Bon, j'avais dit que je ferai une parution mensuelle. Et là, comble de la logique, j'arrive deux semaines plus tard avec un nouveau chapitre. Ne cherchez pas à comprendre... Il s'avère que finalement, j'avance plus rapidement que ce que j'avais escompté. Avant toute chose, je préfère vous prévenir. Si vous envisagez de lire ce chapitre avant de vous coucher, je vous le déconseille! Il y a une insomniaque dans les premières lignes! Que je m'explique. Ce chapitre se passe avant la naissance de Boruto. On fait un retour en arrière de quelques mois. Vous allez trouver ça illogique. Mais bon, le chapitre 29 motivait ce choix. Sans ce petit arrangement, je ne pouvais pas jouer sur l'ignorance de Naruto et du lecteur vis-à-vis du mariage de Sasuke et Sakura. Ce qui contribuait à l'humour du chapitre. Bref, à ceux qui ont cru que je n'aborderai pas la fameuse question d'un événement important, vous voilà détrompés. Vous verrez de quoi je parle en lisant ce chapitre (si vous n'avez pas encore deviné).
Sarah70801, je suis contente que mon chapitre t'ait fait rire. Une partie de mon objectif est atteint, s'il est drôle. J'ai pris grand plaisir à l'écrire. Je te remercie pour ton commentaire.
Missbetty, je te remercie de l'intérêt que tu portes à mon histoire. C'est très flatteur! Oui effectivement, c'est un problème que je commence à connaître. Certaines informations sont peu à peu apportées dans Boruto. Des informations que je n'avais pas à l'époque de la rédaction de certains chapitres. C'est un risque que j'ai pris. Mais je corrige et adapte petit à petit. Pour ce qui est de la naissance de Boruto. À ce jour, ils n'ont pas communiqué sa date de naissance. C'est un choix que j'ai fait. Je savais qu'il était potentiellement né après Sarada. Mais je n'aimais pas cet arrangement qui ne convenait pas à mon histoire. J'ai donc décidé de le faire naître en premier. Ce qui me paraît plus logique. Il est peut-être effectivement né après Sarada. Mais en l'absence d'informations officielles (à ma connaissance), je préfère ne pas me prononcer. De toute façon, ça ne changera rien à mon organisation. XD Merci beaucoup pour ton commentaire. J'espère que la suite continuera de te parler!
Chapitre 30:
La couverture ramenée sur les épaules, elle écoutait le chant de la nuit. Elle se tournait et se retournait dans son lit depuis deux bonnes heures, ne parvenait pas à trouver une position satisfaisante. Le sommeil la fuyait. Ses draps s'enroulaient autour de sa taille, sans qu'elle ne parvienne à s'en dépêtrer. Le coussin lui semblait bien trop ferme. Alors qu'hier encore, elle dormait dessus sans s'en plaindre. Par moments, la chaleur la gagnait, alors elle se découvrait. Puis le froid reprenait le dessus et elle tirait sur les couvertures. Le shoji entrouvert laissait passer la lumière nocturne. La lune dominait la voûte céleste. À sa position, Sakura établie qu'il devrait être plus de minuit. Elle ne s'endormirait plus à une heure pareille. Haruno se connaissait. Elle savait que lorsqu'elle manquait son heure d'endormissement, elle ne trouvait plus le sommeil. Résignée, elle lâcha un profond soupir, réprimant son envie de pleurer. Frustrée, les larmes lui montaient aux yeux, menaçaient de couler. L'angoisse lui nouait l'estomac, la traversait de toute part comme un souffle glacé. Décidément, elle manquait à tout ses devoirs. On lui demandait simplement de paraître reposée. Même ça, elle s'en révélait incapable. Demain, une journée capitale l'attendait. Demain… Demain était déjà aujourd'hui, à minuit passé. Aujourd'hui, Sakura allait se marier. Son cœur battait à ton rompre à l'anticipation de cet événement. D'aucuns estimaient que, dans un moment pareil, la joie et l'excitation prenaient naturellement le pas sur tout le reste. Mais pas dans le cas de Sakura, qui doutait de plus en plus, tenaillée par l'angoisse.
Les yeux grands ouverts, la jeune femme sentait tout le poids de la fatigue physique et émotionnelle. Elle raisonnait de façon incohérente, ne démêlait plus le vrai du faux. Sakura ne parvenait pas à faire la part des choses. Elle se laissait parfois aller à une réflexion qui ne connaissait pas de fin. Ses pensées s'évaporaient, elle reprenait brusquement conscience. Haruno y était. Elle connaissait des phases de micro-sommeil. Elle s'endormait, se réveillait quelques secondes ou minutes plus tard. Fatiguée de ce manège, Sakura roula sur le côté. Elle reposait désormais sur son épaule gauche. Pourquoi ne pas suivre ses propres conseils ? En tant que médecin, Sakura rencontrait parfois des patients souffrant d'insomnie. Elle les invitait souvent à ne pas rester dans le lit à broyer du noir, ce qui ne faisait qu'augmenter le stress. Non, mieux valait prendre un bon livre, marcher un peu ou se poser. Sakura patientait depuis trois heures maintenant, le sommeil ne venant toujours pas. Elle se rendit à l'évidence. Résignée, la jeune femme prit appui sur ses bras, se hissa sur ses jambes. Elle jeta un regard à son lit défait. Trop lasse pour l'arranger, elle le contourna et gagna le shoji. Sakura se glissa à l'extérieur, la cloison toujours entrouverte. Toutes les chambres de l'auberge donnaient sur la cour intérieure, au décor traditionnel. Un déambulatoire au parquet ciré entourait cet espace. Seule la lumière de la lune éclairait les lieux. Les lampions s'étaient éteints depuis longtemps.
Sakura avançait lentement pour ne pas réveiller les clients de l'hôtel. Les lames de parquet grinçaient sous ses pieds. Elle errait sans but, ne connaissait pas même sa destination. De toute façon, les possibilités se limitaient au bout du couloir. À mesure qu'elle s'éloignait de sa chambre, sa tête se vidait des pensées qui jusque-là l'accaparaient. Le contour des buissons, les poutres de bois, la rambarde, le bassin, les cloisons recouvertes de papier de riz, tout autant de formes qui défilaient sous ses yeux. Elle ne prêtait aucune attention au décor dans lequel elle évoluait. Sa vision périphérique s'arrêta pourtant sur un détail. Sous la lumière lunaire, une silhouette tout de noir vêtu se détachait du reste des ombres. L'individu lui tournait le dos, assis sur les marches qui menait à la cour. Une boule de chaleur se forma dans sa poitrine. Doucement, elle fit son chemin jusqu'à Sasuke. Quand elle fut à sa hauteur, elle s'agenouilla puis se laissa tomber sur son séant, à côté de lui. Uchiha posa brièvement les yeux sur elle, conscient de sa présence. Ils demeurèrent ainsi, dans un silence troublé par le chant des suzumushis. Quel hasard de le rencontrer, elle ne s'y attendait certainement pas. Elle le pensait endormi. Sakura s'interrogeait sur sa présence ici. Peinait-il lui aussi à trouver le sommeil ? Après tous, leurs situations étaient plus que similaires, plutôt communes. Doutait-il ? Partageait-il son angoisse ? Regrettait-il ?
À les voir ainsi, personne ne songerait qu'ils s'apprêtaient à se marier l'un avec l'autre. Ils ne donnaient pas l'image d'un couple habituel, chacun de son côté. Ils n'étaient pas vraiment tactiles, n'échangeaient jamais de geste affectueux. Dans son souvenir, Naruto manifestait bien plus d'attention à l'égard d'Hinata. La jeune Hyûga démontrait ouvertement ses sentiments. Leur proximité était évidente. Sakura n'osait pas faire preuve d'une pareille audace. Elle refusait de s'imposer, au risque de le gêner, de le brusquer. Naturellement des intentions lui venaient, comme lui prendre la main, poser sa tête contre son épaule. Mais systématiquement, elle s'y opposait, refoulait ses sentiments. Sasuke ne prenait pas plus d'initiative. Cela ne pourrait venir que de lui, songeait-elle. En l'état, leur relation lui convenait. Pouvoir voyager avec lui, demeurer en sa présence, l'aider parfois, lui suffisait amplement.
Sasuke révisa soudain sa position. Sa main droite, passa de son genou au sol, la paume tournée vers elle. Sakura trouvait cette contorsion étrange, elle ne le savait pas aussi flexible du poignet. La jeune femme reporta son attention sur les extérieurs, croisant les bras pour ne pas risquer de le frôler. Elle en devenait ridicule, elle en avait conscience. La présence de Sasuke l'apaisait, comme toujours d'ailleurs. Paradoxalement, elle restait quand même sur le qui-vive. Voyage oblige, dorénavant ils passaient beaucoup de temps ensemble. Ils ne parlaient que très peu. Ils se comprenaient parfaitement sans ouvrir la bouche. Ils échangeaient autrement, d'une façon qui leur était propre, par le regard. Ils fonctionnaient ainsi depuis longtemps déjà. Quand ils étaient genins, lors de l'affrontement contre les ninjas d'Oto. Le message silencieux, après qu'elle lui ait permis de revenir dans la bonne dimension, avec l'aide d'Obito. Elle n'observait ça chez aucun autre couple. Ce constat la fit sourire. Sasuke la regardait différemment à présent. Le regard qu'il portait sur elle, changeait de jour en jour. Il lui adressait des sourires chaleureux, jamais vus auparavant. En privé uniquement, car en public, son attitude à son égard demeurait la même qu'autrefois. Sa réserve le caractérisait, Sasuke se montrait démonstratif dans la sphère intime. Tous ses proches le savaient.
Ces derniers jours pourtant, il se montrait plus distant. Peut-être à cause de l'arrivée de son père, Kizashi n'appréciait pas vraiment son futur gendre. Ce n'était un secret pour personne. Il restait poli, ce qui relevait déjà de l'exploit. Sakura se demandait comment Sasuke le prenait. Il ne revenait pas sur la question, en sa présence. En un moment pareil, on s'entourait bien souvent de ses proches. Sakura comptait sur la présence de son père et de sa mère, qui avaient spécialement fait le déplacement. Sasuke n'aurait personne, hormis Kakashi. Sakura craignait que l'absence de sa famille ne se fasse amèrement ressentir.
-Tu t'inquiètes, je le sens… Si tu as quelque chose à me demander, vas-y.
Sakura sursauta, surprise par son intervention. Sasuke la regardait du coin de l'œil. Comment faisait-il pour savoir ça ? Une capacité secrète de son Rinnegan, peut-être ! Il l'impressionnait toujours par sa capacité à comprendre et anticiper. Sakura défroissa le bas de son pyjama, un geste anodin qui traduisait son hésitation.
-Est-ce que ça va ? lui demanda-t-elle de but en blanc.
-Je n'ai mal nulle part, se contenta-t-il de répondre.
-Haha, ce n'est pas ce je voulais dire, tu le sais.
-Rien à signaler.
-Pourtant, tu n'es pas en train de dormir.
-Dans ce cas, je pourrais te retourner la question, la contra-t-il.
-Touchée ! Tu peux encore prendre tes jambes à ton cou, tu sais ! Il n'est pas encore trop tard.
-Je vois, tu penses que le doute s'insinue en moi. Ce qui expliquerait mon apparente insomnie.
En vérité, elle voulait juste détendre l'atmosphère avec un trait d'humour. Mais Sasuke abordait sa plaisanterie avec sérieux.
-Quoi de plus naturel, je ne suis pas toujours facile à supporter.
-Cesse de te dévaloriser constamment. C'est agaçant ! Tu sais que je n'en pense rien.
Sasuke ne riait pas. La plaisanterie ne l'amusait vraiment pas. Il la regardait maintenant de ses deux yeux.
-Mais peut-être que toi tu doutes…
Sakura se trouva prise au piège. D'une certaine façon, elle doutait, oui, mais pas comme il l'entendait. Elle balaya cette insinuation d'un geste du bras. Sa main gauche retomba sur le sol, frôla involontairement la sienne. Sakura la retira aussitôt.
-Excuse-moi ! s'entendit-elle dire.
-Pourquoi tu t'excuses ?
Sasuke fronça les sourcils, détournant le regard.
-Pourquoi tu ne te comportes jamais naturellement avec moi ? Comme avec Naruto ! Explosa-t-il.
Il porta soudain son attention sur sa main droite, qui reposait toujours entre eux.
-On dirait que j'ai la peste.
Où voulait-il en venir ? Sakura ne comprenait pas un traitre mot. La situation se renversait complètement devant elle, impuissante. Sans qu'elle ne soit en mesure de saisir ce qui se jouait là. Comment une simple plaisanterie pouvait à ce point le courroucer ? Intérieurement, elle se remémorait leur conversation, cherchant ce qu'elle avait dit ou fait de travers. Sasuke la voyait patauger, ce qui l'agaçait davantage.
-Tu es différente avec lui, avec tout le monde d'ailleurs. Tu parles franchement, tu ne te poses pas de question. En ma présence, tu es constamment sur la retenue. Tu n'étais pas comme ça avant.
-Tu compares ce qui ne peut pas l'être.
Il lui arrivait parfois de se demander si elle était vraiment sincère. Au début, Sasuke attribuait son malaise évident à la gêne d'une situation compliquée. Lui présent, Sakura ne savait comment se comporter, le regard fuyant, elle butait systématiquement sur les mots. Il revenait alors de son périple de deux ans. Aucun d'eux n'étaient en mesure de mettre un nom sur leur relation, amitié, camaraderie, équipiers. Déjà à l'époque, cette question le taraudait. Il remarquait cette différence palpable dans son comportement. Avec Naruto, elle riait, elle criait, elle se chamaillait, elle l'étreignait. Et oui, cette différence le frustrait. Pourtant, il n'existait aucune ambiguïté, Naruto était son meilleur ami, point. Mais s'il se trompait. Si l'inquiétude et la bienveillance qu'il lisait dans le regard de Sakura, n'étaient rien de plus que de la pitié ? Si elle ne restait auprès de lui que par devoir. Parce qu'elle s'y sentait obligée. Il lui avait fait tant de mal par le passé. Ses sentiments pouvaient avoir disparu.
-Est-ce que tu m'aimes vraiment ?
Sasuke rencontra volontairement son regard et maintint le contact visuel. De cette façon, il verrait et saurait. Les yeux ne mentent jamais. Sakura tressauta face à une question qui la piqua au vif. Ses sourcils s'arquèrent légèrement, signe de sa stupéfaction. Ensuite, ils se froncèrent, indicateur de colère.
-Je ne te l'ai pas déjà dit ? Se défendit-elle.
-Pas récemment non…
-Et cette nuit-là alors ? Ne fais pas comme si, je sais que tu t'en souviens !
- « Il faut te le redire » ne constitue pas une réponse recevable.
-Crétin fini !
-Je veux savoir !
-De quel droit ? Tu crois peut-être que me dire que tu m'aimes sans raison, que tu n'y peux rien. Et par cette intermédiaire, insinuer à demi-mots que c'est une obligation, une corvée dont tu te serais bien passé ! Me fait plaisir ?
Sakura découvrait à sa grande stupéfaction, que les paroles de Sasuke l'avaient alors sincèrement heurtée. Ce qu'elle ignorait jusque-là.
-Tu déformes ma pensée !
On lui allouait deux minutes trente pour un premier rendez-vous. Comment voulait-on qu'il fasse mieux ?
-Moi aussi je t'aime sans raison. L'amour est quelque chose d'inconditionnel, qui ne se choisit pas. Mais ça ne m'a jamais posé problème. J'ai toujours assumé mes sentiments pour toi. Au début, peut-être que je ne t'aimais pas vraiment, en tout cas pas pour les bonnes raisons. J'étais une gamine insipide et frivole qui ne se fiait qu'aux apparences. Tu étais le garçon populaire, premier de la classe. Indirectement, tu représentais tout ce vers quoi je voulais tendre. Je te trouvais beau et classe. Qu'est-ce que ça paraît con avec le recul, dit comme ça ! Je ne te connaissais pas vraiment. Tu m'as jeté un nombre incalculable de fois, tu m'as remise à ma place. Et je t'en remercie. Grâce à toi, j'ai pu changer. Tu m'as ouvert les yeux, tu m'as poussé à m'améliorer. Je voulais vous rattraper, Naruto et toi. Je voulais vous aider, vous protéger. Il fallait que j'inverse les rôles. C'est devenu vital. J'ai découvert qui tu étais vraiment. Quand tu as commencé à t'éloigner de ta véritable nature, à cause de la marque maudite, ça me faisait mal. Quand tu souffrais…
Sakura plaça sa main droite sur la poitrine de Sasuke.
-Je souffrais aussi. Je ne dis pas que je comprenais ta souffrance. Je n'aurais pas cette prétention. Quand tu as sombré, ça nous a dévastés, Naruto et moi. Tu t'évertuais à tenter de rompre nos liens, les années passaient. Mais je continuais de souffrir en apprenant tes exactions. Je ne dis pas ça pour te culpabiliser, non. Tu as tenté de me tuer. Mais je comptais en faire autant. Je sais, que ce n'était pas vraiment toi. Naruto, lui, n'a jamais flanché, il n'a jamais cessé de croire en toi.
-Comment se fait-il que tu n'aies pas renoncé ?
-Parce qu'un jour, tu m'as dit merci. C'est ce qui m'a sauvé du désespoir.* Si tu doutes de ma franchise, peut-être que je ne t'aime pas encore assez. Je me dis parfois que je ne suis pas la bonne personne pour toi. Que tu pourrais trouver quelqu'un de mieux.
-Tais-toi, espèce d'imbécile !
Sasuke posa sa main droite sur son épaule gauche. Doucement, il la ramena à lui, l'étreignit pour la première fois. La tête de Sakura reposait contre sa poitrine. Elle gardait les yeux grands ouverts, muette. Ses bras pendaient le long de sa taille. Abasourdie, elle ne réalisait pas encore.
-Quand je te tends la main, tu pourrais l'attraper.
C'était donc cela. Tout s'éclairait dans son esprit. Cette main contorsionniste était un signal, une invitation qu'il lui adressait. Son geste de retrait passait pour du rejet. Sakura souhaitait éviter de le brusquer. Elle voulait avancer à son rythme, ne pas s'imposer par des gestes maladroits. Elle se souvenait avec horreur de l'époque où elle se jetait sur lui. Elle l'ennuyait, empiétait sur son espace vital. Quelle cruche elle pouvait être, en ce temps-là ! Désireuse de ne pas en faire trop, Sakura se montrait excessivement distante. Enfin, elle sut quoi faire de ses bras. Ses mains glissèrent dans le dos de Sasuke. Elle répondit ainsi à son étreinte.
Sa trop grande pudeur lui interdisait de lui dire tout ce qu'il pensait. Que les sentiments qui le rattachaient à elle étaient aussi profonds, que ceux qu'il portait à son frère, à sa famille (je vais me faire lyncher). Que le jour où il avait apposé ses doigts sur son front… Il l'accueillait déjà en tant que tel. Qu'elle méritait amplement, ce merci auquel elle s'accrochait aujourd'hui encore. Elle lui avait apporté de la lumière. Elle l'avait aimé pour lui-même quand la solitude l'étouffait. Elle continuait encore de lui dispenser toute son affection, sans rien attendre en retour. Désormais, il consentait sans mal à l'admettre. Tout cela se résumait en trois mots.
-Je t'aime.
Naturellement, ils se détachèrent l'un de l'autre, se penchèrent pour échanger un baiser.
Loin de lui l'idée de les arracher à leur étreinte mais… La situation commençait singulièrement à devenir gênante pour les deux parties. Témoin involontaire d'une scène de ménage, Kakashi se cachait à l'ombre des arbustes. Il lisait paisiblement le dernier volume inédit de la série Icha Icha, qui venait tout juste de paraître. La collection en trois tomes du défunt Jiraya, connaissait l'arrivée d'un titre posthume. Alors qu'il poursuivait sa lecture, à la faveur de la lumière lunaire. Les échos d'une conversation portèrent jusqu'à lui. Il reconnut distinctement les voix de ses deux anciens élèves, Sasuke et Sakura. Le jeune couple s'apprêtait à convoler. Lui, le Hokage en fonction, séjournait dans la même auberge, invité aux noces.
L'embarra le gagnait, à mesure que le ton montait entre les deux jeunes gens. Kakashi gardait cette impression d'être le malheureux enfant assistant à la dispute de ses parents. Déjà il abandonnait son bouquin. La réalité dépassait la fiction. Il se croyait à présent plongé dans l'une des pages de son ouvrage favori. S'il suivait bien le raisonnement de Sasuke, le jeune Uchiha reprochait à sa promise de se montrer trop distante. En deux mots, il jalousait son meilleur ami. Plus réactif que Sakura, Kakashi méditait sur la bonne réponse à apporter. Mais la jeune femme offrit une répartie aussi froide et cinglante que Sasuke au sommet de sa forme, réveillé de bonne heure au petit matin. La situation s'envenimait dangereusement. Orochimaru n'était même pas impliqué ! Octroyez donc cette blague douteuse à Kakashi. Hatake comptait désormais sur la lucidité de Sasuke, trop raisonnable pour courir le risque de laisser la colère de Sakura monter. Il doutait fort que sa dote lui permette de réparer un hôtel tout entier. Or, à ce rythme l'établissement ne ferait pas long feu. Sasuke s'obstinait pourtant, plaidant la déformation de ses paroles. Kakashi le lui accordait sans mal. Uchiha n'était vraiment pas doué avec les mots. En maître satisfait, il reconnut l'influence de son discours dans les propos de Sasuke, rapportés par sakura (cf tome 72).
S'il n'agissait pas au plus vite, Kakashi devrait bientôt annoncer l'annulation du mariage aux parents Haruno. Kizashi ne manquerait pas de le broyer entre ses poings, car lui ferait barrage de son corps pour laisser à Sasuke le temps de s'enfuir. Naruto risquait de prendre ses fonctions de façon prématurée. Kakashi avait maintenant le droit à une rétrospective de l'enfance de Sasuke et Sakura. La suite le laissa pantois. Hatake n'imaginait pas Uchiha aussi entreprenant. A l'entente des trois derniers mots de Sasuke, il se cabra, déglutit, estomaqué. Ses joues s'enflammèrent. Un effet secondaire qu'occasionnait son profond embarra. Kakashi cherchait un moyen de manifester sa présence. Qu'importe la façon dont il s'y prendrait, l'effet serait toujours le même. Kakashi n'en pouvait plus. La position qu'il tenait devenait insupportable. Les jambes engourdies et parcourues de fourmillements désagréables, il se redressa, passa sa tête entre les branches du buisson. Le couple enlacé ne remarqua pas sa présence pour autant. Hatake se racla la gorge.
-Humhum…
Sakura et Sasuke se retournèrent simultanément. Pétrifiés sur place, Kakashi les vit se décomposer sous ses yeux. Sasuke vira au pâle. Sakura adopta un rouge cramoisi. Uchiha tenait toujours la jeune femme par la taille, qui elle avait encore les mains sur ses épaules.
-J'ai trébuché ! expliqua Sasuke, avec empressement.
-Et moi je l'ai rattrapé, ajouta Sakura.
-Vous ne croyez pas si bien dire.
La métaphore existait en son for intérieur. Lui seul comprenait la subtilité de son trait d'esprit. Qu'ils étaient mignons tous les deux. Ils nieraient en bloc jusqu'au bout. Kakashi s'amusait, non, se délectait de la situation.
-Allons, ne vous tracassez pas. Après tout, on n'en attend pas moins de la part de deux jeunes fiancés. Mais il serait peut-être souhaitable de gagner l'une de vos chambres, c'est une zone commune vous savez.
-Kakashi, excusez-moi, depuis combien de temps nous observez-vous ? S'enquit Sasuke, étrangement calme.
Sakura interrogea Sasuke du regard, stupéfaite. Elle n'imaginait pas qu'il se trouvait là tout du long. Elle croyait encore qu'il venait de débouler par hasard, tombant sur eux. L'idée fit son chemin dans son esprit. Sakura fronça alors les sourcils.
-Je lisais le dernier tome d'Icha Icha, quand je vous ai entendu, avoua-t-il, soudain moins confiant.
Il brandit le volume pour preuve.
-Vous ne pouviez pas vous manifester ?
-Ça vous arrive souvent d'écouter les conversations ? Beugla Sakura, profondément mécontente. C'est ce qu'on appelle du voyeurisme, Rokudaime.
-Je craignais que mon intervention n'interrompe votre réconciliation
-Vous n'arrangez pas votre cas… Remarqua Sasuke.
-Vous êtes un pervers doublé d'un voyeur !
Les joues gonflées d'oxygène, Sakura poussa un profond soupir. Un pareil comportement aurait valu à Naruto d'être envoyé quelque deux ou trois cents mètres plus loin par la voie des airs. Mais fonction oblige. Sakura ne se permettrait pas de jouer des poings sur le Hokage. La jeune femme essaya tant bien que mal de prendre sur elle.
-Je vais me coucher, vous feriez bien d'en faire autant, déclara-t-elle, tournant les talons.
-Je devrais peut-être te raccompagner jusqu'à ta chambre pour m'assurer de…
Kakashi s'interrompit au beau milieu de sa phrase. Sakura le fusillait du regard. Mieux valait éviter de plaisanter davantage !
Sakura se réveilla avec la désagréable impression d'être observée. Un instant, elle redouta presque que Kakashi ait tenu parole. Se tenant dans un coin à l'abri des regards, où il s'assurerait que le fiancé ne tente rien d'inconvenant. Rapidement cependant, elle abandonna cette idée. Le Rokudaime plaisantait, cela ne lui ressemblait guère. Le plus simple restait encore d'ouvrir les yeux afin d'en avoir le cœur net. La lumière extérieure lui agressait déjà la rétine, le soleil tapait fort. Chose étrange, car elle se souvenait d'avoir fermé toutes les cloisons coulissantes avant de se recoucher. Ses paupières papillonnèrent, alors qu'elle tentait de s'accoutumer au jour. Sakura distingua d'abord quelques taches colorées et informes. Sa vision gagna enfin netteté. Elle discerna alors les contours. Encore un clignement d'yeux et tout rentra dans l'ordre. Sakura bondit en arrière avant de pousser un cri de surprise. Les coussins volèrent.
-Qu'est-ce que vous faites là ?!
Les deux ombres colorées qui planaient au-dessus d'elle, venaient de prendre forme humaine. Mebuki Haruno et Tsunade Senju échangèrent un regard complice, avant de se laisser aller à un rire tonitruant. Qui ébranla tous les murs de la pièce. Sakura arqua un sourcil, désabusée. Depuis quand sa mère frayait avec le Godaime ? À les regarder, on jurait voir deux vieilles copines. La jeune femme n'était pas certaine d'apprécier ce rapprochement si soudain entre son maître et sa mère. Deux femmes qui incarnaient les figures d'autorité de sa vie. Finalement, laisser les adultes boire à la taverne, hier soir, se révélait risqué. Ne jamais faire confiance à Tsunade lorsqu'elle détenait une bouteille de Saké. Le premier précepte enseigné par Shizune, de la méthode pour survivre à l'entraînement façon Senju, lui était complètement sorti de la tête.
Leur présence expliquait les volets ouverts. Sakura glissa ses jambes hors du lit. Ses deux aînées se pliaient toujours en deux. La jeune femme haussa les épaules devant ce spectacle affligeant. Elle croisa son propre reflet sur l'un des miroirs accrochés au mur. Aucune marque de fatigue ne se voyait sur son visage. Même écourtée, sa nuit lui avait offert un sommeil réparateur. Les poches sous ses yeux étaient un lointain souvenir. Sa conversation avec Sasuke la libérant d'un poids, elle avait trouvé les bras de Morphée. Aujourd'hui, elle se sentait bien plus légère et confiante. Alors qu'elle poursuivait l'examen de sa personne, Sakura sentit deux fortes poignes se refermer sur chacun de ses bras.
Sans prendre le temps de la consulter, Mebuki et Tsunade l'entrainèrent à leur suite. Ses pieds n'en touchaient presque plus le sol. Elles installèrent Sakura sur une chaise, relâchant leur prise. Secouée et légèrement échevelée, la jeune femme se trouva attablée à une coiffeuse. Une large boîte de forme rectangulaire reposait sur la tablette. Perdue, Sakura les interrogea du regard.
-Ouvre ! Ordonna Tsunade.
Sakura obtempéra, plaçant une main de part et d'autre de la boîte. Doucement, elle en souleva le couvercle de carton. Elle comptait le déposer à terre, quand Tsunade le lui arracha des doigts.
-Donne-moi ça, on s'en fiche !
Elle le jeta par-dessus son épaule. Sakura et sa mère lui lancèrent un regard indigné.
-Je le ramasserai plus tard. Pour l'heure, l'important est qu'elle ouvre son paquet, se justifia Tsunade.
Sakura reporta donc son attention sur l'emballage. Elle retira le papier de soie qui protégeait son contenu. Mebuki se chargea de récupérer la feuille, s'assurant ainsi qu'elle atteindrait vraiment la poubelle. Sous sa paume, Sakura sentit le doux contact d'un tissu moelleux. Un kimono blanc de belle facture et soigneusement plié occupait la boîte. La jeune femme retira aussitôt sa main, effrayée à l'idée de le tacher. Il s'agissait là d'un kimono de cérémonie.
-C'est pour toi, Sakura ! C'est pour ton mariage, lui expliqua sa mère, une main sur son épaule.
-C'est du cousu-main, ajouta Tsunade, comme si ce détail importait plus que le reste.
Ses yeux brillèrent une fraction de seconde. Pourtant, elle écarta la boîte d'un geste de la main. D'un mouvement de tête, elle déclina.
-Je ne peux pas accepter.
-Qui te demande ton avis ? Maugréa Tsunade.
-Je ne plaisante pas, Tsunade-Sama. Votre attention me touche, vraiment. Mais je ne peux pas…
-Et comment comptes-tu te marier, hein ? En guenilles ?!
-Comme tous les jours !
-C'est une plaisanterie ?! S'emporta Senju.
Sakura la défia du regard, bien décidée à se défendre. Qu'elles le veuillent ou non, elle aurait le dernier mot.
-Que je me présente affublée d'un kimono de cérémonie traditionnel serait malvenu. Sasuke n'en possède pas.
-Que tu crois ! Nous l'avons pourvu, lui aussi.
Sakura ravala sa salive.
-Vous avez quoi ?
-Ton père doit déjà être en train de le lui remettre à l'heure qu'il est.
-Vous… Vous les avez laissés tous les deux, seuls ?! Mais vous êtes folles !
Son père allait forcément se saisir de l'occasion pour achever Sasuke.
-Kakashi est avec eux, précisa Tsunade.
Sakura poussa un soupir de soulagement.
-Alors tu vois, tout est arrangé ! lui chanta sa mère.
-Mais…
-Il n'y a pas de mais. Tu ne voudrais pas priver ton père de son jour de gloire !
-Son jour de gloire ?
-Kizashi fonde de grands espoirs sur cette journée. Il escompte bien t'offrir un plus beau mariage que celui de Hiashi Hyûga à sa fille aînée, Hinata.
-Mais enfin, c'est ridicule ! Ce n'est pas une compétition. Je me fiche complètement de ça ! Vous nagez en plein délire !
Sakura avait à nouveau l'impression d'être âgée de cinq ans. Les deux femmes se portèrent bientôt à hauteur de son visage. Sa mère s'empara d'une mèche de cheveux. Sakura craignait vraiment le pire, alors qu'elle commençait à comprendre ce qui l'attendait.
-Je n'ai pas besoin de vous pour me préparer, trancha-t-elle.
-Vraiment…
-Sans vouloir te vexer, tu as toujours eu un côté garçon manqué. On ne peut pas te faire confiance. Tu n'as qu'à t'en remettre à nous pour être la plus belle des mariées !
-Regardez ces cheveux courts, nous n'avons pas beaucoup de matière ! Se plaignit Mebuki.
Sasuke, au secours !
*Citation tirée de la première page du roman de Sakura.
Ouep, j'ai écrit une scène de romance! Clapclap, je m'applaudis toute seule, parce que croyez-moi, ça n'était pas gagné. Vous savez à quel point je me considère nulle dans ce domaine. Bizarrement, après 11 mois de pause, j'assume mieux le côté romance de mon histoire. Je ne garantis pas sa qualité. Je suis très mauvais juge en la matière. Je vous laisse le soin de me dire ce que vous en pensez! J'ai pris un malin plaisir à détricoter toute la scène avec Kakashi.
