Hello! Voici donc le dernier chapitre de cette fic, j'espère que ça vous plaira et que vous apprécierez autant que j'ai apprécié écrire cette courte histoire! :) Merci d'avoir lu en tout cas!


OoO

Sanji

Find myself within
Darkness twisting me around
There is nothing I can do
This world doesn't spin
It just turns itself around
And around

(...)

Don't give up the life
Using every last breath
Escaping the long way down

Gary Numan, ''Long way down''

OoO

Zoro

I don't think you trust

In my self-righteous suicide

I cry when angels deserve to die

System of a down, ''Chop Suey''

OoO


Une pluie de balles dorées s'abattit sur les deux anges. Sans qu'il n'en soit réellement conscient, les ailes métalliques de Zoro se refermèrent autour de leurs deux êtres, formant une sorte de bouclier protecteur. Il ressentit tout son corps vibrer sous l'impact des projectiles, et lorsque la sensation s'arrêta, il poussa son acolyte par la fenêtre et sauta avec lui. Cette action commençait décidément à devenir une habitude. Déployant ses ailes, il pensait pouvoir freiner sa chute avant de s'envoler, comme il l'avait fait en s'enfuyant de son appartement de Kyoto. Mais les dégâts causés à ces dernières ne lui permirent pas de remonter après coup, et il tomba vers le bitume.

Cela n'échappa pas à Sanji qui plongea en piqué et le rattrapa in extremis, puis accéléra afin d'atteindre sa vitesse maximale. Ils ne pourraient peut être pas échapper aux inconnus qui avaient fait irruption dans son salon, mais avec un peu de chance ils pourraient éventuellement s'éloigner de la ville et combattre sans risquer de blesser des innocents. Il sentait leurs présences derrière eux, et lorsqu'il jeta un regard en arrière, il fut stupéfait de les voir voler à leur poursuite, semblant utiliser l'air comme point d'appui afin de se projeter en avant. Il s'attendait à ce qu'ils soient suivis, mais pas à cela. Le blond accéléra, tentant de les distancer le plus possible. Enfin, il aperçut les abords de la ville, quelques arbres et étendues vertes s'offrant à sa vue. Au moins, aucun humain ne serait mis en danger par leur faute.

C'est sur ces pensées qu'une douleur soudaine le frappa brutalement au niveau du dos, et il fut projeté dans l'herbe de la prairie qu'il rasait de près quelques secondes plus tôt, le poids de l'ange noir l'empêchant de voler trop haut. Il s'écrasa violemment au sol, soulevant plusieurs mottes de terre et roula à quelques mètres de son point d'impact. Lorsqu'il releva le regard, il repéra Zoro qui tentait lentement de se remettre debout, comme engourdi après sa chute. En face de lui, les quatre hommes étaient prêts au combat, leurs armes à nouveau levées.

- On te l'avait pourtant bien dit, non, le ''samouraï''? On ne vous laissera pas filer si facilement: on ne s'arrêtera pas tant que notre employeur n'aura pas eu ce pour quoi il nous a engagés.

Zoro fusilla leur chef du regard puis, poussant légèrement sa lame hors de son fourreau, il répondit:

- Alors on sera dans l'obligation de vous tuer.

Les conséquences de ces paroles frappèrent Sanji de plein fouet et, affolé par cette idée pire que suicidaire, il tenta d'intervenir.

- Attends un peu! Serais-tu devenu fou? Tu connais tout aussi bien que moi les conséquences si nous tuons des être humains! Je refuse d'attenter à leurs jours mais je serais tout de même considéré comme ton complice en me battant à tes côtés.

- Si tu as peur, tu peux partir.

- Quoi?! Non! Hors de question que je t'abandonne lâchement, alors que tu as pris la peine de venir me prévenir! Et tu n'as aucune chance seul contre eux tous!

- Si ton choix est déjà fait, pourquoi tu la ramènes? - fit le bretteur en avançant d'un pas, prêt à en découdre.

- Arrêtes toi. Si tu les tues tu commettras une des plus graves infractions à la loi céleste! Tu n'as reçu aucun ordre des hautes instances et tu ne les as pas non plus sentis attenter à la vie d'un autre être humain.

Zoro lui lança un regard agacé. Il comprenait que ce n'était probablement pas la solution la plus adéquate pour se sortir de cette situation mais c'était la seule qu'ils avaient.

- Je suis parfaitement au courant de comment tout ça fonctionne, merci. Mais on n'a pas le choix. À moins que tu n'aies une meilleure idée...

Face à cela, Sanji ne put que rester silencieux. Il n'aimait pas l'admettre, mais l'autre avait raison: cette situation les dépassait complètement. De plus, il savait très bien que leurs nouveaux ennemis étaient redoutables, que ce soit par l'aura qui se dégageait de leurs personnes ou par la déduction à laquelle il était rapidement venu: ils avaient en face d'eux des mercenaires, modifiés scientifiquement afin de leur donner une résistance ainsi que des capacités surhumaines. Il détourna les yeux amèrement et adopta une position défensive.

OoO

Le combat dura longtemps, donnant beaucoup de fil à retordre du côté des anges, qui devaient faire face à deux ennemis chacun. L'un comme l'autre avaient du mal à tenir le rythme et leurs blessures se faisaient de plus en plus nombreuses. Mais les adversaires faiblissaient petit à petit, les munitions étaient épuisées et seules les lames pouvaient désormais être utilisées. Enfin, ils parvinrent à venir à bout de la résistance de leurs assaillants, dont la fatigue les poussaient à commettre de plus en plus d'erreurs. Sanji put alors mettre un homme à terre, et son acolyte le suivit presque aussitôt, surpris par le coup de pied dévastateur et enflammé qui avait envoyé au tapis son collègue. Lorsqu'il se tourna vers le sabreur, ce dernier était parvenu à éliminer l'un de ses adversaires et terminait son combat contre le leader du groupe. Levant ses sabres au dessus de son épaule gauche, il lança une sorte d'onde de choc bleutée qui, telle une lame aérienne, vint trancher le thorax de ce dernier. L'homme s'effondra au sol dans une mare de sang.

Le spectacle brutal avait cependant distrait le blond, et il ne remarqua pas l'homme qui s'était péniblement relevé derrière lui, levant sa faux d'une main tremblante vers le cou de l'ange. Voyant cela, Zoro se déplaça rapidement et trancha la main de l'homme avant de l'achever, surprenant Sanji. Ce dernier resta figé, le regard droit devant lui, fixant un point vague pendant une seconde avant de se retourner. Enfin, ne désirant pas prendre de risques, l'ange noir s'avança vers le seul rescapé de leur altercation et planta sa lame droit dans son coeur.

Lorsque Sanji se retourna et contempla la scène macabre qui s'offrait à ses yeux, il eut une grimace contrite et recula de plusieurs pas avant de se laisser tomber dans l'herbe. Il passa brièvement une main sur ses yeux et se pinçant l'arrête du nez, il soupira.

- Nous sommes dans de beaux draps maintenant...

- Hm.

Zoro, qui l'avait rejoint, s'assit à côté de lui, un mètre les séparant.

- Que fait-on à présent? Ils savent, ils l'ont senti c'est évident. Ils sauront où nous trouver.

- Il faut qu'on bouge.

- Ils nous rattraperont.

- On aura qu'à être plus rapides qu'eux.

- Hhh. Comment veux-tu être plus rapide qu'eux, au vu de l'état de tes ailes? Je ne suis même pas sûr que tu puisses encore voler.

- Je sais. Ça se réparera.

- Nous n'avons pas le temps d'attendre que ça se répare.

- Je sais.

- Alors qu'est-ce que tu suggères?

Le vert sortit alors une drôle de pierre et la lança doucement sur le côté, permettant à l'autre de la rattraper au vol.

- On va utiliser ça pour se téléporter autre part. Ensuite on avisera.

Sanji observa les runes inscrites sur la surface noire et lisse.

- Où est-ce que tu as eu ça?

- Dans la poche d'un de ces types; fit Zoro en se levant.

Le blond resta quelques secondes à fixer l'artefact puis, fermant brièvement les yeux comme résigné, il se mit debout à son tour.

- Eh bien, allons-y dans ce cas.

Il posa une main sur l'épaule de son acolyte d'un air un peu mal à l'aise et forma une image dans son esprit. L'endroit où il voulait aller. Dans la seconde qui suivit, ils disparurent, laissant derrière eux les corps sans vie de leurs adversaires au milieu d'un paysage au sol dévasté.

Lorsqu'ils refirent surface, ils se trouvaient dans une sorte de grotte, légèrement éclairée par un rai de lumière, ce dernier s'infiltrant par quelques fissures dans la roche blanche. Les murs étaient envahis de verdure et de lianes, créant une ambiance féerique que Sanji appréciait beaucoup. Il aimait cet endroit et il s'y rendait souvent lorsqu'il éprouvait le besoin de se couper du monde. Ainsi, lorsqu'il avait pensé à un endroit où se retirer, c'était celui-ci qui s'était présenté à son esprit en premier.

Un sifflement admiratif se fit entendre derrière lui. Fasciné par le lieu pourtant si familier, il en avait oublié qu'il n'était pas seul. La raison première de leur venue se rappela alors aussitôt à lui.

- Pas mal comme endroit.

- Mh. J'aime bien aussi.

Un silence distant s'installa entre eux. Ils n'étaient pas amis et n'avaient pas vraiment de point commun. La dernière fois qu'ils s'étaient adressé la parole autrement que pour régler un problème immédiat, ils avaient fini par se battre. En y repensant, Sanji éprouvait une certaine honte: il était un ange de lumière, il n'était pas censé devenir violent lorsque quelqu'un l'énervait, aussi agaçante cette personne soit-elle. Il n'aurait pas dû réagir ainsi et ne l'avait d'ailleurs jamais fait auparavant. Sans parler de la situation dans laquelle cela les avait mis. Il regarda le sabreur s'installer dans un coin et fermer les yeux. Comment pouvait-il être aussi détendu après ce qu'il venait de se passer, après ce qu'ils venaient de faire? Ils avaient commis un crime, et ils n'étaient pas en droit de décider de qui mourrait et qui vivait. C'était à cela que servaient les bureaux des hautes instances.

Prenant une inspiration afin de se calmer, il ne put se résoudre à se taire et demanda:

- Nous n'étions pas obligés de les tuer. Pourquoi as-tu fait ce choix?

- Si, on l'était. Les laisser en vie revenait à ce qu'ils reviennent à la charge à nouveau.

- Nous aurions pu nous débrouiller pour les livrer à la justice humaine!

- Non. Leur employeur est trop influent. Ils n'auraient même pas mis les pieds en prison qu'ils auraient déjà été acquittés.

- Hhh, admettons. Et maintenant? As-tu au moins pensé que nous allons être poursuivis, mais cette fois-ci par les agents des hautes instances? Ce ne sera plus un petit nombre de simples humains mais une escouade d'anges surentraînés, et bénéficiant de la possibilité d'utiliser toute l'étendue de leurs pouvoirs, à n'importe quel endroit. Bon sang, ils peuvent invoquer leur fluide mental - le haki - même sur terre!

- On aura qu'à se rendre et attendre d'être sur Skypiea pour les combattre. S'ils nous attrapent.

Skypiea. Sanji ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. Cet homme était fou à lier! L'île céleste était le territoire des anges. Si les bureaux gérant les problèmes humains se trouvait sur terre, celui gérant les problèmes des anges se situait dans le ciel. Il s'agissait aussi du seul endroit où n'importe quel ange pouvait faire appel à la totalité de ses pouvoirs. Haki, télékinésie, et autres. Ce que l'ange noir lui proposait était un défi lancé aux hautes instances, un acte de rébellion ultime qui mériterait alors la peine ultime. Et comment pouvait-il espérer s'en tirer face aux forces présentes sur l'île céleste?

- Non. Je ne prendrai pas part à cette folie! Toutes tes solutions ne sont composées que de violence! À croire que le combat est tout ce qui t'intéresse. Tu es tellement obnubilé que tu en oublies de prendre en compte la gravité et les conséquences de tes actes.

Zoro haussa les épaules, peu atteint par la réplique.

- Si c'est comme ça que tu me vois. Je ne saute pas sur la solution violente en priorité, mais ce n'est pas en tentant de te défendre par les mots qu'ils t'écouteront.

- Qu'est-ce que tu en sais...

- Ils se fichent éperdument de tes excuses et de tes raisons, ils te condamneront quoi qu'il arrive. Tu as choisi de te battre à mes côtés plutôt que de me laisser gérer seul la situation, c'est tout à ton honneur mais comme tu le dis si bien, nos actes ont des conséquences qu'il faut savoir assumer après.

À cela, Sanji ne trouva aucune réponse. En un sens, l'autre n'avait pas entièrement tors non plus, même s'il détestait devoir l'admettre, là encore. Mais la situation ne lui plaisait en rien et il ne voulait pas avoir à faire parler les coups plutôt que les mots une fois de plus. Étonné par la longueur inhabituelle de la tirade de son acolyte, qui se contentait habituellement de phrases courtes et concises, il se surprit à étudier son expression quelques secondes.

Il ne semblait pas si désinvolte et aussi bravache que son ton le laissait entendre. Alors il comprit: ce n'était pas un défi lancé aux instances, c'était la seule solution que Zoro avait pu envisager, et malgré ce qu'il était et l'habitude de tuer, il était évident que ce dernier n'était guère plus enchanté que Sanji de la position dans laquelle ils s'étaient mise. Laissant alors tomber le sujet, le blond décida de passer à une autre question qui le turlupinait tout autant.

- Combien de temps peut-on rester dans cet endroit avant qu'ils nous retrouvent?

L'autre eut un court temps de réflexion, puis:

- Quelques heures tout au plus.

L'ange de lumière acquiesça et alla s'installer dans un coin de leur petite caverne féerique. Le décalage entre la beauté du lieu et leur situation fit apparaître un sourire amer sur ses lèvres. À sa grande surprise, le vert le remarqua, et, plus surprenant encore, tenta des paroles rassurantes.

- On s'en sortira.

Sanji lui lança un regard dubitatif, une moue peu convaincue sur le visage, puis il ferma les yeux.

OoO

Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'ils voyageaient ainsi. Leurs calculs de départ avaient été quelque peu pessimistes et ils s'aperçurent vite qu'ils pouvaient même rester quelques jours sur place avant de devoir bouger à nouveau. Les deux anges se parlaient peu, autant à cause du peu de capacités sociales de Zoro, qui étaient somme toute déplorables, qu'à cause de leurs désaccords sur presque tous les sujets. Non seulement se disputer avec la brute épaisse n'avait rien de plaisant pour Sanji, mais cela risquait de compromettre leur sécurité: s'ils se battaient, leur énergie vitale exploserait à des kilomètres et ils seraient bien plus facilement détectables.

Ils se trouvaient désormais au beau milieu d'une forêt canadienne, marchant dans une direction choisie aléatoirement: ils n'avaient rien d'autre à faire de toute manière. Au bout de quelques heures, ils passèrent près d'un vieux cabanon. Aussitôt, ils perçurent une aura à l'intérieur, puissante, dangereuse, mais humaine. Et à côté, une autre, beaucoup plus faible, presque éteinte. Devinant aussitôt ce à quoi ils avaient affaire, ils se précipitèrent dans la petite construction. L'espace de quelques secondes, ils se trouvèrent alors face à deux personnes. L'une, ensanglantée, étendue au sol. L'autre, armée d'une pince coupante et un sourire malsain sur les lèvres. D'un mouvement ample, Zoro envoya le bourreau voler contre sa propre table, tandis que Sanji se précipitait vers la victime au sol, une lumière dorée qui affluait de ses mains se répandant déjà sur cette dernière.

Le vert leva son sabre, prêt à exécuter le coupable comme à son habitude. Mais la lame se fit hésitante. Il ne savait pas pourquoi, mais ce qui lui avait auparavant semblé une évidence lui paraissait à présent tout simplement mauvais. Il lâcha l'homme et se retourna, prenant une grande inspiration sous les yeux éberlués de l'autre ange. Puis, alors que le bourreau se relevait avec l'intention claire d'en découdre, le bretteur pivota et abattit son arme en une sanglante diagonale. Dans un silence de mort, il prit un téléphone dans la poche de l'homme puis appela la police ainsi que les secours. Enfin, il sortit dehors sans jeter un regard en arrière, avisant seulement son comparse de se dépêcher de le rejoindre afin de continuer leur route sans avoir à croiser les futurs arrivants.

Sanji acquiesça puis installa la victime inconsciente délicatement dans un coin de la pièce avant de retrouver le sabreur à l'extérieur. Suite à cela, les deux hommes reprirent leur marche en silence. Le blond se posait tout de même tout un tas de questions, ces dernières tournoyant dans sa tête. L'ange noir avait hésité à achever le tueur. Et non seulement il avait hésité, mais lorsqu'il l'avait fait, il avait été le plus rapide possible et avait clairement évité de regarder l'homme. Finalement, n'y tenant plus, le blond décida d'aborder le sujet.

- Qu'est-ce que c'était tout à l'heure?

- ... Comment ça «qu'est-ce que c'était»?

- Eh bien dans le cabanon. Tu as hésité à le tuer. Pourquoi? Enfin je veux dire, tu fais ça sans ciller d'habitude et de manière bien plus sanglante. Parfois même, on dirait que tu y prends un malin plaisir. Alors que là...

Pendant quelques minutes, Zoro ne répondit pas. Sanji commençait à croire qu'il ne le ferait jamais lorsqu'enfin, l'autre prit la parole après un bref soupir.

- Je sais pas trop. Ça m'était encore jamais arrivé avant. Quand j'ai pointé mon arme sur lui, j'ai eu cette sensation étrange, comme si je m'apprêtais à faire quelque chose de mal.

- Sacré revirement. - fit Sanji en haussant les sourcils d'une manière faussement impressionnée.

Le vert lâcha un rire sans joie. Le silence retomba et ils continuèrent à marcher en silence. Après un certain moment, et à la plus grande surprise de l'ange de lumière, Zoro continua ses explications.

- Depuis quelques semaines je revois parfois mes victimes. Au départ, c'était dès que je fermais les yeux, mais depuis quelques jours, c'est même éveillé. Il suffit que je me laisse distraire, ou qu'il y ait un déclencheur pour que j'aie des hallucinations.

- Et qu'est-ce que tu ressens dans ces cas là?, demanda Sanji, curieux de voir où cette conversation avec l'autre ange allait mener, sachant très bien que ce dernier n'était pas du genre à parler de lui, et encore moins s'il s'agissait d'admettre quelque chose à haute voix.

- Je me demande seulement si ce j'ai fait jusqu'à maintenant est vraiment juste.

À cela, le blond ne sut quoi répondre. Mais l'image qu'il s'était faite de son comparse commençait à s'effriter doucement. Peut être ce dernier n'était-il en fin de compte pas si mauvais.

OoO

Le dôme bleu de la petite église en ruines les surplombait. Cela faisait deux mois depuis leur étrange conversation, et comme à leur habitude, ils avaient voyagé en toutes sortes d'endroits différents. Lorsqu'ils avaient changé de lieu cette fois ci, ils s'étaient retrouvés dans un vieux village grec à l'abandon. Au cours de cette période, Sanji avait appris à mieux connaitre son compagnon, désormais devenu également son ami. Enfin, en quelque sorte. En effet, ils avaient fini par construire une relation des plus particulières, une sorte d'amitié concurrentielle, dans laquelle ils passaient leur temps à se chamailler ou à se provoquer, mais jamais bien méchamment, tentant de laisser croire à l'autre qu'ils se détestaient toujours autant, en sachant très bien qu'aucun d'eux n'était dupe. Et cela, sans jamais admettre à voix haute qu'ils tenaient l'un à l'autre et qu'ils pouvaient mutuellement se faire confiance.

Plus surprenant encore, ils avaient changé au contact de leur acolyte. Le changement le plus radical avait été celui de Zoro. Ce dernier semblait moins froid à l'autre ange, et les rares fois où ils s'étaient retrouvés face à un ennemi, il avait au départ semblé réticent à tuer pour ensuite refuser tout simplement de le faire. Parfois même, et cela étonnait toujours Sanji lorsque c'était le cas, le bretteur esquissait un mince sourire lorsqu'ils plaisantaient, ou face à une situation agréable. Un des moments dont se rappelait le mieux Sanji avait été son regard lorsqu'il était arrivé devant le splendide paysage des chutes d'eau perdues en Inde. Le blond avait pensé à cet endroit sans trop savoir pourquoi, et quand Zoro s'était trouvé face à la vue presque sortie d'un rêve, il n'avait pu s'empêcher de fixer les environs d'un air ébahi, perdant toute trace de son côté sombre. À ce moment là, on aurait presque dit un être humain normal.

Sanji de son côté, avait alors changé d'avis sur la brute épaisse qui lui servait de compagnon de route, commençant à le considérer avec plus de sympathie. Il avait finalement vu la part d'humanité en Zoro et, à la réflexion était parvenu à comprendre que ce dernier ait pu penser comme il le faisait auparavant, tuant sans merci ses cibles. Après tout, il avait été formaté ainsi. Il y avait été destiné sans qu'on ne lui demande son avis. Cela n'excusait pas ses actes passés, mais cela ne voulait pas dire non plus qu'il était foncièrement mauvais ou cruel. Il ne l'avait d'ailleurs jamais vraiment vu montrer de plaisir sincère en tuant, mais plutôt un clair détachement. Ainsi, Sanji avait appris à être moins catégorique au sujet des anges noir. Bien sûr, certains restaient de belles ordures ravies de se défouler sur les sujets de leurs contrats, mais tous n'étaient pas ainsi.

Assis sur un banc en pierre le long du mur blanc sale de la vieille église, ils attendaient l'heure de partir à nouveau en silence. En un sens, c'était étonnant qu'ils aient pu fuir aussi longtemps sans jamais rencontrer les forces spéciales angéliques. Ils se seraient attendus à ce que ces professionnels envoyés par le Haut Conseil les retrouvent en un tournemain, mais il n'en était rien. C'est sur ces pensées qu'ils furent amèrement détrompés. Un immense portail flambant jaillit au milieu de la salle, et six agents armés et munis d'ailes d'or blanc leur firent face. Aussitôt, Sanji fit apparaître ses ailes, regrettant de ne pas pouvoir le recouvrir de fluide spirituel afin de les protéger, levant au même instant une jambe afin de se mettre en garde. Zoro dégaina son sabre, se levant d'un bond dans une position défensive.

Ils n'eurent cependant pas le loisir de se défendre très longtemps. En effet, ils n'étaient que deux simples anges contre six autres pouvant utiliser l'intégralité de leurs pouvoirs angéliques. Leurs chances étaient extrêmement maigres. Lorsqu'ils se lancèrent chacun sur trois assaillants à la fois, la vitesse d'esquive de ces derniers les prit de cours, et ils se retrouvèrent tous deux en position de faiblesse. Ils tentèrent alors chacun de leur côté de parer les coups qui pleuvaient sur eux mais furent vite forcés de reculer. Cependant, aucun des agents ne leur laissa le temps de prendre de bonnes distances. Ils furent donc au même instant propulsés à travers le mur de l'église, atterrissant côte à côte au milieu des décombres. Ils échangèrent un regard entendu, sachant qu'ils étaient dans de sales draps et qu'ils ne s'en sortiraient pas, mais décidant d'un commun accord qu'ils se battraient jusqu'au bout.

Ils se relevèrent, tentèrent d'autres méthodes, leurs techniques les plus puissantes, des attaques combinées. Mais rien n'y fit et lorsqu'un filin lumineux s'enroula rapidement autour d'eux, les emprisonnant, ils ressentirent une douleur telle qu'ils n'en avaient jamais connue avant de perdre connaissance.

OoO

Lorsqu'ils se réveillèrent, ils se trouvaient dans une somptueuse salle, les poings liés derrière le dos avec des cordes d'or. Un juge tricéphale les toisait du fond de la Cour de Anges. Sanji regarda tout autour de lui, à la fois ébahi par les lieux qu'il n'avait jamais eu le droit de visiter et intimidé par la situation à laquelle il devait faire face. À côté de lui, Zoro fixait le sol d'un regard amer mais déterminé. Le juge prit alors la parole.

- Merci d'avoir ramené nos deux accusés, agent Alpha.

Le concerné acquiesça avec respect et le juge continua.

- Nous somme réunis ici, en ce jour, afin de juger les crimes des anges Roronoa Zoro et Vinsmoke Sanji. Les crimes sont de l'ordre suivant: agression et meurtre d'humains non jugés et non déclarés comme devant recevoir un châtiment, délit de fuite et résistance lors de l'interpellation, tentative de violence à l'encontre des agents de notre Instance. En l'absence de témoins et de défenseur, la peine encourue est donc la mort. Y-a-t-il des arguments?

Ouvrant des yeux ronds, Sanji tenta de prendre leur propre défense:

- Votre honneur, nous n'avions pas le choix, ces hommes tentaient de nous capturer pour nous livrer à des collectionneurs, nous n'aurions jamais attenté à leurs jours si nous n'avions pas eu une bonne raison de le faire!

- Taisez vous! Les accusés ne sont pas en droit de parler!

Zoro le fusilla du regard, ignorant allègrement le respect des jurés et du juge.

- Et vous trouvez ça juste, vous? On a personne pour notre défense.

- SILENCE! Vous parlerez lorsque nous vous y autoriserons!

Le vert lui répondit par un haussement de sourcils sceptique.

- Cessez votre insolence! - puis, se tournant vers Sanji qui regardait son comparse avec inquiétude - Vous admettez donc que vous les avez tués, et que ce n'était pas accidentel?

- Oui, mais nous n'avions pas le choix, et ces personnes s'étaient montrées d'une cruauté sans nom. Nous n'avions pas pensé un seul instant que ce que nous faisions relevait du crime; mentit Sanji, un soupçon de culpabilité lui serrant brièvement la gorge.

- Bien. Est-ce tout ce que vous avez à dire pour votre défense?

- Oui, votre honneur.

- Nous allons donc délibérer.

- Votre honneur, mon acolyte n'a-t-il pas le droit de parole également?

- Pfeuh! Je ne vois pas ce qu'il pourrait bien nous dire de plus!

Sans attendre d'être détrompés, les jurés se retirèrent alors dans une petite pièce à l'arrière de la salle. À la grande surprise de Sanji, les décisions furent prises assez vite, et ils revinrent en un petit quart d'heure seulement.

- Je demande aux membres du jury de rendre le verdict. Tous ceux qui sont d'avis que l'accusé Vinsmoke Sanji est coupable et condamnable de la peine de mort, levez la main.

La moitié des jurés se manifesta.

- Tous ceux qui sont d'avis que l'accusé Roronoa Zoro est coupable et condamnable de la peine de mort, levez la main.

Cette fois ci, tous les jurés répondirent à l'injonction.

- Nous condamnons donc à mort le sujet Roronoa Zoro. Vinsmoke Sanji sera condamné à devenir un ange déchu et à vivre sur terre parmi les simples humains, une sentence intermédiaire s'appliquant du fait que seule la moitié des jurés l'estime coupable.

- Objection, votre honneur. Pourquoi, alors que nous avons la même situation et les mêmes éléments de défense, acceptez vous de rendre un verdict différent pour nos deux personnes? , s'insurgea Sanji.

- Je ne vois pas ce qui vous pose problème, les jurés ont posé leur avis, je ne fais que le respecter selon le règlement de base du procès verbal angélique.

- C'est dingue ça. Vous ne voyez vraiment pas? Comment pouvez-vous avoir la prétention de rendre justice sur terre quand vous n'êtes pas même capables de juger de manière juste vos propres sujets!? Votre verdict s'appuie sur de simples préjugés! Il est un ange noir, alors il mériterait moins de clémence pour le même crime!? À quel point pouvez-vous vous laisser corrompre?

- SCANDALE! - hurla quelqu'un au fond de l'assemblée, puis il fut suivi par de nombreux autres, le public et les jurés indignés de cet affront.

- SILENCE! Je ne tolèrerai pas ce bruit incessant dans ma cour! Votre insolence et votre irrespect laissent penser que vous avez perdu toute humilité. Ne vous souvenez-vous pas des enseignements sacrés, qui dictent le respect de ses ainés et de l'autorité?

- Si c'est pour laisser faire l'injustice, alors je n'en ai cure.

- SILENCE, J'AI DIT! De quel droit vous permettez vous! Vous n'êtes pas mieux que cet ange noir, ce démon! Il vous a corrompu jusqu'à la moelle, voilà ce qu'il encourt de côtoyer ce genre d'individu! Votre âme est souillée, être déchu ne suffit même plus, vous devriez être détruit avec l'autre impie!

Sanji s'apprêtait à répliquer, lorsque Zoro se leva et, à sa grande surprise, s'adressa pour la première fois du procès aux jurés et au juge avec le respect demandé par l'étiquette.

- Votre honneur. Permettez moi d'intervenir: certaines choses nécessitent d'être clarifiées. L'ange blanc qui se tient devant vous ne tente pas de me défendre moi, mais seulement une justice pure et dénuée de jugement. En cela, il respecte parfaitement les principes qui lui ont été inculqués: ne pas poser de préjugés envers autrui, et juger de manière juste et désintéressée. Il ne s'intéresse qu'à une justice vraie et à l'égalité. N'est-ce pas là la preuve que son âme est restée bonne? Vous ne pouvez pas le condamner pour avoir fait ce qu'il semblait le plus honorable à ses yeux.

Le juge hocha légèrement une de ses têtes, semblant considérer l'argument, toutefois mécontent que l'ange noir puisse éventuellement avoir raison.

- De plus, il est nécessaire de clarifier que votre verdict a été donné sans mon témoignage. Hors, je pouvais apporter des éléments de poids pour ce dernier. Vinsmoke Sanji ne mérite pas de recevoir de peine: c'est moi qui les ai tués. Il n'a rien à voir avec ça: il se trouvait seulement sur les lieux à ce moment là car il avait également été pris pour cible.

- Pfeuh! Il s'est tout de même battu à vos côtés le moment venu et a fuit avec vous.

- Il n'avait pas le choix s'il voulait survivre. Mais se défendre lorsque cela est nécessaire n'est pas considéré comme un crime, à ce que je sache. Quand au délit de fuite, c'était mon idée. C'est moi qui l'ai entrainé là dedans, pensant qu'une deuxième personne pourrait me faciliter la tâche pour survivre. Quoi qu'il en soit, il ne mérite pas de mourir.

Sanji lui lança un regard choqué. Il savait très bien que l'autre mentait sur le dernier point: il avait emmené Sanji car c'était la seule chose à faire, pas par pur intérêt personnel. Pourquoi faisait-il cela?

- Et qu'est-ce qui vous fait croire que nous changerons notre verdict?

- Que vous garderez votre verdict, plutôt. Vous aviez déclaré qu'il devait être déchu et vous avez changé d'avis après la déclaration de la sentence.

- Parce que je suis le juge - déclara avec autorité et suffisance le tricéphale.

- Et alors? Les grandes positions n'autorisent pas tout. De toute façon si vous le condamnez, je serai en droit de faire mon travail: punir l'injustice et rétablir l'ordre des choses.

- COMMENT?! Mais pour qui vous prenez-vous! - hurlèrent les trois têtes du juge, outrées.

- C'est simple, soit vous gardez la sentence initiale, soit je me charge de le faire sortir, quitte à tous vous éliminer.

- Ha! Et vous croyez que vous parviendrez à aller loin?

- Je sais pas, on verra – lâcha Zoro avec un sourire provocateur – ça m'empêchera pas d'essayer et après tout, ici je peux toujours utiliser tous mes pouvoirs, non?

- Bon sang, abruti de sabreur, je t'interdis! La violence n'est pas une solution, quand comprendras-tu enfin cela! Tu ne peux pas toujours tout régler dans le sang.

Zoro haussa les épaules. De toute façon, il n'aurait pas le choix. La violence n'était certes pas une solution, mais parfois, elle s'avérait être la seule. Et puis ce n'était pas comme s'il n'avait pas tenté la diplomatie au préalable. Il avait changé, mais cette part de lui restait toujours présente et ne s'en irait jamais. Ignorant à nouveau le blond, l'ange noir se tourna vers le juge.

- Mon intention n'est pas de vous menacer. Mais réfléchissez à ce qui est le plus juste et aux conséquences de vos actes, dussiez-vous faire erreur quand à votre verdict final.

Cela ne sembla pas plaire au juge, et quelques personnes dans l'assemblée se tortillèrent de manière mal à l'aise. Enfin, le tricéphale sembla considérer les arguments du vert, qui le fixa dans les yeux avec intensité.

- Il ne mérite pas de mourir.

Après silence qui sembla durer des heures, le juge finit par céder:

- Vous plaidez donc coupable pour tous les crimes dont nous vous accusons et jurez que Vinsmoke Sanji n'a agis qu'en conséquence de la situation sans avoir d'autre choix présent?

- Je plaide coupable.

Sanji observait la scène avec stupeur. Il ne parvenait plus à parler, la surprise mêlée à l'injustice de la situation le prenant à la gorge. Zoro n'avait pas le droit de lui faire ça! Il ne pouvait pas prendre tout le blâme sur lui et se sacrifier ainsi, même s'il pensait qu'il était condamné dans tous les cas! Stupide épéiste!

- Très bien. Vinsmoke Sanji est acquitté de sa peine secondairement choisie, il devra néanmoins répondre de ses actes pour avoir collaboré avec un criminel de haute catégorie lors d'un combat contre nos agents, que cela ait été volontaire ou non. En cela, il est coupable de trahison. Il est peut être innocent sur certains points mais il devra être jugé sur d'autres. La peine de mort reste donc la plus adéquate.

- Vous avez très mal choisi votre sentence, votre honneur...

Une aura sombre se répandit sur toute la pièce, et les liens qui maintenaient l'ange noir s'effritèrent. Paniqués, plusieurs agents et gardes célestes se précipitèrent aux différents points stratégiques de la salle: les sorties, l'autre condamné, le juge ainsi que les jurés. Ce genre de phénomène n'avait encore jamais eu lieu. Un sabre se matérialisa dans la main du vert, se recouvrant aussitôt du fluide sombre et scintillant qui s'était mis à affluer le long de son bras. Un esprit démoniaque s'étendit derrière lui tel un gardien, une vague d'énergie noire se répandant sur la cour de justice.

Sanji ouvrit des yeux ronds, il se serait attendu à tout sauf à ça. Zoro était en réalité un Nephilim: un croisé entre l'ange noir -dans son cas- et le démon. Non seulement cela le rendait bien plus puissant que tout autre ange classique mais cela expliquait qu'il ait été capable de se libérer si facilement. Sur terre, un Nephilim n'était pas vraiment différent d'un ange normal, mais une fois sur le domaine céleste, ils devenaient redoutables.

Le sabreur regarda ses adversaires d'un air sévère mais peu impressionné. À juste titre puisque dans la seconde qui suivit, la moitié des gardes se trouvèrent gisant au sol, inconscients. Aussitôt, la panique s'empara de l'assemblée et de certains membres du jury. Ils se précipitèrent alors vers les grandes portes principales, d'autres visant plutôt la petite porte de la salle de délibération. Mais par la simple volonté de son esprit, Zoro provoqua leur fermeture brutale, enfermant ainsi en un claquement sonore les personnes présentes avec lui. Par dessus le brouhaha, il pouvait entendre Sanji protester. Il fit taire le bruit, réduisant à néant le son environnant grâce à ses pouvoirs. Cependant, il se contenta de baisser sa garde, l'aura sombre flottant toujours autour de lui, et il annonça calmement:

- Nous n'avons pas besoin d'aller plus loin. Graciez Vinsmoke Sanji et laissez le reprendre le cours de sa vie. Promettez-le et je m'arrête. Je poserai les armes et vous ferez ce que vous voulez de moi. Refusez et vous verrez l'enfer.

Il laissa un moment de silence, laissant peser ses mots, puis il demanda:

- Alors, qu'est-ce que vous choisissez Votre Honneur?

- Pfeuh! Ce n'est pas parce que vous pouvez faire quelques tours et éliminer les gardes les plus faibles que vous avez le dessus sur nous: nos agents peuvent vous anéantir en un rien de temps, vous n'êtes pas dans une situation qui vous permet de négocier!

- Peut-être, mais je peux toujours faire pas mal de dégâts, et je doute que vous n'en ayez très envie...

Bouillant de rage mais impuissant face à la situation, le juge tricéphale acquiesça. Il savait que le sabreur ne pouvait rien contre eux et que leur côté sortirait vainqueur dussent-ils en venir aux mains, mais il ne pouvait pas se risquer à sacrifier les vies de ses soldats ainsi que celle de dizaines d'innocents. Il concéda enfin:

- Comme vous voudrez. Vous n'êtes qu'une ordure, mais je n'ai pas de meilleur choix. - il s'éclaircit la gorge avant de continuer, toisant Zoro d'un regard empli de haine et de dégout - Vinsmoke Sanji est condamné à être déchu, tel qu'il était énoncé lors de sa peine initiale.

- Ce n'est pas ce que j'ai demandé.

- Eh bien vous n'aurez pas mieux! Vous n'êtes pas le seul à pouvoir proférer des menaces! Si vous ne vous contentez pas de cela, alors vous devrez tous deux vous battre pour sortir et vous mourrez ce faisant! Et si par miracle vous vous en tirez, vous serez traqués et lorsque nous vous capturerons, il n'y aura pas de procès qui tienne! Ce sera l'exécution sommaire!

Le juge marquait à son tour un point. Agacé mais sachant qu'il ne disposait que d'une maigre et inespérée occasion, et non de la position de force qu'il aurait souhaitée, Zoro accepta le compromis.

- Va pour l'humanisation alors. Mais je veux votre parole que vous n'essaierez pas d'attenter à ses jours lorsqu'il sera sur terre en tant qu'humain et que vous le laisserez vivre une vie normale.

- Oui. Vous avez ma parole, à condition bien sûr que vous répondiez de vos actes. Vous êtes content maintenant?

- Hm. Je garde le sabre jusqu'à ce qu'il soit descendu. Je veux m'assurer que vous ne m'entuberez pas sur des détails.

Le juge leva les yeux au ciel.

- Faites, faites.

- Ah, et aussi... - une rune noire se dessina sur le dos de la main du juge, funeste présage de représailles dusse-t-il rompre sa promesse. Zoro ne pouvait utiliser ce pouvoir qu'une seule fois tous les cent ans, alors autant que ce soit maintenant.

Le tricéphale fixa sa main avec dégout avant de lancer au nephilim un regard empli de mépris. Enfin, il abattit sa sentence sur ce dernier, annonçant ce qu'il adviendrait de lui une fois l'accord honoré.

- Roronoa Zoro. Vous êtes déclaré coupable des multiples crimes cités auparavant ainsi que d'avoir menacé la grande cour céleste. Vous êtes donc condamné à la destruction de votre être sur le champ.

Paniqué à cette annonce, Sanji se réveilla de sa stupeur et se mit à hurler sur le sabreur comme il ne l'avait jamais fait auparavant.

- Tu es content maintenant, c'est ça que tu voulais?! Hein?! Réponds moi, enfoiré! Tu n'avais pas le droit de prendre cette décision seul! Tu n'as pas le droit mourir ainsi, tu m'entends! Annules tout, bats toi, fais ce que tu veux, mais il est hors de question que tu te sacrifies ainsi!

Utilisant ses pouvoirs, un agent le fit taire, récoltant par la même occasion un regard courroucé. Le juge lança alors un regard moqueur à l'ange blanc, et une rune similaire à celle lancée un peu plus tôt par le bretteur se dessina douloureusement sur la main de ce dernier. Face à la surprise de Zoro, il lui adressa trois sourires condescendants:

- Vous n'êtes pas le seul à pouvoir vous assurer de la loyauté de votre vis-à-vis suite à un accord passé. Qu'il ne vous vienne donc pas à l'idée de trahir votre promesse pour sauver votre peau!

Puis d'un coup de marteau magistral sur son bureau, le juge continua le procès.

- Procédez à la sentence de Vinsmoke Sanji.

Deux gardes célestes firent monter une sorte d'ascenseur de verre aux parois dorées. Ce dernier sortit du sol face à l'ange de lumière, majestueux. Sanji le fixa un instant, ses émotions se mélangeant en une étrange association: la colère se superposait à la désapprobation, toutes deux teintée de résignation. En effet, ils n'avaient à présent plus le choix. Leur sort était scellé par la stupide décision du nephilim: il devait y avoir une autre solution, il était sûr qu'avec un peu de persévérance, ils auraient réussi. Et pourtant, il ne trouvait rien d'autre. Aucune autre option qu'ils auraient pu prendre avant que tout cela ne tourne aussi mal ne lui semblait plus adéquate que celle qui avait été prise. Alors il allait vivre et son ami allait mourir pour eux deux, et avec ce que Zoro venait de faire et le sceau gravé dans sa chair, il n'aurait plus aucun moyen d'y échapper. À cette pensée, un léger râle de frustration échappa de sa gorge, le visage crispé.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit et il fut guidé de force à l'intérieur, une boule d'angoisse lui serrant la gorge et son coeur battant la chamade. Lorsque les battants de verres se refermèrent autour de lui, un sentiment de claustrophobie s'empara de sa personne et il se rapprocha inconsciemment de la vitre, sa respiration s'accélérant.

- Lancez le processus.

À cet ordre, un levier de marbre blanc situé près de l'ascenseur fut activé par l'un des gardes, et une lueur dorée émana de tout son être. Sanji regarda les poussières brillantes s'envoler autour de lui et il sentit ses pouvoirs faiblir, comme s'il les perdait tous progressivement. Au même instant la cage de verre se mit à descendre lentement. Il lança un regard anxieux vers Zoro et, avec horreur, le vit lâcher son sabre. L'arme se départit aussitôt de sa protection spirituelle et tomba au sol, se plantant dans le parquet lustré tandis que son propriétaire affichait un mince sourire victorieux. Mourir ne le dérangeait pas: il n'en avait jamais eu peur et il faudrait bien qu'il réponde des atrocités qu'il avait commises des siècles durant. Il n'avait aucun regret.

Sanji se mit à frapper la vitre avec vigueur, tentant de la détruire d'un de ses coups de pieds dévastateurs, mais en vain. Impuissant, il ne put que s'appuyer contre le verre indestructible, une grimace amère déformant ses traits, le regard bas. Et lorsqu'il releva la tête, il ne put qu'observer avec effroi les gardes célestes se jeter sur le condamné, le perforant de milles lames scintillantes. Il ne put que regarder Zoro s'effondrer à côté de son arme, le sang se répandant rapidement sous son corps. L'ascenseur continuait de descendre et l'ange se trouva bientôt le visage au niveau du sol, face à son ami. Le regard empli d'horreur, il put voir ainsi ce dernier aux portes de la mort, l'étincelle de vie disparaissant progressivement du regard du nephilim. Celui-ci lui offrit dans ses derniers instants un sourire désolé et victorieux malgré la crispation de souffrance sur son visage, l'expression glaçante se figeant dans la mort.

OoO

Sanji Vinsmoke se leva pour commencer un nouveau jour. Comme à son habitude, il s'arrêtera d'abord par la salle de bain afin de faire un courte toilette. Arrivant à la cuisine, il fit frire un oeuf et beurra deux tartines, versant ensuite un café chaud dans une tasse. Il alluma la radio, songeur. Il avait encore fait le même rêve. Cet ami qui se sacrifiait et mourrait sous ses yeux. Il détestait ce rêve, mais il ne voulait pas que ce dernier s'arrête. Car à chaque fois qu'il ne le faisait pas pendant une certaine période, les images devenaient floues, tel un souvenir se perdant dans les limbes de l'inconscience. Il savait que ce n'était qu'un rêve, un pur produit de son cerveau stockant et réorganisant les données dans son esprit endormi. Mais, sans comprendre pourquoi, il avait le sentiment qu'il ne fallait pas qu'il perde celui ci. Comme s'il était un véritable souvenir qui devait être conservé coute que coute, comme s'il devait à tout prix garder en mémoire son ami aux étranges cheveux verts et aux ailes d'acier noir.

Toujours pensif, il se leva de sa chaise, débarrassant la table de son repas matinal et partit dans le hall, enfilant ses chaussures avec un manteau gris, une écharpe couleur forêt autour du cou. Il ramassa ses clefs et son portefeuille et sorti dans le froid de l'hiver.

OoO


Et voilà, c'est fini! Noooooon, pitié ne me tuez pas! Je sais: beaucoup n'ont pas dû apprécier que je tue Zoro, en plus j'ai oublié de prévenir que c'était une death fic dans le chapitre 1, honte sur moi! :/ Mais dans le scénario c'était la seule chose qui collait vraiment, je ne me voyais pas gâcher tout le sens de l'histoire et le changement radical de Zoro pour juste finir sur un truc bisounours avec une happy end illogique. Et puis avouez qu'il a souvent tendance à se sacrifier et que ça colle pas mal au personnage ^^ *Patapé!*

Cela étant dit, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé! En tout cas, je vous remercie énormément d'avoir lu jusqu'ici!

Sur ce, prenez soin de vous et à une prochaine! Bye!