Bonjour à tous et toutes me revoilà avec un nouveau chapitre. Normalement il aurait dû sortir plus tôt mais avec les récents événements je n'avais plus trop le cœur à écrire...J'espère que tout se passe bien pour vous et vos familles et que le confinement (pour ceux qui en ont un) n'est pas trop pénible...

Bref...Je vous souhaite une bonne lecture et je m'excuse encore une fois pour les fautes m'ayant échappées et que je retrouverais comme à chaque fois quelques jours après avoir publié ce chapitre. Sur ceux prenez soin de vous et de vos proches et faites comme Smaug en restant chez vous bien à l'abri ;).


Assiégé par un nuage de fumée Bilbo s'étouffa, toussa, cracha. Yeux fermés, poumons brûlant. Et dans son sang soulagement et angoisse valsèrent en un curieux mélange lui éraflant le ventre.

Vivant...

Il était toujours vivant...Pourquoi Smaug ne l'avait-il pas tué, qu'est-ce qui avait arrêté le dragon ?

Craignant ce qu'il allait découvrir lentement il ouvrit les yeux. Lacérés par la fumée noire charbon, il larmoya rendant sa vision un peu plus floue ce qui ne l'empêcha pas de capturer le regard du cracheur de feu. Dans ce nuage opaque seuls les yeux du dragon restaient visibles. Transperçant la fumées tels deux brasiers régnant dans un océan d'ombres et de ténèbres.

-Celui qui chemine aux cotés du loup blanc. Ronronna la voix de la bête ayant repris son timbre bien trop plaisant pour en être rassurant.

La tête dorée se secoua dissipant les veloutes de cendres crachées par la gueule massive. La queue qui s'était lentement refermée autour du semi-homme se délia et repris place autour des pattes massives serties de poignards ébènes du dragon s'étant assit. Cette position lui donnant une nouvelle fois l'allure noble d'un félin couvert d'écailles.

-Voleur, cheminant aux cotés du loup blanc...La bête étrécit ses yeux de braises. Parle-moi de ce que tu appelles loup blanc.

Bilbo sentit un bloc de glace tomber dans son ventre. Il secoua la tête de négation mais que pouvait-il faire...Il n'était pas en mesure de refuser la demande de Smaug. Le hobbit se mordit la lèvre inférieure s'excusant au près de Mordred à l'avance et ne comprenant pas ou ne voulant pas comprendre pourquoi cela avait éveillé l'intérêt du monstre de flammes.

Et que pouvait-il dire sans trop en révéler. Il avait peur de la curiosité du dernier cracheur de feu. Peur de ce que cela signifiait. Craignait ce que cela engendrerait...

Il n'était pas stupide. Les détails au fil de la quête se liaient trop entre eux pour que cela ne soit qu'un hasard. Et maintenant ça...

Si le dragon ne l'avait pas tué c'était que pour une terrifiante raison ses derniers mots l'avaient stoppé. Car ses derniers mots Smaug les connaissait. Car ses derniers mots soufflés avant que la mort ne le saisisse avaient titillé le roi sous la montagne. Car ce titre qu'il avait donné à Mordred la nuit où il avait rencontré le changeur de peau étaient bien plus anciens que l'appellation poétique donnée par un hobbit à un être semblant venir d'un autre monde.

Car ses mots étaient liés au dragon, liés à la crainte que Mordred provoquait, liés aux secrets que le semi-elfe taisaient, liés aux secrets cheminant à leurs cotés. Ses mots, ce titre étaient liés à la peur qu'il éprouvait face à l'attitude froide qui lentement prenait possession de son ami à mesure que l'histoire de la compagnie se traçait.

Mordred et Smaug...

Un loup et un dragon...

Que pouvait rattacher deux êtres semblant sortir d'une légende ancienne, que pouvait signifier Hurlebraise pourvue d'un dragon comme garde, que pouvait signifier leurs regards si étrangement semblables, que signifiait deux iris fendues habitées par un même feu implacable.

Quelle histoire les rattachait...Quel mensonge, quelle vérité, quelle énigme les liait...

C'était là tout proche sans qu'il ne puisse le saisir.

Un dernier secret, le plus important, le plus terrifiant.

Un éclat insignifiant au premier regard, un éclat liant tout les autres à un seul et unique élément d'un passé brisé, un passé dont les murmures influençaient les événements présents.

-Alors ! Cria le cracheur de feu.

Une de ses pattes frappa un amoncellement de bijoux, ses griffes frôlant de peu le hobbit.

-Parle, voleur ! Ou utilises-tu des mots dont tu ne connais le sens !

Oh oui il ignorait le sens profond de tout cela...

Mais il savait que les secrets de Mordred étaient bien plus dangereux que ce qu'il avait imaginé lors de leur rencontre. Il savait que cela mettait son ami en danger, un danger que le loup ignorait ou pire désirait.

Mordred l'avait protégé de tant de dangers, à son tour il devait protéger son ami de ce qui lentement se tissait autour d'eux.

-Je...Commença le hobbit.

Son regard glissa vers le sol alors qu'il tachait de créer son propre jeu d'énigmes pour duper le dragon.

Et seulement alors il la remarqua...

Entre les pièces où le dragon avait frappé une pierre brillait. Pas comme celles qu'il avait ramassées précédemment...Non celle-ci avait sa propre lumière. Celle-ci étincelait telle une étoile tombée sur cette terre sans se consumer. Elle était unique. Elle...Il savait ce qu'elle était...La pierre d'arken. La pierre du roi sous la montagne. Ce pour quoi il était ici...

Sans arriver à la quitter complètement des yeux le hobbit reprit, essayant d'ignorer le reniflement amusé du dragon.

-Il est...Commença le semi-homme. Il est...

Les mots lui vinrent comme par enchantement, soufflés au creux de son oreille par une voix semblable à celle de l'Ombre blanche..

-Il est le seigneur des loups. Il est l'ombre au visage d'elfe dont la colère fait hurler les braises. Il est l'éclat du passé et du présent. Il est...Le regard du feu.

Bilbo s'arrêta ne pouvant trouver d'autres titres pour embrumer la réalité. Cela ne sembla pas déranger le drake. Le cracheur de feu inclina la tête tel un animal curieux, ses griffes cliquotant sur le sol en marbre. Le léger tac, tac, tac en résultant fit frisonner le semi-homme, une nouvelle fois cela lui rappelait désagréablement l'habitude du semi-elfe au regard ambré.

Un léger sourire se dessina le long de la gueule reptilienne. Une des pattes du dragon tira la pierre d'arken vers lui sous le regard déconfit du hobbit n'arrivant à trouver un moyen pour la récupérer. Smaug émit un nouveau nuage de fumée, son sourire se faisant malicieux.

-Tu m'amuses de plus en plus voleur envoyé par Thorin oakenshield.

Sa tête se pencha de nouveau vers lui, sa langue bifide frôlant son visage. Cette fois Bilbo ne put contenir un mouvement de recul faisant étinceler d'une flamme mauvaise le regard de la bête ne le quittant pas un instant des yeux.

-Dis-moi. Ronronna le Doré. Dis-moi Voleur cheminant aux cotés du loup blanc, est-ce pour ceci que tu es descendu me rendre visite.

Une de ses griffes poussa négligemment l'arkenstone vers lui.

Bilbo la regarda, regarda le dragon, regarda de nouveau la pierre, oscilla d'un pied sur l'autre, fit mine innocemment de se pencher vers elle, stoppa son geste quand le drake gronda, une de ses griffes ébènes clouant la pierre au sol.

-C'est une pierre unique...Mais tu dois déjà le savoir Voleur.

La tête reptilienne se pencha encore un peu plus, de sorte que son regard de feu soit directement plongé dans celui du cambrioleur. Le dragon était si proche qu'à chacun de ses souffle Bilbo pouvait sentir son haleine brûlante lui balayer visage faisant voler les dernières mèches de cheveux n'étant pas collées par la sueur sur son front.

Le hobbit déglutit, sa bouche était sèche, si sèche qu'il eut l'impression d'avaler du verre pilé. Il ne comprenait pas ce dragon, ne comprenait pas ce qu'il se passait, ne comprenait pas le jeu auquel Smaug se complaisait.

Il avait l'horrible impression d'être une souris entre les griffes d'un chat hésitant à pousser le jeu un peu plus longtemps avant de finalement se lasser et lui ôter la vie. Et toujours, toujours Smaug le décortiquait de son regard ambré, sans jamais cligner des yeux, toujours son souffle brûlant chargé de souffre balayait son visage.

Après une observation semblant durer une éternité aux yeux du hobbit, le cracheur de feu étira ses babines dans un sourire perfide dévoilant ses crocs noircit.

-Désires-tu repartir avec l'arkenstone, monteur de tonneaux. Gloussa le dragon, ses yeux brillant un peu plus de joie.

Et face au regard éberlué qu'eut la petite créature chargée d'odeurs anciennes descendue le réveiller, le grand drake souffla quelques étincelles joueuses.

-Je serai tenté de te laisser la prendre juste pour voir oakenshield souffrir. Pour voir cette pierre ronger son esprit, comme elle a rongé l'esprit de ceux l'ayant possédée avant lui. Mais je veux plus...Un dragon veut toujours plus...Prends là et envoies ton loup blanc ici. Je flamboie d'impatience de le rencontrer...

-Dieux non...Souffla le hobbit.

Pas ça...Il ne pouvait pas faire cela, il ne pouvait pas amorcer cette rencontre et ce qu'elle allait provoquer pour son ami, pour eux, pour les autres.

L'angoisse lui tordait le ventre, l'angoisse faisait siffler ses oreilles, l'angoisse le rendait malade.

-Non ? Répéta le dragon rejetant sa tête en arrière en riant d'un rire mauvais emplit de venin. Crois-tu pouvoir me dire non ? Vas, prends-là, profite de ma générosité petite chose...Je pourrais te tuer de suite...Et une petite voix me susurre que ton loup blanc viendrait à moi ensuite.

Il n'avait pas le choix...Il n'avait jamais eu le moindre choix...

Son regard glissa vers la pierre toujours coincée par la griffe du dragon. Maudite pierre...C'était sa faute, sa faute si il avait du descendre en ce lieu d'or et de flamme, sa faute s'il avait du parler de Mordred, sa faute si maintenant Smaug exigeait de rencontrer le loup blanc...Pour peu il aurait voulu la laisser là où elle était mais ce serait faire affront au fauve d'écailles se jouant de lui...

Il attendit que la patte se retire sans oser faire le moindre geste craignant que celui-ci devienne l'impertinence de trop. Mais le dragon ne bougeait pas d'une écaille, le fixant encore et toujours de son regard moqueur, un rictus étirant ses babines. À sa grande horreur le hobbit comprit ce que Smaug attendait.

Le cambrioleur avança tremblant de frayeur. Essayant d'oublier le sourire emplit de dents s'esquissant sur le faciès du cracheur de feu alors qu'il s'agenouillait en face de la patte massive. Sa main se tendit vers la griffe épinglant la pierre au sol sans oser la toucher. De près elle paraissait encore plus grande et affûtée.

Son regard se leva vers les mâchoires le surplombant, la bête ne bougeait pas à part son regard le suivant au moindre geste.

Bilbo étouffa un sanglot ravalant courageusement ses larmes. sa main se referma sur la griffe immense qu'il leva. Docile celle-ci s'arqua vers le haut.

Il jeta un dernier regard...Le drake n'avait pas esquissé le moindre mouvement, son regard toujours pétillant d'un plaisir sadique. Son autre main se tendit vers la pierre.

Un dernier regard...

D'un geste brusque il tira l'arkenstone vers lui n'arrivant pas à retenir un cri apeuré quand la griffe tel le mécanisme d'un piège abominable retomba dans un bruit mat au sol qui se fendit comme un miroir brisé.

Le dragon cracha un rire emplit d'étincelles, face au voleur reculant de peur à quatre pattes telle une étrange araignée.

Jambes tremblantes, cœur battant tel un oiseau affolé tombé entre les serres d'un félin vicieux, Bilbo se releva, la pierre d'arken cachée dans une de ses poches. Il jeta un regard derrière lui, cherchant le couloir dont il était venu.

Comment partir, comment croire que le dragon ne lui jouerait pas un dernier tour, comment se détourner de cette gueule pleine de crocs, de ces griffes, de cette queue balayant le sol avec nervosité.

Il avança lentement à reculons, ne lâchant pas du regard la queue bougeant de plus en plus vite comme si elle était un serpent venimeux prêt à frapper. Hypnotisé par son mouvement rythmique, il trébucha sur un coffre. Son dos heurta l'arrière d'une pierre dans sa chute, il couina sous la douleur remontant le long de sa colonne vertébrale. Les larmes lui montant une nouvelle fois aux yeux.

La queue du dragon d'énervement frappa une colonne qui se brisa à moitié sous la force du drake doré.

-Hâte-toi ! Cracha le dragon. Les êtres de feu changent si vite d'avis...

Pour illustrer ses dires une gerbe de flamme quitta sa gueule faisant fondre de l'or à quelques mètres du cambrioleur.

Dans sa hâte de se relever Bilbo manqua une nouvelle fois de trébucher. L'adrénaline embrasant son sang lui permit de retrouver son équilibre. Toute méfiance oubliée le hobbit fit volte face et couru.

Couru sans se retourner, couru sans se soucier de la douleur brûlant son dos, couru à en perdre haleine, couru jusqu'à qu'il retrouve la sécurité des couloirs sombres sans que jamais le rire du dragon ne le quitte. Lui rappelant d'envoyer le loup blanc.

Plus jamais, plus jamais il ne récompenserait un chat ayant acculé un souris se jura-t-il avant de se courber en deux rejetant son maigre déjeuné au sol.

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Leur cambrioleur, leur ami était parti depuis bientôt un heure. Ils n'avaient aucun moyen de savoir ce qu'il se passait en bas. Si Bilbo allait bien, s'il s'était perdu à la croisées des nombreux chemins de roches courant en dessous d'eux...Si le dragon...

Kili bu une gorgée d'eau avant de tendre sa gourde à son frère. L'eau claire rafraîchit la gorge du jeune archer mais elle ne pouvait rien faire contre le stress le rongeant en pensant au sort de son ami.

Ils n'auraient pas dû le laisser aller seul. C'était bien trop dangereux. Bilbo n'était pas un guerrier, n'était pas un nain. Il ne pourrait même pas compter sur les murmures des pierres pour se guider.

Le plus jeune descendant de Durin expira un souffle tremblant adressant une énième prière au grand forgeron alors que comme le reste des siens il fixait le gouffre noir en attendant le retour de leur cambrioleur.

Seul son oncle s'était détourné de l'entrée dévoilée par la porte secrète. Dos à eux Thorin n'avait cessé de contempler la vallée s'ouvrant dans toute sa splendeur aride sous les yeux des voyageurs montés si haut.

Mordred aussi ne fixait pas le couloir où les ombres avaient englouti le hobbit. Le semi-elfe ne cessait de faire des allers retours nerveux telle une bête sauvage contrainte par des barreaux de fer.

Un regard bien trop fixe, presque dément, rictus dévoilant des canines légèrement plus pointues que la moyennes, chevelure ébouriffée telle celle d'un chat sauvage...

Il n'aurait manqué qu'un grondement et Kili aurait été persuadé de faire face à un loup changé en elfe. Un loup ombrageux, un loup prêt à déchiqueter vif la première créature amie ou ennemie osant s'approcher de lui...

Personne n'essaya de l'arrêter ou même de lui parler. Le fils de Thranduil portait en son sein les marques d'un sombre passé, un passé dont les cicatrices témoins silencieux d'une vie cruelle noircissaient aujourd'hui l'aura du semi-elfe.

Les nains de la compagnie connaissaient que trop bien les gestes malheureux qu'une âme blessée pouvaient avoir dans un moment d'angoisse intense comme cela semblait être le cas pour le dernier membre s'étant joint à eux.

Cessant d'observer les allers venues hypnotiques du fils de Thranduil, Kili gratta de la pointe de son pied le sol poussiéreux. Cela devenait de plus en plus long...Bien trop long...

L'air frais du soir lui semblait étouffant, peuplé d'étincelles invisibles soufflées par une gueule d'or nimbée. Des étincelles invisibles voltigeant autour d'eux prêtent à s'embraser au moindre faux pas, à la moindre parole en trop...

Il s'apprêtait à demander à ses compagnons si finalement il ne faudrait pas se décider à agir et rechercher leur hobbit, quand il fut projeté vers l'avant avec le reste des siens. Il se rattrapa mutuellement à son frère, chacun s'accrochant à l'autre pour retrouver son équilibre.

Un second tremblement agita la montagne comme si Erebor prenait vie de l'intérieur. Sa main toujours enroulée autour de la manche de Fili, Kili se sentit pâlir...

Mahal non...

-Qu'est-ce que c'était ! S'exclama son grand-frère pour couvrir les derniers soubresauts rocheux. Un tremblement de terre ?

Balin se retourna vers eux, son regard noyé d'inquiétude.

-Ça mon gars c'était un dragon...

Des paroles agitées parcoururent le groupes de nains, Kili jeta un même regard ivre d'angoisse à son frère. La poigne de Fili sur son épaule se resserra comme les serres d'un oiseaux de proies.

-Bilbo...Murmura le jeune archer.

Leur ami, leur pauvre hobbit...Il devait...Non il ne pouvait pas y songer...Celui qu'ils avaient comparé à un épicier possédait maintes ressources et était revenu de dangers qu'aucun d'eux n'aurait pu imaginer le hobbit en sortir vivant.

''Mais Mordred était avec lui le plus souvent...'' Répliqua sa conscience amenant un long frisson nauséeux le long de son dos.

-Que fait-on pour ce pauvre Bilbo...Nous devons lui venir en aide ! Haleta Ori prêt à s'élancer vaillamment dans le couloir.

Kili hocha la tête. Oui ils devaient aller aider le hobbit. D'autres nains semblaient prêt à partir en courant dans les profondeurs d'Erebor quand une voix froide coupa leur élan de courage insensé.

-On lui laisse du temps...

Les yeux éberlués il se tourna vers son oncle. Toujours tourné vers le précipice Thorin semblait ne pas avoir bronché. Toujours raide et fière, toujours contemplant le vide sans même se tourner une fois vers la montagne où leur cambrioleur était perdu au sein de l'antre du feu. Et que dire de sa voix...Ses mots avaient été si froids, si détachés...Comme si Bilbo ne valait rien. Comme si son oncle ne se souciait pas du sort de leur compagnon. Cela ne pouvait être cela, il se trompait Thorin n'était pas ainsi...

Il s'avança d'un pas vers celui ayant remplacé son père mort au combat. Thorin n'était pas ainsi se répéta-t-il une nouvelle fois et pourtant déjà à leur sortie des grottes des gobelins Thorin avait été injuste...Cruel même en s'adressant au hobbit. Kili secoua la tête refusant toujours d'y croire.

D'autres nains fixaient aussi son oncle comme si c'était la première fois qu'ils voyaient l'héritier de Durin.

Du coin de l'œil Kili aperçu le regard du semi-elfe se tourner vers son oncle. Un regard d'ambre chargé de mépris et d'une autre chose...Une ombre assombrissant les yeux du fils de Thranduil. Une ombre que Thorin semblait sur le point de réveiller telle une herbe sèche nourrissant l'humble étincelle survivante d'un vieux brasier.

-Du temps pourquoi ? Répliqua Balin d'une voix outrée. Pour se faire tuer ?

Finalement Thorin se tourna vers eux. Son regard de pierre semblant vide de toute compassion se braqua dans celui de Balin.

-Tu as peur...Feula son oncle, pointant d'un doigt accusateur son vieil ami et conseiller.

Kili échangea une nouvelle fois un regard avec Fili, partageant avec son frère le même doute horrifié n'arrivant à reconnaître le guerrier honorable les ayant élevés...

Loin de se laisser désarçonner Balin s'avança vers Thorin d'un pas irrité.

-Oui. Avoua-t-il en haussant les épaules. J'ai peur...Son regard se durcit. J'ai peur pour toi ! Ce trésor mène à la folie, il fait ressortir ce qu'il y a de pire en nous. Le Thorin que j'ai...

Il fut coupé par la réplique acerbe que son oncle lui cracha au visage.

Une que Kili n'aurait jamais cru entendre des lèvres de celui qu'il voyait comme un père, une qui lui fit lâcher sa gourde d'effroi, une qui fit couiner son frère, une qui fit reculer Balin comme s'il eut été giflé...

Une qui éveilla un peu plus l'ombre vivant dans le regard du semi-elfe.

-Je ne compromettrais pas cette quête pour un cambrioleur.

Mordred serra les poings, il en avait assez entendu. Le loup se redressa de toute sa hauteur surplombant chaque nains de plusieurs têtes

-Vous pas...Moi oui...Claqua sa voix froide et emplie de venin.

Son regard se baissa sur le roi sous la montagne ne cachant rien de la haine dédaigneuse que Thorin tordait dans ses tripes.

Avant qu'il n'ait eu le temps de faire un pas en direction du couloir le nain lui barra la route prêt à dégainer Orcrist.

Mordred plissa les yeux écoutant le chant haineux abreuvant son sang d'une noire mélopée. Le loup pencha sa tête vers la droite, songeur, entendant à peine les cris scandalisés de Balin et des neveux de Thorin. La mélodie avait tout éclipsé, tout sauf son envie de vomir sa haine sur l'imbécile pensant pouvoir lui barrer la route.

Lui aussi leva sa main vers sa lame, caressant la fusée d'Hurlebraise comme si elle était la fourrure froide d'un félin nonchalant.

-Reculez semi-elfe. Le hobbit connaissait les risques en s'engageant envers moi.

''Oh non il n'est pas à vous nain. Il est à moi, seulement à moi ! C'est ma dague qui lui sert d'épée, c'est ma dague qu'il a accepté, ce sont mes mains qui se sont refermées sur les siennes quand devant moi il s'est agenouillé.'' Chanta sa fea.

Mordred ricana s'avançant d'un pas.

Aucun membres de la compagnie n'osa faire un geste pour les arrêter. C'était trop semblable à leur première rencontre mais cette fois nul magicien pour apaiser la situation. Mais cette fois un éclat imprévisible déchirait leurs regards. Seul Balin avec milles précautions essaya de les ramener à la raison.

-Thorin, Mordred...De grâce calmez-vous... Tout cela ne mènera à rien. Regardez-vous on dirait deux chiens prêts à se battre pour un os. Vous valez mieux que cela et vous le savez.

Le sourire du vieux nain se fana. Ni son roi, ni le prince ne semblaient l'entendre. Aucun n'avait esquissé le moindre geste, aucun n'avait cessé ce combat de regard, aucun n'avait relâché sa lame.

-Et si je ne recule pas...Qu'allez-vous donc faire pauvre nain. Ronronna le semi-elfe, son visage portant un rictus semblable à ceux dont son père était friand.

-Pauvre nain...Répéta Thorin d'une voix de pierre en s'avançant d'un pas. Le fils de Thranduil est finalement sorti du bois.

-Comme le petit fils de Thrain. Ajouta le semi-elfe avançant d'un pas à son tour. Prenez garde...Vous marchez sur des braises Thorin, il suffirait d'un souffle pour que le feu vous prenne.

Cela allait beaucoup trop loin ! Kili voulut intervenir de même que son frère et Ori mais ils furent stopper par les anciens de la compagnie.

-Non. Leurs souffla Dwalin. Intervenir maintenant serait dramatique. Ils ne sont pas eux même.

Kili ravala un goût amer repensant aux paroles du magicien exigeant que les nains ne rentrent pas sans lui dans cette montagne. Repensant aussi aux moult légendes narrant les découvertes de trésors maudits rongeant l'esprit de ceux ayant osé les dérober où osant les convoiter.

Et ni son ami, ni son oncle ne semblaient prêt à écouter la voix de la raison...Jamais ils n'auraient du venir ici sans Gandalf. Pourquoi n'avaient-ils pas attendu le magicien !

-Je ne crains pas le dragon. Siffla Thorin aveugle aux émois parcourant ses troupes.

Un sourire mauvais étira un peu plus le visage du semi-elfe, déchirant sa beauté surnaturelle.

-Oh mais je ne parlais pas du dragon roi sous la montagne. Pouffa le fils Thranduil, ses yeux ambres brûlés par une flamme maligne alors qu'il se penchait vers Thorin.

L'héritier de Durin haussa un sourcil, l'acier d'Orcrist racla l'intérieure de son fourreau. Depuis trop longtemps cet hybride contestait ses décisions. Depuis trop longtemps ce semi-elfe le défiait, depuis trop longtemps ce bâtard chassé de son royaume l'horripilait. Il était temps qu'il apprenne sa place. Il était temps que ce rôdeur dépourvu de ses titres apprenne à respecter les seigneurs vrais nés.

Le demi-race plissa légèrement les yeux. Ses yeux aussi moqueurs que ceux de son père. Ses yeux ardents, ses yeux détestables, ses yeux semblant pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert.

-Alors c'est ainsi que vous voulez jouer Thorin oakenshield... Susurra à voix basse l'hybride d'une voix froide, si froide.

Comme celle Thranduil, différent de celle de Thranduil...

Les narines de Thorin battirent de rage, le nain ignora ce mauvais pressentiment lui ayant scarifié le dos le jour où la compagnie avait lié son chemin à celui de Mordred et qui aujourd'hui revenait le hanter. Mais avant qu'il n'ait eu le temps de commettre ce qui depuis bien trop longtemps le démangeait un autre nain intervint.

Un nain ayant observé Mordred depuis que celui était revenu d'une chute mortelle couvert de sang mais sans égratignure, depuis que le semi-elfe avait eu une fièvre abominable une nuit pour se relever le lendemain comme si cela n'avait jamais eu lieu. Un nain ayant fait la remarque que le semi-elfe n'était pas comme eux ni comme les eldar. Un nain qui jours après jours commençait à comprendre quelle créature pouvait ressembler aux elfes sans en être un. Un nain qui commençait à comprendre quelle créature vivait dans le sang du fils vagabond du roi de Mirkwood.

-Écoutez. Cria Oin, le vieux guérisseur s'approchant à son tour. Il n'y a nulle raison de se disputer. Nulle raison d'attaquer l'un des nôtres...

Son regard glissa en direction d'Orcrist à moitié sortie de son fourreau.

-Thorin, mon roi...Laissez passer Mordred.

L'héritier de Durin ouvrit la bouche, sourcils froncés mais avant qu'il n'ait eu le temps de contester Oin reprit.

-Thorin ! Laisse passer Mordred, Smaug est au courant de notre présence à l'heure qu'il est. Rien ne changera cela. Si Mordred désire prendre le risque de rejoindre Bilbo...Et bien qui sommes nous, même toi, pour l'en empêcher. Réfléchis...Bilbo a bien plus de chance de nous revenir avec l'arkenstone si Mordred est là pour l'aider...

Thorin plissa les yeux sans se détourner du semi-elfe...

Une sueur froide coula dans le dos d'Oin, le guérisseur priant Mahal de faire entendre raison au petit fils de Thrain. Puis à contre cœur le seigneur nain se retira, sous le regard de givre du prince.

-Et bien. Se força à sourire Oin. Quand on prend le temps de parler avant de croiser le fer on trouve aisément un arrangement.

Le semi-elfe tourna les yeux vers lui, penchant la tête légèrement vers la gauche tel un chat hésitant à rentrer ses griffes.

Mordred expira, sa main quittant la fusée d'Hurlebraise. Sa rage sanglante se mourait ne lui laissant qu'un froid glacial au goût de cendre. Un froid imprégnant la moindre de ses terminaisons les rongeant lentement, un froid glaciale tourné vers Thorin. Le changeur de peau s'ébroua mentalement, son regard se portant vers le couloir attendant de l'engloutir.

D'un pas altier il s'en approcha délaissant les nains, délaissant Thorin. Ce serait pour plus tard. Quand il aurait retrouvé Bilbo, quand son hobbit serait en sécurité, quand le roi sous la montagne commettrait l'impudence de trop.

Oin soupira de soulagement en voyant Mordred se diriger finalement vers le couloir. Le vieux guérisseur adressa une prière à Mahal pour que Bilbo et le fils de Thranduil s'en sortent sains et saufs, une aussi pour la sécurité de la compagnie. Lentement une intuition prenait place dans son cœur...Jamais il n'avait autant espéré se tromper...

-Partez et allez risquer votre peau pour un semi-homme, pauvre hybride !

Oin se tendit, une peur vicieuse, instinctive mordant ses tripes.

-Hybride...Ricana une voix si semblable et pourtant si différente de celle du fils de Thranduil. Celui-ci ne s'arrêtant qu'un instant sans se retourner avant que les ombres ne l'avalent étouffant son rire amusé...

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Bilbo rebroussa chemin, la sueur collait sa chemise contre la peau de son dos. Dans sa précipitation, il s'était trompé à un des croisements. L'obligeant à revenir sur ses pas.

Voilà maintenant il devait prendre à gauche...Ou bien était-ce à droite...Il ne savait plus, le stress l'empêchait de réfléchir...

Le hobbit ferma les yeux cherchant à calmer son esprit. Mais comment reprendre son calme après ce qu'il venait de vivre, comment retrouver son calme en sachant ce qui était à venir...La pierre dans sa poche, symbole de son contrat, symbole de son pacte avec le dragon pesait si lourd...Pourquoi, pourquoi Smaug était-il si intéressé par le loup blanc. Pourquoi semblait-il connaître ce nom...Qui était le loup blanc...Par quoi était-il lié au cracheur de feu, par quoi Mordred était-il lié à la bête d'armure et de flamme régnant dans le ventre de la montagne...

Et comment, par les dieux comment expliquer à son ami qu'il devait rencontrer le dragon, que Smaug l'avait laissé partir en échange du loup...Pire...Comment expliquer aux nains que le semi-elfe déjà si mystérieux, que ce semi-elfe était attendu par un dragon...Au point que celui-ci rende l'arkenstone comme si le joyau du roi ne valait rien en comparaison à la présence de Mordred...

Bilbo n'était pas stupide, juste ignorant des légendes ayant crée le monde au delà de sa Compté.

Bilbo n'était pas stupide...Si lui ne les connaissait pas les nains eux les connaissaient...

Les nains comprendraient, les nains agiraient en conséquence...Oubliant que Mordred avait voyagé avec eux, oubliant que Mordred était leur ami...Comme un père avait oublié que le loup était son fils, comme un père ayant sans raison renié et accablé son propre sang...

Il pourrait se taire...Duper le dragon, ne pas envoyer le loup à sa rencontre, faire comme si cet instant n'avait jamais eu lieu, inventer une histoire rocambolesque où seulement une chance indécente lui avait permis de revenir...Il pourrait...

Mais que ce passerait-il ensuite...Qui payerait le prix du sang quand Smaug comprendrait que Bilbo l'avait trompé...Un frisson parcouru le semi-homme. Il avait envie de vomir...Quoi qu'il fasse il était perdant d'une façon ou d'une autre. Tel un joueur d'échec contraint de sacrifier une de ses pièces en essayant de préserver les autres. Mais il n'était pas un joueur d'échec quand les pièces n'étaient pas de bois...C'était pour les rois, pour les seigneurs, les guerriers, pour les êtres comme Mordred ou Thorin. Pas pour lui...Pas pour le humble hobbit de Cul-de-sac...

Le cambrioleur soupira une énième fois, avant toute chose il devait sortir d'ici...Et Ensuite...Ensuite...Puissent les dieux être de son parti, puissent les dieux guider son choix, puissent les dieux protéger ses amis...

Bilbo prit finalement à droite, l'air semblait moins nauséabond par là...Quitte à choisir sans certitude autant suivre la direction lui l'air pur et vivifiant de monts montagneux. Perdu dans ses pensées le semi-homme continua de choisir son chemin au hasard. Jusqu'au moment où en tournant de nouveau à droite il heurta un corps. Le hobbit poussa un petit cri d'étonnement. Deux bras durs comme l'acier se refermèrent autour de lui avant de le ramener dans une étreinte étouffante.

-Mordred ?! Croassa-t-il de stupéfaction.

Le changeur de peau ne répondit pas, son étreinte se resserrant. Sa tête enfuie dans la chevelure du hobbit, inspirant son odeur lui rappelant un pré rempli de fleurs sauvages au plus chaud de l'été.

-Mordred...Croassa une nouvelle fois son cambrioleur. Mordred...Tu m'étouffes.

À contre cœur le loup desserra son emprise sur le plus petit corps.

Bilbo recula croisant le regard du semi-elfe. L'inquiétude folle qu'il y trouva serra sa gorge.

-Par le Loup blanc. Souffla son ami. J'ai cru que j'arriverais trop tard, j'ai cru...Le loup frémit. Mais louez soit l'Admirable...Tu es vivant...

Mordred tendit la main, essuyant un sillon de cendre tachant la peau de son ami, son si précieux ami.

-Et tu n'auras pas besoin de déferler ton courroux. Sourit le hobbit, la simple présence du semi-elfe apaisant ses incertitudes.

Au moins les nains n'étaient pas là...Il pourrait confier au loup ce qui c'était passé...Le pire des scénarios étaient évités. En parlant de nains...il n'aurait jamais cru que Thorin l'aurait laissé descendre...En fait Thorin ne l'avait certainement pas laissé descendre...

-Je suis surpris que Thorin t'ait laissé venir me retrouver...

Les yeux du semi-elfe étincelèrent, un rictus amusé maquilla ses lèvres fines.

-Crois-tu qu'un nain puisse soumettre un loup. Gloussa son ami, une étincelle mauvaise s'animant dans son regard ambré, son rictus se faisant plus sombre. Imagines-tu que je laisserais Thorin se mettre en travers de mon chemin. Ronronna l'Ombre blanche joyeusement dévoilant la pointe effilée de ses canines.

-Par les dieux...Murmura le semi-homme, n'imaginant que trop bien ce qui aurait pu se passer entre le loup et le seigneur nain. Vous vous êtes...

Un rire amusé le coupa, les yeux de Mordred n'en brillant que plus.

-Battus ? Acheva le changeur de peau pour lui, son rire faisant trembler ses épaules. Oh non, non, non Mon Cambrioleur...Les autres ne nous ont pas laissé jouer...Acheva-t-il sa voix prenant une teinte penaude, démentie par la malice suintant de ses iris animales.

Le loup continua à rire en silence sous le regard perplexe de son ami. Le hobbit sentait que l'attitude de Mordred n'avait rien de naturel. Comme si le loup essayait d'étouffer quelque chose qu'il ne voulait pas qu'il voit, quelque chose que l'Ombre blanche lui même avait peine à contrôler. Le rire du loup changea passant d'amusé à glacial.

-Ce nain. Pouffa le semi-elfe. Ce maudit nain...

Un tremblement parcouru sa haute silhouette, sa main se porta à son front. Il ferma les yeux inspirant, expirant profondément... La rage qu'il avait su étouffer revenait enflammer son sang.

Inquiet Bilbo tendit sa main vers la chevelure se parant de blanc. Avant qu'il ne frôle une des mèches autrefois de feu, la main de Mordred se referma telles les serres d'un rapace sur son poignet. Les yeux du loup se braquèrent dans les siens révélant deux brasiers ambres fendus par une lame noire.

-Ce qu'il a dit. Susurra froidement son ami, sa tête se penchant vers le hobbit. Ce qu'il a osé dire de toi...

Bilbo étouffa un gémissement de douleur alors que l'emprise de fer se resserrait sur son bras, la chevelure du semi-elfe devenant entièrement blanche...Ivre de rage, l'Ombre blanche prenait la place de Mordred. Le loup sortait du bois et le hobbit ne pouvait que maudire intérieurement l'héritier de Durin d'attiser le feu sombre brûlant les iris du changeur de peau...

-Mon Cambrioleur...Poursuivit-il froidement. Oh mon cambrioleur...

Mordred dévoila ses canines comme il l'eut fait sous son autre forme. Pourvoyant son visage d'un sourire cauchemardesque.

-Oh mon chère Cambrioleur...Je...Je l'aurais dévoré vivant...La prochaine fois il goûtera aux poignards de mes crocs. La prochaine fois je découvrirais si son sang est aussi noir que son cœur.

-Il n'y aura pas de prochaines fois ! S'écria Bilbo horrifié par les paroles de Mordred, horrifié par la dureté de son regard cruel. Il n'y aura pas de prochaine fois !

Le hobbit secoua son poignet cherchant à se libérer. Le loup étrécit les yeux, sa poigne se resserra à nouveau tel un piège se refermant à chaque mouvement fait par celui tombé dans son engrenage.

Bilbo n'y fit pas attention. Trop obnubilé par son envie de se délivrer de la poigne de son ami, trop obnubilé par son envie de le secouer pour que le semi-elfe redevienne celui qu'il connaissait.

Mordred grogna, claquant des mâchoires malgré sa forme elfique. Le hobbit stoppa tout mouvement. Jetant un regard inquiet au changeur de peau. Son ami n'était pas lui même, l'angoisse noircissait sa raison, laissant place au loup. Un loup qui avait bien trop souvent perdu ceux qui comptaient pour lui...

Et son envie de se défaire de sa prise, ses cris n'avaient fait qu'alimenter cette rage instinctive. Lentement il tendit son autre main vers son ami sous le regard fixe du semi-elfe.

-Il n'y aura pas de prochaine fois. Répéta-t-il en douceur comme pour apaiser un animal blessé prêt à mordre pour se protéger. Il n'y aura pas de prochaine fois car tu seras là pour me défendre. S'il te plaît Mordred apaise ta colère...

Le semi-elfe resta de longues secondes à le regarder sans broncher puis lentement le regard du loup perdit sa dureté, ses cheveux redevinrent roux, sa prise se relâcha.

Un gémissement coupable franchit la barrière de ses lèvres devant le poignet que le semi-homme massait.

-Ce n'est rien. S'empressa d'ajouter Bilbo, face au regard contrit. Je plains le fou qui fera du mal à tes petits si tu deviens père un jour. Ajouta-t-il dans l'espoir d'alléger la situation

À ces mots, Mordred sourit doucement, son regard retrouvant une pointe d'amusement bien loin du froid mordant y ayant régné alors qu'il menaçait Thorin.

-Pour l'instant c'est toi mon petit. Et quoi que tu en dises le fou qui menace mon petit c'est le nain...Ne restons pas plus longtemps ici...Acheva le changeur de peau s'apprêtant à remonter.

Une chape de plomb s'abattit sur les épaules du semi-homme.

-Mordred attends ! Je...Je...

Son ami lui jeta un regard blasé par dessus son épaule.

-Arkenstone ou pas on remonte. Si le nain la veut tellement il n'a qu'à aller lui même la réclamer à son vieil ami.

-Ce n'est pas cela...Ajouta e hobbit en se tordant les mains. J'ai...J'ai trouvé la pierre. Mais...

-Parfait ! Échapper à la colère d'un dragon, ramener la foutue pierre...Et dire que certains trouvent les hobbits inoffensifs...

-Justement...Essaya de nouveau le semi-homme.

Avisant Mordred reprendre sa route, Bilbo serra les poings, supplia les dieux de lui donner la force de faire face à la réaction du loup quelle qu'elle soit et se prépara.

-Je n'ai pas échapper à la colère du dragon ! Son hurlement stoppa le semi-elfe.

Le hobbit baissa les yeux ne supportant de croiser les iris surprises de son ami.

-Comment as-tu survécu à sa colère dans ce cas...

-Grâce à toi...Grâce au loup blanc...

Mordred pencha la tête vers la droite s'humectant les lèvres. Cela devenait intéressant...

Pour une fois ce fut l'étreinte du hobbit qui se referma sur lui. Tel un enfant s'accrochant à la taille d'un adulte.

-Je suis désolé. Gémit son ami. Je suis désolé, je suis désolé...Il allait me tuer et j'ai parlé du loup blanc sans savoir ce que cela allait engendrer. Il m'a donné la pierre, il m'a laissé partir en échange de ta présence. Je ne voulais pas Mordred. Je...

Il avait donc raison...Le dragon connaissait son ancêtre même par le titre que son peuple lui donnait.

-Je ne t'en veux pas. Sourit Mordred. Je suis heureux que cela t'ait sauvé.

Sa main caressa les boucles du semi-homme avec douceur.

Cela devait arriver, une partie de lui espérait que cela arrive...Il craignait et désirait rencontrer le dernier cracheur de feu. Si cela avait en plus sauvé son cambrioleur. C'était bien...C'était bien mais cela exposait Bilbo...Cela le rattachait à lui aux yeux de certaines créatures, des créatures bien plus dangereuses que les orcs ou les gobelins. L'ombre blanche se pinça les lèvres. Mais lui aussi était dangereux maintenant, plus dangereux que ce qu'il n'avait jamais été.

Avec douceur il repoussa le hobbit, ses iris ambres croisèrent celles brillantes de larmes retenues du cambrioleur. Le loup retint un soupir. Ciel...Bilbo était...était Bilbo...

-Va rejoindre les nains...Dis que tu ne m'as pas vu...Je reviendrais. Tout ira bien.

Le regard que le semi-homme lui renvoya n'était pas dupe. Le loup pourrait ne jamais revenir. Mais il y avait tant de choses que Bilbo ignorait sur lui. Tant de choses que lui même n'était pas sûr de comprendre. Il adressa un dernier sourire confiant à son ami. Le même sourire que sa mère lui faisait quand il avait peur d'un orage éclatant au beau milieu de la nuit.

-Mordred...Chuchota Bilbo avant qu'il ne parte. Pourquoi le dragon veut te rencontrer...Pourquoi connaît-il le loup blanc.

Le semi-elfe ouvrit puis referma la bouche, l'Anneau se faisant lourd à son doigt.

-Je l'ignore...Répondit-il finalement.

Il ignora le regard blessé que son ami lui renvoya. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas le mêler à cela. Bilbo ne comprendrait pas...Personne ne pouvait comprendre...Seuls ceux de son sang aurait pu le comprendre...Mais il était le dernier à présent.

-Tu peux avoir confiance en moi...Quoi que j'apprenne, quoi que je découvres.

Le loup tressaillit. Bilbo lui avait déjà dit cela devant une fresque peinte dans une cité elfique. Une fresque montrant Isildur arrachant l'Anneau de la main de son ancêtre. Une fresque contant ce qui n'était autrefois qu'une histoire inconnue. Ce qui maintenant était son passé. Ce qui maintenant écrivait son futur.

-J'ai confiance en toi. Souffla Mordred.

Sans attendre de réponse loup s'engouffra dans le couloir acheminant la senteur âcre de la fumés et celles florales du hobbit. Ce n'était pas une question de confiance...La confiance n'avait plus d'importance...Il devait protéger son ami de ce qui lui même prévoyait. Il devait le protéger de ce sombre passé suivant à jamais les pas du loup.

Il devait se protéger de ceux qui un jour voudraient lui nuire. De ceux pouvant se servir du hobbit pour le blesser.

''Il est ta faiblesse'' Ricana une ombre en lui. ''La même faiblesse ayant aveuglé ta mère...Il te rend faible...Ils te rendront faible...Ton frère, tes amis, le hobbit...Ils sont ta faiblesse...''

Le loup gronda, ses canines mordant l'intérieure de ses joues.

''Assez ! Je ne suis pas faible, je ne suis pas Aenor. ''

Seul le silence lui répondit.

.

.

Mordred se glissa entre les ombres régnant dans les couloirs centenaires. Son pas s'était fait aussi silencieux que celui d'un loup en chasse. Ses oreilles frémissaient attentives au moindre bruit. Son regard transperçant le monde de roche se refermant sur lui alors qu'il suivait l'odeur florale de Bilbo dans le labyrinthe de pierre esquissant Erebor.

Le loup s'arrêta le temps d'un battement de cils, observant tête penchée vers la droite la lumière chaude se reflétant sur les murs sombres. Il n'était plus très loin à présent...Eusse-t-il été sous son autre forme qu'il aurait agité sa queue dans un mouvement de pendule attestant de son excitation. Pas une bonne d'excitation...Instinctivement il caressa l'Anneau à son doigt. Ce serait si simple de se dissimuler dans le monde des ombres...

Mais il ne voulait pas révéler toutes ses cartes de suites. Smaug voulait le rencontrer...Fort bien...Mais ce serait lui qui dicterait les règles du jeu. Un jeu où il ne souffrait d'aucune honte à tricher en gardant un carte dans sa manche. Ou plutôt un anneau de pouvoir à son doigt si la partie devait jouer en sa défaveur. Après tout les dragons d'après les histoires étaient prompts à la colère. Lui était prompt à la provocation. Les dragons aimaient manipuler. L'Ombre blanche l'aimait également...

Restait à savoir qui des deux reliques du passé serait la plus fine lame dans ce jeu de feu et de tromperie.

Le loup esquissa un léger sourire. Ah ce que cette rencontre serait plaisante, surprenante, intéressante...

Sous sa bravade son instinct n'était pas aussi confiant. Susurrant dans le creux de son oreille que le dragon était un prédateur bien plus dangereux et grand que lui. Rencontrer le cracheur de feu c'était lancer une pièce et attendre de voir de quel coté elle retomberait. Ou on gagnait...Ou on perdait...Il n'y avait pas de demi-mesure. À moins qu'elle ne se fige sur sa tranche dans un équilibre précaire tel un funambule oscillant dans le vent.

Il dut suivre encore quelques minutes la trace laissée par l'odeur du semi-homme avant d'arriver face à la même étendue que le hobbit avait contemplé il y a peu...

Un sifflement appréciatif franchit la barrière de ses lèvres. Son regard minutieux décortiquant avec l'appréciation d'un artisan chevronné les colonnes sculptées serties de pierres, les hauts ponds en marbre noirs parcourus d'entrelacs d'ors et d'argents, les puits de lumière ricochant sur les joyaux créant des mosaïques de feu sur les murs sombres.

C'était beau...D'une beauté plus brute et indomptée que celle tant prisée par les elfes. Une beauté chantant la puissance des montagnes, de la roche, du feu, du chant de l'acier martelé sans relâche...

C'était une architecture bien plus plaisante aux yeux du loup que celle délicate, emplie de courbes voluptueuses des domaines elfiques. Ici il pouvait sentir le désir caché des artisans de saisir la nature non pas dans sa douceur mais dans sa force implacable et séductrice à la fois.

Sculpter dans la pierre sa grandeur et sa cruauté. Graver dans le marbre sa générosité et sa dureté. Dessiner dans le granit les courbes envoûtantes d'une rivière volage, tracer dans le grès les crocs cruels des pics déchirant l'horizon, rendre au marbre la grandeur des forêts profondes aux secrets oublié par le temps, capturer dans l'or l'étincelle dansante d'un feu dévorant.

Cela faisait vibrer sa fea d'une joie teintée d'un élan de mélancolie qu'il ne comprenait pas et qu'il ne chercha pas à comprendre alors qu'il descendait entre les marches couvertes de pièces que ses pieds évitaient comme par enchantement.

Son regard toujours perdu entre les créations des nains ayant survécu au passage d'un dragon ivre de rage et d'or. Pourtant ça et là des murs portaient la trace de griffes ayant scarifié la roche. Des pierres avaient été arrachées de leur en-socle meurtrissant les colonnes serties de joyaux. Des flammes avaient fait fondre le marbre créant de singulières sculptures. Loin de ternir le royaume souterrain cela ne le rendait que plus sublime, plus vivant, plus puissant...

Un royaume ayant vécu, un royaume gardant la trace d'une vie longue dans un monde où seuls les plus forts restaient éternels portant leurs cicatrices avec honneur telles des parures de guerre attestant qu'ils s'étaient relevés là où d'autres avaient sombré dans l'oubli des âges.

Il aurait pu marcher longtemps entre les salles centenaires du peuple de Durin. Ses yeux flamboyant perdus dans l'artisanat nain régnant dans chaque murs taillés avec soins, dans chaque entrelacs délicats et sauvages à la fois, dans chaque sculptures représentant divinités ou bêtes de légendes.

Il aurait pu se perdre indéfiniment dans ses pensées, se perdre dans les murmures qu'il percevait sans les comprendre, se perdre dans ce lieu éveillant tant de sentiment de grandeurs et de nostalgies. Se perdre dans l'envie de création chatouillant le bout de ses doigts, envie inspirée par ce lieu de règnes et de tragédies.

À force de ne pas regarder où il marchait le loup manqua de trébucher. Son pied se posant sur un objet bien plus volumineux qu'un pièce de monnaie ou qu'une pierre taillée. Ce ne fut que grâce à son équilibre de chat agile qu'il se rétablit avant de s'étaler dans le nid de richesse amoncelée par le dragon.

Mordred plissa les yeux ramassant l'objet ayant manqué de le faire chuter. C'était une couronne d'or rouge et sable se mélangeant dans un délicat effet rappelant le Damascus*. Ce ne fut pas la couleur de l'or qui retint l'attention du semi-elfe. Ce fut les trois pierres l'habillant...

Mordred inspira, son cœur tambourinait dans sa poitrine, ses yeux ne pouvant se détourner des deux rubis sang de démon* entourant un saphir d'un bleu profond. Sa prise se resserra sur la couronne. Son regard plongé dans les reflets des trois joyaux.

Trois joyaux sur une couronne, trois joyaux étincelants...

Ses jointures blanchirent à mesure que sa poigne se refermait sur le métal, l'or lui mordant le bout des doigts.

Trois joyaux sur une couronne, trois anneaux de pouvoir. Trois joyaux de pouvoirs...

Sa respiration devint hachée, il allait la jeter de rage, une rage aussi froide et incompréhensible que celle ayant pris possession de lui face à Gollum. Il allait la jeter, la piétiner, la détruire, la faire fondre dans le feu liquide !

Trois joyaux de pouvoirs étincelants.

Il allait...Il allait...Il all...

Et sa couronne vermeille, promesse d'un règne éternel.

Il la posa sur sa tête. Elle lui semblait lourde et légère à la fois.

Si légère, si lourde...

Le regard de l'Ombre blanche se tourna vers un bouclier d'argent poli. Son reflet lui renvoya un sourire intriguant. L'or roussi de la couronne se fondait entre ses mèches de cheveux, les rubis chantaient un rire sanguinolent, le bleu du saphir tranchait tel un éclat mettant en valeur son regard d'ambres fendues brillantes de malice.

Il pencha la tête sur le coté, il n'avait jamais songé porter une couronne. Jamais...Mais elle lui plaisait, il pourrait la garder...

Il voulait la garder !

Sa main frôla un des joyaux, celui du milieu, le plus impressionnant. Sa pureté faisant ricocher en milles nuances la lumière et son bleu profond rappelait celui d'une soie glacée.

Il la garderait...

Qui pourrait l'en empêcher...Lui aussi avait une part du trésor lui revenant. L'or ne l'intéressait pas. L'or ne l'avait jamais intéressé...

Il se contenterait de cette babiole semblables aux autres. Une couronne parmi tant de richesse. Une couronne perdue au milieu de centaines de joyaux, de bijoux, de diadèmes, de tiares plus extravagants.

Une couronne sertie de trois joyaux...

Une couronne si étrangement plaisante au regard du loup. Tel un prix lui revenant de plein droit. Tel un symbole devant lui appartenir. Telle une histoire à conquérir.

Or roussi, rubis sanglant, bleu saphir envoûtant...Les couleurs d'un règne, d'un monarque. Les couleurs d'un brasier.

Sa couronne, ses couleurs maintenant qu'il convoitait un royaume.

Maintenant qu'il avait décidé de régner sur ce qui lui appartenait. Sur ce qui lui avait toujours appartenu. Régner sans partage. Lui et lui seul. Sans personne pour juger, diriger, dicter ses choix. Peu importe ce que cela coûtera, peu importe ce que cela écrira...

.

.

S'aventurer entre les abysses de l'océan de richesses aux vagues d'or massif était une tâche ardue même pour lui...Son pas léger faisait crisser les pièces de monnaies éveillant un bruit tonitruant pour l'ouïe d'un prédateur errant dans ce monde silencieux.

Mordred grinçait des dents à chaque gémissement métallique usant sa patience. À défaut de se rendre invisible, le loup tenait à être silencieux et choisir lui même quand il annoncerait sa venue au dragon. Mais les moult richesses dispersées par le cracheur de feu rendait cela fort compliqué. Donnant l'irrésistible envie au semi-elfe de céder à son coté impulsif désirant envoyer à coup de pieds les objets sur son passage créant un tintamarre de fer assez puissant pour réveiller les spectres des nains étant tombés sous le règne du Doré.

Aussi tentante que fut cette envie, Mordred n'y céda pas. Ce n'était pas une bonne idée, certainement une des pires qu'il pourrait avoir même si elle se montrerait défoulante un court instant...Alors le loup musela à doubles tours cette envie brûlante et reprit sa descente suivant l'odeur âcre laissée par la peur du hobbit quand celui-ci avait fui.

Il n'eut qu'à descendre encore quelques mètres, mâchoires serrées sous l'irritation provoquée par les chuchotements sous ses pas avant que son ouïe ne perçoive un autre souffle que le sien. Un souffle bien plus profond et long. Le changeur de peau avisa une large colonne derrière laquelle il se glissa observant avec milles précautions le profil du dragon doré attendant sa venue.

Le cracheur de feu huma l'air, sa tête massive cherchant à saisir d'où l'effluve diffuse provenait.

-Je connais cette odeur. Ronronna une voix étonnement fine et agréable pour un être aussi imposant. L'odeur d'un autre temps, celle d'un âge lointain. Viens, viens à moi.

Une dernière fois le semi-elfe caressa l'Anneau à son index avant de sortir de sa cachette sans chercher à dissimuler le bruit provoqué par ses pas heurtant les biens du dragon. Les pierres sous ses pieds chantèrent en se frottant contre l'or telles des serviteurs annonçant à leur maître la venue d'un autre seigneur.

Le dragon tourna sa tête vers lui son regard brillant semblable à deux feux follets piégés entre ses écailles de cuivre roussi. Ses babines se relevèrent en un sourire emplit de crocs terrifiants.

Mordred s'arrêta à quelques mètres du drake observant Smaug avec intérêt comme le dragon l'observait ses narines crachant un filament de fumée sombre à chaque expiration.

Le semi-elfe s'avança de nouveau, son regard perdu dans le brasier qu'était celui du grand drake doré. Aucun d'eux ne cligna des yeux, aucun d'eux ne bougea.

Mordred était fasciné par l'être de flamme se tenant devant lui, fasciné par les nuances de feu courant le long de son corps nerveux, fasciné par ce regard étrangement semblable au sien, fasciné par son aura sortie d'un autre monde, un monde plus mystérieux. Fasciné par chaque courbe, chaque angle, chaque arrête construisant la silhouette du dernier drake dont l'ombre était crainte par les elfes, les hommes, les nains et mêmes les magiciens.

-Bonjour Smaug le doré.

Le dragon inclina la tête sa langue bifide goûtant l'air ambiant.

-Bonjour loup blanc...Bonjour lieutenant.

Lieutenant...

Mordred se retint de feuler. Il n'était le lieutenant de personne et ne le serait jamais !

Lieutenant...

Se soumettre n'était pas dans sa nature.

Lieutenant...

Jamais le loup ne se contenterait d'une seconde place, jamais !

Le dragon le prenait pour son ancêtre...L'Ombre blanche l'avait supposé dés que Bilbo lui avait confié comment il avait su échapper à la colère du roi sous la montagne.

Lieutenant...

Il ignorait tant de choses sur ce passé jouant les règles du présent. Il ignorait tant de choses sur le passé de sa lignée. Sur celui les ayant enfanté. Tant d'histoires ayant écrit le monde dans lequel il vivait. Tant d'histoires, un héritage dont on l'avait privé. Histoires qui encore une fois intervenaient dans sa vie, intervenaient dans ce qu'il comptait accomplir.

Lieutenant...

Qui Sauron avait-il servi, qui reliait son ancêtre et les dragons...Qui...Il avait l'impression de connaître la réponse, elle était là quelque part perdue dans la tapisserie ébréchée qu'était sa mémoire sans qu'il ne parvienne à saisir où et quand cela lui avait été dit.

-Lieutenant...Répéta le semi-elfe. Voilà bien longtemps que je n'avais plus entendu ce titre.

-Oh je peux le présumer. Siffla le dragon en se penchant vers lui. Tu étais plus grand à l'époque. Ronronna-t-il moqueusement.

Mordred ricana à son tour continuant son improvisation. Ne cessant de jouer le rôle d'une créature ayant été un égal et même bien plus face à la puissance d'un dragon.

-Et toi tu étais bien plus petit. Ronronna le loup à son tour.

Les yeux du dragon brillèrent d'amusement. Mordred étrécit les siens appréciant moyennement l'amusement qu'il percevait dans les iris reptiliennes. Lui mieux que quiconque savait qu'amuser un prédateur pouvait s'avérer dangereux...Très dangereux...Et il aimait moyennement être celui qui devait marcher sur des braises en essayant de ne pas finir brûler.

-Oui...J'étais bien plus petit. Smaug arqua son cou, penchant son visage à hauteur de celui du semi-elfe. Plus petit et bien plus jeune. Une époque si lointaine...Une époque où tu n'aurais jamais porté une couronne sertie de trois joyaux. Une époque où cela ne t'appartenait pas. Acheva le dragon, crachant un filet de cendre au visage de l'Ombre blanche.

Mordred serra les mâchoires, il se jouait quelque chose autour de lui sans qu'il ne puisse en saisir le sens profond, réduit à attraper de minces esquisses dépourvues de signification tangible. Une nouvelles fois les éléments du passé dont les elfes l'avaient si longtemps éloigné revenaient narguer son ignorance. Une nouvelles fois le loup finissait aveugle, incapable de voir les subtilités, murmures d'un autre âge, tapies dans chaque parole du Doré.

Le semi-elfe cacha son désarroi. Montrer à Smaug qu'il ne comprenait pas serait le changer en proie. Il devait rester un minimum dans le jeu et continuer de bluffer.

Sans se départir de son sourire malicieux, il porta une de ses mains vers la couronne frôlant délicatement un de ses joyaux.

-Je trouvais qu'elle m'allait au teint. Susurra-t-il en penchant légèrement la tête sur sa droite.

-Toujours aussi narcissique lieutenant...

à son tour le drake pencha légèrement sa tête sur la droite dans une parfaite imitation du loup.

Mordred ne put contenir son rire honnêtement amusé. Malgré le danger il appréciait cette rencontre hors du temps et du monde. Il avait toujours aimé jouer avec le feu...

-Venant d'un dragon je prends cela comme un compliment.

Le drake émit un grondement amusé, ses babines esquissant dans un cliquetis d'écailles un sourire remplit de crocs.

-Et ta langue n'a rien perdu de sa répartie affûtée...

Sans le quitter des yeux le dragon déplia sa silhouette, le Doré s'allongeant, pattes croisées, entre ses richesses. Le chatoiement de ses écailles de cuivres fondus faisant passer pour un vulgaire métal l'or des nains.

-Alors lieutenant. Susurra-t-il. Pourquoi es-tu ici ?

Mordred s'humecta les lèvres. Les civilités étaient finies. Maintenant le jeu commençait vraiment. La moindre parole pourrait s'avérer cuisante...À lui de savoir tordre comme du fer chauffé ses mots pour envoûter le grand drake doré. Il savait faire cela...Il avait toujours su le faire pour arriver à ses fins. Les mots étaient tel du fer...Malléables et résistants quand on savait comment les travailler.

-Tu ne devines pas ?

À son tour il prit place, s'asseyant sur un coffre ne perdant rien de son maintient droit et fière.

La queue du dragon tressauta, bougeant nerveusement comme un serpent venimeux venant frôler les bottes rapiécées du semi-elfe.

-Je peux supposer bien des raisons...Cependant ton esprit est insaisissable quand tu décides de te révéler.

Mordred pouffa, une main dissimulant son sourire carnassier. La balance du jeu penchait à sa faveur pour l'instant.

-Être insaisissable est une qualité. Comment mes ennemis pourraient-ils me comprendre si même mes alliés ne le peuvent.

-Alliés ? Ricana le dragon, ses griffes creusant dans un bruit strident les dalles de marbres. Sommes-nous alliés ?

Le loup ne se dépourvut pas de son léger sourire malgré la méfiance s'éveillant lentement face aux derniers mots sifflés par le cracheur de feu.

-J'ai bien du mal à concevoir lieutenant que tu voyages en compagnie de ceux que j'ai chassé d'ici.

Sa tête massive s'approcha une nouvelle fois au plus près du semi-elfe sans le toucher. Sa langue bifide balaya le visage du loup, Mordred ne broncha pas restant statue de marbre peint. Ignorant son instinct lui hurlant que le jeu devenait trop dangereux. Ignorant cette peur animale lui ordonnant de fuir.

Le changeur de peau fit taire ce que sa mère lui avait appris à toujours écouter. Il n'avait pas fini et une partie de lui ne pouvait tolérer que le dragon mène leur échange.

Cela lui était intolérable !

-Bien du mal. Continua Smaug. À concevoir que tu portes en toi la senteur des elfes et que tu protèges une créature aussi douce et fragile que ce pitoyable voleur.

Pitoyable...Sous la peur tordant le ventre du loup, la colère de l'Ombre blanche rugit.

-Suffit ! Cracha l'Ombre blanche. Mes alliances ne concernent que moi dragon ! Contrairement à toi je sais déguiser ce que je suis et dissimuler mes envies avant d'arriver à mes fins. Et garde toi de parler en de tels mots du voleur ! Il m'est précieux, il est sous ma protection !

-Se dissimuler et se cacher. Feula dédaigneusement le drake doré. En voilà à quoi tu es réduit...

Mordred cracha, ses yeux s'étrécissant de colère. Les mots du dragon avait éveillé une fureur assez puissante pour brûler toute peur, une fureur s'éveillant au plus profond de son être.

-Moi je chemine au grand jour...Là où toi tu restes calfeutré dans ton or, là où toi tu restes sans bouger à engraisser. Un dragon tapit sous une montagne tel un pauvre lézard apeuré se terrant dans les fentes d'un muret au moindre mouvement. Regarde toi...Tu n'es plus craint...Regarde toi ton ombre a été oubliée au point que treize nains se sentent assez puissant pour venir te défier...Tu es mort sans l'être...

-Lézard ! Vociféra le cracheur de feu, sa gueule vicieuse emplie d'étincelles. Qui appelles-tu lézard forgeron !

Le drake se redressa, déployant ses ailes pour amplifier son envergure. Son corps massif heurta un pont de marbre le faisant crouler, les débris heurtant ses écailles sans même les érafler.

L'instinct du loup lui hurla de fuir, de devenir invisible. Mordred n'en fit rien pétrifié par la fureur que le dragon avait embrasé en lui. Une fureur aussi brûlante que les écritures voltigeant sur un anneau au combien banal que le semi-elfe portait.

-J'ai survécu là où Ancalagon le noir est tombé ! J'ai échappé au destin de Glaurung ! Dévoré la race de ceux ayant vaincu Scatha ! Je suis le dernier à vivre dans ce monde. Je suis le plus puissant des enfants que Melkor a créé ! Mes crocs sont des épées, mes griffes des lances acérées, mon armure est de fer ! Et mon souffle est le plus puissant des brasiers !

La gorge du dragon étincela, une gerbe de flamme quitta sa gueule. Assez puissante pour faire fondre or et marbre à sa portée créant de nouvelles sculptures rappelant de la lave. Assez puissante pour roussir le tissu d'ébène habillant le semi-elfe qui ne recula pas d'un pas. Ses yeux ambrés fixant un endroit terne, protégé par nulle écaille.

-Ton armure est brisée. Répondit froidement l'Ombre blanche. Les hommes t'ont déjà touché...Ils te toucheront encore...Pars, quitte la montagne et rejoint le Mordor...Où tu connaîtras le même destin funeste que tes frères trop imbus d'eux mêmes pour se soumettre à la réalité.

-Que j'abandonne la montagne ? Hurla de rire Smaug. Que j'abandonne ma montagne pour rejoindre tes terres, que crois-tu ferronnier...Je ne prends pas d'ordre de ta part, l'aurais-tu oublié à force de fréquenter la vermine qu'autrefois tu méprisais ? Cette montagne m'appartient ! J'ai dévoré le peuple de Durin, chassé ses souverains. Mon souffle a détruit Dale et ses ruines chantent encore ma désolation. Erebor porte les traces de ma puissance !

Dans un hurlement le dragon sa cabra de quelques mètres avant de taper ses pattes avant au sol, explosant le marbres en milles éclat tranchant comme des dagues. Sa queue balaya avec colère les richesses à sa portée créant un vague de bijoux s'écrasant dans un cri métallique au pied de l'Ombre blanche.

-Je détruirais les insectes rampant venu avec toi jusqu'à mon royaume. Puis je détruirais tout ceux ayant oublié la crainte de mon NOM !

Son regard dément plongea dans celui du loup resté aussi froid qu'une nuit sans lune.

Mordred se mordit les lèvres avant de se mettre à ricaner de plus en plus fort en applaudissant avec mépris sous le regard furieux du dragon.

Le regard de l'Ombre blanche flamboya une dernière fois avant que le loup ne disparaisse sous les yeux écarquillés du cracheur de feu qui poussa un rugissement de rage.

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L'air entourant Dol Guldur était sec et froid...Si froid...

Un froid cruel rongeant vos chaires, un froid aimant lacérer de ses dagues de givres vos poumons, un froid se plaisant à déchirer votre gorge à la moindre inspiration.

Un froid glacial ! Surnaturel...Un froid aux bras invisibles effleurant la silhouette de l'istari venu se perdre jusqu'à lui...

Gandalf s'humecta les lèvres, au delà de ce froid macabre l'air était imprégné d'une chose ancienne. Une chose noire, un poison d'un autre âge. Un poison tapit dans chaque fissure, dans chaque pierre esquissant les ruines du mont de la sorcellerie.

Le magicien sentait cette chose régner autour de lui. Il sentait sa noirceur, il sentait ses griffes grincer contre les murs envahis de lierres décharnés. Il sentait son regard malfaisant suivre chacun de ses mouvements. Il devinait son ricanement errer autour de lui, s'enroulant et se déroulant tel un serpent...

Une nouvelle fois il abattit son bâton au sol clamant des phrases au sens oublié par les affres du temps, phrases imprégnées d'une magie aussi ancienne que ce monde. Une nouvelle fois seul le silence glacial lui répondit...Une nouvelle fois rien ne bougea, la forteresse restant allégorie d'un lieu de mort et d'abandon.

Pourtant c'était là...Proche et inaccessible à la fois. Proche sans que l'on puisse le saisir tels des filaments de fumées disparaissant à chaque fois que votre main se refermait sur eux.

Gandalf resserra sa prise sur son bâton, les ombres restaient insensibles...Pire...Les ombres semblaient rire. Lui donnant l'impression que des milliers d'yeux perçants pétillaient d'amusement. Un frisson le parcouru, l'instinct habitant son corps s'agita d'angoisse lui murmurant qu'il n'était qu'une distraction pour ce qui se tairait ici. Et que si distraction l'istari était jamais il n'aurait du venir seul ! Qu'il fallait partir, qu'il fallait renoncer, qu'il fallait...

Gandalf s'ébroua mentalement. Il ne devait pas écouter les paroles apeurées s'enracinant dans son esprit. C'était ce que leur ennemi attendait. Un ennemi aux milles illusions...Mais il ne se laisserait pas avoir aussi facilement ! Et peu importe ce qui se cachait en ce lieu et le forcerait à se montrer !

Une magie éblouissante émergea de l'istari balayant l'ensemble de la forteresse d'un halo aveuglant. Rien ne se passa...Rien ne se montra...

Pensif le magicien monta une dernière volée de marches l'amenant au dernier étage tenant encore vaillamment debout. Le dernier étage de la forteresse, celui où l'ancien disciple d'Aule avait résidé, ses quartiers surplombant l'horizon.

Une nouvelle fois Gandalf invoqua la magie offerte par les Valar, la faisant courir dans la plus petite fissure creusant les pierres centenaires.

Rien n'y fit...

Caressant sa barbe, il s'appuya contre un mur en partie effondré.

-Que dois-je voir Manwe...Que dois-je comprendre. Souffla Olorin*.

Seul le silence lui répondit. Depuis qu'il avait quitté les terres immortelles c'était le silence à la place de la voix de son maître qui lui avait toujours répondu...

Son regard gris ardoise portant bien trop de vies pour son apparence humaine se perdit dans l'horizon. Au loin une aube pâle se levait dévorant les dernières ombres issues de la nuit.

L'horizon...

L'istari fronça ses sourcils, il avait déjà vu pareil paysage. Il avait déjà vu l'aube se lever ici.

D'un bond il se redressa, tournant sur lui même, balayant d'un regard vif les murs l'entourant. Il connaissait ces murs ! Il connaissait ce mur contre lequel il s'était appuyé. Sa main se posa sur la pierre glacée recouvertes de plantes séchées par le givre des temps.

C'était ce lieu qu'il avait vu dans les tombeaux emprisonnant les neuf...

C'était ici qu'une louve avait donné naissance à ses petits.

Trois louveteaux noirs, un louveteau blanc...

C'était ici qu'Aenor avait donné la vie à son unique fils survivant.

C'était ici qu'un loup blanc avait ouvert les yeux sur un monde embrasé par le soleil levant.

C'était ici que Mordred avait porté pour la première fois le feu ambré de son regard encore aveugle sur la terre du milieu.

-Eru...Souffla Olorin.

Un loup blanc, une lame du passé, un nécromancien...

Un enfant naissant dans une forteresse érigée par son ancêtre, les ombres se réveillent, l'ennemi attend...

Un enfant devenu ombre errant seul d ans un monde hostile et réapparaissant après plus d'un siècle.

Un enfant disparu, l'ombre oubliée d'un royaume elfique, un oubli revenant à la croisée des chemins.

Un enfant, une lame, un loup.

Un enfant aux yeux d'ambres, une lame noire, un loup blanc...

Un reflet du passé narguant le présent, un reflet au feu moqueur brûlant ses yeux d'ambitions, un reflet semblable et différent.

Un reflet, un hériter, un successeur.

L'histoire ne peut se répéter !

L'histoire rime, l'histoire rime depuis trop longtemps, l'histoire n'a jamais cessé de rimer...

De dépit, de colère, de rage Gandalf hurla, sa magie se déploya, son bâton heurta le sol fissurant la roche. Un cri strident lacéra son esprit manquant de le faire tomber, sa main se leva vers son front pour soutenir sa tête pulsante de douleur.

Et il la sentit.

Une présence...Une présence au regard bien réel lui clouant le dos.

Un souffle froid serpenta dans le sang de l'istari, sa main caressa sa lame, lentement il expira...

Avec la rapidité propres aux Ainur il fit volte face prêt à contrer ce qui était sorti des ombres. Son épée heurta le sol dans un bruit tonitruant, ses yeux s'agrandirent sous le choc, n'arrivant à comprendre ce qu'ils voyaient...

Un vieux nain l'observait. Son corps maigre étaient recouverts de guenilles délavées par de trop nombreuses pluies, ses cheveux étaient emmêlés, sa barbe rasée ne pouvait cacher un visage émacié parcouru de multiples cicatrices creusant un peu plus ses traits décharnés.

-Thror...Souffla Gandalf, s'approchant sans y croire. Thror vous souvenez-vous de moi ?

Deux yeux brumeux se levèrent vers son visage. Milles tourments, milles cauchemars, milles supplices assombrissaient ses iris autrefois d'un bleu métallique.

Avec précaution Gandalf se pencha vers l'ancien seigneur d'Erebor, sa main se posant sur son épaule. La peau de Thror était froide...Froide et sèche comme tout ce qui demeurait à Dol Guldur...

Le nain ne broncha pas au contact du magicien, semblant ne même pas sentir la paume chaude de l'istari s'étant posée sur lui. Semblant ne même pas remarquer la présence du magicien gris, ses yeux le fixant sans le voir.

-Il ne se montrera pas...Railla-t-il d'une voix devenue rogue de ne plus avoir servi pendant bien longtemps. Ce n'est pas vous qu'il attend...Vous ne l'intéressez pas...

Le magicien ignora le malaise lui tordant le ventre suscité par ces mots.

-Thror...Me reconnaissez-vous ? Je suis...

Le regard que lui jeta le père de Thorin tua ses derniers mots. Les yeux du nains avaient perdu ce voile opaque semblant le séparer du monde tangible. Son regard était désormais clair et froid. Semblable à une lame d'acier ciselé avide de sang vivace.

-Ne restez pas ici...Poursuivit l'ancien seigneur nain. Vous n'êtes rien pour lui...Ce n'est pas à vous qu'il se montrera.

-Qui ! Qui se cache ici Thror ! Insista Olorin. Je dois le savoir !

Un sourire dément naquit sur son visage, révélant une bouche noire, édentée.

-Vous le savez...C'est celui que les âges ont oublié mais que l'on n'a jamais cessé de craindre.

L'istari resserra sa prise sur son bâton certain de percevoir à nouveau ce rire régnant entre les ombres, régnant entre les murs tenant encore debout, régnant dans la brume serpentant au sol, régnant dans la moindre fissure, régnant dans le lierre mort étouffant les roches de son étreinte de pierre, régnant dans le regard du nain cherchant à étouffer un rire incontrôlable.

Les mains de Thror saisirent son manteau, obligeant Gandalf à se pencher vers lui. Son regard d'acier brillant de folie se figea dans celui de l'Ainu, son souffle putride balayant son visage.

-Il voulait que je vous dise ceci. Il savait que vous viendriez seul...À présent partez...Siffla-t-il avant de se mettre à hurler. Partez ! Partez ! PARTEZ !

D'un geste brusque il repoussa Gandalf et sous le regard horrifié de l'istari il s'élança vers le vide en courant, hurlant à nouveau de rire.

-NOOON ! Cria Olorin s'élançant à son tour.

Trop tard.

Sans cesser son rire hystérique le père de Thorin se laissa tomber. Un sourire dément déformant ses traits, son regard fou se fixant une ultime fois dans celui épouvanté du magicien.

Le cœur au bord des lèvres Olorin s'avança. Du corps de Thror ne restait qu'un pantin aux membres brisés se teintant de rouge.

-Puissiez-vous rejoindre la demeure d'Aule et y trouver paix et guérison...Murmura le magicien au corps du défunt. Vous auriez été fière de votre fils Thror fils de Thrain, descendant de Durin.

Une dernière fois son regard ardoise se porta vers les ombres régnant au cœur de l'édifice. Olorin se mordit l'intérieure des joues de colère, un goût métallique imprégna son palais, son poing blanchit autour de son bâton.

Mais il ne pouvait rester ici plus longtemps. Il devait rattraper la compagnie, il devait retrouver le fils d'Aenor. Venir ici avait été une erreur, un leurre dans lequel il était tombé en traversant la forêt noire. Il avait déjà perdu trop de temps. Les ombres ne se montrerait pas. Pas à lui...Les ombres attendaient un autre. Les ombres attendaient semi-elfe. Un loup dont le sort de ce monde était lié au chemin qu'il choisirait.


*1) L'acier de Damas ou Damascus est un effet obtenu en soudant des aciers de différentes nuances afin d'obtenir des motifs plus ou moins complexes, je vous invite à aller voir sur google image pour vous donner une idée plus précise.

*2) Pour désigner un rubis d'un rouge profond et donc plus précieux on utilise le terme rubis sang de pigeon...Trouvant l'appellation un peu hors de propos pour l'univers de Tolkien je me suis permise de le changer pour sang de démon. Petit clin d'œil à la bestiole cornue vivant dans la Moria.

*3) Olorin est le premier nom de Gandalf quand celui-ci vivait toujours dans les terres immortelles.