J'avais vingt-et-un ans quand je l'ai rencontré. Ou plutôt quand je le revis.
Il n'avait que très peu changé, en tout cas, il me sembla en tout point semblable à l'homme qu'il avait été. Physiquement, il avait conservé ses cheveux longs, un rideau noir sur son front pâle. Son nez était toujours en bec d'aigle, crochu et disgracieux. Il s'incrémentait bien dans son visage émacié. Sa haute stature compensait son manque de muscles, le rendant intimidant.
Je ne réussis pas à croiser son regard ce soir-là. Le bar était enfumé, sombre et ne permettait pas une quelconque approche. Je ne l'aurai pas souhaité de toute façon.
J'étais moi-même occupée à ce moment : un jeune homme s'efforçait de capter mon attention, que je finis par lui accorder.
En quittant le bar, je ne pus m'empêcher de jeter un bref coup d'œil dans sa direction. Dans les ombres et la foule, je ne le vis plus.
Agacée, je me collais plus franchement contre ma conquête d'un soir. Il me lança un sourire éblouissant, si tant est que dans notre état passablement éméché, on puisse qualifier sa grimace alcoolisée d'éblouissante.
Nous allâmes au point de transplanage, prêts à partir profiter ailleurs de la fin de soirée. Alors que les ombres et les lumières clignotantes des enseignes de bar se mélangeaient dans un tourbillon indistinct, je distinguai l'esquisse d'un sourire goguenard.
M'était-il destiné ? Cette question me perturba toute la nuit, bien après que mon amant se soit assoupi.
M'avait-il reconnue ? Cette question hanta les nuits suivantes.
Et plus tard, je finis par me demander ce qui avait conduit Severus Snape dans un bar du Londres moldu.
Je n'en parlais à personne, je voulais découvrir ses raisons seule. Et foi de Hermione Granger, j'y arriverai. Après tout, je n'étais pas la sorcière la plus brillante de ma génération pour rien.
