« A quoi avez-vous pensé ? » Les yeux de Severus Snape pétillèrent de rage.

« Asseyez-vous, Severus, » dit Dumbledore d'une voix calme.

« Non, » répondit le maître de potions sèchement. « Je veux une explication ! »

Dumbledore soupira. « Vous savez ce que j'ai fait. Il fallait l'exposer à ça. Il fallait lui faire comprendre son rôle et ce qu'il signifie. »

« Alors vous avez risqué sa vie ? »

« J'étais sûr qu'il en sortirait vivant et je ne souhaite pas que vous mettiez en doute mes décisions. »

« Parce que vous ne vous trompez jamais ? » dit Snape froidement. Ce n'était pas un ton que l'on utilisait souvent pour parler à Dumbledore.

« Severus, calmez-vous ! Je peux le comprendre mais votre comportement n'est guère tolérable. » Comme toujours Dumbledore n'avait pas élevé la voix, mais son visage exprimait clairement que Snape avait presque dépassé une frontière.

Snape ouvrit la bouche pour répliquer mais se ravisa.

« J'espère que vous savez ce que vous faîtes, » dit Snape enfin. Ses robes se gonflèrent quand il se tourna pour partir.

« Severus. » La tentative pour le rappeler était faible, et Snape l'ignora.

Dumbledore regarda la porte fermée dans un air triste.

« Si, Severus, je me trompe quelques fois, moi aussi, » marmonna Dumbledore en sachant que personne ne l'entendait.

Oui, il avait pris un risque ce jour-là, mais il n'était pas aussi grand que Snape le croyait. Il ne le dirait à personne, mais il avait surveillé tout le combat entre le Professeur Quirrell, prêt à intervenir. Après tout, il ne pouvait pas risquer la vie d'Harry. Son bonheur, même sa santé, ces choses-là, il pouvait les mettre en jeu, mais pas sa vie.

C'était un risque et Severus n'avait pas eu tort de le critiquer.

De toute façon, cette réaction avait surpris Dumbledore. Snape n'avait jamais eu l'air d'éprouver quelque chose pour Harry.

Est-ce qu'il se souciait vraiment du garçon ? Et si c'était le cas avait-il le droit de garder pour lui la vérité ?

Il était facile de se dire qu'il avait fait le bon choix quand Snape ne montrait pas la moindre affection pour le garçon, mais maintenant…

Harry dormait toujours et Dumbledore n'avait pas décidé quoi lui dire quand il se réveillerait.

Il méritait quelques vérités mais lesquelles ?

Il ne pouvait pas dire à Harry la vérité sur son père sans en avoir parler à Severus avant.

Et les Horcruxes ? Non, il était bien trop jeune pour ça. Pour savoir qu'il devrait faire face à Voldemort encore… Il méritait une enfance heureuse.

Ce n'est pas ce que tu lui a donné, fit une petite voix dans sa tête. Si tu le voulais heureux, il ne fallait pas le laissez chez sa famille moldue. Tu l'aurais confié aux Weasley ou une autre famille de sorciers.

Mais il ne l'a pas voulu seulement heureux. Il l'avait voulu capable. Bien sûr, il n'avait su rien de la magie avant d'arriver à Poudlard mais au moins il n'avait pas été gâté. Et il fallait de la modestie pour accepter sa tâche…