TATATAAAAAM ! JOYEUX NOËL MAYA D'AMOUUUUR !

J'espère de tout mon cœur que ce petit OS te plaira et qu'il aura répondu à tes attentes ! Tout comme toi, c'est la première fois que j'écris sur ce fandom ! (Rassure-toi, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire :D *sort*)

Bonne lecture !


.oOo.

Charles Xavier et le Philtre de Luxure

.oOo.

La plus grande catastrophe de l'année (et des précédentes, peut-être, à une notable exception près) avait démarré tout simplement : Charles s'ennuyait.

Ce n'était pas une occurrence très fréquente, car il y avait toujours trente centimètres de parchemin à écrire sur les sortilèges de Confusion, ou Grandeur et Décadence de la Magie Noire à relire, ou des métamorphoses à pratiquer, ou des parties d'échec version sorcier à faire avec Hank.

Mais quand il avait fini son parchemin, quand il avait relu trois fois tous ses livres, quand il n'avait pas envie de changer une valise en dinde et quand Hank était en cours d'arithmancie, Charles n'avait plus rien pour le distraire, et le monde entier (ou plutôt, Poudlard entier) tremblait de frayeur autour de lui.

Car Charles était absolument insupportable lorsqu'il s'ennuyait. Il soupirait, il se levait, faisait les cent pas, se rasseyait, et surtout, il râlait en permanence, un flot incessant de plaintes et de protestations qui donnait envie à tous ceux qui se trouvaient autour de subir le baiser du Détraqueur plutôt que de rester un instant de plus dans la même pièce que lui.

Sa sœur Raven, de deux ans plus jeune, avait donc imaginé quelques années plus tôt un plan pour tenir son frère occupé et épargner les nerfs de tout son entourage : les Défis.

Les Défis étaient parfois inoffensifs, parfois complètement loufoques, parfois carrément dangereux, et tous n'avaient qu'un seul but : stimuler suffisamment l'intelligence de Charles pour le tenir occupé pendant quelques heures. Charles avait donc, au cours de ses sept années à Poudlard, violé allègrement toutes sortes de règles ; parmi ses plus grands exploits, il avait rapporté de la forêt interdite une touffe de poils de licorne (dont il en avait par-dessus le marché tiré un joli pactole en les vendant à Ollivander), il avait réparé une vieille Armoire à Disparaître qui menait chez Florian Fortarôme et en avait rapporté des glaces, il avait craqué le mot de passe du bureau de Dumbledore et était tombé dans la Pensine (il en était ressorti sans que le directeur l'apprenne et sans que les portraits du bureau ne le dénoncent, une victoire dont il n'était pas peu fier), et enfin, sa plus magnifique et sa plus terrible prouesse, en début de sixième année : il avait réussi à baisser les défenses de Poudlard suffisamment longtemps pour être capable de transplaner de sa chambre à celle de Raven.

(Il s'était pris une terrible correction pour celle-ci, un sermon bien senti par Dumbledore, Mc Gonagall et Snape réunis, tous ses samedis et ses dimanches du reste de l'année en retenue, interdiction d'assister au moindre match de Quidditch et d'aller à Pré-Au-Lard, et il n'avait échappé au renvoi définitif que parce qu'il était Préfet des Serdaigle et qu'il avait obtenu un Optimal à tous ses BUSES l'année précédente. Après ça, il avait décidé de mener profil bas, et Raven avait revu le niveau de ses Défis à la baisse.)

Or, ce jour-là, il s'ennuyait, et Raven, assise à côté de lui à la table des Gryffondor dans la Grande Salle (Charles appartenait à Serdaigle, mais Raven refusait de s'installer avec ceux qu'elle appelait les "intellos poussiéreux"), semblait sur le point de faire une crise de nerfs.

– Je suis en train d'étudier, Charles ! avait-elle crié. Fiche-moi la paix et va t'occuper ailleurs !

– Mais je m'ennuie.

– Va faire un philtre de luxure, ça t'occupera !

Elle n'avait probablement lancé ça que par frustration, mais Charles n'avait pas trouvé l'idée mauvaise – les philtres de luxure étaient complexes, et avec juste la notion d'interdit nécessaire pour que ce soit excitant, sans aller jusqu'à être vraiment dangereux, comme l'aurait par exemple été une décoction de la Goutte du Mort-Vivant.

Il s'était donc lancé dans la préparation de la potion, réunissant avec patience les ingrédients les plus ardus (comme des queues séchées de salamandres et des coques d'huîtres en poudre, qu'il avait dû aller acheter dans l'Allée des Embrumes en utilisant son armoire à Disparaître), et il avait terminé son philtre pile au moment de Noël.

La potion était magnifique. D'une couleur turquoise tendre et veloutée, elle bouillonnait doucement dans la salle de classe désaffectée qu'il occupait dans les cachots pour ses expériences (et dont il avait protégé la porte d'un puissant sortilège d'invisibilité pour décourager les promeneurs), répandant une délicieuse odeur mélangeant fleurs et épices, et lorsqu'il la montra à Raven, celle-ci resta bouche bée.

– Elle a l'air magnifique, Charles. Si je n'étais pas certaine qu'on se ferait envoyer à Azkaban tous les deux pour ça, je la montrerais même au professeur Dumbledore. Peut-être que tu pourrais en faire des réserves et les vendre en cachette pour la Saint-Valentin ?

– Tu plaisantes, j'espère, répondit Charles. J'ai peut-être besoin de challenges, mais je ne suis pas encore complètement suicidaire. Je la fais encore bouillir cette nuit pour qu'elle arrive à maturité, et je la jette demain.

Raven haussa les épaules.

– Dommage.

Le lendemain matin, il la fit disparaître d'un simple mouvement de baguette.

Le lendemain midi, Raven lui répéta que c'était vraiment dommage qu'il ait dû la jeter sans même qu'elle ait servi une fois. Vraiiiiment dommage.

Le lendemain soir, Charles était à deux doigts de se jeter sur Erik Lehnsherr pour lui faire l'amour.

Alors voilà. Ce n'était pas au niveau des défenses baissées de Poudlard, mais à titre personnel, c'était une véritable catastrophe.

.oOo.

Charles, de préférence, aurait aimé garder le silence sur l'obsession qui le dévorait de l'intérieur depuis des années. Erik Lehnsherr était en septième année, comme lui, mais il appartenait à la maison Serpentard ; Charles le connaissait depuis leur Répartition.

Il était amoureux de lui depuis au moins aussi longtemps.

Sa petite fixation (petite comme l'intérieur d'une malle sans fond) pour Erik Lehnsherr était restée rigoureusement secrète pendant des années, car Charles était un excellent légilimens, ce qui signifiait qu'il était également un excellent occlumens ; autrement dit, son cerveau et ses pensées étaient chasse gardée. Malheureusement, toutes les protections mentales n'avaient servi à rien en cinquième année, le soir du repas d'Halloween, lorsqu'Erik était venu à la table des Gryffondor pour lui demander de lui passer le punch épicé à la citrouille et que Charles était devenu plus rouge que la dernière Beuglante qu'il avait reçue. Raven l'avait regardé bouche bée.

– Erik Lehnsherr, Charles ? avait-elle dit lorsque l'intéressé était reparti à sa table. Sérieusement ?

– Ça suffit, Raven, avait marmonné Charles, écarlate.

– Mais qu'est-ce que tu lui trouves ? Il est désagréable et antipathique et il est persuadé que les sorciers sont supérieurs aux Moldus et qu'ils devraient avoir la suprématie en tant qu'espèce dominante. Tu détestes ce genre de personnes !

– Je sais, soupira Charles.

Il ne savait pas trop non plus, à vrai dire – Charles ne recherchait pas quelqu'un de parfait, loin de là, mais il fallait admettre qu'Erik Lehnsherr accumulait largement plus de défauts que la moyenne (son racisme anti-Moldus n'était que la pointe de l'iceberg). Néanmoins, le premier soir, lorsqu'ils étaient entrés dans la Grande Salle après avoir traversé le lac en barque, et que Charles avait fait tomber son Rapeltou, Erik s'était baissé et le lui avait rendu avec un sourire avant de lui serrer la main.

– Erik Lehnsherr, avait-il dit.

Sa main était chaude lorsque Charles l'avait serrée, et pendant toute la première moitié de l'alphabet, Charles avait espéré qu'ils termineraient dans la même Maison.

Mais Erik avait été appelé, et le Choixpeau l'avait envoyé à Serpentard, et Charles, le dernier à être Réparti, avait été envoyé à Serdaigle, et lui et Erik ne s'étaient plus adressé la parole pendant des années.

En septième année, toutefois, les cours de potion avancés avaient lieu avec les Serpentard, et Charles, qui était arrivé en retard au premier cours, s'était retrouvé à partager la table d'Erik, qui n'aimait pas faire équipe avec les autres.

Ils avaient d'abord fait leurs potions chacun de leur côté, puis Charles lui avait demandé de le dépanner de quelques yeux de scarabée, puis Erik lui avait conseillé de touiller sa potion dans le sens des aiguilles d'une montre plutôt que l'inverse, puis Charles lui avait offert un flacon de sa potion de Sommeil Sans Rêve lorsqu'Erik lui avait avoué qu'il était en proie à des insomnies, et Erik l'avait remercié en lui offrant deux paquets de chocogrenouilles, et bizarrement, sans s'en rendre compte, ils avaient fini par devenir amis.

Erik Lehnsherr n'avait pas d'amis. Il était trop agressif pour les attirer et trop brusque pour les garder. Il disait tout ce qui lui passait par la tête, et c'était rarement des remarques sympathiques. Mais il était intelligent, et doué, et attentionné, à sa façon maladroite, et Charles se montrait patient et compréhensif avec lui, et lorsqu'il le voyait lui sourire avec gratitude, quand ils jouaient aux échecs, il n'avait pas besoin de légilimencie pour comprendre à quel point leur étrange amitié était importante pour Erik.

Il ne l'aurait jamais mise en péril pour une histoire de sexe.

Et pourtant.

.oOo.

Il y avait de la soupe aux courges et à la citrouille au repas du soir. Charles adorait cette soupe, et il en avait quand même bu deux bols – et maintenant, deux heures plus tard, en train de jouer aux échecs version sorcier avec Erik, il le regrettait amèrement. De toute évidence, il ne l'avait pas digérée.

– Charles ? Ça va ? demanda Erik, en levant les yeux vers lui. Tu es tout rouge.

La Grande Salle était presque vide : la plupart des élèves étaient repartis chez eux pour Noël, mais Charles et Raven rentraient le moins possible chez leurs parents s'ils pouvaient l'éviter, et Erik était orphelin depuis avant même d'entrer à Poudlard. Pendant sept ans, ils s'étaient toujours croisés dans les couloirs vides pendant les vacances scolaires. Cette année, ils jouaient ensemble.

– Quoi ? balbutia Charles, déboussolé. Ah, euh… Oui…

Depuis dix minutes, Charles avait des frissons dans le dos, des bouffées de chaleur, et ses mains moites tremblaient. Il avait tellement du mal à se concentrer sur le jeu qu'il sursauta à peine lorsque son fou se fit violemment décapiter par le cavalier d'Erik.

– Je… J'ai pris de la soupe ce soir au repas… Je n'aurais pas dû, je crois.

Il sentit une goutte de sueur lui rouler le long de la tempe, et déglutit en voyant qu'Erik l'observait avec attention.

– La soupe ? Celle aux courges ?

– Oui… Peut-être qu'elle n'était pas fraîche.

Ça n'était encore jamais arrivé avec les elfes de maison, mais il y avait une première à tout.

– Ou alors, tu ne la digères pas ? suggéra Erik. Si c'est ça, Mme Pomfresh devrait avoir de quoi te soulager.

– Excellente idée, dit Charles, abandonnant aussitôt le plateau pour se lever.

Il ne se rendit compte que c'était une mauvaise idée que lorsque ses jambes flageolèrent et qu'il s'effondra sur le banc, brutalement très pâle.

– Charles ! s'exclama Erik.

D'un gracieux mouvement, devant lequel Charles aurait bavé s'il avait été en état de l'admirer proprement, Erik sauta par-dessus la table pour le rejoindre et s'agenouilla à côté de lui.

– Charles, ça va ? demanda-t-il, alarmé. Tu peux te lever ?

Il avait l'air sincèrement inquiet, et lorsque Charles baissa les yeux vers lui, il fut ébloui par la beauté de son visage, par la couleur de ses yeux, par la sollicitude dans son expression. Je t'aime, cria-t-il dans ses pensées, si fort que c'était un miracle qu'elles ne traversèrent pas sa boîte crânienne pour atterrir dans celles d'Erik.

– Viens, Charles, on va à l'infirmerie.

Erik lui tendit son bras, et Charles le prit pour parvenir à se relever – mais dès que ses mains touchèrent le bras d'Erik (qui laissait régulièrement tomber les robes de sorcier et se baladait en polo quelle que soit la période de l'année), il fut parcouru d'une sorte de décharge électrique qui lui coupa le souffle – et le fit retomber sur le banc.

Oh. Merlin. Non.

Charles n'était pas un idiot – en fait, il était même l'élève le plus intelligent de leur promotion (avec Hank, d'accord), et probablement de tout le reste du collège. Il ne mit donc pas longtemps à comprendre pourquoi un simple contact physique avec Erik faisait jaillir des étincelles dans ses veines, et pourquoi son caleçon se serrait autour de son entrejambe sans avoir pourtant fait l'objet d'un sortilège de rétrécissement.

– Oh mon dieu. Je vais tuer Raven.

C'était la seule solution possible ; Raven lui avait volé du philtre et elle l'avait glissé dans sa soupe (ou dans une autre boisson, d'ailleurs). Charles n'avait aucun mal à imaginer pourquoi elle aurait fait ça : ça faisait deux ans qu'elle le tannait pour qu'il avoue ses sentiments à Erik.

L'irrémédiable idiote.

– Charles ? demanda Erik, surpris. Qu'est-ce qui se passe ?

Charles prit une profonde inspiration. La première solution aurait consisté à préparer lui-même son antidote, mais avec ses mains tremblantes, il doutait de ne parvenir ne serait-ce qu'à tenir sa cuillère en bois dans la main. Erik aurait pu le fabriquer, mais Charles aurait préféré mourir plutôt que de lui avouer son problème.

L'autre solution était d'aller voir madame Pomfresh pour qu'elle lui fasse boire un remède adapté, mais pour ça, il faudrait lui avouer qu'il avait malencontreusement bu un peu du philtre de luxure qu'il avait créé pour passer le temps, ce qui signifiait certainement le renvoi immédiat de Poudlard, et il n'était pas certain qu'un antidote en vaille la peine.

Il ne restait qu'une option : passer une nuit longue et douloureuse à attendre que les effets du philtre s'estompent. Heureusement, il n'avait pas eu la main trop lourde, ce qui signifiait qu'il passerait certainement une nuit difficile, mais qu'il arriverait probablement à s'en sortir sans aide extérieure.

…Probablement.

– Il faut que je retourne dans mon dortoir, marmonna Charles, essayant de se relever en refusant la main tendue d'Erik.

– Ton dortoir ? Charles, il faut que tu ailles à l'infirmerie !

– Non, grommela Charles. C'est pas la peine.

Ah, si seulement il était possible de transplaner dans l'enceinte de Poudlard ! (Mais les défenses avaient été renforcées par tous les professeurs depuis sa petite gaffe de la dernière fois, et Charles n'aurait probablement même pas été capable d'y toucher dans son état normal.)

Le premier pas sur le sol de pierre fut atroce : il vibra dans tout son corps, et surtout son entrejambe, et Charles remercia Merlin que sa robe de sorcier soit assez large pour masquer son malheureux état. Le deuxième pas ne fut pas mieux ; il fut même encore pire, parce qu'Erik lui attrapa les bras pour lui éviter de chanceler, et une nouvelle décharge d'énergie lui traversa le corps pour venir alimenter la tente qui se dessinait sous sa robe de sorcier.

Par les caleçons en feu de Merlin.

Faiblement, Charles essaya de se libérer de la prise d'Erik, tout en se demandant comment, par tous les dieux, serait-il capable de faire tout le chemin jusqu'à son dortoir sans s'effondrer ou sans se toucher.

– Ne me touche pas, Erik, marmonna-t-il d'une voix si faible qu'il doutait qu'Erik l'entende.

– Charles, tu as une mine affreuse ! s'exclama Erik. Il faut vraiment qu'on aille à l'infirmerie.

– Non ! s'exclama Charles plus fort pour qu'Erik l'entende. Je veux aller dans mon dortoir, Erik, je veux aller dans ma chambre.

Avec un terrible sentiment de honte, il se rendit compte qu'il était à deux doigts de pleurer, et que la boule qu'il avait dans la gorge allait finir par éclater s'il fallait qu'il prononce une phrase de plus.

Heureusement, Erik dut s'en rendre compte, car il laissa tomber l'idée d'aller à l'infirmerie.

Par contre, il continua à agripper les bras de Charles pour l'aider à marcher, ce qui ne l'aidait en réalité pas du tout, mais Charles ne pouvait pas lui dire.

Charles avait déjà connu quelques expériences traumatisantes dans sa vie, comme lorsqu'il avait passé toute une soirée en retenue avec Alex ET Scott Summers, ou lorsqu'il était rentré dans l'esprit de Raven pour savoir quelque chose et qu'il s'était rendu compte qu'elle était, pile à ce moment précis, en train de fourrer sa langue dans la bouche de Hank, son meilleur ami (il n'avait plus jamais lu dans ses pensées après ça), ou, plus généralement, tous les cours qu'il avait passés assis à côté d'Erik sans que celui-ci ne lui jette ne serait-ce qu'un regard ; mais la torture que constitua le trajet jusqu'à la tour de Serdaigle était complètement originale et novatrice et Charles aurait préféré chevaucher un Scroutt à Pétard lors d'un cours de Soins aux Créatures Magiques plutôt que de la revivre. (En soi, d'ailleurs, ça ne devait pas être une expérience bien différente ; dans les deux cas, il finissait avec l'entrejambe en feu.)

Lorsqu'il arriva dans sa salle commune, il était à moitié affalé sur Erik, il suait à grosses gouttes, et il n'y avait plus qu'une seule chose qui se dessinait dans son champ de vision : le canapé près de la fenêtre, qui serait parfait pour se laisser tomber dessus et se débarrasser de tous ses habits et se toucher, enfin. (Heureusement, tous les autres élèves de Serdaigle étaient repartis chez eux pour Noël, et Charles avait la tour à lui seul.)

(Du moins, il l'aurait, une fois qu'Erik aurait disparu.)

– Merci de m'avoir ramené ici, Erik, dit-il d'une voix qui sifflait sous l'effort qu'il faisait pour la rendre normale. Tu peux me laisser, maintenant.

– Je ne peux pas te laisser dans cet état ! s'exclama Erik. Tu as vu ta tête ? Tu transpires à grosses gouttes ! Un instant, tu es pâle comme un fantôme, et le suivant, tu es rouge comme un Souafle !

– Erik, marmonna Charles, les dents serrées d'irritation et de frustration, laisse-moi seul, s'il te plaît.

Malheureusement, Erik était encore plus buté que Charles, et ça en disait très, très long.

– Non ! dit-il. Je ne te laisse pas seul dans cet état. Dis-moi ce dont tu as besoin, je te l'apporte tout de suite.

C'était trop pour les nerfs de Charles.

– J'ai besoin de SEXE ! cria-t-il, sa voix résonnant dans son propre esprit. Raven m'a fait boire un putain de philtre de luxure, et maintenant, j'ai besoin d'être seul pour pouvoir me masturber tranquillement, tu comprends, Erik ?!

Ses cris résonnèrent contre les parois de pierre de la Salle Commune, et Erik, éberlué, resta aussi immobile que si Charles l'avait stupéfixé.

– J'ai créé un putain de philtre de luxure parce qu'elle m'a lancé un Défi que je ne pouvais pas refuser, continua Charles, et elle m'en a mis dans ma soupe, ou ma boisson, peu importe, et maintenant, la seule chose à laquelle j'arrive à penser, c'est de quelle façon je vais bien pouvoir mettre ce canapé à contribution pour me soulager, et quel angle de frottage sera le plus efficace ! Tu vois, Erik, c'est pour ça que j'ai besoin que tu me laisses seul. À moins, bien sûr, que tu te proposes pour m'aider. J'ai toujours rêvé d'avoir ta bite dans mon cul. Alors, si tu y tiens, tu peux me donner un coup de main, au sens tout à fait littéral.

Charles ne savait même pas ce qu'il disait – il était à fleur de peau, et il n'avait qu'une envie : qu'Erik le laisse tranquille, et qu'il se retrouve enfin seul.

Sauf qu'Erik ne partait pas. Il fixait Charles, les pupilles dilatées, et lorsque Charles repassa dans sa tête les dernières phrases qu'il avait prononcées, il arrêta de respirer.

Oh.

Merlin.

– Tu veux que…

Erik avait les yeux tellement écarquillés que Charles avait l'impression qu'ils allaient sortir de ses orbites.

– Tu veux que je t'aide ? répéta-t-il, complètement ahuri.

Charles réfréna un soupir de grand méchant loup devant la maison des trois petits cochons – à la fois contre sa propre incommensurable stupidité, et à la fois parce que chaque seconde qui passait l'éloignait du moment où il pourrait enfin atteindre l'orgasme et assouvir le besoin terrible qui faisait courir le sang à l'envers dans ses veines.

Mais.

Erik posait la question. Et Charles rassemblait toutes ses forces à résister au désir ; il n'en avait plus en réserve pour mentir.

– Bien sûr que je voudrais que tu m'aides, grogna-t-il, je suis un adolescent en prise aux hormones déjà en temps normal, mais en plus sous l'emprise d'un philtre de luxure parfaitement réussi, en toute modestie, et tu es la seule personne dans mon entourage immédiat, et en plus de ça, tu es un mec et je suis gay, et coucou, cerise sur le gâteau, je suis amoureux de toi depuis notre Répartition. Alors oui, Erik, plutôt que de me toucher tout seul dans ce canapé minable, je préfèrerais que tu m'aides, oui. Mais je sais que tu ne me vois pas comme ça et qu'on est amis et que les amis s'aident pour les devoirs, mais qu'ils ne s'aident pas pour se masturber, et je ne m'attends pas à ce que tu acceptes. Rien ne sera retenu contre toi, d'ailleurs il est fort possible que je te jette en douce un sortilège d'Amnésie dès demain pour que tu oublies à quel point je suis en train de m'humilier devant toi, mais je n'ai juste plus la force de mentir ce soir, Erik, c'est tout.

– Tu veux que je t'aide, répéta Erik, ébahi.

Charles poussa un soupir. Et merde, songea-t-il, dépité.

– Excuse-moi, Erik, mais pendant que tu réfléchis, moi, je m'occupe de mon problème, d'accord ?

Sans attendre sa réponse, Charles commença à s'attaquer aux boutons de sa robe de sorcier, mais ses doigts tremblaient tellement qu'il n'arrivait même pas à les faire passer par les boutonnières pourtant larges – dans un éclair de frustration, il ouvrit la robe d'un coup, et tous les boutons volèrent au sol.

En dessous, son pantalon d'uniforme (car Charles était le genre d'élève à s'habiller en uniforme même pendant les vacances scolaires) ne laissait aucun doute sur son état. La bosse que formait son érection était inratable, tout comme le petit cercle humide qui fonçait le gris de son pantalon, là où le pré-sperme avait déjà traversé son caleçon.

Erik s'était à nouveau immobilisé, et Charles soupira. Pour être honnête, c'était un coup de bluff – il aurait parié qu'Erik s'en irait dès qu'il comprendrait la situation, et il pensait qu'un indice visuel l'aiderait à saisir de quoi il retournait. Mais il voyait tout, et pourtant il restait là, et Charles ne pouvait décemment pas se palucher devant lui (quoiqu'il était vraiment à deux doigts).

– Ok, murmura finalement Erik.

Le cœur de Charles s'arrêta sans prévenir.

– Quoi ? Pardon ?

– Ok, répéta Erik plus fort. Je veux bien t'aider.

– Erik… Je…

– Quoi ? répondit Erik, les sourcils froncés. C'était une blague, c'est ça ? Je suis sérieux. Si tu veux que je t'aide, je t'aiderai. Je ne sais même pas si c'est une bonne idée, parce que c'est probablement juste le philtre qui parle, c'est pas comme si tu en avais vraiment envie, j'ai l'impression de profiter de toi en acceptant…

– Erik, coupa Charles, sa voix ressemblant ridiculement au couinement d'une souris, c'est vrai que je ne suis pas dans mon état normal, mais si c'était n'importe qui d'autre à côté de moi, là, je t'assure que je serais capable de me retenir. Crois-moi, même si j'avais avalé une potion de Sommeil, j'aurais quand même envie de coucher avec toi. J'en ai envie depuis six ans. Si tu veux vraiment m'aider, arrête de nous faire une crise de conscience et touche-moi tout de suite s'il te plaît merci.

Sa petite tirade réduisit efficacement Erik au silence, pendant cinq longues secondes, puis Charles, comme au ralenti, vit sa main bouger et se poser sur son pantalon gonflé, et il crut qu'il allait exploser de plaisir.

– Oh Merlin. Merlin.

Tout seul, Charles aurait probablement réussi à se soulager lui-même.

Avec Erik, cependant, c'était un milliard de fois plus agréable.

Sans perdre de temps, Erik lui enleva ses chaussures, ses chaussettes, son pantalon et son caleçon, et Charles, allongé sur le canapé de la salle commune des Serdaigle, les jambes écartées tandis qu'Erik le touchait, espérait de toutes ses forces que la pièce était insonorisée et que personne n'y rentrerait – pas même un elfe de maison.

– Erik, gémit-il, encore…

L'avantage, c'était que si Erik avait montré de l'hésitation au début, celle-ci avait complètement disparu, et il astiquait le manche Charles avec plus d'ardeur que celui-ci n'en avait jamais fait preuve avec son propre balai.

Puis Erik le redressa pour l'asseoir contre le dos du canapé, et s'agenouilla entre ses jambes, et l'esprit de Charles refusa de comprendre ce qui arriva ensuite.

– Oh Merlin Merlin Merlin Merlin Merlin Merlin, ERIK !

Erik était horriblement doué. À se demande s'il avait pris des cours en cachette. Charles espérait de toutes ses forces que ce n'était pas un talent qu'il avait affiné avec d'autres élèves, mais là, en cet instant, il n'avait pas la force de s'en soucier. En moins de quinze secondes, son esprit avait éclaté au vent (et aussi dans la bouche d'Erik).

Le philtre n'avait pas l'intention de le laisser s'en tirer à si bon compte, cependant, et le premier orgasme ne fut pas suffisant pour éteindre l'incendie dans son bas-ventre, pas plus que le deuxième – au troisième, seulement, il commença à ressentir un peu de soulagement, et ce fut à ce moment-là qu'Erik se débarrassa complètement du reste de ses habits, et le prit dans ses bras pour le conduire dans sa chambre et le déposer dans son lit ; et là, Charles lui tendit le flacon de lubrifiant qu'il avait lui-même fabriqué (à toutes fins utiles) et qu'il conservait dans sa table de chevet, et Erik s'en servit généreusement. Plusieurs fois.

Charles en oublia jusqu'à son nom.

.oOo.

Le lendemain matin, lorsque Charles ouvrit les yeux, l'incendie s'était éteint, et Erik dormait à côté de lui.

Aussitôt, il fut pris d'une terreur sans nom ; et si Erik regrettait ce qui s'était passé ? Et s'il lui disait qu'à présent, ils ne pourraient plus être amis ? Charles avait passé la nuit la plus extraordinaire de sa vie, mais il ne voulait pas que ce soit au détriment de son amitié avec Erik.

Il était en train de se demander si c'était moralement acceptable de jeter un sort d'Amnésie à Erik tant qu'il était encore endormi (sans réaliser qu'il faudrait de toute façon qu'il explique ensuite à Erik pourquoi il se trouvait nu dans son lit), quand celui-ci ouvrit les yeux.

Charles, qui l'observait, vit tout ce qui passa dans son regard. D'abord, de la confusion, puis de la surprise, de la prise de conscience, de l'inquiétude.

– Charles, murmura Erik (et dieu que sa voix était rauque et sexy au réveil).

– Erik, répondit Charles, une boule dans la gorge.

Il y eut un moment de silence, et Erik se redressa, et observa le lit et la chambre (depuis la cinquième année, lorsqu'il avait été nommé préfet, Charles avait une chambre à lui, qu'il avait conservée cette année même s'il n'était pas Préfet en chef) ; et Charles était en train de se demander si c'était moralement acceptable de fouiller dans son esprit pour savoir à quoi il pensait.

La réponse était non, bien sûr, et depuis qu'il avait été bien attrapé avec Raven, il utilisait ses dons de légilimencie avec parcimonie. N'empêche qu'il n'y avait rien qu'il souhaitait plus, en cet instant, que de savoir ce qu'Erik pensait de tout ça.

Finalement, après avoir étudié toute la pièce, celui-ci se tourna vers Charles, et l'observa longuement.

– Tu m'en veux ? demanda-t-il.

Charles écarquilla les yeux.

– Je… Quoi, pardon ?

– Tu m'en veux ? répéta Erik. Tu étais sous l'emprise d'une drogue, et on a couché ensemble quand même. J'ai profité de toi.

Estimant que cette conversation ne pouvait pas se faire couché, Charles se releva dans son lit, et s'installa en tailleur face à Erik.

– Écoute-moi bien, Erik, dit-il d'un ton sérieux. C'est vrai que j'étais sous l'emprise d'un philtre et que ça a donné un boost à ma libido. Mais ça n'a pas altéré mon jugement ou mes sentiments, premièrement, et deuxièmement, c'était un philtre que j'avais moi-même créé illégalement, donc techniquement, j'ai bien mérité ce qui m'est arrivé, et troisièmement, ce que j'ai dit hier… c'était vrai. (Il n'aurait pas pu le répéter, toutefois.) Si ça avait été… je ne sais pas, Hank à ta place, je n'aurais jamais dit une telle chose. Je n'aurais jamais accepté son aide, même s'il l'avait proposée. Je… C'est juste parce que c'était toi, Erik, je… C'était pas la faute du philtre. Je savais ce que je faisais. J'ai passé la meilleure nuit de ma vie, et je ne regrette rien du tout.

Erik continuait à l'observer d'un air indéchiffrable, et Charles soupira, le cœur serré.

– Mais je sais que ce n'est pas réciproque. Mes sentiments. Alors je peux… Je suis doué pour les sortilèges d'Amnésie. Je peux te faire oublier tout ce qui s'est passé entre nous cette nuit, tout ce que je t'ai dit hier soir. Comme ça, si tu veux, on pourra rester amis sans que le souvenir ne te pèse sur la conscience. Je peux faire ça… si tu y tiens.

Il y eut un long moment de silence avant qu'Erik ne finisse par baisser les yeux.

– Charles, murmura-t-il. Ton amitié est vraiment très importante pour moi…

Et voilà, songea Charles avec défaitisme.

Ce n'était pas si grave, finalement. Un petit sortilège d'Amnésie, et tout reviendrait à la normale ; sauf que Charles aurait la certitude, à présent, qu'Erik ne le voyait pas de façon romantique, ce qui l'empêcherait de s'humilier à l'avenir, et il garderait tout de même le souvenir de la nuit la plus torride de sa vie. Ce n'était pas si terrible. Si Erik choisissait d'oublier, il ne protesterait pas.

Sauf qu'Erik n'avait pas fini.

– Je suis sérieux. Je n'ai pas d'amis ici, à part toi, et je n'ai pas envie de te perdre. Pour rien au monde. Mais si jamais tu me jettes un sortilège d'Amnésie, je te jure que je t'arrache le cœur avec un sortilège de Découpe et que je le donne à manger aux loups-garous de la Forêt Interdite.

Charles se figea, stupéfait. Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait.

– Je ne veux pas oublier ce qui s'est passé cette nuit, reprit Erik. C'est vrai que ça ne s'est peut-être pas fait dans les meilleures circonstances, mais… j'ai envie de te croire quand tu dis que tu m'aurais dit non si ça avait été quelqu'un d'autre, et… et le reste. Les six ans, depuis la Répartition, et tout ça.

Cette fois, Charles le regarda, bouche bée. Il n'était tout de même pas en train de dire que…

– Il reste une façon de me prouver que tu étais sincère, hier, reprit Erik. Et comme ça, quoi que tu dises, je n'aurai pas l'impression de t'avoir forcé la main, et je ne me sentirai pas coupable.

– Et qu'est-ce que c'est ? demanda Charles, la gorge nouée.

– De le refaire.

Il avait l'air tellement embarrassé que Charles l'entendit à peine – mais il n'avait pas fini.

– Pas juste aujourd'hui. Les prochaines fois aussi.

Il y eut un silence, et Charles, incapable de résister, se pencha vers Erik et posa sa main sur sa joue.

– Erik, murmura-t-il, est-ce que tu es en train de me demander de sortir avec toi ?

Erik eut un petit haussement d'épaules, les yeux fixés sur la couverture du lit de Charles, et celui-ci, le cœur palpitant de bonheur, se fendit d'un sourire énorme.

– Parce que si c'est le cas, j'accepte. Avec plaisir.

Cette fois, Erik releva les yeux.

– C'est vrai ?

– Tu m'as entendu hier soir, pas vrai ? Quant je t'ai dit que je t'aimais depuis la Répartition ?

– Oui, quand tu étais sous l'emprise du philtre, fit remarqua Erik. C'était vraiment vrai ?

– Bien sûr que oui.

– La Répartition ?

– Je m'attache rapidement. Et longtemps.

– Et dire que je me trouvais ridicule de garder mes sentiments pour moi depuis le jour du punch épicé…

– Tes sentiments ?! Depuis le jour du punch épicé ?!

– Tu ne t'en souviens probablement pas, sourit Erik, embarrassé. C'était à Halloween, en cinquième année, et je…

– Bien sûr que si, je m'en souviens ! s'exclama Charles, éberlué. Tu m'as adressé la parole, et j'ai cru que j'allais mourir. Comment j'aurais pu oublier ? Raven n'arrête pas de me charrier depuis ce jour. Tu es en train de me dire que tu es amoureux de moi ? Depuis ce jour-là ?!

– Tu m'as intrigué, répondit Erik en haussant les épaules. J'étais curieux. Je me suis intéressé à toi de loin. Je suis tombé amoureux sans m'en rendre compte.

Charles leva les yeux au ciel.

– Oh, Merlin. Quel temps on a perdu.

– Aucune importance, sourit Erik. On a toute l'année et celles d'après pour le rattraper.

Il se pencha et embrassa doucement Charles, et celui-ci s'efforça de garder son cœur à l'intérieur de sa poitrine.

Mais il ne fit aucun effort pour retenir le sourire extatique qui prit vie sur ses lèvres.

(N'empêche qu'il trouverait quand même un moyen de se venger de Raven.)

(Mais pas tout de suite. Demain.)

FIN


Voilààà ! Encore gros bisous Maya ! J'avais peur que cette histoire soit un peu trop dub-con pour te plaire, du coup je suis nerveuse, mais promis, Charles aurait été capable de refuser si c'était quelqu'un d'autre et promis, il est vraiment consentant !

Note importante : Avant que cette histoire ne soit "Charles Xavier et le Philtre de Luxure", j'en ai écrit une version "Charles Xavier et le Philtre d'Amour". Le début commence pareil, mais ça se sépare ensuite. Seriez-vous, Maya et vous autres lecteurs, intéressés par cette version (plus soft) ?

J'attends vos retours, et si ça vous branche, je la posterai en chapitre 2 quand elle sera entièrement terminée ! (Oui, j'ai fini la version 2 avant la version 1, allez comprendre...)

Des bisous à tous !