TITRE : Nouveau Cycle
GENRE : Angst - full of angst, sérieux - ; Hm... Hurt - Comfort ; Romance ; Action, etc...
PLOT : Le temps est immuable, la vie est immuable. Un début, une fin et quelque chose après. Peut-être. Sûrement. Mais certains n'ont pas cette chance. Quatre Maudis, Quatre Damnés ne cessent d'enchaîner les Cycles, les uns après les autres, seuls. Et en ces temps de guerre, l'un d'eux doit prendre sur lui pour rassembler les trois autres élèves de Merlin afin de défaire Voldemort. Qu'importe s'il est le seul à savoir, qu'importe si les trois autres ne peuvent pas se souvenir. Il a tout fait pour les rassembler lors de cette vie, comme les autres l'ont fait durant les siècles passés. C'est à son tour de se souvenir, à son tour de porter ce fardeau qu'est l'Histoire, leur Histoire. Et peut-être que pour cette vie, dans cette vie, il trouvera enfin de quoi défaire la Malédiction, celle qui les enchaîne dans des cycles interminables de souvenirs douloureux et de regrets - il veut en finir, une bonne fois pour toute.
PARING : Drarry, Romione, Luna/Blaise ( Laise ? Bluna ? ) et... C'est tout.
RATING : M, pour la douleur, les grossièretées, etc.
BÊTA : TenshinNeko :)
DISCLAIMER : Les personnes ne m'appartiennent bien sûr pas, je ne suis pas anglaise et je ne suis pas blonde, je ne suis pas JK. Mais tout le reste est à moi, les personnages originaux, l'histoire avec Merlin et Morgana... Enfin, vous verrez bien.
NOTE : • Dernière publication de 2016 :) J'ai vraiment un soucis avec la mort, la vie après la mort, la mort qui ne se fait pas, la réincarnations et les Âmes éternelles.
Bonne lecture ~ !
- NOUVEAU CYCLE – PARTIE 1 -
Il avait eu un nombre impressionnant de prénoms, de noms, d'affiliations, de vies.
Il fut en premier Lucian. Il avait eu sensiblement le même physique que maintenant, si ce n'était qu'il avait été plus petit et qu'il était aujourd'hui tout en ligne et en muscle noueux. Il ressemblait aux deux géniteurs de cette vie, certainement, mais l'œil avertit pouvait déceler les différences.
Il avait ensuite été une Marie-Marianne, d'un pauvre village perdu.
Un John. Un Orpheus. Une Rose. Une Mathilda. Une Marine. Un Andrzej. Gabriel. Craftel. Midis.
Des noms communs pour des vies communes de personnes communes, sorciers comme moldu. Mis à part un. Oh oui, qu'il avait aimé être Godric Gryffondor. Dans cette vie là, il avait laissé s'exprimer l'être marrant, joyeux, joueur qu'il était. Puissant aussi. Très puissant, il l'avait toujours été, quelles que soient ses vies. Des fois, ça n'avait été que dans un seul domaine, plus rarement, d'une puissance égale dans tous les domaines faisant de lui un des sorciers les plus puissants de son temps. Les sorciers les plus puissants de leur temps... à chaque fois.
Là était leur malédiction. Revenir à la vie, encore et encore, sans aucun souvenir de leurs vies passées, si ce n'était pour l'un d'eux quatre seulement. Et la douleur, la douleur de ne savoir quoi faire pour tout faire cesser, la douleur de voir les trois autres incapable de rester soudés, de ne pas réussir à les rassembler, ou trop y arriver et les regarder s'entretuer, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. Car ce n'était que tous les quatre ensembles qu'ils pourront briser cette malédiction de malheur. Leurs quatre forces alliées et seulement eux quatre. La malédiction avait été lancée sur leurs signatures magiques.
Avec le recul, il réalisait maintenant qu'ils avaient été très proche du but à l'ère de la création de Poudlard. Il était clair désormais que c'était Rowena Serdaigle qui se rappelait à cette époque. Elle avait tant fait pour les garder tous quatre soudés... Sans y parvenir. À croire que Salazar et lui seraient voués à se détester à jamais, quels que soient leurs noms, leurs physiques, leurs vies. La malédiction semblait inverser totalement les tendres sentiments qu'ils avaient eu l'un pour l'autre en tant que Lucian et Terrence.
Aujourd'hui encore, même dans cette vie, Terrence semblait ne pas pouvoir le voir en peinture. Et lui acceptait ses regards et ses piques acerbes. Il préférait cette haine farouche plutôt qu'il l'ignore totalement, ça aurait été... Il ne l'aurait pas supporté. Au moins, il était quelqu'un.
.
- Hé oh, Blaise appelle Draco, tu me reçois ?
Draco se secoua pour se ramener à la réalité et se retourna. Dans l'encadrement de la porte, son jeune ami, Blaise Zabini, 17 ans, sorcier à Poudlard dans la maison Serpentard. Grand, une belle peau noir et un sourire ravageur, l'étudiant haussa un sourcil amusé.
- Je t'ai dérangé en pleine contemplation ? Ricana-t-il, taquin.
Draco jeta un dernier regard à sa silhouette se reflétant dans le miroir de la salle de bain.
Il était bien loin derrière lui, le joyeux Godric Gryffondor ou encore l'hyperactif Lucian Perezo. Maintenant, il était Draco, Draco Malfoy, fils de mangemort, engeance de ce qu'on faisait de 'mieux' en magie noire. Oh oui, il était bien loin, le pupille discipliné du grand Merlin, enchanteur devant l'Éternel.
- Désolé Blaise, j'étais perdu dans... es pensées.
- Ah, c'est étonnant. Et ça tournait autour de quoi ?
Oh, rien de bien folichon. Que Terrence Beaumont, alias Harry Potter dans cette vie, avait encore essayé de le tuer par un regard le matin même ; que ce traître de Barriard- oh pardon, de Ronald Weasley aujourd'hui, n'aidait vraiment pas ; que Vanieta Porikov continuait de chanter le chant de son ancien peuple sans en garder un seul souvenir et qu'elle se croyait devenir folle ; et qu'enfin, même la très sage Marie Bridgestone ne lui faisait aucunement confiance. Cela dit, Draco n'avait rien fait pour se faire apprécier de l'Hermione Granger à qui il avait eu affaire durant ces dernières années. Il avait beau avoir eu toute sa mémoire, toutes ses mémoires, étant encore dans le corps d'un enfant, il n'avait eu d'autre choix que de se plier, de s'effacer et de porter un masque. Devenir celui qu'on attendait qu'il soit... Jusqu'à a un certain point tout de même.
Quand il avait comprit dans quel genre de famille il était né, il était dans le corps d'un enfant de deux ans. Il n'avait pas vraiment saisi dans quelle situation il se trouvait puisque, dans sa vie d'avant, il avait été un sorcier d'Inde, bien loin des problèmes européens que Voldemort engendrait. Il avait été marié à une femme fort agréable, cousine de Marie/Hermione avec qui il s'était retrouvé associés en affaire, et sa secrétaire/bras droit, Vanieta - enfin, Luna -, avait fait en sorte que Terrence/Harry travaille avec eux. Cette fois-là, ils avaient été neutres l'un envers l'autre. Après tout, ils ne faisaient que travailler ensemble, ils ne construisaient pas leurs vie en fonction de l'autre.
- Je repensais à Poudlard, dit-il d'une voix calme en sortant de la salle de bains.
- Petit moment de nostalgie ? S'enquit Blaise, curieux.
Draco eu un micro sourire.
- On peut dire ça comme ça.
Ils descendirent les escaliers en silence et pénétrèrent dans le salon. Draco s'arrêta en observant le tableau qui s'offrait devant eux. Terrence riait tendrement à une phrase que Marie venait de lui glisser à l'oreille avec un sourire complice, et Vanieta chantonnait doucement en observant le plafond, allongée dans un fauteuil, la tête sur un accoudoir et les jambes dans le vide. Une vague de tristesse le submergea devant ce souvenir qui n'en était pas un et il se secoua pour se rappeler que ce n'était pas véritablement ses anciens amis face à lui, mais bien des élèves qui n'avaient aucune idée de qui ils étaient ou pourquoi ils s'entendaient tout trois aussi bien.
Quelle que soit leur vie, quelle que soit leur réincarnation, ils se retrouvaient toujours à chaque cycle et leur âmes se reconnaissaient. Draco avait mal jouer sa première approche, le coche avait été raté et il n'avait rien trouvé de mieux que devenir leur ennemi commun pour provoquer leur cohésion. Ça avait plutôt bien fonctionné et Harry, Hermione et Luna étaient proches, comme ils le devraient. Lui n'était qu'un grain de sable hors du tableau.
Ça ne lui convenait pas, mais il faisait avec. Au moins, ces trois là s'étaient bien trouvés.
- Qu'est ce que vous voulez, vous ?! Cracha une quatrième personne.
Draco se crispa et retint une grimace. Ronald Weasley dans toute sa splendeur, venait d'arriver et les fusillait du regard. Le pourquoi Draco s'était fait assez rapidement détester de Ter- Harry se trouvait juste là, à portée de main.
Lors de leur vie originelle, Marie, Terrence, Vanieta et lui avaient été les sorciers les plus puissants de leur contrées respectives et avaient attiré la curiosité d'un sorcier en particulier. Et pas n'importe quel sorcier, Merlin l'enchanteur en personne. Celui fait de pur magie, qui chantait et communiait avec Elle. Il leur avait dit qu'il avait longtemps cherché des êtres dignes de son Savoir et surtout aptes à comprendre la relation qu'il entretenait avec la Mère. Il avait parcouru le monde et les avaient trouvés, tous les quatre. Lui, Lucian Perezo en Italie, Marie Bridgestone en Angleterre, Vanieta Porikov en Scandinavie et Terrence Beaumont en France. Ils étaient jeunes quand Merlin les avait trouvés et ils avaient grandit et mûrit à son contact, sous ses enseignements.
Puis était arrivée Morgana, la Fae. Avide de pouvoir, elle avait perverti les préceptes de la magie pour atteindre l'Infamie. Son pouvoir et sa soif de sang grandissant, Merlin l'avait affrontée dans l'espoir de la stopper et les quatre disciples l'avaient achevée. Une nouvelle ère de paix et de sérénité avait alors soufflé sur le monde.
Mais ils avaient relâché leur vigilance et n'avaient pas pensé à une quelconque vengeance. Le fils adoptif de Morgana, l'enfant qu'elle avait élevé en créant tout un culte autour de sa personne, avait agit dans l'ombre pour préparer la vengeance de la folle sorcière qui lui avait servit de mère. Trop faible pour s'attaquer directement à Merlin, il s'était rabattu sur ses disciples. Barriard, le fameux fils, avait usé des plus noirs préceptes que Morgana lui avait appris, pervertissant la puissance magique même. Il les avait maudits, se détruisant au passage pour effacer toutes traces de leur existence dans l'Histoire et les condamnant à revenir, encore et encore, sans jamais trouver le repos éternel. À chaque nouveau cycle, de nouvelles erreurs, jusqu'à ce que ce soit à leur tour de se souvenir, accablés par leurs erreurs passées.
Et quand Draco avait vu cette copie conforme de Barriard, aux côtés de son Terrence, de ce tout petit Harry Potter, il avait vu rouge. Par la suite, il s'était bien rendu compte que ce Ronald Weasley n'était pas Barriard, mais le mal avait été fait. Le vrai premier contact avait été gâché.
Puis la voix de Lucius lui était revenu en tête, alors qu'il avait eu la possibilité de calmer les tensions. « Dans ta promotion se trouvera celui qui a défait le Maître. Je veux que tu t'approches, que tu simules la plus belle amitié qu'il soit possible et que tu me l'amènes. Quand l'heure sera venu, nous l'offrirons au maître pour son retour et tu deviendras son favoris. » Il n'était alors qu'un adulte, coincé dans le corps d'un enfant, qui avait affaire à d'autres enfants. Il avait alors fait le choix douloureux de se faire détester de ce trio d'or pour le moins étrange, et quand Luna les avaient rejoint à Poudlard, il avait continué. Tout, du moment qu'Il reste loin de son géniteur.
Du coin de l'œil, il aperçut les trois autres se redresser, près à intervenir en faveur du rouquin. Derrière lui, Blaise se crispa, près lui aussi à dégainer. Draco savait parfaitement que son ami aurait très bien pu s'entendre avec les personnes dans cette pièce - et s'il en croyait les regards qu'il lançait quand il pensait que personne ne le voyait - il se serait même très bien entendu avec Luna Lovegood. Mais Blaise était son ami et en bon Serpentard, il protégeait les siens, quitte à se faire des ennemis.
En temps normal, Draco aurait lancé une pique, qui aurait abouti par un affrontement verbale, voire même physique. Mais pas aujourd'hui, il était lessivé. Pour une fois, il laissait tomber le rôle qu'il s'était construit toutes ces années et secoua la tête.
- Rien.
Il se détourna sans un mot de plus, intimant Blaise à le suivre d'une pression sur son bras, et se glissa dans la cuisine, imperméable à la surprise des Gryffondors et au regard vitreux de la Serdaigle.
Il n'appela pas l'elfe de maison, peu envieux de le voir débarquer pour l'entendre pester et vociférer contre les supposés traîtres à leur sang, bla bla bla. Il avait envie de faire quelque chose par lui-même, s'occuper l'esprit et apprécier le travail manuel. Il savait très bien que derrière lui, Blaise fut surpris de le voir préparer un petit déjeuner "à la moldu". Avec le temps, les sorciers étaient devenu fainéants.
- Dray, tu es sûr que tout va bien ? S'inquiéta son ami en fronçant les sourcils quand Draco posa devant lui un thé finement préparé.
Draco eut un sourire amusé en s'asseyant pour déguster son café.
- Je n'ai jamais dit que ça allait.
Blaise leva les yeux au ciel en soupirant et Draco eut un rire. Il aimait bien jouer sur les mots avec son ami, c'était plaisant. Puis il soupira devant le regard noir que Blaise lui lança.
- Je suis juste... Lessivé. Harassé. Crevé. Exténué. Vann-
- Oui, je crois que moi aussi je connais tous les synonymes de fatigué, merci, railla le Serpentard.
Il attrapa sa tasse et sirota silencieusement son thé, attendant que Draco développe son idée. Ce dernier contempla la noirceur de son café.
Ces dernières années n'avaient vraiment pas étés faciles. Il avait tenu le rôle de fils de sang-pur arrogant et intolérant jusqu'à sa cinquième année. À la fin de cette année, il avait apprit la mort de son grand cousin, parrain de Potter. Lucius avait été enfermé pendant quelques mois puis son "Maître" - que c'était pathétique... - l'avait libéré. Et Lucius pensait réellement que Draco allait prendre la marque, s'abaisser à baiser les pieds d'un tueur psychopathe qui n'arrivait même pas à la cheville de la grande Morgana ? Il avait beau ne pas aimer cette femme, il ne pouvait que reconnaître sa puissance et Tom Jedusor n'aurait jamais pu tenir deux minutes face à elle.
Draco avait utilisé de vieux sorts aujourd'hui oubliés et dans lesquels il excellait à l'époque de Merlin, et s'était enfui de chez lui. Il avait trouvé refuge quelques mois chez Blaise puis, avec l'aide des Gobelins - qui faisaient partis des seuls à savoir pour leurs situations de Damnés, étant un peu devenus des légendes avec le temps - il avait eu accès à son coffre spécial, ces très vieux et anciens coffres fermés à double tours et qui ne s'ouvrent qu'avec la signature magique. Ayant toujours la même, malgré les réincarnations et les cycles - chose qui devrait être impossible mais pas pour eux - il avait retiré de l'argent et avait acheté un petit pied-à-terre pour eux, son ami voulant autant que lui prendre la marque et servir un psychopathe.
Leur situation n'avait même pas percé à Poudlard, apparemment les parents Mangemorts n'avaient pas ébruité leur "traîtrise" à leur enfants, ou alors Lucius n'avait rien dit, trouvant une bonne vieille excuse pour son Maître, Blaise étant déjà protégé puisque sa mère prônait une neutralité désabusée.
Harry avait apparemment vraiment cru qu'il était capable de tuer des gens, puisqu'il l'avait pisté pendant toute l'année, Draco feintant l'ignorance. Mais il n'avait pas changé ses habitudes... Jusqu'en fin d'année. Peut-être que se faire suivre partout par Harry était tellement plaisant qu'il n'avait même pas remarqué ce qui se passait dans sa propre maison. Il avait été prit de cours et plus que surpris quand les mangemorts avaient envahi l'école grâce à Pansy Parkinson, marquée et qui, au service de son Maître, avait utilisé des armoires à double sens pour faire entrer des tueurs dans une école pleine d'enfants. Devant tous et à la surprise de chacun, Draco avait protégé les plus jeunes, usant de pouvoirs oubliés, mais seul, il n'avait pu repousser tous les mangemorts.
Le plus grand nombre évacué, il s'était concentré sur la signature magique de Harry, un peu angoissé de voir Hermione, Luna et Ron sans le Survivant. Il s'était alors retrouvé en haut de la tour d'astronomie, Pansy faisant face à un Dumbledore désarmé et, sous sa cape d'invisibilité, un Harry incapable de bouger. Draco avait lancé un puissant sort de désarmement et avait observé, surpris par sa propre puissance qu'il n'avait pu contrôler, le sortilège très lumineux percuter Pansy, la projeter en avant, et la jeune femme avait basculé dans le vide.
Dumbledore l'avait observé comme s'il le voyait pour la première fois et Draco avait clamé ne pas vouloir la tuer, qu'il n'avait pas su se contrôler mais surtout qu'ils n'avaient pas le temps de s'attarder. Il s'était précipité vers la baguette du Directeur, la glissant dans sa main puis avait marché vers Harry, défaisant le sort qui le maintenait immobile d'une geste léger de la main.
Tous trois avaient quitté un Poudlard assiégé, aux mains de monstres tel que son géniteur. Dumbledore les avait attrapé tous les deux par l'épaule et ils avaient transplanés en face du quartier général de l'Ordre du Phénix. Dumbledore l'avait intégré dans les protections de l'endroit et ils avaient pénétré cette maison pour le moins... désagréable.
Dans le salon se trouvaient toutes les personnes de la Lumière et au milieu, accablés par des regards furieux, Blaise qui se rongeait les sangs. Quand il avait aperçut Draco, il avait laissé tomber son masque et s'était précipité vers lui pour l'enlacer, lui expliquant qu'il avait paniqué quand il l'avait perdu de vue durant l'évacuation.
C'était à ce moment là que Harry s'était réveillé et avait commencé à hurler au sacrilège de laisser entrer ces deux mangemorts dans le QG de l'Ordre du Phénix. Ron avait surenchérit en voulant voir leur deux avants-bras. Aucun dans cette pièce, si ce n'était Dumbledore, pensait qu'il était légitime qu'ils se trouvent ici. Puis Severus avait débarqué, haletant. Quand il avait aperçut son filleul, il avait soufflé de soulagement et l'avait enlacé à son tour, lui disant qu'il avait croisé Lucius et que ce dernier lui avait ordonné de le retrouver pour le lui amener, qu'il lui fasse payer ce qu'il avait osé faire pendant l'été. Apparemment, Lucius n'avait strictement rien dit à personne quant à la traîtrise de son fils, même pas à son meilleur ami qui aurait pourtant pu le tuer si facilement.
Draco n'avait jamais douté du véritable camp de son parrain. Après tout, il était ultra conscient durant son enfance et se souvenait parfaitement de ces petites phrases ambiguës que Severus lui glissait quand il s'occupait de lui, tel que « Ton père t'apprend à devenir un bon futur Lord mais n'oublie jamais qu'un Lord n'a qu'une personne à qui il doit allégeance, c'est la Couronne d'Angleterre. » Draco n'était pas idiot.
« - Qu'est-ce que vous croyez ? Que je serais véritablement du genre à ramper aux pieds de quelqu'un ? Obéir à quelqu'un d'autre que moi ? Pitié, un peu de bon sens, j'ai une dignité et je ne suis pas un tueur psychopathe, merci bien ! » avait-il craché devant les faces de poissons frits que toutes les personnes présentes affichaient quand ils avaient compris que Draco et Blaise avait refusé de prendre la marque, et qu'ils n'avaient plus aucun contact avec leur famille depuis plus d'un an.
Et ils en étaient là... L'été était passé, Poudlard rouvrait ses portes mais les personnes présentes dans l'ancienne demeure des Blacks étaient recherchées pour haute trahison. L'Angleterre avait chu et une bande d'adolescents ne savaient même pas mettre leurs différends de côté pour travailler ensemble dans cette guerre.
Draco en avait plus qu'assez.
- C'est à cause de ce qui s'est passé hier ? S'enquit Blaise en croquant dans un morceau de toast.
Draco le fusilla du regard. Ah, il se croyait fin.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- La belette femelle ? Continua ce faux ami avec un sourire concupiscent. Et ton énorme crush sur le phénomène Potter.
- Fermes la, Blaise. Tu pourras l'ouvrir quand tu auras parlé à l'aiglon.
C'eût pour effet de fermer le bec de son ami.
Il n'avait pas un "crush" sur Harry Potter, pas du tout. Cela faisait juste plusieurs siècles qu'il voulait retrouver la complicité avec l'âme de Terrence... Juste une seule petite fois, une complicité simple et agréable. Ils avaient à peine eu le temps de vivre ensemble en tant que Terrence et Lucian, ils n'avaient pas eu la possibilité de vieillir ensemble ou de terminer par ne plus pouvoir se supporter, ou même rencontrer quelqu'un qui avait eu quelque chose à redire sur leur manière de vivre et de voir le couple.
Il n'avait pas de béguin pour Potter... Il l'attendait. Il l'aimait toujours, en effet. Et oui, il se languissait pour lui - mais qui ne le ferait pas ?
Au bout de trois longues vies à se souvenirs, soit douze cycles, il s'était fait à l'idée de passer enfin à autre chose. Mais il n'avait pas pu à l'époque et il ne pouvait toujours pas aujourd'hui. C'était trop lui demander. Qu'elles aient été ses vies, il détestait l'inachevé. Et qu'avait-il de plus inachevé que leur histoire digne des plus mauvais romans moldus ? Tiens, s'il ne savait pas quoi faire après cette guerre, il se reconvertira en écrivain de gare dans le monde sans magie. Après tout, il n'avait rien à perdre et quand cette situation serait enfin terminée, Draco ne se sentait pas de rester auprès d'eux. Ses trois anciens amis s'étaient trouvés et la guerre les avaient soudés comme jamais, il n'avait rien de plus à faire.
Blaise et lui déjeunèrent ensemble en silence puis l'Éternel le laissa seul.
- Entouré de tous ces Gryffondors, tu es fou ? S'indigna son ami à la peau noire.
- Il y a une certaine Serdaigle il me semble, non ? Lui rétorqua Draco avec un mouvement de sourcil entendu.
Le serpentard ne dit rien mais Draco n'en avait pas besoin, son regard fuyant parlait pour lui. Le Prince eut un sourire un peu amusé avant de quitter la cuisine. Là, il n'eut même pas à mettre son masque pour paraître blasé. Il commençait sérieusement à en avoir marre, de cette situation. De devoir rester tapi dans l'ombre, caché, parce qu'il n'était qu'un élève. Des fois, il avait envie de tous les faire taire en relâchant toute sa véritable puissance, celle-la même qu'il cachait depuis qu'il pouvait la frôler. Harry et Hermione étaient puissants bien sûr, le Survivant parce qu'il était destiné à vaincre ce pathétique mage noir et Granger, parce qu'elle étudiait plus que n'importe qui à Poudlard De moins, c'était ce que tout le monde pensait. Mais Draco savait mieux que quiconque que c'était parce qu'ils étaient puissant, comme à l'époque, rien de moins. Il suffisait de voir Luna, les gens ne la prenait pas au sérieux car elle avait un touché plus léger sur la vie et que tous ses chakras étaient étonnement ouverts suite à une expérimentation qu'elle avait fait à l'époque où elle était encore Vanieta ; expérimentation qui avait irrémédiablement modifié sa magie et son âme.
Vanieta avait toujours été proche de la terre, des éléments, et il n'était pas rare que ses songes se réalisent. Aujourd'hui, en tant que Luna Lovegood, c'était comme si cette capacité s'était mise en sommeil toutes ses années et ses vies passées pour mûrir et se développer, larguant sur la jeune femme une vague de pouvoir considérable et un lien indéniable avec l'Au-Delà et les vagues venant du Passé et du Futur. Trop perdue dans ses visions et ses ressentis, elle ne perdait pas son temps à faire étalage de sa puissance, trop occupée à déchiffrer les signes que l'Univers et l'Histoire lui envoyaient.
Draco soupira discrètement en arrivant dans le salon, faisant fit des regards suspicieux que Harry, Hermione et Ron posaient sur lui. Il n'y prêta pas attention, préférant se concentrer sur autre chose, frémissant en sentant le regard de Harry sur sa nuque.
Il prit le temps d'observer ce qu'il y avait dans la bibliothèque à côté de la cheminée, fronçant les sourcils en voyant les grimoires tous plus noirs les uns que les autres. Il n'avait pas l'habitude de s'attarder dans les pièces à vivre, pour éviter d'avoir à supporter l'hostilité de ceux qui avaient été toute sa vie par le passé, et n'avait jamais vu cet étalage de ce qui était considéré maintenant comme de la magie noire. Mais actuellement, c'était un peu différent. Depuis ce matin, il était plein de Nostalgie. Après tout, aujourd'hui marquait l'anniversaire de sa prise de position envers Terrence - Harry dans cette vie. Sept ans plus tôt, Draco avait arboré le masque du plus parfait des Malfoy et avait signé pour une haine farouche et des combats incessants avec lui. Il ne récoltait que ce qu'il avait peut-être trop bien semé.
Malgré le fait que les autres personnes de la maisonnée le déteste ouvertement, il avait envie, besoin de sentir la puissance de Harry près de lui. La puissance magique n'était pas perceptible pour tous et malgré le fait que Draco ait bridé et caché la sienne, il aimait sentir celle de Harry l'entourer comme elle le faisait en ce moment même.
Il lâcha un petit bruit mi-amusé, mi-surpris en attrapant un des grimoires qu'il y avait entre deux traités sur l'utilisation du sang dans les rituels anciens.
- Qu'est-ce qu'il y a, Malfoy ? Tu viens de retrouver un des livres de ton enfance ? Marmonna Harry, s'étant rapproché pour le surveiller.
Draco secoua doucement la tête.
- Non, je me demandais juste pourquoi un livre de cuisine se trouvaient avec des livres de magie noire.
Il l'ouvrit, le feuilleta un instant et blêmit en le refermant brutalement.
- Ok, je n'ai rien dit. Les sorciers sont devenus fous, grogna-t-il en rangeant furieusement le livre sur l'étagère, se retenant difficilement de le réduire en cendre d'une simple impulsion de magie.
- Comment ça ? S'inquiéta Hermione, s'approchant elle aussi.
Draco grimaça en se retournant.
- Livre de cuisine pour partie humaine. Toutes sortes d'applications, grogna-t-il.
Il secoua la tête, exaspéré, et commença à partir. Il avait d'autres choses à faire que de parler littérature douteuse avec eux.
- Tu dois adorer ça, non ? Tu ne veux pas prendre des notes ? S'enquit Ron en le fusillant du regard.
Près à quitter la pièce, Draco s'arrêta pour soupirer, si peu discrètement que les autres étudiants furent surpris.
- Très drôle, Weasley. Pitié, renouvelle ton répertoire à blague, soupira-t-il en lui lançant un regard lasse.
Ce gamin lui sortait par les yeux. Même pas capable de mettre ses ressentiments de côtés. Cela dit, il n'était pas seul, lui, et c'était tellement plus simple de mettre à part deux personnes quand on était entouré. Au moins, il avait cessé d'essayer avec Harry de les mettre tous deux à la porte. Pendant plusieurs jours, ils avaient fait énormément d'effort et déployé une dose massive d'énergie pour faire de la vie de Draco et Blaise un enfer, comme en représailles pour ce qui s'était passé à Poudlard. Comme si c'était leur faute, à eux, précisément. Ils n'en avaient rien à faire que Draco et Blaise aient sauvé au moins autant d'élèves qu'eux, qu'ils aient déserté leur famille et - les autres le croyaient - aient passé une année entière à la rue.
D'une certaine manière, c'était peut-être pour eux un moyen de garder une certain routine, un semblant de normalité dans cette merde qu'était leur vie pendant cette guerre. Mais ce n'était vraiment pas le jour pour que Draco s'amuse à leur donner satisfaction, à leur tirer les cheveux et répliquer physiquement ou verbalement.
Draco secoua de nouveau la tête, exaspéré et abattu par leur comportement, quitta enfin la pièce. Il avait beaucoup de chose à faire. Sans se faire voir par quiconque, il descendit à la cave, près des cachots de torture de la famille Black.
La première fois qu'il était venu ici, il avait été dégoûté parce que les familles de Sang-purs trouvaient apaisant et agréable à faire. Torturer des gens... Depuis quand était-ce devenu la mode ? La marque de fabrique des Sang-Purs ? Draco se demandait souvent si les sorciers avaient conscience que les mariages consanguins avaient fini par pervertir leur sang et leur magie, les rendant faibles et multipliant les tares physiques et mentales chez leurs progénitures.
Draco ne le saura jamais et s'en fichait. Il avait depuis longtemps abandonné l'idée de changer quoique ce soit aujourd'hui, les corruptions politiques et sanguines étaient trop ancrées dans la société pour pouvoir y remédier à temps. Draco ne se faisait plus d'illusions, les sorciers étaient voués à la disparition. Quand leur pathétique Lord Noir était revenu à la vie, il s'était dit qu'il n'interviendrait plus, qu'il n'essayerait pas de changer les choses, à quoi cela servirait-il ? Les sorciers n'apprenaient jamais de leur erreurs.
Et puis, il y avait eu la prophétie. Il avait entendu son père en parler, il avait espionné leur Voldemort pendant un temps et s'était renseigné. Il avait ensorcelé Severus et avait pénétré son esprit pour avoir la prophétie complète puis était allé trouver celle qui l'avait fait, Sibylle Trelawney, et avait aussi pénétré son esprit pour l'écouter entièrement.
Et comme Harry Potter n'était pas si différent de Terrence, il était toujours celui à qui il arrivait une merde pas possible, et l'actuel Gryffondor se trouvait être le seul à pouvoir détruire le Serpent. Bien, fort bien.
Draco était alors sorti de sa retraite. Avant de détruire tous les rêves de soumission de Lucius, il avait laissé des sorts indétectables, car oubliés depuis le temps, dans le manoir Malfoy et avait aussi fait un rituel pour, le temps d'un instant, pouvoir lire l'intérieur d'un esprit bien protégé tel que celui qui se disait son père pour cette vie. Pendant toute l'année où il avait déserté son manoir et fuit son père, il prenait un temps pour aller surveiller les secrets de Voldemort dans son manoir. Mais avec Harry qui surveillait ses moindres faits et gestes de retour à l'école, il n'avait pas eu assez de temps pour rentrer en transe et faire ses surveillances. Alors il avait levé le pied et, malheureusement, il n'avait pas réussi à prévoir l'attaque de Poudlard.
Aujourd'hui, à l'abri dans les cachots de l'ancienne maison des Blacks, il pouvait, il avait du temps.
Il pénétra silencieusement derrière la lourde porte de bois. Ça sentait toujours autant la moisissure et le renfermé, mais il ne s'y attarda pas.
La première fois qu'il était venu ici, il avait inscrit d'anciennes runes sur le bois, empêchant un autre sorcier que lui ou que celui qui savait ce qu'il y avait derrière, de pouvoir pénétrer dans la pièce. Il ne voulait pas que quelqu'un tombe sur lui alors qu'il était occupé à espionner le camps du petit Lord Noir.
Un frisson le parcourut et les bougies disposées aux quatre coins de la pièces s'allumèrent.
Il observa d'un œil critique le pentacle à six branches qui était dessiné au sang sur le sol de pierre. Oui, si quelqu'un tombait là dessus, ça pourrait rapidement lui retomber sur le coin de la gueule. Ils allaient tous croire qu'il faisait toujours de la magie noire et... oui, enfin, aujourd'hui, la magie utilisant le sang était considéré comme de la magie noire, et c'était en effet un sort d'espionnage et tous les sorts de surveillance n'était pas très légaux et...
Ouais, d'accord. Pour les critères d'aujourd'hui, il faisait de la magie très noire.
Soupirant, il vérifia que les runes peintes dans son sang ne s'étaient pas détériorées malgré ses propres sorts de protections - il fallait dire que le sous-sol de cette maison était tellement plein de magie désespérée, vestiges des anciennes victimes de cette famille complètement tarée, que le moindre sort de magie la plus pure dans son utilisation se retrouvait soufflée et étouffée - puis s'assit au centre du pentacle. D'un mouvement de main, il alluma les autres bougies disposées aux pointes des branches du cercle magique et en tailleur, attendit que l'odeur de rose des bougies embaume bien la pièce. Puis il se pencha et les uns après les autres, versa deux gouttes de son sang dans les six ramequins au centre des branches. Il alluma une racine de sauge et laissa la fumée pénétrer ses sinus. Il n'eut pas le temps d'entendre les ramequins prendre feu qu'il tombait déjà dans l'inconscience provoquée par les plantes et leur effluves.
Le gris est la couleur prédominante. L'approche répétée des Détraqueurs n'a pas été bon pour Lucius Malfoy, son esprit est sans dessus dessous et c'est d'autant plus difficile pour Draco de lire ce qui s'y trouve. Quand il avait comprit que Lucius comptait reprendre sa place auprès de Voldemort par conviction et non par peur, comme beaucoup d'autres mangemorts, Draco avait, au départ, pensé ne jamais vouloir un jour découvrir ce qui se cachait dans la tête de cet homme. Et puis... Et puis il avait réfléchi et était revenu sur sa décision. Lucius n'était pas le bras droit de Voldemort pour rien, il était un très bon occlumens, un stratège très doué et il était celui en qui Voldemort avait le plus confiance. Il lui disait tout, sans aucune restriction. Dont ses plans les plus fourbes, les plus tordus et les plus secrets. C'était inespéré, un avantage indéniable et Draco avait dû déployer beaucoup de magie ancienne et oubliée pour pouvoir pénétrer au delà des barrières et des protections autour de l'esprit de Lucius sans se faire remarquer. Étant - malheureusement - lié par le sang, cela était d'autant plus aisé mais restait tout de même un processus long et fastidieux. Mais ça en valait la peine.
Il se retrouvait tout d'abord dans son esprit, cet esprit brisé et pervertit, et si Draco n'avait pas été une âme immortelle qui en avait déjà beaucoup vu et vécu, sans doute se serait-il brisé contre les pensées si noires de ce qui aurait pu être un grand sorcier, s'il avait choisi une autre voie. Parce que Lucius suivait-il peut-être Voldemort par conviction, mais parce que ça lui permettait aussi de satisfaire ses désirs pervers de sang, de violence et de jeunes filles. De trop jeunes fillettes. Lucius n'était pas un homme qui devait rester en liberté, voire en vie, il ne le méritait pas. C'était une âme aussi noire qu'une nuit sans lune, poisseuse et toxique.
Puis le temps d'un instant, d'un très court instant, Draco savait tout. Toutes les pensées profondes ou superficielles de cet homme le submergeaient comme les siennes et Draco tentait de toute les retenir, mais c'était dur. Ça ne durait qu'un instant mais le surplus d'informations reçu faisait comme l'effet d'une énorme bombe dans son crâne, et il n'était pas rare qu'il se retrouve après vidé de toute énergie, le nez en sang et la tête lourde.
Il navigue un instant entre les pensées brouillonnes et peu organisées du bras droit de Voldemort, puis il se sent aspiré un instant et toutes sortes d'informations résonnent en lui. Tout lui tombe brutalement dessus et submergé par toutes ces pensées, tous ces indices importants, il tente d'en attraper plusieurs pour les retenir, les assimiler plutôt que de les laisser le traverser.
Puis d'un seul coup, plus rien.
.
Draco prit une grande bouffée d'air en rouvrant les yeux et les bougies tout autour de lui s'éteignirent, soufflées par son surplus de magie. Ses yeux le brûlèrent un instant alors que tout son corps se remettait à fonctionner et que l'air entrait de nouveau dans ses poumons. Dans la pénombre de ces cachots, il reprit son souffle alors que la douleur habituelle lui tombait dessus. Doucement, il déplia ses jambes trop engourdies et se laissa glisser en arrière jusqu'à ce qu'il se retrouve allongé sur le sol, haletant. Il sentait du sang couler de ses narines jusqu'à sur lèvres et il ferma les yeux pour tenter de faire refluer la douleur.
L'Éternel dans le corps d'un jeune homme resta un long moment allongé sur le sol, les yeux clos et la respiration désormais calme, jusqu'à ce qu'un petit crack ne se fasse entendre, très vite suivit par une compresse humide délicatement posée sur son front. Il soupira d'aise et rouvrit une paupière. De petites lucioles lumineuses dansaient près du plafond et au dessus de lui, deux yeux globuleux le fixaient d'un air inquiet.
- Mon Seigneur, est-ce que vous allez bien ? S'enquit une voix nasillarde.
Draco grogna et bougea un peu pour s'étirer.
- Dobby, je t'ai déjà dit de m'appeler Draco, ou Maître Draco Malfoy si tu y tiens tant que ça, marmonna-t-il en se redressant un peu difficilement. On ne peut jamais être trop prudent quant à qui nous écoute, souffla-t-il.
- Seigneur, vos sorts de protections sont bien trop puissant pour que qui que ce soit ne puisse vous espionner, commenta l'elfe de maison en l'aidant à s'asseoir.
Il lui tendit ensuite un verre, que Draco vida par petites gorgées.
- Vous sentez-vous mieux, Mon Seigneur ?
Draco observa l'elfe de maison qui s'était occupé de lui quand il était petit et esquissa un sourire.
- Oui Dobby. Tout va bien.
Le petit elfe hocha vivement la tête et commença à ranger les artefacts qu'il y avait autour de Draco, le laissant encore un peu se reposer sur le sol. L'Elfe récupéra les restes des bougies qui ne pouvaient plus servir - qu'il fera fondre le soir même pour créer une nouvelle bougie pour le rituel suivant -, réarrangea les coupelles, vérifiant que tout était intact et termina par changer la sauge. Draco le regarda faire en invoquant un nouveau verre d'eau. Ce rituel l'épuisait.
Dobby avait pendant longtemps été un allié essentiel à sa survie émotionnelle au Manoir Malfoy. Certes, il était éternel et certes, il pouvait endurer beaucoup ; mais avoir le petit Elfe à ses côtés avait rendu tout cela plus supportable, ne le faisant presque pas regretter d'être né dans cette famille. Au début, l'elfe, malgré sa maladresse innée, avait tout fait pour être le parfait petit elfe agréable pour son petit maître. Mais quand ce dernier fut âgé de quatre ans, il accompagna pour la première fois son père à la Grande Banque de Gringotts, suivit de Dobby, qui ne pouvait le quitter d'une semelle - c'était dans son contrat d'asservissement, ne pas quitter le Maître auquel il était lié avant que ce dernier ait l'âge d'être introduit à la société sorcière, soit neuf ans -.
À cette époque, Draco faisait très attention à ne pas utiliser sa magie. À cause de Lucius toujours au manoir et au nombre affriolant de choses et d'autres de magie noire qu'il y avait, il ne pouvait se risquer de faire de la magie ancestrale si le maître des lieux pouvait la sentir. Alors il n'avait rien fait. Mais en arrivant à Gringott, par habitude et puisqu'il ne risquait rien, si ce n'était qu'on reconnaisse son "statut", il avait laissé s'échapper de lui un peu de sa magie brute, juste une infime partie, mais les Gobelins l'avaient senti et l'avait repéré. Ils avaient rapidement compris la situation en voyant son âge et n'avait donc rien dit, promettant en un regard qu'ils attendraient qu'il se présente seul à la banque pour l'approcher.
Les Gobelins avaient sentit sa magie, l'avaient reconnus comme une des Quatre Âmes Damnées, mais ils n'avaient pas été les seuls, Dobby aussi l'avait reconnu.
À partir de cet instant, l'Elfe avait été son seul contact et son seul allié. Et un allié de poids. Draco l'avait envoyé auprès de Harry, qu'il lui donne des informations pour que le Gryffondor n'aille pas à Poudlard, quand Dobby lui avait dit qu'on lui avait dit que quelqu'un avait dit – Dobby n'avait jamais été très clair - que Poudlard allait être en danger pour leur seconde année ; et que la chambre des secrets pourrait être ouverte. Ce n'était que des suppositions, certes, mais Draco avait tenté d'être prudent. En oubliant la maladresse presque légendaire du petit Elfe.
Mais au final, comme ce dernier avait été libéré du joug tyrannique de Lucius, Draco s'en fichait un peu. Dobby était un elfe libre, ami avec Harry et ça ne pouvait être qu'une bonne chose.
- Dobby ? Appela le Serpentard en s'étirant un peu alors que l'Elfe terminait de mettre de l'ordre.
- Oui, Mon Seigneur ?
- J'ai décidé d'arrêter de faire semblant.
- Vraiment, Mon Seigneur ?
Le petit Elfe se mit à frapper des mains en sautillant, content comme tout.
- Dobby est content ! Est-ce que Dobby a le droit de dire à tout le monde qui vous êtes, maintenant ?
Draco secoua la tête.
- Non, non. Tout de même pas, n'allons pas trop vite en besogne. En fait, ce n'est même pas prévu.
- Mais pourquoi, Mon Seigneur ? Ne pensez-vous pas que-
- Dobby, clama Draco en haussant la voix.
Le petit Elfe bougea des oreilles et se tut.
- Tu crois vraiment que j'aurais une quelconque ... Comment dire, crédibilité, auprès d'eux ?
- Mais vous êtes un des Quatre...
- Je sais Dobby. Mais ils ignorent ce que cela signifie.
- Monsieur Dumbledore sait, non ?
- Non, il se doute juste que... Enfin, que je ne suis pas vraiment qui je prétend être. Mais quand je dis que j'arrête de faire semblant, c'est que... J'en ai marre. J'en ai vraiment marre de tout ce qui se passe, de cette guerre...
Il soupira.
- Je crois que je ne m'y ferais jamais, surtout que je ne peux même pas m'investir totalement dans cette guerre, Harry et les autres, personne ne me fait confiance.
L'Elfe se tritura les mains.
- Pourtant vous les aidez... ?
- Oui. Oui, bien sûr, mais seul Dumbledore qui est cet 'espion' qui les aide tellement, même Severus ne sait rien. Et je n'en peux plus. Alors tu n'as plus besoin de faire semblant, toi non plus. Si tu veux venir me parler, quelque soit la situation, tu peux venir me voir. Si les autres te posent des questions, tu n'auras qu'à leur dire la vérité, que tu n'as plus à faire semblant d'avoir peur de moi depuis que je ne fais plus semblant moi-même.
Il haussa les épaules et Dobby se rapprocha.
- Si c'est ce que vous voulez faire, Mon Seigneur.
Le Serpentard le regarda en haussant un sourcil.
La peau de ses joues verdirent - ce qui équivalait à un rougissement - et l'Elfe secoua la tête.
- Je ne peux pas vous appeler "Draco", Seigneur. C'est impossible, c'est trop irrespectueux, souffla-t-il d'une petite voix.
Le "Seigneur" soupira et secoua la tête.
- Très bien.
L'Elfe passa tendrement un petit mouchoir sur son nez et ses lèvres. Draco en avait oublié qu'il saignait toujours.
L'Éternel eu un petit sourire pour le remercier. Il termina de se nettoyer puis il s'étira et se redressa enfin.
- Vous avez eu accès à ce que vous vouliez ? S'enquit enfin Dobby et Draco hocha la tête.
- On peut dire ça comme ça.
- Très bien alors. Je vais devoir vous laisser, Seigneur. J'ai beaucoup à faire. Vous pouvez remonter seul ?
- Bien entendu.
L'Elfe s'inclina alors puis disparu dans un pop, le laissant seul. Le Serpentard inspira puis soupira doucement et se remit enfin sur pied. Bien, il avait fait sa BA de la semaine, il ne lui restait plus qu'à prévenir les autres désormais.
Les lucioles qui frôlaient le plafond dansaient toujours alors qu'il se penchait pour caresser du bout des doigts le pentacle. Puis il quitta enfin les cachots. Doucement, prenant son temps car toujours un peu fatigué par son rituel, il remonta les escaliers et scella la porte derrière lui pour que personne n'y rentre. Tout le monde pensait que c'était le directeur de Poudlard qui avait condamné cet accès. Ce n'était pas le cas, mais le Directeur n'avait rien fait pour contredire les bruits de couloir du 12 square Grimmaurd.
- Monsieur Malfoy.
Draco se retourna et salua d'un signe de tête le fameux Directeur de Poudlard.
- Dumbledore.
- Vous avez des nouvelles pour moi ? S'enquit le plus âgé physiquement.
Le Serpentard se frotta la mâchoire en grimaçant puis lui fit un signe de la main pour qu'il le suive. Ils se retrouvèrent dans la petite bibliothèque des Black, délestée de tout ce qui était considéré comme de la magie noire aujourd'hui. Ils s'installèrent dans les fauteuils et ils se fixèrent un moment sans parler.
Dumbledore n'était pas considéré comme le plus grand sorcier de son temps pour rien. Il n'était pas idiot, il s'était bien douté qu'il y avait quelque chose de bizarre avec le comportement de Draco, ainsi qu'avec sa puissance. Dans la tour d'astronomie, quand Poudlard avait été assiégé, Draco n'avait pas réfléchit en voyant Harry si proche et en danger. Il avait déployé sa puissance, sa véritable puissance. Et Dumbledore avait bien sentit que cette signature magique, cette puissance n'était pas normale, n'était pas celle qu'il utilisait habituellement.
Le lendemain de l'attaque de Poudlard, Draco l'avait coincé dans un couloir sombre, lui attrapant sa main carbonisée. Il avait remarqué durant l'année passée sa maladie. Draco n'avait aucune idée de ce que cela voulait dire, il ne savait pas ce qui avait causé ceci, mais il savait que Harry avait besoin du vieux sorcier pour gagner. Il était un très bon précepteur, qui faisait peut-être des erreurs mais il était humain et sage. Harry avait besoin de quelqu'un sur qui se reposer et Dumbledore était cette personne, accompagné des trois Autres Âmes et de tous les amis qu'il possédait. Alors Draco avait déployé sa magie, retraçant sa peau, retraçant ses veines, remontant jusqu'à son épaule, atteignant son cœur.
Il avait alors murmurer un ancien sort de guérison, dangereux mais qu'il savait utiliser à la perfection, qui réarrangea et boosta ses cellules souches qui se multiplièrent, alors que les cellules mortes quittaient son corps et tombaient en poussière sur le sol.
Dumbledore l'avait fixé, le regard pétillant de reconnaissance et l'avait remercié à mi-mots, sachant désormais qu'il était totalement guéri et hors de danger. Draco n'avait rien dit, il l'avait juste laissé dans ce couloir pour aller s'enfermer dans la chambre qu'il partageait avec Blaise.
Trois jours plus tard, Dumbledore le trouvait pour confirmer avec lui ce dont il se doutait depuis que Poudlard avait été attaqué : Draco était l'espion inconnu, celui qui leur envoyait tant d'informations, qui avaient sauvé tant de vie depuis le retour de Voldemort. Draco avait confirmé, mais quand Dumbledore lui avait demandé qui il était, il n'avait rien dit. Il refusait de se dévoiler ; en fait, il ne pouvait pas. Il y avait trop de choses qui risquaient d'envenimer le cours déjà catastrophique des événements, il ne pouvait rien dire. Mais il avait depuis lors, l'entière confiance de Dumbledore.
- Alors ? S'enquit ce dernier, le sortant de ses pensées.
Draco se racla la gorge puis lui commença à énumérer ce qu'il avait réussi à ressortir de l'esprit de son père. Au bout de quelques minutes, Dumbledore fit apparaître deux tasses de thé. Le Serpentard le remercia d'un hochement de tête en la prenant.
- Et puis il y a ce journal...
Il fronça les sourcils en cherchant à rassembler les pensées de Lucius tourbillonnant dans sa tête.
- Beaucoup de protections entouraient cette pensée. C'est quelque chose de très important, Voldemort le cherche depuis bien longtemps. J'ai cru comprendre qu'il avait trouvé des écrits parlant de ce journal, ayant appartenu à quelqu'un de très puissant il y a très longtemps, comportant des sorts qu'il compte utiliser pour la guerre. Je n'ai pas réussi à en savoir plus, mais c'est considéré comme très important, comme vital pour eux de l'avoir...
Il soupira et secoua la tête en terminant son thé. Dumbledore acquiesça en récupérant le parchemin sur lequel il écrivait tout ce que Draco lui disait.
- Merci beaucoup, monsieur Malfoy. Vous n'imaginez pas toutes les vies que vous sauvez pas vos actes, déclara solennellement le Directeur.
Draco haussa les épaules en se laissant aller dans le fauteuil pour se frotter le visage. Il était encore fatigué, il allait sûrement se coucher tout de suite après ce tête à tête.
- Oh, croyez-moi. J'en ai une petite idée, soupira-t-il.
Il se leva pour prendre congé, mais Dumbledore se leva à son tour.
- Vous ne comptez toujours pas me dire qui vous êtes exactement ? Demanda-t-il d'une voix plein d'espoir.
Draco, dos au directeur, rit d'un air désabusé et lui jeta un coup d'œil par dessus son épaule.
- Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas, sourit-il un peu tristement.
Parce que c'était vrai. Ce n'était pas le cas pour les... "créatures" magiques, mais leur malédiction les enfermait des autres, d'une certaine manière : Il leur était totalement impossible de parler de leur état à d'autres humains, sorciers ou non, et même aux réincarnations des Trois autres Âmes. N'était-ce pas burlesque ? Une immense blague, la plus drôle qui soit et la plus vieille. Lors de leur premier cycle, c'était Marie qui s'était retrouvée seule, incapable de comprendre ce qui leur était arrivé. Puis ce fut Vanietta, puis lui et enfin Terrence. Chacun leur tour, ils avaient appris à leur dépens qu'ils allaient devoir vivre éternellement en se souvenant de leur vie précédentes avant de mourir, puis de renaître, en oubliant, trois fois, avant de revenir et de se souvenir des longues années précédentes, c'était sans fin !
Vanietta avait, dès sa première vie, tout de suite comprit qu'ils allaient revenir tous les quatre indéfiniment. Elle avait aussi été la première à réussir à les sentir et à les retrouver, leur expliquant tout de suite la situation. Malheureusement, aucun des trois ne l'avait cru. Vanietta l'avait sentit - et les trois autres en avaient aussi fait les frais quand ils avaient tenté de "réveiller" de force les autres : S'ils n'étaient pas celui ou celle qui se souvenait lors de cette vie-là, leur Malédiction les empêchait de Savoir autrement qu'en le devinant eux-même.
Allez devinez un truc pareil, vous...
Et ayant tous été effacés de l'Histoire par ce petit con de fils adoptif de Morgana, la malédiction agissait un peu de la même manière sur les autres humains, moldus comme sorcier, personne n'y croyait, ne pouvait y croire.
- Puis-je toujours vous faire confiance, Draco ? Demanda Dumbledore.
- Pas le moins du monde, ni avant, ni aujourd'hui, ni demain, Albus ! Clama Draco en quittant la bibliothèque, ricanant à moitié.
Qu'est-ce qu'il croyait, ce gamin.
Et voilà pour le début de cette histoire ! J'espère que cette histoire va vous plaire autant que j'ai aimé l'écrire. J'aime cette histoire, vraiment ! =w= Il y aura sept chapitres, je ne sais pas encore quand je vais publier la suite, on verra bien.
Vous connaissez la rengaine, je vous aime très fort, mail, review, tout ça :)
A la prochaine ! xoxo, 'Win