial.
Il avait hérité de la voiture le jour de ses seize ans. Elle avait appartenu à son père avant. Et il l'avait toujours adorée. Bien sûr, elle consommait trop de carburant. Mais il refusait de s'en séparer. Elle était la seule chose qu'il avait pour se souvenir de John Winchester. La seule chose qui restait de son père.
Dean jeta un coup d'oeil à Red pour s'assurer que son chien le suivait toujours avant de prendre le temps de condamner les trois entrées du centre commercial. Il s'approcha ensuite de la quatrième. Les endroits clos l'inquiétaient bien plus que l'extérieur. Il était plus difficile de prendre la fuite quand on était entre quatre murs. Plus difficile de se battre aussi. Mais cela faisait partie de sa vie à présent. Il avait appris à composer avec.
- Ok, on y va ! Déclara-t-il à l'intention de Red.
Il appuya ensuite sur la poignée de la porte et la poussa le plus délicatement possible. Il était important de ne pas faire trop de bruit. Il ne fallait surtout pas signaler sa présence. Dean avait toujours été quelqu'un de bruyant et d'extraverti. Il était bavard et plaisantait de tout et de rien. On ne pouvait pas le manquer quand il se trouvait dans une pièce. Mais depuis l'apocalypse, il était devenu plus calme et renfermé. Et après Sam, c'était devenu pire encore. A chaque fois qu'il croisait un survivant comme lui, il n'échangeait que quelques mots. Le strict nécessaire pour se faire comprendre. Il n'y avait qu'avec Red qu'il parlait un peu plus. Ou avec Sam quand il lui manquait trop. Sa discrétion était toutefois devenu un atout majeur. Il avait évité bien des ennuis en restant silencieux.
Le centre commercial n'était pas immense mais il y avait suffisamment de magasins pour trouver un maximum de choses intéressantes et s'éviter ainsi un voyage au centre-ville. L'endroit semblait avoir été épargné par les pillages.
Au tout début de l'apocalypse, dans leur panique, les gens avaient vidé les magasins de tout ce qui leur semblait utile. Ils avaient brisé les vitrines. Renversé les comptoirs. Certains étaient même morts dans les bousculades, piétinés par leurs voisins, leurs amis ou les inconnus qui avaient eu les mêmes idées qu'eux.
Mais ici, les magasins semblaient relativement intacts. Ce n'était pas forcément une bonne nouvelle. Il était fort possible que quelqu'un – ou plusieurs personnes – se soit installé ici depuis que les choses avaient dégénéré. Et qu'il ait réussi à faire fuir tout visiteur. Ce qui laissait à penser qu'il ou qu'ils étaient armés. Dean devait être encore plus sur ses gardes.
Une nouveau coup d'oeil à Red le rassura sur le fait que son compagnon était toujours à ses côtés. Dean prit alors une grande inspiration et commença par le premier magasin à sa gauche.
Il y trouva des vêtements et une nouvelle paire de chaussures. Le second magasin lui permit de récupérer suffisamment de nourriture pour les prochaines semaines. Dans le troisième, il prit plusieurs livres pour s'occuper quand il ne pouvait plus conduire. Il trouva enfin dans le quatrième de la nourriture pour Red.
Dean eut moins de chance dans les suivants. Ils n'avaient pas été pillés mais ils ne contenaient rien d'intéressant. Il ne lui restait plus que l'étage à fouiller. Il priait pour y trouver une armurerie.
- Je continue d'être étonné que dans un pays où les armes sont en libre circulation, il est presque impossible de trouver une armurerie. Je te jure, mon vieux... des fois, je ne comprends pas ce pays, commenta Dean en observant les escaliers qui menaient à l'étage.
Red n'aboya pas cette fois pour signaler qu'il avait entendu son compagnon. Il ne faisait jamais aucun bruit quand ils étaient dans un endroit inconnu. Sans doute était-ce dû à l'instinct.
Dean hocha la tête puis monta les premières marches. Il était vulnérable tant qu'il était sur les escaliers. On pouvait l'observer depuis l'étage et il aurait des difficultés à se défendre. Il grimpa donc aussi rapidement que possible tout en gardant l'oreille tendue au cas où. Il avait également appris à comprendre les moindres réactions de Red à ses côtés. S'il le voyait se tendre, il partirait sans hésiter. Il avait confiance en lui. Et il savait que la plupart du temps, il sentait le danger en premier.
Une fois à l'étage, Dean observa les magasins autour de lui. Ils étaient intacts eux aussi. C'était étrange et inquiétant. Cet endroit contenait une quantité impressionnante de ressources utiles et il n'avait pas été fouillé. Ca cachait très certainement quelque chose. Dean en état convaincu. Mais il n'avait pas le luxe de partir sans tenter sa chance. Il avait besoin de trop de choses pour ignorer ce qu'il pouvait trouver ici.
Depuis l'apocalypse, Dean avait appris à se contenter du strict minimum. Il ne mangeait que très peu. Ne s'embarassait jamais avec des choses inutiles qui prenaient de la place. Il avait dû renoncer à beaucoup de ses habitudes. Avant la fin du monde, il avait toujours eu un appétit conséquent. Les privations avaient été difficiles à accepter. Il avait perdu du poids depuis. Mais il avait également développé une musculature qui lui permettait de prendre le plus souvent le dessus sur ses adversaires. Certaines choses lui manquaient toutefois. Le chocolat. La musique. Le cinéma. La télévision. Parfois, il rêvait même de pouvoir prendre un long bain. Il avait du s'adapter. Comme tout le monde.
Dean pénétra dans un magasin de sport à sa droite. Il y récupéra une batte de baseball qui pourrait lui servir d'arme et un autre sac pour pouvoir stocker ses réserves. Quand il fut au fond du magasin, il eut la bonne surprise de trouver un stand réservé à la chasse. Dean sourit en apercevant tout un rayonnage de munitions en tout genre. Il les prit toutes sans se soucier qu'elles correspondent à ses armes puis attrapa un nouveau fusil. Il était aussi excité qu'un enfant le matin de Noël.
A côté de lui, Red semblait aux aguets. Dean ferma son sac et se baissa pour pouvoir le caresser sur le sommet du crâne.
- Tu as entendu quelque chose, mon vieux ?
Red ne tourna pas la tête vers lui et continua de fixer la porte d'entrée du magasin. Ce n'était pas bon signe. Dean se redressa aussitôt et vérifia son arme. Il était prêt à parier qu'ils allaient avoir de la compagnie rapidement. Il devait être sur ses gardes.
- Ok, tu sais quoi ? On se tire, souffla-t-il ensuite.
Il garda le dos collé contre les rayonnages pour ne pas être visible depuis l'entrée du magasin. Comme à son habitude, Red en fit de même. Il avait les oreilles dressées sur la tête et les yeux plissés. Il était définitivement prêt à attaquer si toutefois il en avait besoin. Dean ne doutait pas une seconde qu'il se jetterait sur leur assaillant s'il en avait l'opportunité. Pas uniquement pour sauver sa vie. Mais aussi et surtout pour sauver celle de Dean. Il était prêt à se sacrifier pour lui. L'inverse était également vrai.
Une fois à l'entrée du magasin, un bruit attira l'attention de Dean et de son chien. Ils n'étaient définitivement pas seuls. Le jeune homme doutait toutefois qu'il s'agisse d'un contaminé. Ils étaient rarement discrets. Se jetaient directement sur leur proie sans prendre de précautions. Il n'y avait que les êtres humains pour se méfier et se cacher ainsi.
Dean avait appris depuis l'apocalypse que les vivants étaient le plus souvent plus dangereux que les contaminés. Ils étaient plus cruels. Et c'était généralement plus compliqué de les vaincre.
Dean avait eu quelques difficultés au début à accepter de tuer des gens. Il n'avait aucun mal à abattre un contaminé. Il estimait que c'était leur rendre service. Mais pour les humains, c'était différent. Il avait tout d'abord refusé de les tuer. Il se contenta de les blesser pour prendre la fuite. Cela avait duré quelques mois. Jusqu'au jour où un homme déterminé à leur voler leurs armes avait lui-même tenté de les tuer. Légitime défense, avait alors dit Sam. Dean avait fait quelques cauchemars les premiers jours. Puis il avait compris. Le monde avait changé. Les anciennes lois ne s'appliquaient plus. La morale n'existait plus non plus. Il fallait survivre. Et comme dans le règne animal, c'était la sélection naturelle qui était en vigueur. La survie du plus fort. Du plus apte. Et de celui qui ne laissait pas sa conscience prendre le pas sur sa raison. Depuis la mort de Sam, c'était devenu plus facile encore pour Dean. Quand on avait tiré sur son frère, sur la personne qu'on aimait le plus au monde, en fait de même avec un inconnu ne semblait plus aussi insurmontable.
Dean s'écarta doucement du rayonnage et se dirigea vers la porte du magasin. Tout était silencieux à nouveau. Mais il savait que c'était trompeur. L'autre personne présente l'avait probablement entendu. Ou l'avait vu. Il attendait la meilleur occasion pour l'attaquer. Et Dean n'allait certainement pas la lui offrir.
Il s'accroupit pour ne pas être exposé puis attendit que Red soit à côté de lui, également à l'abri avant de prendre la parole.
- Je sais que vous êtes là ! Je ne vous veux pas de mal. Je vais partir. Et si vous ne voulez pas que cela dégénère, je vous conseille de me laisser faire. Je suis armé et prêt à tout. Alors soyez raisonnable.
Dean espérait sincèrement que cela suffirait à convaincre l'autre personne de le laisser tranquille. Après tout, ils n'avaient pas besoin de se battre. Dean était tout à fait prêt à quitter cet endroit sans violence. Il avait ce dont il avait besoin. Il n'avait aucune intention de rester plus longtemps. C'était la meilleure solution. Bien sûr, il avait fini par comprendre que les gens se montraient rarement raisonnables. Un affrontement était généralement inévitable.
- Je ne suis pas ici pour vous chasser. Je ne fais que passer. Cet endroit est le vôtre... je ne veux pas vous le prendre.
Il entendit un bruit à nouveau de l'autre côté de la porte mais quand il jeta un coup d'oeil par dessus le comptoir derrière lequel il était abrité, il ne vit rien. Red était toujours tendu, la tête baissée, la truffe au sol. Il avait senti quelque chose. Dean posa une main sur son cou pour lui signaler qu'il ne devait pas bouger.
- Ecoutez, je suis seul ici et je sais ce que vous pensez. Vous croyez pouvoir prendre le dessus sur moi... et peut être que vous avez une chance... je ne sais même pas combien vous êtes dans ce bâtiment. Mais je suis entraîné et je suis parfaitement capable d'emmener avec moi certains d'entre vous. Est-ce que c'est ce que vous voulez ?
Un nouveau bruit. Sous sa main, Dean sentit les muscles de Red se tendre un peu plus encore. Quelqu'un approchait. Le jeune homme relâcha le cou de son chien et pointa son arme en direction de la porte. Si quelqu'un était suffisamment stupide pour la franchir, il n'hésiterait pas à tirer.
- Je devrais vous croire sur parole, c'est ça ?
Dean fronça les sourcils, surpris d'entendre quelqu'un lui répondre finalement. Il avait vraiment cru qu'il n'avait aucune chance en tentant de négocier. Il l'avait avant tout fait pour gagner un peu de temps et se préparer à attaquer. Mais de toute évidence, il s'était trompé.
- Je n'ai rien de plus à vous offrir que ma parole. A vous de voir si elle vous suffit, lança t-il alors.
- Désolé, mais je suis sceptique. J'ai toujours eu du mal à croire les voleurs.
Dean secoua la tête. L'accusation était proprement ridicule. Il n'avait fait que se servir. Après tout,cet endroit n'appartenait à personne. Et même si l'homme qui venait de parler y avait élu résidence, cela n'en faisait pas de lui le propriétaire de tout ce qui s'y trouvait.
- Ok, tout d'abord, sauf si vous êtes le propriétaire des lieux, je doute qu'on puisse parler de vol... et dans tous les cas, j'ai laissé suffisamment de choses derrière pour que vous ne manquiez de rien.
-Je vais devoir vous demander de laisser les munitions et toute arme que vous auriez pu récupérer également. J'en ai besoin.
Dean ricana une seconde. Cette fois, il commençait sérieusement à perdre patience. Il estimait ne rien avoir fait de mal. Et il n'avait certainement pas l'intention de laisser sa précieuse cargaison derrière lui. Si cet homme voulait récupérer quelque chose, il allait devoir le lui prendre de force. Dean avait été suffisamment gentil pour lui laisser une chance mais il n'avait plus de temps à perdre.
- Désolé, mais non... allez vous faire foutre !
Sur ces mots, il tourna les talons et partit en direction des fenêtre qui donnaient sur l'extérieur. Il était au premier étage et sauter était risqué. Il pouvait se casser quelque chose si toutefois il se réceptionnait mal. Et Red n'avait aucune chance de s'en sortir indemne. Il n'allait pas non plus le laisser derrière lui. Il préférait encore mourir. Mais il espérait trouver une autre solution. Il étudia les alentours tout en gardant l'oreille tendue.
Après quelques secondes, Red se mit à grogner dans son dos. Ils n'étaient plus seuls dans le magasin. Dean abandonna son plan et partit se cacher à nouveau derrière un rayonnage. Cette fois, il n'avait pas le choix. C'était tuer ou être tué. Et il avait promis à Sam de continuer à se battre.
Quand le jeune homme entendit les bruits de pas qui se rapprochaient, il se redressa sensiblement. Dès que son assaillant apparaîtrait dans son champ de vision, il tirerait. Il ne lui laisserait pas le temps de dire quoi que ce soit. Ou de tenter quelque chose. Il le tuerait avant. Et tant pis si cela faisait de lui un assassin. Il lui avait laissé une chance. Il ne l'avait pas saisie. C'était tant pis pour lui.
Dean prit une grande inspiration pour garder son calme puis se concentra sur ce qu'il entendit. Il fut surpris quand les bruit de pas cessèrent juste de l'autre côté du rayonnage. D'accord. L'inconnu n'était pas stupide.
- Si vous songez à sauter par la fenêtre, je préfère vous prévenir... c'est une chute de trois mètres qui vous attend et le goudron n'amortira rien de l'impact. Vous avez de grandes chances de vous tuer.
Dean soupira. Il le savait. S'il avait eu la moindre chance, il aurait déjà fui par la fenêtre. Il ne comprenait toutefois pas ce que l'inconnu cherchait en lui disant cela.
- Qu'est-ce que vous en avez à faire que je puisse mourir ? Ce n'est pas ce que vous voulez ?
- Eh bien, à vrai dire, je n'en perdrais sans doute pas le sommeil mais je ne suis pas quelqu'un de mauvais et... croyez-le ou non, j'ai une conscience. Alors je vous propose un marché. Vous baissez votre arme... je baisse la mienne et on discute.
Dean ne voyait pas ce dont ils pouvaient parler. Il lui semblait que les choses étaient suffisamment claires. Il voulait partir et il n'allait pas laisser ce qu'il avait récupéré. Il était inutile pour cet homme d'argumenter. Il perdrait du temps pour rien.
- Je ne vois pas ce qu'on pourrait avoir à se dire.
- Ecoutez, je sais que vous avez besoin des choses que vous avez prises ici mais nous aussi et... on pourrait peut-être trouver un accord. Vous en laissez une partie et vous partez avec l'autre. Il faut qu'on puisse se défendre... et... vous aussi, je le sais bien. Mais il est évident que vous étiez déjà armé en arrivant. Cela ne vous coûtera pas grand chose de laisser une partie de votre butin. Nous, en revanche, nous n'avons rien de plus que ce que vous avez pris.
Dean prit une seconde pour réfléchir. Il savait bien que tout emporter avec lui était sans doute faire preuve d'égoïsme. Mais la survie impliquait qu'on mette de côté ce type de considérations. Il ne connaissait pas cet homme. Et s'il ne lui voulait pas nécessairement du mal, il se fichait tout de même de ce qui lui arriverait une fois qu'il serait parti. Il ne voyait pas pourquoi il accepterait son offre. Il ne lui devait rien.
- Pourquoi est-ce que je ferais ça ? On ne se connaît pas.
- Non, on ne se connaît pas mais... on est embarqué dans la même galère et j'essaie juste de survivre... comme vous. Je m'appelle Gabriel et je suis ici avec mon petit frère Castiel. Voilà, vous me connaissez à présent. Je ne suis pas quelqu'un de violent et je peux vous garantir que je ne vous ferais aucun mal si vous acceptez de sortir de votre cachette. Je suis même prêt à vous inviter à rester manger avec nous et peut être à passer la nuit ici pour vous prouver ma bonne foi.
Dean baissa les yeux sur Red. Il était généralement un bon juge du caractère et des intentions des gens qu'ils croisaient. Et il semblait un peu moins tendu que quelques minutes plus tôt. Sa queue remuait doucement de droite à gauche. Il paraissait curieux. Mais pas inquiet. Dean soupira longuement.
- Vous êtes deux et je suis seul. Vous devez reconnaître que ça n'invite pas vraiment à baisser sa garde.
Il entendit un rire de l'autre côté du rayonnage en réponse à ses propos. Il fronça les sourcils, surpris par l'amusement évident de cet inconnu. Il n'avait plus entendu quiconque rire aussi sincèrement depuis le début de l'apocalypse. Et il devait reconnaître que cela faisait du bien.
- Je ne dirais pas que vous êtes seul avec le monstre qui vous accompagne. Je dirais même que vu son gabarit, c'est vous qui avez l'avantage sur nous.
Dean baissa les yeux sur Red à nouveau. Il haletait doucement, complètement calme à présent. Ok. C'était une preuve suffisante. Une nouvelle fois, il avait entièrement confiance en son compagnon.
- D'accord, accepta t-il alors.
Il regarda son fusil puis le jeta devant lui pour que Gabriel le voie au sol. Il se redressa ensuite et fit un pas en avant pour sortir de sa cachette. Il tourna ensuite le visage pour voir l'homme avec qui il avait discuté. Il avait un revolver dans la main mais ne semblait pas le moins du monde menaçant.
- Gabriel, enchanté, lança-t-il alors en tendant sa main libre en direction de Dean.
Le jeune homme ne la serra pas. Il se contenta d'hocher la tête pour signifier qu'il l'avait entendu. Mais il préférait ne pas prendre de risque. Gabriel ne sembla pas vexé par son refus. Il laissa son bras retomber le long de son corps puis rangea son arme dans la ceinture de son jean.
- Vous allez me donner votre nom ou je dois le deviner ?
Dean ne risquait rien en lui donnant cette information. Il ne voyait aucune raison de mentir. Il soupira longuement avant de répondre.
- Dean, et lui c'est Red.
Son chien approcha de Gabriel avec enthousiasme et en remuant la queue. C'était presque comme s'il le connaissait déjà. C'était la première fois que Dean le voyait se comporter ainsi avec un inconnu. C'était comme ça qu'il avait imaginé que Red se serait comporté s'il avait pu rencontrer Sam. Dean sentit son estomac se nouer et il se racla la gorge pour chasser le sanglot qui s'y était logé. Gabriel lui jeta un coup d'oeil curieux avant de s'accroupir pour caresser Red sous le museau.
- Il m'a tout l'air d'un gentil chien, commenta t-il quand Red lui donna un coup de langue sur le visage.
Dean sourit vaguement en regardant son chien saluer Gabriel comme s'il le connaissait depuis toujours.
- Vous vouliez parler ? Rappela t-il ensuite.
Il était content de voir Red aussi joyeux mais il avait des choses importantes à régler avec Gabriel.
- Oh oui, bien sûr... désolé... c'est juste que j'adore les chiens. Et... comme je vous le disais, je suis ici avec mon frère Castiel. Et nous n'avons rien de plus pour nous défendre et survivre que ce qu'il y a dans ce centre commercial. Je peux comprendre que vous en ayez besoin mais... on pourrait peut-être partager, non ?
Dean baissa les yeux sur Red qui continuait de tenter de lécher le visage de Gabriel. C'était presque comme s'il cherchait à le convaincre d'aider cet inconnu. Dean savait également ce que Sam aurait fait à sa place. Il n'aurait même pas hésité une seule seconde.
- D'accord, accepta-t-il.
Gabriel sembla surpris de l'entendre. Il se redressa alors et adressa un large sourire à Dean.
- Super ! C'est... merci.
- Vous devriez remercier Red. S'il n'avait pas réagi ainsi en vous voyant, vous seriez déjà mort, expliqua-t-il le plus sérieusement du monde.
Gabriel rit une seconde, sans doute persuadé que Dean plaisantait. Mais comme son regard croisa celui du jeune homme, il cessa de rire aussitôt.
- Oh, je... d'accord, alors... merci, mon grand, souffla-t-il à l'intention de Red.
Ce dernier aboya une fois avant de reculer et de s'asseoir juste à la droite de Dean. Pendant une seconde, plus personne ne dit rien. Puis Gabriel prit une grande inspiration et se passa une main dans les cheveux. Il était beaucoup plus petit que Dean et bien moins musclé. Il avait les cheveux qui lui encadraient le visage et des yeux d'un marron étrange. Il devait avoir environ trente-cinq ou quarante ans. Il avait du charme. Son sourire était contagieux. Et il n'était clairement pas une menace. Dean avait le sentiment que s'il l'avait rencontré avant l'apocalypse, ils seraient devenus amis. Et cela le mit aussitôt à l'aise.
- Très bien. Je vais vous présenter mon frère. Et mon invitation tient toujours. Vous devriez rester ici cette nuit. L'endroit est sûr et vous m'avez tout l'air d'avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil.
- Et qui me dit que vous n'allez pas en profiter pour m'assassiner quand je dormirai ?
Gabriel haussa les épaules.
- Quelque chose me dit que votre ami ne me laisserait pas faire.
Dean prit une seconde pour réfléchir. Il n'avait que rarement le luxe de s'arrêter pour la nuit. Ces derniers jours, il n'avait pas eu plus de quelques heures de sommeil. C'était une vraie opportunité qu'il avait envie de saisir. Bien sûr, cela impliquait qu'il fasse confiance à Gabriel et à son frère. Il ne semblait pas menaçant mais il pouvait aussi être un bon comédien.
- Vous n'êtes pas obligé de vous décider tout de suite.
Dean hocha alors la tête. Il allait pour le moment se fier à son instinct et à celui de Red. Il allait rencontrer ce Castiel et il aviserait ensuite. Il espérait sincèrement que les deux hommes étaient honnêtes. Il n'avait pas envie d'avoir à les tuer tous les deux.
- Vous n'êtes pas un bavard, hein ? Ca tombe bien... Cassie me dit souvent que je parle suffisamment pour deux. Vous me suivez ?
Dean hocha à nouveau la tête et attendit que Gabriel lui tourne le dos pour ramasser son arme et se mettre en route à son tour en direction de la sortie du magasin. Red en fit de même sans s'éloigner de lui. Dean lui jeta un coup d'oeil après quelques secondes.
- J'espère que tu ne te trompes pas mon vieux, souffla t-il à son intention.
Red continua de remuer la queue et de marcher, sa langue pendant sur le côté et donnant l'impression qu'il souriait. Dean reporta alors son attention sur Gabriel, rassuré par l'attitude calme de son chien. Peut-être allait-il enfin voir la chance lui sourire. Il estimait l'avoir bien mérité.
