Résumé : Recueil d'OS à partir de citations.
Disclaimer : L'univers de Stargate SG-1 et les personnages ne m'appartiennent pas : ils appartiennent à la MGM/UA et à leurs auteurs. Je n'ai pas l'intention de discréditer les acteurs, les auteurs ou autre personne impliqués dans l'univers Stargate.
Il s'agit d'une fiction pour laquelle je ne reçois aucune rémunération à l'écriture.
Genre : Un peu de tout, mais surtout Angst, Romance, Friendship. Sam & Jack, bien évidemment, mais d'autres aussi.
À l'aube du lac
« Il n'y a pas d'amour sans peur de l'amour. » Françoise Sagan
— Alors, on va pêcher ?
La question de Jack O'Neill dans le bureau de son meilleur ami et collègue Daniel Jackson rompit le silence qui y régnait.
— Votre chalet, O'Neill ? demanda Teal'c.
— Bien évidemment, T. Je ne connais pas de meilleur endroit au monde pour aller pêcher.
— Pourquoi pas, ça peut-être reposant, répondit Daniel.
— Ah j'aime cet état d'esprit, Daniel. Du repos, et rien d'autre que du repos. Carter ?
Les trois hommes observèrent Samantha Carter. Oh bien sûr, Jack savait à l'avance sa réponse. Mais elle venait de perdre son père, avait rompu ses fiançailles. Il espérait vraiment que cette fois-ci elle accepterait une semaine de repos avec eux. Avec lui.
— Je… commença-t-elle.
Elle baissa la tête, peu sûre de sa réponse. Une semaine avec les gars, c'était exactement ce dont elle avait besoin, après tout. Mais une semaine avec lui, dans son chalet… n'était-ce pas un tout petit peu jouer avec le feu ?
— Ne vous en faites pas Carter, je comprends. Le réacteur à naqahdah à toute votre attention. On vous enverra une carte postale, dit Jack d'une manière douce et amusée.
Il arrivait très bien à cacher la déception dans sa voix. Tous ses refus, tout au long des années… Il était habitué à ce que Sam le regarde partir de la base, un sourire aux lèvres et un « Amusez-vous bien, Monsieur. »
— À vrai dire ça me plairait beaucoup, mon Général.
Toutes les alarmes de son cerveau étaient activées et sonnaient de toutes parts. Elle ferma doucement les yeux, les mots « DANGER » et « ALERTE » écrits en lettres rouges dans son esprit. Mais que lui avait-il pris ? Teal'c leva un sourcil. Daniel ouvrit de grands yeux ronds. Jack quant à lui avait la bouche ouverte, ne sachant quoi répondre. Ils restèrent bloqués ainsi durant plusieurs secondes, jusqu'à ce que Sam reprenne la parole.
— On part quand ?
— Six heures demain matin, ça convient à tous ? demanda Jack en reprenant ses esprits.
Elle avait accepté. Son astrophysicienne préférée, la femme qui occupait son esprit nuit et jour avait accepté son invitation à venir pêcher à son chalet. L'espace d'un instant il se demanda s'il n'avait pas rêvé cette réponse, ou s'il ne se trouvait pas dans une réalité parallèle. Le regard amusé de sa subordonnée lui réchauffa cependant le cœur.
— Je pense que vous pouvez déguerpir dès à présent. Allez vous reposer, la route est longue, dit Jack à son équipe.
Daniel et Teal'c sortirent du bureau tandis que Sam resta assise, perdue dans ses pensées.
— Carter ?
— Oui, Monsieur ? demanda-t-elle sans le regarder.
— Vous ne partez pas ? la questionna-t-il doucement.
Elle leva ses yeux couleur azur vers lui et se plongea dans son regard chocolat. Son pouls augmenta légèrement.
— Et vous ? souffla-t-elle doucement, se rendant compte qu'elle avait retenu sa respiration lorsqu'elle avait tourné la tête vers lui.
— Il me reste un peu de paperasse à finaliser avant de partir. Pour que Reynolds n'ait pas de mauvaises surprises et qu'il m'appelle en plein milieu des vacances.
— Ça serait effectivement gênant que la sonnerie de votre téléphone fasse fuir les poissons, dit-elle dans un sourire.
Il lui sourit en retour et s'approchant lentement d'elle, lui faisant de nouveau retenir sa respiration. Il posa une main sur son épaule.
— Rentrez chez vous. Et appelez si vous avez besoin de quoi que ce soit.
— Merci, mon Général. Ça devrait aller.
Elle se leva de sa chaise et s'avança vers la porte tandis que Jack s'écartait d'elle.
— À demain, Monsieur.
— Je passerais vous prendre à six heures moins le quart. À demain.
Elle quitta le bureau, les joues rosies. Son rythme cardiaque retrouva son allure normale tandis qu'elle se dirigeait vers les vestiaires. L'air frais lui caressait la peau lorsqu'elle entra dans sa voiture afin de rentrer chez elle. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse et elle se demanda si elle arriverait à se reposer cette nuit. Son père lui manquait. Terriblement. Elle savait qu'elle avait été chanceuse de gagner ces quatre années de plus auprès de lui, même s'ils n'avaient pas pu se voir autant qu'ils l'auraient voulu. Malgré tout ce qu'elle avait pu dire pour rassurer ses amis, elle n'avait pas été préparée à sa mort. Lorsqu'il lui avait appris cela au SGC, dans ce lit de l'infirmerie, cela avait été un choc. Elle avait bien cherché des solutions dans son esprit, mais l'explication de son père était sans appel. Il allait mourir et elle n'avait pas eu le temps de s'y préparer. Sûrement car depuis qu'il était l'hôte de Selmak elle l'avait pensé invincible. Elle savait que c'était une erreur de penser une telle chose, mais il était son père, il était fort, intelligent, aimant. Et elle se retrouvait maintenant bien nue fasse au flot d'émotions qui la traversait en rentrant chez elle. Être forte au SGC était presque facile, habituel. Il y avait toujours un soldat dans un couloir ou un membre de l'équipe scientifique qui était là, et elle ne pouvait se permettre de s'écrouler. Elle poussa la porte de sa maison après avoir tourné la clé dans la serrure et se laissa envelopper par la douce chaleur de l'intérieur. Elle quitta sa veste après avoir verrouillé la porte d'entrée et se dirigea à l'étage. Un bain chaud l'aiderait certainement à se détendre. Elle mit du bain moussant dans la baignoire tandis que l'eau chaude coulait. Elle observa son visage dans un miroir. Elle était cernée, un peu pâle. Elle soupira et ferma le robinet. Elle s'installa dans le bain et laissa l'eau chaude détendre un à un ses muscles. La légère musique qu'elle avait lancée brisait le silence pesant de la solitude qui l'entourait. Dieu qu'elle se sentait seule à cet instant. Le vide immense qu'elle ressentait s'intensifia lorsque la mélodie suivante envahit la pièce. Son père adorait cette musique. Elle adorait cette musique. Elle se sentait comme une enfant perdue, délaissée. Une larme roula le long de sa joue et elle l'essuya rapidement. Elle ne voulait pas pleurer car elle avait peur de ne pas pouvoir se relever si elle se laissait aller à sa peine. Elle prit une grande inspiration et commença à se laver. Elle finit par quitter son bain et passa son pyjama. Elle s'enveloppa ensuite dans sa robe de chambre et descendit se préparer un repas sommaire avec ce qui lui restait dans ses placards. Elle n'était pas douée en cuisine, aussi elle sortit un repas déjà prêt de son congélateur et jugea que ça irait très bien. Elle se dirigea vers son salon et alluma la télévision, pensant trouver une émission intéressante à regarder. Finalement, le film romantique sur lequel elle tomba lui donna la nausée et elle préféra éteindre l'appareil. Elle se trouvait pathétique, sur son canapé, son repas à peine entamé. Rester à la base aurait presque été plus simple que de se retrouver dans cet environnement, seule. Mais elle savait que Jack ne l'aurait pas laissée rester dans son laboratoire. Jack… Ses pensées dévièrent inexorablement vers son supérieur. Il avait été si doux et attentionné ces derniers jours qu'elle se demandait comment Kerry ne lui avait pas déjà fait une scène. Kerry. Soudain cela lui sauta au visage. Serait-elle là le lendemain elle aussi ? Après tout, il avait très bien pu vouloir qu'elle vienne elle aussi. Elle sentit une boule dans sa gorge à cette pensée. Elle aurait dû refuser d'y aller. À quoi pensait-elle donc au moment de répondre bon sang ? ! Elle monta rapidement dans sa chambre pour préparer son bagage. Elle ne pouvait plus reculer maintenant. Ses yeux pleins de larmes cherchaient méthodiquement chaque affaire dont elle aurait besoin. Elle referma finalement son sac et s'écroula sur son lit. Quelques larmes s'échappèrent de ses yeux et elle les essuya avec rage. « Ne. Pas. Pleurer. » Se dit-elle. Elle regarda passer les heures jusqu'à cinq heures du matin. Elle décida de se lever et de se préparer, le Général devait arriver quarante-cinq minutes plus tard. Elle avait passé sa nuit à réfléchir sur la semaine à venir et à se remémorer les souvenirs de son père. Forcément, sa nuit blanche ne passait pas inaperçue sur son visage. Le café qu'elle se servit lui donna un coup de fouet et elle passa rapidement sous la douche. Une demi-heure après, elle attendait Jack devant chez elle. Lorsqu'il arriva, il remarqua immédiatement son visage fatigué.
— Vous n'avez pas dormi, lui dit-il.
Ce n'était pas une question, il avait dit cela doucement et elle le regarda, penaude.
— Vous auriez dû appeler, continua-t-il en le prenant son bagage et en le mettant dans le coffre de son 4x4.
Sam ne lui répondit pas, ne sachant quoi lui dire. Elle observa l'intérieur de la voiture. Il était seul.
— Vous êtes seul, Monsieur ? demanda-t-elle subitement.
Il releva la tête du coffre pour la regarder.
— Eh bien j'avais dit six heures à Daniel et Teal'c. Vous êtes la première que je suis passé prendre.
— Oh, répondit-elle simplement.
— Vous attendiez-vous à voir quelqu'un d'autre ? lui demanda-t-il.
Sam se mordit intérieurement la joue. Il l'avait coincé.
— C'est possible, mon Général, dit-elle dans un souffle.
Il s'approcha d'elle et plongea son regard dans le sien.
— Il n'y aura que nous, Carter. Et c'est bien mieux comme cela, vous ne trouvez pas ?
Les joues de Sam s'enflammèrent subitement de par la proximité de son supérieur. Insinuait-il que l'agent Johnson ne faisait plus partie de son quotidien et que c'était mieux ainsi ? « Tu spécules ma pauvre fille. Elle ne fait juste pas partie de la semaine de vacances. Il n'a jamais dit qu'elle ne faisait plus partie de sa vie. » Pensa-t-elle en s'installant à la place passager avant. Jack fit démarrer la voiture et ils furent chez Daniel quelques minutes plus tard. Teal'c et lui s'avancèrent vers la voiture, sourires aux lèvres.
— Sam, Jack. Vous allez bien ? demanda Daniel.
— Parfaitement. Vous êtes prêts ? répondit Jack.
— Oui, O'Neill, nous sommes prêts, dit Teal'c.
Daniel avait remarqué que Sam n'avait pas répondu à sa question et l'observa du coin de l'œil. Elle lui fit un sourire timide et il remarqua son visage fatigué.
— Vous n'avez pas dormi, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Elle secoua lentement la tête.
— Vous auriez dû appeler.
Sam lui sourit de nouveau et remonta dans la voiture. Pour une fois, Daniel et Jack avaient les mêmes pensées.
La première partie du voyage fut relativement silencieuse. Daniel, bercé par la voiture, s'était endormi après les premiers kilomètres. Teal'c s'était plongé en Kel'no'reem – tout du moins Jack pensait cela vu l'attitude stoïque de son ami depuis près de deux heures. – À ses côtés Sam était mutique et regardait par la fenêtre. La musique que Jack avait décidé de passer était calme. Il avait secrètement espéré qu'elle berce Sam, mais celle-ci restait éveillée. Après tout, il s'agissait de Carter, et elle avait une résistance au sommeil assez incroyable lorsqu'elle le souhaitait. Une nouvelle musique débuta. Il fredonnait doucement en tapant en rythme avec ses doigts sur le volant. La main de Sam fut rapide comme l'éclair lorsqu'elle appuya sur le bouton permettant de passer à la chanson suivante. Jack tourna rapidement la tête vers elle.
— Carter ? demanda-t-il doucement.
Il remarqua quelques larmes dans les yeux de son second, mais celles-ci furent vite ravalées par Sam.
— Vous n'aimiez pas cette chanson il y a encore un mois ? demanda-t-il en la regardant plus intensément.
— Vous devriez regarder la route, Monsieur, lui répondit-elle doucement.
— Vous devriez vous reposer, Carter, lui dit-il à son tour, son regard se concentrant de nouveau sur la route.
— Peut-être plus tard, souffla-t-elle.
Jack détacha sa main droite du volant et attrapa la main de Sam, qu'il serra doucement. Sam fut électrisée par ce contact qui la fit sursauter. Ceci était définitivement contre le règlement. Jack n'avait pas l'air de s'en soucier, et elle laissa sa main chaude dans la sienne durant de longues minutes. Environ une heure plus tard Jack arrêta la voiture sur une aire de repos. Daniel était à présent réveillé et lisait tranquillement tandis que Teal'c était sorti de son état de méditation.
— Petite pause, les enfants. J'ai besoin d'un café, dit Jack en ouvrant sa portière.
Ils descendirent tous de la voiture afin de dégourdir leurs jambes et Sam se dirigea vers l'intérieur du petit magasin présent pour trouver les toilettes. Son visage lui fit presque peur dans le miroir. Et se passa un peu d'eau et se sécha avant de rejoindre ses amis à la voiture. Ils reprirent tous leur place et Jack redémarra. Lorsque midi approcha ils firent de nouveau une pause dans un petit restaurant que Jack connaissait bien. Teal'c prit le volant à la place de Jack. Ce dernier somnola durant deux heures, mais jetait assez fréquemment des regards vers Sam. Elle parlait tranquillement avec Daniel. En milieu d'après midi c'est Daniel qui prit le volant, Jack voulant conduire la dernière partie du trajet. Sam avait bien demandé à pouvoir conduire également mais aucun des hommes n'avait accepté, jugeant son état de fatigue incompatible avec la conduite. Elle se trouvait maintenant à l'arrière de la voiture derrière Teal'c, Jack se trouvant derrière Daniel, qui parlait avec engouement de la dernière découverte qu'il avait fait. Jack aurait été plutôt agacé par le monologue si ce dernier n'avait pas eu l'effet d'un somnifère sur Carter. Jack sourit face à son second somnolent, et déboucla sa ceinture de sécurité afin de s'approcher doucement d'elle.
— Jack, mais qu'est-ce que vous faites je roule à plus de 100 km/h ! chuchota Daniel après avoir vu que Sam s'était assoupie.
— Pas de commentaire, Daniel, lui répondit Jack.
Il glissa sa veste polaire entre la tête de Sam et la vitre sur laquelle elle reposait. Mais en bon soldat, Sam ouvrit immédiatement les yeux et croisa ceux de son supérieur. La proximité avec Jack lui coupa le souffle.
— Reposez-vous, Sam, lui chuchota-t-il.
L'utilisation de son prénom dans la bouche de Jack la troubla, mais pas autant que la main qu'il avait glissée dans la sienne, la caressant doucement. Depuis quand s'autorisaient-ils ce contact ? Sam laissa aller sa tête contre la polaire de Jack, son odeur remplissant ses narines. Son supérieur s'éloigna afin de se rasseoir à sa place. Sam se laissa envahir par l'odeur de Jack et la douceur de la polaire. De toute évidence, le Général O'Neill avait eu une brillante idée : Sam s'endormit environ une heure. La dernière pause leur permit de dîner tranquillement avant que Jack ne reprenne le volant. Trois heures trente plus tard, ils étaient au chalet. La nuit les empêchait d'observer la beauté des lieux, mais Sam admira tout de même le lac, baigné dans la lumière lunaire. Elle entra finalement dans le chalet, bagage à la main. Tout était joliment agencé. La cheminée trônait au milieu de la pièce principale, tandis que la cuisine était ouverte sur le salon salle à manger. Une chambre était située au rez-de-chaussée ainsi qu'une salle de bains. À l'étage le couloir déversait quatre autres chambres et une autre salle de bains. Jack proposa de prendre la chambre du bas car c'était la plus petite. Il indiqua la première chambre à Sam, la plus proche de la salle de bains. La chambre disposait d'un balcon, et il savait qu'elle apprécierait de regarder le ciel. Daniel pris la chambre à côté de celle de Sam tandis que Teal'c allait dans celle d'en face. Jack indiqua ensuite à ses amis d'aller se reposer. Ils iraient en courses le lendemain matin. Ils se souhaitèrent tous bonne nuit. Daniel et Teal'c entrèrent dans leurs chambres tandis que Sam était restée dans le couloir.
— Un souci, Carter ? demanda Jack.
— Je…
Il la regarda baisser la tête, la voyant chercher ses mots. Définitivement pas du Carter.
— Merci, Monsieur. Pour nous accorder cette semaine, dit-elle finalement.
Jack eut le sentiment que ce n'était pas réellement ce qu'elle aurait voulu dire.
— Tout le plaisir est pour moi. Allez vous reposer maintenant, vous en avez besoin.
— Bonne nuit, mon Général.
— Bonne nuit, lui répondit-il doucement en se tournant pour descendre les escaliers.
Sam entra dans sa chambre et chercha son pyjama dans son sac. Un rapide tour dans la salle de bains et elle était prête à se coucher. Malgré la fatigue accumulée, Sam eut du mal à s'endormir. Les pensées de son père la hantaient et elle avait du mal à se défaire de l'image de Jack avec Kerry. C'est le cœur lourd qu'elle finit par sombrer dans le sommeil. Vers cinq heures du matin Sam ouvrit un œil. Une faible lumière passait à travers les rideaux de la fenêtre menant au balcon. Sachant qu'elle ne se rendormirait pas, Sam se leva et s'habilla d'un jean et d'un pull. Elle descendit prudemment les marches afin d'éviter de réveiller ses amis et se dirigea vers la cuisine. Elle y trouva un mug et du thé, ce qu'elle jugea parfait. Une fois sa tasse remplie elle sortit du chalet, et admira la vue qui s'offrait devant elle. Les arbres entouraient le chalet, leur verdure resplendissant dans la faible lumière du matin. Elle avança sur le ponton afin d'admirer le lac. L'aube donnait une teinte particulière à l'environnement, et son reflet sur la surface du lac donnait un côté assez féerique à l'endroit. Sam s'assit en tailleur sur le ponton, sa tasse lui chauffant les mains. Elle laissa vagabonder son esprit, pensant que son père aurait beaucoup aimé cet endroit. Sa gorge se serra, et comme pour la dénouer elle prit une gorgée de son thé. Une légère brise lui caressa le visage, faisant virevolter les quelques mèches qui entouraient son visage. Elle comprenait maintenant pourquoi Jack aimait tellement ce havre de paix. Elle se dit qu'il ne devait pas y avoir plus calme pour se ressourcer après les missions difficiles qu'ils pouvaient tous traverser. Une fois de plus elle laissa son esprit se focaliser sur son supérieur. Elle ne pouvait plus se cacher qu'elle l'aimait. C'était irrévocable et elle le savait très bien. Son père lui-même le savait, et c'est grâce à lui qu'elle avait finalement quitté Pete. Mais trop tard… Jack avait fait sa vie de côté. Aimer cet homme était rude, douloureux. Elle ne savait pas comment le définir autrement. Cet amour la faisait souffrir, assurément. Elle aurait aimé pouvoir faire sa vie avec un autre homme, avec qui cela aurait été plus facile, plus normal. Mais le fiasco que cela avait donné avec Pete lui avait fait comprendre qu'elle ne pouvait pas oublier ni remplacer Jack O'Neill. Elle était entièrement amoureuse de lui. Viscéralement, profondément, totalement amoureuse. Et elle avait mal. La solitude envahie son cœur et elle souhaita que son père soit près d'elle pour la consoler. Il lui manquait tellement que chaque heure de la journée et de la nuit lui déchirait le cœur.
Soudain elle entendit des pas. Ses pas, pour être plus précise. Elle ne bougea pas, continuant de regarder le lac à s'en brûler les yeux. Elle sentit un plaid sur ses épaules et Jack s'assit près d'elle, sans un mot. Elle le remercia mentalement de ne pas parler en cet instant. Ils restèrent ainsi, silencieux, durant une trentaine de minutes, jusqu'à ce qu'une larme s'échappe des yeux de Sam. Elle l'essuya très rapidement et Jack la regarda faire.
— Vous avez le droit de pleurer, vous savez, lui dit-il d'un ton doux.
Sam ferma les yeux et baissa la tête alors que le soleil se levait maintenant un peu plus haut dans le ciel, éclairant de ses rayons ses courts cheveux blonds.
— Je ne peux pas, lui répondit-il simplement.
Elle observa son jean et s'évertua à arracher les petits fils qui dépassaient. Jack lui attrapa la main et la caressa tendrement, provoquant un raté dans ses battements de cœur. Décidément cela devenait une habitude, de lui prendre la main.
— D'accord, lui dit Jack.
Ils restèrent sur le ponton jusqu'à 6 h 30, se décidant finalement à aller prendre un véritable petit-déjeuner consistant. Daniel et Teal'c étaient réveillés et patientaient dans le salon. Ils prirent un bon petit-déjeuner avant de se rendre au centre commercial le plus proche. À leur retour ils rangèrent leurs courses et allèrent s'installer dehors pour pêcher. Leur journée se déroula dans la bonne humeur, Sam souriant aux blagues de ses amis. Le soir Teal'c décida de mettre une comédie de science-fiction hilarante nommée « Space Milkshake »* devant laquelle ils rirent tous de bon cœur. C'est ainsi que se déroulèrent les quatre jours suivants : Sam se réveillait très tôt, se faisait un thé et profitait du silence de l'aube pour admirer le lac. Jack la rejoignait peu de temps après et ils restaient silencieux, l'un à côté de l'autre, en se tenant la main. Le matin du cinquième jour cependant, Sam engagea la conversation.
— Comment savez-vous toujours que je suis ici aussi tôt, Monsieur ? demanda-t-elle tandis que Jack lui caressait tendrement la main.
— Le thé, lui répondit-il.
— Le thé ?
— J'entends la bouilloire le matin. Et je sais que le lac est paisible à admirer à l'aube, notamment lorsqu'on a le cœur malade.
— Oh. Je suis désolée, Monsieur, lui dit-elle.
— Désolée ? Pourquoi ça ?
— De vous réveiller chaque matin.
— Ça ne me dérange pas. Mais je sais que vous vous réveillez en pleine nuit également. Vous savez que je suis là, Carter ?
Elle se demanda comment il pouvait savoir que chaque nuit elle se réveillait au plus mal vers deux heures du matin. Le questionnement devait se lire sur son visage car Jack répondit à sa question intérieure.
— Je vous entends ouvrir la porte-fenêtre qui mène au balcon.
— Oh.
Puis le silence revint. La journée se déroula comme à son habitude, Sam appréciant d'être avec ses amis sans avoir à sauver la planète d'une quelconque invasion. Cependant Jack reçu un coup de fil durant la soirée et il s'éloigna pour y répondre après avoir vu le correspondant. Le cœur de Sam se brisa, sachant que Kerry Johnson était sûrement la personne parlant à Jack à ce moment même. Elle s'excusa auprès de Daniel et Teal'c et grimpa l'escalier pour rejoindre la salle de bains. Elle tenta de reprendre son souffle, les larmes menaçant de ravager son visage. Elle se passa de l'eau et respira profondément, les mains posées de chaque côté du lavabo. La voix étouffée de Jack lui parvint derrière la porte.
— Carter ? Est-ce que ça va ? Les gars m'ont dit que vous étiez montée précipitamment, demanda-t-il à son second.
— Oui, oui tout va bien, mon Général.
— J'ai quelque chose à vous dire, redescendez quand vous irez mieux.
Quelque chose à leur dire ? Sam s'inquiéta. Allait-il leur annoncer que sa relation avec l'agent Johnson était devenue très sérieuse au point de s'engager ? Sam eut un haut-le-cœur et s'accrocha un peu plus au lavabo.
Elle finit par redescendre dans le salon quelques minutes plus tard.
— Tout va bien, Sam ? Vous êtes pâle tout à coup, demanda Daniel.
— Tout va bien. Alors, mon Général, que devez-vous nous dire ? demanda Sam en essayant de contrôler les tremblements dans sa voix.
— Hammond part à la retraite. Je prends son poste à Washington.
Son annonce fut l'effet d'une bombe dans le cœur et l'esprit de Sam. Il partait. Jack O'Neill partait du SGC. Il la laissait seule. Il abandonnait son équipe. Kerry Johnson était à Washington.
— Eh bien… Quelle surprise, Jack ! Vous allez avoir tous les bureaucrates sur le dos, lui dit Daniel.
— Oui mais il vaut mieux quelqu'un qui connaisse la réalité du terrain là-bas, répondit Jack.
Sam gardait la tête baissée, essayant de reprendre ses esprits.
— Carter ? Vous êtes sûre que tout va bien ?
Sam releva la tête et plongea son regard dans le sien.
— Oui. Félicitations, mon Général, il s'agit d'une belle promotion pour vous, dit-elle calmement.
Elle l'avait perdu. Définitivement. Et ça faisait mal.
— Vous viendrez me rendre visite j'espère. Ne me laissez pas croupir là-bas, dit Jack sur le ton de la plaisanterie.
— Vous ne serez pas seul, cela devrait aller, mon Général, répondit Sam rapidement.
Elle se mordit immédiatement l'intérieur de la lèvre, se demandant pourquoi elle avait dit ça. Jack comprit ceci dit l'allusion et décida d'être plus clair par rapport à son second – qui désormais n'était plus aussi directement sous ses ordres qu'avant.
— Oh si, je risque de l'être énormément. Après tout, qui voudrait d'un vieux Général tel que moi ? lui dit-il en souriant.
Cette fois-ci, elle ne pouvait pas nier l'évidence : Jack insinuait clairement être seul. Plus de Kerry, donc ?
— Nous viendrons vous voir, O'Neill, j'aimerais beaucoup découvrir cette ville dont vous parlez tous beaucoup, dit Teal'c.
— Bah vous savez, Teal'c, c'est la grande ville. Beaucoup de buildings. De bureaucrates.
— Vous allez nous manquer, mon Général, dit Sam.
La soirée se finit un peu plus légèrement après que Daniel eut lancé un autre sujet de conversation. Ils allèrent se coucher et comme à son habitude Sam se réveilla à deux heures. Elle se leva de son lit, le cœur lourd, la douleur sourde de la perte de son père lui serrant le cœur. Et Jack qui allait partir pour Washington. Elle avait mal et les larmes menaçaient bien plus fortement de couler. Elle ouvrit les rideaux afin de rejoindre le balcon mais la pluie tombait à torrent. Elle se recula pour regarder les gouttes glisser le long de la porte vitrée. Sa gorge se serrait de plus en plus, l'angoisse grandissant en elle. Elle était terriblement seule. Elle sortit précipitamment de sa chambre et dévala les escaliers. Elle se retrouva devant la porte de la chambre de Jack et tenta de reprendre sa respiration, sans succès. Elle y était. Elle avait tant attendu que ce moment menaçait d'arriver depuis le dernier soupir de son père. Elle ne pouvait plus combattre la douleur. Un premier sanglot lui monta à la gorge, puis un second, tandis qu'elle se maintenait contre le mur en face de la chambre de Jack. La porte s'ouvrit rapidement et elle fut plaquée contre la poitrine de Jack. Alors elle déposa les armes. Elle arrêta de combattre cette douleur sourde qui lui fracassait le cœur et se laissa submerger par sa peine. Ses jambes lâchèrent tandis qu'elle s'accrochait de toutes ses forces au t-shirt de Jack. Il la serrait le plus fort possible et la porta finalement jusqu'à son lit, refermant la porte de son pied. Sam pleura pendant plusieurs heures, Jack la maintenant sans une parole. Lorsque les pleurs s'arrêtèrent finalement, l'aube était apparue. La pluie avait cessé.
— Ça va mieux ? demanda-t-il délicatement.
Sam lui fit un peu signe de la tête, toujours accrochée à lui.
— Venez, on va préparer votre thé.
Ils sortirent du lit de Jack, et se dirigèrent vers la cuisine. Jack prépara le thé de Sam et ils se dirigèrent vers le ponton sur lequel ils s'assirent. Jack disposa le plaid sur les épaules de l'astrophysicienne, gardant ses bras autour d'elle. Avec toute la douceur dont il pouvait faire preuve il déposa un baiser sur sa tempe. Il n'avait pas besoin de parler. Elle savait ce que cela signifiait et aucun des deux n'avait besoin de l'exprimer. Elle avait le regard porté au loin, admirant les couleurs de l'aube sur le lac.
— J'ai peur, dit-elle finalement.
— De quoi ? demanda-t-il.
— De t'aimer, répondit-elle.
Jack relâcha alors son étreinte pour prendre sa tasse de ses mains. Il la déposa derrière eux et attrapa les mains de Sam, se mettant en face d'elle. Ils se regardèrent intensément.
— Je ne partirai pas, Sam. Mais je crois qu'il n'y a pas d'amour sans peur de l'amour. Moi aussi j'ai peur. Mais si tu es là, alors ça ira. Est-ce que tu veux faire ce bout de chemin avec moi ?
Sam le regarda, ses yeux se remplissant de larmes. Les mots de Jack étaient si beaux, si doux, si vrais. Et ils lui étaient destinés.
— Oui, répondit-elle, les larmes coulant le long de ses joues.
Il essuya les gouttes d'eau salée d'une main et se pencha vers elle. Leurs lèvres scellèrent leurs paroles, à l'aube du lac.
FIN