Titre : Ronald, Weasley n°6
Résumé : Depuis tout petit Ron s'est toujours senti de trop dans cette grande famille. Il doute, encore plus depuis sa répartition désastreuse. Pourrait-il être plus qu'un Weasley ? De l'enfance à l'âge adulte Ronald va apprendre à s'émanciper.
Genres : Famille, Drame, Romance, Homosexualité
Disclaimer : Bon, naturellement l'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling, même si je cherche encore à adopter Ron…
Pairing : Différents pairings à prévoir mais ce sera un Dron principalement.
Nombre de chapitre : 10 chapitres.
Rythme de publication : J'ai actuellement un peu d'avance, je vais donc dire un chapitre tous les 15 jours mais je préfère toutefois ne rien promettre.
Note 1 : Plus de trois ans que je n'ai RIEN publié ici et je me lance pour la toute première fois dans l'univers de Harry Potter ! C'est un peu le stress, j'admets…
Note 2 : Bien que je retrace la saga originelle il s'agit d'un UA où Voldemort est bien mort le 31 octobre 1981.
Note 3 : Je préfère prévenir tout de suite, il n'y aura pas de bashing, forcément des personnages vont paraître quelques fois négatifs mais ce ne sera jamais ridicule et gratuit.
Note 4 : Ça commence à faire beaucoup de notes… Je remercie Westyversionfrench, qui n'étant pas ma beta, a tout de même fait un super travail de relecture ; bref merci !^^
Bonne lecture !
1er mars 1980
Molly Weasley, mère aguerrie, poussa un gémissement alors que son mari dégageait une mèche humide de son front. Comme elle avait hâte de tenir son bébé entre ses bras, de le pouponner. L'accouchement mettait peut-être plus de temps que les précédents mais Molly avait un pressentiment qui la réconfortait. Effectivement, pour la première fois en cinq grossesses, elle sentait qu'elle aurait une petite fille. Elle le savait. Elle n'avait jamais spéculé auparavant mais cette fois la sorcière avait senti un quelque chose de différent. Oui, cette fois c'était une petite fille. Elle aimait ses fils bien sûr, ils étaient tous merveilleux. Comment ne pas être émerveillée devant ces cinq petites frimousses ? Cependant une princesse pour clore la fratrie serait tout aussi formidable et puis, elle aurait tous ses grands-frères pour la protéger. Oui Molly imaginait très bien le tableau de famille.
Le médicomage annonça l'avancée du travail. L'enfant allait bientôt arriver, enfin. L'accouchement se révélait particulièrement fatiguant bien que madame Weasley soit une patiente calme, l'expérience obligeait. Le mari serra la main de sa compagne et jeta un regard à la sage-femme qui hocha légèrement la tête. Le crâne apparaissait.
"C'est un chevelu qui va bientôt arriver, allez pousser madame !
- Tout se passe bien, vous êtes sûre ?" demanda Arthur de nature anxieuse.
"Même s'il prend son temps, ne vous inquiétez pas, il n'est pas en retard pour autant. N'est-ce pas Molly ?"
La concernée hocha la tête, Arthur devait garder en mémoire la naissance des jumeaux qui avait été particulièrement rapide. Après tout, ces deux fripons étaient plus petits. Durant les minutes qui suivirent, la matriarche poussa, ses jambes furent prises de sursauts sous l'effort. Alors que la tête du bébé avançait, la mère lâcha de longues plaintes sous les encouragements des trois autres personnes présentes dans la salle.
"C'est bien ma chérie, c'est ça…
- La tête est passée, plus que les épaules et le plus dur sera fini."
Effectivement, le corps du nourrisson glissa rapidement une fois cette partie du corps passée. Le père offrit un sourire soulagé et félicita sa femme tandis que la sage-femme frottait vigoureusement le corps du nouveau-né légèrement bleuâtre.
"Elle va bien ? Dites-moi que tout va bien ! Ho non j'ai mis trop de temps…
- Shtt… ça va venir j'en suis sûr. N'est-ce pas ?"
Bien que se voulant rassurant, Arthur sentait ses tripes se serrer, et si ce n'était pas le cas ? Et si le corps de Molly ne suivait plus après six grossesses rapprochées ? Il se pinça les lèvres, retenant sa respiration tant qu'il n'entendait pas les cris de son enfant. Heureusement cela ne dura que quelques secondes avant que les pleurs tonitruants se mettent à résonner dans la salle. La pression se relâcha et la sage-femme offrit un grand sourire. La sorcière se rapprocha avec l'enfant grossièrement enveloppé dans son linge pour le transmettre à la mère qui tendait les bras avec impatience, faisant fi de la fatigue. Avec un sourire béat, elle ricana en constatant qu'effectivement sa princesse possédait une petite touffe de cheveux flamboyante. Elle était magnifique.
"Félicitations pour votre nouveau petit garçon !
- Il est adorable." Murmura le père qui s'émerveilla aussitôt sur son nouveau fils.
Toutefois personne ne prêta attention au visage crispé de Molly Weasley. Comment était-ce possible ? Elle avait été si sûre pourtant.
31 décembre 1980
"Maman ! Fred et George se sont encore échappés dans le jardin.
- Maman ! Ron a fait caca !
- Maman fait à manger mes poussins, vous pouvez vous en occuper ? Et où est Percy ?" demanda la matriarche, les cheveux en pagaille, à ses deux ainés.
"Il est dans ses livres d'images." Répondit Charlie tandis que Bill déboulait dans le jardin afin d'attraper les deux fuyards qui avaient eu la riche idée de jouer dans la neige.
Molly délaissa ses casseroles pour jeter un œil par la fenêtre et s'exclama en voyant son aîné courir derrière Fred alors qu'il tenait un George hilare entre les bras. Merlin que les jumeaux étaient infernaux depuis qu'ils marchaient ! Seulement deux ans mais c'étaient de véritables trotteurs. Il ne manquerait plus qu'ils tombent malades le jour du nouvel an. La mère essuya à la hâte ses mains et quitta presqu'en courant la cuisine, baguette dégainée pour sécher les enfants.
Charlie resta songeur face à la pagaille qui régnait depuis ce matin dans la maison mais son attention se reporta rapidement sur les cris de son jeune frère qui se trouvait seul dans le salon. Il se hâta à son tour afin de prendre un Ron en larmes dans les bras.
"Hé tout doux petit Ronnie, tu vas être tout propre !"
Mais le concerné, rouge de colère, continuait à hurler. Charlie se dit que ce n'était encore qu'un bébé qui ne comprenait pas grand-chose. Après tout il n'avait pas même un an ! A part manger, dormir, pleurer et faire des câlins, ça ne faisait pas grand-chose un bébé. Mais aux yeux de Charlie, Ron était pourtant son chouchou, il adorait s'occuper de lui. En y songeant, les jumeaux se contentaient très bien de la présence de l'autre, ils étaient inséparables. Percy, lui, c'était un solitaire qui fuyait le bruit et le désordre. Et puis Bill, ben, c'était Bill le grand-frère. Toujours à faire le chef car il était le plus vieux, c'était lui qui prenait les décisions en affichant toujours son air fier et en bombant le torse. Charlie l'adorait mais qu'est-ce qu'il pouvait être agaçant ! Et puis, il n'avait que deux ans de plus que lui, ce n'était pas si énorme ! Mais non Monsieur Bill était l'aîné, un point c'est tout. Le jeune garçon reporta son attention sur le bambin qui commençait à essuyer son nez dans le pull en laine de son frère. Ce dernier rigola et pouffa un "Dégueu !" qui eut le mérite de faire sourire le petit par mimétisme. Ron était définitivement le plus mignon à ses yeux.
Le reste de l'après-midi Charlie resta dans sa chambre en compagnie du dernier né qui regardait son frère déblatérer à propos de Quidditch tout en serrant dans ses bras sa peluche. Ron ne comprenait rien aux causeries du garçon mais la manière grotesque qu'avait ce dernier de sauter sur son lit afin de mimer les différents postes du sport émerveillait le petit. Il secoua joyeusement les bras et se lança à son tour dans un babillage indéchiffrable jusqu'à l'heure du diner où arrivèrent leurs oncles Gideon, Fabian et Bilius.(1)
La soirée fut indéniablement mouvementée malgré les temps sombres que connaissait le monde sorcier. Le couple Weasley pouvait compter sur les frères Prewett pour animer les discussions et occuper les enfants. À l'approche du décompte de la nouvelle année, la fratrie luttait difficilement contre le sommeil. Les jumeaux avaient élu domicile dans les bras de Gideon, Percy dans ceux de Fabian tandis que Ron ronflait légèrement – bouche entrouverte – sur les genoux de Charlie qui s'amusait doucement avec les doigts du bambin. Bill fut finalement le premier à voir que sa mère s'agitait sur son siège alors que sa main semblait ne pas vouloir quitter son ventre.
"J'aimerais vous annoncer quelque chose…" commença-t-elle en saisissant la main de son mari.
"J'ai appris ce matin que j'étais enceinte."
"Encore ?" marmonna Charlie si bas que seul Bill l'entendit et rit, le regard néanmoins rendu pétillant par l'annonce.
Les adultes félicitèrent la future mère qui rayonnait de bonheur comme à chaque grossesse et se souhaitèrent bonne année dans de longues embrassades. Seul Ron resta obstinément les yeux fermés malgré le vacarme, sentant à peine l'étreinte se resserrer autour de lui.
2 septembre 1982
"Arthur chéri ! Notre petit Bill est à Gryffondor !
- Ce n'est pas bien étonnant, ça se voyait." Répondit doucement le mari face à l'enthousiasme de sa femme alors qu'il lisait la Gazette du sorcier. C'était à peine croyable comme le contenu du journal avait évolué en quelques mois depuis la disparition de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.
Molly continua de s'extasier devant la lettre qu'ils venaient de recevoir, personne n'aurait douté de la répartition de leur premier fils mais cela gonflait son cœur d'une grande fierté. N'était-ce pas la marque de fabrique des Weasley ? Bill ne faisait que perpétuer la tradition. La matriarche serra contre elle Ginny qui était plus souvent dans ses bras qu'autre part. A sa naissance, Molly avait été folle en découvrant sa petite fille. Elle était là, c'était à peine croyable. Depuis près de dix-huit mois elle n'avait d'yeux que pour cette merveille. Bien évidement Molly n'oubliait pas le reste de sa fratrie mais personne ne pourrait nier qu'elle gâtait énormément Ginny. C'était officiellement la petite dernière, le couple savait qu'il fallait à présent se montrer raisonnable, la famille était enfin complète.
"Maman ?
- Oui ?
- Où est Bill ?
- Ho il est à l'école mais ne t'inquiète pas il va bientôt revenir !"
Ron regarda autour de lui, comme pour trouver la présence de son frère, en vain. Il rapporta son attention sur sa mère qui embrassait le crâne de son bébé sans prêter attention au petit qui restait appuyé contre sa cuisse, demandant silencieusement un câlin. Il frappa faiblement de ses poings et piétina sur place, ses oreilles commençaient à rougir.
"Voyons Ron, ne fais pas l'andouille, ta sœur s'endort." Houspilla la mère en passant néanmoins sa main dans la chevelure du garçon.
"Allez, va t'assoir, on va manger."
Ron se dirigea vers la table, le visage rembruni, il s'était rapidement montré très jaloux vis-à-vis de Ginny. Il ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas le droit aux mêmes choses qu'elle ; alors, il se mura dans le silence. Même lorsque Charlie l'installa sur ses genoux.
"Charlie… Arrête de le porter, il va prendre l'habitude.
- Mais il est encore petit Ronnie !" S'exclama le concerné.
"Oui bon… Faudrait bientôt arrêter ça."
Molly soupira. Elle regarda le visage boudeur de Ron, elle avait l'impression que cet enfant boudaitconstamment… Mais en réalité elle n'arrivait pas à s'avouer qu'il y avait un mur entre eux. Depuis sa naissance, Molly avait eu un mal fou à tisser des liens avec lui. Etait-elle une mauvaise mère ? Non, elle aimait ses enfants, mais Ron était différent.
Molly Weasley n'avouerait jamais que la déception qu'elle avait éprouvée lors de son accouchement l'avait poussé à rejeter inconsciemment son fils.
31 août 1984
Un hurlement de terreur résonna dans le Terrier alors que tout le monde dormait. Enfin tout le monde… La famille fut vite réveillée par les lames de Ron qui était sorti en trombe de sa chambre pour se précipiter dans la chambre de ses parents, manquant de tomber dans les escaliers à cause de sa panique. Le petit se réfugia dans le lit du couple, tentant d'expliquer ce qu'il venait de voir mais les sanglots qu'il poussait hachaient ses phrases. Arthur et Molly affichaient tous deux un air perdu.
"Maman ! Bertie il… araignée… dans mon lit !
- Comment ? Qu'est-ce que…
- Bertie il est plus là ! Il…
- Ron !" s'exclama la mère agacée par les enfantillages de son fils.
Le concerné se tut un instant, heurté par la réprimande, puis pleura de plus belle. A côté du lit des parents, dans son berceau, Ginny venait de se mettre debout et commença à pleurer elle aussi à cause du raffut. Arthur entreprit d'apaiser la petite ; Molly de son côté regardait sévèrement son fils. A coup sûr il allait réveiller toute la maison ! Et dire qu'ils devaient se lever demain pour aller à la gare !
"Ronald ça suffit ! Tu retournes te coucher !
- Non ! Bertie…
- Merlin, qui est Bertie à la fin ?!
- Mon doudou !
- Et bien tu l'as fait tomber, est-ce une raison pour réveiller tout le monde ?" s'écria-t-elle finalement, elle attrapa le garçon par le bras, il cria de plus belle.
"Mais qu'il se taise !" se fit entendre la voix indignée de Percy depuis sa chambre.
Molly bouillait intérieurement face au caprice de son fils qui se débattait comme un pauvre diable, plus aucun doute, tout le monde était réveillé. On aurait pu relever les morts cette nuit ! Alors qu'elle montait les escaliers, ils passèrent devant la chambre de Charlie. Ce dernier se tenait sur le pas de la porte et observait la scène soucieusement. Les cris de Ron l'avaient réveillé mais ce qu'il l'avait interpelé le plus était la pure terreur qui suintait des cris.
"Non pas l'araignée ! Je veux pas !"
- Maman…
- Ho Charlie, désolée mon cœur, je sais que demain c'est le grand jour…" s'excusa la mère.
"Non mais… Tu devrais vérifier la chambre de Ron, peut-être que les araignées du grenier sont passées dans sa chambre."
La matriarche soupira, ce ne serait pas bien surprenant mais était-ce une raison pour pleurer ainsi ? Elle vit son fils se réfugier dans les bras de son frère pour y pleurer silencieusement. Elle promit de revenir rapidement pour régler cette histoire d'araignées et laissa ses fils. L'aîné, bien que fatigué, avait amené Ron dans sa chambre pour l'installer sur son lit. Il le détailla et se pinça les lèvres face à la triste allure du garçon. Le visage et les yeux bouffis, Ron tremblait et peinait pour reprendre sa respiration. C'était la première fois que Charlie le voyait dans un tel état.
"Hé, petit Ronnie, qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda-t-il doucement alors qu'il passait une main dans la tignasse en pagaille.
Seul un long reniflement lui répondit dans un premier temps. Puis, l'enfant s'exprima d'une voix tremblotante, de peur que son frère ne le croie pas.
"J'étais avec Bertie et… Il s'est transformé en araignée ! Pour de vrai !"
- Ho Ron… Tu es sûr que ce n'était pas un cauchemar ?
- Tu me crois pas ! Pas toi !
- Désolé, si je te crois… Allez viens là."
Bien que vexé que même Charlie ne le croit pas – Charlie ! – il se réfugia dans ses bras ouverts. Et si l'araignée revenait ? Il préférait nettement être protégé, ce monstre ne pourrait rien faire face à son frère. Alors qu'il commençait à se calmer, leur mère revint avec l'ours en peluche à la main. Elle affichait une moue gênée après la découverte qu'elle venait de faire. Jamais elle n'aurait cru que le fameux doudou s'était transformé véritablement en araignée… Elle avait surpris ses jumeaux cachés, de toute évidence ils venaient de démontrer leur premier signe de magie. Saisie de culpabilité de s'être montrée si rude avec son fils, elle s'approcha du lit pour tendre la peluche.
"Non !" Brailla Ron à l'approche de Bertie, trop apeuré à l'idée que le monstre revienne.
"Je suis désolée Ron, je n'avais pas compris… Viens que je te fasse un câlin, tout va bien maintenant.
- Je te déteste !"
Il y eut un moment de flottement où même Charlie osa à peine respirer face à la bombe que venait de lâcher son frère. Il vit le visage de sa mère se décomposer et il se sentit coupable de serrer si fort Ron dans ses bras alors qu'elle voulait le consoler comme n'importe quelle mère le ferait avec son enfant. Molly se redressa difficilement et quitta la chambre sans rajouter un mot, profondément blessée par les paroles de son fils. Elle avait pourtant essayé…
Le cœur battant par la scène qui venait de se dérouler, Charlie invita son petit-frère à se coucher sous ses draps. Impossible qu'il aille dormir dans sa chambre et tant pis si demain c'était la rentrée. Il garda l'enfant dans ses bras et lui chuchota de quoi le rassurer.
Une drôle de relation s'était définitivement tissée entre les deux frères. Du haut de ses onze ans, Charlie se disait qu'il était un peu la maman de Ron. Quelle idée absurde ! Charlie ricana et pourtant c'était ce qu'il ressentait. Il s'occupait toujours de Ron pour compenser le manque d'attention de leur mère.
Un jour, alors que les jumeaux faisaient les fous, leur maman les avait confondus. Aussitôt Fred et George s'étaient faussement indignés en disant qu'elle ne les aimait pas assez pour les reconnaître. Bien sûr la mère avait souri en disant que ce n'était pas vrai, qu'une mère aimait ses enfants et ce, de la même manière. Charlie savait que c'était faux. Il savait que Ginny était sa préférée car Ginny était une fille, elle était la dernière. Elle était gâtée malgré les problèmes d'argent. Charlie savait aussi que Ron était celui qu'elle aimait le moins. Après il n'aurait pas pu établir un classement entre lui et ses frères mais la place de Ginny et Ron étaient indéniables. Quant à lui, il se disait toujours que Ronnie était son préféré dans la famille. Il était différent. Timide, gauche et anxieux, Ron était comme un animal peureux qui lui donnait envie de protéger.
"Charlie ?
- Oui ?
- Tu vas partir demain ?
- A Poudlard, oui, comme Bill.
- Je vais être tout seul."
Il recommença à pleurer et Charlie sentit ses yeux piquer. Ron allait être seul en effet.
11 août 1985
"Joyeux anniversaire Ginny !"
La concernée afficha un grand sourire, ravie d'être au centre des attentions, toute la famille était autour de la table et applaudissait. Elle se mit debout sur sa chaise, penchée au-dessus du gâteau pour souffler ses quatre bougies qui ornaient le glaçage rose bonbon de la pâtisserie. Ron, lui lorgnait sur le gâteau d'anniversaire, c'était ce qu'il préférait lors des fêtes, sa mère faisait toujours d'incroyables desserts. Sautillant sur place, il attendait que les bougies soient retirées et que son père distribue les parts. A peine l'assiette fut-elle posée qu'il passa son doigt sur la crème avant de l'engloutir sous les rires des jumeaux qui le traitèrent de glouton.
"C'est l'heure des cadeaux ma princesse !" s'exclama Molly qui sortit quelques paquets qu'elle déposa devant la jeune fille qui poussa des cris de joie.
Ginny déchira le papier à la hâte sous les regards de la famille ; la petite fille découvrit finalement une poupée bon marché mais toute neuve ainsi que des robes pour l'été. A la vue des vêtements, Ron fronça les sourcils et se replongea dans son assiette. Il se demanda pourquoi il n'avait pas eu de jeu ni de vêtement à son anniversaire, enfin si, il en avait eu mais ce n'était pas pareil. Il avait demandé des figurines de Quidditch qu'il avait vu dans un magazine de son frère mais il avait finalement eu une nouvelle peluche. Il s'en fichait bien de la peluche, en plus elle était toute rêche et c'était un chat ! Il détestait les chats. Heureusement que Charlie lui avait légué une peluche de dragon l'année dernière pour remplacer Bertie. Ginny, elle, avait de supers cadeaux. Il ne savait pas qu'il s'agissait de cadeaux à prix raisonnables mais cela faisait tout de même la différence à ses yeux. Bientôt, Ron comprendrait qu'il recevait les anciennes affaires de ses frères. D'ailleurs la salopette qu'il portait ce jour-là avait été à Bill, puis à Percy. Ron jalousait Ginny indéniablement.
13 mai 1987
"Ginny rend le moi !
- Non tu l'as caché, je le sais !" cria à son tour la fillette en pointant un doigt accusateur vers son frère.
"Je te dis que c'est pas moi idiote !
- Idiot toi-même ! Rend le moi."
Ron cria qu'il ne savait pas de quoi elle parlait, il était tellement en colère que sa peau rivalisait avec ses cheveux. Il en avait marre de cette fille ! Qu'est-ce qu'il pouvait en faire de sa collection de chocogrenouilles ? Il ne savait pas où elle se trouvait, il ne l'avait pas touché. Par contre il voyait très bien que Ginny avait en main son poster des Canons de Chudley qu'elle avait décroché de sa chambre pour lui faire avouer un méfait qu'il n'avait jamais accompli.
"Fred t'a vu !
- Rend moi mon poster s'il te plait, allez !
- Non !"
Excédée, la jeune fille déchira le poster en deux et le jeta à terre avant d'afficher un air de défi et un sourire satisfait. Ron avait poussé un couinement alors qu'il récupérait les morceaux d'une main tremblante. Il n'avait pas cru que Ginny ferait ça, enfin si, c'était tout à fait son style à cette peste.
"Ça t'apprendra à mentir."
A peine eut elle achevé sa phrase que Ron se releva et la poussa alors qu'il criait qu'il n'était pas un menteur. Ginny hurla et appela sa mère tandis qu'elle essayait de frapper son frère dans les tibias. Molly arriva à toute vitesse dans le salon, vêtue de son tablier et cuillère en bois à la main. A peine avait-elle mis un pied dans la pièce que Ginny commença à pleurer.
"Mais ça ne va pas bien !?
- Maman il m'a tapée !
- C'est pas vrai ! C'est elle et elle a déchiré mon poster !
- Menteur !
- Ca suffit Ronald ! Tu vas immédiatement dans ta chambre."
Le concerné ouvrit et ferma à plusieurs reprises la bouche, incrédule face à la situation, C'était Ginny qui avait commencé, et puis, il l'avait seulement faite tomber et non frappée. Il s'apprêta à répliquer mais le regard noir de sa mère le dissuada aussitôt. Il baissa la tête et monta les escaliers sans voir le sourire satisfait de sa sœur qui avait plongé dans les bras de leur mère.
10 juillet 1989
Ron avança son pion sur l'échiquier sans parvenir à établir une stratégie qui tienne la route, son adversaire le remarqua rapidement et lui fit remarquer :
"Et bien Ronnie ? On a la tête dans la lune ?
- Je crois que je suis cracmol." Répondit si calmement Ron qu'il donnait l'impression d'avoir accepté la fatalité.
Cela faisait une semaine que cette idée tournait en boucle dans sa tête. Depuis que Ginny avait brusquement changé la couleur de sa robe car "le jaune ne lui allait définitivement pas", leurs parents s'étaient exclamés puis avaient félicité la jeune fille. Le seul problème était que Ron, lui, n'avait toujours pas démontré le moindre signe de magie. Il en avait honte. Bill l'avait fait à cinq ans apparemment alors pourquoi ce n'était pas son cas à neuf ? Il ne pouvait qu'être cracmol, c'était la seule explication possible. Ron avait alors pleuré dans sa chambre en imaginant la honte que ce serait pour sa famille. Les gens disaient déjà qu'ils étaient des traîtres à leur sang, alors ajouter un cracmol ? Impensable. Et s'ils le reniaient ? Ça se faisait souvent après tout mais la perspective d'être envoyé dans une école moldue le terrifiait au plus haut point. De fil en aiguille, il avait ensuite pensé qu'il était un incapable. Bill venait de terminer brillamment ses études, Percy était l'intello, les jumeaux venaient de faire leur entrée à Gryffondor, ils avaient la classe selon Ron. Et puis Ginny, c'était toujours la même chose, au centre des attentions. Que dire de Charlie ? C'était depuis toujours son héros, il était parfait. Tout simplement.
"Je suis certain du contraire." Le contredit Charlie en jouant à son tour. "Tu n'as pas encore eu l'occasion, c'est tout.
- Mais je suis le dernier ! Et puis même si je vais à Poudlard je serai nul, regarde les autres. Regarde-toi !
- Quoi, moi ?" demanda l'aîné en fronçant les sourcils, ne comprenant pas pourquoi son frère se dévalorisait autant.
"T'es le meilleur ! Tu viens de réussir tes BUSEs et t'es capitaine de l'équipe de Quidditch, capitaine !" s'exclama Ron en bondissant de sa chaise, il manqua de renverser les pions du plateau.
"Et puis Bill, il était préfet en chef cette année et Percy a de super notes partout. Moi je ne sais rien faire, même Ginny se moque de moi !" Reprit de plus belle l'enfant sous le regard indulgent de son frère.
"Arrête de te comparer, ça ne sert à rien à part te frustrer inutilement. Tu n'es pas un imbécile Ron, je sais que l'année a été difficile… Te retrouver seul avec papa, maman et Ginny à la maison. Je me rends bien compte que tu n'es pas très à l'aise avec les autres et je vois bien que maman fait du favoritisme mais ne laisse pas tout ça te perturber."
En entendant ses mots, Ron fixa étrangement son frère, alors il n'était pas fou ? Il n'imaginait pas les préférences de leur mère ? Cela lui fit ressentir un pincement au cœur mais au moins il avait la confirmation que ce n'était pas un tour de son imagination, c'était bien réel. Il eut un rire sans joie et se massa la nuque sous le coup de la gêne. Il ne savait pas trop quoi faire à présent. Devait-il se résigner et n'être que le Weasley numéro six ?
"Dis-moi Ron, pourquoi tu ne joues jamais aux échecs avec les autres ?
- Hein ? Ben ils trouvent ça chiant… Y avait bien Percy avant mais il a dit qu'il en avait marre.
- Percy est mauvais perdant. Je vais te dire une chose Ronnie : tu es un excellent stratège et ça blesse Percy dans son égo !" avoua Charlie sur le ton de la confidence avant d'éclater de rire.
Ron cligna des yeux puis rit à son tour. Ce fut avec le sourire qu'il reprit la partie. Il crut presque, durant un instant, qu'il serait bel et bien sorcier.
25 août 1991
Quelques jours avant sa rentrée à Poudlard, Ron alla sur le Chemin de traverse avec sa mère. Le garçon affichait un air ravi et marchait d'un pas vif, manquant à plusieurs reprises de se perdre dans la foule de parents venus faire les achats avec leurs enfants. Même Molly affichait un léger sourire en voyant l'humeur de son fils, Ron était un garçon impulsif mais à la fois effacé. Elle jeta un œil à la liste de fournitures, par chance elle changeait rarement d'une année à une autre et il y avait la quasi-totalité des affaires à la maison.
"Alors voyons voir Ron… Tu pourras récupérer les livres des jumeaux. Oui ce sont les mêmes. Pour les robes et les uniformes, ceux de Bill t'iront, tu as la même morphologie que lui lors de son entrée… Il te faudrait des plumes et un encrier, des parchemins aussi. Oui c'est ça…" marmonnait la mère.
"Et ma baguette aussi !" s'exclama Ron joyeusement.
"Ho, Charlie ne t'a pas dit ? Il veut t'offrir sa baguette avant de partir en Roumanie, c'est un beau cadeau non ? C'est tellement important une baguette et ça fera des économies…"
A chaque mot supplémentaire que prononçait sa mère, le visage de l'enfant perdait de sa joie. Il crut qu'il s'agissait d'une plaisanterie mais il vit Molly repartir dans ses réflexions et marmonner dans sa barbe. Comment ça Charlie allait donner sa baguette ? Il allait en avoir une nouvelle ? Comment sa mère pouvait-elle dire qu'une baguette était "tellement important" et le priver de baguette ? N'était-ce pas censé être un outil unique pour les sorciers ? Ron s'était déjà imaginé dans la boutique en train d'essayer différentes baguettes afin de trouver celle qui provoquerait des picotements dans les doigts. L'enfant se sentit brusquement nauséeux et se renferma sans que Molly ne remarque le changement brutal dans son comportement.
Ron se contenta de trainer les pieds le reste de la matinée. Il se contenta de lancer des regards envieux aux apprentis sorciers qu'il croisait. Plus tard, alors qu'il tenait son maigre sac de fourniture, il écarquilla les yeux en voyant sa mère entrer au Royaume du Hibou. Sa mère allait-elle lui offrir un animal de compagnie pour compenser l'absence de baguette ? Son excitation revint à toute vitesse lorsqu'il entra à son tour dans la boutique. Pendant plusieurs minutes il oublia tout pour admirer les oiseaux, scrutant chaque espèce pour déterminer celle qui serait la meilleure à ses côtés. Il ignora sa mère qui discutait avec le vendeur, bien trop fasciné par une chouette minuscule qui le fixait de ses yeux globuleux. Une petite chouette pourrait se tenir correctement sur son épaule, Ron se fit la réflexion que ce serait mignon. Ginny serait verte de jalousie, rajouta-t-il in petto.
"Tu viens Ron ?"
L'enfant se retourna et vit sa mère avec une cage à la main, à l'intérieur se trouvait véritablement un hibou, il n'avait donc pas spéculé pour rien !
"Il est mignon." Se contenta de dire Ron qui voulait dissimuler son enthousiasme.
"Tu trouves ? Percy sera content j'espère, avec ton père on voulait marquer le coup pour sa nomination. Faut croire que les Weasley sont faits pour être préfet… Ho il faut lui acheter une robe neuve aussi !"
"Il a l'air stupide en fait." Marmonna l'enfant si bas que sa mère ne l'entendit pas.
Et si c'était lui qui était stupide ? Il avait cru que ce serait pour lui mais de toute évidence il devait arrêter de rêver, c'était toujours la même chose en fin de compte. Il allait faire sa rentrée avec des affaires usées.
"Veux-tu qu'on aille boire un verre de jus de citrouille avant de rentrer ?
- J'aurai préféré une baguette…"
1er septembre 1991
La matinée fut mouvementée et Molly Weasley démontra tous ses talents de dictatrice pour diriger ses cinq enfants mais s'ils continuaient à trainer ils finiraient tous par rater le train ! Depuis le réveil, Ron se sentait malade – l'angoisse de la rentrée – de plus, il n'avait toujours pas digéré les privilèges de Percy. Lors du petit déjeuner Ron joua avec ses toasts tant il était mal à l'aise en écoutant les jumeaux.
"Alors le petit Ron devient grand…" commença Fred.
"Mais ne t'inquiète pas il n'y a aucune raison de s'inquiéter…" continua George.
"Sauf bien sûr si tu vas à Serpentard…"
"Ce serait tellement malheureux !"
Les jumeaux éclatèrent de rire mais Ron ne trouvait pas du tout cela amusant. Charlie lui avait affirmé que tout se passerait bien en lui offrant sa baguette. Ron espérait vraiment qu'il ait raison mais l'atmosphère était tellement étouffante entre Percy qui ressemblait à un automate, les jumeaux qui le harcelaient et Ginny qui ne cessait de demander s'il n'y avait vraiment pas moyen qu'elle aille elle aussi à Poudlard.
Ce fut un peu précipitamment qu'ils allèrent à la gare, ils rencontrèrent en chemin un garçon perdu, un né-moldu pensa Ron qui le laissa passer devant lui. Une fois sur le quai, il fut ravi de voir Fred et George discuter avec le petit garçon brun. Il écouta vaguement sa mère qui lui rappelait qu'il devait absolument envoyer une lettre après le diner pour avoir des nouvelles. Elle lui fit la bise. Ron s'était légèrement crispé lors de la manœuvre, peu habitué par une telle proximité avec sa mère. Il s'engouffra dans le wagon sans prêter attention à sa sœur qui pleurait. Ginny pourrait 'octroyer l'attention de leur mère durant toute l'année pensa Ron.
Plus pâle qu'à son habitude, il parcourut les compartiments bondés en trainant sa malle. Il retrouva finalement le garçon de tout à l'heure et s'installa en face de lui, mal à l'aise. Il le fut davantage lorsqu'il découvrit que son camarade était le fameux Harry Potter. Il se trouvait dans le même compartiment que le Survivant ! Ron se sentit gauche, il ne savait pas quoi dire mais il était curieux en même temps. Ils échangèrent finalement des banalités, cependant le roux se rembrunit à la mention de sa famille.
"Je suis le sixième à aller à Poudlard, dans la famille. J'ai intérêt à être à la hauteur. Bill et Charlie, mes deux frères aînés, ont déjà fini leurs études. Bill était Préfet en chef et Charlie capitaine de l'équipe de Quidditch. Maintenant, c'est Percy qui est préfet. Fred et George font pas mal de bêtises, poursuivit Ron, mais ils ont de bonnes notes et tout le monde les trouve très drôles. Et moi, on voudrait que je fasse aussi bien que les autres, mais même si j'y arrive, personne ne s'en apercevra, parce que je serai le sixième à le faire et on trouvera ça normal. Quand on a cinq frères, on n'a jamais rien de neuf. J'ai les vieilles robes de sorcier de Bill et la vieille baguette magique de Charlie."
Il était le Weasley numéro six, voilà tout. Rien de plus. Le fait de le dire à haute voix lui fit particulièrement mal et il sentit son ventre son contracter. Quelques minutes plus tard la vendeuse arriva avec son chariot et Ron fut particulièrement choqué par les achats d'Harry Potter, cela lui rappelait combien il était sans le sou.
Ron avait cru que son malaise ne pourrait pas être plus fort mais il eut tort. L'arrivée d'une née-moldue lui prouva le contraire lorsqu'elle répara les lunettes du garçon et déblatéra sur les programmes de l'année. Le Weasley avait tenté de s'entrainer avec la baguette de Charlie mais cela se concluait toujours par des échecs lamentables. Il se fit plus discret lors des échanges qui suivirent, Charlie avait beau répéter qu'il ne devait en aucun cas se sous-estimer mais c'était plus fort que lui ! Comment ne pas se sentir insignifiant devant le Survivant et une née-moldue qui maîtrisait bien mieux la magie que lui ?
Alors qu'il commençait à expliquer ce qu'était le Quidditch à l'autre garçon, des élèves arrivèrent. La présence d'Harry Potter semblait avoir fuité dans le train et le garçon blond prit la parole :
"Lui, c'est Crabbe et l'autre, c'est Goyle." dit le garçon d'un air détaché. "Moi, je m'appelle Malfoy, Draco Malfoy."
Ron eut une toux discrète qui ressemblait à un ricanement en se souvenant des nombreuses fois où son père s'attaquait avec virulence à la famille Malfoy. "Un fils à papa incapable d'agir tout seul" avait-il dit pour qualifier l'héritier. Cependant, maintenant qu'il voyait l'héritier en question, Ron ne put s'empêcher de penser que le Malfoy dégageait tout l'inverse. A vrai dire le blond émanait une assurance que Ron envia. Il se tenait comme si le monde lui appartenait alors que sa famille avait une mauvaise réputation à cause de leur soutien à Voldemort. L'héritier n'était certainement pas au bord du malaise comme lui. Draco Malfoy tourna les yeux vers lui.
"Mon nom te fait rire ? Inutile de te demander le tien. Mon père m'a dit que tous les Weasley ont les cheveux roux, des taches de rousseur et beaucoup trop d'enfants pour pouvoir les nourrir." (2)
Le concerné blêmit subitement et ses taches de rousseur ressortirent davantage. Mais il ne sut ce qu'il l'énerva le plus. Le fait que Malfoy ait énoncé la pure vérité ou que Potter prenne par la suite sa défense alors qu'il n'avait rien demandé ?
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L'heure de la répartition approcha à grands pas et Ron était resté avec les deux élèves de son compartiment plus par défaut qu'autre chose. Il aurait tout donné pour que Charlie soit encore présent cette année. Ce n'était certainement pas Percy ou les jumeaux qui allaient le rassurer, ils auraient l'effet inverse. Le garçon se tordit les doigts durant tout le discours du professeur McGonagall et celui du Choixpeau magique. Et s'il tombait par terre lorsqu'on l'appellerait ? Ou que le Choixpeau lui disait qu'il était finalement bien cracmol ? Il fit à peine attention à la répartition des élèves, trop occupé à calmer les battements de son cœur. Toutefois il observa distraitement Harry Potter s'installer sous le Choixpeau, sa répartition fut tonitruante et sans la moindre surprise. Des élèves scandèrent "Potter avec nous !" et Ron trouva cela stupide.
"Weasley Ronald !"
L'enfant sursauta à son nom et sentit avant tout les regards de ses frères sur lui. Il se leva mécaniquement et manqua de trébucher. Le visage rouge, il avança d'un pas incertain alors qu'il sentait tous ses muscles dorsaux se contracter douloureusement. Il garda la tête baissée, il serait au moins sûr de ne pas tomber en montant les marches de l'estrade. Lorsqu'il s'installa sur le tabouret, il était passé de rouge à verdâtre. Il préféra garder les yeux rivés au sol que d'affronter les regards. Ron se força néanmoins à respirer profondément au moment où on lui posa le Choixpeau magique sur le crâne.
"Encore un Weasley cette année ! J'en ai vu passer toutefois tu apportes un peu de nouveauté… Oui je sens une certaine rancune, une envie de faire tes preuves. Tu veux prouver au monde que tu es bien plus qu'un simple Weasley, tu veux qu'on te voie… J'ai ce qu'il te faut Ronald."
"SERPENTARD !"
Un silence absolu suivit l'annonce. Ron n'avait pu qu'écouter les paroles du Choixpeau magique sans même pouvoir argumenter avec lui. C'était affreusement rapide. Voilà la première pensée qu'eut l'enfant qui réalisa peu à peu ce qui venait de se produire. "Impossible", pensa finalement Ron qui releva brusquement les yeux vers le professeur de métamorphose dans une supplique muette. Non il devait repasser ! Il n'avait pas pu dire son mot sur le choix ! Ses parents lui avaient répété tant de fois que Serpentard était une mauvaise maison, la pire, qu'elle ne devrait pas même exister. Il n'était pas mauvais, n'est-ce pas ? Il reconnaissait avoir été un fils indigne par moments, un peu colérique …
A cet instant Ron aurait voulu s'excuser auprès de ses parents, leur dire qu'il était désolé, il irait même s'excuser auprès de Percy pour avoir dit qu'Hermès avait l'air stupide. Il ne se plaindrait plus d'avoir des affaires usées, n'importe quoi mais il ne pouvait tout bonnement pas aller à Serpentard. Les Weasley, c'était une famille de Gryffondor, c'était comme inscrit dans leur sang. Ronald devait simplement faire comme les autres. Il aurait été le sixième roux pauvre à passer sous le Choixpeau, il serait allé chez les lions et on l'aurait oublié. Voilà comment cela devait se passer.
Son regard dévia vers la table des lions. Des élèves chuchotaient entre eux, presque tout le monde connaissait les Weasley, mais en voir un à Serpentard c'était impensable. Il vit Percy grimacer, pas loin il aperçut Fred et George le fixer. Ils allaient tout raconter à leur mère et il allait recevoir une beuglante. Une main lui pressa l'épaule et l'invita à rejoindre sa nouvelle maison. Les jambes tremblantes il s'avança vers les Serpentard qui l'accueillirent par un silence assommant. Seule Gemma Farley, la préfète de la maison, applaudit faiblement par politesse. A quelques places de lui, Draco Malfoy, le considéra étrangement.
(1) Alors concernant le trio d'oncles, normalement je n'ai pas fait de contre-sens car il me semble qu'ils sont morts en 1981 mais si ce n'est pas le cas, indiquez-le !^^
(2) Dialogues entre Ron/Harry et Ron/Draco tirés du livre.
