Bonjour à toi Lecteur,

Je sais ton impatience pour chacun des nouveaux chapitres de cette histoire et comme tu le vois, j'ai ralenti le rythme de publication... par choix ! J'ai énormément de changements dans ma vie en ce moment, tous plutôt positifs mais chronophages, et par conséquent je n'ai plus autant de temps à consacrer à l'écriture. Toutefois, je continue à écrire dans chaque petit moment de liberté que je m'accorde, donc je continue à avancer mais bien plus lentement.

En revanche, merci pour ton soutien indéfectible, pour les reviews qui s'accumulent (nous avons dépassé la centaine ^^) et pour être toujours plus nombreux !

Aujourd'hui on retrouve un couple que j'aime beaucoup, à savoir Lucius et Narcissa. Je te laisse découvrir la suite.

Bonne lecture !


Narcissa était assise devant la petite table qui lui servait de bureau et finissait une lettre pour Lucius. Son époux lui manquait, et l'idée qu'elle ne pourrait plus jamais vivre à ses côtés lui arrachait presque le cœur. Certes les entretiens particuliers que la prison lui avait accordés, avec l'aide de Miss Granger, étaient une perspective qu'elle n'aurait jamais osé espérer, mais ce n'était pas suffisant. Plus encore que l'absence de Draco, celle de Lucius était ce qu'elle redoutait le plus lors de son retour au Manoir. Alors que l'exil volontaire de son fils avait été l'élément déclencheur, l'incarcération à perpétuité de son mari était l'essence même de sa tristesse et elle se demandait si elle réussirait réellement à vivre avec…
Évidemment elle voulait rentrer chez elle, pouvoir disposer librement de son temps, mais pour faire quoi ? Elle secoua la tête, tentant de chasser ses sombres idées… elle n'était plus seule. Son fils et son filleul lui rendraient fréquemment visite et elle pouvait également compter à présent sur l'affection de sa sœur retrouvée. Et puis, Miss Granger n'était pas de si mauvaise compagnie...

L'arrivée de l'Irlandais coupa court à ses réflexions, parfait cela lui ferait la distraction nécessaire pour penser à autre chose.

- Mrs. Malfoy, la salua-t-il. Puisque vous n'avez pas respecté votre part du marché, je suis ici pour vous accompagner à votre séance de thérapie de groupe.

- Généralement un marché se fait avec l'accord des deux parties, ce qui n'est pas réellement le cas dans cette situation. Toutefois, je ne vous permets pas de dire que je n'ai pas respecté ma part.

- Mrs. Malfoy, ne jouez pas au plus fin avec moi. Je vous avais demandé de choisir les séances de thérapie auxquelles vous souhaiteriez assister et vous ne l'avez pas fait !

- Oh vraiment ? répondit la Lady en lui désignant son lit sur lequel était posé un planning.

- Quand avez-vous fait vos choix ? Pourquoi ne pas m'avoir prévenu ? Miss Granger aurait dû m'en faire part…

- Pourquoi l'accuser d'une faute qu'elle n'a pas commise au lieu de vous reprocher votre propre incompétence? Cet emploi du temps est prêt depuis plus d'une semaine, mais vous n'êtes tout simplement pas venu vous renseigner… trancha sèchement la noble.

Elle ne disait pas réellement la vérité, cette liste avait été établie avec l'aide de sa soignante pas plus tard que la veille. Elle l'avait guidée dans le choix des psychomages les plus conciliants, évitant soigneusement les séances dans lesquelles se trouvaient des victimes de Mangemorts. "Elles vous réduiraient en charpie" avait argué la jeune femme et bien que la Serpentard aurait voulu lui prouver le contraire, elle savait que c'était la vérité. Mais, une fois de retour dans la société, avec le soutien de héros de la guerre et surtout le témoignage d'Harry Potter, elle finirait par retrouver une position acceptable à défaut d'être enviable.

- Je… vous… vous sembliez si résolue dans vos choix qu'il aurait été difficile d'imaginer que vous puissiez changer d'avis.

- Vous avez eu tort, daignez au moins le reconnaître !

Elle était contente de pouvoir faire comprendre à l'Irlandais qu'il n'était pas tout puissant et qu'elle avait encore des ressources pour se défendre.

- Vous verrez que je n'ai pas choisi que les séances de thérapie, je ne me sens pas prête pour les cours de magie, je préférerais attendre un peu.

Une fois encore c'était un éhonté mensonge, mais Miss Granger lui avait garanti que c'était la meilleure des façons de retarder l'échéance le temps qu'elles trouvent une solution.
Le psychomage la regarda longtemps, cherchant à connaître la vérité, mais le visage de Narcissa, sans expression, ne lui permit pas d'en savoir plus.

- Bien… finit-il par déclarer. Nous ne sommes pas obligés de démarrer ces cours tout de suite, cependant cela ne fait que retarder votre sortie. Et la possibilité de faire usage de votre baguette.

La Lady hocha la tête, bien évidemment qu'elle le savait. Elle en avait longuement parlé avec sa soignante et même si elle souhaitait ardemment récupérer sa baguette, elles n'avaient pas trouvé de solution plus adéquate pour le moment.
Ne trouvant plus rien à dire, l'Irlandais finit par quitter la chambre, laissant Narcissa seule.

Lorsque le jour de sa première séance arriva, la Serpentard s'y rendit dans un état second. Miss Granger ayant fait coïncider la deuxième visite à Azkaban pour l'après-midi même. Le psychomage qui l'accueillit eut à peine droit à un regard alors qu'elle prenait place parmi les autres patients. Elle ne remarqua presque pas les oeillades mauvaises que certains lui lançaient, trop habituée désormais. Pas une fois pendant tout le temps que dura la séance, elle ne se sépara de son masque de glace, se contentant de toiser son interlocuteur quand il s'adressait à elle. L'homme n'insista pas, certainement briefé par son service du manque de coopération de la Lady, mais elle n'en avait que faire, son esprit était déjà auprès de son époux. Les personnes présentes prenaient la parole les unes après les autres, mais Narcissa ne parvenait pas à fixer son attention sur leurs paroles. Par moment le psychomage semblait reprendre les rênes du débat, mais très vite le chaos revenait, pensaient-ils réellement pouvoir aider ces gens en les laissant agir comme des étudiants de première année.
La matinée passa donc très lentement à ses yeux, et quand Miss Granger vint dans sa chambre, elle ne put réprimer un soupir de soulagement.

- Il est rare que vous m'accueilliez avec une réaction pareille. la salua-t-elle. Votre séance s'est mal déroulée ?

- Si vous parlez de l'ersatz de psychologie à laquelle j'ai eu le droit ce matin… je dois dire que je n'ai jamais rien vu d'aussi risible. Vous vous rendez compte qu'ils s'applaudissent les uns les autres, comme des enfants ? C'est d'un ridicule…

- Ces thérapies de groupe aident de nombreuses personnes, ne les jugez pas sans savoir Mrs. Malfoy. Bien, êtes-vous prête ?

Elle hocha la tête, la voix serrée par l'émotion. L'appréhension n'était pas aussi forte que lors de la première visite, mais elle craignait tout de même de voir ce que la prison avait fait à son mari. Le chemin jusqu'à l'aire de transplanage, puis jusqu'au bureau du directeur lui parut tout aussi interminable que la fois précédente.
Une fois encore son époux était enchaîné et il portait les affreuses guenilles d'Azkaban. Elle entendit Miss Granger se lancer dans une discussion houleuse avec les gardiens, mais n'en saisit pas le moindre mot, ses yeux étant ancrés dans ceux de Lucius, plus rien d'autre ne semblait exister. C'est à peine si elle se rendit compte de la sortie des geôliers, et ce n'est que lorsque sa soignante métamorphosa les haillons de son mari qu'elle reprit conscience de la réalité.

- Merci Miss Granger ! dit-elle alors que la jeune femme se réinstaller sur un fauteuil à l'écart et mettait en place des sorts pour leur permettre un peu d'intimité.

Celle-ci hocha la tête avant de plonger dans un livre.

- Tu n'es pas obligée de la remercier. finit par dire Lucius une fois certain que la Gryffondor ne les entendait pas. C'est à cause d'elle et de ses amis que je suis ici.

- J'aurais plutôt dit que c'est à cause du Seigneur des Ténèbres que tu te retrouves ici. Lucius, répondit-elle en lui posant une main sur le bras, tu es un des derniers Mangemorts à Azkaban. Tous les autres croupissent on ne sait où après avoir été embrassés par les Détraqueurs. C'est grâce à Miss Granger et ses amis que tu n'as pas subi le même sort.

- Je refuse d'être redevable à une Sang-de-Bourbe !

- Mon ami, cesse donc d'employer cet affreux mot. Si tu ne veux pas lui être redevable, je le serais pour deux.

- Est-elle vraiment devenue ta pouliche ? Je m'en doutais un peu après les articles sur la commémoration, mais je n'aurais pas pensé que tu ailles réellement jusqu'à perdre ton temps avec des gens de sa condition.

- Et avec qui aurais-tu voulu que je perde mon temps ? Plus aucun Sang-Pur n'ose s'approcher de notre famille, j'ai perdu tout droit de siéger en société quand tu as perdu ta liberté !

Son époux la regarda, stupéfait. Il était rare qu'elle s'oppose à lui aussi ouvertement, de plus devant témoin. Mais elle ne pouvait garder pour elle tout ce qu'elle subissait depuis son emprisonnement, pas lorsqu'il lui reprochait ses attachements.

- Miss Granger a été la seule à ne pas nous traiter avec mépris Draco et moi, alors que ma sœur l'a torturée sous nos yeux. Ses origines sont, certes, moins prestigieuses que les nôtres, mais elle est celle qui m'a empêchée de sombrer totalement.

Si Lucius avait été étonné par son coup d'éclat, la déclaration qu'elle venait de faire avait posé un voile peiné dans ses yeux.

- Je ne savais pas la situation si critique… finit-il par lui dire en lui serrant la main avec douceur. Tu ne m'en avais pas fait part.

- Je ne voulais pas t'alarmer, tu avais déjà ta propre situation à gérer et je pensais réellement que ce n'était que passager.

- Ta maladie est donc avérée.

Elle prit un moment pour répondre, elle avait mis longtemps à comprendre qu'elle avait eu besoin d'aide et à moins d'être idiot, ce que Narcissa Malfoy n'était certainement pas, il fallait se rendre à l'évidence qu'elle avait été malade.

- Je ne sais pas si on peut réellement qualifier cela de dépression, mais effectivement j'ai été malade.

Lucius venait de reprendre le masque froid qu'il s'imposait en société. Un regard à Miss Granger confirma à la Lady que la jeune femme était toujours plongée dans son livre, et que c'était bien son annonce qui avait mis son époux dans cet état. Elle savait qu'il était délicat d'accepter ce constat pour un membre d'une des familles les plus importantes de la communauté magique, ou qui avait été une des plus importantes tout du moins. Elle lui laissa le temps de gérer l'information, avant d'ajouter.

- Je sais qu'il est difficile d'imaginer que je puisse être touchée à ce point par vos absences, mais m'imagines-tu passer le rester de ma vie seule dans ce manoir où le Seigneur des Ténèbres a flétri chaque souvenir heureux. D'autant que j'ai été mis au ban de la société…

- Je ne comprends pas comment cela est possible, tu es une Malfoy. Rien que notre nom devrait t'ouvrir toutes les portes, et ta beauté et ton éducation devraient faire le reste.

- Les choses ont changé Lucius, le nom des Malfoy est à jamais entaché de la marque du Seigneur des Ténèbres et il ne suffit plus d'avoir un sang pur pour se garantir un avenir. Au contraire, il est mieux d'avoir des Nés-Moldus dans ses relations.

- Ainsi le monde est devenu fou ? Et les Nés-Moldus finiront par voler l'honneur des anciennes familles, comme Il l'avait prédit ?

- C'est Sa folie qui nous a menés à cette fracture, avant Sa prise de pouvoir nos familles avaient encore un poids dans la balance politique, mais aujourd'hui, après nous être agenouillés devant un Sang-Mêlé nous ne pouvons plus espérer avoir une influence. D'autant que la plupart des anciens chefs de famille ont été embrassés par les Détraqueurs et leurs enfants sont trop jeunes pour reprendre convenablement les rênes.

Lucius se prit la tête entre les mains, Narcissa savait que cette vision du monde était un cauchemar pour son époux. Tout ce qu'il avait fait avait été pour maintenir les grandes familles à leur place, c'est à dire parmi la classe dirigeante et les savoir déchues à cause de leurs choix le désespérait.

- Alors c'est ça maintenant l'avenir du monde Sorcier ? cracha-t-il en désignant Miss Granger de la tête. Ces Nés-Moldus vont prendre les places qui nous reviennent de droit ? Ils vont construire un monde de boue, avec leur sang de glaise et ce sera notre mort à tous. Ces gens-là n'ont aucune conscience de rang, ils nous mèneront à notre perte.

- Nous avons déjà perdu Lucius. lui dit-elle en posant tendrement sa main sur son épaule. Nous avons tout perdu lorsque le Seigneur des Ténèbres est revenu dans nos vies plus fou qu'il ne l'avait été. J'ai tout perdu quand ils t'ont pris pour t'enfermer ici.

- Mais avec la victoire du Lord nous aurions pu rayonner, ensemble ! Tu aurais continué à être une reine Narcissa, car c'est là la place que tu mérites.

- Rayonner ? Lucius... combien de temps avant qu'il ne décide de te tuer ? Ce n'était plus une vie que nous menions. Je ne regretterais jamais avoir sauvé Harry Potter et permis sa victoire, je regrette simplement que ça n'ait pas été suffisant pour t'empêcher la prison.

Il n'ajouta rien, se contentant de la regarder douloureusement. Les minutes s'égrenèrent ainsi sans qu'aucun n'ose prendre la parole, le silence étant seulement interrompu par le bruissement de pages tournées par Miss Granger. Narcissa se demanda un moment si elle s'était rendu compte de la situation, puis décida qu'elle n'en avait que faire. Il avait été important pour elle d'être franche avec son époux, de lui dire enfin ce qu'elle avait sur le cœur. Sans lui signifier clairement sa culpabilité, elle avait mis à plat que c'était son allégeance au Seigneur des Ténèbres qui les avait menés à cette situation.

Lorsque sa soignante leur rappela que l'heure allait bientôt arriver à son terme, levant par la même tous les sorts qu'elle avait mis en place, Lucius prit la main de son épouse et l'embrassa une dernière fois, faisant fi de la présence de la Née-Moldue, avant de murmurer : « Je suis profondément désolé, Narcissa. ».
Par ces quelques mots, il rattrapait, à ses yeux, tout le mal qu'il avait pu faire à leur famille.